dimanche 30 octobre 2022

Betraying The Martyrs à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 Betraying The Martyrs à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 

NoPo -  crédit photos: LLG

 BETRAYING THE MARTYRS à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc

On atteint le bout de Carnavalo et on commence à avoir le masque (pas tous de la même couleur).
Pour Nico le métalleux, l'épiderme prend des couleurs vives car c'est l'heure... l'heure des vrais!
J'avais à coeur de profiter de ce moment (dans ma tête depuis quelques temps http://www.concertmonkey.be/albumreviews/ep-betraying-martyrs-%E2%80%93-silver-lining ) qui ne convient pas à tous, malgré la 'démocratisation' du Hellfest!
Effectivement, ici l'affluence s'est bien réduite de moitié pour le dernier groupe deathcore à tendance emo.
Hein? Kesako? Tout le monde ne parle pas métal 1ère langue?

Aparté : cours de métallurgie.
Le metalcore prend les bases du heavy metal en élevant le degré de violence et en abandonnant partiellement ou totalement les voix claires.
Dans le death, les voix prennent un ton guttural uniquement.
Dans le deathcore, on utilise cette voix caverneuse (growl) mais aussi une voix hurlée (scream) traduisant une émotion vive plus ou moins tragique.
En commun avec d'autres styles métal : Le son des guitares s'élève le plus souvent en parpaings et la batterie peut atteindre des rythmes élevés en blast beat notamment grâce à la double pédale grosse caisse alternée avec les baguettes sur les cymbales et caisse claire.
Fin de l'aparté.

Entrée en scène des artistes, on peut parler de bloc-équipe, ils sont 6 :
Vocals : Rui Martins
Guitar : Baptiste Vigier
Guitar : Steeve Hostin
Keys and Vocals : Victor Guillet
Bass : Valentin Hauser
Drums : Boris le Gal


Ils décollent aussitôt en enchainant 'Ignite' évanescent dans ses quelques notes au clavier et 'Eternal machine' (extraits de 'Rapture' sorti en 2019) et montrent, d'emblée, de quel bois les martyrs se chauffent.
Sans aucun échauffement préalable, ça bondit, ça tressaute, ça secoue dans tous les coins :
Viktor, à gauche, derrière un gros clavier penché vers le public, Baptiste et Steeve de chaque côté, la colonne vertébrale s'établit entre Boris avec sa batterie au fond et Valentin juste devant.
La voix death de Rui (au centre évidemment) fait un carnage et il frappe du pied comme un malade.  
Il nous explique, en anglais, son intégration récente dans le groupe. On a plutôt l'impression qu'il y est depuis des lustres.

Un bon exemple de deathcore 'Lost of words' (the resilient 2017) arrive ensuite.
Le morceau utilise une large panoplie : passages atmosphériques à voix death, accélérations qui font la part belle aux blast beat et breakdown hurlés.
Les mouvements se répètent, secs et cadencés, les cheveux suivent assis, debout, couchés... au pied!
Je jump aussi et je vois les yeux de Nicolas qui brillent pendant que mes genoux pleurent!
Laurence, notre hellfesteuse tient bien la marée (même si ses cheveux, trop courts, ne sautent pas) mais ça devient plus dur pour Noëlle, martyrisée, qui ne s'attendait pas à l'apocalypse ce soir!

'Swan song' ouvre avec une guitare épaisse et virulente, grattée méchamment sous un déluge de frappes qui s'éteint brutalement dans une accalmie vicieuse.
Puis, on a carrément le droit à un refrain mélodieux, chanté à plusieurs voix claires, puis hurlées ensuite. Ils cognent ou caressent en alternance, en harmonies puis en ruptures.
Rui et Victor trépignent en rythme dans des élans nerveux. Ce dernier ne tient pas en place et traverse la scène, clavier en bandoulière.
Un regret, on n'entend pas assez sa voix et on ne perçoit pas assez la finesse de son clavier, pourtant caractéristique du style sur disque (mais cette salle demeure difficile à sonoriser surtout pour des musiques puissantes).

On continue avec 'Parasite' (Rapture 2019) au rythme primal rampant. La bête râle, derrière une batterie désarticulée, puis des vocaux, plutôt chantés, l'accompagnent.
Valentin impressionne par sa carrure et sa pilosité qu'il n'hésite pas à secouer en cadence et en ellipses que je n'aurais pas supportées.
Les passages, plus ambiancés au clavier, laissent flotter un ange musical qui se fait dézinguer en plein vol dans les dernières secondes.

'LIBERATE me ex inferis' (extrait du premier album de 2011 'Breathe in life') gifle durement et lourdement avec des cymbales qui crachent, des guitares bétonnées au son venu d'ailleurs, une basse en feu et des cris inhumains.
Une machine de guerre, excellent prétexte pour le headbanging pratiqué sur la scène et, qui avec la tête, et qui avec le corps entier, et Boris avec ce qu'il peut.

'Life is precious' suit (du même album), juste une tuerie passant du fin fond des hécatombes à une certaine volupté au clavier/guitares et chant clair.
C'est à nouveau l'heure du headbang, les cheveux et la transpi volent et après un roulement tellurique Victor finit, en slam, porté par les premiers rangs en folie.

'Unregistered' ('The resilient' 2017) entame avec des cordes détendues au son de métal rouillé.
Trame violente d'abord, l'arrivée du refrain, à plusieurs voix, fait, immanquablement, penser à Bullet for My Valentine.
Le breakdown s'annonce tellurique, ça fume et ça tabasse.
Les 'vrais' entament un wall of death suivi d'un mosh pit. Nico ne se sent plus de joie, il ouvre largement les bras et s'enfonce dans la mêlée.
Je le regarde placidement... ben non, jsuis pas un vrai de vrai Nico!
Victor, ravi, fait honneur aux danseurs les élevant au rang de 'tarés'.

'Black hole' ('Silver lining 2022) entonne une superbe mélodie et le refrain, hurlé, transmet des ondes mélancoliques.
Le rythme remarquable, parsemé d'explosions à la batterie, incite aux saccades régulières du corps.
La voix graisse fortement en fin de morceau sans lâcher l'emphase.

Suit 'The great disillusion' ('The resilient' 2017) avec de nombreuses parties chantées ensemble.
Des guitares atmosphériques s'opposent à d'autres, élevées en parpaing, le choc est rude, l'effet immédiat.
Idéal pour un circle pit!

Fin des hostilités avec 'The resilient' (2017). Le morceau. comporte des passages symphoniques passant le relai à un refrain particulièrement harmonieux à reprendre en choeurs.
Les guitares, acérées, prennent des solos tranchants. Entre temps, Rui gronde et tempête de plaisir. Ce mot convient parfaitement à la conclusion.


Les musiciens auront gardé la banane et la patate pendant tout le set. Des Parisiens magnifiquement accueillis par des Bretons, à noter non? Il faut dire qu'ils ont enregistré leur dernier disque chez nous...
Faites du bruit pour 'Betraying the martyrs'! Finalement non, c'est bon, ils s'en chargent admirablement eux-mêmes! Faites plutôt les cornes du diable avec les doigts!
Demain je vais, sûrement, sentir les courbatures comme après un marathon!



SETLIST
Ignite
eternal Machine
Lost for words
Swan song
parasite
LIBERATE me ex inferis
life is PRECIOUS
unregistered
black hole
the great disillusion
the resilient




samedi 29 octobre 2022

Zamdane • Nayra • W&Z à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 28 octobre 2022.

 ZamdaneNayra W&Z à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 28 octobre 2022.

michel.

 

La veille, Bonjour Minuit annonce   l'annulation du show de Zinée pour raisons médicales, par chance une remplaçante est dénichée sur-le-champ, Nayra, la rappeuse de Saint-Denis, promise à  un bel avenir.

Le plateau  rap affichera bien trois des nouvelles figures de pointe représentant les musiques urbaines hexagonales, qui sont au sommet des ventes d'albums depuis plus de cinq ans.

Dans la queue serpentant confusément face aux portes de la salle avant l'ouverture, tu es  le seul ancêtre, plus de 95% du public est constitué de lycéens (nes) dont la moyenne d'âge ne doit guère dépasser 17 ans, des gamines  te toisent, en ayant l'air de penser "qu'est ce qu'il fout là, le fossile", il a dû se tromper de salle, Sheila c'est à l'Hermione.

L'engouement de la jeunesse  pour le rap est un phénomène essentiellement français ( OK, on y ajoute belge francophone, car à Dour ou aux Ardentes, il n' y a plus aucun groupe de rock, de Britpop,  de punk ou de folk à l'affiche).

T'as 16 ans en France, tu n'écoutes pas Adele, Ed Sheeran ou Tom Odell....  Vald, Orelsan, Lomepal, Damso ou Bigflo & Oli, eux,  attirent les foules, tout comme les adeptes de musique urbaine pour grandes surfaces, style Slimane, Gims  ou Soprano!

La soirée débute avec les locaux, W& Z.

Zinedine El Mir  - alias Z, aux machines et Leywes FS ( Wesley)  au flow, ont participé à la dernière édition de Buzz Booster Bretagne ( arrivés en finale) ,  ils sont couvés par Bonjour Minuit et ont amené tous leurs copains, qui ont embrasé la salle pendant les 30' de leur prestation.

21h et des poussières, Z prend place derrière les platines pour balancer un son de malade, mariant rap et r'n'b.

Un mec cagoulé, raybans et dégaine de loubard, rapplique, il ne s'agit pas de Leywes FS, ce dernier est black, d'ailleurs il rejoint son pote et le duo rappe de commun sur le morceau ' W&Z' . 

Le phrasé est clair, le fond sonore bien chill et spatial  , on est loin des   morceaux trap ou rap hardcore de Kaaris ou des carbonnades belges ( la putain de sa mère)  de Djel.

Gros bang supersonique à l'écoute de la suivante, 'Fulldrip' avec le refrain basé sur la répétition de ...; Gucci baby......easy baby... 

La capuche se tire et laisse Leywes FS, d'un ton grave,  narrer une tranche de vie pas rose avant de retrouver la formule duo car ils ont l'intention d'envoyer la purée ( sic),  et c'est en mode freestyle qu'ils nous annoncent ne pas vouloir faire de cinéma et ne plus apercevoir le soleil sur notre planète ( ' Vision Z') .

Tandis que les copains dans la salle reprennent les textes en choeur, Wesley  poursuit son trip en solitaire et sème sa poésie urbaine sur les sons stellaires du beatmaker derrière les manettes.

Un quatrième larron les rejoint sur les planches pour entamer le subtil ' Iverson'.

Saint-Brieuc, écartez-vous  pour créer un cercle vide au milieu de la salle, au signal vous vous ruez tous dans  l'espace libéré...

Let's go, la jeunesse se rentre dedans sans retenue pour créer un mosh pit digne des concerts de hardcore.

Après cet interlude physique,  thérapeutique, W&Z et associés poursuivent leur set pour débiter encore trois titres, toujours aussi mélodieux et aériens,  ayant conquis un public entièrement acquis à leur cause.

Pas trop de taf pour les roadies qui emmènent le laptop de Z,  la chargée du son pour Nayra, une charmante demoiselle présentée comme Yasmine, prendra place derrière la table en glissant une clef USB à l'endroit adéquat.

