samedi 30 octobre 2021

Phaysten, Madame Oscar, Osabaz 842 au Café des Sports à Plouha, le 29 octobre 2021

 Phaysten, Madame Oscar, Osabaz 842 au Café des Sports à Plouha, le 29 octobre 2021

 

Plouha fête le Miz Du  à l'approche d'Halloween: fantômes, Ankou, citrouilles,  sorcières, monstres en tous genres, les petits et grands ont joué le jeu dans les rues du centre bourg, les buvettes ont tourné à plein régime, les galettes saucisses se sont vendues à la pelle, la petite Lucie a eu peur, Hubert a déguisé son clebs qui n'a pas aimé ça, ils étaient plus de cent ans à participer à la retraite aux flambeaux et encore plus pour assister  au spectacle de pyrotechnie de la compagnie Les Tisseurs de Brume.

Halloween, c'est pas ton truc, tu préfères le foot, celui d'avant  l'ingérence des rois du pétrole, et le rock, là, ça tombe bien, le Café des Sports organise un triple concert, annoncé à 19h.

Depuis plus de 15 mois, le zinc n'avait plus accueilli de musiciens dans la bergerie, alors trois formations (  Phaysten, Madame Oscar, Osabaz 842), pas question de manquer les retrouvailles!

19:00, disait la presse, ta grande expérience des événements ourdis dans un débit de boisson te donne à penser que si le premier groupe se présente vers 20h, tu peux être satisfait.

19:35, une grande fille en passant devant toi et ta bière te murmure, 'ça va commencer".

Tu lui as souris et t'as bu un coup.

19:45'-  Bonsoir Plouha, moi, c'est Phaysten, elle s'installe derrière un piano électrique sur lequel repose un échantillonneur et entame son oraison!

Phaysten est l'enseigne choisie par  Stéphanie Teillet ( Cholet), une artiste ayant déjà pas mal roulé sa bosse ( on ne t'a pas dit qu'elle est bien roulée, en ces temps de délations diverses, c'est mal vu), elle a, notamment, fait partie des formations Oui Need Songs ou Hit Hit Hit.

Phaysten vient de sortir l'album "Marées Hautes" dont elle jouera plusieurs morceaux en cette soirée où l'hideux règne sur la ville.

Bruitages cour d'école pour lancer ' One Life', un titre évoquant Dani ( la voix cassée et les ambiances).

On n'est pas étonné en lisant que mademoiselle aime PJ Harvey.

Elle lance une nouvelle séquence, pianote à la manière de Regina Spektor et nous emmène ' Sur la Plage'.

Pas de crustacés, ni de coquillages, mais toi et un rayon de lune.

Comme sur l'album, la troisième plage sera ' Temps'.

Oh, ça sonne comme Nico, murmure une fille aux yeux tristes.

Le texte, bilingue, interpelle et fascine, elle a embrayé sur la ballade sombre ' I was dreaming'.

She's feeling blue, nous aussi, le cafard nous gagne, le verre est affreusement vide.

Donne ce truc à Charlotte Gainsbourg et ça cartonne!

Les titres de l'album défilent, elle décide de quitter les méandres obscurs pour une promenade  by 'The River'.

L'humeur est joviale, elle le sera moins pour 'Li(ea)ve' pour lequel elle a ramassé une basse, la voix semble détachée et froide, les samples font le reste.

Les paroles de la suivante (piano/voix épurés) rappelle furieusement le 'Ain't got no, I got life' de Nina Simone, puis une voix off aux intonations Arletty  annonce 'L'amour toujours l'amour  et puis encore l'amour et ses petites plaintes... , qui introduit le saccadé ' Late'.

Au bar, ça papote, ça picole, ça rigole, pas évident de faire passer le message, mais nous sommes plus d'une poignée à écouter en silence, ' Sick and down' convainc les attentifs.

Elle retourne à la basse pour la dernière salve, rythmée,  'Air'.

Faudra me prier pour que j'en joue une autre.

Fais pas ton cinéma, joue... une reprise de Serge Gainsbourg ' Je suis un évadé' , une seconde version de 'Sur la plage' met un terme à ce set attachant.


La prestation de Madame Oscar est différée pour permettre au bon peuple d'assister à l'illumination des cieux dans les rues.

On passe au ravitaillement, non sans peine, le comptoir est squatté par des locaux assoiffés.

Ils auraient pu opter pour King of the Bongo, ils ont choisi Madame Oscar.

T'as compris les influences, non, pas Mireille Mathieu....la Mano Negra!

Madame a sept enfants, tous beaux et bien élevés: la fille  Lucie Rouiller à l'accordéon ( Ramsès), Bruno et Thomas Lasselin, les instigateurs ( ex - La Mère Fouettard, Santa Macairo Orkestar , Namas Pamos) aux guitares ( acoustique et électrique, elles passent de main en main),   Olivier Angebault , dit Olaf, à la trompette et au trombone, Tony Séchet, ni les cours, ni au soleil, il manie la basse ( Ramsès), Thomas Boubard ( drums) et Arnaud Papin, poète, romancier, nouvelliste et encore plus,  à la  trompette et aux  claviers.

Cette fameuse bande va nous servir un set coloré,  festif, épicé, rock, punk, hispanisant, world anarchiste et vert, tout ça avec le sourire et  la fleur au fusil ( en plastic). 

Ils viennent d'accoucher d'une rondelle, baptisée 'Là où les Hommes'.

La plage n°6, 'Les Rois, les Pions', ouvre le feu et d'emblée ça s'ébranle dans le troquet.

Tu penses aux Négresses, les vertes, bien mûres, à Manu Chao, un peu moins à Danakil , un peu plus aux Barbeaux.

