dimanche 30 janvier 2022

Album - Trope – Eleutheromania

Album - Trope – Eleutheromania 
 
Beats Mee Records
 
(michel) 
 
T'es bien assis, t'es pas la gueule de bois, des chiffres et des lettres ( surtout) ne te donne pas la nausée, t'as fait du latin-grec, tout va bien, alors... on a pris contact avec Capelovici, il nous a éclairé: Trope = un argument que les sceptiques grecs utilisaient pour démontrer l'impossibilité d'atteindre une vérité certaine et pour conclure en conséquence à la suspension du jugement. Autre possibilité: une figure par laquelle un mot prend une signification autre que son sens propre.
Voilà pour le nom du groupe californien.
Leur premier album a reçu comme intitulé Eleutheromania .
Diderot, oui, celui de l'Encyclopédie et de 'Jacques le Fataliste et son maître' est aussi l'auteur du poème 'Les Éleuthéromanes' écrit à la gloire de la liberté, puisque "Eleutheromania is an intense and irresistible desire for freedom", l'extrait le plus cité étant " La nature n’a fait ni serviteur, ni maître. - Je ne veux ni donner ni recevoir de lois".
Un insoumis, quoi!
Parenthèse fermée, elle servait à t'indiquer qu'on n'a pas glissé dans le lecteur un disque bricolé par des analphabètes.
On ne trouve aucune trace de Trope avant 2015, depuis 2016 le groupe passe son temps dans les studios pour enregistrer des démos, il faut attendre l'automne 2021 pour voir et entendre le fruit de leur travail repris sur le premier album "Eleutheromania".
Et la scène?
En 2019 ils ont tourné en Europe comme support pour King's X, ils ont participé au Summerfest .
En 2021, ils se sont tapés quelques dates en Europe de l'Est.
2022 devrait être l'année du breakthrough. 
 
Les protagonistes: la figure centrale, Diana Celes Studenberg on vocals, elle officie également au sein de Divine Astronaut et s'exprime en tant qu'actrice et voice actor/Joe Ciccia – Guitar/ Moonhead - Guitar and producer, fait partie du projet Divine Astronaut / Todd Demma - Bass ( un gars qui a tenu les baguettes pour Abby Travis ou Black Francis e a ) / Sasha Siegel (Stone River) - Drums.
 
Tracklist:
Lambs (4:41)
Plateau (3:54)
Breach (3:39)
Shout (3:54)
Surrogate (3:28)
Hyperextend (3:38)
Pareidolia (3:13)
Planes (3:42)
Privateer (3:04)
Seasons Change (4:05)
 
Kris Pearn qui est crédité pour l'artwork doit être un fan de Hipgnosis qui a signé la pochette de' Animals' pour Pink Floyd. On retrouve tous les éléments de l'illustration d'Animals  pour parer l'album de Trope: un bâtiment ressemblant comme deux gouttes d'eau à la London’s Battersea Power Station, le ciel nuageux, mais au lieu d'apercevoir dans les cieux couverts un seul cochon échappé de l'Animal Farm de George Orwell, Kris en a lâché une petite dizaine, ces braves ongulés ailés se déplacent dans les airs à la manière d'une colonie d'oies sauvages fuyant la métropole fumante et puante.
Autre différence avec l'oeuvre d'art d' Hipgnosis, un soleil resplendissant darde ses rayons brillants donnant un caractère moins sinistre à l'usine représentée en pastel gris.
 
Les agneaux ne vont pas mourir à Broadway, les ' Lambs' qui nous occupent sont amorcés par une ligne de basse répétant un motif harmonieux avant l'entrée en piste de la voix caractéristique de Diana, guitares et batterie se lancent dans un dialogue courtois, au bout de deux minutes le son s'alourdit pour prendre des tonalités Tool.
Coup de frein pour prendre un virage serré, redémarrage et montée en puissance pour partir crescendo vers un final sentant la poudre.
C'est pourtant doux un agneau...
T'as pas bien capté le message.... Dressed like lambs but wolves with teeth caring for no one other than themselves...
Le second morceau est servi sur un joli 'Plateau' aux décorations progressive metal , le timbre de la chanteuse, dont les parents affichent des origines multiples, allemande, belge, polonaise pour le père, espagnole et marocaine pour la maman, prend des intonations Amy Lee ( Evanescence), musicalement également le groupe de Little Rock peut avoir agi comme source d'inspiration, au même titre que A Perfect Circle et dans une moindre mesure les Allemands de Guano Apes.
Gros travail de Sasha aux drums tandis que les guitares alternent accords clairs et riffs virulents, comme la mécanique du flux et reflux des eaux en période de pleine lune.
Pas d'accalmie en vue avec 'Brearch' , ça fouette sec, avec un riff de guitare hyper mordant dès l'entame, sortez les menottes, semble proposer Diana, tandis que les copains continuent à tirer tous azimuts.
Cette poudre a l'odeur RATM , du groove metal à l'ossature rythmique d'une efficacité irréprochable pour accompagner le chant musclé de la madame.
La seule reprise de l'album, ' Shout ' reçoit un traitement nettement plus sombre que l'original de Tears for Fears.
T'as vu le chat entamer une séance de headbanging puis vint le bridge, mélodieux, et doté d'un choeur féminin précieux.
La cover a impressionné Curt Smith qui a partagé le titre sur Twitter.
Pour la suivante, 'Surrogate' ( a song about addiction, confie Diana) , Trope a emprunté l'outillage utilisé par Tool pour fabriquer un morceau massif, écrasant, subversif, dans lequel les changements de rythme se succèdent et finissent par te broyer.
Le thème développé dans 'Hyperextend' est celui de l'impact que certaines relations peuvent avoir sur ton esprit .
Diana?
‘Hyperextend’ came from a deep need to make my voice heard...We don’t need to hyperextend ourselves to generate a version of reality that doesn’t exist...
Musicalement la plage trempe à nouveau dans un bain progressive metal affichant quelques boursouflures fusion comme chez Pain of Salvation.
T'en apprends des choses avec Trope, ainsi ' Pareidolia', t'as fouiné, t'as trouvé, t'as collé: Connaissez-vous la paréidolie ? C'est une sorte d'illusion d'optique qui vous donne l'impression de voir un visage au beau milieu des nuages ou sur un objet de la vie quotidienne..
Sont forts, les Grecs, tout comme Trope qui nous décoche une flèche en plein coeur avec ce titre bouillonnant et démonstratif, mené tambour battant. Parlons en des tambours, Sasha Siegel nous gratifie d'un solo baroque sur fond de sirène acerbe, Diana scande ses lyrics sur un tempo saccadé et en arrière-plan les guitares tissent une toile tantôt métallique, tantôt blindés en goguette.
Le patron voulait de l'efficience, il est servi, faudra penser à augmenter le salaire des besogneux!
Démarrage détendu pour ' Planes', pas de vent, pas de pluie, piste dégagée, le décollage se déroule sans anicroches, le bruit des réacteurs ne va pas effrayer Yannick Jadot et ses copains pour lesquels réduire l'empreinte carbone est un cheval de bataille.
Quoi, les envoyer au Qatar, car avec 91,35 % le pays est largement en tête du classement des mauvais élèves.
Bonne idée!
Sinon, ' Planes' ne pollue pas et s'affirme être un des morceaux les plus mélodieux de la plaque.
Ventre à terre, la basse  amorce 'Privateer', après la mise en route de l'alarme,  la plage,  robuste, s'enflamme,  portée par des guitares en mode overdrive, un jeu de batterie athlétique et  menaçant, sur lesquels se greffe une voix à la fois distincte et inquiétante.
Faut pas s'attendre à des concessions ou à des cadeaux pour les plus démunis, ça besogne à la cravache.
' Seasons Change' termine la cavalcade en douceur, annonçant des journées plus lumineuses, et, peut- être, une lueur d'espoir.
Même la voix de Diana semble sereine et offre des intonations Dolores O'Riordan.
 
Un debut album plus que prometteur pour un band annonçant un North - American tour au printemps.
 
