mercredi 31 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Zaho de Sagazan , Scène B, Saint-Brieuc, le 28 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Zaho de Sagazan , Scène B, Saint-Brieuc, le 28 mai 2023

 

michel

Silly Boy Blue a déjà entamé son concert quand tu atteins  la  Place Général de Gaulle,  ils sont quatre sur scène, Ana Benabdelkarim, alias Silly Boy Blue ( merci David Bowie), mignonne dans sa petite  robe  noire constellée de mini-étoiles, et ses trois musiciens, qu'elle  nous présente plus tard comme étant Pra  ( une fille) à la guitare ou claviers, Raf (batterie)  et Augustin ( basse/claviers).

La plage entendue est gracieuse, elle baigne dans un univers dream pop mélancolique, la  chanteuse , ex- Pégase, est souriante et affable, sa voix est fraîche.

Les deux albums qu'elle a gravés, 'Breakup songs' ( c'est explicite) et le tout récent 'Eternal Lover' jouissent de bonnes critiques,  la jeune nantaise, nominée aux Victoires de la Musique, est loin d'avoir la grosse tête, grâce à son air fragile, elle engrange  un capital sympathie bienveillant.

Les titres ouatés et sentimentaux,  construits en module  synth wave, se   succèdent  et touchent un public réceptif.

' 200 Lovesongs'  dégouline de bons sentiments, 'Sparks', sur le nouvel album, est de la même veine, la  voix limpide et  l'accompagnement sonore, typiquement  nouvelle scène française,  flattent nos pavillons.

Si comme moi t'as déjà connu un crush non partagé, écoute la suivante, en mode piano/voix. 

On a  écouté, on a failli verser une larme.

Parmi les  titres issus des deux albums, on a reconnu ' The fight' , le tendre ' Teenager' , beau comme du Ellie Goulding,  'The Riddle' tout aussi velouté, 'Goodbye' qui invite à la danse , 'Try' présentant un intéressant caractère trip hop, 'Shame'  lui aussi remue  efficacement et c'est avec le bondissant ' Not a friend' que s'achève un concert fort agréable!

Ana isn't a silly girl, for sure, even if she often feels  blue!


Zaho de Sagazan

« Je ne veux pas devenir Angèle » a dit un jour la seconde Nantaise de la soirée, dont la tournée  « La Symphonie des éclairs » passe pour tous les coins de France,  avec des crochets en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, les dates s'accumulent jusqu'en mars 2024.

T'as lu...Nouvelle sensation de la chanson, phénomène incontournable, un Stromae electro punk,.... mais, non, Zaho n'est pas une bête de cirque, même si on peut la considérer comme une bête de scène.

Dimanche, elle a brillé de mille feux sur la scène B du festival briochin, des textes d'une intelligence ineffable, présentés sur un fond sonore électro qui bouscule les sens et l'esprit: une pépite brute!

Elle est accompagnée par deux musiciens/magiciens maniant percussions électroniques et synthés modulaires, sans doute, Tom Geffray  et Alexis Delong.

Pour débuter le set, Zaho, blonde et mutine, prend place derrière un piano électrique, elle le frôle et  enfante de timides notes, puis les garçons entrent en action,  le son gonfle et prend des formes cosmiques, la voix, grave, entame le magnifique et sombre 'La fontaine de sang', au texte cinématographique inquiétant. 

Le sang qui dégouline  appelle des images de vampires, de dévoreurs d'enfants, mais aussi de  Charles Baudelaire, qui  dans  son recueil ' Les Fleurs du Mal' a introduit un poème intitulé  ' La Fontaine de Sang'. Avec Zaho de Sagazan on n'a pas face à soi une midinette écervelée, mais bien une jeune fille cultivée,  qui manie l'art de la  séduction maléfique.

Il y a aussi ,  puisqu'il est question de fontaine, du Brigitte Fontaine dans son approche, Barbara n'est pas loin, non plus! 

Une intro liquide prélude ' Aspiration' , la cigarette rend-elle fou, peut-être, en tout cas , elle embrume le cerveau  avant l'hallali.

' Le dernier des voyages'  démarre en douceur avant de virer dancefloor track irrésistible.

Il fallait la voir se secouer de manière extravagante sur le podium, une sorcière de Saint-Nazaire ayant abusé de substances psychotoniques.

'Mon inconnu',  car elle a tendance à tomber amoureuse de gens anonymes, à chacun  ses fantasmes!

Le jeu de scène, fidèle au personnage, éblouit les  spectateurs, la voix underground, comparable au timbre traînant de la vamp Marlene Dietrich ensorcelle,  she put a spell on us, aurait dit  Screamin' Jay Hawkins!

Elle admire Jacques Brel, ' Les dormantes'  en est une démonstration claire, cette valse électro déclarant que l'amour rend fou  ne va pas plaire à Raymond Peynet.

Et puis il y a le slow ' Je rêve', plus beau que du Mike Brant  ou du Dick Rivers qui lui aussi pleurnichait...tu n'es plus là... ,  si tu lis entre les lignes tu découvriras du Bashung  dans le propos.

Tiens, voilà, Françoise Sagan et sa ' Tristesse', des idées noires  greffées sur des beats athlétiques , ce titre est magistral!

Une anecdote, un plongeon dans son passé , enfant, les larmes coulaient souvent, elle ne parvenait pas à exprimer ses  craintes, elle l'a fait aujourd'hui,  de façon imagée, dans ' La symphonie des éclairs' .

"Il fait toujours beau au-dessus des nuages, mais moi je suis de ces oiseaux qui nous font danser sous l’orage. Je traverserai tous les nuages pour trouver la lumière  en chantant sous la pluie la symphonie des éclairs"

On avait déjà cité Barbara, on réitère!

'Ne te regarde pas' , lâche-toi proclame -t-elle,  le morceau part en techno/disco échevelé et tu danses sur place comme tous  tes voisins, sauf deux excité(e)s, sous influence, qui, après avoir grimpé par dessus les barrières nous séparant du podium,   s'en sont pris au service d'ordre  avant d'être éjectés manu militari.

Ce concert monstrueux s'achève avec ' Dansez' un deep/electronic  house track  faisant passer toute la discographie d'Icona Pop pour de la panade pour canards bouffis.

Alors, on danse?

Oui, mais sur du Zaho de Sagazan!


 


 


Festival Art Rock 2023, Editors et Imany , Grande Scène, Saint-Brieuc, le 28 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, Editors et Imany , Grande Scène, Saint-Brieuc, le 28 mai 2023

 

michel 

Art Rock: jour 3

De sérieux embarras de circulation t'attendent à Saint-Brieuc, pour atteindre la gare tu n'hésites pas à commettre quelques bénignes infractions car des déviations fantaisistes, des routes bloquées et puis une file imposante face à l'entrée VIP  freinent ton ardeur.