22:00, l'éclairagiste est revenu du bar pour le show de Nayra.

 Nayra du 93, une  maman immigrée du Maroc, un père venant d'Égypte,  rappe depuis 2015, elle avait 17 ans, elle n'a pas sa langue en poche, ni froid aux yeux, dans un univers où les mecs font la loi et ne tolèrent pas les nanas, elle décide de se frotter à eux  et fait rapidement parler d'elle , ' Non' cartonne sur YouTube.

En 2022, signée chez Low Wood, après avoir mis les bouts de chez Elektra , elle passe par le MaMa, où elle fait un malheur, elle annonçait la sortie d'un EP, jusqu'ici on n'a qu'une série de singles à se mettre sous la dent ou plutôt dans les oreilles.

Elle ouvre par une ballade sur fond oriental, ' Ala Bali', pas de rap mais un chant arabo -andalou, c'est beau, c'est fort, ça sent le Maghreb, ça parle aux déracinés!

Chapeau!

La bande pré-enregistrée, piquée à Orange,  dit....vous avez quatre nouveaux messages... avant de les entendre, la fille aux punchlines ardents se présente: je m'appelle Nayra, puis attaque  la suivante dans laquelle elle témoigne de son originalité... ne pas correspondre aux standards, ne pas faire semblant....ouais, c'est bouillant, ma gueule.... pas facile de s'intégrer.

Et, ça vous a plu, ce freestyle, je vous préviens la température va encore grimper.. et effectivement, la fille de banlieue expédie une nouvelle tirade  où elle explique qu'elle n'attend personne pour s'en sortir... fille d'immigrés peut-être, mais peur de rien!

Et ça continue...faut que ça flingue...sur fond sonore salement remuant avec arrière-plan de là-bas, de l'autre côté de Gibraltar.

Elle a de la gueule et de la faconde, cette fille.

Quoi, les titres... ils ne sont pas tous à dénicher sur le net, certains de ses derniers freestyles s'entendent  par contre sur sa page Facebook ou sur Tik Tok, où elle fait un tabac monstre.

Le grinçant ' Attitude'  est illustré par un clip,  le leitmotiv... Tema l’attitude , ouais ouais ouais... vient se coller dans ton cortex ,  'Originale' qui suit porte bien son titre, c'est de la bombe.

Ta petite voisine glisse à sa copine, putain, ça déchire!

Orange place un nouveau message, Nayra embraye sur une ballade et se revoit sur les bancs de l'école, où elle  jouait des rôles , où les filles du ghetto se voyaient millionnaires,... rien de neuf à l'Ouest, au fond, d'un côté les nantis, de l'autre les crève-la-dalle.

Et puis elle nous balance... j'ai 99 problèmes mais toi tu n'en es pas un..., la femme libre parle, et plutôt bien!

Putain, elle assure, la frangine, même si parfois, bordel de merde, parfois je m'emmerde, mais elle le chante si bien!

Orange revient à la charge avec un message de la petite soeur et puis Nayra  enchaîne  sur une nouvelle improvisation, tendance féminisme des quartiers périphériques, elle a mis son coeur sur pause mais pas son amour-propre.

Saint - Brieuc réagit avec enthousiasme à l'écoute des diatribes virulentes déclamées par la freestyler stylée.

Question, y-a-t-il des rappeurs dans la salle?

Azou lève la main, il se hisse sur le podium où il est rejoint par Yun Jaï, déjà une star à Saint-Brieuc.

Un  petit détour du côté de la West Coast  et un gangstar rap emprunté à Ice Cube, vous avez ça en stock?

 Merde, tu connais pas, tant pis,  Nayra entame un chapelet, Azou prend le relais, ça pulse un max puis vient Yun Jaï  avec son titre ' Rien', un truc qui envoie grave.

Les rappeurs locaux quittent la scène et laissent Nayra poursuivre en solo.

Ici c'est le 22 , non, donc toc, toc, toc, c'est la police, Darmanin n'a pas applaudi au discours.

Dernier message d'Orange et dernière salve avant de la voir refaire le coup du cercle vide dans lequel elle vient se mesurer à la jeunesse locale pour ensuite se tirer, définitivement, mettant fin à une prestation corrosive.

Après une longue pause, assez déconcertante vu que après avoir dégagé le peu de matériel apporté par Nayra tout est prêt pour accueillir Zamdane.

Les gosses pour tuer le temps bricolent sur leur GSM .

A 23h20' un gars s'active derrière les platines, il lance la purée, deux comiques fringués jogging blanc, membres du clan Zamdane ( on en a dénombré 4 ou 5 autres postés  devant la console de mixage scène) sont chargés de chauffer le public  avant l'entrée en piste du rappeur, arrivé à Marseille à 18 ans, en provenance du Maroc.

Personnellement t'aurais préféré des majorettes mais il paraît que cela ne convient pas au style, voilà le Zam, une clameur immense  l'accueille.

Pendant toute la durée du concert,  les mains, les corps, les portables vont s'agiter, les photographes pro enragent.

Ambiance stade de foot en folie!

Un premier extrait d'Affamés 'Histoires de la Vraie Vie' ouvre le bal, du rap avec une pincée de 'I will survive', car le Zam raconte l’histoire d’un copain  écroué après avoir égorgé sa grand-mère.

Public en ébullition, les deux gugusses n'ont plus besoin de nous encourager à faire du bruit, le tumulte règne.

Il poursuit avec un titre issu de l'album  "Couleur de ma peine"  sorti en début d'année, ' Tout ce qu'il voulait'. C'est son histoire, celle du jeune Ayoub Zaidane, qu'il narre, parti de Marrakech ( avec chant en arabe) il aboutit en Europe pour changer de vie, le rêve  se transformera en désillusion.

... Toute ma vie, j'n'ai connu qu'le chaos, la violence, les bagarres qui finissent en K.O...ainsi débute 'Affamé #8 : Hayati', un titre toujours aussi spontané et sincère.

Face à toi, le comique au Bob, très  à l'aise,  s'allume un pétard, pas mouillé, tout en gigotant en mesure, la sécu qui était venue engueuler un gamin ayant tiré sur une cigarette électronique à la mi-temps n' a rien remarqué.

' Foust L'Bando' au son toujours aussi harmonieux précède ' Voir Ailleurs' un titre qu'il a enregistré avec La Fève.

' Zhar' , le quotidien de Zamdane était  loin d'être rose, si  le flow, mixant français et arabe , est cool et  le son propre, le propos lui est  torturé.

A Woodstock c'était une mer de briquets allumés, désormais lors d'un concert rap ce sont des centaines de smartphones qui brillent  dans les airs, pendant la ballade ' Naïf' t'étais un des seuls à laisser dormir ton Samsung.

Le troisième joint circule sur le podium et dans le premier rang, collé à la scène.

' Flouka' a vu ta petite voisine verser des larmes, la flouka c'est la petite  barque à voile sur laquelle de nombreux immigrés ont pris place, si t'as de la chance t'arrives en Europe, sinon c'est la noyade.

Zamdane nous rappelle  qu'il a réussi à récolter 14000 € pour SOS Méditerranée en organisant un concert caritatif, le geste est fort et édulcore  l'image du rappeur misogyne, homophobe, insultant et/ou  agressif.

Sur l'album,  Zamdane est associé à Jazzy Bass pour psalmodier ' Fauves' , un titre qui décolle.

Un  Gwen-ha-Du atterrit sur scène, dites-moi que je rêve, vous avez un drapeau en Bretagne, il l'utilise comme fichu et comme Nayra invite des candidats rappeurs à se faire connaître.

Un premier gamin foire complètement son numéro, désolé j'ai oublié mon texte, le second exige un son mou, le troisième, de Brest, cartonne.

Revoilà le numéro un  armé de son GSM,  c'est pas mieux, nouveau dérapage, la honte devant ses potes!

Zamdane reprend le fil et propose  'Affamé #12 : Sentimental ' un superbe track   au fond musical de là-bas.

' Boyka' ( featuring Dinos sur l'album ), chante la beldia ( le cannabis marocain) , le passé   mouvementé d' Ayoub, le deuil, l'amour familial, la loyauté mais aussi le désenchantement.

 J9ueve  a enregistré ' Sans Toi' avec Zamdane, le jeune Marocain la chante sur scène., il continue avec 'Incomplet comme février' . Sur des beats spasmodiques, le rappeur récite un  texte rabâché qui s'incruste dans la tête et rend fou.

Avec ' MRS' on a droit à une nouvelle collaboration, JMKS et Zamdane ont gravé ce titre,  avec  Marseille en toile de fond , en 2021.  

Sur fond de guitare acoustique, ' Soleil de ma vie' a fait verser pas mal de larmes  à tes côtés, après la séquence mélancolique  il propose de revenir dans le dur , il attaque  ' Le monde par ma fenêtre', puis 'Affamé #10 : Athéna' , au texte maîtrisé et lucide.

Difficile de croire en soi quand même en plein jour tu vois en noir, est une des punchlines les plus fortes de ' 1,2,3,4' , une plage toujours illuminée par un flow limpide.

Oui, un violon est samplé pour introduire' Stradivarius', mais ce n'est pas du Niccolò Paganini, c'est du méchant, du virulent, de l'exaspéré ...J'me sens tellement baisé que j'vais donner naissance à la haine que j'sens vivre en moi....  et le violon pleure.

On arrive en vue du terme, c'est avec la mélodie jolie, 'Vide, quand t'es pas là' qu'il décide de fermer le livre

Et le cercle au milieu de la piste?

Il vient et c'est le beatmaker qui vient valser aux côtés d'une masse de jeunes en état d'ébullition.

 

Prochain concert de la sensation  rap: le 17 novembre à Paris (  La Machine du Moulin Rouge).

 


 


 


 


 

 

 









 

 


 

 


Merzhin à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 Merzhin  à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022 

NoPo - crédit photos: LLG

 MERZHIN à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc

On va commencer à taper dans le dur. Nicolas s'excite... c'est mon pote le métalleux et là, il dérivait, en manque!
Merzhin aujourd'hui s'approche de No One et Mass Hysteria, du costaud... 25 ans d'âge quand même!
Pour la formation actuelle, on trouve :
    Pierre Le Bourdonnec — chant
    Ludovic Berrou — bombardes et divers instruments à vent, chœurs
    Damien Le Bras — basse
    Stéphane Omnes — Guitare électrique
    Baptiste Moalic — guitare électrique, chœurs
    Jean-Christophe Colliou — batterie, percussions, chœurs

Oui Merzhin a évolué au fil des ans. Après 'Nomades' en errance, ils portent leur croix sur la terre malade.
Dans 'Marche et (crève)', on ne parle pas d'un pneu de vélo! Eux, ils sont gonflés à bloc et c'est par là qu'ils vont démarrer.

Le départ, très cinématique, se fait, gravement murmuré, sur une guitare orientale. Laisse aller c'est 'Jesse'! La lumière tamisée filtre le noir et blanc.
Les textes, sombres, s'expulsent avec un gros grain. Ludo ambiance dans un souffle profond. L'une des guitares bégaie fiévreusement. Baptiste s'enfonce sous sa capuche.

