mardi 31 mai 2011

Scandale à la Place de Linkebeek, le 29 mai 2011

Le mot du maire ( ! un bourgmestre non nommé ne s'appelle pas bourgmestre, signé Marino je me parfume à l'eau de Cologne Keulen) :'le dimanche 29 mai aura lieu notre brocante biannuelle'.

Du soleil, du houblon, des anciens combattants avec lesquels t'as connu toutes les guerres de tranchée, les victoires épiques ( à l'Abssa, division 6B), les défaites honteuses, les stamcafés à une époque où une tournée générale te coûtait 125 francs... ces résistants sont beaux comme Jean Gabin, Noël Noël ou Bernard Blier et leurs moitiés sexy comme Alice Sapritch ou Simone de Beauvoir, bref la place communale en ce dimanche torride est un endroit aussi dangereux que Basra pendant la charge Saulat al-Fursan..
Tu te dis que va-t-il foutre dans ce guêpier?
Pas acheter un authentique chandelier Louis XIV made in Taïwan, pour 69 cts, non, Louis-Auguste, l'affiche annonce un programme musical!
T'avais pointé Noa Moon à 14h30', heure à laquelle le jovial Alain te flanque une Stella entre les pattes.
Noa Moon?
C'était super, elle a joué à 13h.
Tonnerre de Linkebeek, bande de doryphores de carnaval, que la vérole vous bouffe...
Bois un coup, c'est pas bon de s'énerver comme ça, à 15h tu peux entendre Scandale!
Le scandale c'est les changements d'horaire intempestifs!
Soundcheck, 15h, un schnouf se pointe: Scandale se produira à 16h!
Six Stella, bitte!

Saint-Sébastien sonne les quatre coups: Scandale sur le podium.
Deux gars fringués en redingote:
Chant: Thibaut De Halleux ( Linkebeek)/Claviers: Jean-François Moulin( Saint-Gilles).
Prix du jury de l'émission Pour la gloire au siècle passé, un album 'Des Rires et Des Pleurs'.
La carrière?
Des rires et des pleurs: Francofolies, la Samaritaine, toutes les salles d'Uccle et de Linkebeek, le mariage de Fernand Van Wambeke et de Justine de Ainain, la première communion de Roger Vangheluwe... un split!
Un autre groupe AmAndA: mêmes péripéties.. et pour la petite histoire on ajoutera que Thibaut chanta le blues dans 'Very Old Dinosaures' qui vira rock progressif, sa carte de visite mentionne d'autres formations du Sud de Bruxelles, on me l'a piquée!
Scandale se reforme et vient réjouir Linkebeek avec son romantico-pop post-kitsch!
Une intro pompeuse aux claviers, digne d'un soundtrack relatant la jeunesse du Marquis de Sade et l'ancien petit chanteur à la croix de bois amorce 'Le Château', sorte de Bal des Lazes kafkaïen, mais avec une surprenante voix de castrat à rendre jaloux Farinelli, Francesco Bernardi ou Federico Mercury la reine moustachue.
Théâtral, baroque, grandiloquent!
Le mélodramatique 'Une Femme' suit: ..approchez, mesdames et messieurs venez voir la peste, le monstre...
Résultat: les mioches pleurnichent dans les jupons... maman, j'ai peur, les brocanteurs remballent leur brol et une file d'un kilomètre se forme à la buvette.
On nous propose un nouveau symphonic opera rock: 'Les ailes du désir'.
Comment est le ciel au dessus de Berlin, Wim?
Orageux!
Puis un menuet aux vocalises acrobatiques ' Une autre chanson'.
La setlist annonce un 'Chant Corse', nous ouïmes un psaume pénitentiel profond, idéal pour te conduire vers ta dernière demeure à côté de la tombe de Charles Pierre Baudelaire.
Le décadent ' Demain', légèrement pédant et au message à prendre au degré trente-six:...c'est aujourd'hui que nous construisons demain...
Intermezzo supermarché Carrefour: ' le petit Angelo, casque bleu ( l'ONU engage des moins de six ans...) et T-Shirt blanc ( ce matin), cherche sa maman et son papa'.
Heureusement que Monseigneur de Bruges était sur la plage naturiste à Bredene...
Tout va bien: Agnès et Louison récupèrent le mouflet.
Deux mamans?
No comment, Serge!
Le thème de Barry Lyndon et ensuite un lied interactif: braves gens, c'est pas parce que c'est gratuit et que vous êtes légèrement entamés qu'il faut croire que c'est arrivé, au boulot, mes chers Drinkebeekois: la, la, la, la ... lalalamentable!
Une leçon de musique bas rock chahutée ' Welcome'.
Rimbaud 'Le mort Joyeux', annonce le rigolo en sachant que c'était de Baudelaire et en chantant le poème à la manière de Marie-Paule Belle, ce qui a le don d'effrayer deux roquets n'aimant pas cette histoire de corbeaux.
Une dernière dans l'indifférence générale, pour Pétain: ' Verdun' , un requiem lorrain.

Vous en voulez encore?
Oui, gueulent la soeur du curé et Yvonne, la femme du boucher!
Le symbolique 'Dans la nuit de la terre' et le lyrique 'Les portes de l'oubli' beau comme du Mireille Mathieu ou du Lara Fabian!

Tu t'en vas, tu restes pas pour Blackout?
C'est l'heure de la messe, mes chéris!






lundi 30 mai 2011

The Webb Sisters à l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 28 mai 2011

What do you do when your idol calls?
C'est en 2008 que Leonard Cohen cherche une vocaliste pour accompagner Sharon Robinson avec laquelle il collabore depuis 1979.
Pendant la séance rehearsals, impressionné par la performance des soeurs Webb, il les engage toutes les deux.. la suite: deux ans de tournée!

En ce radieux mois de mai, the Webb Sisters viennent présenter leur dernier né, ' Savages', à Bruxelles, dans une Ancienne Belgique en configuration assise.

Pas de support, c'est à 20:30' que les natives du Kent, Charley, la plus petite ( guitares, percussions, vocals) et Hattie, la plus blonde ( harps, mandolin, vocals) se présentent sur scène.
Plus British que les charmantes siblings Webb, ça n'existe pas!
La musique, c'est héréditaire dans le clan Webb, plus tard nous verrons Brad(ley) au cajon, percussions et backing vocals ( le garçon tourne avec Jamie Cullum e.a.) , le second brother, Rocco-Rands Webb, manie également les sticks, normal après tout, quand on apprend que Dad était session-drummer ( qui se souvient de Peter Skellern 'Youre a lady'?).
Et la maman?
Prof de tennis, mon grand!
Une harpe, une acoustique et deux voix exquises en close harmonies ' Baroque Thoughts'.
Du baroque au romantisme... François Couperin ou Georg Friedrich Haendel à Brahms en pensant à Mary Hopkin ou aux Corrs.
Fragilité, grâce, finesse, une brise fluette te caresse le visage.
L'élément masculin prend place en arrière-plan: Brad aux percussions et un contrebassiste/ bassiste discret et efficace ( who was that guy?), un sweet folk volatile: ' In your father's eyes'. Exemplaire complémentarité des voix aux nuances celtiques/new age à la Enya.
Une remarquable cover de Tracy Chapman 'Baby can I hold you' sera suivie de 'Calling this a life' , un titre pugnace, aux riffs de guitare secs et au jeu rock'n roll de Hattie à la harpe portative, le tout compensé par de riches harmonies vocales.
Amazing!
Une anecdote, Bruxelles?
Cette harpe ( harp 2 indique sa setlist) s'appelle Harry, c'est un client de la guest house de nos parents qui paya son séjour avec ce bel instrument.
' I still hear it' sur 'Daylight Crossing' de 2006, une tendre ballade Fleetwood Mac virant gigue gaélique.
En invité, une section de cordes, les talentueuses locales Yumika Lecluyse au violon et Seraphine Stragier au violoncelle et Charley aux percussions ou battements de mains pour le liturgique et cérémonieux ' Words that mobilize' avec Brad en voix de basson.
Puissant et imagé.
Second titre with strings ' Amelie's Smile' aussi énigmatique que celui de Mona Lisa, country flavored folk agrémenté de vocaux magistraux se répondant en écho ou se superposant.
Exit la Belgique pour le romantique et automnal: 'Dead old leaves', où est le jardinier?
Hattie & Charley en duo:Leonard Cohen: 'If it be your will' , une crowd-seducing prière ayant réduit Bruxelles au silence contemplatif.
Un grand moment!
Séance tuning pour l'ange Charley, Hattie ne connaît pas ces misères, elle change de harpe à chaque titre et le roadie accorde les 22 strings en coulisse.
Tu vas pas leur raconter ta vie, hein frangine, ça y est, petite?
Yes!
' You were always on my mind'.
Oui, Elvis, my dear!
Une merveille!
Nous aimons la Belgique, you know.
Les gaufres, le chocolat, la bière, Manneken-Pis... on sait, tous les artistes nous chantent cette litanie.
We also like Belgian & Dutch wine...
Un alcootest pour Hattie, s v p!
Un country sautillant après l'humour British: ' That old wheel' aux senteurs Linda Ronstadt ou Emmylou Harris.
On va vous jouer 'The goodnight song', une tendre et délicate mélopée prévue pour un disque pour enfants.
Les potins du Kent, bis: brother Brad a pris 3kg depuis qu'on joue sur le continent. Now, this song is called '1000 Stars'. Vous la trouvez sur le EP 'The other side' . Du folk rock stellaire à la mélodie infectieuse, des cordes onctueuses et deadly-precise harmonies pour citer Bernard Perusse.
Le titletrack, le uptempo 'Savages' a handclapping one pour vous préparer à l'ovation finale, car c'est l'ultime titre pour ce soir!

Ovation il y eut et les rappels furent grandioses.
Charley & Hattie face à nous, sur quelques marches leur permettant de se trouver nez à nez avec le premier rang: unplugged, une harpe et deux voix magistrales pour une version incroyable de 'I want you to want me' des Cheap Trick.
Non, Guy: c'était pas Slade, ni Humble Pie, ni Peter Maquisard ou Roger Jouret... Cheap Trick on te dit!
Toujours a capella: Kate & Anna McGarrigle 'Heart like a wheel'.
Un pur enchantement!

Que des visages heureux en quittant la rue des Pierres.
Lors de la séance dédicaces tu as l'occasion d'échanger quelques paroles avec Hattie ( merci d'avoir envoyé un mail avec les détails concernant les strings) et avec un Daddy Webb, tout sourire, qui nous confie que Brad revient en été, au Brussels Summer Festival, avec Jamie Cullum.
Nice people these Webbs...

dimanche 29 mai 2011

Brussels Jazz Marathon 2011 (outdoor): Soulamani, Place du Sablon, Bruxelles, le 28 mai 2011

Brussels Jazz Marathon, jour 2, tu pointes un combo tout frais éclos devant s'ébattre au Sablon: Soulamani!
Sur le ring,16:45', un bordel incommensurable, la sortie Industrie est fermée, faut faire le détour par la Chaussée de Mons, les Souks de Cureghem, le pittoresque et odorant canal de Willebroek avant de rejoindre le Midi.
Ce voyage culturel, hautement exotique (chameaux, djellabah, keffieh, barbes noires ou hijab...) te prend le triple du temps normal, faut s'activer pour ne pas rater le début du concert prévu à 17h30'!

Soulamani!
Essaye l'orthographe Soulaymani me suggère l'espiègle Google, mais non Gaston, c'est bien Soulamani, un jeune quartet de jazz ayant remporté les palmes au 20km of jazz, un concours organisé par Rits/sovehb (studentenvoorzieningen Erasmushogeschool Brussel)!
Barbro Gullentops (vocal)/Daan Stijnen (keys)/Mattias Geernaert (double bass)/Samy Wallens (drums) sont les membres du projet.
Un passé?
Barbro: Salsa con Fritas, Jazzalicious- Daan: Colorless Green Ideas, Salsa con Fritas- Mattias: the John Scofield Project, Vino 4, Bear Run- Samy: on note son nom dans le soundtrack d'un film dirigé par Didac Cervera..
Compartiment?
Les standards ( essentially vocal jazz) à leur sauce.
Con fritas?
Conne toi-même!
Le bossu de Notre-Dame indique que c'est l'heure: l'élément mâle s'installe derrière l' instrument respectif et un joli brin de fille s'empare du micro:
You're talkin' so sweet well you needn't
You say you won't cheat well you needn't
You're tappin' your feet well you needn't
It's over now, it's over now
'Well, you needn't' du jazz-pop troubadour Jamie Cullum.
Déjà un bridge musclé mettant en évidence le piano musclé.
Quelques vocalises en scat et un petit solo de batterie nerveux après les lignes de basse groovy.
Soulamani: c'est pas du salami sans ail de chez Aldi!
Bert Joris ' For the time being', une cool ballad d'un de nos meilleurs trompettistes.
Au répertoire de quelques divas ( Dianne Reeves, Liz Wright...) le standard de Mongo Santamaria 'Afro Blue' , une jazz waltz afro-cubaine sensuelle!
Extrait du great American songbook: ' That's all' , a mellow tune reprise par les plus grands crooners, Nat King Cole en tête.
Un peu académique, raide, appliqué mais vachement beau, le Sablon, venu en masse, apprécie!
Exit la nana, je vais avaler un Perrier au sirop de groseille, le jus de concombre n'est plus in de nos jours, jouez leur ' Makin Whoopie'!
Youpie, on va s'amuser, du be-bop bondissant, une friandise énergétique, supplément glucidique recommandé par le toubib de Contador!
Retour de Miss Gullentrops, c'est Samy qui se tire pour ingurgiter une Vedette.
Le douloureux 'Alfonsina y el Mar'.
Alfonsina Stoni a la cote auprès de nos jazz ladies, dirait-on!
Qui n'a pas chanté ' You'd be so nice to come home to' 1943 Cole Porter?
Lange Jojo? Clouseau? Rika Zaraï?...
C'est celle de Ol' Blue Eyes ta préférée!
Le registre de Barbro navigue dans les eaux blanches: Diana Krall, Helen Merrill, Julie London.
Techniquement irréprochable!
Allo, oui.
La boucherie Sanzot?
Quoi, ça manque de tripes...
Mange du hareng, espèce de Haddock!
Présentation du band et touche finale: ' You and the night' encore un classique au répertoire de Frank Sinatra.
Une sombre contrebasse léchée par un archet, un piano saccadé, un break nocturne de Chopin et reprise du thème, du bon boulot!