Ouf, il est 17:58', t'es au poste, Imany doit débuter à 18h.

Un coup d'oeil au podium, un micro au milieu de la scène et, si tu montes sur la pointe des pieds tu aperçois des tabourets à l'arrière, pas de batterie, ni de guitare, de claviers, pas d'amplis, le  vide!

Arrivée d'une troupe de musiciens, cagoulés et recouverts d'une tenue blanche,  façon Ku Klux Klan, ils trimballent tous un violoncelle, Imany les suit de près, enfin, on suppose qu'il s'agit de la chanteuse de Martigues, aux origines comoriennes, car elle est couverte de la tête aux pieds d'une tunique immaculée, ce n'était pas l'équipement d'un apiculteur, mais ça avait toutes les caractéristiques d'une burqa.

Les prémices du spectacle Voodoo Cello sont lancées, car il ne s'agit pas d'un banal concert mais d'une véritable  performance artistique, mariant musique, chorégraphie et théâtre.

Distribution probable:IMANY, chant  Rodolphe Liskowitch, Julien Grattard, Octavio Angarita, Lucie Cravero, Bohdana Horecka, Laure Magnien, Polina Streltsova et Leonore Vedie: cello!

Chorégraphies de Gladys Gambie & Thierry Thieû Niang!

'Concrete Jungle' de Bob Marley & The Wailers ouvre le set, la voix grave et imposante d'Imany s'immisce dans ton cerveau et tes tripes, les cordes plaintives transforment le reggae en gospel symphonique, la mise en scène nous en jette plein les yeux.

De la magie pure!

La troupe enchaîne sur ' Take me to the church' d'Hozier ,  t'as cru voir des anges danser sur les sanglots longs des violoncelles,  qui se lèvent au compte-gouttes, avant de reprendre leur place initiale.

Ils  se dévoilent pour se regrouper dans un coin, formant un tableau saint, similaire  à une peinture baroque de Matthijs Voet, en tapotant leurs instruments, ils entament le majestueux et prophétique 'Les voleurs d'eau' d'Henri Salvador, chanté d'un timbre incantatoire par Imany.

Il y a du Joaquín Rodrigo  dans l'approche musicale, Saint-Brieuc se tait et prie!

Disparition  momentanée de la chanteuse, partie enfiler une tenue scintillante, les cellos à la manière d' Apocalyptica   lancent les premières notes de 'Creep' de Radiohead et quand la voix s'est élevée tu t'es mis à trembler comme un peuplier, secoué par un vent glacial.

Direction la forêt tropicale pour admirer le '  Dance Monkey' de Toni Watson, aka Tones and I, ce ballet simiesque, envoûtant, se termine en prestation de derviches tourneurs survoltés.

Les musiciens forment une ligne et attaquent ' Believer' d'Imagine Dragons en mode requiem, Beethoven, pourtant sourd, a applaudi à tout rompre!

Voodoo Cello défend la liberté, clame la chanteuse , avant d'entamer  l'immense morceau de Black, ' Wonderful Life', repris par tout Saint-Brieuc.

Chaque titre interprété te refile des frissons, vu ton âge avancé et les  plus de 4000 concerts auxquels tu as assisté, tu te dis que celui -ci se placera assurément dans le top ten!

D'une amorce vigoureuse, le groupe ébauche 'You will never know' , un morceau qu'Imany a enregistré en 2011, l'hymne s'achève sur une danse folle.  

Le leader des cellistes lance  1, 2 - 1,2,3, c'est parti pour 'All the things she said' de Tatu, qui cogne dans ton cerveau comme le suggèrent les lyrics.

T'as tendance à vouloir comparer les voix , ici c'est à Grace Jones ou à Nina Simone que tu penses.

'The A-team' d'Ed Sheeran voit le leader de la troupe transformé en batteur, puis vient une nouvelle claque monumentale reprise par toute la place, 'I'm still standing' d'Elton John, joué en pizzicato lors de l'amorce.

Et ce show extraordinaire s'achève par ' 'Don't be so shy' qu'elle a écrit en 2014,  de la house music aux violoncelles, si, si, c'est possible.

OK, on ne l'a pas suivie  quand elle a dit ..Take off your clothes, blow out the fire, don't be so shy... finalement, nous sommes restés timides, mais on s'est dit la prochaine fois peut-être!

Oui, Adrien?

Le concert du week-end!

Personne ne l'a contredit! 

 

Editors.

La seule fois où tu as vu le band de Birmingham, c'était aux Halles de Schaerbeek, en octobre 2007, comme tu avais vu Interpol peu avant, tu avais penché pour le groupe de New-York, des précurseurs quand on mentionne le post-punk revival.

En 2023, le band compte six membres,  Tom Smith (lead vocals, guitar, piano), Russell Leetch (bass guitar, backing vocals), Ed Lay (drums, percussion, backing vocals), Justin Lockey (lead guitar), Elliott Williams (keys, synthesizers, guitars, and backing vocals), and Benjamin John Power (electronics).

Les trois premiers étaient à Bruxelles en 2007.

Leur dernier disque ' EBM' date de 2022 et, comme tu peux le supposer, le groupe a introduit pas mal d'éléments électroniques dans son post-punk. 

Au vu du concert à Saint-Brieuc, on ne criera pas au scandale, le son Editors n'a pas été altéré par l'apport électronique, le band a présenté un show dense, homogène, très pro, fidèle à son image, quoi!

Le drummer envoie du très lourd dès l'entame, Russell de son petit doigt appuie à fond sur une pédale, synthés et programming envoient un tourbillon sonore, ' Strange intimacy' est sur les rails, il faut attendre nonante secondes avant de voir Tom Smith entrer en action, il utilise un micro frelaté  pour déformer sa voix.

Tom Smith est remonté à bloc, pendant tout le show il multipliera les poses acrobatiques, gesticulant et tirant des grimaces pour le plus grand plaisir du bataillon de photographes, Russell, souriant, s'amusera à jeter une trentaine de plectres dans le public, les autres demeurent posés.

Une guitare pour Tom et une attaque cinglante, le plus ancien 'An end as a start' a ravi les fans des débuts.

Avec 'Heart Attack'  , on revient à l'electronic body music, c'est marrant d'entendre Editors  faire du Front 242, mais ça marche.

La guitare métallique s'immisce dans la tourmente électro, les effets sont sidérants,  la voix de Tom Smith surplombe la tornade.

Il passe derrière le piano pour une autre vieillerie ' The racing rats' , des rongeurs cavalant plus vite que des lévriers.

Retour à la guitare pour le charismatique leader, l'hymne  'Karma Climb'  avec le refrain ...And if you don’t know what you're feeling  you'll never know, go, give it away ...  est lâché.

Editors a la bonne idée de passer du dernier album aux morceaux plus anciens, le brassage doit contenter nouveaux fans et premiers adeptes, ainsi ils enchaînent sur 'Sugar', au rythme binaire. Basse massive et  guitares mordantes sont là pour t'assommer.