'Futur' espère mieux. Sur ce titre au rythme rectiligne, le riff de guitare gratte les articulations trop sensibles.
Une trompette majestueuse s'élance et trace une couleur blafarde. Les frappes claquent, sèches, comme des gifles.

'Le joueur et l'affranchi' vient de 'Nomades' en 2018. Ici la bombarde soutient ardemment le barde dans son combat vocal.
Ludo dépense une énergie phénoménale par ses duels, en front de scène, avec Pierre qui se courbe. Les phrases hurlées et poussées par des choeurs impactent.

La bombarde ouvre la marche d''On marchera'. On perçoit vraiment ce mouvement pénible avec une basse lourde sur ce morceau. Pierre confirme que le compte est bon et qu'on peut le suivre.
Le public suit, oui, en balançant la tête et en piétinant lourdement. Un bombardier, à teeshirt tête de mort 'Black rock', pas commun, c'est à lui que revient de clore le grand chambardement.

Un gimmick electro rampe sur un grondement. Un voile pose une chape sur les vocaux sombres (me faisant penser à Animal Triste) avant qu'ils ne s'enveniment.
Plus loin, la bombarde retrouve des racines au dessus des vibrations de gratte.
On s'enfonce ensuite dans un passage atmosphérique chuchoté puis c'est la montée grandiose, tous ensemble, pour escalader 'Un mur d'eau'.

'SWEET GUERILLA', quasi punk, file dans un bouillonnement instrumental à l'atmosphère plombé.

Ils déterrent de 'Pieds nus sur la braise' (2016?) 'Des filons dans nos failles' au riff lourd par Stéphane, l'homme à la barbiche attachée. Flûte alors commence Ludo mais il repasse vite à sa bombarde.
Le slogan répété 'Ni eux ni nous ni nous ni eux...' reçoit une réponse hurlée par Ludo 'ne sommes éternels'. Sacrément puissant et profond!

La cadence enfonce un clou rouillé par une frappe métronomique et un riff froid.
Séparer le vrai du faux, le grain de l'ivraie. Ils savent faire avec leurs belles paroles tellement impliquées. 'L'attrape-rêves' le prouve une nouvelle fois.
Progressivement, le ton se corse au fur et à mesure que Jean-Christophe développe ses enluminures. Un saxo, au son de corne de brume, sonne au lointain puis ça bombarde à nouveau.

Une putain de basse ouvre 'Je veux' et d'emblée, on bascule dans la pénombre.  
Le morceau possède une pulsion vitale. Un groove, à headbang, s'échappe des peaux de la batterie... des peaux au cri animal et Pierre s'aligne en éructant des paroles poétiques toutes aussi animales!
Un saxo émouvant tempère les ardeurs. Après un passage sur un fil, la guitare, aux cordes sensibles, valse avec une trompette soufflée dans l'émotion. Un grand moment!

A nouveau, on marche et rêve. Le chant intense de Pierre semble lui brûler la gorge. Les paroles coulent sur une plaie sanguinolente. La trompette souffle un hymne aux disparus.
Plus on avance, plus on déboule au milieu des cordes grondantes et des cris de terreur. 'Marche et (c)rêve' avance au bord du précipice sur un fil ténu.

'Nomades' laisse vibrer une corde de basse détendue, l'inverse de l'ambiance sur ce titre. La cadence marque un tempo implacable.
Impossible de ne pas bouger sur ce morceau tonique. Le constat reste tragique et en même temps le propos se veut terriblement tolérant.

'Luna' possède un culte. Ici, la lumière diffuse amèrement un frêle rayon. Les 2 guitares s'écharpent et y laissent des échardes. Sur un pont régulier, je crois entendre une clarinette, emmêlée dans une fine toile de guitare.
La violence reste parfois contenue, intériorisée, et dégage une ambiance terrifiante dès que la plainte étouffée de Pierre se déverse sur des roulements tribaux.
La bombarde pleure, évacuant la brume comme après l'orage et tout s'éteint définitivement dans un silence glacé qui nous laisse interloqués.


Wouaah, quelle claque! On perçoit une force d'équipe où personne ne tire la couverture à soi.
Que d'émotions! Abasourdi, le public se disperse sans comprendre ce qui vient de se passer...




SETLIST

JESSE
FUTUR
LE JOUEUR ET L'AFFRANCHI
ON MARCHERA
MUR D'EAU
SWEET GUERILLA
DES FILONS DANS NOS FAILLES
L'ATTRAPE-RÊVES
JE VEUX
MARCHE ET (C)RÊVE
NOMADES
LUNA



vendredi 28 octobre 2022

Deluxe à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 Deluxe à Carnavalorock, Salle de Robien,  Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

NoPo -  crédit photos LLG

 DELUXE à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc

Après les Bellrays et une pause désaltérante obligeant un détour pour changer l'eau sur les patates, il faut presser le pas vers le luxe et la chaleur d'Aix en Provence.

Nicolas m'interpelle 'Tu vas voir DELUXE?' Je lui lance 'Bien sûr, on va danser'.
Il fait la moue et la fine bouche, il n'a pas de moustache...
Trop commercial pour lui... ou trop bobo... Remarqués d'abord par Chinese Man, on en parle dans les Inrocks, ils passent à Taratata, ils font l'Olympia, jouent avec M, Akhenaton & Shurik'n (mais pas de ricains).
Tant pis pour toi Nico! Les filles, qui m'aiment me suivent (j'ai failli me sentir seul, ouf!)... et certaines m'ont déjà précédé car l'affluence est la plus serrée de la soirée.
On se fraye un passage parmi les djeunz sympas et je fais un peu tache. M'en fous, j'suis encore vert pour les jumps et autres acrobaties!

J'en connais des plus sombres qui ont une barbe comme logo, ici, c'est la moustache... qu'ils portent seyante :
Kaya à la basse, Kilo à la batterie, Pietr à la guitare, Pépé au saxo et piano et Soubri aux percus et Lilyboy au chant. Ah ben non, Lilyboy, elle se rase!

Ils pourraient s'appeler toujours plus, ils en ont font toujours trop.
Par exemple, Kilo en fait des tonnes (évidemment!) avec ses interventions vocales de fête foraine.
Et Pépé, loin de la retraite, qui saute partout et traverse la salle à grandes enjambées, saxo au poing.
C'est kitsch au possible et surtout à paillettes. C'est bourré de chorés survitaminées. L'ambiance frise (normal) parfois le potache mais au moins, y'en a et on se poile!

Lilyboy apparait tout en haut derrière la batterie et devant les grandes lettres 'DELUXE' accrochées en fond de scène, pile poil sous la moustache.
Habillée d'une grande cape tout aussi pourpre que son pantalon soyeux et que la panoplie des hommes (au poil bien sûr!), elle la laissera tomber au bout de quelques titres.
Sa voix de femme-enfant rappelle le timbre de Clare Grogan (Altered Images) ou Lina Lane, plus récemment.

En fond de scène, les feux d'artifices sont déjà crachés dès le départ, et quand y'en a plus, y'en a encore, on le verra plus tard...

'Flowers' pousse sur l'album 'Moustache gracias' sortie en 2022. Le morceau dégage une ambiance funky, soul, quasi inspirée par une autre Lily (Allen).
Les cuivres éclosent, voix et clavier suivent le rythme syncopé sur lequel la front woman danse lascivement.

On continue de faire honneur aux chansons récentes. Sur 'You heard it all before', le saxo rutile et la cadence sautillante se frotte au hip hop, scratchs compris.
Pépé, bandeau sur le front, plus vrai que la pub à la moustache 118 218, explose le record du 50m avec saxo qui crache des étincelles.

Puis on passe dans un tube aussi efficace que l'aspirine. 'Get down', extrait de Boys and Girls (2019), fait l'effet inverse de son titre, on se lève tous pour ... DELUXE!
Son balancement dynamique, provoqué par une basse dodue, ne peut laisser insensible un être normal. D'ailleurs, les artistes nous invitent au jump (ah, jsavais bien!). Pépé, jaloux, n'hésite pas à faire son fitness.

'2020 (turned to shit)', sortant encore tout chaud de la moustache, promène en légère balade pas si insouciante, un doigt sur le piano, les autres sur les cordes, chant souvent en choeurs.

Du même album, 'Ring Ring Ding A Ling', trop fort en onomatopées, râpe épais et chaloupe sur des ouhouh.

'Daniel', direct from The Deluxe Family Show (2013), fait souffler un vent de folie dans un jardin hip hop à chant partagé.

'Tududu' (Moustache gracias), avec ses handclaps, claque un rythme sensuel propice au déhanchement. La guitare funky gratte à l'étouffée.. Et en plus, c'est FACILA...

'Monday' (même disque) dégage un groove funky à la guitare mais c'est un refrain poppy qui darde ses rayons de soleil. Tout s'achève en ritournelle juste pour le plaisir de contredire le hit des Boomtown Rats 'I don't like Mondays'.

'My game' (The Deluxe Family Show 2013) développe un rythme imparable pour les clubs de remises en forme et toujours cette guitare qui gratte aux entournures sans parler de la basse qui roule les mécaniques.
Autour de moi, c'est smartphone, vidéos et réseaux sociaux à tout va.

Deluxe en 'confinement' (Boys & Girl (suite Et Fin), 2020) se paie un hymne à Barcelonnette, la mexicaine, sur un magma de lalalala et ouhouh endiablés. Pourquoi faire compliqué? Quel solo de qualité de Pietr (pas l'inverse!).
Lily, trop fière de son épée, nous fait mettre un genou à terre pour nous introniser chevaliers.

Impossible de ne pas jouer l'électro charleston 'Pony' qui swingue depuis 2011 (Polishing Peanuts Ep). Le saxo s'en paie une belle tranche réveillant la panthère rose sous les pas de pépé.

Chaque musicien a le droit à son moment de gloire sur le devant de la scène pour montrer son gros instrument.

'Moustache gracias' joue sa mélodie tzigane, au rythme syncopé, inventée avec la Rue Ketanou. Joyeuse, poétique et poilante forcément, la chanson, avec guitare manouche et son de clarinette, emballe le public.

Impossible de finir sans selfie tourné vers la salle! Après avoir percuté comme un malade, c'est Soubri qui s'y colle...

Kaya a échangé sa basse avec Lola de Pogo Car Crash Control, y'a écrit 'More women on stage' derrière!
D'accord avec toi Kaya (et aussi avec LOLA Hello elle est) mais y'aurait pas déjà trop de moustaches chez vous?

Tu peux dire ce que tu veux Nico, on s'est quand même bien éclaté avec les filles... toutes celles qu'étaient pas 'on stage'!
Un chaud set anti prise de tête!


SETLIST
Flowers
You heard it all before
Get Down
2020 (turned to shit)
Ring Ring Ding A Ling
Daniel
Tududu
Monday
My Game
Barcelonnette
Pony
Moustache gracias



mercredi 26 octobre 2022

Album - Courtney Marie Andrews – Loose Future

 Album - Courtney Marie Andrews Loose Future

Fat Possum Records

 

michel

 Courtney Marie Andrews, presque 32 ans et pas moins de neuf albums, wouah!

OK, Frank Zappa en a pondu 62 de son vivant , et Johnny 53, ( 51 selon d'autres sources) , mais c'était  de 1963 à 2018.