 
May 10 – New York, N.Y. @ Irving Plaza
May 11 – Glenside, Pa. @ Keswick Theatre
May 12 – Worcester, Mass. @ The Palladium
May 13 – Quebec City, Quebec @ Imperial Bell
May 14 – Montreal, Quebec @ Corona Theatre
May 15 – Toronto, Ontario @ The Danforth Music Hall
May 17 – Cleveland, Ohio @ Agora Theatre
May 18 – Detroit, Mich. @ Majestic Theatre
May 19 – Chicago, Ill. @ Park West
May 20 – St Louis, Mo. @ Red Flag
May 21 – Minneapolis, Minn. @ Varsity Theater
May 23 – Denver, Colo. @ The Oriental Theater
May 24 – Salt Lake City, Utah @ The Complex
May 26 – Seattle, Wash. @ The Showbox
May 27 – Vancouver, British Columbia @ The Rickshaw Theatre
May 28 – Portland, Ore. @ Hawthorne Theatre
May 29 – San Francisco, Calif. @ The Regency Ballroom
May 31 – Santa Ana, Calif. @ The Observatory
June 01 – Los Angeles, Calif. @ The Belasco Theater
June 02 – Mesa, Ariz. @ Nile Theater
June 04 – Austin, Texas @ Empire Garage
June 05 – Dallas, Texas @ Amplified Live
June 07 – Atlanta, Ga. @ Heaven at the Masquerade
June 08 – Orlando, Fla. @ The Plaza Live
June 10 – Carrboro, N.C. @ Cat's Cradle
June 11 – Baltimore, Md. @ Baltimore Soundstage
June 12 – Montclair, N.J. @ The Wellmont Theater


 
 

 
 

Album - Crystal Throne - Crystal Throne

 Album - Crystal Throne  - Crystal Throne 


NoPo

 Auto-Production

CRYSTAL THRONE 2021

Max Yme, hobby? Youtubeur; Max Waynn? Guitariste. Drenalize, son ancien groupe, donne dans le classic rock, ici, il décide de muscler son jeu (ça me rappelle quelque-chose de 98...).
Terry DeFire, le chanteur, vient de The Hell Patrol (groupe belge de covers Judas Priest)
Max et Terry se rejoignent, dans un même objectif, à l'automne du côté de Metz, et écrivent aussitôt l'album.
Alex Gricar, ex Drenalize aussi, les suit à la batterie ainsi que le bassiste Jefferson Brand, du combo death Catalyst.
Le bataillon naît : cristal pour le raffinement, trône pour le guerrier.

La page de garde laisserait supposer un heavy métal à tendance heroic fantasy.
Dans un univers glacé, au milieu d'un temple dévasté, un ange exterminateur joue le rôle principal.
La gardienne aux grandes ailes, corps enserré dans une armure (à talons haut s'il vous plait), tient dans une main une épée et dans l'autre une hache (ici plus utile que faux cils et marc tôt même si ça réchauffe).
Après avoir achevé sa besogne, des corps d'orcs, taillés en pièces, gisent dans le sang devant elle.
Au dessus, s'élève un éclair vers un cristal scintillant (l'incal de Jodorowsky fait école?).
Le logo du groupe, bleuté, tout de glace et de glaives, signe en haut à gauche.
Bel ouvrage de Velio Josto (concepteur, entre autres, du design 'Empires In The Sun' pour Thorium).

Genre ...
Depuis 2020, on voit poindre en France une sorte de jeune NWOFHM racée dont émergent Crystal Throne, Heart Line, Jirfiya, Lizzard, Nothing but Real, Alpha Blank...


Superbe entrée en matière avec un, puis deux, arpèges superposés et super posés dans de belles harmoniques. Tout s'embrase avec des choeurs virulents et la motivation de la basse et de la batterie.
Plein d'emphase, 'Fate & Triumph' accompagne l'arrivée de vainqueurs dans une ville ou un stade.

'Rise to Glory' enchaîne une évidence. Vif et sec, le titre agit, telle une gifle, une par joue. Le chant, parfois agilement doublé, me rappelle Bruce Dickinson dans ses trémolos.
La frappe claque, la basse tonne pendant qu'un shredder secoue sa guitare. Les vagues déferlent, Wouah ça farte dit Brice!

'Timescape' un voyage dans le temps ou un retour vers le futur? La guitare filante et carrément exaltante évoque les premiers Iron Maiden, la batterie vive connaît son Nicko Mac Brain.
Loin du plagiat, le morceau réussit à réveiller les morts et donne une envie furieuse de bondir.

La voix surprend dans 'Shades of Existence' plus râpeuse lorsqu'elle ne monte pas dans les aigus, totalement maîtrisés. Le morceau galope, sous les éclairs, dans la poussière, sans jamais s'arrêter.
Souvent deux guitares jouent en parallèle, un riff droit en fond, une sinusoïde excitée au dessus avec une grande capacité à varier les plaisirs.
J'en veux pour preuve le solo final quasi prog, NeoGeoFanatic (ADX) étant venu prêter main forte.

En vla du shred en vla, l'entame de 'Steelbirds' ne craint pas la comparaison avec Yngwie Malmsteen. Dextérité et célérité obligent!
Le riff acéré indique la bonne direction et tout le monde suit sans poser de questions.
La batterie frappe devant, en éclaireur, et la basse reste en arrière garde. Des choeurs virils insistent sur le reflet de l'acier.

Changement d'ambiance avec 'Foreshadowed Sands' sombre, basé sur une rythmique lourde et profonde.
Le tempo reste monolithique. Guitares et voix s'arrachent et n'hésitent pas à monter dans les aigus.
Old school, les teintes orientales font référence à Babylon.

Le renfort de la jeune guitariste Sonia Anubis (Crypta) se fait sentir dans cette composition longue et plus complexe, 'Valkyrie Ride'.
Des choeurs vigoureux viennent scander les fins de vers (de terre) et une voix death sort de sa crypte de temps à autre. Le solo de guitare émerge, cinglant.
L'accélération finale fait forte impression par une vivacité virtuose.

Dans 'Mechanical Tyranny' se succèdent, harangues agressives en cavalcades, et d'entraînants passages épiques plus mélodieux.
Compte tenu de son intro théâtrale, le morceau se resserre, à la fois court, et direct. Il termine par une hystérie vocale.

S'il n'en fallait qu'un, ce sera le dernier. C'est probablement la meilleure carte de visite du groupe raccord avec l'identité collée sur la pochette.
Deux arpèges éblouissants, prolongés d'une envolée foudroyante, ouvrent divinement 'Cristal Warrior'. J'y retrouve un mélange de Saxon et Iron Maiden.
On peut qualifier ce morceau de ballade guerrière. La voix saute, avec une belle maîtrise, du chant crooner aux escalades lyriques en passant par quelques phrases rugueuses.
La guitare se montre aussi versatile que prolifique alternant riffs, arpèges, murs bétonnés, soli aériens, un vrai récital!
Cette composition, très ambitieuse,  de plus de 8'00, maintient l'attention de bout en bout et achève magnifiquement l'album sur une belle satisfaction.


Dans les 80's, l'album viendrait trôner naturellement aux côtés d'Iron Maiden, Saxon ou Yngwie Malmsteen's Rising Force voir Queensryche.
Sur ce disque, le 1er effet vivifiant se transforme, progressivement, en une allégresse au fur et à mesure de l'imprégnation.
Le cristal contient du plomb (surtout pas dans l'aile) qui le rend lumineux et la finesse de sa taille multiplie les éclats.

Tracklist:
1 - Fate & Triumph
2 - Rise to Glory
3 - Timescape
4 - Shades of Existence
5 - Steelbirds
6 - Foreshadowed Sands
7 - Valkyrie Ride
8 - Mechanical Tyranny
9 - Crystal Warrior
Mix and master by Claude Hilpert at Dogged studio

samedi 29 janvier 2022

Pandapendu « Pandapendu » EP

 Pandapendu « Pandapendu » EP

 

Upton Park

( NoPo)

 Yann Olivier c'est Craftmen Club, Thomas Howard Memorial, Stade... Le goéland du Goëlo, qui se risque en Argoat, perd ses plumes mazoutées et laisse pousser ses poils soyeux.
Une solide amitié avec Elouan Jegat à la prod. (Skopitone Cisko, Stade, THM) et l'Australien voyageur/poète de Binic (ou inversement) aux textes (Dewaere, Le Super  Homard) couplée à l'interprétation musicale de Thomas Kerbrat (THM, No Pain No Pain, Tiger and The Homertons, JMK...) à la patterie et Grégory Perrochon à la basse, libèrent le côté ensoleillé de Yann qui se lâche dans Pandapendu
Adieu la tristesse du Pendu Yann, bonjour la douceur aimable du Panda Yannou! A ne pas confondre quand même avec Pandi Panda de Chantal Goya. Gentil oui mais ya des limites! 

