mardi 31 août 2021

Keegan Chambers - EP Out of my Head

 Keegan Chambers -  EP Out of my Head 


NoPo

1150698 Records DK


Actrice, mannequin et chanteuse/compositrice, la cumularde Keegan Chambers nous vient du Canada (Toronto).
Elle possède une belle voix, proche du 'R&B', qui enflamme le disco "What I would'nt do' sorti ce mois de Juillet (pas si loin du funky 'That's the way' ... 'ahun ahun I like it' d'un autre KC... remember?).
Sa panoplie semble large puisque son premier single en 2019 "Loving You" sonne bluesy en diable, et cette même année paraît un EP acoustique soul pop "Live Off The Floor".
Sans haute couture, elle fait aussi dans la reprise de Miley Cyrus et Tracy Chapman...
Sur son nouvel EP, elle durcit la voix (sans la kc) dans un son plus rock.

Sans surprise, la pochette présente une photo typée modèle, sur fond rose. La blonde, accroupie, look panthère noire tachetée de blanc, semble prête à bondir comme ses 4 titres 'Out of my head' (ou 'her head' si vous préférez).
Un pistolet (Luger ou Walther), à la James Bond, précède son nom, écrit en blanc en haut à gauche. Vous n'avez qu'à bien vous tenir, la James Bond girl va faire feu!

La 1ère publication 'Look What You've Done' fait office de single cinglant.
Ce morceau prend forme suite à un harcèlement dans la rue dont Keegan a été victime. Elle exprime ici une revanche virulente.
Le morceau démarre par un riff canon et derrière, la batterie explose telle une avalanche; une neige de guitares acérées se répand partout et la voix chevauche l'éboulement.
Des 'woh oh woh oh' carènent un refrain imparable. Le son ample, clair, puissant, remplit tout l'espace.
Un pont légèrement bluesy ralentit pour mieux relancer la machine et il y a des chevaux sous le capot! Plutôt que cerise sur le gâteau, je choisirai le pistolet sur la pochette.

Une démarche féline donne le rythme à l'intro de la piste suivante, claquement de doigts compris. On ressent ensuite les griffes tranchantes des guitares qui flamboient.
'Catcalling' hérisse le poil dans le bon sens. Les voix, qu'on imagine bien en miaulements, derrière le chant principal complètent l'assurance hautaine du chat.
Partout, les harmonies bouillonnantes des guitares (combien?) lacèrent le rythme dominant.
Titre fort en phase avec la position de la panthère sur la pochette.

'Devil’s Kisses' s'inspire de l'histoire de sa tante qui avait passé un deal avec le diable pour protéger sa fille (donc sa cousine, vous suivez toujours?).
Le morceau sonne plus pop et la voix nasillarde invite les guitares à toutes libertés.
On perçoit mieux les claviers liant l'instrumentation. Les choeurs discrets agissent autant en liens.
Les dernières secondes exploitent le rythme sur un air country au banjo. PS : Ah diable! Pas de référence à l'esprit par rapport à la pochette...

Figurant sur l'EP acoustique, 'Love at First Sight' freine le tempo, la chanteuse considérant que, clôturer par une ballade restait incontournable.
La guitare sèche les larmes et la voix ne sanglote pas. Le clavier glisse en toute discrétion.
On y entend des choeurs légers et des ouhouh qui auraient pu être de trop, mais non, ils flottent, semblable à des nuages vaporeux sur un rythme chaloupé.
La version ayant été réduite, on ne s'ennuie pas et cette composition justifie, à elle seule, le rose sur la pochette.



En tant qu'actrice et modèle, l'artiste aurait aimé produire un vrai clip pour chaque chanson avec concept et scénario.
Malgré le soutien du programme 'FACTOR Canada Artist Development', le budget n'a pas suffi.
Parfaitement accompagnée, la demoiselle donne un premier aperçu de ses capacités et affiche une envie et une énergie palpables.
Dans son enfance, elle avait des rêves de rock star qui pourraient bien se concrétiser... Et à la fin, c'est Chambers Keegan!


Textes : Keegan Chambers
Musique : Keegan Chambers, Michael Ellero, Daniel Tsourounis
Production : Daniel Tsourounis
Mastérisation : Dajaun Martineau
Musiciens :
Keegan Chambers Chant
Daniel Tsourounis Basse
Collaboration de musiciens additionnels :
Jonny Nesta (Skull fist)
Spencer LeVon (Fatality, Brother Levon)



lundi 30 août 2021

Jazz ô Château, Foehn Trio et Alula sextet au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 28 août 2021

 Jazz ô Château, Foehn Trio et Alula sextet  au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 28 août 2021 


Après l'apéro Lipazz Trio, les convives sont invités sous le chapiteau pour le dernier volet du samedi, sont attendus le Foehn Trio et Alula sextet!

Toujours un léger retard avant le début des échanges, le président tient son rôle et convie le Foehn Trio. 

Le vent chaud sévissant en Rhône-Alpes a l'intention d'ébouriffer les chevelures, d'envoyer zinguer les perruques et de caresser le crâne des dégarnis.


Christophe Waldner (piano et claviers Nord, + loop station cachée), Cyril Billot (contrebasse et synthé basse) et Kevin Borqué (batterie, drumpad et effets) se sont rencontrés et aimés il y a quelques années et en 2016, forment le Foehn Trio.

Très vite, ces enfants du Sahara font impression et récoltent moult lauriers, après un premier album 'Magnésie', ils enfantent d'un second ouvrage baptisé   “Highlines”.

Comment qualifier votre musique, leur a demandé une brave dame?

Du jazz actuel, on n'a pas trouvé mieux, sorry!

Car contemporain, leur jazz l'est assurément, il peut attrister tous les détracteurs  d'éléments électroniques dans la Blue Note, mais l'esprit jazz reste  là, improvisations, virtuosité, groove et audace.

Le 'Grand Ferrand' (2 758 m) est le second plus haut sommet du massif du Dévoluy, c'est lui qui donne son nom à la plage inaugurale, au jeu heurté sur les touches du Yamaha, une contrebasse et un drumming tout aussi saccadés, succède un second mouvement voyant Christophe pianoter de la main gauche sur le Yamaha classique tandis que la droite effleure un Nord Stage moins fluide.

La composition s'affole, les alpinistes risquent la dégringolade, heureusement tout s'assagit et ils peuvent regagner le refuge sans casse.

La suivante est un hommage à la vallée des loups, d'où 'Wolves' .

Le canis lupus s'éveille, s'étire, se dirige nonchalamment vers le petit ru alpestre, lape l'eau limpide puis  entame ses exercices physiques matinaux, Kevin Costner qui passait par là, lui propose un pas de danse, du coup l'arrière-plan sonore gagne en grâce et en majesté.  

Les sonorités fluctuantes du Nord amorcent ' Danse pour Gaïa' , pas de flûte comme sur l'album, pas de panique on dispose de samples. Pour accentuer l'effet tampon, Kevin tapote le drumpad, la contrebasse tisse ses arabesques et le piano batifole, c'est beau comme un documentaire sur les fonds marins et enivrant comme  un vin pétillant.

Grosse claque avec leur version presque iconoclaste de la ' Gnossienne n°1' d'Erik Satie, qui n'est pas Breton, ni satyre.

Si l'amorce respecte  la composition du maître de Honfleur, un second mouvement électro vient bousculer l'oeuvre impressionniste.

Craquements, ronflements,  flop flop caoutchouteux,  drumming acrobatique, nappes de synthé célestes, on est plus proche du Portico Quartet ou de Jaga Jazzist  que de Chopin.

Le final du  romantique 'Camera Obscura' aura décontenancé plus d'un auditeur , 'Rainbows' qui lui succède, tel un kaléidoscope, nous fait voir un météore multicolore, le fond sonore échevelé  a enflammé le public, un voisin électrisé vient de lâcher un dixième wééé admiratif, malgré un coup de coude dans les côtes envoyé par sa compagne qui a horreur de l'exhibitionnisme.

Comme lady Chatterley, Madame Carle a eu un amant, en l'apprenant son mari, souvent absent, la supprime d'une manière digne d'une série télévisée made in France, mais le fantôme de la  morte  veille, voilà l'intrigue de ' La vengeance de Madame Carle', un soundtrack escarpé.

'Romy' dit la playlist, après un démarrage impressionniste , Romy vire techno, tout s'ébranle, l'effervescence gagne le public lui-même pris dans un tourbillon tumultueux.

L'enthousiasme est à son comble, le trio va tirer une dernière cartouche,' Old Ocean' , tout aussi trépidante.