Si  'Hallelujah ( so low) démarre comme une semi-ballade, très vite le ton monte et le morceau part crescendo, la gestuelle de possédé du frontman attire tous les  regards, la musique,elle, t'écrase.

Avec le scandé et fébrile  ' Picturesque', c'est à nouveau du Editors en mode The Prodigy que le public encaisse. 

Une cover, pas si  étonnante, pour suivre, ' Killer' de Seal, un des highlights du set... Solitary brother (brother) is there still a part of you that wants to live? Solitary sister (sister) is there still a part of you that wants to give?..

Bordel, ça fait du bien de pouvoir gueuler ce refrain!

Retour en 2005 avec ' Munich' ,  peaking at number 10 in the UK singles charts, un must!

Une ballade pour suivre, Elliott derrière le piano, 'Ocean of night'  calme les esprits  et c'est avec l'épique  'Papillon'  que le groupe met un terme à une performance, réglée jusque dans les plus petits détails.

Un regret, une  heure seulement pour un groupe du calibre de Editors c'est court.


Grosse bousculade pour quitter les lieux, la fourmilière de  fans d'Hamza  afflue, des pieds sont écrasés, des  poitrines comprimées,  des cris  à peine étouffés fusent,  faut essayer de  sortir vivant  de ce champ de bataille,il y a peu de chances que tu puisses assister au   début du show de Silly Boy Blue.







 

 

 

 

 



mardi 30 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Sylvie Kreusch, Scène B, Saint-Brieuc, le 27 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, Sylvie Kreusch, Scène B, Saint-Brieuc, le 27 mai 2023

 

michel 

C'était pas un marathon, mais une course d'obstacles, peste aux  fans de Disiz  qui obstruent le passage vers la place de Gaulle, la chienlit observe le Général!

Finalement, t'arrives pile à l'heure pour l'extraordinaire performance de Sylvie Kreusch!

La  première fois que tu as croisé la route de la belle Sylvie, c'était en 2012, au Bonnefooi ( Bruxelles), elle se produisait avec le groupe Soldier' s Heart , aujourd'hui passé aux oubliettes, mais ce band  avait fait des étincelles, remportant notamment De Nieuwe Lichting en 2013.

Sylvie s'en va vers une autre guerre et rejoint Warhaus, accessoirement elle joue au mannequin, pour finalement débuter une carrière solo.

Un premier EP  'Bada Bing! Bada Boom!' paraît en 2019, il est suivi par 'Wild Love', l'album 'Montbray' sort en 2021.

Mais c'est sur scène que la prima donna dévoile toute l'étendue de son talent.

Pour cette tournée, elle est accompagnée par une fameuse équipe:  l'époustouflant Simon Segers (drums) , vu avec Stadt et Black Flower, notamment, un crack évoluant aussi bien au sein de formations jazz que rock/ Falk Schrauwer (aux percussions)/  Jasper Segers (guitar, , belle Gretsch), déjà membre de Soldier's Heart , il a évolué chez Tundra ou Jaguar Jaguar/ Emily Vernaillen ( backings et keys), vue au sein de Folie Douce et enfin, on suppose que la seconde choriste, bassiste à l'occasion , doit être Jente Neels, alias JEN,  que Walter a entendu à Peer la veille!

 

Le band se charge de l'intro, Sylvie, grande, rouge, imposante, fascinante, apparaît et d'un timbre proche de celui d'une Marianne Faithfull pas avariée, entame  'Falling high'.

Et nous on a failli tomber amoureux!

 Une présence magnétique et un sens du mélodrame aigu, essayer de lui échapper relève de l'illusoire.  

'Haunting melody' porte bien son nom, l'intensité du morceau, la voix proche de l'incantation, les sonorités vaudou , le jeu de scène intrigant de Sylvie, tout  contribue à t'ensorceler.

Comme habitée elle entame le torride et lent  , ' Shangri-La' , si tu la suis, tu succombes!

Pendant un court instant elle disparaît pour s'abreuver en coulisse, puis pousse un cri pour entamer le plus ancien ' Seedy tricks', et tricks, il y a , c'est comme une messe noire pour initiés, si tu ne fais pas partie de la secte, t'es mort. 

Au fond, Sylvie Kreusch est le pendant féminin de Dead Chic, même univers sombre, presque satanique, par  quels  maléfices compte -  t-elle nous  assujettir?

Le choeur haletant, à l'arrière, te refile la chair de poule, guitares et percussions obsédantes doivent t'achever.

Les loups hurlent à la lune, Sylvie Kreusch, telle une louve maléfique,  poursuit son  travail de sape avec ' Girls'  et pourtant elle nous a prévenus....You better run man , run as fast as you can... mais nous sommes stupides, scotchés face à la scène, incapables de détaler, et la Gretsch gémit, et la cadence imprimée par Simon Segers et Falk est démoniaque, et Sylvie, par quelques gestes troublants, t'invite à la suivre en enfer!

Un fond  tribal annonce la prière 'All of me'  qui n'a aucun rapport avec le jazz standard mais risque de laisser des traces dans ton coeur.

Puis vient le tour de 'Let it all burn', pas le titre préféré de Jeanne d'Arc, mais peut-être bien celui de Tarantino, un rock percutant!

Jasper dirige le mini- orchestre par de grands mouvements de bras,  la dame rouge  attaque la  valse ' Midnight Cowboy' écrit par John Barry, une version majestueuse, suivie par le mélodique et enchanteur  'Walk Walk' .

Après la douceur vient le tourbillon,  'Jusrt a touch away',  permettant la mise en évidence du talent de Simon Segers et de son complice Falk aux percussions tribales.

C'est la dernière, annonce-t-elle, 'Please to Devon' , un rondo effréné qui  met un terme à ce show époustouflant.

Après la très  grosse claque de la journée  tu n'as plus envie de patienter pendant près de 90' pour assister au récital de Benjamin Biolay,  avec en tête  l'image de Sylvie Kreusch  tu reprends le chemin du retour.




 



lundi 29 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Adé et Pierre de Maere, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 27 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, Adé et Pierre  de Maere, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 27 mai 2023

 

michel

Festival Art Rock, jour deux, des choix s'imposent, t'avais décidé de jeter un oeil et de prêter une oreille distraite au show de la nouvelle coqueluche belge, le garçon   qui affole la  toile et qui s'est vu auréolé aux Victoires de la Musique comme révélation masculine, Pierre de Maere.

Encensé par beaucoup (  les jeunes filles en fleur en raffolent, leurs génitrices rêvent de le materner), dénigré  par d'autres, l 'éphèbe ne laisse personne indifférent.

