Guadal Tejaz lors de l'événement Bouzille de Fous à l'Estran, Binic, le 9 octobre 2021
Bouzille de Fous, pendant trois jours à l'Estran à Binic: tatouages et live music...
La Nef D Fous et Dakota Tatouage ont décidé de collaborer pour ce nouveau projet qui, à première vue, a récolté l'assentiment du bon peuple breton.
En ce samedi d'été indien ( merci Joe), il y avait du monde dans la belle salle proche du charmant port de plaisance binicais.
Tu laisses les convertis aux mains expertes des artistes graveurs pour te concentrer sur le volet musical de l'entreprise, ce soir Guadal Tejaz a pour mission de faire remuer les adeptes de l'aiguille et les égarés!
Non, Guadal Tejaz, n'a aucun lien avec le Mexique, ces gamins ne bouffent pas de burritos ou d'enchiladas en ingurgitant des litres de tejuinos ou d'El Chapo à longueur de semaine, ils sont originaires de Rennes et aiment visiter le Goëlo, récemment Ludovic Lorrre les avait encore programmés lors du festival La Cathédrale.
Ils sont quatre: Morgan, chanteur et guitariste filiforme, légèrement spasmodique/ Corentin: guitare ou basse/ Hugo: batterie et synthétiseur analogique et enfin, Théo, basse, guitare, parfois, et synthé.
Discographie: deux EP's et un album ( Cóatlipoca), Crème Brûlée annonce un second full CD pour bientôt, "Noche Triste".
Ils ne viennent peut-être pas de Guadalajara, mais l'histoire du pays colonisé par les conquistadors les obsède.
Ainsi, le titre du futur album fait allusion à la conquête de l'Empire aztèque par les sbires de Hernán Cortés.
Sur leur setlist, le premier titre joué ce soir est d'ailleurs intitulé 'Hernán Cortés', maintenant tu sais qu'il ne faut pas toujours se fier aux playlists, pas mal de groupes sont fervents de private jokes!
Donc on va à la rencontre du Conquistador et ça déménage pas mal , on a dit déménage et pas balance, Michel, un mix de garage cintré et de post punk hargneux , les mousquetaires bretons déclarent avoir entamé leur aventure musicale sous l'influence de The Brian Jonestown Massacre, il y a pire comme modèle!
La basse passe entre les mains de Corentin, Théo prend place derrière le petit synthé, Morgan, transformé en robot, se fend d'un pas de danse, pas souple, avant de déclamer nerveusement, à la manière de Jon King ( Gang of Four), les lyrics de 'Valley of Hate' de Just Luv.
Rythmique martiale, effets tordus au synthé, toute l'imagerie post punk/krautrock/noise pop, réapparaît soudain.
Morgan a récupéré son jouet, le groupe attaque, violemment, le morceau 'Mercedeath' , tellement brutalement que le leader pète une corde de sa gratte, il poursuivra le set avec five strings, sans se calmer!
L'âpreté du propos rappelle les grands moments du groupe Shriekback, souvent oublié lorsqu'on cite les parangons du post punk.
Les plaisantins ont écrit ' Krautoxic' sur la feuille traînant aux pieds de Théo, toxique ce morceau l'est assurément et nous envoie des flashes de Devo massacrant les Stones!
Tout simplement insensé et obsédant!
Hugo abandonne les sticks pour passer derrière un synthé dont il tire des bruitages indus, style Fad Gadget ( aah ' Collapsing new people') , pour entamer le mystique 'Yolteotl' ( coeur de Dieu, paraît-il), Morgan semble toujours possédé par les fantômes de divinités aztèques, est-ce un trop plein de mezcal ou un usage abusif de goma de opio, who knows?
Trucage sonore, décollage d'hélico, pour entamer ' Yollotl' , décidément ils ont une suite mexicaine dans les idées, .... Yóllotl significa corazón... .
Morgan hante toujours le phrasé scandé, ... what do you see when you look at yourself in the mirror... t'as pas réagi, tu ne te contemples plus plus dans un miroir depuis des lustres, ton faciès te fait peur!
Ce mix Talking Heads, Wire, Pere Ubu désarçonne et fascine à la fois.
Nouvel échange d'instruments pour entamer une plage épileptique ( baptisée " Melanesotypus" sur le bristol) , ces garçons travaillent dans l'urgence , ils n'ont pas l'intention de céder aux tentations proposées par les sirènes commerciales.
Le funk blanc de 'Carajo' évoque James White & The Contortions, son final théâtral en plusieurs épisodes surprend.
La suite sera tout aussi hallucinante et tendue, les titres inscrits sur le papier sonnent 'Yolia' et 'Nightdrinker' mais le groupe a balancé trois morceaux avant de mettre fin à un set ravagé, apocalyptique et sale.
Le second est décoré d'une slide vicieuse, le jeu de basse du dernier ne devant rien à celui de J J Burnel tandis que Morgan avoue sentir quelque chose lui brûler l'épine dorsale.
Ce concert compact et intense aurait pu nous laisser K O , mais pas un seul moineau ne songe à quitter la salle, le public bat des mains, insiste et aura son bis, à l'intro rappelant furieusement le ' Paranoïd' de Black Sabbath.
La messe est dite, direction le bar!