Ovation dantesque de plusieurs minutes.

Ils ne sont pas partis bien loin et ajoutent, on vous a gardé une friandise, 'Same Horizon', un rondo synthétique bourré d'effets spatiaux, de trucages ingénieux et de petits clins d'oeil  à des morceaux pop purulents comme en pondaient Chicory Tip ou d'autres bouffeurs de popcorn!

Un grand concert !  


Préparatifs laborieux avant l'entrée en piste de l'Alula Sextet, l'ingé-son rame!

 Christophe Lehoucq fonde Alula en 1998 avec son copain, saxophoniste comme lui, Philippe Razol!

Leur credo: un world jazz tendance afro.

Plusieurs albums voient le jour:  Finis Terrae (CD Baby 2016), Sikkandi (Aphrodite records 2013), Anémokory (Aphrodite records 2007), Alula (RMP 2002) et, enfin, plus frais, "Héliotropiques" en 2021.

Le line-up a évolué, ce soir Tréveneuc verra et entendra: Christophe Lehoucq : saxophones et compositions/la séduisante  Swala Emati : chant, texte et compositions/  Philippe Razol : saxophones, samples/  Alex Stuart  from Australia: guitare et sanza/Fabricio Nicolas : basse et Gérald Portocallis : batterie.

Ouille, ils ne sont que cinq, tous au garde à vous,  il  manque un élément majeur, Swala, partie enfiler sa tenue de scène.

Elle arrive, grimpe sur la scène pour saisir un gong, le groupe lance une longue intro ethno jazz, tendance fusion, passablement  alambiquée, avant d'entendre la voix mélodieuse de Miss Emati chanter les fourmis dévastatrices, les magnans, décrites comme des fourmis légionnaires mangeant tout sur leur passage. 

La seconde plage, ' Ode à l'enfance' offre de vagues relents Bernard Lavilliers, grâce à sa toile de fond reggae.

La fin de la terre en Bretagne, c'est le Finistère, ' Finis Terrae'  a été composé du côté de l'île de Crozon, en contemplant l'horizon, Christophe a été envahi par une idée d'infini mais aussi par un sentiment de frustration, il n'a pas voulu imiter Icare pour accompagner goélands, cormorans et autres oiseaux marins, mais l'envie y était.

Les saxes suaves, la basse tellurique, un glockenspiel caché, une guitare mandingue et un drumming be-bop,  précèdent l'entrée en action de Swala, le son gonfle, les saxes soliloquent à tour de rôle sur fond brumeux, puis vient la guitare, Gérard lui aussi a son mot à dire, il nous la joue Ginger Baker, on reprend le thème, puis la nuit, noire, tombe!

Eh, Christophe, t'as pas emmanché le bon sample.

Exact, j'efface, on reprend.

Comme  les titres n'ont pas été répertoriés, on t'indique qu'il s'agissait d'une sorte de saudade chantée en espagnol ( peut-être 'Biyadhoo'). Le spleen noir, rehaussé par une guitare Spanish Caravan, laisse des traces et des images de grands disparus viennent te hanter, Jim et Ray, des Doors!

La suivante démarre sur fond de bruitages exotiques, Swala, mains jointes devant la bouche, mime un souffle d' animal,  le batteur fait grincer une cymbale par un frottement de baguette, la jungle s'éveille, le chant, en français, apaise mais il annonce  un mouvement tribal, la tribu est sur le pied de guerre, la composition atteint un crescendo avant le relâchement final.

Comme toutes les pièces précédentes, celle-ci avoisine les dix minutes et passe par différents climats, allant de l'aérien, à l'incisif, du sensuel  au mordant.

Bref, ton esprit voyage sans polluer!  

On avait déjà sillonné une bonne partie de la planète, avec  'Tubbataha', c'est   aux Philippines qu'on aboutit, dans la mer de Sulu où gît un sanctuaire marin.

Le titre, chanté en anglais,  est sinueux comme la nage d'un requin gris. 

Le remuant et chaud 'Resilience' termine le set  sur une note d'espoir en abordant la force de l'amour.

 

Tu aimes Jan Garbarek, Gong, Didier Malherbe ( un de leurs amis), Fela Kuti ou Osibisa, le groupe anglo-ghanéen qui avait popularisé l'Afro Rock au UK dans les seventies , tu vas adorer Alula qui a prévu un bis aux saveurs  tropicales, pour lequel Alex a sorti le minuscule sanza,  avant de quitter la tente.


Jazz ô Château 2021, une réussite magistrale!


 





 

Jazz ô Château, Lipazz Trio au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 28 août 2021

 Jazz ô Château, Lipazz Trio au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 28 août 2021

 

Ce n'est pas un mariage qui se déroule dans le cadre exceptionnel du Château de Pommorio, mais bien la seconde journée tarifiée de Jazz ô Château.

Selon la coutume, la soirée débute par un apéro-concert au jardin, toujours inondé de soleil, permettant au public, nombreux, de se restaurer  et de se désaltérer à satiété.

Le groupe choisi pour distraire la société vient de Brest: le Lipazz Trio, qui remplace le Penn ar trio, ayant été obligé de déclarer forfait suite à quelques problèmes tendineux d'un membre de la formation.

Line-up:
Philippe Champion à la trompette/ Simon Le Doaré à la contrebasse/ Hugo Pottin à la batterie.

Le dernier sévit, e a, au sein de Spontus & Manu Sabate, Velvet Blossom, Momentous Saat ou encore du Jean-Louis Thomas Quartet / Simon, pas si doré,  accompagne Hugo chez Momentous Saat et chez le Jean-Louis Thomas Quartet, il joue pour le Brest Babel Orchestra, Joy Spring   et d'autres formations du Finistère, on reprend le Télégramme: Philippe Champion est connu comme le loup blanc à Brest, où il enseigne la trompette depuis une quinzaine d'années au conservatoire de Brest, lui aussi collabore à plusieurs projet, on cite son duo avec le percussionniste américain Hamid Drake .

Au menu: de l'afternoon jazz mais pas celui que certains qualifient de middle jazz, il suffit de lire la liste des titres interprétés, tu n' y trouveras  aucune plage frisant la variété.

Thelonious Monk, ce n'est pas Benny Goodman, ' I mean you' même joué en mode trot attelé, ça reste une composition captivante.

Le trio enchaîne sur une compo personnelle, un archet fait grincer la contrebasse, la trompette prend des accents noirs et la batterie donne un caractère dramatique à  la mélodie.

Après cette amorce énigmatique , le flow se fait plus limpide et aide à l'absorption de Pouilly-Fuissé.

Steve Lacy a écrit ' Prospectus' en 1983, c'est la trompette qui doit se taper la chansonnette publicitaire qui ébauche le morceau, c'est également Monsieur Champion qui a fabriqué ' B-flat Lick' , comme tu le sais un si bémol pas mou!

Le jeu mixe technicité, envolées lyriques et l'art de l'improvisation.

Pour achever le set 1, ils font appel à 'Waiting for Thelonious' composed by Bobby Bradford . Thelonious n'est pas Godot, on n'a pas attendu en vain.

Pas de racolage ou de recherche de la facilité, mais du jazz haut de gamme.


Pause, coquilles Saint-Jacques et Pic Saint- Loup avant la reprise.

Monk est décidément à l'honneur ce soir, son ' Let's cool one' fait plus de dix minutes mais ne lasse personne.

Place au filmique ' Rashaan Calling'  qu'ils ont probablement composé en songeant à  Rahsaan Roland Kirk et  fondu enchaîné sur Don Cherry ' Art Deco'.

Don Cherry ce n'est pas Bauhaus, qui fait dans le gothique, on te le rappelle! 

Dernière tirade, pour les amateurs de' Alphonse Boudard, le groove des cloportes ou ' Woodlouse Groove'.

Une prestation soignée et estimée!






 

dimanche 29 août 2021

Brave Warrior EP | Keeley

 Brave Warrior EP | Keeley

 

Dimple Discs

NoPo

Keeley brouille les pistes au nombre de 4 sur cet EP 'Brave Warrior'.
Difficile, en effet, de classer ce genre de musique sauf à le glisser dans le large spectre 'indie' avec des saveurs hésitant entre sucré et doux-amer.
Originaire de Dublin et dirigé par la chanteuse guitariste Keeley Moss (auparavant dans l'éphémère Session Motts), le groupe sort une oeuvre conceptuelle basée sur le meurtre, non résolu, de touriste allemande Inga Maria Hauser en Irlande du Nord en 1988.
Peu commun... La pochette ne l'est pas moins par sa conception kitsch et sans compromis esthétique. Les lettres cubiques de 'KEELEY' s'entassent verticalement, au centre, en 6 couleurs vives comme tenues par les doigts de la musicienne sur la photo.
A l'inverse, cette image, en plan serré sur le visage, apparait fade et pixellisée et la main, en avant, semble vouloir cacher ce visage. Le titre, en blanc, fixe une accroche plus classique en bas à gauche.

