Fingers and Cream - EP - Healing Waters.
La Ruche Le Label
( NoPo)
FINGERS & CREAM Healing Waters
IOLO 'Sillybird' Gurrey, toujours accompagné de sa guitare et ses doigts
(combien?), voyage en solitaire à présent (quand il s'ennuie il va
faire un tour du côté de chez Swann, un chapa).
Voici son 4ème EP, toujours dans l'eau, en cure, cette fois (pour l'histoire http://www.concertmonkey.be/al
On peut y sentir des bribes d'Elliott Smith, de Buckley père et fils, et
du Saint-Esprit Neil, le loner, de fines ramures où se pose Iolo,
l'oiseau innocent.
Ici dépouillé, il ouvre son coeur pour qu'on puisse distinguer ses sentiments.
La couverture de l'objet, toute aussi sobre, montre un dessin allégorique où le bleu nuit domine dans le ciel et sur l'eau.
L'effet miroir surprend, la route, plutôt qu'une rivière, décrivant un méandre bitumé.
Un arbre blanc, sans feuille, se dédouble (c'est du bouleau), chacune
des 2 images se reflétant dans l'eau (4x4 interdit dans ce paysage pur,
le 2x2 aéré prévaut).
Un personnage (reflet compris aussi) suit tranquillement cette route en détour.
A quoi pensait Perrine (la dessinatrice)? La magie de la nature, le voyage initiatique, le retour aux sources?
Iolo parcourt probablement ce trajet à distance du rectiligne et ça semble lui correspondre...
De la pluie bleue comme ça, on en veut bien tous les jours. Même loin de
Lourdes, l'eau guérit des maux et les mots de Iolo rident l'eau.
Il y a aussi de la brume mêlée à ce rideau bleu, on la perçoit dans la voix du trégorois, surmultipliée sur le refrain.
Une suite de notes, sur les fibres, nous plongent dans une ambiance bucolique saisissante à la 'Into the wild'.
On pourrait presque y entendre la rusticité de 'Blackbird singing in the
dead of night' si ce n'est que l'harmonica rend la compo plus
dylanienne.
Le souffle de Iolo dans l'instrument sort plus assuré que sa voix si fragile.
Iolo, t sûr du bleu de la pluie si t daltonien?
On s'en fout! 'Colorblind' découvre son arc en ciel éblouissant d'harmonies.
Les voix multipliées trottent au rythme des cordes et tambourin dans un écrin naturel.
La terre est tellement belle, célébrée par des sentiments aux couleurs variées, retranscrits dans cette musique vivace.
Ce single fait son apparition dans la série Mytho (si, si c vrai!)
(saison 2 épisode 3) disponible sur ARTE et dès le 19/11 sur Netflix!
Une mélancolie à chair de poule remplit nos 'Empty thoughts'. Une couche
de basse synthétique amortit la guitare, sèche, aux 2 notes répétées,
piquée par les alternants tambourins et tonnant.
Le rythme, tel un ruisseau sautillant, rend la mélodie plus sereine d'autant que le refrain coule en mélopée paradisiaque.
Les voix aériennes, poussées par un clavier mystique, montent au ciel
dans un effort ponctué par un souffle. Au final, la musique s'évanouit
dans un écho logique.
On peut presque sentir ses doigts, comme si c'était les nôtres, filer sur les frettes. Les fils tendus crissent à fleur de peau.
Le chant de Iolo bouleverse, parfois dans un hoquet à la limite de la
rupture. Des anges essaient de le soutenir mais lui n'en veut pas... 'I
try not'.
Une ligne sombre, avec fond de clavier, guide le cours de cette chanson simplement éclairée par la guitare en équilibre.
Le dernier arpège, profond, nous achève par une larme à l'âme.
Le picking subtil et frugal de 'You are my pain' rappelle quelques anciens titres comme 'Dawn's parade' ou 'Misty moon'.
Les doigts se promènent agilement sur les cordes sensibles autant que la
voix se déversant en crème sur la mélodie. Le babil du Sillybird...
Le phrasé de Iolo m'interpelle souvent avec des 'H' soufflés (surtout
pas aspirés), des consonnes en ruptures, des tons contrastés, des
diphtongues qui enrichissent ses vocaux et les rendent tellement
poétiques.
'Stand up in Ohio' se remplit de ses éléments. La guitare principale
trace un sillon mélancolique, strié par un arpège plus lointain.
L'orchestration s'enrichit ensuite d'un son de basse et de choeurs
plaintifs, puis une autre guitare tricote en dentelles, quasi steel, un
instant suspendu.
Cordes grattées et plaquées se promènent près de 'The River You Crossed
Last Night'. Au début du disque, il y avait l'eau, à la fin, il y a
l'eau... et la voix de Iolo répond...
Le tambourin s'inscrit à la ballade. Un son aigu de guitare trottine, guilleret, pour conclure tout en légèreté.
On dit que la qualité d'une compo se juge en acoustique, Iolo passe la barre, fingers in the nose.
Raffinées, ses compositions s'expriment raccords avec l'honnêteté de ses sentiments.
Une heureuse réussite, une crème, qu'il pourra partager avec son public, je l'espère.
Tracklist :
1 Blue Rain
2 Colorblind
3 Empty Thoughts
4 I Try Not
5 You Are My Pain
6 Stand Up In Ohio
7 The River You Crossed Last Night
crédits
All tracks written and performed by iolo Gurrey
Recorded by Jean-Luc Le Meur
Mixed and mastered by Julien Espinoza at Studio de La Ruche
La Ruche Le Label / iolo Gurrey
Artwork réalisé par Perrine Giudicelli Prieur et mise en pochette par Kévin Navizet