Si tu veux comparer sérieusement, tu prends quelqu'un comme Adele, 34 balais, à peine quatre albums.

En ce mois d'octobre, qui bat des records de chaleur, comme tous les mois de 2022,  Courtney Marie Andrews, vient donc de lâcher 'Loose Future' qui suit ' Old Flowers' de 2020.

Ne crois pas que pendant ses moments libres, elle tricote ou s'adonne au jardinage, la jeune dame, bien connue in Belgenland, où elle a vécu pendant tout un temps, Milow s'en souvient bien, car Miss Phoenix ( Arizona) a assuré des backing vocals sur l' album 'Silver Linings' , non, elle peint ( ses toiles se vendent, merci)  et vient de publier un recueil de poésies ( Old Monarch).

Le but n'est pas d'écrire une thèse exhaustive reprenant tous les éléments biographiques traînant sur Google, mais on tient à ajouter que sa carrière musicale a démarré aux côtés de Jimmy Eat World, on l'entend sur 'Invented' de 2010,  elle a, à l'époque,  accompagné  le groupe Emo sur scène en tant que guest musician.

Les Parisiens se souviennent l'avoir vue aux côtés de Damien Jurado en 2014, sa discographie, alors, se chiffrait déjà à 4  réalisations,  il faudra pourtant attendre 'Honest Life' de 2016 pour décrocher une reconnaissance internationale et  la placer dans le peloton de tête des représentantes de la country folk contemporaine.

Les nominations aux Awards ont suivi, dorénavant, plus rien ne peut l'arrêter:

Track Listing

  1. Loose Future
  2. Older Now
  3. On The Line
  4. Satellite
  5. These Are The Good Old Days
  6. Thinkin’ On You
  7. You Do What You Want
  8. Let Her Go
  9. Change My Mind
  10. Me & Jerry

Produced by Sam Griffin Owens and Courtney Marie Andrews

Le premier nommé aussi connu sous l'identité Sam Evian, auteur de plusieurs albums sous cette immatriculation, fait aussi partie des musiciens crédités sur l'album ( as a multi-instrumentalist) , les autres étant:  Chris Bear ( drummer chez Grizzly Bear) , Josh Kaufman ( encore un multi-instrumentaliste, à la carte de visite impressionnante: Bonny Light Horseman et Muzz, et comme session musician, Josh Ritter, The War on Drugs, The National, Trixie Whitley, Dawn Landes, The Lone Bellowe e a )  , Jared Samuels ( Fender Rhodes) , Dan Lead ( guitar) , Colin Nealis ( strings) et  Austin Vaughn ( drums)!

A propos de la pochette, Courtney Marie explique: The album cover, a painting of mine embodies what this record is about— falling in love after being hurt, space, hesitation, living in the now, acceptance, letting go. The window, the stairs, the mountains, they are all symbols of change— new horizons. 

Si l'art naïf, le fauvisme  ou l'art brut ( Sybil Gibson, Claudine Loquen, Jean Dubuffet, Kees van Dongen, Ferdinand Schirren....)  c'est ton truc, tu vas aimer ! 

Le titletrack qui ouvre le recueil, ' Loose Future', respire la bonne humeur et la joie de vivre, la jeune femme se sent bien, elle accepte le monde ... I have learned from my mistakes, plus question de s'énerver.... I just wanna take it slow.. une acoustique  sautillante et un drumming sémillant soutiennent le timbre limpide, en background une voix joue au hibou, quelques sonorités de  clochettes, produites par le synthé,   se font entendre tandis qu'une guitare électrique gambade joyeusement sur le tapis dessiné par les collègues.

On n'est pas loin des titres les plus légers de Stevie Nicks ou de Linda Ronstadt, avec ce morceau Courtney Marie Andrews  s'aventure dans l'univers indie pop en s'éloignant quelque peu de son image country.

Un fond country qu'elle retrouve sur ' Older now' , la voix chevrotante se promène sur des percussions mouvementées, des choeurs en cascade et une orchestration discrète complètent ce superbe morceau, qu'elle a écrit après un premier rendez-vous, qui succédait à une rupture et à une longue période de solitude.

Lucide, elle avoue ...Life is better without plans, I am older now... euh,  je ne pense pas te revoir, gars!

Ils sont quelques uns à tracer des parallèles avec certaines compositions de Joni Mitchell en décrivant  le moody track ( écoute pleurer les violons)  'On the line' , joué tout en retenue et chanté d'un timbre profond.

Une acoustique, des violons discrets, une électrique qui pleure à l'horizon et  une voix mélancolique.... satisfaction guaranteed. 

Beau comme du Cowboy Junkies!

'Satellites' se compare à un souffle d'air frais, la voix caresse ton épiderme telle une brise légère, une acoustique papillonne délicatement sur de doux beats, tandis que le synthé frémit négligemment, c'est l'été, tout est permis!

Le romantisme dégouline généreusement à l'écoute de  ' These Are The Good Old Days',  une chanson qui te propose de savourer le moment présent, de profiter de la beauté de ce qui t'entoure.

Le titre sert de catharsis après les moments rudes qu'elle a connu après une rupture laborieuse.

Le ton reste à l'optimisme sur 'Thinkin on You' , un midtempo country pop,  enrobé  d' un enduit  de cordes épais. 

Les choeurs gluants  et les sonorités twang de la guitare renvoient vers une jeune Emmylou Harris.

Pourquoi 'on' et pas 'of'', Courtney Marie?

  "When you’re ‘thinking on’ somebody, it means this person is on your mind and not absent.”

Les teintes relaxed country ( cool drumming , pedal steel, lignes de guitare sentant bon Nashville et une voix flexible) ,  dominent encore sur le vaporeux 'You Do What You Want' , un titre coloré ... I can still imagine you, Green as agave, True as the bluest sky,... Often I remember times, With rose-colored glasses Handing me roses, Like some modern Moses, your apology... , elle lui pardonne tout, is this what they call love?

Le ton plus grave et les effets de voix  sur la ballade  ' Let her go' se rapprochent des albums précédents de la dame de Phoenix.

Elle est attirante, cette fille, cheveux flottant dans le vent, teint californien, une voix sucrée, elle danse sur Tim MvGraw ( qui a gravé un album intitulé ' Let it Go'), elle est libre comme l'air, oui, tu peux l'aimer mais un jour elle va se tirer, so let her go! 

La voix claire s'impose toujours, malgré l'imposante orchestration, sur ' Change my Mind', cordes, synthés, percussion et guitares se fondent harmonieusement pour générer une composition à la fois esthétique et lumineuse.

'Me And Jerry' is  “a song about good sex that transcends the physical realm.” a -t-elle confié à un journaliste. Musicalement, grâce au piano désuet et bluesy,  et vocalement, on peut penser à Joni Mitchell , le final grandiloquent, bourré d'effets de voix et de passion, conduit le morceau  vers des sommets haut-perchés.

 

La tournée Loose Future with full band démarre bientôt aux States:

 

Nov. 2nd - Indianapolis, IN
Nov. 3rd - Chicago, IL
Nov. 4th - Ferndale, MI
Nov. 5th - Toronto, Canada
Nov. 7th - Burlington, VT
Nov. 8th - Cambridge, MA
Nov. 10th - Brooklyn, NY
Nov. 12th - Washington D.C.
Nov. 13th - Philadelphia, PA
Nov. 15th - Richmond, VA
Nov. 16th - Carrboro, NC
Nov. 17th - Atlanta, GA
Nov. 18th - Nashville, TN
Dec. 2nd - St. Louis, MO
Dec. 3rd - Kansas City, MO
Dec. 5th - Denver, CO
Dec. 6th - Salt Lake City, UT
Dec. 8th - Seattle, WA
Dec. 9th - Vancouver, Canada
Dec. 10th - Portland, OR
Dec. 12th - Healdsburg, CA
Dec. 13th - San Francisco, CA
Dec. 14th - Los Angeles, CA
Dec. 15th - San Diego, CA 
 
L'Europe doit suivre, avec notamment une date à Paris ( Le Hasard Ludique) et à Bruxelles ( Le Botanique) en mars!
 

 

 

 


 


 

     




 

 


mardi 25 octobre 2022

Dernier point presse 2022 à Bonjour Minuit.

 Dernier point presse 2022 à Bonjour Minuit.

 

L'équipe de Bonjour Minuit, sans Hélène, la Miss programmation, accueillait hier la presse pour la dernière ligne droite 2022.

Novembre et décembre ne sont pas considérés comme les mois les plus chauds du calendrier, la salle briochine fait mentir ce postulat.

Des ( tas de) concerts, des résidences, des projets culturels, et un spectacle en  collaboration avec La Passerelle.

Détaillons...

Le premier jeudi du mois est toujours réservé à la Session Live de Radio Activ', le 3 novembre ce sera Sarakiniko de Rennes.

Le lendemain ( le 04 - 11) une grande star du reggae: Clinton Fearon!

Le 8 -  un docu-fiction: Lost in California ( c'est gratuit, comme les Sessions Live)

Le 12,  Bonjour Minuit accueille la Tournée des Trans ( c'est gratuit, encore) :  Vicky Veryno, Mowdee, Tago Mago seront de la partie.

Le 18: le festival Les Femmes s’en Mêlent passe par Saint-Brieuc, à l'affiche: Miët et Francis of Delirium.

Le 26: une star du rap hexagonal:  Médine + une future étoile: Eesah Yasuke!

 

Décembre:

Le premier tombe un jeudi, donc Radio Activ' sera sur place, on entendra  Olor!

Le 2:  Kalika ( un tabac à Art Rock)  et Tchewsky & Wood 

Le 8: rendez-vous annuel du label punk rennais Mass Prod- Mass Toc en Stock annonce quatre formations: Brigada Flores Magon/ Dirty Old Mat/ Bakounine et Melmor.

Le 11: un concert du dimanche à 17:30': Bruit.

Le 14: un spectacle pour les tout petits:  Jesse Lucas et sa rêverie électronique.

Le 16: Les Studios partent en live ( gratuit)  Léa Digois, The Light Side Band, Meat Shirt et Neist Season, quatre groupes ayant transité par B M pour peaufiner leur set.

Le 17: une journée portes ouvertes, avec des conférences, une visite guidée des studios et un D J 

 

La collaboration avec La Passerelle se déroulera à La Passerelle le 13 décembre, au menu : un récit rock  'Entrer dans la couleur' featuring l’écrivain visionnaire Alain Damasio, auteur culte de science-fiction et  Yan Péchin, guitariste hors norme.

 

Les résidences: Alter Real et Mowdee. 


Parmi les projets culturels, pointons un atelier animé par Birrd qui est passé place Nina Simone la semaine dernière  et un second atelier de musique par ordinateur animé par Penelope Antena.


Le 13 décembre, le quartier fête Noël, Bonjour Minuit sera de la partie!