TRACK LIST
1. The Glitter and the Glue (2:30)                           
2. Last Words (3.10)
3. Never Here Always There (2.30)       
4. You Never Made It That Far (3.30)

La 1ère piste, se promène plutôt joyeusement. Le clip suit un trajet en métro et à travers des couloirs étrangement vides, sauf, aux dernière secondes, où une femme cherche sa voie.
'What a life what a mess' rythme d'entrée le morceau à batterie roulante et riff accrocheur. Le son de basse dodu, laisse la finesse aux riches guitares.
La voix glisse, floue, sur la mélodie attrayante. Nous ne sommes pas loin des Heart Throbes ou de Lush (plébiscités par B.Lenoir et les Inrocks dans les 90's qui faisaient la promotion d'un 'different beat for different feet').

Une cadence électronique, acceptée par guitares et claviers, ouvre la seconde piste. Le synthé tapisse le fond mais ce sont bien les guitares qui dirigent, parfois cristallines, parfois râpeuses, parfois électro.
La programmation basse/batterie, elle, se fond pour laisser tout l'espace aux autres instruments. Le morceau, légèrement triste, fidèle à son titre, possède des effets hypnotiques. L'ambiance me fait penser aux Psychedelic Furs.

La 3è piste, avec sa guitare vaporeuse, plante un décor assez évanescent. La boîte à rythme, si discrète, arrime à peine la mélodie au sol, du shoegaze dans l'air!
La vidéo imagine une partie du périple d'Inga, sac à dos, en train, bateau ou à pieds.
Ici la voix se traîne, plus plaintive. Les traces de guitare ressemblent à des larmes qui coulent. Cette fois, This Mortal Coil me vient à l'esprit.

Un beat programmé fait scintiller des effets électroniques. Des bribes sonores de divers instruments parsèment cette 4è piste sans jamais prendre le pas sur le rythme dominant.
Telle une dream pop assumée, la chanson avance, sans heurts ni efforts, chantée par une voix plongée dans ce groove sombre.
Les paroles imaginent l'arrivée de Inga en Irlande... touchant!

Courageuse et originale entrée en matière de la part de Keeley!
Ici les sonorités et le flot vont de pair avec le sujet traité, une obsession traduite par le blog 'The Keeley Chronicles' depuis 5 ans.
L'artiste maîtrise un genre bien particulier, elle travaille déjà sur un format plus long.
Cet EP, tristement beau, attise grandement notre curiosité!



CREDITS
Keeley – Vocals & Guitars
Alan Maguire – Keyboards & Programming
All songs written by Keeley, except 'You Never Made It That Far' by Keeley/Kiang
All songs published by Copyright Control
Recorded, produced & engineered by Alan Maguire in Portebello, Dublin
Mixed by Alan Maguire & Keeley
Mastering by Anthony Chapman, London
Front & rear cover artwork by Maaike van Liempt
All photography & inner sleeve artwork by Keeley
Keeley logo – Design: Gav Icon Hodgins. Idea: Keeley
Layout by Bruce Brand at Arthole, London
This record is dedicated to the memory of Inga Maria Hauser - the bravest warrior (1969-1988)
Live
Marty Canavan keyboards
Martin Fagan bass
Pete Duff Drums

 

 

 


Jazz ô Château, Yannic Seddiki Trio et Comète Quintet, au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 27 août 2021

Jazz ô Château, Yannic Seddiki Trio et Comète Quintet, au Château de Pommorio, Tréveneuc, le 27 août 2021 

 

Première soirée payante sous le chapiteau installé dans le parc du Château de Pommorio à Tréveneuc, à l'affiche, deux groupes issus de la scène émergente jazz in France:Yannic Seddiki Trio et le Comète Quintet!

 

Le temps de vérifier les bracelets et d'installer un public venu nombreux et après une oraison opportune du Président de l'association Quand le Jazz est là,  le trio lillois fait son apparition sur le podium.

Lorsque Yannic Seddiki entre au Conservatoire à 8 ans, rien ne le disposait à se lancer dans le jazz, médaille d'or de piano au conservatoire de Roubaix en 2008, ce sont Beethoven, Chopin, Ravel , Prokofiev.... qui l'inspirent.

C'est un album d'Avishai Cohen qui lui fait découvrir un autre univers musical, le jazz, il y plonge sans hésiter, du coup sa conception de la musique évolue, ses compositions, désormais, marient classicisme et modernisme.

La musique ne connaît pas de frontières et rejette les oeillères!

Un premier album voit le jour  en 2017 : “Opus 1”, quelques singles lui succèdent et, en 2021, il publie un successeur au premier CD, 'E-Life'.

Il aurait dû jouer à Jazz ô Château en 2020, concert annulé pour les raisons connues, le comité organisateur a tenu promesse, tous les groupes programmés en 2020 seront à l'affiche en août 2021.

Content, il était, le grand Yannic.

Pour l'accompagner, un duo de choc: Yoann Bellefont (cb), Dimitri Delporte (dms)!

Yoann, un roi de l'improvisation, a accompagné Ismaël Métis et joué , e a , avec Call of the Trees, le Sparkly Swing Band ou Cardine Franche.

Dimitri, quant à lui,  est monté sur scène avec le Libertrio! 

Le set démarre par ' Infoxication' ( note bien: info et pas into) qui ouvre le second album, une voix off  narre un un récit mettant en évidence le lien humain, derrière le texte, un piano minimaliste, une contrebasse et une batterie métronomiques.

Le monde selon John Cage n'est pas loin!

Un blanc, le batteur lance un nouveau sample pour introduire ' Microwaves', le piano se fait ample puis saccadé, la voix off utilise l'anglais comme véhicule, après un mouvement proche du symbolisme cher à Debussy, la mélodie gagne en intensité, le médecin appelé au secours constate une sérieuse poussée de fièvre.

Tout à son jeu la comtesse aux pieds nus rebondit sur son siège tandis que ses doigts agiles percutent les touches.

Tréveneuc retient son souffle.

Présentation des musiciens avant d'entamer de manière feutrée, à l'archet, une troisième plage de l'album,  ' A new day' ( le matin, à l'éveil,  l'homme est déconnecté , le portable et le PC sommeillent) ,subrepticement  l'araignée tisse sa toile, nous sommes les mouches emprisonnées dans ses fils.

Petit à petit  le jeu du pianiste se fait plus physique, la composition s'emballe et nous emballe.

Du grand art!

'Duality' , bruits de foule, flux tourbillonnant, les acolytes se recueillent, Yannic place un solo fait de notes répétitives  qui aurait plu à Terry Riley, la contrebasse et la batterie le rejoignent, la mélodie prend corps, la contrebasse brode à la manière de Dave Holland, le pianote sursaute, l'échange devient violent, chacun pousse l'autre dans ses derniers retranchements, qui va rester sur le carreau?

L'archet met un terme à la rixe. 

Un blanc, concentration extrême, avant de proposer une ballade intimiste qui sortira en single en septembre.

Le sujet de 'Black or White Hat' est les pirates informatiques, il y a, paraît-il,  des bons ( au service de l'état) et des mauvais ( les autres).

T'as envoyé un message à madame, mon ange, peux-tu aller vérifier si le PC a explosé?

Pris dans le maelstrom, l'embarcation a du mal à garder le cap.

Ouf, arrivé à bon port, l'équipage et les passagers applaudissent le capitaine à tout rompre.

Sartre disait 'L'enfer, c'est les autres', Yannic affirme on a besoin des 'Autres'.

Une nouvelle pièce de jazz novateur et clairvoyant, tu verrais bien William Sheller coller un texte sur cette composition.

Le voyage, accidenté, parfois périlleux, prend fin avec ce rondo furieux.

Le public debout décerne une ovation monstre au trio, visiblement heureux.

'Stefan' est proposé comme dessert.

 

Pause technique!   


Comète!

Le groupe se forme à l'instigation de Jack Tual ( guitare) qui rassemble des amis musiciens, issus du centre de musiques Didier Lockwood, une école de jazz et de musique d’improvisation en région parisienne. 