Le public réclame un bis, refusé par l'organisation, faut respecter le timing!

samedi 28 mai 2011

Brussels Jazz Marathon 2011 (indoor): A3 à la Fleur en Papier Doré ( Goudblommeke in Papier), Bruxelles, le 27 mai 2011

Deuxième étape jazz en ce dernier vendredi de mai.
Tu prévoyais les revenants Neven au Café Novo, place de la Vieille Halle aux Blés, gig prévu à 21h.
Sur place toutes les tables occupées par de braves gens se restaurant, au fond de la salle, dans un endroit peu stratégique, un coin scène.
Renseignements pris auprès de Damien, tablier blanc: le concert, à quelle heure?
On est dans le jus, Monsieur: 21h30'/22h/22h30'....

D'accord, mon brave, cap sur la Fleur en Papier Doré, l'antre du surréalisme ayant compté Magritte, sa pipe, son chien et ses potes Marcel Mariën ou Michaux comme illustres clients!

Au menu: A3
la moitié d’une feuille A2, soit 297 × 420 mm.
On obtient le format A3 en plaçant côte à côte deux A4 avec un grand côté en commun.
Tu déconnes là, A3 c'est la troisième chaîne à Alger, me souffle Djamel, carburant au thé à la menthe.
Mon A3 est noire me glisse François-Honoré, toubib du côté de Lasnes!

Faut savoir, hein!
Que dit le fascicule:
Fanny Demoustier (guitar)
Vincent Cuper (electric bass)
Yann Dumont (drums)
Du jazz contemporain, tendance post-bop.
Sont jeunes, à peine 22 printemps pour Fanny, ils se sont rencontrés au Conservatoire et ont décidé de faire un bout de chemin en trio.
Yann s'ébat également chez Blue Wild Sound ou The Green Dolphins, quant à Vincent tu peux l'entendre chez Unexpected 4 ou Why not Samba.
Fanny exerce ses talents auprès du Fatik Trio, Why not Samba ou encore auprès du Mathieu Robert Quartet.

20:45': les premières notes, déjà tu es frappé par les lignes limpides émanant de l'Ibanez de la souriante Fanny.
C'est pas courant une nana à la guitare, mais de plus, une jeune fille ayant un jeu aussi fluide que celui de John Scofield, ça mérite toute ton attention.
Tu salues les touristes d'Outre-Quiévrain s'étant installés à ta table pour te coller face au trio.
Leur version lyrique de 'Song for Bilbao' de Pat Metheny est tout bonnement époustouflante.
'I should care' 1944, un instrumental crédité Alex Stordahl, Paul Weston & Sammy Cahn, au répertoire des plus grands: Julie London, Nat King Cole, le pianiste Bill Evans, Thelonious Monk, Stan Kenton ou... Amy Winehouse.
La version poétique proposée par A3 est proche du travail de Joe Pass.
Le groupe combine application, sobriété et talent!
Bill Frisell enregistra 'Strange Meeting' en trio avec Melvin Gibbs on bass & Ronald Shannon Jackson on drums .
A3 entame la ballade par une intro de basse tendue, audacieuse.
La batterie et la guitare entrent dans la danse, tu n'as qu'à clore les paupières pour te laisser flotter au rythme des envolées éthérées.
Le groupe enchaîne sur une de leurs compositions: ' The First One' , caisses et cymbales frappées mains nues, une soft Ibanez, une basse mélodique en lead.
Du jazz ligne claire de conception Hergé/ Bob De Moor/E P Jacobs!
' Bernie's tune' (Bernie Miller), un cheval de bataille de Gerry Mulligan.
Une assise rythmique toute en rondeur, une guitare pareille à un ruisseau dévalant la montagne. Quelques cascades et soubresauts agités pour reprendre un parcours moins accidenté.
Un jeu vivace et maîtrisé!
On achève le set par le standard 'Invitation', composé par le Polonais Bronislaw Kaper, ayant récolté bon nombre de lauriers avec ses musical scores ( 'Lili' -'Green Mansions'...).
Une version funky aux lignes de basse sensuelles pour ce nightclub tune, apprécié des grandes dames du jazz: Dinah Washington ou Patricia Barber pour n'en citer que deux.

45' élégantes et techniquement brillantes.
De jeunes pousses talentueuses promises à un bel avenir.
C'est à regret que tu quittes l'estaminet pour rejoindre ta légitime et sa réflexion usuelle: t'es déjà là...

Brussels Jazz Marathon 2011 (outdoor): Verginiya Project, Place du Sablon, Bruxelles, le 27 mai 2011

Du 27 au 29 mai, annuelle foire du jazz à Bruxelles, le jazz marathon 16è du nom!
Ce vendredi 27 mai ne restera pas dans les annales comme le jour le plus torride du siècle: averses, éclaircies, vent, 17°C...à 18h25', cinq minutes avant le début des hostilités, les pavés du Sablon se voient foulés par, à peine, une vingtaine de curieux, amateurs de notes bleues.
Heureusement au cours du set du Verginiya Project, la fontaine de Minerve, Wittamer, Galler, Pierre Marcolini, Dandoy, La Tour d'Y Voir, Au Vieux St-Martin et les copains de Louis la Brocante inventorient des centaines de badauds au pied des marches de la gothique Notre-Dame.

Verginiya Project!
Vocaux et compositions: Verginiya Popova, une Bulgare au registre vocal riche et étendu, adoptée, en 2004, par Manneken-Pis.
Pour la soutenir, des squales ayant écumé toutes les mers de notre petite planète: au piano et backings, mère Marie-Sophie Talbot ( Tangram, pour n'en citer qu'un)- percussions, flûte et backings: l'Amstellodamoise, Jessica Tamsma ( Patshiva, Son Fritas, Rhytmiss...)- Francois Cronenberg aux drums ( Samir Barris, le Box Story de Laetitia Solimando..) et Gaetano Vullo à la basse ( SenzaFine, The Belgian Queen...).
Un répertoire varié, mixant le folklore balkanique, les standards, le samba jazz, le mainstream, la pop, le blues ou la variété...

'Zazorjavane' est introduit par un piano académique avant de bifurquer vers des baies plus exotiques du côté de Barra da Tijuca.
Carioca Bulgarian jazz!
L'immortel 'Chega de Saudade' d'Antonio Carlos Jobim/ Vinicius de Moraes: tristeza e melancolia, le blues brésilien!
Pour les passagers de la STIB, habitués au confort et à la ponctualité, en Bulgare, malgré le titre, 'Voyage', une ballade virant uptempo chahuté ( un conducteur bourré?) avec une Talbot quatre cylindres au grand galop!
Un petit jazz festival de San Remo?
Una canzone italiana ' Senza Fine', toute en délicatesse et émotions.
Que m'importe la lune ou les étoiles...
Tu per me sei luna e stelle
Tu per me sei sole
e cielo...
Vais la ressortir à ma conjugale quand elle me dira tu ne m'aimes plus!
L'amour, toujours l'amour: 'Solitude', les femmes bulgares et le romantisme!
C'est la première chanson que j'ai interprétée dans le vocable d'oïl: ' La vie en rose' .
Moins kitsch que Dalida, moins disco que Donna Summer, moins opéra que Placido Domingo, moins dramatique que Piaf...mais une version Broadway jazz à la Shirley Bassey ou Madeleine Peyroux.
Beau, tout simplement!
Le groovy ' Why' écrit à la suite d'une déception amoureuse.
Elle a une bonne voix..., Françoise ne se trompe jamais et Simon Narcotic Daffodils ( je joue le 28 au Churchill's), acquiesce: c'est du tout bon!
Une longue intro au piano avant de reconnaître le fabuleux 'Libertango' de Piazzolla, version Grace Jones 'I've seen that face before' .
La chair de poule!
Une ballade en hommage au 7ème art 'Cinema', décorée d' une flûte altière d'un classicisme raffiné.
'Tursene' = je cherche mais je ne trouve pas, un instrumental tête de linotte!
Le syncopé, passionné, fringant et langoureux 'Estate'.
Voir Marie-Sophie Talbot en sosie de Soeur Thérèse/ Dominique Lavanant faire vibrer son Hanlet, ça valait le coup!
Blaise Pascal:'Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point', Miss Popova, une variante Mer Noire: 'Heart'!
Quincy Jones, The Color Purple ( merveilleuse Whoopi Goldberg) : ' Miss Celie's blues' (Sister) , du blues/swing fougueux et expressif.
'Ima Pesen' chanté en français, ma copine Gladys m'a filé un coup de pouce pour les lyrics.
Retour au latin jazz avec 'Umopomrachenie' permettant au band de se laisser aller pour un bridge nerveux.
Le traditionnel au répertoire du Mystère des Voix Bulgares ' Devojko Mari Hubava' en version swing et pour clôturer cet excellent récital: un rondo démoniaque ' Zazorjavane', où il est question de magie blanche et d"envoûtement.

Verginiya Project: une grande voix, de l'énergie, de l'enthousiasme, du jazz vigoureux...

vendredi 27 mai 2011

honeybird & the birdies au Piola Libri, Bruxelles, le 26 mai 2011

Rue Franklin, à 250 mètres du Rond-Point Schuman!
Spaghetti à la sicilienne, aubergines et oignons (10.50€): La Pineta
Tagliatelles maison (crème, jambon et tomates fraîches) (9.00 €): La Brace
Carpaccio de lotte au citron vert:Pappa e Citti
Foie à la Vénitienne (18.50€): Il Cavallino...
Tu peux ajouter une dizaine d'autres établissements dont les serveurs se prénomment Beppo, Ambrogio, Dario ou Gabriele... dans cette artère où la présence transalpine est, disons, assez forte, non è vero, Signor De Angelis, barbiere local?

C'est au 66-68 de la via, que la libreria/ enoteca, Piola Libri, propose, à 18h57', un apero/showcase avec le groupe de Roma: honeybird & the birdies.
Parole est donnée à un des oisillons: 'forte presenza italiana stasera in quel di Bruxelles...', tu ajoutes un ou deux British, trois ou quatre compatriotes de Tintin.
Perdus dans la masse et armés d'un excellent Nero di Troia (Puglia) ou d'un tout aussi gouleyant Colline Lucchesi ( Toscana), pour la signora, nous sommes prêts à assister au concert, avec en bruit de fond de colorés palabres en ligure, romagnol, piémontais ou calabrais.

honeybird & the birdies
ou d'après la bio: honeybird (Los Angeles, charango/guitar, un squelette!/vocals), p-birdie (Catania, drums/percussion/triangle + le même squelette/vocals) and ginobird (Anzio, bass), mais l'oiseau miel nous l'a présenté comme étant Federico ( Torino)!
En novembre 2010 sortait le premier CD du trio: ' Mixing Berries', nous entendrons quelques unes de ces baies post folk/world/ indie jam little perruches rock.
Présentation trilingue et 'Shaka Zulu' , de la world minimaliste, ludique, plus proche de Malcolm McLaren ou Bow Wow Wow que de Johnny Clegg!
' Quemby the queen bee' a été composé à L A, chez Zia Maya, une apicultrice adepte d'aerobics face au petit écran.
Un kazoo piquant, un rythme ruche en folie... buzz, buzz, buzz.... aussi enfantin que les Modern Lovers de Jonathan Richman.
Une exotique bossa nova piccolo pollo: ' Pequenino Frango' sera suivie de 'Sexy tour guide/ tutto al limone', suivez le guide, avanti pour un trip Mama's & Papa's croisant la route de Frank Zappa.
Traduction: c'est dada et légèrement bordélique, a killer jam with funky bass lines pour citer Jeremy un blogger yankee.
'Tommy', tu peux oublier le pinball wizard, Pete Townsend et sa clique: p-birdie se colle au chant pour une tranche de dream pop décorée d'un Charango des Andes.
honeybird ( elle veut le h minuscule, hash) connaît Jean Yanne et Claude Chabrol et nous avertit 'Don't trust the butcher' sur fond mélodieux puéril et artisanal.
Una canzone in lingua francese: ' La bête mouffette' , du festif à consommer avec modération, sauf si ton truc c'est les Têtes Raides, la rue Kétanou, Marcel et son Orchestre ou Bart Peeters avec ou sans les Radios.
'Dolores inside' direction le Mexique: les Aztèques, Emil Zatopek, les tamales, le huasteco et le guacamole... cherchez l'erreur!
'Shrinking Minds' proche de la folie et de l'enthousiasme de tUnE-yArDs.
On achève le set de 50' avec une Oryantal dansı, aux effluves traditionnelles 'Hava Nagila': 'Naïman'. L'arabo-andalouse est malheureusement absente, nous n'aurons pas droit à une démonstration souple et aphrodisiaque, style Suheir Zaki se déhanchant langoureusement devant un parterre de fumeurs de nargile.
Adepte du bricolage/collage, l'espiègle honeybird introduit
People keep on learning
Soldiers keep on warring
World keep on turning
Because it won't be too long...
piqué au 'Higher Ground' de l'immense Stevie Wonder dans sa danse égyptienne.

