J.E. Sunde • Horla à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2021
Un double concert à Bonjour Minuit, dont la grande salle a été transformée en configuration cabaret.
Ne rêve pas à Luisella Boni, il n'y a plus de vendeuses de cigarettes au Tabarin.
Assistance correcte lorsque le duo Horla se présente sur scène.
Quoi, non, il n'est pas question de Guy de Maupassant, Pauline Willerval: chant, gadulka (petite vièle à archet bulgare au son caractéristique) , violoncelle et Jack Titley: chant, banjo ont créé Horla en hommage à Nehemiah Curtis James, plus connu sous l'étiquette Skip James.
Pauline, quand elle ne va pas à la plage ( merci Eric), joue donc du violoncelle et de ce bizarre instrument originaire des Balkans, elle fourmille de projets: La nose , Altavoz, Before Bach ( avec Rodolphe Burger) , Zetadam, elle s'aventure dans la poésie improvisée et accompagne le chanteur occitan Sam Karpienia, Horla n'est donc qu'un de ses multiples hobbies.
Jack n'éventre pas, il confectionne des T-shirts à l'honneur du banjo. Fils d'un amoureux de bluegrass, lui et sa frangine montent le Jack Danielle’s String Band. ( à consommer avec modération) , il grandit, sa barbe pousse, on le retrouve dans des tas de formations, dont Super Vixen Gang, The Wacky Jugs, Cannettes Vides ou Jack & Mo.
Le duo a donc décidé de faire revivre Skip , non, pas la lessive liquide, ni le kangourou, mais le bluesman du Mississippi.
Un album 'Look down the road' a été enregistré, il est distribué par La Criée.
Ils entament leur récital par le fameux ' Look down the road' , d'abord a capella, puis accompagnés par le banjo et la gadulka.
Tu te sens d'emblée transporté du côté des Appalaches sur une route poussiéreuse, les rares habitants te regardent de travers, fait pas bon d'être noir au temps de la récession.
Le jeu des compères marient précision et authenticité, pas évident de remplacer la guitare par un banjo et une vièle, les voix se rapprochent du timbre particulier du blues and gospel singer, le public fait silence et savoure.
De quoi parle ' Drunken Spree', pas de limonade, bien sûr!
Le jeu épuré et la voix de fausset du viril barbu fascinent, le duo balance en enfilade ' Crow Jane' ( un violoncelle pour Pauline), le lancinant 'Devil got my woman' et l'archi-connu ' Catfish blues', un traditionnel remodelé par Skip.
Le set, quelque peu didactique, est truffé d'anecdotes, les teachers décident d'embrayer sur 'Sickbed Blues' écrit par Skip après un séjour prolongé à l'hôpital, les frais de médecin ayant été payés grâce au groupe Cream qui lui a cédé des royalties pour le titre' I'm so glad'.
'Illinois Blues' précède 'Cherry ball blues', probablement composé en l'honneur de la secrétaire de chez Paramount, dont il était tombé amoureux.
1929, la crise, Skip James écrit son titre le plus connu, ' Hard Time Killin' Floor Blues', c'est avec cette complainte que le set s'achève.
La salle veut un bis, ce sera ' Cypress Grove' , qui dévoile le côté misogyne de Skip, le chanteur à la voix grêle.
Une musique d'un autre temps qui garde tout son charme!
J.E. Sunde.
Hey, Jon, what does the E stand for?
Edward, monsieur!
J.E; Sunde, un singer-songwriter natif du Wisconsin s'étant établi à Minneapolis, a débuté une tournée européenne le 21 octobre.
Après Ris-Orangis, c'est Saint-Brieuc qui le voit débarquer.
Il dit, I've been to Binic, c'était marvelous.
Tous les Américains, Australiens ou Papous sont fous de Binic, Jon!
Le gars a déjà pondu quatre CD's, le dernier " 9 Songs About Love" servira de clef de voûte au concert de ce soir.
Formule trio, le grand J.E., casquette de baseball vissée sur le crâne, aux guitares ( ac; ou él;) et lead vocals, un bassiste performant, Andrew Thoreen ( lui-même singer-songwriter estimé), et Shane Leonard ( petit bonnet), il sévit sous son nom ( l'album 'Strange Forms' est sorti en 2019), aux drums, un élément essentiel pour l'habillage sonore, ce soir.
