Album- The Artisanals – Zia
NoPo
THE ARTISANALS Zia 2021
Rocksnob label
Charleston, origine de la danse américaine noire du même nom, aime aussi le rock.
Après un album solo en 2012 et son départ du folkband Susto en 2016,
Johnny Delaware (qui ne vient pas de l'Etat du même nom mais du Dakota
du Sud) y monte sa petite entreprise artisanale avec Clay Houle.
Une fois présenté 'The Artisanals' en 2018 (dont la pochette rappelle
'LA woman' des Doors), voici 'Zia', la lumière (en arabe) au bout du
tunnel pandémique?
Les acteurs
Johnny Delaware chant, guitare
Clay Houle guitare
Eric Mixon basse
Ian Klin claviers
Nick Recio batterie
Sur le recto de la couverture, on découvre une photo du désert,
probablement dans la région d'Albuquerque que le leader a parcourue
tombant amoureux de l'endroit : "Le désert, les paysages ouverts
changent la façon dont vous écrivez".
Americana correspond parfaitement au style déployé sur ce disque
couvrant folk, rock et country avec l'influence de glorieux ainés (y'en a
qui disent Heartland rock, oui, le coeur y est).
4 titres sortent en single : "Violet Light", "Plant the Seed", "Way Up" et plus récemment, "The Road".
'Fear to fail' demeure humain et naturel; le texte incite à surmonter cette appréhension.
Les arpèges et le bruit des doigts serrés sur les frettes, autant que
sur le coeur, guide cette chanson folk d'une grande sensibilité.
On entend 2 guitares délicates ainsi qu'une basse discrète puis plus
loin un clavier, pas plus imposant ni bavard. Un solo, en slide,
accentue encore le côté mélancolique de la composition.
Une introduction en introspection qui ressemble à un départ pour un voyage en solitaire (mais nul ne l'oblige à se taire).
'Heading somewhere' donne la chair de poule avec ses harmoniques et sa
mélodie d'une grande séduction, démarrée aux claviers et guitare. Tom
Petty aurait apprécié.
On a envie de chanter et de se trémousser au rythme de la pulsion entraînante de la batterie.
Johnny donne de la voix, pleine de vie, parfois accompagnée de choeurs
évanescents. A 3'10 on passe en acoustique, un instant, avant l'envol.
Le pont suspend le temps en laissant planer un riff prenant, fouetté par
caisse claire et charley seules en 1ère ligne, puis, derrière, des
coups de semonce sur les toms avant l'arrivée de choeurs aériens du plus
bel effet.
Le chant, montant dans des ouhouhouh, nous achève en même temps que le morceau.
Wow! Comment résister? Pourquoi résister?
Guitare acoustique et frappe droite, sèche et métronomique (à la Max
Weinberg) engagent 'Always taken care of' dans une direction
springsteenienne.
Une autre guitare ainsi qu'une pédale steel, tellement américaine, viennent enrichir chaleureusement l'orchestration.
Le solo de guitare s'effectue en 2 temps, une partie électrique
vrombissante et tranchante puis la steel recouvre la guitare sèche. Un
délice...
Honneur à la basse pour l'entame de 'Way Up' qui laisse ensuite la part
belle au picking sur un rythme d'abord plutôt tambouriné avant d'être
plus franchement cogné.
Les vocaux semblent ensuite transportés par le vent des grandes plaines,
la guitare électrique suivant le même souffle. Des violons contribuent,
plus loin, à l'ambiance limpide.
Inspiré du livre " Women Who Run With Wolves ", le titre, enjoué,
exprime l'idée principale répétée à plusieurs reprises 'Going up never
going down'
Le chant exprime un appel irrésistible, quasi euphorique.
Une guitare doucement grattée développe un son aéré porté par un clavier sur 'Driftwood'.
La voix prend des intonations à la Bono et l'atmosphère respire bon le Joshua Tree (l'album et l'arbre).
Après une intro calme, le chant, d'abord profond, devient passionné et
le jeu des musiciens, ardent. Le morceau possède beaucoup de force.
Alors que le feu s'éteint après 5 minutes, la relance d'un riff
saignant, poussé ensuite par la frappe puissante, projette le final
instrumental dans une effervescence remarquable.
'Plantseed' pousse dans une sérénité contagieuse. Les voix perchées,
rejointes par des choeurs féminins, semblent baigner dans un bonheur
tout aussi élevé. Quelle fraîcheur!
Un banjo et des cuivres viennent jouer les mariachis. Les sons de
guitare se diversifient et se multiplient, acoustique, électrique,
funky, country, rythmique, cordes caressées, brossées, grattées,
pincées... tout y passe.
Seule la rythmique basse batterie garde un cap inflexible, avec un piano... qui s'égrène. A écouter tous les matins au réveil!
'The road', country et plus dépouillé, soulève la poussière de
l'austérité du désert mais diffuse, en même temps, un sentiment de
liberté.
La guitare sèche comme la gorge; la route est longue et difficile. Par
instants, l'énergie électrique repart à la gratte et au piano.
Le rythme avance cahincaha pareil au déhanchement d'une démarche fatiguée.
'Violet light'(un peu byrdsien) traverse l'obscurité comme un faisceau
d'étoiles. Le rythme rectiligne laisse toute latitude aux guitares
finement ciselées, un régal!
Un son de flûte pigmente la couche de nuages synthétique. Johnny chante avec son coeur, on entend ses battements mélodieux.
'She's Looking For An Answer' glisse sur un tapis d'émotions.
On perçoit le chant douloureux dans un écho. Une femme a fait une
overdose, un proche demande à la ramener chez elle plutôt qu'à
l'hôpital.
La lapsteel accentue la tristesse du titre qui monte pourtant, doucement en allégresse, comme une âme vers le ciel.
Pas de révolution dans l'artisanat où le savoir-faire (copyright Willy DeVille) reste primordial.
La voix, riche en sensations, apporte beaucoup d'énergie à l'orchestration brillante et dirigée par l'alchimie des guitares.
"Zia" apparait comme une signature d'un "Z" qui veut dire ... zen.
A ranger avec les meilleurs albums de Tom Petty, Bruce Springsteen, John Mellencamp et Neil Young.
Tracklisting
1 Fear To Fail
2 Heading Somewhere
3 Always Taken Care Of
4 Way Up
5 Driftwood
6 Plant The Seed
7 The Road
8 Violet Light
9 She's Looking For An Answer
Produced, Engineered, and Mixed by Drew Vandenberg
Recorded at Chase Park Transduction” Athens, GA
*Plant The Seed Produced and Mixed Wolfgang Zimmerman
Mastered by Joe Lambert
All songs written by Johnny Delaware and Clay Houle (BMI)