Concert plaisant, souriant et rafraîchissant!


jeudi 26 mai 2011

Bob Dylan 70 Tribute featuring Bruno Deneckere, Derek & Nils De Caster, au Candelaershuys, Uccle, le 25 mai 2011

Robert Allen Zimmerman est né le 24 mai 1941 à Duluth dans le Minnesota, le 24 mai 2011, le Bob souffla donc 70 chandelles.
A Gand( Gent), capitale du Comté de Flandre, un joyeux trio de bardes dylanologues décide de fêter l'événement à sa manière: Bruno Deneckere( un copain à Brendan Crocker) dont le dernier CD 'Walking on Water' traîne depuis peu dans les bacs, Derek ( ex Derek & the Dirt, actuel Derek & Vis) et Nils De Caster ( Pink Flowers avec Bruno dans les 90's- Johan Verminnen, Perry Rose, Citron Bleu, HT Roberts, Elliott Murphy, Marjan Debaene... des talents de multi-instrumentiste appréciés de tous, quoi) tournent dans les centres culturels du Nord avec le projet 'Bob Dylan 70 New Morning' ( l'album que le Zim sortit en 1970).
Ce n'est pas un coup d'essai, mais bien le quatrième hommage au plus grand singer/songwriter s'ébattant sur notre planète souillée.

En pénétrant dans la coquette salle du Candelaershuys, ton regard est immédiatement accroché par l'incroyable panoplie d'instruments gisant, pêle-mêle, sur le podium: quatre ou cinq acoustiques, une basse, une mandoline, un violon, deux ou trois harmonicas, une lapsteel + un jouet ressemblant à une keytar avec touches d'accordéon, Nils en maniera au moins cinq!

20:40' Bruno, le pince sans rire, grommelle un incompréhensible salut, Uccle se prépare pour un audacieux plongeon te ramenant à l'époque de la réforme institutionnelle créant trois communautés culturelles et politiques dans notre beau royaume à la si vaste superficie.

1970: si dans ta cave traîne un Château Petrus de ce millésime, sache que cette bouteille est cotée à 1990€ à l'argus des vins.
1970: 'New Morning' onzième plaque de Bob Dylan , un excellent cru d'après les critiques: 'We've got Dylan back again' titre Rolling Stone!
Derek aux vocals pour le titletrack 'New Morning'.
Un petit séjour à la campagne: a rooster crowing, a rabbit running down across the road... le ciel est bleu ..so happy just to be alive...
Tout va bien, la vie est belle!
La voix nasale de Deneckere, une lapsteel country pour le relax ' The man in me'.
Nils à la mandoline et au chant , étonnamment proche de celui de Shabtai Zisel ben Avraham converti au christianisme, pour le gospel sérieux 'Gotta serve somebody' ( sur 'Slow Train Coming').
Derek: Je dédie la suivante à notre mascotte, le Pinocchio ( ou Kabouter Plop?) accroché au pied de micro, le midtempo ironique 'Joker Man' ( sur 'Infidels').
Une sombre histoire d'abus de pouvoir et de sévices sexuels ' Seven Curses' ( sur The Bootleg Series) sera suivie de 'Jolene' ( sur 'Together through life'), pas la Jolene de Dolly Parton mais un country/blues pour lequel les spécialistes imaginent une théorie de vengeance vis-à-vis de la plantureuse icône country.
Dolly ayant repris 'Blowin in the wind' sur son album de duets 'Those were the days' et, comme le grognon Bob ne voulait pas pousser la chansonnette avec Miss Big Tits, elle le fit avec le groupe Nigel Creek.
Jolene, Jolene
Baby I am the king and you is the queen...
Le roi des râleurs?
' Slow train coming' ( même album) , Dylan et la SNCB!
Un violon flegmatique pour 'Time passes slowly' et ensuite la ballade qui tue 'To make you feel my love' ('Time out of mind'), reprise par quelques crooners notables ( Billy Joel, Adele, Garth Brooks, Trisha Yearwood, Bryan Ferry, Neil Diamond ou Emily Loiseau...).
L'épique 'Desolation Row'( 1965) 11'21", sur' Highway 61 revisited' n'a pas pris une ride et restera à jamais un des titres les plus forts jamais écrit par un musicien rock: le rêve américain désacralisé ..
They’re selling postcards of the hanging
They’re painting the passports brown
The beauty parlor is filled with sailors
The circus is in town...
L'Enfer de Dante Alighieri, James Ensor' Squelettes se disputant un pendu', l'Enfer de Hieronymus Bosch en chanson!
On revient à New Morning avec 'If dogs run free' un ragtime dansant.
Pour Blanche- Neige: 'Rainy Day Women #12 & 35 ( Blonde on Blonde).
« Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre ! »
Everybody must get stoned, repris par tous les pieux apôtres et les convertis du Candelaers.
Un titre estival sentant le gazon bleu fraîchement tondu: ' In the Summertime' ( Shot of Love), du Dylan dévot et optimiste, avant de traverser la frontière mexicaine avec le superbe ' Angelina' (The Bootleg Series).
Il est 22h, vite une dernière, une version secouante, à trois voix, de la monstrueuse protest song de 1962 ' Blowin in the wind' ( The Freewheelin' Bob Dylan).

Public debout, évidemment et un double bis:
Le biblique 'Father of Night' et la perle 'If not for you'.

Rien à ajouter, un tribute parfait!

mardi 24 mai 2011

Les Nuits Botanique (Soir 11) Nive Nielsen and The Deer Children - Olivia Pedroli au Grand Salon (Musée) Bruxelles, le 22 mai 2011

Dernière ligne droite pour les Nuits en ce dimanche venteux, demain dEUS et le 29, Sonic Cathedral avant de réfléchir à l'édition 2012!

Soirée découverte au Musée en débutant par la Suisse: Olivia Pedroli!

La native de Neuchâtel, après avoir sorti deux albums en tant que Lole ( avec E), vient nous présenter 'The Den' , qu'elle enregistra à Reykjavik, en collaboration avec Valgeir Sigurðsson.
Sur scène, euh sorry, il n'y a pas de podium dans le musée, au milieu de la salle, éclairée.... euh, aucun éclairage, si ce n'est un écran bleu en fond de pièce et deux mini-spots d'appoint devant permettre au violoncelliste et au cornet de lire leurs partitions, Olivia est accompagnée par quatre musiciens.
Jean-François Assy (le séant posé sur un siège) au cello ( Bashung, Stéphanie Blanchoud, Yann Tiersen, Daan etc...) - Stéphane Blok au piano ( spécialisé en soundtracks)- Denis Corboz au cornet (Moonraisers...) et un mâle, non identifié (Fauve?), en charge des bruitages et des backings.
Olivia chante (divinement) et s'accompagne à l' acoustique.
En route pour une rêverie de 50' aux confins du classique, de l'electronica, de l'expérimental, de l'ambient et du folk!
Where CocoRosie meets Björk, ou Camille revisite Vashti Bunyan!
' Bow' une intro glacée à la Sigur Rós nous permettant de pénétrer dans l'univers cotonneux de la Suissesse.
Une voix grave, un climat dramatique, soudain le violoncelle et les effets sombres font place à quelques accords d'acoustique limpides, le timbre s'éclaircit pour laisser le dernier mot à Jean-François Assy.
Enchaînement immédiat: ' A Path' , une voix caressante , quelques notes fragiles.
Beau comme du Anne Sylvestre. Un violoncelle Haendel majestueux et un choeur baroque s'immiscent dans la frémissante cantate transformant ton épiderme en peau de volaille déplumée.
Ovation!
'The Day' Vivaldi et les brumes islandaises.
Le lancinant 'Missing' est plus proche de Purcell que de Costa-Gravas.
' Raise Erase' d'un lyrisme exalté.
Amorcé par un cello sinistre sur lequel voltige un chant mélancolique, la mélodie et la voix monteront en puissance avant de s'éteindre graduellement.
Pure magie!
'You caught me' a humming march sur décor sonore aquatique et orageux.
Une perle minimaliste 'I play' proche des compositions de Soap & Skin, voire de certains titres de Radiohead.
Olivia abandonne sa guitare et passe aux percus pour le rythmé 'Stay' , qui finit en séance transe convulsive.
La dernière, un chef -d'oeuvre de 10': ' Silent Emily', superbe nocturne/mélopée mélodramatique avec des lyrics empruntés à Emily Dickinson ( 1830- 1886).
Sur la pointe des pieds, Olivia disparaît en laissant ses musiciens achever la complainte.

Rappels:
Une surprenante cover de Nirvana: ' Something in the way' suivie du martial et hystérique 'To be you' !

Merci Bruxelles, je reviens pour le Brussels Summer Festival et je n'ai que 5 albums à vendre.
Bernard, tout sourire, a pu acquérir un exemplaire!

Cap sur le Grønland avec Nive Nielsen & The Deer Children
Nive is an Inuk!
Non, Charles-Adolphe pas eunuque, une Inuit ou Esquimau si tu préfères.
Fin 2010 sortait l' album 'Nive Sings' ( John Parish à la production et quelques célébrités en guests: Howe Gelb, Matt Bauer, Ralph Carney ( Tom Waits), Patrick Carney (Black Keys) ou Lisa Gamble ( Evangelista)...).
Elle tourne, en principe, avec un band international, ce soir on vit pas mal de connaissances, issus de la Antwerp Connection, dont Tom Charleroi Pintens au piano, basse, guitare- Filip Wauters ( guitars, banjo, lap steel) , un gars que tu croisas chez les Whodads, Admiral Freebee ou les Revelaires...- Tim Vandenbergh à la basse, contrebasse, scie musicale ou cuivre (Sukilove, Chris D Smith...) - Peter Dombernowsky aux drums (Giant Sand) et le boyfriend qui a émigré sur la banquise: Jan de Vroede ( guitar, mini-claviers, percussions).
En guests: Tobe Wouters ( Orchestre Monumental du Vetex, Flamouk Fantasy...) au tuba monumental et Jon Birdsong ( Beck, Beth Orton, Victoria Williams...) à la trompette.
Oui, Charles-Adolphe?
Pas des ânes, tu dis !
Tu veux des ennuis avec Brigitte, cher ami!

Un ukulele rouge vif pour la jolie Inuk, elle amorce ' Room', de l'americana, indie folk, alt.country imparable.
Un banjo Pete Seeger contrebalancé par de virulentes envolées de guitares: Giant Sand , Sixteen Horsepower ou Wilco menés par une poétesse s'exprimant en kalaallisut.
Well, quand je vois les oies empaillée pendues à la voûte, me rappelant ma jeunesse et Nils Holgersson, je me dis que j'ai choisi the right clothes avec ma parure en plumes d'oiseau de proie...
'Good for you' une nouvelle tranche d'americana/ psyché folk, proche d'Alela Diane.
Les Deer Children procèdent à un échange d'instruments, Nive s'empare d'une guitare, en pensant à Johnny Depp, on amorce 'Pirate Song', chanté avec Howe Gelb sur l'album.
Tobe et Jon, joignez-vous à nous pour 'Circumstances' , un downtempo aux allures de valse avec un break de cuivres larmoyants, les guitares, une nouvelle fois, déclenchant un raz de marée brutal.
Next one is kinda crazy: ' Vacuum cleaner killer', titre cauchemardesque, effectivement, d' une sauvagerie épique à la Madrugada.
Une scie musicale pour la douce ballade ' Done & Gone', suivie par le sucré ' Coffee Boy', composé pour son Jan, qui tapotera un mignon glockenspiel pour l'occasion.
Le banjo amorce ' Dear Leopold' , ne crois pas un instant qu'il puisse s'agir de Leopold Georg Christian Friedrich von Sachsen-Coburg-Saalfeld, le cher Leopold est coiffé d'un Stetson, porte bottes et éperons et boit sa root beer, servie par la rousse Rita, au Long Branch Saloon à Dodge City.
Le métallique 'Easily' succède et puis, une tranche d'exotisme guttural avec 'Ole Kristiansen' en Greenlandic.
La popsong 'Silver Machines' est une reprise de Cardinal, un groupe oublié dans lequel figurait Eric Matthews.
On passe au lancinant 'In my head', agrémenté d'un doublé de percussions et de riffs de guitare abrasifs sur purée de cuivres cossus.
Un final volcanique.
La souriante enfant nous annonce la dernière, à nouveau dans sa langue maternelle 'Aqqusernit' , une douceur locale pour laquelle elle hante le pink kazoo.

Excellent band, excellent concert et un double encore:
le mélancolique 'Winter Song', à écouter au coin du feu et 'Uulia' un uptempo from Kalaallit Nunaat.

Une longue séance de dédicaces achèvera la soirée!

lundi 23 mai 2011

Marka & His Blue Orchestra au Rayon Vert, Jette, le 21 mai 2011

Tu sors jumelles, télescope d'optique adaptative et scrutes les cieux dans l'espoir fou d'observer, pendant quelques secondes, le mythique rayon vert.
Vaine tentative, tant pis, ce sera demain, heureusement, il reste le Rayon Vert à Jette qui en ce samedi finale de la Coupe De Belgique ( Standard /Westerloo) programme un certain Serge Van Laeken, beter bekend sous le pseudo de Marka.