Finalement, tu auras assisté à sa prestation entière sans t'ennuyer une seconde, tu as beaucoup souri, tu t'es surpris à chantonner avec les gamines et tu as toléré tous les excès et les poses un brin mégalo, ça fait partie de l'image qu'il s'est créée.

Le putto belge est accompagné par un trio de musicien, tous fringués par Yves Saint Laurent, la classe, aux claviers, sa compagne, la  fine et gracieuse Élodie Charmensat  ( Holy Two, Ojos), François Crepu à la basse et synthé et Gaspard Gomis  à la batterie.

Pierre, vêtu d'un  élégant complet d'un rouge peu agressif, chemise rose pâle assortie, pompes noires et, petite faute de goût, chaussettes blanches bariolées,   se pointe, grandes lunettes teintées, très smart,  posés sur un nez aquilin.

Une beauté androgyne évoquant le jeune Claude François, tout comme pas mal de ses titres, d'ailleurs ( époque 'Pauvre petite fille riche').

' Lolita' ouvre, Nabokov a applaudi, Hervé Vilard s'est dit j'aurais pu la chanter en 1966, Guy Mardel rétorque, moi aussi et puis arrive Pascal Danel, merde,  'la plage aux romantiques', c'est moi!

'Roméo' parle d'amour, forcément, les inflexions Michel Polnareff dans la voix font impression, du coup Farinelli tombe en pâmoison.

Quoi, Gino?

Affecté, tu dis,  pas grave, on aime les divas!

' Menteur' est pour les daronnes et ' J'aime, j'aime' pour les amateurs de French synth wave.

Il bouge de droite à gauche, prend la pose, sautille, sourit, charme, look at me je suis glamour, d'ailleurs le bloc sur lequel il grimpe, dis ' Regarde moi'!

Les musiciens, raides,  saluent le  lever du drapeau, l'ange blessé  sirote une limonade avant d'attaquer  le mélancolique et imparable ' Les oiseaux', puis  après la tragédie,  il vire dance avec ' Les animaux'.

Saint-Brieuc, je suis belge, mais mon coeur est breton, depuis tout gosse je passe mes  vacances à Erquy.

Cris délirants des gamines.

J'aime la Bretagne.

La clameur double d'intensité.

Il reprend son chapelet, et entame  ' Bel Ami'  pour Maupassant, on lui tend le 'Gwenn ha Du', il se balade en le faisant virevolter, il sait comment caresser dans le sens du poil et ça marche.

' Regrets' , un titre des débuts, enflamme la place, t'as aimé l'écharpe Burberry, tu ne sais pas si c'était du cachemire, et ça continue en karaoke monstre avec 'Enfant de', une ritournelle immaculée.

Deux répliques, au moins, devraient lui valeur le prix Nobel... Je suis l'enfant du toréador et de la Sainte-Marie... et ... Je cherche une fille d'une autre galaxie qui pourrait me faire aimer tout et son contraire...

Comme tout le monde, t'as hurlé le refrain, sans honte!

Il termine sa gymnastique en s'échouant sur le plancher et ressuscite  pour le tube suivant 'Un jour je marierai un ange'.

Cinquante 'Pierre, je t'aime' fusent, il sourit!

Le set prend fin avec le sautillant  ' Mercredi' .

 60' se sont écoulées, pendant lesquelles tu as  rajeuni de 40 ans.

Vive la variété et le kitsch!

Adé

Le Figaro: Pourquoi avoir remplacé votre nom, Adélaïde Chabannes de Balsac, par Adé ? 

Parce qu'il sonnait un peu pompeux.

Quand Hubert de La Pâte Feuilletée fera du rock, il deviendra Hub!

Adélaïde a laissé filer Thérapie Taxi pour devenir Adé et suivre une autre voie.

Quelques singles et un album ( Et Alors?) plus tard, elle se fait un nom en majuscules et envahit les plus belles scènes de France et d'ailleurs.

Ce soir, la jeune personne ( top rose inscription Hole, jupette noire en cuir, mi-bas noir)   est accompagnée par une fine équipe:  Yoann Marra ( Yo and The South) , guitare, Lap Steal ( dixit Sully-sur- Loire, on corrige pedal steel, on n'est pas des voleurs) /Simon Quenea, batterie ( Inuit)  / Sébastien Richelieu, basse ( Glossy Sisters), un copain de Milady de Winter / et le péroxydé Pierre Simon aux guitares et clavier.

On la  dit amateur de country et d'americana, ' Et alors' en atteste, on ajoutera néanmoins que le côté pop n'est pas absent.

Comme sur l'album ,' Sunset' suit.

Ici le soleil ne s'est pas encore couché, la guitare acoustique se promène gaiement sur des plaines sudistes, la basse bronde, la voix séduit.

Saint-Brieuc tangue!

'Solitude imprévue'  hante un scénario identique, de la Frenh pop relevée par de subtiles lignes de guitare, à la slide pour Yoann, en vibrato pour Pierre ,  et un refrain qui tape dans le mille.

Elle déroule le tapis, 'Les silences' toujours transcendé par les accords subtils de Yoann, suivi par   ' Berceuse' enjolivé par la pedal steel plaintive de l'omniprésent guitariste.

Une berceuse c'est reposant, rien à ajouter, ce slow est  superbe.

Saint-Brieuc, nous, on a le goût du risque, voilà une nouvelle chanson.

' Je me barre' ( à vérifier), en mode country twist, amuse, il précède 'Side by side' à la chorégraphie étudiée,  au son de basse groovy et aux guitares country pop , un titre lumineux.

Elle ramasse un harmonica, Yoann hante à nouveau la pedal steel, le truc  ( 'Si tu partais') démarre comme ' Lay lady lay'  pour virer valse  cowboy.

En parlant du Far West, elle s'est acheté un Stetson sur Le Bon Coin, s'en coiffe et attaque  ' Tout savoir' , le kolossaal  hit de l'album, repris en choeur  par les cowgirls bretonnes.

Le chapeau voltige pour aboutir dans la foule, Yoann passe au dobro, ' Q' et son fond électro  tourbillonne, la formule... Alors mêle toi d'ton cul, ouais... amuse les pavillons. Clothilde compte la replacer quand un mec collant et acnéique viendra la draguer de manière malhabile. 

Il ne reste que cinq minutes, le concert s'achève par  'Avec des si' ,  un morceau leste et  sautillant  qui a vu  toute la place bondir gaiement.

Un final je casse  presque tout, rappelle la grande époque des Who, les baguettes catapultées dans la masse ont failli éborgner la petite Maud, finalement heureuse de ramener un souvenir à la casa.


Au pas de course vers la scène B!

 

 





 

 



 

 

 

Festival Art Rock 2023, alt-J, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, alt-J, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

 

michel

Retour sur le site et coup de bol, après la prestation du rappeur Dinos,  qui s'est tapé  un stage diving sans costume de bain, les fans  d'urban se tirent en masse et des places se libèrent aux premiers rangs.

alt-J

Après une tournée aux antipodes, le trio de Leeds commence son périple européen à Saint-Brieuc.