 Gaëtan Diaz (batterie), Jack Tual (guitariste et compositeur), Pierre Elgrishi (basse), Olivier Gay (trompette) et Auxane Cartigny (clavier Nord Stage) montent sur scène vers 22:45', ils vont nous conter pas moins de ' Seven secrets' ( un extrait de l'EP sorti en 2017),  sentant bon le jazz rock, aux relents seventies relevés, le Nord prenant des accents Fender Rhodes trafiqué, nous renvoyant vers des gens aussi illustres que Jan Hammer, Joe Zawinul ou le plus jeune, Jozef Dumoulin.

Est-ce du jazz, de la fusion, du rock progressif...peu importe, cette longue plage à la structure complexe  interpelle  et les place dans la lignée de Return Forever, Weather Report ou du Nucleus de Ian Carr.

'Liewy' nage dans les mêmes eaux, d'ailleurs le piano électrique glougloute, tour à tour, les musiciens ont droit à une mise en évidence  en alignant improvisation aventureuse ou jeu raffiné, le sax expire une brise opportune, l'orgue, toujours saturé, impressionne, la basse ronronne, la guitare se fait McLaughlin et le batteur assure un rythme d'enfer, mais ne croit pas que tout coule de source, les brisures sont nombreuses et il arrive au public d'applaudir à mauvais escient.

'Kepler' offre la complexité d'une tirade de Gentle Giant, sans les  vocaux!

La suivante ne va pas faire plaisir à Brigitte.

Macron?

Non, Bardot!

'Good chicken is a dead chicken', la guitare passe du vaporeux aux acrobaties osées, la trompette prend le relais et c'est reparti pour un exercice mixant groove, temps morts, zones d'ombre et envolées furieuses.

Le cocktail est sans doute trop cérébral pour certains, ils s'éclipsent, autre possibilité, il s'agit de regagner la maison de repos avant minuit!

Voici 'Autumn Mood', une ambiance qu'on a connue pendant des semaines, on a même oublié ce qu'était l'été.

Comète continue à brouiller les pistes avec 'Intuitions'  et ' La goutte d'or' ,  des pièces qui arpentent un terrain accidenté .

Un détour par l'espace avec 'Cosmos Child', un bébé prog/funk , ce  titre élaboré nous donne envie  de placer Comète dans la galaxie Magma!

'Popop' se trouve sur le debut EP , si tout va bien un full album doit paraître en 2022.

Quoi, 'Pop' , non rien à voir avec le synthétique 'Pop Muzik' de M.

Comète et le synth disco ne font pas bon ménage.

Clap de fin!


Les rescapés debout pour acclamer cette performance magnétique, faisant plus appel à ton intellect qu'à tes émotions.

Rappel, Comète revient pour un dernier titre destiné à révéler tous les talents de Gaëtan Diaz.


Une première soirée palpitante avec deux groupes dont on entendra encore parler!



 

 


 


 


samedi 28 août 2021

Jazz ô Château: Jazz à 5 Têtes au Château de Pommorio, Tréveneuc le 27 août 2021

 Jazz ô Château: Jazz à 5 Têtes au Château de Pommorio, Tréveneuc le 27 août 2021

 

Délai succinct entre l'apéro-concert des Lucky Bums et le premier concert que Jazz ô Château organise dans les jardins du Château de Pommorio.

Un concert- apéritif débutant à 18:30' qui permet aux festivaliers de se désaltérer sous les frondaisons et de goûter aux mets préparés par Patrig, le  Maître es-fourneaux, épaulé par sa solide équipe de bénévoles, un choix alléchant: coquilles Saint-Jacques de la baie, huîtres du Sillon de Talbert, homards de chez Luximer, crevettes et bulots et les traditionnelles galettes-saucisses, t'es en Bretagne, on te le répète.

A minuit 30' à l'issue des concerts, le chef signale que 3/4 des coquilles prévues pour les deux soirées ont été englouties, pas mal de visiteurs du site sont plus attirés par la gastronomie locale que par le jazz!


Jazz à 5 Têtes est une formation occasionnelle entourant la talentueuse chanteuse Marion Thomas, déjà vue au sein de SomeSwing Else et  leader du plusieurs autres projets, son escorte, ce soir:  le luthier Christophe Leynaud au saxophone, comme elle, actif au sein du Big Band du Penthièvre qui sera à Tréveneuc dimanche/ Johan Bereau au piano ( vu dans un Tribute to Chet)/ Jean-François Derouet à la batterie ( Erick Ronga Trio, Orpheo Trio, le Lady's blues sextet...) et Gilles Rivière à la  contrebasse ( Tribute to Chet, Trio Bass'in, Jak'O Jazz, le Choro Jazz Quartet ou Nigra Safo ....).

Tous des bleus, quoi!

Le programme de l'avant soirée prévoit des standards joués en mode décontracté, faut pas effaroucher les bourgeois!

Démarrage avec ' All of Me' , que Marion chante d'une voix caressante quand elle ne s'essaye pas, avec bonheur, au scat.

Ce soir ce sera du jazz onctueux!

Seconde couche, Fats Waller, 'Ain't Misbehavin'', le classicisme serein convient idéalement à cette fin d'après-midi tiède.

Les balais caressent les peaux, la contrebasse batifole, le piano sautille gentiment, le sax  flirte avec les petits nuages blancs et la voix caramel enrobe le tout.

'Softly, as in a morning sunrise', titre explicite même si l'astre est sur le point de prendre congé.

Une détour par le paradis pour danser ' Cheek to Cheek'  et pour achever le premier set, le titre le plus populaire de Jobim, la samba 'Garota de Ipanema' en portugais.

La classe!

 

Dix minutes de pause, annonce la dame en noir.

Le temps est une chose relative, donc tu multiplies par deux avant de les voir rejoindre le podium.

Set 2

Reprise avec 'Song for my father' de Horace Silver, suivi par ' Night and Day' .

Tu rêvais d' Ella quand les 5 têtes ont entamé la ballade ' Stolen Moments' d'Oliver Nelson.

Pour toutes les âmes sentimentales, voici 'But not for me' de Chet Baker, il n'y a pas de caresse plus légère!

Une tranche d'humour, le petit blanc est dû à Gilles qui part à la recherche de l'archet de Noé au crin humide, t'es prêt mon grand, allons-y pour 'Angel Eyes'.

Jean Gabin y va de sa tirade, t'as de beaux yeux, tu sais, Michèle Morgan  demeure énigmatique! 

Uh, uh, uh... des picotements dans la gorge, un coup de Perrier et on termine le concert par ' Caravan'.

 

Une prestation élégante, appréciée par le beau monde et les laquais! 

 

 



Jazz ô Château: The Lucky Bums aux Cochons Flingueurs, Saint-Quay-Portrieux, le 27 août 2021

 Jazz ô Château: The Lucky Bums aux Cochons Flingueurs, Saint-Quay-Portrieux, le 27 août 2021

 

Journée marathon pour le troisième jour du festival Jazz ô Château.

Le symposium débute à 11:30 aux Cochons Flingueurs, le bar/resto avec vue imprenable sur la mer , t'étais pas venu pour t'enfiler un thon rouge grillé mi-cuit, mais bien au concert-apéro ( un Ricard svp) donné par The Lucky Bums.

Non, Brigitte, la plage n'est pas encore abandonnée, le soleil est au rendez-vous, coquillages et crustacés bronzent à nos pieds, c'est pas tout à fait la fin de l'été.

The Lucky Bums, des clochards pas malheureux ayant sans doute choisi leur patronyme en entendant  Dave Alvin fredonner 'Two Lucky Bums'.

Dave en connaissait deux, les Bretons sont quatre: Jean-Louis Nouaux : chant, guitares ( un tennisman chevronné, auquel ton épouse trouve un petit air Bryan Ferry, elle n'avait pas encore bu, toi, tu pensais à Dick Rivers) -  Jean Marc Le Flour : chant, contrebasse, basse électrique qui accompagne aussi Sunny Inside - Stéphane Pasquet : chant, guitare, trompette et bugle et le vétéran toujours vert, Gérard Blotteau : batterie, washboard (vu avec  Les Trimarantes et Coast ar jazz).

La fiche mentionnait: jazz old time, blues, country blues, swing manouche et bossa nova.

Pas entendu de bossa mais bien du Western Swing, du country rock, de la salsa , du rhythm and blues, du folk rock et quelques touches de rockabilly, le tout servi bien emballé et avec le sourire.

Si ces braves gens restent discrets sur le net, par contre sur scène ils se démènent.