La suite, olé, ' A Donde Voy',   puis  'Tango'  plus western sociologique  que Piazzolla et pour l'homme au chapeau ' Zablabazo'. C'est chaud, qu'il disait le mec de la pub. La description est faible, autour de toi, ça gigote ferme, les copines sautillent avec grâce, les marins sont moins élégants mais bien plus excités, sur scène, ça déménage, l'accordéon pirouette, la batterie et la basse impriment une cadence infernale, les frangins, aux guitares, rivalisent  d'adresse et pour finir, les trompettes sonnent le glas, ce qui n'a pas effrayé Ernest, accoudé au bar.

Avec ' Seeds of Freedom', Manu Chao s'attaquait, e.a.,  à  Monsanto, Madame Oscar reprend le combat, qu'as-tu dans ton assiette, des tomates en janvier, something is wrong, something is awkward...  sur un rythme allègre, le message passe mieux!

Reggiani avait déjà récité Charles Baudelaire, la bande de Saint-Macaire-en- Mauges a mis 'Enivrez-vous ' en musique, en mode valse musette.

Le propos a été bien perçu par les autochtones, la bière coule à flots!

Gainsbourg a la cote ce soir, voici ' 'L'Hippopodame' , pour les amateurs de marsh-mallow!

'Sans rien attendre' , sur fond de western et de mariachis, exhibe une toile  dramatique.

' La Danse des Fous', qui succède au questionnement existentiel,  bouillonne furieusement.

Tous des sauvages à Plouha, ceux de gauche, comme ceux de droite et ceux du centre aussi.

Tu dis, Eric?

Oui, Mohamed était dans le coup et Bogdan aussi!

' Passeurs de rêve' traite du calvaire des migrants et la dernière ' Allons ensemble' invite à la sarabande.

Plouha n'en avait pas besoin, ça fait 60 minutes que ça guinche et pinte.

OK, pour un bis, il a été écrit en Bretagne, ' Who are the Johnnies', composé à l'honneur des vendeurs d'oignons de Roscoff, à l'époque où le Brexit n'existait pas.

Ce final The Pogues termine un concert étourdissant.

 

Dernier volet du roman: Osabaz 842!

Soundcheck, tu reconnais les cuivres du groupe précédent, ils viennent d'obtenir une nouvelle carte d'identité: Olaf Böser et Atoum Zéki, ce dernier s'amuse avec un séquenceur.

Le troisième luron se fait appeler Avril Sauvage, il n'est pas viticulteur, à l'école la maîtresse le connaissait sous le nom de Nicolas Danard, déjà doué,  il métamorphosait les fables de La Fontaine à la sauce Grand Corps Malade.

Balance achevée, les mousquetaires se défilent, on va fumer un petit pétard, lâche le plus espiègle.

La brigade anti-stup mène l'enquête!

Les revoilà, tout choses, une hôtesse de l'air délivre son message, Tarzan égaré dans le Goëlo pousse le cri qui doit effrayer les fauves, la trompette entame un solo lounge, le synthé rapplique, c'est parti en  mode slam/dub/ electro, bon chic bon genre.

Il y a quelques années, les élucubrations poétiques de Clotilde de Brito t'avaient charmé, le discours du peu chevelu Nicolas, ne pas confondre avec Canteloup, lui on s'en fout, mais Alessandra Sublet on l'aime bien, est au moins aussi lyrique et/ou subversif.

Pendant plus d'une heure Osabaz 1664 va nous faire sourire, nous étonner, nous faire chavirer et gentiment  se foutre de nous, le sourire en coin.

Que ce soit ' Chute d'étoile' , ' Le Sorcier' ( pas bien de se moquer de Joe Dassin et du pape), 'Outrosabaz', ' Le  courage en vivant ou en direct' ou d'autres digressions tout aussi futées, ces mecs ont de la suite dans les idées, quant au fond sonore, il est tout simplement prodigieux.

Tu y entends du Laurent Garnier, du Alex Gopher, du Chet Baker, du MC Solaar, du Cinematic Orchestra, du Groove Collective,  du US 3, du Panda Dub,  du  Snoop Dogg, mais pas de death metal ou de math rock.

Un des morceaux les plus emballants , celui qui a fait planer tout le troquet, est basé sur les lyrics   ' Il y a comme de la magie'  ( s v p, oublie Magic System, pas envie de dégueuler) . Ensorcelé, un clown, pas syndiqué, monte sur l'estrade pour se transformer en Vishnou ou en Shiva, t'y connais rien en divinités congolaises, il s'essaye à des mouvements ésotériques au grand dam de ta voisine, une frisée qui arrive à vider cinq verres de Muscadet en 2 minutes, elle le saisit par le bras pour l'intimer à regagner le plancher des vaches, c'est pas Danse avec les Stars, ici!

Un autre malade vient fourrer son paquet de cigarette dans l'embouchure de la trompette, tu deviens inattentif, un imbibé te refile un coup de coude en s'essayant à des exercices qu'il a vus exécuter par Jane Fonda, il y a 20 ans.

C'est la folie au Café des Sports, imperturbable le trio poursuit son trip cosmique, oui avec S.

Le discours prend une couleur gilets jaunes, on va niquer la machine, puis ils s'essaient à une chorégraphie étudiée, dont tu n'as pas encore compris les mouvements.

On arrive tout doux à l'heure fatidique où le générique de fin doit apparaître à l'écran, une amorce arabisante introduit un requiem écrit en l'honneur des ramendeuses.

Outro, bisous à tout le monde, bye, bye!

Revenez, gémit ta nouvelle copine qui vient d'ingurgiter son 15è Muscadet, bons princes, ils nous refilent une version courte de ..il y a comme de la magie...

Contrairement à une trentaine de clients, t'avais plus soif et t'as quitté les lieux!