Le gars monte le truc il y a un an seulement et s'essaie au live dans le coin (Binic, Plouha... Saint-Brieuc http://www.concertmonkey.be/reports/pandapendu-session-live-radio-activ-%C3%A0-bonjour-minuit-saint-brieuc-le-4-novembre-2021).
Ce 28/01/2022, après les clips 'Ruskov' et 'Vaporise' et après le zoo de Beauval, le panda accouche d'un EP 5 titres (produit par Elouan JEGAT et masterisé par Sebastien LORHO).

L'esthétique du visuel, imaginé par Laurent Guillet, attire l'oeil et le bon (celui qui apprécie). Dans un couloir exigü, aux murs mats, et qui connaît les échecs, l'ectoplasme du panda déclenche une ondulation arc-en-ciel.

'Ruskov' entre carrément dans le cadre du tube (ça a un cadre un tube? Remarque oui, un vélo en a bien un!). La ligne de basse gonflée et sautillante (aussi classe qu'un disco à la New Order) marque un rythme chaloupé sous le motif dessiné par Thomas.
L'animal (we are) plane au dessus de sa voix fragile et sereine qui voit double au final. La mélodie lumineuse file sous une pluie de notes de synthé et quelques apparitions de mellotron dont Yann est friand.
La vidéo (Grinderz House, Antoine Le Guevel) filme un road trip passant allégrement d'une Jaguar à un caddy et retour, featuring l'homme invisible et 2 skateuses voleuses.

Dans 'Vaporise', Yann change de monture. L'ambiance musicale rappelle un peu Thomas Howard Mémorial en plus joyeux, l'effet Panda sur Solex sans doute. Dans ce clip (du même shooter), clin d'oeil au caddy, toujours présent, mais occupé cette fois par Elmo (Rue Sésame).
La caravane Diamant accueille les potes Yann et Elouan qui a préféré le poney au solex. La mélodie transpire le bonheur d'une amitié. J'entends la voix d'Elouan se mêler avec ravissement.
Le clavier tintinnabule sur une cadence au trot. Un envoûtement total du début à la fin.

La plage 'Summertime' souffle aussi chaleureusement que son titre. Une pop raffinée déroule avec beaucoup de naturel. Thomas travaille son pattern en rupture et Gregory, économe, place ses notes en harmonie.
Le clavier occupe discrètement les espaces et les vocaux de Yann prennent paresseusement le soleil. Quelques petits gimmicks électros amènent un air insouciant et guilleret.

L'intro de 'Falling in love with you' ressemble à l'esprit de Maxwell (qualité filtre, pas la peine d'en rajouter!) avec cette sonorité kitsch et ce son de trompette décalé.  On y ressent un flegme britannique 'down under' même sans la voix du crooner.
Perchée, décontractée, la mélodie défile sans heurts. Basse et batterie jouent simple et collectif. Seul le clavier se permet quelques excentricités.

'My tragi-comic mystery' (paroles David Michael Clarke) prend une voix plus basse. D'ailleurs, la basse ronde d'abord avec la batterie en ondes dans l'eau, flirte ensuite, main dans la main avec des nappes de clavier évanescent.
Le développement va crescendo, les claviers escaladant la mélodie et Yann montant plus haut. Un instant de grâce merveilleux.

Cette musique, remarquable, faussement facile, mérite une écoute quotidienne et une diffusion cosmique.
Elle agit comme un vaccin contre la morosité. Tant qu'à se pendre, faisons le par les pieds, le monde est plus beau à l'envers.
Le panda a tout compris, on peut se pendre à son cou. Dans un cadre de vie assombri, il faut savoir se réfugier près de nos certitudes, l'amour et l'amitié.

jeudi 27 janvier 2022

Album - Jackson+Sellers - Breaking Point

 Album - Jackson+Sellers - Breaking Point

 ANTI- Records.

( michel)  


Peter Sellers ( Chief Inspector Clouseau) n'a aucune fille jouant de la country, les singer-songwriters Jason Sellers et Lee Ann Womack, si: Aubrie Sellers, qui jusqu'ici s'est fendue de deux albums: 'New York City Blues' et ' Far from Home'.

Aubrie a une copine, Jade Jackson de Santa Margarita ( Californie),  fille de Jeff et Lindsay Jackson qui tiennent un restaurant dans ce bled,.

On écoute un client: The food is like what you’d find in a good French bistro, but then you look up at the walls and see LPs of Dolly Parton and Hank Williams hanging there... du coup, Jade se lance dans la musique country et enregistre deux plaques: 'Gilded' et 'Wilderness'.

Eté 21, les filles décident de combiner leurs talents pour former le duo Jackson-Sellers, fin octobre un premier jet voit le jour: "Breaking Point''.

Non, Djoker, aucun rapport avec le tennis, il doit s'agir du point de rupture, elles le chantent... I’m at the breaking point You’re breaking me, baby...

 tracks-

The Devil Is an Angel (2:22)
Breaking Point (2:50)
As You Run (3:38)
The World Is Black (3:01)
Waste Your Time (3:36)
Hush (2:35)
Fair Weather (3:54)
Wound Up (2:12)
The Wild One (3:34)
Has Been (4:36)
 
Crédits-
Jade Jackson – Vocals, Acoustic Guitar
Aubrie Sellers – Vocals, Mellotron, Bebot
Ethan Ballinger – Guitars, Synth, Keys
Matty Alger – Drums, Percussion, Synth, Bells
Rich Brinsfield - Bass

Produced by
Ethan Ballinger

Co-produced by
Aubrie Sellers

Recorded and mixed by
Brandon Bell at The Cabin Studio, Nashville, TN

Mastered by
Pete Lyman at Infrasonic Sound 
 
La photo de pochette a été réalisée par  Ashley Osborn .
Les deux filles ( canon) sont allongées sur le sol, euh pas de rapprochement avec les nanas peu vêtues que tu vois sur 'Electric Ladyland' de Jimi, ni avec la reine morte sur un album des Smiths. Jade et Aubrie, indolentes, adoptent une pose langoureuse et tentatrice, si tu penses à Courbet, tu dois prendre rendez-vous avec le psy.
Sur fond carmin, leurs tenues,  et chevelures, d'un noir de jais frappent les imaginations.
 