Comble de l'ironie leur set démarre par 'The last time', pas celui des Stones, non un jazz aux couleurs western swing qu'Eric Clapton, un jour, a interprété aux côtés de Wynton Marsalis.

La touche rétro est soulignée par la washboard de papy Gérard, toujours coiffé de son feutre blanc crème.

Exit la planche à lessiver, Gérard a ramassé ses baguettes pas trop cuites, la clique attaque 'Hallelujah I Love Her So', chanté en duo.

Ray a ôté ses raybans, il n'y a entendu que du feu.

La suite:  Django Reinhardt , " I'se a Muggin'", superbes lignes de guitare et harmonies vocales sucrées, et  'Minor Swing'  qui demande une pompe, Stéphane s'en charge.

Retour de la lessiveuse pour 'All of Me', puis John Louis from Callac, Texas, propose 'Cannonball rag'.

Gaffe aux cactus, Jacques,  ça pique.

Au loin, un merle, ravi, sifflote !

Décontraction, humour et savoir-faire sont au rendez-vous, les Pieds Nickelés enchaînent sur 'Just a gigolo'.

"Prima", murmure un flamand de passage!

Jean-Louis saisit une Fender pour le fameux 'Two lucky bums' suivi  par un doublé géorgien, 'Sweet Georgia Brown' et ' Georgia on my mind', et sa mute trumpet.

 T'as failli pleurer.

Nouvelle claque,  Tito Puente revu par Santana, ' Oye Come Va', la Fender chaloupe, les clients tanguent, mambo à gogo!

Retour au Texas pour 'Deep river blues' joué en picking brodé.

Allez, Gérard, envoie..., c'est parti pour un petit rock, boum boum font les cueilleurs de coton, ' Cotton Picker'!

Le morceau inspire les mouettes qui en chorale entament 'Just Because', Elvis a quelques soucis avec sa copine et ne veut plus jouer au Père Noël.

En France, on a la Nationale 12, aux States, ils ont la 'Route 66'.

La Fender crache le feu pire que le pot d'échappement de la Ford Mustang de Steve McQueen dans Bullitt.

Une tranche de country rock pour suivre, CCR, 'Looking out my backdoor', suivi par le remuant ' Central Time' de Pokey LaFarge.

Qui va se taper le sifflement clôturant le grandiose ' Dock of the bay'?

Ils seront deux, Jean-Louis et Stéphane, pas de jaloux.

Le temps passe disait Vania,  on vous balance une country ballad vite fait avant de passer à table, le choix c'est porté sur 'The Coming Home of the Son and Brother' de Robert Earl Keen.

 

T'as quitté les Flingueurs avec le sourire aux lèvres, les Lucky Bums  sont peut-être des clochards, mais ce ne sont pas des empotés!


  


vendredi 27 août 2021

Jazz ô Château: Stomp Stomp au Centre de Congrès de Saint-Quay-Portrieux, le 26 août 2021

 Jazz ô Château: Stomp Stomp au Centre de Congrès de Saint-Quay-Portrieux, le 26 août 2021

 

Lunch rapide, petit café, vérifications des mails reçus, faire pisser le chien et en voiture, à nouveau vers Saint-Quay où Stomp Stomp est attendu au Centre de Congrès.

19:30 disait le flyer, à 19:25' une longue file se traîne le long de la plage du Casino.

Je vous assure cher cousin que vous avez dit bizarre.. l'explication viendra  lorsque l'assistance soit installée, après les désormais inévitables contrôles sanitaires.

19:58', manifestement il y a  un couac, 20:00, un retardataire, essoufflé, termine son marathon, Franck, la trompette, s'est tapé Lannion- Saint-Quay au pas de course. 

Il passe au vestiaire enfiler son costume de scène tandis que le président de l'association Quand le jazz est là saisit le micro pour placer un bref laïus, le Maire de l'entité lui succède, il faut meubler pendant que les Nantais, peu nantis, terminent leurs préparatifs.

20:10, le quintet à l'ouvrage.

Line-up: trompette, Franck Beele/  piano,Thomas Mayeras / batterie & vocaux,  David Avrit /  sax alto & tenor ,Thomas Croguennoc et à la  contrebasse, Jeff Vincendeau.

David, le chef au look membre de la Bande à Bonnot, lance la machine en entamant 'On the sunny side of the street', on est en 1930 , les States n'ont pas encore digéré the Great Depression.

Une version essentiellement instrumentale, quelques lyrics sont  fredonnés par David la casquette en fin de litanie.

Nous étions prévenus, le credo de Stomp Stomp c'est le traditional jazz des thirties et forties , celui que Stanley Dance a baptisé mainstream jazz, que certains, en faisant la moue, qualifie de jazz à papa.

Du swing, certes, mais pas de quoi effrayer grand-mère.

La suivante, 'Tickle Toe' , un écrase orteil, s'entend sur leur CD 'Handful of Swing'.

Leur version ballroom swing est plus proche de Count Basie que de Lester Young.

C'est bien foutu, propre et smooth, Saint-Quay est aux anges.

Fats Waller, 'Buckin' the dice' , double six, qui fait mieux?

 Gaffe, les filles, ... old Macky's back in town..., c'est rondement mené, les petits soli se succèdent, ta voisine sourit, applaudit à bon escient et la troupe enchaîne sur 'When I get low' entamé par quelques fingersnaps et un jeu de piano sautillant.

Une mute trumpet pour étouffer les sonorités agressives, la croisière s'amuse.

'Capital Idea' de Gene Krupa s'avère plus musclé, sans excès de fantaisies toutefois.

L'affiche promettait de laisser de l'espace pour les danseurs, jusqu'ici ils chômaient.

'This can't be love' ne connaît pas plus de succès sur la piste, il manquait le velouté inimitable de Nat King Cole.

Une compo personnelle pour suivre, 'Toot that Thing' , la vie est un long fleuve tranquille, tout baigne, c'est rassurant, glabre et soigné, mais Clelia s'énerve, elle attend un grain de folie,  l'étincelle qui doit embraser la salle, elle ne viendra pas.

Too pity, le public, aussi sage que les musiciens, ne s'en offusque pas.

Les titres se suivent: une romance signée Fats Waller,  'Until the real thing comes along', 'Bernie's Tune' de Gerry Mulligan passé au micro-ondes,' L.O.V.E. ' very, very extraordinary chanté par Nat King Cole, Fats Waller ( encore) ' All That Meat And No Potatoes', pas le titre préféré de ta belle-soeur , végétarienne stricte, puis  'A walkin Thing' .

Fondu enchaîné sur un roulement de tambour, petit aparté du piano, le batteur s'acharne, les cuivres entrent en piste, la contrebasse suit le rythme, enfin, une pièce énervée ( Moppin' and Boppin') .

Retour au schéma pondéré avec 'I've got a right to cry' de Joe Liggins, suivi par un 'Night Train' bien plus lent que le TGV, ' Yacht Club Swing' ,un navire de plaisance qui n'atteint pas  la vitesse de 80 nœuds, pas de record du monde prévu.

'Voilà ' The Sheikh of Araby' en visite dans le coin pour acheter le Stade Briochin, il est sur la piste Ronaldo.

 Après un nième  Fats Waller , la clique se paye un conclave afin d' opter pour une dernière pièce, ce sera ' Baby Brown' .


Applaudissements nourris et un bis réclamé par les plus acharnés, 'Little Foot Swing'!

Il est l'heure de quitter le Savoy quinocéen, une longue journée nous attend demain! 



 

 

jeudi 26 août 2021

Jazz ô Château: Air Groove Tempo au Bon Dieu sans Confession à Saint-Quay-Portrieux, le 26 août 2021

 Jazz ô Château: Air Groove Tempo au Bon Dieu sans Confession à Saint-Quay-Portrieux, le 26 août 2021

 

Démarrage de la sixième édition du festival Jazz ô Château, après la projection du film-documentaire  "Amazing Grace" au cinéma Le Korrigan à Etables - sur-mer, c'est à la fanfare Air Groove Tempo qu'échoit l'honneur d'ouvrir les hostilités en musique.

Deux rendez-vous, le premier rue Georges Clemenceau face au convivial bistro Le Bon Dieu Sans Confession , le second au port face à l'Ecume!

Toutes les affiches mentionnaient 11:30, surprise en arrivant dans l'étroite ruelle vers 11:15, l'orphéon est déjà en pleine activité devant un public  substantiel.

Et alors, Yvon?

Ben, erreur de communication, les artistes pensaient devoir jouer à 11h.

Pas un peu tôt pour l'apéro?

Du café svp!

