Broken Waltz + Crocodile Boogie à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 8 octobre 2021.
Après la Session Live de Radio Activ' la veille, Bonjour Minuit revient à sa plage horaire habituelle, les concerts de Broken Waltz + Crocodile Boogie débuteront à 21h, dans un club bien garni, avec un public heureux de pouvoir consommer sans modération au bar!
La soirée débute par un DJ set, pas idiot, d'un petit gars du coin se faisant appeler Dandy Rock.
Il puise dans le catalogue garage, psychedelic rock, punk, et ressort quelques must tels le 'Personal Jesus' version Cash, du Ian Dury ou Richard Hell & The Voidoids, bref, pas de la soupe indigeste.
21h et des poussières, trois sauriens mâles et deux femelles souples, tous sortis d'un zoo rennais, se ramènent: Crocodile Boogie!
Crocodile Boogie est un des nombreux rejetons de Seb Blanchais, le boss de Beast Records, un label qui a d'ailleurs sorti leur disque 'A Family Affair'.
Quoi, des noms...
Un ou deux alors: Bokkassa, Born in Flames, Dead Horse Problem, Witcherry Wild , etc...
Sur l'album, Seb Boogie est entouré d'une flopée de musiciens venus des antipodes Jeff Hooker, Jo Brockman, notamment, mais aussi de fines lames hexagonales Gil Riot ou Jibé Polidoro, ainsi que le contrebassiste Stéphane Ferlay.
Ce soir le dandy crooner est accompagné à la guitare par Gil Riot ( vu récemment au Chaland qui Passe) et par un gars, peu garni, se faisant nommé Jibé Dem, alias Jibé Polidoro, un copain de Yann Péchin, les deux ( jolies) filles du groupe étant Pialli Sauvage ( drums) et sa soeur Stella ( basse), toutes deux oeuvrent au sein de Noble Sauvage.
Ouverture du bal avec le morceau ' Some things' très proche de ce que faisait Johnny Thunders avant de partir pour le jardin d'Eden.
Gil et son copain travaillent à la guitare sèche, Pialli n'a pas reçu de siège, elle tabasse, consciencieusement, ses caisses en station debout, Stella n'arrête pas de sourire, mais les risettes ne te sont pas adressées, son petit ami a pris place à tes côtés et ne la quitte pas des yeux.
On enchaîne sur un petit blues, annonce-t-il avant d'entamer 'Comfort of the Devil ' , une reprise des Dogs d'Amour, du blues, oui, avec quelques relents Small Faces ou New York Dolls.
'This Town' ( merci Johnny, pas celui de Laetitia, l'homme en noir) décrit une petite bourgade perdue au fin fond des States, Gil Riot hante la slide pour décorer cette plage aux avenantes senteurs country.
Gaffe, les petits gars, on passe en mode électrique, ça risque de faire mal!
Et bien, pas trop, "Sour and Vicious Man' des Compulsive Gamblers est joué en mode midtempo et décrit un mec pour lequel la sobriété n'est pas la principale qualité!
Femme, tu ne sais pas qui je suis, I'm a sour and vicious man..
C'est Pialli qui entame 'The Day Marty Robbins Died' au chant, le crooner prend le relais, un doublé de guitare à l'unisson assure un break instrumental élégant pour cette reprise d'un titre que les Beasts of Bourbon ont à leur répertoire.
Tu ignores si dans les plaines bordant la Vilaine, tu risques de rencontrer d'innombrables variétés de cactus, mais ce quintet a le don de te transporter du côté du Big Bend National Park, tu peux carrément sentir la poussière te pénétrer dans les narines.
' Corkscrew' présente de puissantes effluves Rolling Stones, les guitaristes cravachent sec avant de s'assagir sur le midtempo collant ' Filth'.
'Primates in a human zoo' un morceau de Head On ( groupe qui a accueilli Gil Riot sur certains morceaux de leur album de 2016) joue la carte voodoo rock et sent bon les Cramps.
Pour rire, Gil insère quelques mesures de 'Shakin ' all over' dans son solo racé.
La ballade ' I was wrong' nous rappelle au bon souvenir de Chris Isaak et avec ' Most of the time' on retrouve les riffs stoniens, époque 'Dead Flowers'.