Finis les Cohiba cigares, mojitos, rum, mambo, salsa, timba ou son et les superbes chicas: Señor Marka a changé de costume pour nous faire danser le Lindy Hop.
Avant la prestation scénique on nous propose de visionner le film 'Señor Marka' relatant les péripéties cubaines de la bande au ket, membre émérite de la fanfare du FC Brussels.
Après avoir souri pendant une vingtaine de minutes aux aventures de Tintin à La Habana, le clip débloque: plus de son, les images bafouillent avant de disparaître complètement, un technicien dentiste relance la machine, même cinéma ( écran blanc) , le bordel...
Rendez-nous les projections archaïques avec grosses bobines et balancez tous ces foutus PC's dans la Senne, c'est que du bucht van de Sarma, madame!

Vite, une Jupiler avant l'arrivée des collégiens!
Un coup d'oeil au public, pas mal d'éléments de sexe féminin ( dont Cécile, pas la fille de Nougaro, mais une pétillante Lyonnaise s'étant tapé, accompagnée de son souriant chevalier servant, quelques 778km pour admirer l'ancien Cactus).
Pas de doute, le playboy de Molenbeek fait toujours recette!
21h , six musiciens, tout beaux en vert et noir, entament une intro swing digne de Benny Goodman: ' Bob Shot'.
Ce Blue Orchestra se compose de quelques requins, en commençant par le vétéran, Luc Vanden Bosch, vu il y a peu avec Renzo Ruggieri- aux keyboards, un médaillé du Conservatoire de Namur: Denis 'Taloche' Vernimmen - contrebasse: Arne Van Dongen, non c'est pas celui qui a représenté Brigitte Bardot avec des yeux d'autruche, Arne est un jazzman réputé - les cuivres: Angelo Abiuso au trombone ( Quantess Combo - Floreffe Jazz Orchestra) - un ovidé aux saxes: Jean-Pierre Mouton (Floreffe Jazz Orchestra- James Gang ( pas celui de Joe Walsh, du New Orleans jazz from Pâturages) et l'arrangeur/trompette, le fidèle Pierre Malempré!
Veste verte, chemise blanche, guitare orange: Marka, qui enchaîne sur 'C'est la Vie', une adaptation crooning de Bruxelles de l'immense 'That's Life' immortalisé par Ol' Blue Eyes himself!
C'est du tout bon, t'es absolument certain de passer un grand moment à Jette.
Marka dans la veine Guy Marchand, Gérard Darmon ou Eddy Mitchell, la classe, Clarisse!
Une petite intro Chopin virant pavane liturgique concoctée par Denis organiste de la paroisse de Nimmen aan zee, Marka Nirvana, trompette alors on danse...la croisière s'amuse avant d'attaquer 'Don't mean a thing' à la contrebasse sautillante, aux cuivres fous et au piano frémissant.
Ce classique n'est pas repris sur le CD ' Made in Liège' qui se vendra comme des croissants un dimanche après la messe!
Le super hit 'Accouplés', version Latin jazz ...Dizzie Gillespie/Gilles De Bilde - Vade retro Satanas/Carlos Santana , etc...
Et en suite cubaine, en mémoire à la période Fidel Castro: ' El Cuerta de Tula' et ' Lagrimas Negras'.
Une samba oberbayern et une ballade salée.
Buena Vista Social Club versus Omara Portuondo: match nul!
Retour au CD: 'Sans toi', du Maurice Chevalier/ Patrick Ouchène quand ce dernier n'est pas mort bourré.
Aussi truculent que le swing du tonton de Sacha, un mec qu'il faudrait redécouvrir d'urgence: Ray Ventura!
Une couche de brillantine, mon cher Dany?
' Ferme la bouche' si Louis Prima c'est ton dada, écoute Marka, pti gars!
'Les Mondains' en fingersnapping juteux.
Ambiance dans les anciennes brasseries Taymans, les nanas poussant les mecs du coude pour les inviter à se trémousser en cadence!
'T'arrête pas de mentir' un petit rockabilly swing... " Les hommes sont les roturiers du mensonge, les femmes en sont l'aristocratie. " (Etienne Rey).
Une jungle dance featuring Mowgli and Baloo?
Envoie, petit!
Ce titre transpire la modestie...Je suis le meilleur malgré tout...
Slow time avec la 'Caroline' de MC Solaar à la sauce Bouli Lanners.
Le testament olographe déposé chez maître Ignace Van den Klachkop: ' Je lègue mon corps' , vais pas m'accompagner à la gratte, j'ai oublié mon capo chez ma conjugale.
L' autobiographie chaloupée ' Notre histoire', sera suivie de la profession de foi 'Je parle' , une fois le belge, et même l'Afghan si tu veux.
Fabuleux reggae/ska/belgo jazz polyglotte, la folie dans la paroisse Saint-Pierre!
Le carnaval bat son plein avec le prix Nobel de littérature 'Majorette' , une farandole surréaliste.
Und jetzt, mes chers administrés, une ode à Blankenberge, le swing mer du Nord crevettes et Rodenbach: ' L'an passé'.
Bobonne, où est la Nivea?
Ma voisine transformée en souple Joséphine Baker... dommage, sans pagne de bananes!
La dernière:
C'est une maison de banlieue
Avec des vieillards aux fenêtres...
Ne pas confondre avec la maison bleue que Maxime Leforestier situe à San Francisco, Marka nous fait visiter 'L'hospice'.
Tendresse et justesse de ton pour ce blues maison de repos.
Une sortie Achille Zavatta pendant que le band achève la marche funèbre.

Du grand Marka, Jette ne s'y est pas trompé et acclame l'artiste à tout rompre.
Un double rappel: les standards ( 2-0, fiesta à Liège!) : 'Minnie the Moocher' version yaourt/guignol et le 'Stray Cat Strut' des Stray Cats.
Attachez vos ceintures, braves gens, je vais tenter un solo de guitare, les âmes sensibles peuvent quitter la salle.
Second degré et bonne humeur, un petit clin d'oeil à Henry Mancini, et le chat de gouttière achève sa parade.


Sortez l'agenda!
Le 29 mai, place Fernand Cocq pour Solidair XL .
En été les festivals: Francofolies, le Tempo, Esperanzah, Gaume Jazz etc...

samedi 21 mai 2011

Tish Hinojosa au Toogenblik, Haren, le 20 mai 2011

Tu t'en vas?
Ai rendez-vous, ma muse!
Avec qui?
Tish!
A l'église?
Tu connais Virgile, t'es cultivée, mon lapin bucolique...

Tish Hinojosa se produit à Haren, c'est une cliente assidue de Toogenblik, bien que la dernière fois que je croisai son camino ce fut à Meise (De Muze, décembre 2006).
Sur place, des habitués: Lee qui a abandonné son PC et ses femmes nues, JP accompagné de potes, les inséparables vieux de la vieille, Milou et Guy ( pas frais le Guy, consommation exagérée de Westmalle, sans doute!)... et tous les autres zievereirs qui ne rateraient pour rien au monde un concert dans ce musée roots!

21h10!
Luc, le speaker aphone, aux abonnés absents, pas d'introduction surréaliste.
Tout fout le camp...

Tish Hinojosa, sa guitare, un capodastro, quelques onglets, une vingtaine de titres griffonnés sur une feuille et un sourire moins mitigé que celui de La Joconde.
Wat zeg je, Lee ( un connaisseur, style DSK) ?
Elle s'est légèrement arrondie, non!
Mon cher, on ne mentionne jamais l'âge des dames, mais la señora est tout de même née avant le début de la guerre du Vietnam!
La discographie de la native de San Antonio, fille de Mexican immigrants ( 13 kids...) est riche d'une vingtaine d'albums et c'est pas pour rien qu'on la place sur le même piédestal qu'une Joan Baez, Emmylou Harris, Lucinda Williams, Linda Ronstadt, Nancy Griffith, Rosie Flores ou les mâles Kris Kristofferson et J D Souther...
Une légende à la voix d'une clarté immaculée.
La ballade 'Aquella Noche' date de 1991 et n'a pas pris une ride, une immersion totale dans l'héritage mexicain: exotisme et émotions!
On n'entendra plus un diptère voler pendant tout le set, les seuls sons incongrus proviendront d'un plop de Gueuze débouchée et de la petite musique de Gelati di Toni, vendant ses cornets, deux boules pour 1€50, sur la place de Haren!
Le titletrack de sa dernière plaque 'Our little planet' , un tex-mex bluegrass souligne l'aimable créature.
Optimisme mondialiste!
J'ai commencé à écrire 'Montain Lullaby' il y a 30 ans, dans le style country-roots, je l'ai terminée il y a peu, le titre se trouve sur 'Our little planet'.
Une country waltz ballad traditionnelle, magnifiée par le timbre cristallin de Tish.
Le mélancolique 'Mi Pueblo' co-écrit avec David Rodriguez, sa légale, Carrie, chante le titre en duo avec Tish sur le CD.
J'ai la larme à l'oeil quand je pense au village que j'ai quitté!
Séquence tuning et 'Sign of Truth' de 2000, l'artiste alterne avec bonheur morceaux en espagnol et titres en anglais, quand elle ne combine pas les deux idiomes.
Le temps qui passe, la midlife crisis... ce titre plus 'pop' ( style Burt Bacharach) brosse les priorités d'une femme ayant passé le cap de la cinquantaine: more love, more youth, more hope, success et du pognon!
OK, c'est pas très rock'n roll, mais combien vrai!
'Derechos De El Corazon' : les planètes, la gravité, les émois incontrôlables du coeur...
Superbe ballade!
I'm in the Mexican mood, confesse-t-elle avant d'amorcer le traditionnel 'Dejame Llorar' (Let me weep), et pleurer tu fis en entendant ce lament au répertoire de la star Tejano: Lydia Mendoza!
Lee, le dur, se cache dans son verre d'Orval qui goûtera le sel après les dernières sobres notes de guitare.
Tu chiales, gars?
J'ai épluché des oignons, ce matin!
Une polka pour nous redonner le sourire, toujours sur le CD ' Frontejas': ' Pajarillo Barranqueno' .
Petite, je croyais qu'il était question de petits oiseaux, bien plus tard je compris que les little birds portaient jupons....
Enjoué, vif, manquait que l'accordéon de Flaco Jimenez!
1992, ma période Nashville: ' In the real West' , au final country yodeling à faire blémir Bobbejaan Schoepen.
Dans la même veine, le superbe 'Taos to Tennessee' .
Tish excelle dans les registres folk, country, tex-mex, swing...les années passées sur les scènes n'ont aucune prise sur sa voix limpide .... she never sounded better!
Une dernière avant le break: la perle 'Donde Voy', un hit en Corée...
Donde voy, donde voy
Esperanza es mi destinación
Solo estoy, solo estoy
Por el monte profugo me voy
Pour tous les Mexicains ayant traversé la frontière pour tenter leur chance au Texas.
Profondeur et serrement de coeur.

Snif, snif...
T'es enrhumé, Lee?

Set 2, Luc en piste, il s'était endormi face à VTM, bla bla, bla..Tish Hinojosa!
Encore un must de son répertoire: ' By the Rio Grande', featuring John Wayne & Maureen O'Hara, ça a plus de classe que 'Le long de la Grande Gette', featuring Lange Jojo et Mieke Caricole!
Je connais ce fleuve comme ma poche, nous signale l'enfant de San Antonio.
La suivante a le même décor en background, elle m'a été inspirée par un tableau de Miguel Martinez: 'Mona Lisa by the Rio Grande'.
On reste dans l'aqueux avec le pétillant ' Corre Rio' ('the laughing river'), avant de contempler la voûte céleste: 'Noche sin Estrellas', the sheer beauty of the music and the melancholy of the lyrics will leave you stunned, dixit Kurt Harding!
Cinq étoiles, pour ce comment!
Bruxelles, une suggestion?
Une voix timide s'élève: j'aimerais entendre la chanson composée pour votre mari sur le dernier CD, I don't remember the title...
'I hope forever you'll be mine', chère madame, it's a lovesong!
Plus sensible et moins érotique que 'Je t'aime, moi non plus'.
Nouvelle requête: le classique' Malagueña Salerosa'.
Oh merci, Flupke, toute ma jeunesse, je la jouais, âgée de 14 ans, à ma mère émue, ça m'évitait de devoir faire la vaisselle.
Ferveur et sentimentalisme!
Tish et les préoccupations sociales, un titre écrit lorsqu'éclata la Guerre du Golfe, elle se dorait au soleil sur une plage mexicaine ' Bandera del Sol'.
Un message d'espoir et de paix!
Encore un souvenir d'enfance, le folk ' The kitchen table'.
Tish, please could you play 'Otro Vasito', avance un Mexicain basané sans sombrero sur le nez.
Elle sourit, ooh.. that's a fun song about a girls' night out!
Et les madames picolent sec dans le coin, sur rythme de cumbia emballée on nous fait chanter ...oye cantinero, à boire gars, fait soif ici.
Bruegel au Mexique!
Sur mon disque pour enfants, la ritournelle 'Siempre Abuelita' ( = always, grandma), mon fiston y joue de la trompette et sa soeur du violon, grand souvenir!
Avec mon guitariste, Peter Rowan, on se trouvait au Mexique sur un wedding boat ( pas invités au mariage), la tequila coulait à flot, grosse java, le jeune couple était attachant, on a écrit la sweet lovesong ' Solo tus Ojos' en quelques minutes.
Onze coups à l'église d'Haren, vite une dernière, elle raconte comment mes parents se sont rencontrés et dépeint leur vie: la formidable épopée country/tex mex, ' On the Westside of town'!
J'en ai les tripes toutes remuées rien que d'y penser, suis pas le seul, d'ailleurs, JP sanglote comme une première communiante.
55' de haut vol!