 

Air Groove Tempo, courte présentation:  une fanfare jazz lannionnaise, issue des anciens ateliers d'improvisation de l'association Tempo, elle propose un style de jazz dynamique avec du swing et, bien sûr, du groove !

Ils étaient dix-huit, le rouge et blanc à l'honneur, des cuivres à profusion, des flûtes de 10 à 30 centimètres, deux guitares, un set de batterie, un sousaphone et un mélodica à touches piano, équipé d'un tuyau.

Après avoir salué le souriant président en pleine danse lindy-hop au ralenti, tes oreilles prêtent une attention soutenue au cocktail swing proposé par l'orchestre.

Du Cannonball Adderley, version boulet breton, du Dave Holland à l'écoute des oiseaux, la troupe joue à l'unisson puis, tour à tour, saxophone, trompette, souba, flûte traversière ou mirliton se tapent une envolée solitaire, tantôt attendrissante, tantôt enjôleuse, mais toujours avec maestria.

Faut dire que chez ces gens là, il y a peu de manchots, et puis quand tu invites  Sean O’Connor, le saxophoniste canadien qui a côtoyé, e a,   Sam Rivers, Don Byron et quelques autres sommités de l'univers jazz, tu peux présenter une belle carte de visite.

Le chef d'équipe présente les solistes et annonce un Miles Davis,.

So What?

Oui, c'est le titre de la composition du plus grand trompettiste de tous les temps.... quoi, Simone, tu préfères Chet Baker, normal, tu es sentimentale!

Un petit solo délicat au mélodica et on reprend le thème avant d'attaquer un 'Alligator Bogaloo'  qui chaloupe plutôt allègrement pour un raide saurien.

Lou Donaldson, c'était pas un âne.

On termine la première prestation par un titre de John Scofield, 'Do like Eddie' .

C'est qui Eddie?


Eddie Harris au  tenor saxophone!

Etonnants ces arrangements cuivrés pour une composition prévue pour la guitare. 


Prestation très prisée et tandis que la troupe déambule vers le port, tu regagnes ton chez toi en attendant le concert de la soirée.

 


mercredi 25 août 2021

Tiki Paradise aux Mardis du Port, Quai Neuf à Paimpol, le 24 août 2021

Tiki Paradise aux Mardis du Port, Quai Neuf à Paimpol, le 24 août 2021

 

Clap de fin pour les Mardis du Port à Paimpol , les groupes Tiki Paradise et Eighty’s Only ont pour mission de divertir les derniers vacanciers et les locaux sur le Quai Neuf, auquel tu as accès en montrant patte blanche.

Un petit vent frisquet,  les contraintes sanitaires, la carence de terrasses, autant d'éléments peu propices à attirer les masses face au podium.

Ce qui ne va pas décourager les quatre mignons barbus,( non, pas des Talibans, Claudine), tous vêtus de chemises Aloha stylées et portant d'avantageux raybans ( achetés sur Groupon, quatre pour le prix de trois), formant le groupe Tiki Paradise.

Quoi encore, Claudine?

S'ils consomment de l'Oasis, aucune idée, renseigne-toi auprès de Carlos!

Les consignes à l'ingé-son  pendant la balance sont claires, on veut de la reverb sur tout, même sur le triangle.

Le line-up:  Martin Feuvrais : contrebasse / claviers divers -  Benoît Rutten : batterie / percussions -  Niko Chatalain : piano / guitare et  Erwan Salmon : saxophones / synthé.

Certains noms provoquent une étincelle dans ton cerveau fatigué, ainsi Niko, tu l'as croisé au sein de  French Song Del Mundo ou aux côtés de Vincent Prémel, Martin s'amuse chez.SPIEL et The Forroscopic's, Benoît, le gréviste, tape sur des peaux chez General Strike, Erwan, quand il n'essaie pas de battre le record de France du nombre de saxophones qu'il peut jouer en même temps, s'amuse solo ou au sein de Swing of France et de  Kanetahaal.

Les trois derniers font tous partie du groupe ska rennais, Buster Kingston

Comme le nom du groupe l'indique, ce soir tu ne vas pas subir du rapcore ou de l'industial trap, le credo de Tiki Paradise, c'est l'exotica, un peu dans le style de Compro Oro en Belgique. 

Les fans de Perez Prado, de merengue, de mambo, de Les Baxter et de clairs de lune à Barbados vont se régaler.

Bruitages d'oiseaux exotiques ( interdits à l'exportation) suivis par des bruissements de caxixi , habilement secoués, pour entamer le classique ' 'Quiet Village',  un instrumental, aux sonorités mambo, composé par Les Baxter.

Les quelques effets élastiques sont probablement dus aux déplacements aériens de Tarzan, parti inviter Jane à une surprise party avec les chimpanzés du coin.

Caliente, qu'il dit, ce qui a fait sourire un Cubain égaré, pour lui 18°, c'est l'hiver!

Comme la plage précédente, 'Shake the can' se trouve sur l'EP 'Mysterious Safari of Tropical Melodies' que le combo a pondu en 2020.

Quand elle te souffle, on tirait 'Tequila', tu souris et acquiesces, en ajoutant, t'es une championne.

Intro synthétique sur le petit Novation, effets theremin à l'arrière, c'est parti pour un western de la jungle, enrobé de choeurs séraphiques, le titre est indéchiffrable sur la playlist, on peut toutefois dévoiler que le libellé n'était pas roman.

 Les Criterions ont gravé ' Island Fever' en 1959, en 2021, la fièvre est toujours présente!

Vrombissements de Harley Davidson, quelques notes de piano, 'The Lion'  est sorti de sa tanière, sans intentions belliqueuses, ça balance pas mal à Paris, chantait France Gall, dans la savane on ne s'emmerde pas non plus et on semble aimer la lounge.

Pas de mojito, ni de pina colada ou de blue hawaiian à la buvette , t'es pas au Bora Bora, ne t'attends pas à voir surgir Robert Mitchum, plus qu 'éméché et cherchant la bagarre, c'est dans un autre film.

  On a transformé le jazz ' Swamp Fire', qui était au répertoire de Jimmy Dorsey et de son orchestre, en swing marécageux, mais avant de vous balancer ce morceau il faut qu'Erwan termine ses préparatifs , car il se propose de jouer de ses deux saxophones ensemble.

Beau numéro de cirque, les pompiers, appelés par un fantaisiste, n'ont pas eu à intervenir, pas d'incendie sur le port.

Rak tak tak fait Erwan, le batteur embraye en frappant sur une cowbell, le piano tangue, la contrebasse s'en balance, c'est parti pour une version sexy de 'Frenesi', un jazz classic étant resté 13 semaines au sommet du Billboard en 1940.

 Titre  idéal pour tomber amoureux de la pin-up épinglée dans la cabine du Berliet GLR.

Dommage que Tiki Paradise n'avait pas invité Caterina Valente pour pousser la chansonnette. 

Toujours en mode surf music, voici le débridé ' Tum Tiki' ; suivi par une composition du groupe, 'Oriental Madness', sur un rythme paresseux de dromadaire placide, probalement sous l'influence de narcotiques pas catholiques..

Un délire au sax annonce ' Taboo' , un morceau que Les Baxter a emprunté au ' Tabu' du Cuarteto Machin.

La version proposée par les barbus bretons se montre vachement plus rythmée, Niko en profitant pour mitrailler sévère, ça chauffe, Marcel.

Après un faux départ, le groupe nous propose une escapade sensuelle à 'Allahabad', du temps de l’empire britannique et, comme nous sommes tous épris de voyages,  on poursuit le trip nous conduisant à un ' Persian Market', très animé.

Loukoums, dattes, baklava et tapis Bakhtiar....

Dis, Masoud, c'est normal l'étiquette Made in Hong Kong épinglée à l'arrière de la moquette?

On termine l'excursion avec deux de nos oeuvres,  'Italo Mambo', pour le pas de danse tu te renseignes auprès d'Aldo Maccione, éventuellement tu sonnes chez Gérard Darmon et, enfin, l'aqueux ' Con Tu boya' , orné de vocaux frelatés, style Donald Duck énervé.

Tu dis, Clelia?

Tu ne regrettes pas d'avoir manqué ' Un si grand soleil', super, je te paye une Bonne Humeur au Terre Neuvas!

 

 

 

   

lundi 23 août 2021

Les Pepe Ly à la P’tite Morue en fête à l’avant-port de Binic, le 21 août 2021

 Les Pepe Ly à la P’tite Morue en fête à l’avant-port de Binic, le 21 août 2021

 

 Annulée en mai ( pandémie, confinement, mesures sanitaires, tu connais la chanson!) , la Morue en Fête revient à Binic les  20, 21 et 22 août 2021, sous une forme réduite, d'où une P'tite Morue en fête, pas de panique, taille minimale du poisson respectée, pas question de le refoutre à l'eau.