L'album s'ouvre sur une reprise rock, musclée, de 'The Devil Is an Angel' de Julie Miller, une chanteuse country qui avait collaboré avec la maman de Aubrie sur l'album 'Some Things I know'. 
En 2010, Janiva Magness avait déjà proposé une version voodoo rock du downtempo écrit par Julie.
L'instrumentation rugueuse, reposant sur des guitares agressives et  les filles, bien en voix, secouent le cocotier, tiens-toi à carreau. 
Après cette entrée en matière explosive, elles enchaînent sur le titletrack du disque, ' Breaking Point', un titre plus country mais non dépourvu de piquant, les guitares métalliques et les effets reverb ajoutant une pointe de psychédélisme à ce morceau byrdsien au féminin.
' As You Run' was inspired by my little sister, avoue Jade.
Cette tendre ballade aux effluves Cowboy Junkies mise sur la corde sensible et  doit ravir les amateurs d'harmonies vocales aériennes et de fluidité instrumentale.
Ethan Ballinger fait grincer sa gratte sur le noisy et sombre“The World Is Black”.
 Distorsion à gogo, effets d'écho corrompus, ça crépite de partout,   tu  y ajoutes les voix hantées des filles et tu obtiens une des plages les plus décapante de l'album.
' Waste Your Time' comme ' As You Run' a été écrit par Jade Jackson, mais ici pas question de sentimentalisme, le ton est à la hargne.
Dis, mec, faut me le dire si t'as l'impression d'avoir perdu ton temps avec moi... well you wasted my time, too!
Ethan se lâche une nouvelle fois et les filles rugissent en choeur, ce qui procure un caractère grungy à ce rock track  en forme d'uppercut.
Un titre baptisé ' Hush' se doit d'être pépère, non?
Pas toujours, écoute le ' Hush' de Billy Joe Royal dans la version de Deep Purple, c'est chaud , comme le dit le mec de la pub.  
Le titre doux-amer  de Jackson-Sellers est porté par une guitare délicate et des vocaux méandreux, il fait appel à la berceuse  ' Hush, Little Baby'  mais pas en  utilisant les accords  et le chant saccadé de Metallica dans ' Enter Sandman', la jolie mélodie décrit, de manière imagée,  la vulnérabilité d'une jeune fille touchée par une  flèche  tirée par un Cupidon peu fiable, elle n'avait pas compris qu'elle allait se faire avoir et  rester... with her wings thorned, her feathers torn, unable to fly.. . 
Ils sont quelques uns à vouloir rapprocher ' Fair Weather' à la country pop éthérée d'une Kacey Musgraves, le titre étale  des ingrédients dream pop   l'éloignant des normes country traditionnelles.
Not “sufficiently country” pour espérer un Grammy Award à Nashville, ce qui ne nous empêchera pas de craquer pour les voix célestes d'Aubrie et de Jade, ni pour l'orchestration proche du Wall of Sound cher à Phil Spector ou aux sous-estimés Walker Brothers.
Le féroce uptempo  ' Wound Up'  joue la carte country rock saupoudré de rockabilly et de blues crasseux.. 
Dans les rodéos ce ne sont pas toujours les broncos mâles  qui font preuve de la plus grande impétuosité, il arrive qu'une jument en rogne désarçonne le rider en moins d'une seconde.
'The Wild One' was written by Mike Chapman and Nicky Chinn and was first released by Suzi Quatro in 1974.
 Jackson et Sellers ont décidé de ralentir sérieusement l' hymne  glam rock speedé pour nous offrir  une version bourrée de groove, d'épaisseur et  de twang.
Une franche réussite!    
L'album prend fin sur une troisième cover, 'Has Been', de l'impeccable Shannon Wright, reçoit un traitement salement granuleux pour mourir sur une outro volcanique.
 
Jackson+ Sellers: une association qui fait des étincelles et a produit  un premier disque   répondant  aux attentes les plus exigeantes..
 On aimerait les voir sur scène, pas de bol, leur site mentionne  "there are no upcoming tour dates".
 
Too bad!
 
 
  
 
 
 

 
 

 



lundi 24 janvier 2022

Sunny Inside dans «Neil' Un, Neil' Autre» - L'Image Qui Parle, Paimpol - le 22 janvier 2022

 Sunny Inside dans «Neil' Un, Neil' Autre» - L'Image Qui Parle, Paimpol -  le 22 janvier 2022 


La première de 'Neil’Un, Neil’Autre' en version acoustique, aura lieu samedi 22 janvier à 20h30, à La Fabrique à Paroles de Paimpol.

Neil qui?

L'astronaute? Neil Sedaka? une génuflexion?

Arrête ton baratin, on sait que tu sais qu'il s'agit du nouveau spectacle de Sunny- Inside, le gars de Paimpol qui peut te jouer tout le répertoire de Neil Young si tu lui donnes une scène où il peut se produire pendant 72 h d'affilée, la légende veut d'ailleurs qu'il a fallu couper le jus lors d'un concert du Loner pour qu'il daigne quitter le podium après plus de trois heures de show.

Ce soir, les chansons du célèbre canadien doivent servir d'alibi pour introduire les compositions de Christophe Lourgouilloux.

Le public doit découvrir une autre facette  d'un artiste à la palette généreuse et, comme il ne fait rien comme tout le monde, ce ne sera pas un concert conventionnel mais un numéro de music- hall  mariant mise en scène théâtrale, mime, stand - up comedy et chansons.

Pour le  décor, tu penses à Edvard Munch griffonnant la scénographie  d'une pièce d'Henrik Ibsen,  tu discerneras un fauteuil à l'étoffe élimée, une vieille table ronde dénichée sur le Bon Coin, sur laquelle repose un ampli aussi âgé que Neil Young, sur le sol traîne une poignée de guitares, à droite,  tu distingues un lambris sur lequel on a accroché des pochettes de vinyles, uniquement des Neil Young ( 'This Note's for You'  sur lequel se trouve le titre Sunny Inside y est en bonne place) avec une incongruité, en plein milieu  trône l'album ' Dynasty' de Kiss, ce  qui frappe les imaginations.

Sunny Inside, fringué denim de la tête aux pieds, guitare en bandoulière avec une sangle décorée  du  symbole peace and love, et le comédien Bruno Lizé  incarnant un Neil muet, entrent en piste.

Tandis que l'un gratte quelques accords sur une acoustique, l'autre se dirige d'un pas décidé vers le tableau d'affichage électoral pour écarter  le disque intrus.

Le faux Neil refile un casque à son sosie breton qui chantonne ce qu'il entend.

.

Exit le casque, je te refile une acoustique pur attaquer ' Heart of Gold' .

Euh, attends, il te faut un harmonica.

Après ce premier extrait, Neil le roadie refile une guitare électrique à son émule qui amorce ' Ohio'.

T'as des questions, tu veux écrire des chansons, tiens un recueil, Neil va t'expliquer comment faire, tu surveilles un lapin sans l'effrayer, s'il sort de son terrier, c'est tout bon, ta chanson est là.

Un tour de magicien quoi.

OK, mise en pratique, tiens, voilà le lapin, la Muse, Vy. En duo le couple ébauche ' Ni l'un, ni l'autre' puis embraye sur ' I've been waiting for you' que Neil avait gravé sur son premier album solo.

'Miss monunivers' se greffe sur la plage du Loner, le passage de l'anglais vers le français se fait sans anicroches.

Ta compagne semble craquer pour l'univers poétique du quinqua breton, elle te souffle, c'est bien ce qu'ils font,  pluriel, car Vy assure toujours les secondes voix.

Tandis que Miss Monunivers  ôte le masque de Roger Rabbit, Sunny amorce ' Harvest Moon' qui se fond dans 'La vie est belle' , aussi tendre qu'un film de Roberto Benigni.

' Tell me why' sert de tremplin pour 'La boussole'  un rock pour les désorientés.

Les connexions se poursuivent, ' Long may you run' s'acoquine avec  'De Retour'',  proche de l'univers d'un Gérard Manset, le titre est illustré de jolies images bretonnes en avant- plan: landes, chapelles, rafales de vent, calvaires ....

Après ce titre visionnaire on revient vers Neil avec ' Wonderin' qui donne naissance à un nouveau texte en français.

Annie aime les sucettes, les sucettes à l'anis, Vy, par contre, ce sont les sucettes géantes qui l'enchantent.

Et Neil?

Il ne jure que par une ' Sugar Mountain', tout ça nous conduit, pas forcément naturellement, au ' Jardin du Luxembourg' où on n'a pas croisé Joe Dassin.

Eh, où as-tu retrouvé cette vieille guitare dont je jouais dans mes années d'étudiant à Rennes, je l'avais appelée Buffalo.

Personne n'a  oublié que Neil Young a fait partie de Buffalo Springfield avant de rejoindre Crosby, Stills et Nash.

Et c'est parti pour une séquence feu de camp, comme au temps où on chantonnait du Maxime Leforestier.

Ah, bon, nous c'était du Hugues Aufray ou Les Missiles avec leur ' Sacré Dollar'. 

' Le Diseur'  précède ' Home is where your heart is' que Sunny a décidé d'introduire par un court extrait de ' Helpless', une composition magistrale de Neil;  superbement chantée par David Crosby sur l'album 'Déjà Vu'.

Elle ne tombe pas souvent dans la baie de Paimpol, mais ' La Neige' peut couvrir de son blanc manteau le centre Bretagne.

Sunny Inside, Nougaro, Debussy ou Adamo, tous des gosses quand les flocons surgissent.