 

 

The BellRays au FESTIVAL CARNAVALOROCK 2022 - Salle de Robien - Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 The BellRays au FESTIVAL CARNAVALOROCK 2022 - Salle de Robien - Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 

NoPo  -  crédit photos: LG téléphone maison'

 

The BELLRAYS à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc



Je connais bien cet endroit qui accueillait quelques concerts dans les années 80-90 dont les précédentes éditions de Carnavalo dès 91.
Cette salle des fête, construite en 1956, s'est modernisée dans les années 90 pour recevoir des artistes de renommée internationale puis des concerts d'Art rock et le festival complet'mandingue et surtout beaucoup d'expositions.
Carnavalo s'était fait une spécialité de plateaux fumants de groupes punks locaux ou moins locaux dans une ambiance débridée.
Ne manquerait-il pas le 'T' devant Robien?

En cette année 2022, le programme du vendredi concentrait plutôt ce style de prédilection (avec notamment les Wampas, Dead Kennedys, Tagada Jones, Johnny Mafia) mais l'affiche s'ouvre de plus en plus à des groupes métal (hier Pogo Car Crash Control et FauxX, ce soir Betraying the Martyrs) et même dansants (Orchestra Baobab, Deluxe).

Ce samedi, Trouz An Noz, presque seul, portait l'étendard punk. Nous les avons vus le jeudi à la salle du Grand Pré de Langueux et ce fu(t)ribond ( http://www.concertmonkey.be/reports/trouz-noz-session-live-de-radio-activ-1019-fm-espace-culturel-le-grand-pr%C3%A9-%C3%A0-langueux-le-20 ).
Suit Orchestra Baobab qui secoue le cocotier sénégalais et fait se trémousser mais nous arrivons en toute fin de spectacle.

Place aux californiens The BellRays formés dans les 90's qui s'étaient déjà produits, ici même, en 2007.
Réglés comme du papier à musique, ils alignent, sans répit, des morceaux, parfois courts et séparés de 3 secondes de 'blanc' max.
The BellRays? ça ramone un peu punk rock dans la lignée de 'Hey ho let's go' mais à ceci près qu'ils possèdent une machine de guerre au nom de Lisa Kekaula.
Cette dernière, à la voix puissante, amène des intonations (détonations?) soul et concentre toute l'attention par sa personnalité charismatique.
Nicolas me jette 'Elle ne sourit jamais', ben non, en tous cas, pas ce soir, mais elle chante sacrément bien, encore mieux non?


En amuse gueule, 'C'mon' reste une fulgurance d'à peine plus d'une minute.

Dès le second titre 'Mine all mine', sorti sur 'Punk Funk Rock Soul - Vol. 2' (leur charte musicale certainement), en 2018, Bob Vennum, guitariste (qui avait débuté en tant que bassiste), fait preuve d'une forme physique au top par des jumps qu'il reproduira tout au fil du concert.
Ses riffs volcaniques ne cherchent pas la complexité; la rythmique fonce tout droit et la voix, la voix, ouch (comme quoi la touffe de cheveux, c'est important!)

Sur 'I can't hide' (même disque) plus en balade, Bob vient jouer les jolis choeurs auprès de Lisa. Son court solo de guitare, au son très électronique, régale.

Le tambourin, saisi dès les premières minutes, s'accroche au bras de la chanteuse. Elle n'hésite pas à s'en servir à bon escient, on l'entend bien.
Sa voix, soul, ne nous laisse pas seul et insensible. Restant un peu rauque sur des braises ardentes, elle remplit divinement le conduit auditif.
Néanmoins, la communication avec le public ne s'établit pas facilement. Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer, la bête de scène désignant le public du doigt avec des 'to you to you'.

'Power to burn' extrait de Black Lightning en 2010, possède une mélodie plus pop (tout est relatif) et des choeurs à l'avenant.
Les textes, eux, appuient fortement sur l'accélérateur de l'amour.

'Living a lie' du même album, très rock, donne une furieuse envie de sauter sur place, on ne s'en prive pas. Les premiers rangs apprécient et bougent ensemble.
 Le chant rugit, pareil au cri de la guitare, un délice!

'Everybody get up' (on y est déjà!) continue de parcourir cet enregistrement, de 12 ans d'âge quand même. Le style hyper cohérent, tout en fusion, continue de bouillonner.
L'étendue vocale s'accorde à toutes les félines de votre choix : tigresse, lionne, panthère...
Chacun à leur façon, Lisa et Bob griffent; ils sont faits l'un pour l'autre (oups, trop facile, j'ai pas pu m'en empêcher!).

Lisa, perchée sur ses chaussures ouvertes à (très) haut talons, s'essaie à descendre précautionneusement les premières marches vers le public mais s'interrompt (petit patapon) rapidement, trop risqué.
Ce serait dommage d'arrêter bêtement la tournée!
C'est à elle que revient l'honneur de présenter ses musiciens, elle le fera même 2 fois dans un tourbillon sonique et ... je ne capterai pas (barrière de la langue, bouchons d'oreille ou l'usure des tympans?)
The Bellrays, c'est Lisa et Bob, bassiste et batteur n'arrêtant pas de changer sur scène et pourtant l'osmose perdure.

'Infection' (2008) porte bien son nom, c'est une morsure mais d'abord un rythme rampant et sinueux comme le mouvement d'un alligator. L'animal patiente, à l'affut, avant d'attaquer.
Le rythme s'appuie sur des rebonds torrides sous lesquels la guitare pleure. Aucune chance de résister!

'Junior high' (2019) revient aux basiques. 1 2, 1 2 3 et paf dans le pif, ça boxe (la salle dédiée à ce sport n'est pas loin!)!

'Shake your snake' (2018) le prouve : si ce n'est pas un croco, alors c'est un serpent (venimeux forcément) qui glisse... .
L'ambiance se veut soul et chaude avec des harangues et on pense aux débuts de Ike and Tina Turner. 'Shake' porte bien son nom, tu peux secouer ton popotin!

'Perfect'('Punk Funk Rock Soul - Vol. 2' 2018) se pose sur une rythmique droite où basse et batterie jouent merveilleusement bien la sécurité pour les 2 artistes sur le devant de la scène.
Bob dessine des enluminures autour de la voix féminine orageuse et soutient vaillamment les choeurs.

'Now' (même disque) me fait le grand plaisir d'entendre une intro au rythme chiadé et méchamment prenant.
Intro? Pas seulement, le batteur s'astreint à tenir ses moulins jusqu'au bout et les californiens étirent longuement le morceau.
Les musiciens chantent d'abord ensemble 'We're playing a new song' puis c'est Bob, seul, qui s'y colle.

'Black Lightning' provient toujours du disque phare de 2010. Sur un rythme effréné, la guitare s'en donne à coeur joie.

'Startime', déterré de 2003, nous achève en 1 minute chrono. Fulgurance aussi en sortie... Bob jette l'éponge (oups, désolé j'ai glissé chef!).


Wouah, ça brûle et ça gratte telle une gorgée de whisky râpeux. La prestation s'arrête brutalement avec une impression qu'elle n'a duré qu'un clin d'oeil.
Oui, le répertoire reste millimétré mais quelle énergie rageuse! Ils ont transpiré, nous aussi!



SETLIST
C'mon
Mine all mine
I can't hide
Ball of confusion
Power to burn
Living a lie
Everybody get up
Infection
Junior high
Shake your snake
Perfect
Now
Black Lightning
Startime

 



dimanche 23 octobre 2022

Dr Feelgood et Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot à La Grande Ourse, Saint- Agathon, le 22 octobre 2022

 Dr Feelgood et Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot à La Grande Ourse, Saint- Agathon, le 22 octobre 2022

 

michel

 

En devisant à propos des subventions accordées par la Région, de la baisse d'affluence lors de la saison écoulée, mais aussi de  la programmation 2022/2023,  Ludo, en charge du choix des artistes, confie:  ...Habitué de la programmation, le groupe Dr Feelgood fait son retour. "C’est notre groupe totem. C’est tout ce qu’on aime dans le rock ; pêchu, mélodique… Malgré le décès du chanteur Lee Brilleaux, le groupe a perduré." À voir samedi 22 octobre 2022, avec Howlin’grassman vs. Stompin’Bigfoot en première partie....

Et le public breton + quelques expats, venant de perdre leur Prime Minister après 44 jours de fonction,    a répondu en masse pour la venue du plus thérapeutique des groupes de pub rock/ R&B/ blues rock que compte Albion, que les Allemands dans leur pamphlet anti- britannique de 1915 avait surnommé  Das perfide Albion: Dr.Feelgood!

Ce raz de marée humain a rendu le sourire aux organisateurs, quant au public, à l'instar de Sabine qui après le concert s'est exprimée en ces termes.... Concert génial à Saint-Agathon hier soir... , il était tout sourire à l'issue de la prestation du toubib, qui soigne ses patients à grandes doses de vitamines et d'onguents rock'n'roll, "Milk and Alcohol" étant une de ses prescriptions les plus célèbres, on ajoute, cependant, pas trop de milk et beaucoup d'alcohol!

21h,  Howlin’ Grassman Vs Stompin’ Bigfoot ouvrent la soirée!

Étienne Grass, qui  howle pire qu'un loup des champs ( non, pas Didier),  s'ébat aussi au sein d'Electric Bazar et Grain, ici, il chante comme un canis lupus traqué, tabasse,  comme un forcené, toms, et cymbales, et, de temps en temps, malmène une guitare.

Un mec à tes côtés lui trouve une ressemblance avec Richard Gotainer, c'est sûr qu'il n'a pas le même look que Stéphane Bern. 

Son pote à la casquette, Lionel Mauguen ( (Oko, Orchestre Préhistorique, Yog Sothoth), au chant légèrement moins âpre, manie la guitare ( il en possède plusieurs exemplaires), pour cacher les trous dans ses chaussettes, on a casé une grosse caisse face à sa chaise, il écrase constamment la pédale pour produire un boum boum boum harmonieux et,  de temps en temps, il agrippe une baguette pour faire danser le charleston.

Comme Miossec, ils boivent peu et viennent de Brest.

Date de naissance du duo: 2015,  carte de visite: un album  10 titres qui porte leur nom, il date du mois de mars. 

Quand tu joues en avant-programme, il n'est pas question d' élever  la température interne des muscles sollicités par l'activité grâce à un travail de force analytique et ce pendant 25 minutes, minimum, il faut entrer d'emblée dans le vif du sujet, le hurleur et le frappeur le savent , donc ' Last Night Party' ( titre à vérifier), qui ouvre le set, déménage déjà un max.

Leur blues rugueux, chanté à deux voix crades, secoue sérieusement, pour te faire une idée on avance les noms de Seasick Steve ou Vincent Bloyet, pour rester dans l'hexagone.

Du dirty swamp punk blues , influencé par la proximité de la tourbière de Langazel, sans doute

Une slide rageuse introduit  la suivante, ' Jesus' indique la playlist, sur sa croix, le messie, ne pouvant battre des mains, ni frapper le sol du talon, a hoché la tête en mesure, quelque peu gêné par la couronne d'épines, il est vrai.

Etienne, tiens le bien, glisse Patti, il les tient fermement ses bâtons, avec lesquels il rosse son mini kit de batterie, dans une vie antérieure il devait fréquenter les salles de boxe, car sa gestuelle a tout de Marcel Cerdan face à  Saverio Turiello, en 1939.

' You wear me out' est scandé à pleins poumons, après avoir craché sa hargne, Mr Grassman ramasse une guitare et c'est le doux  ' Do the Shout'  qui nous tombe dessus.