Cette édition 23 débute le vendredi avec l'arrivée des voiliers traditionnels au port, une animation musicale animée par le le bagad Sonerien Sant-Ke et des danses bretonnes.

Le samedi, de la musique sur les rafiots, une fanfare, des danses, un exercice pyrotechnique et des concerts sur l'avant-port, au menu:  15 h : les Pepe Ly /17 h 30 : Avis de Grand Frais/ 20 h : Bastringue Général / 22 h : Kervegan's

Le dimanche, animations diverses.

Les trois jours: morue, morue et morue!


Le samedi, tu te mets en route tôt, tu as suffisamment expérimenté les problèmes de parking de la cité des Embruns. 

Vers 14:00, si ce n'est pas le calme plat sur les quais, on est loin toutefois de l'affluence premier jour des soldes, Binic est toujours à table!

Les animations annoncées sont au point mort, les touristes musardent paresseusement, parfois rappelés à l'ordre, courtoisement,  par la maréchaussée qui doit veiller au port du masque.

Glande prolongée dans l'attente du premier concert, ce qui te permet d'admirer, à marée fort basse, le décoratif tapis d'algues vertes sur les plages de la station balnéaire.

On nous explique qu'il ne faut pas pointer du doigt les pratiques agricoles intensives, les responsables sont les gens, qui, comme vous et moi, utilisent le shampoing profusément.

15:00, pas de bousculade pour pénétrer dans le pacage, t'es le premier à présenter ton portable avec le désormais indispensable QR Code, deux minutes plus tard nous sommes trois face à la scène où le duo les Pepe Ly piaffe d'impatience, sont légèrement surpris de voir une foule aussi compacte ( heureusement après 20', l'assistance sera honnête), ils démarrent de manière physique par une version destroy, au ralenti, et bourrée de fuzz de 'Working Class Hero'  que John aurait appréciée avec certitude.

Tu dis, Eddy?

Les présentations, ah oui, sorry, la jolie dame, à la voix farouche, se nomme Raphaëlle Guinand. Quand en 2015 elle se présentait aux  auditions de la  Nouvelle Star, elle a signalé venir de Lyon.

C'est elle la pépée de Lyon, elle tourne dans le Rhône-Alpes, puis intègre Purple Lady, plus tard Submarine Fm, ensuite elle décide de repartir solo, enregistre l'EP 'The Present' ( 2017) sous le nom Pepe Ly.

La même année, elle rencontre  Eric Bensoussan, catalogué musicien atypique, ayant pas mal roulé sa bosse et pratiquant une flopée de styles, on lui connaît plusieurs albums, il compose des B O ou des fonds sonores pour le théâtre, il a joué aux côtés de Gabrel Yared ou de Linley Marthe, fait partie de plusieurs formations, a produit ou arrangé plein de disques, ce mec, un jour, quelque part, subjugué par la voix et la présence scénique de la nana, lui propose de faire équipe, ils deviennent LES Pepe Ly.

Des tonnes de concerts, de Lille à Menton, et en 2021, un premier full album après le 'Live à Morteau' audible sur Spotify.

Satisfait, Eddy?

Ils enchaînent sur une compo à eux, 'la Pute',  sur un texte de Pierre Yves Lebert, démarrant par une cascade d'effets wah wah.

Oui, il y a du Catherine Ringer dans le phrasé de l'effrontée Raphaëlle, oui, la guitare du gars à la liquette fleurie et au froc post -Woodstock fait des ravages, oui,  tu peux aussi évoquer Alice Animal.

Oui, ce duo t'a convaincu après seulement deux titres.

La suite sera du même acabit, la fille tend une acoustique au sosie de Pierre Vassiliu, le duo attaque 'Gueule de Con', une chanson d'amour tournant au vinaigre.

Le gars décrit dans la chanson est aussi jaloux qu'un vide ordure, tu vois le style.

Après les scènes de ménage vient la reprise de George Brassens, 'Je me suis fait tout petit', amorcé par quelques onomatopées viriles sur un fond bluesy virant très vite au  swing manouche.  

Après le cérébral 'Un flic, un citoyen' , Binic a droit à une version géante de 'I put a spell on you', d'une voix digne de Janis Joplin, la pépée crie sa hargne.

Screamin' Jay Hawkins a demandé un congé pénitentiaire pour lui demander un autographe.

Elle saisit une flûte traversière et d'une voix trafiquée à faire pâlir Nina Hagen attaque 'Wise', Binic accompagne en battant des mains.

Une horde de pirates a envahi l'enclos pour entamer un pas de danse peu orthodoxe, ambiance!

Tu l'as appelé comment 'ton chien'?

Jésus, ce con m'a pissé dessus, j'ai opté pour Allah, il m'a mordu.

On te passe quelques détails, mais le clebs est devenu maso puis suicidaire, bref ce texte, acerbe,  bourré de métaphores, cogne et fait réfléchir.

Monsieur soliloque, il a son opinion en ce qui concerne les femmes, puis on passe en mode ballade à un des moments les plus forts du set, 'Tout va bien'. 

On ne tient pas à te dévoiler l'intrigue mais si l'herbe était tendre, que des coccinelles y batifolaient, la jolie robe s'est entachée de sang.

Nouvel reprise imparable, ' Strange Fruit' de Billie Holiday.

 Des frissons dans le dos et si il y avait des magnolias, ce n'étaient pas les mêmes que ceux que chantait Claude François.

Pour ponctuer le côté dramatique de la chanson, le sieur Bensoussan nous assène une série de riffs meurtriers.

Tu veux du funk, écoute le juteux et noir  ' Que zap dip dip' suivi par ' Madame de' d'inspiration Jacques Brel.

Quelques intonations La Castafiore avant d'embrayer sur  les suivantes, un  texte bilingue  précède 'Les étoiles filent', au chant saccadé et à l'appel à participation active d'un public assez mou.

Eh,  Eric, tu ne te bases plus sur la setlist?

Ecoute, fillette, on n'est pas ici pour être ordonné, ni rabbins!

Après un morceau  faisant écho à  Dino Buzzati, pendant lequel Raphaëlle dégorge l' angoisse de se sentir seule, avec l'impression de ne pas avoir tous les morceaux du puzzle,   ils enchaînent sur 'The sun is high', un sacré mix Janis Joplin/ PJ Harvey  sur guitare hendrixienne.

 La voix tantôt haletante, tantôt suppliante, s'adresse autant à tes neurones qu'à tes tripes.

Retour au funk avec 'Maïakoumbata' . 

Du funk all by myself , sans basse, ni orgue, ni percus, ni sax, ni trompette, rien qu'une guitare, magique,  et des pédales, la fille de Lyon y ajoute un flow hip hop bouillonnant.

 Binic apprécie et se déhanche.

On a encore un  tour dans notre sac,  le standard du jazz, ' Summertime', revisité à la mode lyonnaise va vous surprendre, et toi, le Belge, si tu y entends du Vaya con Dios, on ne t'en voudra pas.

Ainsi se clôturait une prestation haut de gamme, donnée par un duo qui a du chic et du genre.

Ils seront à Thônes le 26 août, alors si t'es dans le coin, après avoir goûté au reblochon, dirige-toi vers la  Place Avet, c'est là qu'ils se produisent.


T'avais l'intention d'écluser une ou deux Coreffs au Chaland qui Passe, sur ta route, tu croises la Fanfar' ô Pruneaux, toujours aussi facétieuse, qui balance une version brassée de 'You really got me' pour la plus grande joie des badauds.

Pas une seule chaise au Chaland... tabarnak, mon cher Robert, te voilà bien marri, comme ton épouse revient en soirée, après une escapade parisienne, et qu'une vaisselle de trois jours traîne sur l'évier, tu juges sage de regagner   ton buron!

 

  



 

 



samedi 21 août 2021

Kenleur Tour à Saint-Quay-Portrieux ( Jardins du Port), le 20 août 2021

 Kenleur Tour à  Saint-Quay-Portrieux ( Jardins du Port), le 20 août 2021

 

 Le Kenleur tour est un spectacle itinérant  organisé par les fédérations départementales de danses bretonnes, il met en valeur  la richesse des cercles et bagadoù départementaux.

 La confédération Kenleur est  issue de la fusion des fédérations de cercles celtiques Kendalc’h et Warl’leur, nées en 1950 et 1967.