Bis
JP, le petit malin, ayant acheté le best of, propose: 'Roses around my feet', encore une country ballad à faire fondre le coeur du plus immonde Dalton.
Et pour nous achever, une version bilingue de 'Always' (Siempre) de Irving Berlin.
Faut entendre Tish roucouler per siempre, pour comprendre l'expression avoir un noeud dans la gorge, mon brave Elio!

Un concert magique, une grande dame, d'une noble simplicité!

Days may not be fair Always,
That's when I'll be there Always.
Not for just an hour,
Not for just a day,
Not for just a year,
But Always.

Je l'ai fredonné toute la nuit!
Elle me demanda: c'était bien Tish?
Ai versé quelques larmes!










vendredi 20 mai 2011

Les Nuits Botanique ( Soir 8): Dark Dark Dark au Grand Salon ( Musée), Bruxelles, le 19 mai 2011

"Dans le Grand Salon, Lady Ava est très entourée comme il se doit, par les invités qui, dès leur entrée, se dirigent d'abord vers elle pour la saluer."
Alain Robbe-Grillet,' La Maison de Rendez-Vous'

Ce soir, en l'absence de Lady Ava, inconsolable depuis la disparition du pape du nouveau roman, les invités se dirigent vers Nora Marie Invie et ses complices de Dark Dark Dark, devant assurer l'intermède musical dans le Musée du Botanique.
Quelle excellente idée que la programmation de cette formation de chamber folk dans les drapés rouges bourgeoisie Second Empire du Grand Salon: intimisme et solennité font bon ménage.
S'il te plaît, Dominique, n'élève pas la voix, mon voisin te fusille du regard!

Dark Dark Dark, donc!
Des malins nous signalent que le copain de Faustine Hollander avait bien choisi JoieJoieJoie comme patronyme et Dutronc: émoiémoiémoi en 1966, déjà!
Trêve de plaisanteries, nous citâmes Nora Marie Invie, une grande bringue avec une figure d'institutrice du 19è siècle, mais fringuée haillons de chez Karl aus Hamburg, au chant, piano ou accordéon.
Nous nous attardons sur le chant en citant Christian Hagen: 'Call me a sucker for a sweetly warbled soul vocal, but Dark Dark Dark’s Nona Marie Invie has one of the most fascinatingly wonderful vocal tones in ages.", sans avoir l'intention de le cataloguer sucker, tant son analyse est justifiée!
Au banjo, à la clarinette et parfois aux vocals, la casquette Marshall Lacount- Walter McClements au piano, accordéon ou trompette- Brett Bullion ou Mark Trecka ( nous hésitons) aux drums et vu de dos, probablement Jonathan Kaiser à la basse.
Ces sombres jeunes gens de Minneapolis ont pondu deux enfants, le dernier en 2010 'Wild Go'.

20h30', pas de setlist, on joue à l'inspiration!
Nona Marie au piano entame le mélancolique ' Something for myself', poésie de femme résignée, enrobée de douces harmonies vocales et de plaintes d'accordéon Richard Galliano.
Tu peux citer Mumford & Sons ou Vandaveer, on ne te fusillera pas!
Le titre suivant 'Say the word' est construit dans le même moule, le chant intrigant, ensorcelant de Miss Invie pénètre insidieusement dans tes pores, s'infiltre dans tes veines pour interpeller ton coeur.
En contrepoint, les couplets récités d'une voix grave ( comme dans 'Right Path') par le marshall nous offre un beau contraste, les percussions et lignes de basse restent discrètes, le piano, l'accordéon et le banjo créent les climats envoûtants.
On est moins enthousiastes lorsqu'on entend les comparaisons avec Beirut, bien sûr les influences balkaniques sont bien présentes, mais on est loin de l'esprit fanfare ou gypsy de la bande à Zach.
Le sautillant et jazzy 'In your dreams' , avec son baritone humming chorus, offre des relents chanson à boire dans la veine Tom Waits.
Trompette et clarinette pour 'Celebrate' pour lequel on peut accepter le raccourci vers Beirut.
Le nostalgique 'All the things' qui clôturait le premier album ' The snow magic', une irrésistible rengaine/chant de marins aussi triste que les ballades de Regina Spektor ou Amanda Palmer, orpheline des Dresden Dolls.
Une nouvelle valse/cabaret au menu: 'The Hand' aux souffles mariachi et Nora Marie qui constate amèrement...You don’t remember when you met me in the park,
You had your collar up.
Well I remember when you met me in the park
Our eyes were shooting stars!...
Pour conclure sur... No stars singing from the skies, no…no sur fond de trompette mourante.
Ai refilé tous mes Kleenex à soeur Dominique qui n'avait aucune envie de sourire.
C'est beau, non, sanglote la brave jeune dame?
La suivante a été écrite par un ami, Elephant Micah: ' Wild Goose Chase' , titre lent, tout aussi ténébreux que leurs compositions personnelles.
Une nouvelle fois la voix de la frontwoman ébranle ton âme sensible.
Le gospel/chanson de rupture ' Trouble no more' cédera place au lumineusement tragique 'Bright, bright, bright' , titletrack d'un EP sorti avant 'Wild Go' .
C'est qui encore qui proclamait noir c'est noir il n'y a plus d'espoir?
La dernière 'Daydreaming' , un ultime chant vibrant, un piano contemplatif, paupières closes tu te laisses tanguer au gré de cette mélodie fragile.

50' combinant grâce, inventivité et majesté.
Le public ,venu nombreux et silencieux pendant tout le set, acclame le quintette!

Séance rappels:
Elle commence très fort avec l'apocalyptique/mythologique/visionnaire ' Wild Go':
Times are different now
The bricks that rose now fall
Willows grow
Where they could not grow
Rivers flow
Where they could not flow...
Pour suivre avec le nocturne lancinant: 'Robert', plus Chopin que Stockhausen !
Que dites-vous, Anne-Sophie?
C'est Schumann que l'on baptisa Robert...
Ecoutez, chère amie, ne suis pas un petit dictionnaire des célébrités ambulant!
Nona Maria congédie les apôtres, nous n'avons pas encore répété ce nouveau titre en formation complète, solo, donc!
Une country ballad romantique, avec références à la 'Tennessee Waltz' version Patsy Cline...
and if I said I never thought of you... , t'es parti, but my life goes on...chanté d'une voix fêlée.
Magie!
Un quatrième bis avec le band au complet: 'Make Time', un doublé vocal parfait, une trompette Herb Alpert, pour le titre le plus lighthearted et enjoué du set.

Merci Bruxelles, aux porte du Musée les CD's se vendent à la pelle !

jeudi 19 mai 2011

Les Nuits Botanique ( Soir 7) Asa - Andreya Triana - Madjo -Chapiteau, Bruxelles, le 18 mai 2011

Women in the spotlight au Botanique!
Asa/ Andreya/ Madjo: une triplette de charme, armée de boules multicolores bien trempées et connaissant toutes les ficelles du jeu: le tir au fer, le plombage, le biberon, l'effet rotatif....
Résultat: Bruxelles embrasse Fanny, les nanas se partagent les lauriers, César paye la tournée!

Madjo
C'est en décembre dernier (Europavox) que tu fis la connaissance de Madjo et de son folk/pop charmant, métissé et vivifiant .
Toujours accompagnée par Claire aux percussions et backings, Joro à la basse et backings et Julien aux percussions, claviers, claps, snaps et backings, la mutine enfant aura séduit Bruxelles pendant un set de 40' !
Huit titres ( CD ' Trapdoor') mixant soul, chant choral, mélodies aux accents sixties, dream pop, groove, ragga, folk...: inclassables, quoi!
On amorce par un bidouillage de vocalises samplées sur lesquelles se greffe le timbre soul de la native d'Evian.... we are just another shining star... tu peux la voir scintillante, magique dans les ténèbres naissantes.
Elle a agrippé une petite guitare pour le catchy 'Leaving my heart', suivi du dreamy 'Heading for trouble' aux harmonies vocales célestes.
Madjo et ses nuits agitées: 'Insomnia'!
Red cream you are
As tricky as a lie
You drive me blind
Can I fall?
Can I fall?...
Coloré comme les meilleurs titres d'Ideal Husband.
Une guitare électrique pour 'Mad Mind' au chant haché et consonances tribales, voire raggamuffin à la Selah Sue.
Bruxelles vibre et tangue!
Ca va pas se calmer avec l'ethnique 'Another day', délire percussif et toute la tente battant des mains en cadence.
Il a fallu s'y reprendre à deux fois pour la cover de Bjork, 'Immature', Bruxelles sourit!
Conclusion: une chouette ( OK, sorry...) version du hit 'Le coeur hibou'.
Madjo nous a fait traverser le miroir pour nous guider dans son pays des merveilles .
On a aimé son bestiaire fantaisiste et son entrain!

Andreya Triana

se souvient d'avoir foulé les scènes des Nuits avec Bonobo, mais c'est la première fois qu'elle joue à Bruxelles sous son nom.
En 2010 sortait, chez Ninja Tunes, son premier album solo ' Lost Where I Belong'.
“Effortlessly blends soul tradition, British roots and enticing new possibilities” indique Metro- UK!
On applaudit, cette superbe fille a fait très forte impression, une voix sublime et une présence scénique raffinée: la classe à l'état pur.
Tu veux des éléments de comparaison: Sade, Liz Wright, Minnie Riperton, Erykh Badu...
Accompagnée d'un trio basse/guitare/drums classique qui se chargera d'une courte intro instrumentale, la belle métisse entame le set par 'Darker than blue' . Une voix cassée, légèrement rauque, soulful, pour un jazzy/lounge/electro tune qui t'invite à clore les yeux et à imaginer que la ravissante dame chante pour toi seul.
Elle va chatouiller un autoharp et nous indique que le titre suivant is about keeping the faith, le dramatique ' Draw the stars'. Elle utilise deux micros, le premier pour le chant, le second pour les vocalises trafiquées.
Son premier single 'Lost where I belong', trip hop/acid jazz soyeux, sera suivi d'une reprise bluesy fantastique du ' I love you more than I can say' de Donny Hathaway.
Le charme opère, le bruit de fond s'éteint, Bruxelles est à genoux. Heureusement, pour tes rotules, sur du velours!
Plus Sade que Helen Folasade Adu, ' Something in the silence'.
Pas de doute, les flèches de Cupidon ont atteint leur cible.
Quoi, Léopold (Nord et Vous) ?
C'est l'amour....
Merci...Elle revient l'hirondelle des faubourgs...
And now, a lovesong about running away, une ballade lyrique chantée d'un timbre ardent ' Far closer'.
F A BU LEUX!
Et puis un funk/r'n'b écologique bien collant, à la Roberta Flack, pour finir avec le vibrant ' A town called obsolete' .

On te rappelle son nom: Andreya Triana!

Il faudra attendre 22:15' pour voir arriver Asa ( prière de prononcer Asha...)!
Le band a pris place, une intro funky, une choriste black s'installe à droite, près d'un guitariste, la tension monte, une voix se fait entendre émanant des coulisses, la petite Asa, de noir
vêtue, se pointe tout sourire et attaque le joyeux 'Bimpe' , sa belle-soeur en Yoruba , langue nigéro-congolaise.
Déjà c'est la folie, tout Bruxelles adore Bukola Elemide,alias Asa, une Nigérienne née à Paris et ayant sorti deux albums, le dernier ' Beautiful Imperfection'.
Cinq musiciens doués ( dont: Jean Michel Coret, bass- Nicolas Mollard, guitar-Jeff Ludovicus, drums + un clavier stylé: Benjamin Constand (??) et un second guitariste en costard select (Rémy, nous dit la chanteuse) et une magnifique choriste black ( Janet Nowse).
Une ballade tout en douceur et baignant dans un climat optimiste serein: 'OK OK' .
Vais vous éclairer avec une baladeuse, Bruxelles, écoutez le chaloupé ' Maybe'
I'm gonna, be myself
And nobody can stop me
I'll finally be, who I'll be
Maybe, maybe the sun will rise...
Les petits blancs affectionnent cette world mélodieuse.
Gros hit' Fire on the mountain' ,un reggae Club Med, là où Macy Gray rencontre Bob Marley, Ayo et Tracy Chapman.
Nouvelle chanson interactive 'Why can't we' ( be happy): joie de vivre, insouciance au goût de bonbon acidulé.
L'équivalent black de la petite Eliza Doolittle, mais Asa bouge plus: ondule suavement, taquine le public et les musiciens, sourit constamment, nous fait de grands yeux, dirige les choeurs... un peu cabot, mais sympa!
'Preacher Man' un slow pas fort éloigné du 'Son of a preacher man ' de la gigantesque Dusty Springfield.
Petit à petit, tu te rends compte qu'on à faire à une pro jusqu'au bout des ongles et tu frémis avec la masse.
'I feel' chanté avec ses tripes, elle s'absente et lâche la bride au band, ça suinte de partout, les deux guitaristes rivalisent d'adresse, mais la nana rapplique armée d'un cornet et achever le morceau en jazz torride.
Brillant!
Nouvel uptempo houleux ' Dreamer girl', suivi de l'irrésistible jazzy soul ' Be my man' avec clin d'oeil franchouillard ...take me out to the boulangerie, buy me some pains au chocolat...
Un crooning racoleur, mieux qu'Ella Fitzgerald.
Après s'être enquise d'un chouette endroit où passer la fin de soirée, elle opte pour Madame Moustache et annonce à un brave gars: ce soir at Madame Moustache you will be my man.... Humour bon enfant, Bruxelles hilare!
Le titre vire swing ravageur, piano en fête, solo Santana pour Nicolas, une samba infernale, la tente transformée en chaudron.