Le chant, en mode injonctions, te rappelle le hargneux adjudant qui, pendant ton service militaire, engueulait constamment le gars le plus fluet du bataillon.

Après un final noisy et un hurlement de douleur, ils proposent  ' Open the Cage', Pierre Perret a applaudi, mais on n'a vu aucun oisillon voler au dessus de nos crânes, paraît que l'idée était d'ouvrir ton esprit pour libérer les fantômes qui le squattent.

Le morceau vire boogie vicieux,  tendance vaudou,  c'est idéal pour faire le vide in your brain.

Passons au blues fusion,  ' Discipline', concis et militaire,  marie le chant de RATM et le raffinement du rock industriel.

Faut pas le dire deux fois à un Breton, ' Get drunk', il pige rapidos.

En réponse à Britney Spears, voici ' Toxic Man' ,   la voix est passée à la râpe, la guitare prend des sonorités casserole, ça cogne plus que méchant,  La Grande Ourse aime ça.

Yeah, gueule un ex-enfant de choeur, devenu maton.

On va vous chanter Brest, dit celui qui est debout, Brest, c'est la Venise bretonne, sans les moustiques!

'It's my gaff' ne sera pas repris dans les guides touristiques brestois... it's dark, cloudy, wet, windy, sad, ... et ça pue, c'est comme Baudelaire décrivant Bruxelles!

' I know that you don't love me'  termine un set intense, ayant tenu le public en haleine, Dr Feelgood ne pouvait rêver d'un meilleur support! 

Le temps pour les gosiers de se rafraîchir et Dr Feelgood investit la scène, Robert Kane, fuselé, une coupe de cheveux Jimmy Somerville ( à l'époque où son crâne était encore garni) et une flamboyante veste bordeaux, salue Saint-Agathon in French en arborant un sourire narquois.

If you're ready, let's go...

Euh, Robert, tu nous laisses faire les présentations!

Dr Feelgood, que tu as le bonheur de croiser quelque fois sur scène,...à Louvain, à Jette ( commune bruxelloise), notamment, c'était au siècle dernier, existe depuis 1971.

De la formation d'origine, il ne subsiste plus aucun membre.

Les plus célèbres sont au cimetière ( Lee Brilleaux) ou ont quitté la formation en cours de route ( Wilko Johnson) , John B. "Sparko" Sparks, le bassiste des débuts avait quitté le bon docteur pour accompagner Lew Lewis, et  John "The Big Figure" Martin, the original drummer, se tire en 1982, comme Sparko, pour mener une existence plus paisible., des gens disent le croiser en Charente, où le Cognac s'avère meilleur que le brandy made in the UK.

Parmi les autres membres légendaires  ayant défilé au sein de la formation, il faut citer Gypie Mayo qui a remplacé Wilko à la guitare  avant de rejoindre une nouvelle mouture des Yardbirds.

Gypie est décédé en 2013.

La formation actuelle se compose de Phil H. Mitchell, à la basse depuis 1983 , Kevin Morris, aux drums ( depuis 1983), Gordon Russell à la guitare, de 1983 à  1989 et retour en 2021, il s'est pendant un temps amusé au sein de Madd Murdock et Two Timers, Robert Kane ( vocals, harmonica), un ex- Animals,  est la recrue la plus récente ( 1999), mais pas  la plus   pudibonde, ce dandy est une bête de scène qui, à l'instar de Johnny, sait comment allumer le feu.     

Le groupe vient de sortir un nouvel album, ' Damn Right', et en interprétera plusieurs extraits.  

Entrée en matière rageuse, au titre explicite  ' Drives me Wild' , Mister Kane se trimballe à droite et à gauche, se contorsionne, grimace, fait de grands gestes pour inciter la foule à s'extérioriser, c'est parti sur les chapeaux de roue.

Léger ralentissement avec ' No Mo Do Yakomo'  qui présente quelques relents country rock sympathiques.

En 1962, Bo Diddley  enregistrait ' I can tell', ce titre punchy en diable est au répertoire du docteur depuis des lustres, Gordon Russell se lâche pour la première fois, il canarde pire qu'un chasseur en état d'ébriété avancée.

Robert Kane pointe un index dans la direction du guitariste pour bien montrer que sur ce morceau, c'est lui le chef.

' Mary Ann' est le dernier single  du band, il s'entend sur la nouvelle rondelle, et pour les Hollandais, on signale que ce méchant rock ne ressemble en rien à la comptine des Cats, même si le refrain est un rien putassier.

Première très grosse claque avec 'All through the city' , un extrait brûlant de 'Down by the Jetty'.

Malgré le fog et une température qui ne dépasse pas les 41 degrés ( Fahrenheit), il fait torride dans ce patelin.

Le temps de m'éponger et on continue avec ' She does it right'.

A l'arrière, impassible, Kevin Morris maintient une cadence soutenue, en avalant un verre de blanc quand le show le permet,  Phil Henri, au large sourire, assure avec lui une rythmique infaillible et tandis que le showman fait son numéro, Gordon Russell nous assène une série de riffs meurtriers, arrachant des "wohs" admiratifs à tes côtés.

We're gonna relax just a little bit, geste à l'appui, here is ' If my baby quits me', un blues  pur jus qu'ils ont emprunté à   Mike Morgan and The Crawl.

Après un nouvel échantillon à découvrir sur le nouveau  CD,  'Damn right I do',  pour lequel l'agile et démonstratif chanteur a sorti un harmonica, on passe aux choses sérieuses avec la cover brûlante de ' You don't love me baby' de Willie Cobbs, déjà un hit pour Bo Diddley en 1965.

La slide entame  ' Keep it under cover' à entendre sur le new album, en vente ce soir ( pas mal d'exemplaires ont trouvé preneur, merci),  mais sortie officielle en novembre.

Gordon a gardé le bottleneck pour ' Back in the night',  gueulé par 349 gargamelles bien récurées, le numéro 350 dans la salle,  était aphone.

Merde, Saint-Agathon, it's Saturday night, faites du bruit...  on ne se fait pas prier car voici la femme fatale, ' Roxette', la lady  qui rend tous les jules gaga!

Quelles lignes de basse addictives, quels riffs assassins, sans oublier l'harmonica ravageur,  messieurs, aussi fort que Smoke on the Water!

Blues time again avec 'Shotgun blues'  ou quand le Mississippi prend des couleurs de Tamise!

Guitare en exhibition, chant embrasé, la classe, Istace!

Another old time favorite pour suivre, ' Milk and alcohol' suivi par une version monstrueuse de ' See you later alligator'.

Monsieur Crocodile, Wally Gator, et tous les autres vauriens à la fête.

La folie gagne tous les swamps de l'Argoat et du Trégor,   ' Going back home' et ' Down at the doctors' maintiennent  le thermomètre dans la zone rouge; avant d'entendre  Robert Kane annoncer we have one more song, guys, ' Gimme one more shot' ( de J B Lenoir)

Avalé sans glace, ça raclait le larynx.

 Un triomphe, public déchaîné exigeant le retour des British, d'abord en trio pour un instrumental juteux ,permettant au bassiste et au batteur de placer un solo brillant, mais c'est à nouveau la guitare qui crachera des flammes, à la manière d'Alvin Lee, au bon vieux temps de Ten Years After.

L'intro caractéristique de ' Riot in cell block number nine' voit le retour du plus beau  et là, ça cogne méchant, tous les forçats s'empoignent, le sang gicle.

Pour couronner le tout, direction  l' llinois,  le Missouri, le Kansas, l' Oklahoma, le Texas, le Nouveau-Mexique, l'Arizona et la  Californie sur la 'Route 66'.

Digne apothéose d'un concert grandiose!

 








 

 


Deep Purple with special guests Blue Öyster Cult at The O2 arena, London, October 20 2022

 Deep Purple  with special guests Blue Öyster Cult at The O2 arena, London, October 20 2022

Mitch ZoSo Duterck

 

 

DEEP PURPLE + BLUE ÖYSTER CULT – O2 Arena,London, England – 2022.10.20
Blue Öyster Cult Set List :
01.Stairway To The Stars. (Blue Öyster Cult – 1972)
02.That Was Me. (The Symbol Remains – 2020)
03.Burnin’ For You. (Fire Of Unknown Origin – 1981)
04.Golden Age Of Leather. (Spectres – 1977)
05.Train True (Lennie’s Song). (The Symbol Remains – 2020)
06.E .T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) (Agents Of Fortune – 1976)
07.Hot Rails To Hell. (Tyranny And Mutation – 1973)
08.Godzilla. (Spectres – 1977)
09.(Don’t Fear) The Reaper. (Agents Of Fortune – 1976)
10.Cities On Flame With Rock’n’Roll. (Blue Öyster Cult – 1972)
 
Blue Öster Cult Lineup :
Eric BLOOM (guitar & vocals), Richie CASTELLANO (keyboards, guitar & backing vocals), Danny MIRANDA (bass guitar & backing vocals), Jules RADINI (drums), Donald « Buck Dharma » ROESER (guitar & vocals)
 