L'unification a pris court en 2020, les activités des deux ligues ont pris un coup de frein en 2020, année de la pandémie, mais elles ont repris lors de l' été 2021.

Du 12 juillet au 22 août, une caravane culturelle ( Airstream de 1975, transformée en scène ambulante) sillonne la Bretagne, 53 étapes sont prévues.

En ce 20 août, la smala fait escale à Saint-Quay-Portrieux.

Le programme est copieux, il débute par une balade contée en matinée, puis viennent les animations pour les enfants et enfin  dès 17:30', le cercle de Saint-Quay-Portrieux ente en action.

Le menu du jour, servi avec le sourire....

18h : CONCERT
Piau de bique
Gwen et sa Rémi Martine trio
War-Sav
Bagad de Saint-Quay ( Bagad Sonerion Sant Ké )

20h : FÊTE DE LA FUSION
Défilé de danses et costumes avec les associations de Kenleur Côtes-d’Armor

21h : CONCERT
War-Sav
Stéphane & Michel
Awen An Douar
Modkozmik

 

17:50: pile ou face,  Guingamp ou Saint-Quay-Portrieux.

La pièce ( un franc de 1990, avec la semeuse) indique Saint-Quay, le Fest Deiz débute à 18h, tu seras vachement en retard en quittant ton chez toi à 18:20'.

Le temps de garer ta charrette, de redescendre vers le port, d'exhiber le désormais inévitable pass, il est 18:45 lorsque tu pénètres dans l'enceinte entourée de barrières, car les non-vaccinés se voient refuser l'accès de l'espace qui ressemble de plus en plus à un jardin zoologique.

Un peu sinistre de voir les pestiférés contempler les privilégiés tourbillonner face au premier groupe de l'après-midi.

Heureusement, nous n'avons aperçu aucun écriteau' Défense de nourrir les animaux', mais nous commençons sérieusement à ressembler à des babouins et des guenons!

Sur scène Gwen et sa Rémi Martine, en formule trio, ont entamé les derniers grains de leur chapelet, la piste de danse ( merci Monsieur le Maire pour le beau plancher), fait le plein, normal, après un an de privations!

 Un Breton sans Fest-Noz c'est comme Tarzan sans Jane!

Donc,   Gwenola Larivain, jolie robe,  ( pas vu de bombarde pendant les morceaux auxquels tu as assisté), au violon, le pingouin chapeauté, Rémi Martin, ex-membre des Carré manchot, il  ne roule pas en Aston Martin, à l'accordéon diatonique et pour l'occasion, un invité, Tony Mc Carthy, le plus breton des natifs de Cork, membre de The Boys in the Gap et de Sonaj, à la guitare acoustique, ont enfilé gavottes, plinns, an-dros , laridés, ronds de partout, polkas et autres danses traditionnelles, pour le plus grand plaisir des Quinocéens et des estivants, se prenant au jeu et remuant comme de purs produits bretons, l'absorption de beurre salé, de bolée de Paimpol,  et de galettes saucisses leur ayant facilité la tâche.

L'heure fatidique approche, un organisateur  signale aux virtuoses que c'est la dernière, elle démarre en mode klezmer ce qui décontenance les ballerines qui hésitent à se lancer sur la piste, ne sachant sur quel pied danser, après 90 secondes, le thème est reconnu et la ronde s'agite en mesure, avant d'applaudir consciencieusement les artistes et d'aller écluser quelques Coreffs à la buvette.

Au suivant:  Piau de bique!

D'où sort cette marque déposée?

Un instruit te signale que  Les Gâs du Tsarollais, une association de Charolles, pas tous vegans, ont dans leur répertoire le chant 'Ma Piau d'Bique',  ton arrière-  grand-mère maternelle se souvient que des bergers étaient vêtus de peaux de bique, c'était à la fin du 19è siècle.

On continue à creuser et on te tient au courant!

Jean-Yves Paulic et Corinne Foucat forment le duo Piau de Bique, depuis plus de dix ans, ils se sont spécialisés dans le chant à danser  de Haute Bretagne , le Kan ha diskan n'a plus aucun secret pour ces deux chansonniers chevronnés.

Un gars de Nivelles, perdu dans  la foule, mais moins émotif que Edith, trouve une certaine ressemblance entre le pince-sans-ritre Jean-Yves et la gloire nationale belge, Lange Jojo, le Grand Jojo, celui qui a combattu aux côtés de Jules César et dont la soif est légendaire.

Entrée en matière pandémique avec le goguenard 'Passepied du Confinement', comme tu le sais le passepied est une danse à trois temps, le texte a beaucoup plu à monsieur Seguin et à sa chèvre.

La suite de Kérouézée compte 52 temps, elle se pratique dans le Penthièvre, cette danse potagère fait aussi appel à Césarine et à ses poules, qui, malheureusement,  n'ont pu se déplacer dans le Goëlo.

Pas le temps de se reposer, le duo amorce un avant-deux, originaire du Pays Nantais, au texte toujours aussi imagé, suivi par un dernier laridé coloré et, tout compte fait, moral , ' Mon père  n'avait pas'.

Il est  temps de s'éponger et de refaire un crochet vers la buvette en attendant la suite.   

Peu de matos à démonter, donc War-sav s'installe promptement, exécute consciencieusement le soundcheck avant d'en découdre.

War-sav = debout, pas pour les Polonais, mais pour les bretons.

Le fougueux quintette anime fest-noz, festivals de musique celtique ou fêtes bretonnes depuis une dizaine d'années déjà, pourtant à les voir sur scène, tu ne leur donnes pas plus de 24 à 25 ans.

War-sav, c'est une transfusion sanguine apportant un sang nouveau et  bouillonnant  dans les airs traditionnels du Trégor, de l'Argoat , des Cornouailles ou du pays de Fisel.

 Elouan Le Couls au violon, Quentin Guillou à l’accordéon, et Camille Bossard à la guitare sont les instigateurs du projet, ils sont rejoints par Korentin Le Davay au chant ( un mercenaire infatigable prêtant sa voix formidable à bon nombre de formations, e a, Cornée/Le Davay, Davay/Priol, Egin, Messager/Le Gallic/Davay  ou New Leurenn #1,) et Mathieu Messager à la bombarde, un barbu qui lui aussi peut présenter un  Curriculum Vitae bien fourni.

Le groupe vient de sortir l'album " Ar vuhez" disponible chez Coop -Breizh ou lors des concerts.

Avec War-sav les airs traditionnels sont sérieusement dépoussiérés et reçoivent un traitement impétueux.

Après une première danse endiablée, portée par le timbre véhément de Korentin, l'accordéon amorce une pièce plus posée ( une Fisel ton Simple) , à mi-chemin entre un air de procession funèbre et la complainte pleurnicharde, très vite l'affaire change   d'allure pour s'énerver grave. Sur la piste, la farandole carambole.

La troisième pièce s'avère encore plus bondissante, la bombarde, frivole, caracole, violon, acoustique et accordéon tissent une toile de fond, Korentin lance quelques Yehaah, Yehaah bien frappés pour faire honneur à son galurin, John Wayne, en villégiature dans le coin, s'est vu surpris car les autochtones ne pratiquent pas la Country Western  Line Dance comme dans l'Indiana.

Du coup le violon d'Elouan  s'envole pour rejoindre mouettes rieuses et goélands farceurs dans un ciel indigo, le tempo devient infernal, ce qui n'effraye guère Louison et son cavalier qui en ont vu d'autres, encore plus fébriles, c'était avant la guerre d'Algérie.

Une avant- dernière, pour les Trégorrois, les pays de la Mée et pour Bernadette, ce sera une mazurka plus calme, vu toute l'énergie déployée lors des danses précédentes.

Un rond de Loudéac clôture cette première prestation exemplaire.

On revient après les défilés!

Après une courte prestation du Bagad Sonerion Sant Ké ( Scottish, plinn et jerk au menu , cherchez l'erreur) appréciée,  les associations de Kenleur Côtes-d'Armor serpentent et font admirer leurs splendides tenues de cérémonie ( un monde oublié,  en noir et blanc)   leurs coiffes bigoudènes fines, des toukenns ou  bonnets à grand fond, les collerettes brodées, quelques camisoles colorées, pour les hommes, la sobriété, le noir et le sérieux sont de mise.

Les reconstitutions historiques, c'est bien beau, mais le passé  armoricain ou morbihannais n'est pas le tien, après 45' de déambulations didactiques sur un catwalk improvisé, tu décides d'avaler un dernier breuvage artisanal avant de regagner ta chaumière.