En feuilletant un vieil album  tu tombes sur des clichés oubliés, des souvenirs refont surface, c'était à Paris, où pas mal de Bretons, dont mes parents,  ont abouti peu après la deuxième guerre mondiale,  ' Entre briques et pavés'  dépeint le déracinement.

Avec un clin d'oeil à Lou Reed, car tu as cru entendre le gimmick de ' Walk on the Wild Side'.

Si Indochine a cartonné avec  Bob Morane pourquoi pas moi avec' Rahan' caché dans la tanière du soleil.

Et sinon, tu t'adresses à Johnny, lui, c'est Tanguy et Laverdure qui l'ont inspiré pour Les Chevaliers du Ciel.

Sur 'Hawks and Dove' Neil Young a chanté à la gloire de ' Captain Kennedy', un titre  construit sur un traditionnel folk  anglais , Sunny Inside en a fait une adaptation made in Brittany, ' Capitaine Conan' , un matelot  fréquentant le Chant de Marins à Paimpol.

Pour introduire la dernière salve, on s'appuie sur ' Keep on rockin in the free world' et puis  comme 'La Citadine',  on fait du lèche- vitrines, le seul hic, pas de fric, ces fringues chic, je peux pas me les payer,  je vous laisse,  on m'attend à l'usine.

Le public conquis par cette première espère un rappel, il ne sera pas déçu et c'est en trio que le spectacle est conclu par un ' Cinnamon Girl' sentant la cannelle.

Next gig:

Le 17 février prochain, à la salle Arletty de Belle-Ile-en-Mer !







 

 

samedi 22 janvier 2022

Album - Adiant ‎– Killing Dreams

 Album -  Adiant ‎– Killing Dreams 

Black Sunset

( NoPo) 

ADIANT Killing Dreams 2021


Le death metal ne m'accroche pas souvent bien que je lui reconnaisse un aspect technique certain et, contre toute facilité, une volonté farouche de recherche artistique... comment dire? Particulière ...
Je m'en suis approché, timidement, par Moonspell (en 98), puis Paradise Lost, Children of Bodom et Soilwork et je ne lui ai jamais fermé la porte (devrais-je dire, je ne l'ai jamais enterré? Il aurait aimé!).
Cette ouverture laisse entrer quelques extraterrestres tel que Adiant, dont la musique ne s'adresse pas à Dieu. Bon, j'en conviens, je joue 'ptit bras', du Melodic Death, c'est plus 'gentil'!

Les 5 musiciens ne viennent pas de Vienne mais du land de Styrie en Autriche, pas loin de la Hongrie et de la Slovénie.
Patricia Gschier - vocals
Felix Gschier - bass, vocals
René Stoecklmair - guitar
Lizzy Siebenhofer - guitar
Marcus Kürzl - drums
Ils initient leur projet en 2019, au meilleur moment(!), juste avant le Covid. Un signe? Une force? ADIANT signifie 'désir' (aussi jalousie, pas Adieu), dans l'étymologie celtique.
'Killing dreams' pour un groupe plein de désirs, n'incite pas à la gaieté.

On cite Tristania, Leaves Eyes, Epica (et pis quoi encore?). D'accord pour la combinaison métal voix death, voix claire sauf que Adiant ne joue pas sur le côté gothique d'origine du 1er, ni le viking (récent) du second, ni le prog du 3è.
Avec des ni, ni, ni, on obtient une trame musicale franche du collier, plus rock, tout en restant métal (genre Paradise Lost finalement). C'est clair non? Enfin, c'est définitivement death avec éclairs quand même!

Patricia Gschier (ça marche au scrabble?)  et son frère Félix (arrivé de Darkfall au printemps 2020) dirigent l'équipe par l'écriture des textes, le chant et une partie de la musique élaborée aussi avec le reste du groupe et Thomas Reinisch, le producteur.
Patricia possède d'autres compétences puisqu'elle dessine la pochette.

Elle sera 'Rouge' tranche violemment Patricia! Baignant dans le sang, les trames griffonnées, noires suie, essuient tout optimisme.
Un enchevêtrement de corps d'animaux cauchemardesques recouvre le fond : serpents ou oiseaux venus de l'enfer, pattes griffues, bois et cornes, becs, têtes énuclées ou à l'oeil exorbité.
Les intitulés, blanc linceul saisissant, tracent des arabesques gothiques.
Les textes traitent de critique sociale, d'événements environnementaux et de maladie mentale (A votre santé!).

Sommaire
1. Coronation
2. Killing Dreams
3. Hiding Place
4. Give Us A Voice
5. Beloved Distance
6. Lighthearted
7. Burning Bridges
8. Psychosis
9. Insatiable
10. Witches Dance
Recorded and mixed by Thomas Reinisch at Redhead Studios
Mastered by Philipp Wilfinger at Audiophil
Bandphotos by Richard Griletz www.richard-griletz.net
Backing vocals "Give us a Voice" by Caroline Gschier
Cover artwork and layout by Patricia Gschier
All Music by Adiant and Thomas Reinisch
Lyrics by Patricia and Felix Gschier


Plein d'assurance, Adiant débute le couronnement par un riff autoritaire déchirant. 'Coronation' lance brutalement une attaque surprise.
Ce qui frappe d'emblée réside dans un son aéré et rentre dedans et cet alliage puissant voix claire, voix death.
Le chant guttural tapisse l'intérieur profond donnant une dimension supplémentaire et le chant de soprano module au 1er plan. Les deux suivent la mélodie dans une étrange harmonie.
La soprano prend souvent la parole, mais polie, elle laisse aussi la grosse voix s'exprimer.
La batterie balance constamment des grenades explosives, cassant les angles que la basse arrondit.

'Killing dreams' fouette un battement de guitare à cordes détendues (mais pas les auditeurs). Une deuxième guitare, plus imposante, l'interrompt jouant les mêmes notes.
Patricia varie les nombreuses possibilités de sa voix dramatique. Son frère, jaloux, growle drôlement.
Cette ambiance d'ombres fantomatiques donne des airs d'opéra death du plus bel effet.

C'est à nouveau un battement de cordes à l'allure mélancolique qui introduit 'Hiding place'. La batterie donne le top départ et on entend nettement les cymbales tintinnabulantes.
La chanteuse confirme la tristesse par une coloration mezzo-soprano en duo avec le monstre. La composition prend ensuite une tournure solennelle, au seul chant féminin, que le refrain bouleverse.
A son approche, l'enchevêtrement des voix reflète le dessin spectral de la pochette.

Le riff profond de 'Give us a voice', très légèrement dissonant, conduit au paradis perdu anglais. Le tempo, plus lent, alourdit l'atmosphère plutôt doomy.
La cantatrice appuie longuement les syllabes. Le duo des voix antagonistes apporte la flamme à ce morceau... give us two voices...

Un arpège, des cymbales, un deuxième arpège... décidément Adiant ne se lasse pas des entrelacements. L'intro la plus longue de l'album nous amène en balade cosmique.
Patricia chante, comme un ange en méditation, au point que son frère n'ose intervenir. Elle atteint des notes parties au bout de la galaxie, Octave m'entends-tu?
L'envoûtement s'opère par petites touches en trémolos. Une piste (la plus longue) grandiose, carrément à part des autres, par son aspect gothique et son solo de guitare atmosphérique.

En contrepied, 'Lighthearted', nous entraîne vers un loup garou sous la lune, avec un riff et une rythmique tendus et rapides, Moonspell es-tu là? Oui, excepté que la voix claire, quasi seule, mène la barque au Rubicon pendant un bon moment.
Le hurlement de Félix intervient sporadiquement à bon escient. Quand les 2 guitares se mêlent, une grande musicalité de style occulte recouvre la plage.

Ne coupons pas les ponts ils brûlent déjà sur 'Burning Bridges'! Phrase de rupture entre la belle et la bête? Drôle de composition très théâtrale, un peu égarée, surprenante! Beaucoup de changements et de dénivelés épuisent.
Le riff déroute aussitôt par une mélodie sinueuse, coupée par des phrases monocordes avant d'entendre la grande prêtresse diriger la cérémonie.