Pourquoi aller voir Deep Purple à Londres après les avoir déjà vus il y a 12 jours à peine à Luxembourg ? C’est la question légitime que se posent certainement quelques lecteurs assidus pour qui mon agenda des concerts est un moyen de voyager et de s’instruire à peu de frais. Comme disait naguère Sarkozy, grand adepte de l’utilisation du Kärsher dans les banlieues, « vous m’avez posé une question ? Je vais vous répondre ». Tout d’abord parce que Purple a été tellement bon que j’avais envie de répéter le plaisir, une sorte de second orgasme quoi. Ensuite il y avait l’attrait de repartir en road trip avec mon pote Cédric, au moins aussi fou dangereux que moi au niveau des calembours douteux, et enfin, parce qu’il y avait Blue Öyster Cult, l’immense groupe américain pour lequel je n’ai jamais caché mon admiration, en première partie, ce qui constitue en fait ce que les anglo-saxons appellent une « double bill », une double affiche en français.
Donc, au lieu des trente-cinq minutes traditionnellement accordées aux groupes qui ouvrent pour la tête d’affiche (toi-même), B.Ö.C a eu le privilège de jouer plus longtemps. C’est ainsi que le gang de New York que l’on pourrait croire tout droit sorti de la mafia de Little Italy a disposé de près de cinquante-trois minutes pour étaler une partie de son talent devant un public ravi. La bande des Bloom (77ans) & Roeser (75ans), pères fondateurs du « culte de l’huître bleue » a décidé de célébrer le cinquantième anniversaire de la sortie de son premier album « Blue Öyster Cult » par une tournée mondiale baptisée : « On Tour Forever – 1972/2022 - 50th Anniversary ». Malgré que leurs détracteurs ont toujours qualifié leur musique de froide et trop intellectuelle au niveau des textes, leur répertoire regorge de tellement de brûlots précurseurs du métal, qu’ils se sont même permis le luxe de ne jouer aucun titre de « Secret Treaties », l’album monumental qui avait fait polémique à l’époque.
Je vois tes pupilles inquisitrices se demander de quoi il peut encore bien s’agir et je vais donc me faire le plaisir d’apaiser ta soif de petites anecdotes qui font la grande histoire du Rock. La pochette en noir et blanc montre un dessin représentant le groupe rassemblé autour du célèbre ME 262, le fameux Messerschmitt 262, un avion à réaction qui aurait à coup sûr changé le cours de la seconde guerre mondiale et par conséquent, le destin du monde si l’Allemagne avait seulement disposé d’un peu plus de temps pour développer et produire en grande série ce chasseur-bombardier sans aucun rival, même lointain, à l’époque. C’est vrai qu’avec un peu d’imagination, en regardant cette pochette d’album, on aurait pu imaginer que les musiciens composaient une équipe de mécanos dévolus à l’entretien de la bête dont les ailes et la queue étaient décorées du logo du groupe. Vous voyez cette célèbre croix dont la branche inférieure ressemble à une cédille ? Voilà, c’est çà. En tout cas, ce fameux logo déjà présent sur le premier album, a été créé en toute innocence et sans arrière-pensées aucunes par l’artiste Bill Gawik. Ce n’est ni plus ni moins qu’une représentation stylisée d’un symbole astronomique identifiant la planète Saturne. La chanson, racontée du point de vue allemand parle du dernier combat de quelques un de ces fabuleux chasseurs qui ont abattu bon nombre des avions anglais auxquels ils étaient opposés sans subir la moindre perte dans leurs rangs. Mais aux Etats-Unis, les esprits tordus y ont plutôt vu un symbole et une sympathie pro-nazis, ce qui a déclenché immédiatement une vive bataille médiatique, poussant finalement le groupe à sortir de sa réserve pour dévoiler les origines juives de certains de ses membres et les mauvaises langues qui les accusaient de sympathie pour l’Allemagne nazie se sont tues. Heureusement qu’on a les ricains pour toutes ces conneries, sinon, on s’ennuierait ferme, vous ne trouvez pas ?
Au niveau de la prestation du groupe, rien à redire, même depuis le départ des frères Albert et Joe Bouchard et d’Allen Lanier (1946/2013), ce dernier étant devenu le petit ami de Patti Smith après que celle-ci se soit séparée d’avec Fred Sonic Smith du groupe MC5, les New Yorkais n’ont rien perdu de leur superbe. Ils ont connus comme tous les groupes d’ailleurs des périodes moins fastes mais ils ont survécu pour notre plus grand plaisir. Pour en terminer avec Patti Smith et Blue Öyster Cult, signalons encore que la poétesse de l’underground a collaboré à l’écriture de cinq titres que je te dévoile en toute amitié : "Baby Ice Dog," "Career of Evil," "The Revenge of Vera Gemini," "Debbie Denise" et "Shooting Shark.
Des moments très intenses dans le concert avec les hymnes incontournables que sont «E.T.I. , » « Godzilla, » ou encore « (Don’t Fear) The Reaper » bref, une première partie trop courte. Et donc ?
On se verra sans doute ce deux novembre prochain au Cirque Royal de Bruxelles, en tout cas je vous le souhaite de tout cœur, pour un concert en tête d’affiche cette fois. Il est encore possible de voir jouer des légendes,alors profitons-en.
 
DEEP PURPLE Set list :
01.Highway Star
02.Pictures of Home
03.No Need to Shout
04.Nothing at All > Guitar Solo
05.Uncommon Man
06.Lazy
07.When a Blind Man Cries
08.Anya > Keyboard Solo
09.Perfect Strangers
10.Space Truckin'
11.Smoke on the Water
12.Hush > Bass Solo
13.Black Night
Je ne vais pas vous répéter ce que vous avez déjà lu il y a quelques jours sinon que voir Deep Purple chez eux en Angleterre, c’est encore autre chose, le public est fou et c’est tant mieux pour l’ambiance. Ce 20 octobre dernier il y avait vraiment « A Fire in the Sky ». Thank you Cédric
Mitch « ZoSo » Duterck

samedi 22 octobre 2022

Birrd en sortie de résidence à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 21 octobre 2022

Birrd en sortie de  résidence  à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 21 octobre 2022

 

michel

 Birrd est en résidence de création à Bonjour Minuit du 17 au 21 Novembre 2022. Cette résidence s'inscrit dans le cadre de la production mutualisée de son nouveau spectacle, par Bonjour Minuit, les Trans Musicales de Rennes et Le Tétris au Havre.

Nous avons le plaisir de vous inviter à assister au filage..

Stefan Vögel débute dans les cabarets, avant de se faire un nom à l’international en tant que scénariste et dramaturge....

C'est pas celui-là!

Stefan Vogel ( il niche à Rouen)  a choisi Birrd comme nom de scène, oui, tu doubles le r, car Ronnie Bird, Jade Bird, Andrew Bird,   Charlie Byrd, The Byrds, Emily Loizeau, Edith Piaf,  et quelques autres, avaient déjà opté pour une approche à plumes.

Le créneau de Birrd, c'est la musique électronique, proche de la space music, tout en incluant des éléments dark ambient , industrial techno, minimal techno ou deep house dans son cocktail!

En cette fin d'après-midi, le drôle d'oiseau compte nous jouer l'intégralité  de l'EP 'Alba' devant sortir fin novembre chez Yotanka Records.

16:30', le showcase s'annonce mal, de sérieux problèmes techniques entravent la mise en route des machines. 

L'ordi, le moog, les divers synthés, refusent obstinément de générer quoi que ce soit, tous les gens compétents s'affairent, ils mutent (tu prononces miout) , démutent  ( idem) les différents éléments électroniques, vérifient tous les câblages, mais les machines se montrent récalcitrantes.

Au bout de 20' ,  oscillators, arpeggiators, samplers, keyboards, etc, répondent enfin aux consignes de la table, l'artiste peut débuter son trip sonique qui s'étendra sur  près de 45 minutes, sans interruption.

Birrd nous signalera avoir joué neuf morceaux, certains n'ont pas encore été baptisés, mais on a entendu ' Void Loop', 'Alba, ' No time to shine', ' Metropolis' et ' Sailing to Bastia'.

Tout s'enchaîne sans blanc, le fondu enchaîné fonctionne du début à la fin.

Une bande est donc lancée, le moog intervient, quelques cliquetis giclent, c'est parti. Tandis que les lasers strient la pièce , de gros beats jaillissent des machines, ça pulse un max.

Space effects, bruissements abstraits, environnement textural industriel et beats techno, se marient ou se succèdent. A chaque retour des beats hypnotiques, Stefan  se démène, en cadence, sur la rythmique répétitive en hochant la tête,  se déhanchant, agitant les bras,  et pliant les genoux.

Il ne voit personne, sa musique, il la vit!

Un mouvement grandiloquent est suivi par un passage apathique, avant le retour des éléments  effervescents empruntés à l' electro body music.

L'auditeur est happé par le mix technoïde , impossible de rester impassible, comme l'oiseau noir, tu suis le rythme, secoue le crâne et frappe le sol du talon.

Comme rien ne distingue la fin d'un morceau de l'amorce du suivant, c'est à toi de concevoir si on vient d'entamer le troisième ou le quatrième titre.

Après une séquence pointilliste,  ressurgit le magma  nerveux .

Flux et reflux, déferlantes, ressac, tu tangues, plonges,  refais surface, replonges,  soudain une voix féminine se fait entendre, en sourdine, ce doit être celle d' Anna qui décore la plage ' No time to shine'.

Et pourtant, elle brille!

Après un léger ralentissement, comme un râle de mourant, une nouvelle pièce majestueuse, symphonique, est lancée.

La messe techno est embellie par un chant céleste, mais l'architecture sonore reste complexe, bigarrée,  en présentant des détails baroques .

Les auditeurs avertis citent Rone,  ou les pionniers de la Chicago House ( Jesse Saunders) comme influences , on entend également des traces de  Mat P Jarvis ( Gas) et d'autres papes de la musique électronique, tels The Orb.  

Stefan n'en a cure et fignole la confection de son soundscape. Des palpitations esthétiques, lestées de vocaux féminins satinés amorcent un nouveau tableau , qui succède au minimaliste  ' Metropolis', titre  répondant au fascinant  ' Metropolis' des précurseurs Kraftwerk.

On n'ose affirmer que 'Sailing to Bastia' soit le dernier épisode du roman musical,  mais le vieux port corse, au flanc de la montagne,  avait belle mine et Napoléon, sur son socle,  a trouvé sympa qu'un producteur futuriste dépeigne une des villes essentielles de l'île de beauté.

 

Birrd sera fin prêt pour le concert du 10 décembre lors des Trans Musicales à Rennes!





 



 


vendredi 21 octobre 2022

Trouz An Noz - session live de Radio Activ' 101.9 FM , Espace culturel Le Grand Pré à Langueux, le 20 octobre 2022

 Trouz An Noz -  session live de Radio Activ' 101.9 FM ,  Espace culturel Le Grand Pré à Langueux, le 20 octobre 2022

 

NoPo

TROUZ AN NOZ session live Radio Activ' -  Jeudi 20/10/2022 19H


Le 'Grand pré', pas réservé à l'amour, nous accueille à Langueux ce soir pour une spéciale Carnavalorock.
Vu la date, ce festival mythique pourra bientôt s'appeler Halloweenorock!
J'écoute dans la voiture l'interview de Joc et Job, les 2 locaux de l'hydre FauxX à 2 'X', Job tapant aussi dans Tagada Jones, et les 2 groupes rendant leur copie demain, vendredi 21 Octobre à Saint-Brieuc.

Pour Trouz an Noz qui s'échauffe par la session de ce soir, ce sera samedi soir en ouverture du dit festival. 

Weekend chargé en perspective!

Formé en 2007 à St Brieuc, TAN, c'est d'abord Nico (Nicolas Montfort, Melmor-le retour- et ex Nevrotic Explosion) avec un DJ. Il aime le punk, sa région et autant le breton que le gallo.
Fallait quand même oser intituler un morceau 'Tchi queï qui caouse gallo un p'ti? ' en 2010 (pour la traduction, écrire à Concert Monkey, le jumelage Bruxelles Goëlo marche à fond!)

note de la rédaction : a ha, take on me!

 
Tant qu'à faire, 'On peut enregistrer à St Carreuc vortié?', c'est fait! 

Un violon vient se greffer et s'installer malgré une formation qui évolue de nombreuses fois. Dernier disque en date, l'EP 'Hento​ù​-​Treuz' en 2019.

Evidemment, impossible de ne pas faire le rapprochement avec les Ramoneurs de Menhirs et notamment le côté revendicatif et, en live, une rythmique bourrine au sampler.
Pour ma part, les souvenirs de EV, troupe celtique nantaise des 80's, me reviennent, eux qui ont arrêté lorsque TAN a commencé... transmission, hérédité?

Après pas mal de mouvements, on retrouve un quatuor :
Nico chant, guitare
Isabelle chant, violon
Olivier, vidéo
Alex, guitare (dans Melmor aussi, il a le teeshirt)


Avec grand plaisir, on ouvre les portes de la salle pour retrouver l'ambiance enjouée des radioactivistes et 'Trouz an noz' s'inscrit bien dans le thème.
Particularités, Olivier, le barbu à casquette, s'occupe des performances vidéo ad hoc et pertinentes.