Pas d'actualité discographique, leur dernier ( cinquième) album ' The Dream' date de 2022.

Pas besoin d'appuyer sur la touche Ctrl  pour lire la chronique concernant   Joe Newman (guitar/ bass/lead vocals), Thom Sonny Green (drums, electronic percussion), Gus Unger-Hamilton (keyboards/vocals, fluent French), t'as qu' à suivre le fil.

C'est parti pour un long et exaltant  voyage dans les royaumes  artrock,  folktronica,  prog et  avant -garde.

Après avoir entendu Beck chanté son ' Loser' en intro, alt-J envoie les premières notes psychédéliques de ' Bane'.

Très vite le public se trouve immergé dans un univers mixant trip hop, British folk et prog rock hautement hypnotique.

Le mariage des voix de Joe et Gus est tout bonnement grandiose, il y a du Pink Floyd ou du Genesis ( époque Peter Gabriel) dans le rendu époustouflant.

La plage se fond dans ' Every other freckle'  avant d'entendre  Gus prononcer un bonsoir les Bretons, accueilli par nos applaudissements.

Le cinématique ' The actor'  met en évidence leur incroyable synchronicité  et la fluidité de leur musique.

La fascination du public ne diminue pas d'un iota avec les plages suivantes, l'inquiétant ' In cold blood' et ses la la la la trompeurs,  la suivante se nomme ' Deadcrush', annonce le claviériste.

T'aimerais planer à l'aise, malheureusement à tes côtés une détraquée  gesticule comme une échappée de Charenton et gâche ton plaisir.

Joe est passé à la basse pour ' Ripe & Ruin'   au chant choral fleuri, avec une séquence a capella sidérante.

Puis vient ' Tessellate'  d'une richesse instrumentale effarante, les trouvailles se succèdent.

Retour au psychédélisme folky et ensoleillé  sur ' U&ME' .

'Matilda', un hommage au score signé Eric Serra,  est repris en choeur par une bonne partie de l'assistance, il est suivi par l'apaisé ' Chicago'   et ses arpèges précieux, tandis que le chant en trémolo de Joe vient chatouiller tes tripes.

Grosse attaque aux drums pour amorcer ' Something good' , extrait de 'An Awesome Wave' de 2012.

' Nara' te fait penser à l'âge d'or du British progressive folk avec des groupes tels que Comus ou Magna Carta.

Un voisin avance Barclay James Harvest, pourquoi pas?

Une intro orientale amorce 'Bloodflood', trop tard pour les cerisiers en fleur du Japon, mais  le titre n'en émerveille pas moins.

Le band déroule ' The gospel of John Hurt' ,  le lyrique 'Philadelphia' aux senteurs  rhapsodie à  la Queen, et puis annonce trois titres de leurs débuts, 'Taro' ( apparition d'un glockenspiel),  'Dissolve me' et ' Fitzpleasure', chanté d'une voix de fausset,  qui mettent un terme au  set, mais le public sait qu'ils reviendront.

Les bis démarrent avec ' Hard drive gold' , un morceau gentiment dansant, il est suivi par 'Left hand free' , un extrait, aux accents rock,  de leur second album 'This is all yours'.

Ce show soigné ayant enthousiasmé un public heureux d'assister à autre chose que du charabia balancé sur des bandes s'achève par ' Breezeblocks'.


Les plus courageux ont pris la direction du forum ou ont attendu Jeff Mills, t'es pas héroïque, t'as fendu la foule  à la recherche de ton char,  largué à des kilomètres.

 

 




dimanche 28 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Vernis Rouge, au Village, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, Vernis Rouge, au Village, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

michel

Art Rock, c'est aussi Les Musiciens du Métro au Village, un immense chapiteau dressé sur la Place de la Résistance, face à La Passerelle.

A 21:45, l'affiche annonce Vernis Rouge.

Vernis Rouge est le projet de  Manon Debs, une  artiste franco-libanaise ( née à Beyrouth) , finaliste de la première édition du tremplin Versailles Live  en 2021.

Elle se promène dans un  univers  pop à la française, assorti d'odeurs orientales.

Ils sont quatre sur scènes à fignoler un soundcheck qui s'avère laborieux et  énervant pour  un spectateur, passablement imbibé, qui exprime son mécontentement à haute voix.

Manon au chant et à la guitare baroque plate, Julien Boscher  à la basse, un percussionniste ( Antonio Giannotta)  aux bongos, cajon, derbuka et un violoncelliste  ( Victor Rességuier) qui manie aussi la guitare acoustique.

Les ennuis techniques ont différé l'heure du kick off, il est près de 22h lorsque l'équipe entame son récital.

' Avant que' s'entend sur le premier EP,  la chanson est mélodieuse, la voix fraîche, l'accompagnement sonore caressant, c'est sympa et léger comme une bulle de savon.

Un sample dance amorce ' Juste une fois'  , une seconde plage, tout aussi volatile, au texte galant te renvoyant des  flashes de Juliette Gréco.

Pour les fans de Jul voici son ' Pic et pic , Alcool et Drame', une version puzzle sentant le DIY , le  dilettantisme et le collage naïf.

On y insère quelques bribes de ' L'amour est la plage' avant de revenir  à l' am stram gram. am stram gram pour consommateurs d'eau-de-vie.

L'amour est un sujet de prédilection, voici 'Si l'amour est roi', une rengaine inoffensive  qui doit plaire aux fervents de marivaudage et de badinage.

Un effet larsen inopportun vient briser l'impression de délicatesse.

Victor abandonne le cello et empoigne une guitare sèche, les spectateurs sont invités à fredonner ' Parole, parole' avec le groupe.

Au fond, c'est vrai que son visage peut évoquer Dalida.

Aucune trace d' Alain Delon,  par contre!

' Femme nue' le titre phare de l'EP est lancé. 

Antonio sous les spotlights pour un solo de derbuka et reprise de la ritournelle.

 Du vernis, c'est bien joli , mais faut pas trop gratter, sinon les ongles vont accuser le coup.

Il est 22h25, si tu veux  voir alt  - J, il est l'heure de prendre congé deVernis Rouge qui a  livré une prestation en demi-teinte, passablement inaboutie.




samedi 27 mai 2023

Festival Art Rock 2023, Meryl et Iza, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

 Festival Art Rock 2023, Meryl et Izïa, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023

 

michel

40 ans, l'âge  mûr, paraît-il, le Festival Art Rock fête son quarantième anniversaire et le public n'a jamais été aussi juvénile.

Une seule dame d'un âge avancé a pris place à tes côtés pour l'inauguration du festival, la moyenne d'âge des filles t'entourant ne dépasse pas les 16 ans.