'Insatiable' de riffs, Adiant l'est certainement. Celui-là, urgent, semble contenter Patricia, aux anges.
Félix grogne pour obtenir sa part de gâteau, mais il est souvent laissé de côté et ça l'énerve, il veut tout découper (de là à appeler Patricia, 'Zézette épouse X', il n'y a qu'un pas, vu que le Père-Noël est une ordure!).
Le développement se veut insistant, têtu et bref dans un monde à la Paradise Lost en mode rapide.

Un claquement sec accompagne un nouveau riff répétitif rapidement superposé. Ah, une fois n'est pas coutume, un léger clavier tourbillonnant produit un emballement délicieux et pourtant les guitares restent les patronnes.
Les 2 alouates commencent ensemble mais la femelle prend encore le dessus. Quelques murmures sifflent insidieusement. 'Psychosis', un trouble avoué?

Les roulements menacent Max et atomisent tout ce qui bouge. Les guitares les chevauchent et essaient d'embrocher ce qui s'approche trop près mais Patricia, agile, change de trajectoire à sa guise dans une 'Witches dance' totalement maîtrisée.
L'énergie dégagée prend à la gorge dans une tension constante. Beau final représentatif des grandes capacités du groupe.
Les 3 derniers morceaux s'évanouissent en un clin d'oeil, les 3 minutes paraissant tellement courtes dans l'essentiel.



Un premier album peu commun qui s'écoute d'une traite (la vache!). Parfaitement calibré sur 36 minutes passant en un éclair, il produit une énergie tumultueuse suivi d'un impact fulgurant.
Des guitares en veux-tu en voilà et quelle voix!

 Enjoy! ça s'écoute ici https://adiant.bandcamp.com/releases


Album - Deep Purple - Turning To Crime

 Album - Deep Purple - Turning To Crime

 earMUSIC

( michel) 

 

Le Purple a-t-il encore quelque chose à prouver? 

Non, bien sûr.

 Lorsqu'en février 1968,  Jon Lord et  Ritchie Blackmore s'associent avec Nick Simper, Ian Paice et Rod Evans, pour former Roundabout, un nom qu'ils n'ont pas piqué à Yes, qui n'existait pas encore, rien ne laissait supposer que cette formation, devenue Deep Purple quelques mois plus tard, allait défrayer les chroniques et devenir un des porte-paroles d'un genre nouveau: le hard rock. 

22 albums studio, plus de la moitié disques d'or, des salles remplies aux quatre coins du monde, des classiques à la pelle ( Black Night, Speed King, Smoke on the Water, Child in Time, Highway Star, Strange Kind of Woman, Woman from Tokyo, Burn....) , des centaines de tribute bands ( notre préféré Strange Kind of Women) , et récemment,  enfin, une intronisation dans le Rock and Roll Hall of Fame.

Qu'est ce qui pousse ces septuagénaires à encore pondre des albums?

Le plaisir de faire de la musique ensemble, sans se prendre la tête, sans viser le sommet des charts, s'amuser comme des gamins, c'est tout.

'Turning To Crime' ne fait pas l'unanimité, le plus gros reproche pour certains, c'est  d'être un album de reprises, voilà le Purple réduit au statut minable de coverband, c'est oublié que les plus grands se sont prêtés à ce jeu: John Lennon et David Bowie en tête.

Sans oublier que quelques premiers hits des pionniers étaient déjà des reprises:' Hush' de Joe South , 'Kentucky Woman' de Neil Diamond ou 'Lalena' de Donovan.

Alors, pas question de bouder son plaisir, on pose la rondelle sur le vieux tourne-disque, en sachant que l'idée de l'exercice vient du producteur, Monsieur Bob Ezrin!

Tracks.

01. 7 And 7 Is (LOVE)
02. Rockin' Pneumonia And The Boogie Woogie Flu (Huey "Piano" Smith)
03. Oh Well (FLEETWOOD MAC)
04. Jenny Take A Ride! (MITCH RYDER & THE DETROIT WHEELS)
05. Watching The River Flow (Bob Dylan)
06. Let The Good Times Roll (Ray Charles & Quincy Jones)
07. Dixie Chicken (LITTLE FEAT)
08. Shapes Of Things (THE YARDBIRDS)
09 The Battle Of New Orleans (Lonnie Donegan/Johnny Horton)
10. Lucifer (BOB SEGER SYSTEM)
11. White Room (CREAM)
12. Caught In The Act (Medley)
 
Crédits:
 
Deep Purple

Ian Gillan – lead and background vocals, percussion
Steve Morse – guitars, co-lead vocals on "The Battle Of New Orleans"
Roger Glover – bass, keyboards, percussion, background vocals, co-lead vocals on "The Battle Of New Orleans"
Ian Paice – drums, percussion
Don Airey – keyboards

Musicians

Bob Ezrin – background vocals, co-lead vocals on "The Battle Of New Orleans"
Leo Green – tenor sax, horns arrangement
Matt Holland – trumpet
Nicole Thalia – background vocals
Marsha B. Morrison – background vocals
Gina Forsyth – fiddle
Bruce Daigrepont – squeeze box
 
Pochette: les cinq vieillards sont transformés  en malfaiteurs. Un fichier de type Canonge doit permettre à la police scientifique de disposer de tous les signes distinctifs ( photo du visage,   taille,  tatouages, couleur de cheveux,  compte en banque, nombre d'éjaculations précoces, etc...) utiles pour les repérer en cas de délit, dès leur sortie de geôle.