Il nous reste une paire de chansons, comme il se dit au Kentucky, alors, dépoussière tes santiags et relève tes jeans, voici ' Low down' et pour faire taire la coutume qui veut qu'un concert se termine par un rock survolté, on achève le set par une ballade country ' Once Again' qui évoque des groupes tels que Giant Sand ou Calexico.
Seb se tire avant la fin du film en laissant le soin aux copains d'attendre le générique.
Ce 10 octobre, Crocodile Boogie se produit à l'Estran à Binic.
Broken Waltz ( release party).
Le 8 août sur la terrasse du Chaland qui Passe à Binic, l'énergie déployée par Broken Waltz t'avait laissé pantois.
Ce soir pour la release party de leur seconde rondelle ( … And Disasters), disponible chez Beast Records à partir du 15 octobre, ils ont encore fait plus fort, l'arbitre a compté jusqu'à neuf, en titubant tu es parvenu à te relever pour éviter le K.O., mais t'étais tout de même vachement sonné!
Le line-up:Xavier Soulabail ( basses et backings), Clément Palant ( chant,
batterie, colifichets voodoo, orgue), Pierrot Rault ( saxophone) et
Vincent Paulic ( trombone)
22:30, une voix off, graveleuse, annonce leur arrivée.
Xavier profite de l'obscurité pour coller quelques accords sombres sur sa basse, il rythme son jeu, Clément, implacable pour faire mentir ceux qui l'ont affublé du prénom, déboule, saisit le micro et débute un sermon sérieusement frappé, même scénario que lors du concert estival, 'Come down of the cross' ne va pas faire plaisir aux baptistes ou aux méthodistes, ce gospel blasphématoire ne lui ouvrira pas les portes du paradis.
Cette fois-ci, t'étais préparé, la voix âpre du batteur fou ne t'a plus surpris, ce n'est pas le cas de ta voisine qui a commencé à trembler, comme balayée par une bourrasque impétueuse.
Après cette intro tonitruante, l'énergumène prend place derrière son attirail, les cuivres rappliquent et le chant religieux trafiqué s'amplifie.
Make it burn, make it burn , gueule-t-il, Jeanne d'Arc n'a pas ri, mais la prédiction s'est réalisée.
Mettre le feu après un seul morceau, une performance!
We are Broken Waltz, clame le chef, avant de lancer une seconde salve tout aussi brûlante, 'Deep in the mud'.
Pas content de l'attitude du public, il nous lance quelques invectives agressives avant de poursuivre son laïus fangeux.
La basse, vrombissante, amorce 'Facedown in the Dust'.
A première vue, la setlist est calquée sur celle du mois d'août.
Le sample choisi ne plaisant pas au boss, il vient tripoter la machinerie pour relancer la plage qu'il chante ( éructe) à la manière de Ian Dury.
Le sax en mode free jazz se tape un duel sans merci avec la basse quand soudain tout prend fin de manière abrupte.
Une chanson en allemand, dit le comédien avant d'envoyer ' Christmas boiler suit' suivi par le blues punk narratif 'Parade'.
Comme des émanations Dr.John flottent dans l'air vicié.
Tu connais Rosie?
Ne dis pas oui, t'es censé dire 'No', 'Long Live the Bride' joue la carte cabaret waltz et forcément, certains y vont de Tom Waits ou de Captain Beefheart.
Un blues, ' He fell down' , puis, il s'est relevé pour chanter 'White gown' .
La sauvagerie du leader déteint sur une partie du public qui entame une danse non reprise dans le catalogue danses de salon.
Qui a une petite bière pour moi, tiens, lui dit une bonne âme en lui refilant un fond de verre!
La prochaine est dédicacée à tous les guitar heroes, ' Fuck the guitar player', un punk caustique et rageur pendant lequel les cuivres s'en donnent à coeur joie.
C'est la dernière, braves gens: 'A Dream Worth Living For', aux intonations Arno, avant qu'il ne devienne sobre, groove salement. James Brown, en visite en terre briochine, parle d'engager Pierre Rault pour sa prochaine tournée du coté des anges, le quartet achève son set nerveux, salue et remercie assistance, techniciens et organisateurs, avant de livrer un ultime boogie infernal, 'The Devil Has a Bigger Heart than Men'.
Fin d'une soirée salement rock'n'roll!