Normal, Meryl, à qui échoit l'honneur d'ouvrir les festivités du plus grand événement urbain breton, n'attire pas vraiment  un public "adulte".

Cindy Elismar, alias Meryl, fait partie de la jeune génération féminine de la scène rap française.

D'origine martiniquaise, la toplineuse débute en 2013 aux côtés de son cousin Specta, elle enregistre plusieurs singles avant de définitivement percer avec 'Béni', un gros tube en 2019.

Depuis, elle a sorti , une mixtape et deux EP's, le dernier ' Ozoror' a vu le jour cette année.

Pour cette tournée, la  jeune dame de Lamentin a décidé de monter sur scène avec des musiciens ( quelle bonne idée).

Son calendrier est chargé, pendant l'été elle fera la cigale et ira visiter plus de quinze festivals, en France, mais aussi à Dour.

Quatre musiciens la secondent, un batteur, un bassiste, un guitariste et un claviériste disposant d'un matos faramineux. 

C'est parti pour une heure de rap, de pop urbaine, de drill, de dancehall, de trap, de hip hop, de zouk, à la  sauce antillaise, un cocktail plaisant ayant enthousiasmé la jeunesse, mais que tu préfères consommer à dose réduite.

On la présente comme surdouée et créative, t'as néanmoins eu l'impression d'avoir subi tous les clichés inhérents au genre.

Tandis que les musicos balancent une intro dancehall exotique, Meryl, dreads virevoltants, se pointe au pas de course, en balançant des yo yo martiniquais. En consultant des playlists de concerts précédents, tu supposes qu'il s'agit de 'Band Sot' au flow acrobatique.

' Coucou' décrit une femme dont elle est légèrement jalouse, d'un flow rappelant Kalika,  elle nous chatouille avec des guili guili, c'est entraînant, chaloupé  et festif.

Le tube 'Billets' au refrain accrocheur est repris par  la  foule, il en sera de même pour les plages suivantes, toujours aussi colorées, ' Wollan'  et  le plus ancien ' Béni' mêlant créole et français.

Plusieurs extraits du nouvel EP sont  proposés, notamment '  Jack Sparrow' ou  le downtempo ' Coca  -Cola Mentos'  qui fond dans la bouche.

Et puis comme Téléphone, elle rêve d'un autre monde,  mais il n'y a rien qui bouge.

'Ma petite' évoque avec pudeur le thème de l'inceste , puis vient ' La brume'  dans lequel elle chante ses doutes, heureusement elle peut compter sur son alter ego, qui la comprend et la soutient.

Elle embraye sur un reggae dancehall suivi par ' Johnny' à la mélodie infectieuse et à la ligne qui frappe... je ne veux pas mourir ici comme Johnny...

Retour au dernier né avec ' Candy'  suivi par deux titres sautillants et par ' BB compte'  à la gymnastique vocale audacieuse.

Il compte quoi le Bébé... ses billets pour payer les factures, et tout le reste , l'essence, le loyer... le fric, c'est pas toujours chic.

Après ce tourbillon de pognon, on arrive au terme du show.

Non, les gars je ne veux pas la chanter!

Tu déconnes, Saint-Brieuc l'attend et donc 'Ah La La' clôture ce concert ayant enflammé la jeunesse, les anciens, eux,  ont esquissé un sourire!


Izïa

Jacques Higelin et ses compagnes n 'ont enfanté que des artistes: Arthur, devenu Arthur H sur scène, Kên est réalisateur, acteur et metteur en scène  et Izïa, la dernière, fait du rock et du cinéma.

Ce soir, elle a réussi à énerver une partie de l'audience en se présentant sur scène avec un retard de plus de 10'.

Péripétie qui lui sera pardonnée au vu de la prestation brûlante  offerte à une place en délire.

Les musiciens, vêtus de noir, se montrent:  basse : Bastien Burger / guitares : Clément Fonio  /clavier : Julia Jesrome  / batterie : Nicolas Musset, une équipe soudée et hyper performante.

Izïa, souriante, se pointe en déambulant,  le vent froid qui balaye le pays breton depuis plusieurs jours l'a contrainte à conserver une veste de cuir, mais les jambes sont dénudées, un voisin n'a pu réprimer un wouah admiratif.

La jeune femme dégage, en effet, un look sexy de bon  aloi.

Forte de cinq albums, Izïa  peut tenir la scène pendant des heures, ce soir il faut respecter un timing sévère: 60 minutes et puis  arrivederci!

"Dragon de métal" qui ouvre le set est extrait du dernier album ' Citadelle' , le titre rend hommage à Jacques, son père.

..Tant,  tu me  manques tant...

Il nous manque aussi, Jacques!

Un superbe morceau esquissant le vide et l'absence de belle manière .

Sur fond électro, la femme poisson nous  brimbale au gré des roulis de ' La Vague'  et on adore ça.

Attention hit foudroyant, ' Mon coeur' , comme les autres , Juliette, Clara, etc... Izïa  se risque au disco purulent  et c'est  redoutable, faut dire que les gens qui l'entourent ne sont  pas des mules.

Saint- Brieuc bat des mains, la fille  arpente la scène de long en large, se déhanche, gesticule et aguiche la cohorte de photographes.

Elle nous tient au creux de sa main et ne compte pas nous lâcher avant la fin du show.

In English,  'Let me alone' , un titre de 2009, n'ayant pas pris une ride, à une époque où une certaine presse la considérait comme trop rock!

Ici, aucun soucis, Saint-Brieuc aime le rock!

' Sentiers' sur fond électro  africain  se transforme en danse tribale  noire, la longiligne Julia assure les backings.

Et à propos de sentier ou  de GR,  on rappelle que Izïa était au générique du film 'Sur les chemins noirs'.

Saint-Brieuc, tu me suis dans les clubs, j'ôte mon blouson, on va bouger!

Au galop, Messala, voici ' Chevaucher' , la jument est fougueuse et indomptable, l'amazone ne craint rien, ni personne!

Après ce second morceau aux teintes disco  ( merci Kylie Minogue) vient 'Reptile' démarrant sous forme ' I feel love' . Féline, elle rampe, joue à la panthère, se dandine, se cale face à un cameraman, le nargue, fait des grimaces... cette nana sait comment manier une foule!

L'endiablé ' Etoile noire' bouscule les astéroïdes et les  corps célestes, il est suivi par ' Dehors' ( c'est la vie) au démarrage techno  lourd avant l'envolée rock.

Comme Sagan, elle salue sa ' Tristesse' , toujours le souvenir de son père qui ne la quittera jamais.

' Vitesse' démarre comme une fusée, les flammes jaillissent de partout, faut s'accrocher, ça  secoue, et tant pis si tu paniques, car au fond , elle n'en a rien à foutre et le répétera 20 fois, avant de mettre les voiles.

Une longue ovation ponctue  cette performance.