Fin du gig: 1 heure de bonne humeur!
Un triomphe!

Triple encore.
Un chant aux couleurs noires 'Bamidele' , onomatopées, rythmes Angélique Kidjo et danse suggestive.
Pour ma mère: 'So beautiful', ballade nostalgique éclatant en groove funky.
Manu Dibango applaudit à la démonstration de Jeff, derrière ses caisses.
Le message humain généreux, 'Jailer', pour finir en beauté.
Yo Yo Yo Yo hurle Bruxelles tout en imitant la danse de Baloo.
Merci et bonsoir!

Les cris reprennent de plus belle et nous aurons droit à un ultime rappel: 'Broda Ole': un doo-wop/rock enlevé!
Les artistes sur une ligne saluent le public, mais il n''y aura ni queue, ni oreilles, ni foulards, ni cigares... la corrida a été abolie en Belgique, de même que le tabac en salle de concert!

mercredi 18 mai 2011

Les Nuits Botanique ( Soir 6) Kurt Vile & the Violators - Still Corners - Spindrift à la Rotonde, Bruxelles, le 17 mai 2011

Vitesse de croisière pour les Nuits, dans le hall, ou le jardin, tu croises tout le gotha du rock made in
Bruocsella, sauf les écharpés rouge et blanc, souffrant devant leur petit écran et pestant contre l'agression thaï du jauni Mavinga, les privant d'un titre cent fois immérité.

Avec toute une smala de redoutables rockeurs en jupons, armé(e)s de Jupiler, ( Valérie, Christine, Catherine) tu te diriges vers la Rotonde où Spindrift doit ouvrir le petit bal rock'n rawl du mardi!

Spindrift
Prière de ne pas confondre avec le poisson araignée, Erik de Jong, aka Spinvis, le gars qui chantonne 'Ik wil alleen maar zwemmen' en bikini orange.
Spindrift naît à Delaware en 1992 et s'ébat dans le psychedelic/ Sergio Leone soundtrack rock agrémenté d' un soupçon The Doors , The Warlocks ou Hawkwind...
Le frontman ( guitare/vocals) Kirpatrick Thomas est flanqué du fidèle et impressionnant Henry Evans (une doubleneck bass suscitant quelques flashes Jimmy Page à ton cerveau usagé)- à la pedal steel ou rhythm guitar, Luke Dawson- aux drums, James Acton- l'élément féminin= Sasha Vallely( keyboards, shakers, tambourine, flutes, dont une archaïque flûte amérindienne). Elle en jette, la madame, affublée d'une flashy red western shirt et d'un galurin emprunté à Calamity Jane.
Pendant 40' le combo te guidera dans les étendues désertiques de la Sierra Nevada, tu traverseras la Death Valley accompagné par une B O cinématique, style 'Once upon a time in the West', capable d' impressionner tout Tarantino normalement constitué!
Leur dernier effort discographique, le quatrième full CD, (' Classic Soundtracks Vol. 1) est dans les rayons depuis une semaine, mais le band commence par 'Red Reflection' , un magistral spaghetti psychedelic blues servi sans Emmental.
Les fantômes de Jim Morrison et de Janis Joplin planent sous la voûte étoilée de la Rotonde.
C'est notre 46è gig d'affilée, Brussels , on joue au Charlatan (Gent) demain, voici ' Space Vixens Theme'.
Guitares métalliques pour ce thème hanté, pesant, aux vocalises pas vraiment Petit Chaperon Rouge.
'Speak to the Wind' façon surf, suivi de 'When I was free', une incantation purificatrice virant subitement oumpapa country waltz sur fond Ventures ( 'Girlz Booze & Gunz') et finissant en danse cosaque délirante ' Roundup'.
Sasha nous sort sa flûte en bois de cèdre ( de l'ouest), piquée à un Medicine Man parti faire pipi et Spindrift amorce le 'Theme for ghost patrol'. Sur un rythme de polka on assiste à une joyeuse cavalcade d'étalons non castrés faisant voler la poussière rouge d'un aride désert sur nos pâles visages.
'Drifters Pass', aux relents Dead Meadow meets The Brian Jonestown Massacre, sera chanté en duo.
Sans pause le James attaque l'ultime chant guerrier, sentant bon le Redbone cru 1970: 'Indian Run'.
Courent vite les Peaux Rouges, constate Christine...
Excellent hors-d'oeuvre!

Le temps d'un crochet par le bar, histoire de s'humecter les lèvres et retour dans l'hémicycle pour Still Corners.
L'accessoiriste s'est affairé pendant notre courte absence: bye bye spaghetti, cactus, vautours et crotales pour faire place aux brumes londoniennes, plongeant la salle dans un univers romantique cher aux soeurs Brontë.
C'est Sub Pop qui a signé le groupe en mars, un album doit sortir avant l'été, pour l'instant il faut se contenter de quelques EP's!
Explique, fieu, c'est quoi ces coins tranquilles?
Un quintette, emmené par la réservée Tessa Murray, une frêle et douce enfant se cachant derrière sa blonde chevelure et dont l'intensité vocale n'excède pas 21 décibels, she used to be a choir-girl- Leon Dufficy, à la guitare- l'instigateur du projet, Greg Hughes( organ) - Paul Mayhew (drums) et Luke Jarvis (basse).
35' de dream pop, d'ambiances éthérées, de mélopées proches de Cocteau Twins, avec en contrepoint une guitare surf métallique et de temps en temps des épisodes shoegazing, ou lo-fi indiepop flottant.
C'est joli, délicat, distingué comme la plus tendre porcelaine, la Bone China, mise au point par Josiah Spode, illustre potier de Stoke-on-Trent.
Une intro aérienne murmurée précède une ' History of Love' fredonnée en moins de 100 mots.
La voix exquise de Tessa plane au dessus de la tessiture musicale Twin Peaks style.
'Eyes '( de Rogue Wave) et 'Endless Summer' naviguent dans les mêmes eaux.
Certains critiques citent la regrettée Trish Keenan de Broadcast, on peut ajouter Camera Obscura, Belle & Sebastian et dans une moindre mesure les Cardigans, trop sucrés en comparaison!
'Cuckoo', puis 'Parallels', une ritournelle manège de bois au clavier enfantin, seront suivis de l'instrumental agité aux coloris postrock/Stereolab ' Hunter'.
Quelques riffs Johnny Guitar pour le titre Vlad Ţepeş 'I wrote in blood', même schéma pour 'Velveteen' avant de terminer chez Cousteau :' Submarine'!

Agréable et frais, mais n'ayant aucun rapport avec les autres groupes proposés!

Avant l'acte 3, Kurt Vile & the Violators,
avec Didier(Buster Keaton/Big in Japan) et Jean-Marie, pas le papa de Marine, un autre qui vote Vlaams Belang, on décide d'aller saluer les barmaids, puisque le vil Kurt pas Weill est prévu à 22h.
Bordel, signale le brave Didier en entendant de méchantes guitares émanant de la Rotonde, il est 21h58, ces infâmes Ricains ont commencé sans nous.
Faut courir, les petits!
Kurt Vile ( vocals, guitars) nous vient de Philadelphie. Les Spinners, Billy Paul, les Stylistics, Teddy Pendergrass ou Harold Melvin... il sait pas qui c'est.
On l'a nourri à Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains, Hüsker Dü, Screaming Blue Messiahs ou Sleater-Kinney.
A peine une trentaine d'années et déjà 4 albums, le dernier "Smoke Ring For My Halo" 2011 ( chez Matador) .
Les Violators!
Aux drums, un gars qu'il connaissait de l'époque 'The War on Drugs': Mike Zanghi- Jesse Trbovich à la guitare et sax - et probablement Adam Granduciel ( The War on drugs) à la troisième guitare.
Ce quatuor, pendant plus de 80', nous a asséné un post-grunge décapant, nous laissant avec les tympans en bouillie, avec l'impression d'être passé sous un Caterpillar D11 Oversized 698 kW / 935 ch ( jaune canari) en pleins travaux de terrassement.
Les comiques comparant ce petit gars, à la bouille jeune Rory Gallagher, à Leonard Cohen, Bruce Springsteen ou Tom Petty doivent aller assister à un de ses gigs, ear-plugs recommandés!
'Hunchback' ça commence hyper fort avec un rock psyche dans la veine des Black Angels, puissance 20.
Les headbangers sont à la fête, les fans de Still Corners se sont enfouis au grand galop!
'Monkey' s'inspire vocalement d'un vieux singe nommé Zimmerman, musicalement du Loner en pleine déprime.
Play it loud est la devise!
'Jesus Fever' s'entend sur le dernier album, et ces quatre gars à la même coupe de tifs que le mec de Nazareth, ont bien besoin de vessies de glace pour faire tomber la température: c'est torride!
Même dynamique pour 'On tour' mais il s'est saisi d'une acoustique, suivi d'un oldie: 'Freeway', du folk sauvage.
Le downtempo ressemblant à du Ryan Bingham 'Ghost town' est dédié à Bill Callahan.
J'en ai pour 5 secondes, je rebranche l'électricité et on vous jette un Springsteen: 'Downbound train'.
Les mecs, couchés sur leur gratte, ont pas vu les wagons passer.
'Overnite religion' another ear- shattering lullaby.
Le Jesse Turbo colle son jouet contre le haut-parleur, je te parle pas de l'effet feedback obtenu.
Un titre catchy, 'He's alright', suivra cette agression sonore, avant qu'un petit malin au fond de la salle ne questionne le brave Kurt: 'hey man, you need a haircut, don't you?'.
Un lecteur du Figaro, sans doute!
Une acoustique, quelques shakers discrets: une ballade 'Peeping Tomboy'!
Solo, en fingerpicking: 'Breathin out' pour conclure par le géant 'Freak Train', avec Trbovich en Adolphe Sax.
Ce 'Freak Train ' laissera pas mal de cadavres dans l'auditoire.
Un final noisy, insupportable pour tes conduits auditifs: larsen, distorsion, et sax strident.
Tu sors de là broyé, laminé, transformé en poudre, matière particulaire 0,005 µm de diamètre, mais heureux !

lundi 16 mai 2011

BETTY à la Gay Pride, Bruxelles, le 14 mai 2011

16e édition de la Belgian Pride dans les rues de la gaie Bruxelles!
Gros succès de foule: une parade estimée à 45000 participants!
Pointons deux réactions, lues sur le blog du Soir
- 'Spectacle'' NAVRANT ............. Nous sommes réellement en période de décadence quand on voit ce genre de manifestation tout à fait ridicule et scandaleuse. Ce n'est certainement pas ce genre de cortège qui pourra ''justifier'' l'homosexualité !
-Diable quand je lis vos réactions j'ai bien envie d'être Manneken Pis et vous pisser tous dessus...
Tu crois m'avoir aperçu(e) sur un char?
Le musclé en string et noeud papillon rouges, c'était pas moi!
Le gros bébé joufflu, ingurgitant une gaufre à la mayonnaise, tenu par la main par un cute bodyguard gueulant ' le petit Bart cherche sa maman' = pas moi!
Le sosie de Dalida: c'était môman...
En fait, c'est à 19h que le programme commençait à t'intéresser: mainstage, à la Bourse, une série de concerts avant les deejays qui balanceront une house rose, avec en top of the bill ( pas blote billen, flamin rose), from New-York: Betty!

Un duo de présentateurs: la sobre Karolien Debecker in 't Vlaams (TV- en radiopresentatrice) et l'exubérante LaDiva Live pour les francofolles.
L'honneur d'ouvrir les festivités en musique reviendra d'ailleurs à cette sympathique et souriante créature, accompagnée de bandes elle nous servira un criminel 'Is it a crime' et un obligatoire 'Love & Pride', pour lequel nous aurons droit à un ravissant ballet de jeunes danseurs ( un mignon mâle et quatre jolies nanas).
Les filles êtes-vous prêtes pour Lucciana (? à vérifier) un(e) transformista de Sao Paulo.
La drag queen se pointe, costumée Taureau de Crète, sur une disco soupe digeste...I feel it coming... Mes voisin(e)s vert, losange jaune, disque bleu transformant les pieds de la Bourse en favela Cidade de Deus bouillant, lorsque le travesti se meut en danseuse strassée du Moulin Rouge sous une pluie de confetti espiègles.
Petite fausse note, pendant que la blonde se change derrière un drap, la table a déjà envoyé la bande suivante.
Mauvais timing car, capricieuse, la transformiste quitte le podium à la hâte.
Bande d'incapables, soupire-t-elle en portugais!

Vite, on passe à Miss Tonic (Tonnic ?) une magnifique deejay black de London, venant nous interpréter d'une voix plus soul que les simagrées d'Amy Winehouse quelques disco/techno tunes piquants et infectieux ( 'Salvation' , de la house liturgique...rejoice it, sing it... et le suggestif... I love what you do to me...) .
Une nana ensorcelante.

Elle fait place à un stripper danois aussi blanc que Lukaku.
Un numéro... disons, euh, olé olé!
La barrière nadar devant retenir la foule s'est retrouvée sur le podium!

Retour de Miss Sao Paulo, revenue à de meilleurs sentiments après avoir ingurgité trois caipirinhas tassés.
En tenue My Fair Lady elle mime ...no more pain, no more tears... pour passer à un disco carioca à faire frémir Boy George et terminer sur un sketch Barbarella meets Michael Jackson sur lyrics de la Madonne ...I'm not a Christian, I'm not a Jew... ('American Life').