Intro mélangeant images, reverb et stridences, puis on entre dans le bain sous des riffs de guitares quasi métal. Le chant, vindicatif et rugueux, et la cadence élevée en beat électros, corrigent... le style se veut punk.
D'emblée, on monte sur les 'Barricades'. Le violon s'enflamme et nous avec. Consistant les deux grattes!
Au milieu, un passage une voix appelle (au secours?) 'oh et oh', onomato(a)pées tellement adapt(ap)ées aux matraques.

'Chome Ta​ï​!', un hymne à l'accueil et la tolérance 'Reste pas tout sou viens canté maï'. Evidemment toujours d'actualité!
Alex, le barbu sans casquette, prend vraiment des positions et des tons de métalleux. Un ptit coup de synthé gicle! Sous sa robe abimée (ou le contraire), la mariée reste belle dans l'adversité et sa mélodie.

Echo de la voix sur l'enchainement suivant comme une invite à la fête foraine. Le riff griffe sombrement. La harangue hurle 'Christ kills'. ça crie, ça crie, sacrilège?
Crimes abominables dénoncés et pourtant, on a envie de reprendre en choeurs 'Et ho, zero!' Putain que ça déménage!!  

"On continue avec 'Fachist brein', je crois", oui c'est ça Nico! Inutile de traduire...
'Ouh ha, ouha' pour battre le rappel et plus loin 'hohowo woohohoh' parsèment les paroles du morceau pour embarquer le public.
Le riff sonne, court et direct comme une frappe de boxeur! 'Le facho qui s'affiche dans la rue finira face à terre', belle poésie!

On flirte, ensuite, avec une influence orientalisante. Le violon prend son pied (pas le seul!). Faut dire que brille 'La netei sous l'soulail'.
Le rythme percussif fixe le point pour les circonvolutions de la danse du ventre... plein ou vide? Le truc demeure emballant de bout en bout qu'on comprenne ou pas le gallo.

'Daouzek (12) Boled (balles)' inspiré des écrits de Louis Guilloux, tire à balles réelles en s'arrimant fortement à la tradition bretonne.
On pourrait même croire au kan-ah-diskan sur ce violon surexcité et balafré par des guitares agressives.
'Trugarez!' disent les musicos pour remercier. C'est nous!

'Kendal Breizh' fusionne Bretagne et Syrie. Une ouverture au son de Duduk, suivi d'un riff angoissant. Le chant mélange masculin/féminin.
Malgré la projection vidéo, on ne capte pas. On se regarde avec Laurence et Jeremy, c'est qui Kendal Breizh (à reprendre à l'unisson)?
Bande d'ignares! Olivier Le Clainche, de Malestroit, combattait aux côtés des forces kurdes, il est mort d'une explosion en 2018. "Je suis prêt à mourir pour mes idées" avait-il déclaré.

'L'enfer du décor', un jeu de mots comme je les aime, met en avant un riff de guitare métal poursuivi par le violon tournoyant. Au chant, Isabelle accompagne ou répond, avec morgue, à Nico.
Les musiciens dégagent une énergie phénoménale, couplée au plaisir de jouer, palpable. Contagieux! On n'a qu'une envie : sauter et tourner sur place.

'Tant de noir sur ta mémoire, tant de noir sur ton espoir', 'Partisan' (où es-tu?) ne fait pas dans l'allégresse. Le gimmick électro, dansant sur roulements, habille un peu le moral et huile la mécanique de nos guiboles sur le sol.
Quelques zébrures synthétiques giflent la trame lourde. Le violon donne des airs virevoltants si magnifiques à la compo. C'est roots, c'est moderne, c'est triste, c'est joyeux, rire et pleurer c'est la vie!

Nico s'arrête s'apercevant qu'on a dû refuser du monde...'. C'est l'heure de l'interview. Marcus, lui, sait qui est 'Kendal Breizh'.
15 ans ce jour, date anniversaire du groupe. La courte prestation, en rodage, préparée en résidence avec Diogène, se cale pour Carnavalo. De nouveaux titres sont en cours d'enregistrement.
Les remerciements vont aussi à Sam Burlot, organisateur à l'origine de Carnavalo, qui y avait invité Melmor en 92.

On rebranche l'ordi qui fait 'bloup' et on y retourne au mastic. La brigade remet le couvert avec 2 titres servis en début de repas (c'est encore meilleur en rab!) :
'Chome Ta​ï​!' et 'chante chante les chantous' puis 'Christ kills' à chanter en cantique.
'Kenavo à la perchaine!' lance Isabelle.


Pas spécialement destinés à être joués sous la fenêtre de sa bien aimée (à moins qu'elle soit keuponne!), ces bruits de la nuit (traduction du nom du bagad) donnent une patate d'enfer (spécialité bretonne).
Y'a qu'à nous voir danser sur le parquet du pré! Pas toujours très souples mais bien déchainés. Malgré ces propos forts, 'Dancing in the dark' (mais sans fermer les yeux ni les oreilles) permet encore d'évacuer et de fraterniser.
A la perchaine, samedi salle de Robien. 

mardi 18 octobre 2022

Album - Naari - Naari

 Album - Naari - Naari 


House of Strength Records

michel.

Naari ou Nārī signifie femme en sanskrit, c'est le nom de scène sélectionné par Neeraja Narayanasamy, née à Bangalore ( sud de l'Inde), qui désormais vit à Berlin, après avoir suivi des cours de Music education à l' Université  du  Sussex à Brighton.

Premières traces musicales, elle fait partie de Laguna , un combo post punk de Berlin.

Après avoir gravé un premier EP en 2020, elle est repérée par Fink, le musicien, deejay,  chanteur, producteur, dont un des hauts faits d'armes est d'avoir collaboré avec Amy Winehouse à ses débuts, son  album 'Hard Believer' s'est tapé un top ten dans les charts néerlandais.

  Fin Greenall ( Fink) décide de produire le premier album de la demoiselle, disque qui a vu le jour tout récemment.

On a lu ceci, Fink enlisted friends from all over the world to make the album.... c'est sympa, le hic, c'est que l'identité de ses copains n'a pas été dévoilée. 

En fouillant sur le net on a recueilli quelques informations, ainsi sont crédités sur le titre 'Maybe it's love' ,les musiciens suivants: vocals: Naari
Guitar: Ethan Dalziel, Fin Greenall, Naari
Bass: Chrissi Breinl
Drums: Nicki Hustinx
Sitar: Megha Rawoot

Tracks:

Maybe it's love

Mr Hyde

Pain is a faithful Lover

Ghodts

Invocation Song

Ther's no Magic

Kids

Ordinary World

Ego

 

Photo de pochette: sur fond cérulé, un ciel azur dans lequel les nuages brillent par leur absence,  la jeune fille exprime sa joie,  les bras élevés, haut dans le ciel.

Bleus sont les cieux, roses est son avenir! 

L'album débute par la gracieuse ballade, ' Maybe it's love', la voix de Naari, délicate et pure comme un ru alpin,  vient flatter nos pavillons, elle s'harmonise aux sonorités d'un piano sensible, les guitares et les percussions restant en arrière-plan.

Ce gentil dream folk prend une tournure plus indienne avec l'apparition du sitar qui jongle avec les vocalises de la Berlinoise.

Une plage qui évoque toute la douceur que l'on retrouve chez une artiste comme Narissa Nadler.

Tu n'associeras pas ' Mr Hyde' à la parodie de la nouvelle de Robert-Louis Stevenson imaginée par le facétieux Jerry Lewis, 

Le Mr Hyde dépeint par la chanteuse indienne est plus proche du héros créé par l'écrivain écossais,... he makes love like an angel but he  will make your daughter cry .... mr Hyde offre deux visages, in fact he is a monster deep inside.

En mode folk noir, en s'accompagnant d'une guitare électrique accentuant le propos sombre du texte, Naari convainc l'auditeur.

Il existe sur YouTube une version épurée voix / guitare, déjà frappante, sur l'album, piano, percussions  et backing vocals gonflent le son sans trahir la description du triste personnage que n'étouffent pas les  scrupules.

Retour à la ballade romantique avec ' Pain is a Faithful Lover', sur laquelle  Fink a sorti les violons. Un piano instable et  un drumming méthodique accompagnent le chant serein de la demoiselle qui psalmodie son speech poétique aux images sensuelles ... If you were earth, Id water you like the rain...  nous renvoyant vers  l'univers de Jane Austen et, sur le plan pictural, vers les femmes idéalisées du mystique Fernand Khnopff.

Romantisme, encore et toujours, puisque la suivante a été baptisée ' Ghosts'.

A - t-elle lu  toute l'oeuvre d' Edgar Allan Poe?

 Maybe!

Tout compte fait, ces fantômes n'ont pas l'air bien malfaisants, the ghosts are watching over me, donc pas de panique!

La gentille guitare acoustique et le chant angélique se faufilent subtilement dans ton cerveau à la manière d'une substance immatérielle, ce qui a beaucoup plu à Descartes et aux adeptes du  Sāṃkhya.

Si il est  une chanson qui porte bien son titre c'est 'Invocation Song' qui nous renvoie en 1969, lorsque George Harrison en pleine période spirituelle prend conscience de la philosophie hindoue, il grave son fameux ' My Sweet Lord' et  produit le  Radha Krsna Temple  qui pond  la litanie  'Hare Krishna Maha-Mantra' qui restera pendant 9 semaines dans les UK charts.

Profondeur, ferveur et mysticisme,  émergent des tréfonds de la terre en grosses bulles, contenant chacune une voix murmurant un hymne védique analeptique.

La dernière fois que tu t'étais senti atteindre  la sérénité de l'âme et de l'esprit, c'était à l'écoute de l' E P ' Rise' de  Willow et   Jahnavi Harrison.

Changement de style avec ' There's no magic' , qui se décline en mode nu soul à la Amy Winehouse.

La guitare caustique se cale en contrepoint du chant heurté de Naasri,il faut attendre plus de 60 secondes avant l'entrée en piste du drummer, qui  vient rythmer un  morceau  quasi monolithique, quelques effets de voix parent la mélodie, un piano apparait et, contrairement à ce qu"elle affirme, la magie opère et tu t'inclines.

Les tonalités de 'Kids' expriment à merveille l'insouciance, la légèreté, l'innocence  et la liberté de l'enfance, les voix qui se superposent, l'orchestration soyeuse, tout transpire  la paix intérieure et l'ingénuité.

Elle peut être plus prosaïque comme sur cet 'Ordinary World' qui présente des dispositions d'esprit moins frivoles.

Le morceau se conjugue en mode downtempo, la voix, narrative, mise en boucle lors d'un second mouvement,  est soutenue par un orgue délicat,  avant l'entrée en piste d'une guitare éloquente qui respecte les climats réservés voulus par la compositrice. 

Elle termine par une mise à nu de son 'Ego' ... no need to prove myself , I got no ego... en confessant ne pas en avoir.

Excès de modestie, imposture, manque d'estime de soi, défaitisme...on n' y croit pas, cette jeune fille respire l'équilibre et l'harmonie et vient de donner naissance à un premier album captivant.


Pour conclure, on reproduit un message laissé sur sa page facebook:Thank you for all the love, the listening and support. I strive to only perfect what I'm doing and bring you music, performance and words that you might remember. This is my quest, and always will be.