Le programme prévoit Dinos, du rap de La Courneuve, t'es de l'ancienne école, tu fends la  foule de mordus de punchlines provocantes, qui afflue vers les premiers rangs, il est trop tard pour assister au show de Confidence Man sur la scène B, direction Le Village!

 










jeudi 25 mai 2023

Album - The Marshals – Le Ptit Cham Session

 Album - The Marshals Le Ptit Cham Session

 Flower Coast

michel

2019,  The Marshals  enregistrent Les Bruyères Session

 2023, ils ont de la suite dans les idées, sans être au four et au moulin, les gars de Moulins s'enferment dans une cabane du côté du Mont-Doré ( pas la pilule, Julien) et grave un LP, tout naturellement baptisé ' Le Ptit Cham Session'

Déjà leur sixième disque, et toujours du blues bien rocailleux, qui sent plus la poussière que la neige.

Dans le Delta du Massif Central, pas de gaz, ni de pétrole, mais des vaches, des étangs, des martins-pêcheurs, de l'argile, de la bière ambrée et la gouère, tout ce qu'il faut pour inspirer de rudes bouseux à devenir de sérieux blueseux.  

 Laurent Siguret ( harmonica),  Thomas Duchézeau ( drums, percus) et  Julien Robalo ( vocals, guitare) nous balancent neuf titres sentant la terre et la sueur.

tracks

 Rolling
Oh My
Witches
Elements and Things
Steal The Silence
Howl
Troublemaker
New Dawn
See The Lightning

 

La photo de la montagne, dans le Val de Courre près des pistes du Mont- Doré,  au sortir de l'hiver, est signée Sophie Hervet. 

Tu connais John Lee Hooker évidemment, le ' Rolling' des shériffs de l'Allier sonne autant John Lee que Tony Joe White.

Il suffit de  rouler jusqu'en bas de la colline en se laissant entraîner par le mouth harp traînant de Laurent, le drumming très Doug Clifford de Thomas, la guitare, forcément John Fogerty, de Julien, dont le timbre, fond du bayou, convient à merveille à ce blues sans artifices.

Toujours aucun gimmick superflu sur 'Oh My", l'harmonica joue à la locomotive, calé  sur ton siège, inconfortable, tu contemples un paysage rupestre. Le  train chemine mollo au creux d'une vallée,  en rêvassant, t'as cru apercevoir un alligator sur la berge, un mirage,  car l'Allier n'est pas infesté de sauriens, et d'ailleurs il n'y avait aucune barefoot girl dancing in the moonlight, mais c'était sympa néanmoins! 

A peine revenu du pays des songes, ce sont des ' Witches' qui émergent dont on ne sait d'où, et, comme toutes les sorcières, elles dansent pour  t'envoûter, oh, pas de manière psychédélique comme  la 'The Witch 'des Teutons The Rattles,  leur ballet, sur fond Bo Diddley,  est plus insidieux,  si tu les suis, mon vieux, t'es foutu!

Une reprise, somme toute logique, pour suivre, ' Elements and things' que Tony Joe White a gravé en 1969 sur l'album ' Continued', disque  qui contient l'inoubliable ' Roosevelt and Ira Lee'.

Pas de tralala mais une version respectueuse et décantée te permettant de mieux ouïr le tonnerre tout en risquant d'être aveuglé par les éclairs.

Faut tendre l'oreille si tu veux ' Steal the silence' , déjà Depeche Mode te proposait ' Enjoy the silence', on ne navigue pas dans les mêmes eaux, mais le silence a quelque chose à dire.

Pendant un peu plus de 2'30", on apprécie le calme et la  paix intérieure en contemplant un coucher de soleil sur la montagne, après avoir turbiné toute la journée.

Take it easy, let the sun go down... on va se l'approprier le silence et peut-être qu'au loin, à la lisière de la forêt,  on percevra les trilles d'un tarin des aulnes.  

On a déjà évoqué Creedence Clearwater Revival, ' Howl" s'en approche le plus.

L'harmonica zigzague, la batterie imprime un rythme  swamp irrésistible, la guitare ronronne nonchalamment, tandis que la voix hulule comme une chouette ayant écouté du Canned Heat toute la nuit.

Oublie Green Day, Weezer, Olly Murs ou Beach House, le 'Troublemaker' des Marshals n'est ni pop punk, ni  indie, ni dream pop et encore moins soupe indigeste, il s'agit d'un nouveau blues rock de haute tenue, transpirant l'Amérique profonde, un comble pour des gens du Bourbonnais, quoique Bourbon.... Il y a du John Hiatt, un brin de J J Cale, du Muddy Waters, du Howlin Wolf et bien sûr du CCR ou du Tony Joe White dans leur approche et leur recherche de l'authenticité.

'New Dawn" dépasse les cinq minutes, il faut se lever à l'aube pour voir le soleil se lever sur la montagne.

Ici pas d 'harmonica  mais un jeu de batterie répétitif, des guitares, tantôt enveloppantes, tantôt subtilement couvertes de fuzz,et  un chant lancinant avec effets choraux.

Assurément la plage la plus psychédélique de l'album.

On termine en douceur par le blues rural, très Taj Mahal, 'See the lightning', au chant apaisé. Sur  guitare Alvin Lee en mode picking, l'harmonica musarde paresseusement tandis que Thomas fait la sieste, un masque de sommeil sur les yeux pour éviter   l'excès de luminosité provoqué par la foudre.


Ce sixième album des Marshals est fidèle à leur politique et devrait plaire à tous les amateurs de blues sincère et intègre.


 





mercredi 24 mai 2023

Lee O'Nell Blues Gang au Blues- sphere Bar, Liège, le 20 mai 2023

 Lee O'Nell Blues Gang au Blues- sphere Bar, Liège, le 20 mai 2023

 Mitch ZoSo Duterck

 

Lee O’Nell Blues Gang – Blues-Sphère– Liège (BEL) 2023.05.20
Set-list: first set
01.Different Shades Of Love.
02.Can You Tell Me.
03.Lovely Masquerade.
04.Of Course.
05.On The Road.
06.Boogie Woogie Broke Down Love.
07.The Man In The Corner.
08.The Thrill Is Gone (B.B.King cover)
 
Set-list: second set
01.Switch Off the Moon.
02.Never Again.
03.Paradise Highway.
04.Chocolate Jesus. (Tom Waits cover)
05.As If It Was Enough.
06.You Don’t know Who I Am.
07.Let The Good Times Roll.
08.Alone.
09.Don’t Hate Me Because I’m Happy.
10.Going Down. (Did Not Played)
 