Au suivant: du rap/hip hop gay friendly.
Un brave gars nous balance un truc inoffensif... put your hands up ...I'm looking for a friend... suivi d'un rap socialisant...we ain't Americans, we're proud Africans... légèrement ringard!
Encore un ou deux slogans anti-impérialistes en plastic et il part s'enfiler une Blanche ( de Hoegaerden!).
Faut meubler: les danseurs du début en piste pour un interlude fancy- fair de St-Joseph!
La Diva + Miss Tonic en duo pour 'Sisters' d'Aretha Franklin/Annie Lennox et l'inévitable 'Don't leave me this way'.
Dans la fosse, quelques patibulaires éméchés font étalage de mauvaises intentions et seront éjectés par le cordon sanitaire.
Un peloton de Japonais hilares se fraye un passage à travers la foule, à la file indienne et caméra au poing, les jaunes se dirigent vers Confucius ou Chao Chow City où leur bol de nouilles est déjà servi!

20:50' BETTY!
Longue séance de réglages, gros merdier: pas de retours!
Un bricolage d'un amateurisme écoeurant, 1/4 h de bidouillages effectués par un boyscout armé d'un GSM le reliant à la table, située rue Auguste Orts, on frise le ridicule!
21h05', Betty se lance dans la bagarre avec un micro défaillant, un son frelaté, des larsens merdiques, tout n'est pas rose au pays de Sappho et d'Alcée!
Alyson Palmer (vocals, bass guitar), Elizabeth Ziff (vocals, guitar, laptop, mini keys), Amy Ziff (vocals, cello) feront preuve de patience et de mansuétude à l'égard des comiques censés fournir des ondes équilibrées.
Les New-Yorkaises en ont vu d'autres, depuis leur baptême en 1986.
Huit CD's , un Broadway show 'Betty Rules' , quelques apparitions dans des séries ou films , ces activistes connaissent la musique!
'It Girl' chanté à trois voix, malgré la bouillie sonore, les fans sont aux anges et s'époumonent en même temps que les pin- ups:
If you want it, come and get it...I know how much you do
If you work and if you're worthy, I just might give it to you.
I am the it girl and it can happen to you
I'm a regular Josephine, a silent movie queen....
Sur leur dernier effort ' Bright & Dark' , l'indie pop énergique aux harmonies excitées 'Honey West', du Bananarama jouissif et enfants non admis.
Le son est enfin potable!
'Did you tell her' un funk Phil Spector à faire rougir les Charlie's Angels!
Toujours aussi bactérien et corrosif: 'Back it Up'.
Et maintenant, mes petits chouchous a song about betrayal, a capella 'Metro'.
Une perle underground:
... Shame, shame, shame, shame
Metro, metro, mademoiselle...
Mieux que Shirley & Co en 1975!
Vais caresser mon violoncelle, annonce Amy qui a appris le français avec Carla, la copine du petit.
Pas vrai: l'Arsène Lupin refait des siennes.
Sale homophobe, va...
Un coup de tourne vice vertueux et un rock 'The way that we live' , une version moderne et féministe de 'Rebel without a Cause' featuring James Dean!
L'hymne à l'amour à la sauce BETTY pimentée disco pute ... it's just love, only love...
Folle ambiance à tes côtés, te voilà coincé(e) entre une paire de nibards noirs et des fesses de géante, l'année de tous les dangers!
La dernière, les petits wolves: un singalong Comedy Capers featuring chicken Alyson, Ladycluck Elizabeth und Chanticleer Amy... tous ensemble: iii aïe iii aïe ooh.... iii aïe iii aïe ooh...
Hilarant, quoique un peu bref!

La Diva essaie de ramener la clique sur scène pour un bis.
T'es gentille, cocotte, on n'a rien prévu, mais puisque t'insistes, joins-toi à nous pour une version destroy bordélique de 'Bohemian Rhapsody'.
Un massacre, Freddie, de là-haut, leur envoie un SMS: arrêtez les frais, bande de salopes!
Ce qu'elles firent!
Le gosier sec, aspirant à une blonde bien fraîche, tu cèdes ta place à une perruque verte et tu vas te boire un godet, mais pas à l'Homo Erectus, plein à craquer!

samedi 14 mai 2011

Les Nuits Botanique ( soir 3) Pere Ubu " The Annotated Modern Dance" 1978 à la Rotonde, Bruxelles, le 13 mai 2011

Les Nuits Botanique, festival mythique: découvertes, valeurs sûres, groupes du cru, éclectisme clairvoyant... édition 17.
La première affiche indiquait du 12 au 22 mai, mais finalement l'événement aura démarré le 10 avec Sufjan Stevens et finira le 29.
Le jeudi 12: ouverture officielle avec conférence de presse, cocktail d'ouverture et création mondiale pour célébrer les 30 ans du label Crammed Discs: 'Congotronics vs rockers'
(avec Konono N°1, Deerhoof, Juana Molina, Kasai Allstars ,Wildbirds & Peacedrums , Skeletons, Hoquets ).
Paul-Henri Wauters, Jean-Paul Roland et le représentant du Spot Festival ( Aarhus, Denmark) ont l'occasion de nous éclairer au sujet de leur enfant: 'De Concert', fédération internationale de concerts, regroupant pas moins de 25 festivals en France, Suisse, Belgique, Hongrie, Danemark, Maroc ou Canada. Parole sera donnée à Marc, Aksak Maboul, Hollander ( fondateur de Crammed Discs) pour la collaboration de l'organisme au projet Congotronics.
Tous les invités ont reçu un ticket leur permettant d'assister au premier concert du collectif comptant 20 musiciens.
Tu dois, malheureusement, décliner l'offre, d'autres obligations musicales impliquant ta présence.
Dans l'après-midi, Thierry Steuve, de Crammed, te permet toutefois d'aller jeter un coup d'oeil à l'ultime répétition et ce que tu vis te laissa sans voix: une énergie fabuleuse, une richesse rythmique incroyable.
T'espères pouvoir assister au gig complet lors de Couleur Café!

Un vendredi 13, soir 3 des Nuits, du monde Rue Royale, ton choix se porte sur le vétéran David Thomas qui investira la Rotonde pour une relecture du premier effort discographique de son band Pere Ubu, 'The Modern Dance' ( 1978).
* David Thomas - vocals, musette, percussion * Tom Herman - guitar, backing vocals * Allen Ravenstine - EML 101 & 200 analog synthesizers, saxophone, tapes * Tony Maimone - bass, piano, backing vocals * Scott Krauss - drums: tel était le line-up en 1978!

Pour la tournée 2011 on verra: David Thomas, amaigri, sarcastique et légèrement mégalo: vocals, oscillator- Michele Temple: bass, backings- Robert Wheeler: synthés et theremin- le chevelu Steve Mehlman: drums et Keith Moline à la guitare et backings.

"J'ai l'honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens " Alfred Jarry, Ubu Roi.
Pas étonnant que David Thomas ait choisi Ubu, le symbole de la cupidité, bête, méchant, pire que le Professeur Choron, comme patronyme pour le band qu'il forma en 1975.
Pere Ubu, groupe inclassable!
On peut avancer: avant-garde ( avant-garage, corrige papy Ubu), expérimental, art punk, industrial... une influence majeure pour les Pixies, Joy Division, Gang of Four et tout le mouvement post punk.
Après le gig on affirmera sans crainte que 'The Modern Dance' reste plus que moderne, pas besoin de chirurgie esthétique pour masquer les rides inexistantes.

20h13' David, au look échappé de l'hospice, froc trop large, regard malicieux, en piste, accompagné de Keith à la guitare: s'en suit une séquence feedback/bruitages incongrus, transformant Sonic Youth en enfants de choeur. Après trois minutes de ce traitement, le drummer et la bassiste se pointent, suivis de près par le petit Robert frôlant un theremin archaïque: 'Non-alignment pact' , la voix cadavérique caractéristique, un funk Roxy Music, époque Brian Eno, Manzanera, le son de sax de McKay étant remplacé par l'étrange theremin.
Dansant et dérangeant à la fois.
Pendant le break instrumental, le gars de Cleveland sort un flacon de gnôle d'une poche, s'enfile une rasade, et puis, les yeux clos, psalmodie son texte sur fond sonore cataclysmique.
Entre chaque titre l'illuminé nous bredouille, sous forme de monologue kafkaïen, un semblant d'explication quant à la genèse des titres de l'album, qui ne sera pas joué chronologiquement!
J'ai tout volé à un certain Philip X (?) narre-t-il avant que le band ne balance une grosse rythmique pre New Wave... he thinks just a little different than you... chantonne le chauve!
A l'époque mon disque de chevet était 'Summertime Blues' des Blue Cheer, bredouille David , le band attaque le métallique 'Final Solution', qui ouvre la nouvelle version de 'Modern Dance'.
On peut singer les Beach Boys: ..I get around... répété par le choeur, sur bande sonore délirante .
Vais m'asseoir et boire un coup, continuez sans moi, indique le chef!
David Byrne, ce salopard, m'a tout piqué, écoutez cette danse que j'ai inventée, il se lève et entame une chorégraphie grotesque et décharnée.
Le bal du rat mort: un personnage de James Ensor ou Jan Bucquoy sur scène!
Place à un punk rock musclé et nouvelle tirade décousue et débridée, entrecoupée d'une lampée de tords-boyaux, question de soigner le complexe amygdalien, avant d'amorcer la suivante .
Continuez sans moi, je reprends place sur mon trône pour finir ma flasque.
A cheesy track, now, Brussels! Pour celle-ci ( 'Laughing') , j'ai tout piqué au film 'Badlands' de Terrence Malick.
Il ramasse une cloche/ pavillon de trompette/cor de chasse pour signifier que la chasse à courre est ouverte, lâchez les setters gordon!
N'ai plus de Bourbon, vais attaquer la Maes!
Sonnez l'hallali, place à la curée!
De plus en plus surréaliste: la suivante m'a été inspirée par des pneus usagés (' Street Waves') , mais en fait honey, I'm a bloody son of a bitch ( c'est gentil, pour môman), this song is about love!
Un noisy rock/cha cha cha/ film d'horreur .
Eh, Keith, mec, t'es high ou quoi, t'étais mou, mon gars, faut être plus méchant, je souffrais sur ma chaise en t'écoutant...
Sympa, le colonel!
Cleveland, les Maoïstes et la bombe atomique made in Pékin: 'Chinese Radiation'.
Il est d'humeur farce en ce vendredi 13: 'Life Stinks'!
Un funk iconoclaste ( 'Real World'), façon Zappa, pour Cindy et les autres que je n'ai jamais aimées, but I respected them... Fumier!
Une vraie fausse chanson d'amour ' Over my head', belle comme du David Lynch!
J'ai rien à vous raconter pour 'Sentimental Journey'.
Titre théâtral, angoissant, can you hear the sound of breaking glass, vocaux inintelligibles, le gars est aussi cintré que Captain Beefheart!
On va terminer par un funk blanc écrit pour un mec mort, puis il se met à confondre Grace Kelly de Monaco et Grace Slick de Jefferson Airplane. Y a -t-il un médecin dans la salle, ce survivant a le cerveau plus que ravagé?
Dernier carnage sonore, David Thomas se dirige vers les coulisses en jetant un regard méprisant vers la bassiste. Le drummer, dégoûté, jette ses sticks à terre et ils se tirent tous backstage après un set de 75'.

Retour des comiques pour un quadruple encore de punk/funk contorsionniste et cacophonique, frôlant l'aliénation, avec une plume pour la ligne suivante...I've got a vacuum-cleaner in my head... et les références à Ferré Grignard dans ' Caligari's Mirror'
...What do you do with a drunken sailor?
Who do you see in Caligari's mirror?...
Michele répétant à l'infini: Hey! hey! Boozie sailors!
L'ultime salve après les pubs pour ses produits de consommation courante qu'il viendra vendre en s'asseyant sur le devant de la scène, le rock déstructuré: 'I will wait' !

En annexe, la setlist du 'Annotated Modern Dance' joué en 2010 à Cleveland , downloadable ( en payant) sur le site de Pere Ubu!


Final Solution (7:09)
Non-alignment Pact (3:30)
Modern Dance (3:57)
Laughing (4:42)
Street Waves (4:28)
Chinese Radiation (3:44)
Life Stinks (2:11)
Real World (4:25)
Over My Head (3:35)
Sentimental Journey (5:39)
Humor Me (2:54)
30 Seconds Over Tokyo (5:57)
Heart Of Darkness (4:03)
My Dark Ages (6:14)
Heaven (3:02)

Ruf's Blues Caravan 2011 featuring: Dani Wilde, Samantha Fish & Cassie Taylor @ Kunsthumaniora Brussel, Laeken, le 12 mai 2011

Dernier concert de la saison pour la Brussels Blues Society, qui pour l'occasion a investi les locaux (rue Karel Bogaerd) destinés aux étudiants flamands en humanités artistiques.
Broodje Brussel a l'habitude d'y programmer des événements pendant l'heure du repas de midi ( Chris Joris Experience y jouait le 10 mai), le grand préau convient parfaitement à l'organisation de festivités musicales.

Surprise en pénétrant dans la salle, pas d'y rencontrer Milou, Guy et d'autres vieillards férus de blues et admirateurs de la gent féminine, mais bien d'y inventorier un nombre incroyable de teenagers, qui très vite transformeront le cagibi en cage aux folles hurlant aux facéties d'une Lady Gaga déchaînée.
Et que proposait la carte, chef?
Que du bon, mon mignon!
'Girls with guitars': Cassie Taylor- Samantha Fish- Dani Wilde , trois blues ladies, membres de l'écurie Ruf, qui depuis 2005 ( avec Ana Popovic, Candye Kane et Sue Foley) organise une Blues Caravan sillonnant tous les déserts européens ou américains.
Une première à l'occasion de l'édition 2011, les filles ont gravé un album together!