C'est en 1966 que  Love  sortait '7 and 7 is', un mix de garage et de psychédélisme, déjà repris par pas mal de bands, des Ramones aux Electric Prunes, en passant par Alice Cooper ou Robert Plant. La version de D P  n'apporte pas grand chose de neuf si on la compare à l'original, même si  le côté  démoniaque fait place à un  double solo. Steve Morse et Don Airey, les derniers arrivés, sortent l'artillerie lourde pour donner un cachet pourpre au morceau d'Arthur Lee.
Reprendre en plein Covid le vintage rock track ' Rockin’ Pneumonia And The Boogie Woogie Flu' de Huey 'Piano' Smith, c'est pas un peu opportuniste?
Ici encore, Don Ayrey s'amuse comme un petit fou avec un jeu de piano très Jerry Lee Lewis, même s'il avoue s'être inspiré de Professor Longhair. En passant il nous fourgue quelques mesures de ' Smoke on the Water'.
Quant à Ian Gillan  , il n'a pas fallu des heures pour le convaincre de reprendre ce classique pur jus , il aime le bon vieux  rock'n'roll, comme il le chantait du temps des  Javelins.
A noter la prestation consciencieuse de  Leo Green et Matt Holland aux cuivres
Sur ' Oh Well' de Peter Green, c'est au tour de Steve Morse de se faire plaisir, il se lâche pour placer un solo en forme de fusée.
 Certains regretteront la finesse d'un Peter Green, mais force est de constater que le morceau n'a pas à pâtir des effets épiques  imaginés par l'ancien Dixie Dregs.
Il est à noter que Deep Purple a escamoté la seconde partie acoustique et aérienne  du morceau  pour ne conserver que Part 1.
'Jenny Take A Ride' sonne plus  Deep Purple que Mitch Ryder and The Detroit Wheels, une tonalité  compacte et la voix légèrement traînante de Ian Gillan attendent le solo du marin amphibie.
 Eh, Jenny, sors de ton trou, viens écouter cette partie de piano folle de Don avec un final caoutchouteux, c'est d'ailleurs ce dernier  qui a suggéré aux autres d'inclure cette bombe sur l'album .
Et qui pépie joyeusement derrière monsieur Gillan?
 Nicole Thalia et Marsha B. Morrison, des nanas qui peuvent arborer une belle carte de visite comme backing singers: Tom Jones, Lionel Richie, les Who pour Nicole, la seconde étant plus spécialisée en gospel.
Plus étonnante est la reprise de 'Watching The River Flow' de Bob Dylan.
Le  blues de Dylan, bien aidé par Leon Russell au piano et Jesse Ed Davis aux riffs cinglants , devient  rock musclé dans la version proposée par les vétérans anglais.
Un conseil, t'approche pas trop du cours d'eau, si par mégarde tu devais trébucher et te retrouver à la flotte, tu risques de boire la tasse, le torrent  est  tumultueux. 
Les horns à l'honneur sur l'introduction 'de  Let the good times roll' de Ray Charles,  puis la paire Morse/Airey se paye une séquence jazzy, l'Hammond est particulièrement purulent, mais comme le claviériste a plus d'un tour dans son sac, il embraye sur un solo de piano aux senteurs New-Orleans, ,les cuivres rappliquent et Ian y va de son laïus prophétique.
Quoi, on n'a pas encore placé une ligne à propos du travail de Glover et Paice, ben, non, ces mecs sont des bêtes, tu peux pas trouver mieux comme section rythmique, leur enthousiasme est resté intact après plus de 50 ans passés au service du rock.
Comme le disait le fils d'Alain Poiré, qui carbure à la Williams, les papys font de la résistance et c'est pas demain que les vieux de la vieille vont prendre la direction de l'hospice.
Un petit tour au Tennessee pour faire la connaissance de la ' Dixie Chicken' de Little Feat, une nana aux longues jambes, au sourire ravageur et à la descente pas triste, seul hic, la fidélité n'est pas sa qualité essentielle.
Deep Purple tâtant du R'n'B de la Nouvelle-Orléans, ce n'est pas courant, une fois la surprise digérée tu tu laisses avoir grâce au petit solo introductif que Ian Paice a concocté,  le piano dixie de Don Ayrey, décidément très en verve, le timbre sudiste de Gillan et les backings de tonton Bob et de Roger Glover, complètent le tableau. 
Argh, les Yardbirds, pionniers du psychedelic rock, le groupe qui a compté en son sein presque autant de guitar heroes que John Mayall ( parfois les mêmes). Des morceaux tels que ' For your love'  ' Still I'm sad' ou  'Shapes of Things',  avec le fameux  solo de guitare de  Jeff Beck,  resteront pour toujours dans le top hundred des plus grands hymnes rock.
Pour rester à la hauteur, Steve Morse nous livre quelques lignes furieusement  inspirées,  suivies par une envolée prog de l'inévitable Don Ayrey.
Bien joué, les vieux!
La grosse surprise de l'album restera 'The Battle Of New Orleans' avec  son accordéon flon flon (Bruce Daigrepont)  et son violon crin crin  ( Gina Forsyth).
Bordel, jamais tu aurais cru le mec qui t'annoncerait que le Purple allait virer  Pogues  ou country, c'est à tel point que le chat et le chien des voisins ont entamé une polka endiablée.
Un jour, Bob Seeger a rencontré ' Lucifer', ça l'a marqué, et voilà que l'ange déchu vient importuner Deep Purple, qui décide de reprendre le rock du bon  vieux Bob pour mouliner en roue libre.
Du coup ça remue sec de l'autre côté du Styx.  
' White Room' semble avoir été écrit pour Gillan, qui se sent à l'aise dans cette chambre aux rideaux noirs.
La version proposée sur 'Turning to Crime' n'est pas foncièrement divergente de l'original de Cream.
On sent tout le respect que le band voue au trio Clapton, Bruce, Baker. 
Puissance, virtuosité et efficacité sont bien  au rendez-vous.
Le medley ' Caught in the act' ( près de 8') ponctue  l'album, un piano, démarrant en ragtime pour devenir hystérique, invite les danseurs  à se démener.
 Après 60 secondes, tu reconnais ' Going Down' de Don Nix, un cheval de bataille de Freddie King, 'Green Onions' de Booker T suit, avant un détour vers le Southern rock des Allman Brothers ( Hot' Lanta).
T'es confus, Led Zeppelin aussi, ' Dazed and Confused'  déboule pour se fondre dans ' Gimme Some Lovin' du Spencer Davis Group, le pot-pourri  s'éteint sur quelques coups de baguettes de Ian Paice.
 
Quand Deep Purple aura purgé sa peine pour avoir pillé le patrimoine archéologique du rock , il remontera sur scène, d'abord aux States, puis sur le vieux continent, ils sont annoncés au Graspop et au Hellfest.
 
Tu n'as pas encore ton sésame, c'est le crime du siècle ( merci qui?)!


 
 



 




vendredi 21 janvier 2022

EP - Old Traditions - Labasheeda

 EP -  Old Traditions - Labasheeda

 

 Presto Chango Records

 

( michel)

 

T'es vraiment pas en avance, disséquer un mini-album de Noël en janvier, c'est une aberration! 

Peu importe, tu pourras toujours mettre  "Old Traditions" de Labasheeda sous le sapin en décembre 2022.

Il y a un peu plus d'un an, le groupe amstellodamois avait gravé 'Status Seeking' ,  titre emprunté au pianiste Mal Waldron, un album que les critiques avaient couvert de louanges.

It isn’t an album that reinvents the wheel, nor will it change your life, but there is enough diversity and energy to hold your attention. It makes for an enjoyable listen and fans of 90s indie will become misty eyed with nostalgia,  écrivait Reza Mills pour The Sleeping Shaman.

Cette fois-ci  Saskia van der Giessen et ses copains ont sorti un winter EP, assez éloigné de leurs compositions usuelles.

Quatre titres:

  1. Old Traditions
  2. Fireworks
  3. Cold Days
  4. In Reverse

 line-up - Saskia van der Giessen – vocals, acoustic guitar, violin, viola
Arne Wolfswinkel – electric guitar
Renato Cannavacciuolo – double bass
Jan Tromp – drums 

 

Au nucleus ( Saskia+ Arne) s'ajoutent donc deux musiciens supplémentaires: Renato Cannavacciuolo qui avait déjà travaillé avec le groupe et qui fait partie de War at the Explorers Club et de Dead Dove District et Jan Tromp ( avec o,  s v p, pour ne pas le confondre avec un plaisantin ayant squatté la Maison Blanche)  qui a rejoint le groupe peu après l'enregistrement de 'Status Seeking'.

Il est intéressant de noter ceci: The covers are silkscreen printed so every CD is a unique sample. 

  Saskia van der Giessen & Arne Wolfswinkel ont imaginé  cet objet artistique.

La sérigraphie  stylisée en rouge et argent a été dessinée par madame, Arne s'est chargé de la besogne graphique.

Des chansons de Noël, fort bien, mais ne t'imagine pas entendre une copie de ' Mon beau sapin' par Tino Rossi. ' Old traditions' montre, sans doute,  l' aspect  serein de l'univers d'un groupe plus habitué aux sonorités rugueuses , toutefois, la naïveté illustrant les  traditionnels jingle bells  ou let is snow, let it snow, fait place à des considérations moins candides, même si le chant aérien de Saskia et l'instrumentation acoustique collent à l'image des Chrismas Carols bourrés de gentils bergers, de paisibles boeufs , d'ânes gris et de tendres séraphins. 

 ' Fireworks' s'éloigne encore plus de l'esprit de Noël, le morceau crépite, le ciel s'illumine d' étincelles colorées, mais il y a un coin d'ombre, tu n'es pas là, je t'embrasse , oui,  mais c'est un rêve.

Le petit côté PJ Harvey que tu entends en sourdine confère une note contrariante à ce faux cantique.

C'est au travail de  Dominique Van Cappellen-Waldock ( Baby Fire, von  Stoheim, Keiki, Fleur de Feu...) que tu penses à l'écoute de 'Cold Days'.

Michael Gira ou  Enablers ne sont pas loin, non plus.

Un fond musical minimaliste, une voix feutrée, effectivement, on est loin des températures torrides, le morceau  baigne  dans un climat surnaturel,  puis apparaît un violon  presque romantique, Saskia passe en mode récitatif et conduit la plage à son terme, tandis que tu rajoutes une bûche dans l'âtre tout en demandant à ta compagne de te servir un remontant , un Bobby's dry gin fera l'affaire.

' In Reverse' , voix mélancolique peu assurée, cordes crépusculaires, un spleen étouffant évoquant les hivers nordiques mis en musique par  Jean Sibelius, cette dernière plage n'est pas destinée à te remonter le moral.


Avec les quatre titres constituant "Old Traditions"  Labasheeda a ouvert une parenthèse  dépouillée, proche de l'ambient, dans leur  catalogue  référencé  art rock ou noise.

 

Un exercice réussi! 