' You can't unring a bell' ouvre le bal alors que le carillon de l'église de Trémuson a résonné 10 fois, le titre est extrait du premier enregistrement du gars, souvent comparé à Sufjan Stevens, Fleet Foxes ou Bon Iver.
T'as pigé que ce soir, tu as rendez-vous avec l'indie folk, l'americana ou la pop baroque de qualité.
La seconde salve est amorcée, puis crack, bzzz, bling... problème technique, I need to change a battery, sorry.
Here we go again, cette fois-ci ' Sunset Strip' démarre sans encombres, par quelques vocalises charmantes qui fondent sur une ballade mélancolique, subtile ,aux harmonies vocales fragiles.
Ce mec a été touché par la grâce!
Paresseusement allongé sur un tapis de trèfles, le trio amorce ' Clover', une mélodie rappelant les moments les plus doux de Jim Croce.
Par petits traits il passe en revue sa vie... pas de femme, Dieu existe-t-il?, is there wisdom in that crazy desert mystic, le rock'n'roll peut-il soulager?
Un jour, il devrait dénicher le trèfle a quatre feuilles et l'offrir à une demoiselle!
Il ramasse la guitare électrique to play a country song.
'Love gone to seed' , t'avais bien lu le titre de l'album " 9 songs about love" , although the song is about two people who shouldn't be in a relationship.
Après ce morceau plus nerveux, il revient à la mélopée avec ' I Love You, You're My Friend' qui s'approche de l'univers de Ray LaMontagne.
J'aime la Bretagne, que je visite pour la première fois, we'll play you a Friday night song, 'Thorns And Roses' date de l'album de 2019, simplement baptisé 'J.E. Sunde', la gentille mélodie est décorée d'un solo de guitare aussi limpide que aérien.
Du coup, la prochaine fois que tu offriras des roses à ta compagne, tu lui siffleras le refrain.
'Your love leaves a mark' est entamé par un sifflement emprunté à Curro Savoy, le texte, imagé, décrit la routine amoureuse, J.E. compare la marque amoureuse laissée sur lui aux tatouages sur le bras du marin parti en mer.
Toujours en mode downtempo, le trio ébauche 'We Live Each Other's Dreams', un titre minimaliste rappelant certains morceaux tendres de Paul Simon.
Exit le drummer et la basse, J.E. Sunde décide de la jouer en solitaire pour une des perles de la soirée, digne de Leonard Cohen, ' I Don't Care To Dance'.
Andrew et Shane revenus, c'est l'enjoué 'Easy Kid' qui est proposé, et cette fois, te viennent à l'esprit, Elvis Costello et Moon Martin .
Un voisin occasionnel.... vous ne trouvez pas que certains titres renvoient vers Calexico.
Pourquoi pas, la vulnérabilité et la sensibilité du compositeur se prêtent à pas mal de comparaisons.
Alors que le carton annonce 'Risk' , tu ne reconnais pas le morceau dans l'uptempo proposé dont une partie des lyrics sonne ...I love you but you make me crazy... , too bad!
La dernière, le lumineux 'Wedding Ring' doit ravir tous ceux qui pleurent depuis la disparition d'Elliott Smith.
Cette ballade sensible termine un set attrayant, donné par des gars souriants et talentueux.
See you at the merch table, dit-il, mais Saint-Brieuc n'a pas l'intention de quitter la salle, ils reviennent pour jouer 'Rabbit Rag and I' .
J'ai bien vu que certains d'entre vous consultaient leur Rodania, pour les autres, je leur joue un morceau solo, it's a new title, 'Blind Curve' .
Et comme il y a pris un goût un second effort solitaire succède au virage aveugle.
Enfin, si je me souviens de mes propres lyrics, he says, puis entame une autre nouveauté où il est question, cela va de soi, d'amour, mais aussi de soleil et de zones d'ombre.
La tournée se poursuit en France, elle passera également par la Belgique.
Tu aimes la folk intimiste, ne rate pas J.E; Sunde!