On aura droit à un apéritif maison pas indigeste, le 'Art School Band', cinq moutards( dont un Isidoor) et deux gamines délurées, venus nous interpréter quatre morceaux blues pas cons.
Ces gosses sont doués, ils débutèrent avec 'Funk 49' de James Gang, pour suivre avec un Norah Jones pas débile, un Marvin Gaye audacieux et le 'Love me like a man' de Bonnie Raitt.
Elle est bien la petite aux cheveux noirs, me souffle Guy le pervers!
Bois une Westmalle et jette un coup d'oeil à ta carte d'identité, bompa!


Dani Wilde, la petite British encensée par toute la presse blues du UK ( deux albums, 'Shine' dernier en date) - Samantha Fish, la flamboyante et mini-jupée blonde de Kansas City, celle qui prend les durs by the balls (un CD 'Runaway') - la méchante rousse multi-instrumentiste ( basse, claviers), Cassie Taylor (album 'Blue), fille d'Otis, trois nénettes, assistées aux drums par le costaud de Nancy (Lorraine), Denis Palatin ( Deborah Coleman, Ana Popovic, Joanne Shaw Taylor et quelques autres nanas..) qui commenceront très, très fort avec une version vicieuse du 'Bitch' des Stones.
N'ayez pas peur, on va pas vous manger tout cru, avancez vous et collez vous au podium, Bruxelles!
Message reçu, la colonie infantile aura le nez sur les jambes attrayantes de Samantha.
Du début à la fin on aura droit à un jeu explosif, à une alternance de vocaux, à des joutes spectaculaires, à des soli fabuleux, le tout soutenu par un drumming formidable par l'homme dont le T-shirt, mettant en valeur des bras tatoués impressionnants, annonce 'Live fast, die young'
Portées par l'enthousiasme de la marmaille, les tueuses se sont amusées comme des folles et n'ont pas cessé de le répéter ...this was the best gig of our tour so far...
Un concert étincelant!
Cassie au chant pour 'Memphis', elle prendra place derrière les keys pour le slow blues ' Haunted' décoré d' un premier solo farouche de Miss Fish.
Un titre de Dani, chanté d'une soulful voice: ' Red Blooded Women', du blues classique.
Une chanson humanitaire, Miss Wilde, touchée par l'horrifiant seuil de pauvreté des orphelins de Embu au Kenya, s'implique à fond dans le charitable : ' Call on me', aux lignes de guitare limpides, leur est dédié.
Samantha Fish sous les feux de la rampe 'Wait a minute', ensuite, elle tient à descendre dans les marais: ' Down in the swamp'.
On t'accompagne, Samantha, pas peur des moustiques, caïmans, et autres reptiles pas sympa!
Sa Fender tire dans tous les sens, les bêtes se barrent fissa.
Quelle nana!
A rock tune, mes agneaux: le 'Jet Airliner' de Steve Miller, moins FM que l'original.
Un petit funk?
' Like a man do', les trois voix se relayent ou se mélangent, comme si ces filles se connaissaient depuis l'aube des temps et avaient fréquenté le même kindergarten.
Dani a un problème: à Brighton y a pas moyen de trouver a good man, vais essayer de pêcher le 'Mr Loving Man' à Bruxelles.
L'ineffable Guy s'est ajouté à la liste des potentiels et lui a refilé son adresse!
'Some kinda crazy' du bluesrock crapuleux avec double solo de gratte.
Les crazy sont de plus en plus nombreux au pied du podium!
J'en ai marre d'être seule, pleure la blonde: ' Come on home'.
Faut être vachement con pour laisser cette petite pleurnicher abandonnée, esseulée, dans un grand lit!
Le secouant 'Runaway' met définitivement le feu à l'école.
Les kids, excités, tendent les bras vers la belliqueuse Samantha, un fin renard!
Faut calmer les mouflets, Cassie derrière les touches pour le slow purulent 'Wasting time' , Dani étalant une nouvelle fois toute sa classe.
Misère, quel concert!
Cassie: it's time to go wild, kids: ' Satisfy my soul' .
Envahissement du podium, solo de batterie estomaquant, wah wah ravagée...you're the only one to satisfy my soul...
La fête totale à Laeken!
Vous pouvez rester, les enfants, grimpez dans le van en route pour 'Highway to Hell' d'AC/DC!
Infernal, ça va de soi!
Un triomphe!

Bis
' Get back' pas celui de Lennon/McCartney, mais une composition du trio, écrite à Berlin.
Cassie refile sa basse au poisson blond et décide d'aller faire un tour off stage pour se mêler à la jeunesse locale, la température grimpe encore de quelques degrés.
L'apothéose suivra avec le 'Love like a man' de Bonnie Raitt.
Se souvenant que les écoliers l'avaient joué en support act, Samantha invite la chanteuse de l'Art School Band à se joindre aux choeurs.
La gamine se débrouille comme un chef et, finalement, c'est tout Laeken qui est embrigadé dans la chorale Blues Caravan pour une estocade finale saignante!

Un concert mémorable!

vendredi 13 mai 2011

Marie-Laure Béraud au Music Village, Bruxelles, le 12 mai 2011

Jeudi 12 mai à l'heure du déjeuner , objectif le Music Village, un concert Broodje Brussel/ Ancienne Belgique.
Ce midi, nous accueillons Marie-Laure Béraud, la plus bruxelloise des natives de Lugdunum , fière métropole au confluent du Rhône et de la Saône, avise Isabelle.
Tiens-tu à savoir que c'est Arno Hintjens qui l'a emmenée dans la ville où furent décapités les comtes d'Egmont et de Hornes ?
Non !
La Lyonnaise n'est pas du genre prolifique : en fouillant, on note : 'Turbigo 12- 12' en 1991, 'Dans mon salon' en 2004 sous le nom de Béraud & the Birds ( ces canaris ont pour nom Ch. Loos, Koen et Dajo De Cauter, tu les vis pépier au Candelaershuys) et 'Elle' la même année.
Il faut ajouter que la Béraud a d'autres cordes à son arc : peinture et écriture ( poésie Breton ou romans, le dernier ' Dialogues Outre-Ciel' vient de paraître…)
De temps en temps, les sirènes de la scène l'ensorcèle, elle s'entoure d'une fine équipe et vient chanter ses états d'âme . Vanmiddag pour l'accompagner, des pointures :Bert Dockx à la guitare ( The Flying Horseman , Dans Dans, Blackie & the Oohoos…)- Frédéric Lyenn Jacques à la basse ( Lyenn- Dans Dans- Marc Ribot… ) et Yannick Dupont à la batterie ( In-Vitro X-perience, Black Light Orchestra…).
Je prépare un nouvel album, on compte vous en interpréter quelques titres en avant première. Start : une valse rock profonde et oppressante, enrichie d'un solo de guitare acéré, la setlist mentionne ' Demain', la torturée nous confiant …j'avais le cœur en charpie…
Si t'espérais prendre ton repas en écoutant une gentille chanteuse folk aux textes fleur bleue, tu t'es trompé d'adresse, Marie –Laure t'invite à pénétrer dans un univers de femmes ayant connu l'amour, ayant été trompées, de femmes devenues lucides , acerbes d'avoir vécu et subi avanies et affronts divers.
'November' les feuilles mortes se ramassent à la pelle , du Tom Waits en jupons !
Le cabaret jazz' 'Gotta get away' au ton Marianne Faithfull nostalgique.
'Elle' précédé d'une longue intro voodoo/jungle Eva avait de ces cimes
d'un bleu somptueux
des yeux qui luisaient
pour ceux qui s'y égaraient
des yeux carnivores,
et des désirs de mante
d'amante vert cru
aux aguets, sur la branche…
Il y a 30 ans , t'as connu une créature à la même allure, t'en es pas encore remis !
Une série B en noir et blanc ? Atmosphère 'Quai des Brumes' pour 'Bar' .. à l'aube au bout d'un bar..titubant dans la nuit… Sombre histoire de femme délaissée, craignant les nuits de solitude… Et voilà, mon nouveau né, pondu en plein air …je sais bien, je ne suis pas une oie blanche… chante-t -elle dans 'Que voulez- vous' .
Juliette Gréco a rendez-vous avec Manneken Pis !
Le ' Terrapin' de Syd Barrett est depuis pas mal de temps à son répertoire, sa version bluesy, aux moues Monroe, est aux antipodes de la cover des Smashing Pumpkins. Sulfureux riffs de guitare du flying horseman.
Le downtempo interrogateur 'What' pour suivre …your complexion has the colours of the night… Verdict, doc ?
Manque de sport, abus d'alcool et de tabac, mauvaises fréquentations : Kurt Weill, Humphrey Bogart, Serge Gainsbourg…
Et ça va pas s'arranger avec 'Der Wind hat mir ein Lied erzählt' t'emmenant dans le Berlin des années trente, celui de Zarah Leander, de Der Blaue Engel et de ses petites vendeuses de cigarettes, des bas résilles et jarretelles , mais aussi des uniformes et bottes noires…
Titre hautement évocateur !
…je connaîtrai jamais le bonheur… euh, hem… on reprend, j'ai un matou dans le larynx.
OK, et voilà 'Les Cons' de Raymond Queneau.
Une pièce d'anthologie, déjà chantée par Juliette Gréco, et décorée d'un break instrumental rock agressif et virulent.
Zazie, quelle heure est-il, petite ?
13h25' : un dernier voyage, alors , 'Salamanca', une tranche de vie/farandole/cha cha cha aux effluves Edith Piaf.
Un concert Rive Gauche brillant et attachant !

mercredi 11 mai 2011

CO.ntradiction au Café Kafka, Bruxelles, le 10 mai 2011

21h25': Kafka déprime, il n'a plus la cote, sa tanière est désertée, à peine une quinzaine de ploucs dans le bar de la rue des Poissonniers.

Du bar au menu?
Fais pas ton intéressant, Fernand!
L'affiche annonce CO.ntradiction, un groupe que tu vis et te laissa une excellente impression il y a deux ans lors du Bruksellive.
Sache qu'un artiste faisant appel à Kathleen Steegmans pour sa pochette d'album, ses cards et son website ( cf. Silver Junkie) ne peut pas décevoir.
Il a répondu aux attentes en ce moite mardi de mai!
Ineke Van den Zegel ( chant/contrebasse) tient toujours la barre, mais après un congé sans solde de près de douze mois, elle a choisi un nouvel équipage: si à la guitare elle a conservé le doué Alec Ilyine ( il dirige son propre jazz quartet), aux drums, elle a embrigadé le vétéran Bruno Meeus ( The Wizards of Ooze, Zap Mama, Stan Webb de Chicken Shack etc...), un crack!

Coup d'envoi à 21:45', un instrumental jazz rock aux lignes de guitare Jimi Hendrix, histoire de faire comprendre aux clients en terrasse de quoi il retourne.
Petit à petit, le coin se peuple.
'Neurotic' une voix rauque, jazzy, une slide lyrique: bienvenue au cabaret!
Le cri libertaire 'Feel Free' pour suivre, une guitare blues psychédélique, style Edgar Broughton Band (1969) et un fabuleux drumming.
Mêmes eaux troubles avec 'Trouble Fairie', une nouvelle fois tu te mets à comparer le timbre ( aha, van den zegel) d'Ineke à celui de Dani Klein.
'Reflection of Reality' cette réalité dégage de fortes fragrances Janis Joplin meets Jim Morrison.
Le dramatique et presque récité 'The fall' baigne dans un climat de tension angoissant.
'Please Stop' un downtempo, proche du 'Fever' de Peggy Lee, à l'interprétation théâtrale.
Ready pour un petit trip en compagnie de Karen Blixen?
' Colours of Africa' une ballade colorée virant jazz noir.
C'est rondement mené, n'oubliez pas le guide, s v p!
'Merci', y a pas de quoi, madame...
Ce merci, en français, met een licht accent du Nord, dans le texte, s'avère en fait être une chanson de rupture lucide.
Un drame familial nous annonce la timbrée ( sens: tamponnée d'une estampille): ' Pretty well' , Edith Piaf chantant le blues! ... it's the way you act - you show me no respect... mais, je l'ai dans la peau, ce mec!
'Scream' non, les lyrics sont pas de la plume de Wes Craven, même si le titre est oppressant et orné d'une guitare frottée d'un ebow inquiétant.
Le gospel païen: ' Guardian Angel' sera talonné par le hitgevoelige tango ' No, no, no'.
Temps mort, signale Bruno.
Ultimatum: je joue plus si j'ai pas à boire.
On lui apporte un coca zéro calorie, bizarre façon de soigner la soif, le gars était peut-être encore bourré de la veille?
'Never again'
Quoi, une cuite?
Un autre jazz latin.
Un petit rock?
Voilà: ' Electromagnetic'.
Nerveux, électrique, attractif et attrayant!
La pénultième, le méchant et vicieux ' Lie 2 die', pour conclure avec 'Forever off course' un ultime midtempo bluesy.
...no doubt about it I just want to be yours... la soumission ça dure pas toute une vie, crois-moi, baby!

CO.ntradiction a rempli son contrat avec classe.
Le 20 mai, Ineke et ses boys se produisent au Buster à Antwerpen, pour revenir à Bruxelles, place St.Géry, le Zebra, le 4 juin!