 

 

 

 

 


mercredi 19 janvier 2022

Album - Cellar Twins "Duality" ' (re-release)

 Album - Cellar Twins "Duality" ' (re-release)

 Rockshots Records

 

NoPo 

CELLAR TWINS Duality réédition 2021


Venus de la belle Namur en Belgique ('Namuur toujours Namuur' chante Johnny), voici Cellar Twins (derrière les portes du pénitencier?).
Jeff Sternon (Guitare) et Francesco Damanti (Batterie) se rencontrent dans un groupe aux orientations pop et décident de se lancer en 2014 dans cette aventure plus musclée.
Pas vraiment des potes de taule, mais le nom leur semble approprié pour 2 headbangers répétant dans une cave.
Le groupe ne se libère qu'en 2016, avec l'arrivée de Elodie Vainqueur (basse, parents profs de musique et prof de trompette elle-même, avec elle c'est gagné d'avance!), recrutée sur une petite annonce griffonnée dans une grande surface et Carl Kubinsky (chant et guitare), intrigué par un message publié 6 mois plus tôt sur internet.
Les taulards en profitent pour sortir de la cellule, un EP en 2017. 2 ans plus tard, un financement participatif paye la caution et leur donne les moyens de défendre 'Duality'. David Annenkoff (embauché via Facebook) remplace Francesco en Juillet 2020.
Curieusement, les twins (devenus quatuor) rechutent en 2021. Leur deal récent chez Rockshots records permet, en effet, la réédition du disque précédent pour communiquer, programmer des dates de concert et distribuer leur musique plus largement. 
Bégaiement? Répétition (nécessaire pour le live!)? Ou vrai démarrage?

Les musiciens citent l'influence de Avenged Sevenfold et Alter Bridge. J'y ajouterais quelques pincées de Muse.
Leur style se caractérise par un son de guitare moderne et épais, une voix claire et une colonne rythmique puissante.
Jeff compose la plupart des morceaux et Carl participe à l'écriture des textes qui parlent de luttes dans la vie avec des paroles suffisamment généralistes pour s'adresser à tous.

Le contenant :
Une pieuvre géante et rougeoyante, à 8 tentacules menaçants, semble protéger un papillon scintillant dans un ciel étoilé (artworks by Chromatorium Music de Quimper la bretonne et oui, Namuur toujours Namuur!).
'Coexistence de deux éléments de nature différente' traduit 'Duality', l'objet de la rondelle.

Le contenu :
1. Millenium
2. Molotov Parade
3. Cloud Walker
4. Selfear
5. Social Waste
6. Antithesis
7. Wovoka
8. Tales of autumn
9. $olace
10. Promesse
11. Namazu
Mixé par Jeff Sternon et produit par Cellar Twins
https://soundcloud.com/cellartwins



'Millenium' Le titre ne fait pas dans l'originalité car le terme parsème le net comme autant de références de films, livres, jeux, noms d'albums ou de chansons. "Règne terrestre du Messie avant le jugement dernier".
Rien à voir avec le texte, un peu ésotérique, qui ne nous éclaire pas vraiment. Le clip (tourné au Château de Lavaux Sainte-Anne) possède un joli côté médiéval gothique, pas plus dans le thème.
Après une amorce ébouriffée par un souffle orchestral, le flux musical dégage beaucoup de puissance, sans oublier la mélodie.
Carl Kubinsky, cheveux rouges, délivre un chant fiévreux et de mauvaise humeur. Batterie et basse cognent et forment un bloc inébranlable.
La guitare de Jeff Sternon signe un riff métal percutant. Le passage, faussement calme, au milieu du morceau développe une pression vicieuse amenant un moment de folie étonnant.

'Molotov parade' se boit en cocktail évidemment. Entamé sur une rythmique lourde, le titre s'élance avec un riff droit sur la batterie rapidement explosive ('Molotov' toi même!).
La surprise réside dans les choeurs inattendus, sur un moment tendu, et qui se taisent à mi-chemin.
La guitare tire son épingle de son jeu, inventive, variée, parfois dissonante, toujours vive, le tapping produisant un jus délicieux.
La basse, dont les cordes semblent parfois frappées, la soutient constamment avec force. Le chant passe allègrement de l'énervement à l'harmonie. Imparable!

Mis en avant par une vidéo, au bord d'un lac, live Unplugged, en ligne Août 2020, 'Cloud walker', à 2 arpèges imbriqués dans sa version studio, prend des airs de désert au bon souvenir de Pearl Jam ou Soundgarden.
On note le décalage de l'arrivée de la batterie à plus d'une minute, pas contente, elle s'énerve. Puis le ton, lancinant, laisse une guitare plaintive et aérienne chevaucher les nuages.
Le chant s'apparente à celui de James Labrie (Dream Theatre). On pourrait presque qualifier l'ambiance envoûtante de stoner.

Le titre "Selfear" parle de ce qu'on l'on montre par rapport à ce que l'on est vraiment et les craintes intérieures provoquées par ce décalage (Self fear).
Après une ouverture à l'arpège évanescent, l'instrumentation, toujours punchy, alterne couplets sombres et refrain catchy avec changement de cadence.
La vidéo filmée en noir et blanc, dans un cadre de d'arcades et de vieilles pierres, augmente l'intensité du titre.

'Social waste' surprend par ses choeurs en 'na na na na na na' décalés, incitatifs et tournés vers le live sans distanciation sociale. Le chant reste assez forcé, parfois proche de la rupture.
Le riff et la guitare lead se positionnent dans une tendance plus rock traditionnel, rompant avec le style de début d'album.

On y revient au mastic avec 'Antithesis'. L'orchestration invite, de nouveau, gros riffs et grondements. On y trouve aussi des choeurs assez virils.
Les accords mineurs développent une atmosphère sombre simplement illuminée par un solo de gratte. Un passage scandé prend des intonations hardcore.

Des sonorités de violoncelle ouvrent 'Wovoka' prolongées par des percussions électroniques. Les choeurs harmonieux et le placement de la voix me font penser à Placebo.
Un passage planant, travaillé de belle façon sur le plan rythmique, tombe à point nommé pour agrémenter la composition plutôt mélodieuse.

'Tales of autumn' ralentit dans un tempo trainant au climat moite grungy. Les accords de la guitare rythmique, en mode électro acoustique, et la lead plaintive se mélangent tendrement.
La batterie, tranquille, n'intervient que tardivement. La voix se dédouble et s'assombrit, par instants, lâchant même quelques chuchotements inquiétants.
Le long solo de guitare aussi épique que somptueux, dynamise le final.

$olace" démarre, sur les chapeaux de roue, dans une orientation prog-metal. Le dollar dénonce l'illusion du confort matériel.
Energique et entraînant, l'ouvrage technique remporte la partie sans difficulté.

'Promesse' en français dans le texte, propose, en entrée, une guitare sonnante couplée à une voix nasillarde et douce. L'instrumentation s'épaissit ensuite, musculeuse, dans un magma séduisant à basse slappée.
Un effet clair-obscur, rempli d'éclairs scintillants et de choeurs élégiaques, donne des sensations tristes jusqu'à la déchirure... de toute beauté.

'Namazu' ajouté au tracklisting original, s'apprécie en clip https://www.youtube.com/watch?v=ZIh6jmzpg8w (Drums on video by Gil Dieu). Filmé dans les grottes de Han, le groupe exhale un sentiment dramatique captivant.
La voix, inquiétante, avance sur un filet de gratte, comme un reptile rampant, puis la guitare crache son venin poussée par une basse grondante et des frappes orageuses.
Les textes s'accordent 'Somewhere beneath the ground it's calling I bet you fear it too'.



On sent que Cellar Twins aime le pop-rock grandiloquent, le grunge et le métal pur. Il s'y promène dans un mélange métallique brillant et attractif.
De la motivation et de la variété, les musiciens n'en manquent pas, il suffit d'écouter leur interprétation pleine d'énergie : chant intense et modulé, guitare technique et bagarreuse, basse tonique et liante, batterie roulante et bavarde.
Le combo continue son activité incessante (réaction à leur période d'enfermement trop longue?), par le tournage d'un nouveau clip au théâtre de Namur.
On attend, avec curiosité, la suite de leur orientation après murissement / patine durant près de 3 ans et nul doute que les cavistes savent faire vieillir leur breuvage dans de bonnes conditions.