SHAME ON YOU PEOPLE, YES, SHAME ON YOU!
On a le droit de pousser une gueulante de temps en temps non? De toutes façons, en ce qui me concerne, j’ai décidé que c’était maintenant. Ce samedi soir, le club ouvrait les portes de son temple à un groupe venu d’outre - Quiévrain et pas n’importe quel groupe car le Lee O’Nell Blues Gang fait partie des top groupes de blues de l’hexagone, l’Angleterre, la perfide Albion, l’ennemi héréditaire en personne, n’a pu faire autrement que de reconnaître les qualités intrinsèques du groupe qu’elle a classé dans la catégorie ‘blues contemporain’ aux côtés de Joe Bonamassa, vous avez bien lu!
C’est au Spirit of 66 que j’ai fait la connaissance du guitariste Lionel Wernert, fondateur du band, et de sa compagne, la chanteuse Gipsy Bacuet. J’ai reçu ce soir là “This Is Us…” leur deuxième cd, un album qui allait me toucher en plein cœur. J’avais promis qu’on se rencontrerait bientôt et j’ai tenu parole, tout comme d’autres potes, Grégory Lécrivain et Michel Custers, nous étions au top pour le concert. Gregory et moi avions programmé une interview pour nos radios respectives, avec Lionel et Gipsy et ce fut un super moment, merci.
J’en profite pour faire également connaissance avec les trois autres musiciens : le bassiste Philippe DANDRIMONT, Pierre-Alain “Pierrot” DELAUNOY, batteur de son état et François BARISAUX, le claviériste qui, tout petit déjà, était nourri avec les céréales Jon Lord. On ne va pas lui reprocher. Lors de notre discussion musicale j’ai saisi des bribes de conversation venant du backstage : “Il n’y a pas grand monde”
Vu la proximité du concert de ce soir, je m’inquiète vachement et pourtant, en descendant les deux étages qui me séparent du club je ne peux m’empêcher de penser: “Dites-moi qu’un pays où l’auto-dérision” et l’humour au troisième degré sont un mode de vie, dites-moi qui il a du public.
Je pousse la porte et si je n’étais déjà silencieux, je deviendrais muet sur le champ. Je cache l’œil gauche, puis j’alterne: l’œil droit. Et là ça monte des entrailles de la terre: “les cons” hurle-je, intérieurement. Où êtes vous, les grandes gueules? Vous qu’on entend pérorer à haute voix, tels des politiciens en recherche de votants. Vous qui arborez des tee shirts à effigie de stars de la musique? Vous qui râlez parce qu’on organise jamais rien à Liège! Vous avez… oublié??? Non les mecs, pas cette fois. Nous allons vivre un concert de blues incroyable au niveau de son intensité et de sa qualité d’interprétation.
A aucun moment, le Lee O’Nell Blues Gang n’a montré quelque signe de déception que ce soit. Peu importe le moment de la soirée, ils nous ont tout donné, sans retenue. Ils ont été pros. A certains moments, Lionel me souriait car il savait que j’avais décelé les petits hommages distillés ça et là à ses héros d’enfance. Il y a eu trois reprises magnifiquement jouées et même si nous n’étions pas nombreux, ceux qui étaient là ont adoré et moi je suis allé m’excuser auprès des musiciens. C’était leur premier concert en Belgique, j’espère qu’ils y auront trouvé tout de même quelque satisfaction. Et moi je râlais sur mes cons-patriotes : “Honte sur vous !” Vous avez raté un concert extraordinaire!
Merci à Lionel, Gipsy, Pierre-Alain, Philippe et Francois pour votre professionnalisme et pour la qualité de votre musique. On se revoit bientôt.
Mitch “ZoSo’ Duterck
P.S. il paraît que le lendemain vous avez fait sold-out dans le Nord de la France. Comme quoi il y a une justice.

mardi 23 mai 2023

Siena Root / Rosalie Cunningham / The Riven @Rockfabrik - Uebach-Palenberg, le 18 mai 2023

Siena Root / Rosalie Cunningham / The Riven @Rockfabrik -  Uebach-Palenberg, le 18 mai 2023 

Mitch ZoSo Duterck


The Riven + Rosalie Cunningham + Siena Root – Rockfabrik, Übach-Palenberg (GER) 2023.05.18
 
Trois groupes à l’affiche et des problèmes de sonorisation pour les trois, cela prouve une fois de plus qu’un DJ n’est pas pour autant un ingé-son et inversément. Vous l’aurez compris, le son a parfois eu tendance à nous casser les c…avités auditives (on est passés tout près là …), par le truchement du marteau, de l’étrier et de l’enclume, ces trois derniers s’entendant comme larrons en foire pour faire vibrer nos tympans. Jusqu’au jour où nous avons consulté le site internet de l’endroit et, à la condition expresse d’accepter les énigmes à tiroirs, Übach-Palenberg, n’évoquait pour nous qu’un vague épisode romantico-Rolling Stonien dans lequel on retrouvait une certaine Anita Pallenberg, mais jamais nous n’aurions cru à l’existence d’une ville appartenant au lander de Rhénanie du Nord – Westphalie. C’est le cas.
Mister Cab Driver Marc et moi avons donc emprunté les voies carrossables qui nous amenèrent bientôt au-delà de la capitale allemande du pop-rock ’70 avec le titre « Aachen Get No » popularisé par…les Rolling Stones, on y revient. Il fait un temps splendide et comme la salle de concert qui jouxte un casino est encore fermée, nous décidons d’aller reconnaître les environs, ce qui nous permet de rencontrer une première fois les membres du groupe de Rosalie Cunningham qui a justifié à elle seule notre venue en Germanie. Allons, de la tenue que diable ! On redresse la tête et on repart en sens inverse pour une collation rapide. Ouverture des portes, passage par le guichet où je retire nos invitations octroyées gracieusement par le groupe de Lady Cunningham. Quand on a des relations ! (Joke) Allez, en piste (de danse) ! Si si, je vous jure, le concert a lieu dans une discothèque !
 
THE RIVEN
Line-up:
Charlotta ”Totta” Ekeberg : vocals
Arnau Diaz: guitar
Joachim Sandgård: guitar
Max Ternebring: bass
Olof Axegärd: drums
 
Setlist:
01.On Time.
02.Shadow Man.
03.The Serpent.
04.Fly Free.
05.Moving On.
06.Death.
07.The Taker.
 
« Ils ont des Olofants !!! » The Riven, groupe Suédois, originaire de Stockholm, fondé en 2016 (l’un n’empêche pas l’autre) monte sur scène face à un public clairsemé et je suis gentil. Emmené par sa chanteuse Charlotte Ekebergh dont les attitudes de pole dancer ne suffiront pas à dérider le public. Il nous faudra patienter une quarantaine de minutes en espérant que sa voix sans grande personnalité nous touche un tant soit peu, 40 minutes pendant lesquelles les cinq Suédois vont enchaîner des titres d’un hard-rock des plus communs, des morceaux déjà entendu mille fois et avec tous les clichés, postures archétypiques et autres riffs éculés, tellement prévisibles que ça en devient très rapidement lassant. Il est possible et même certain que ça puisse plaire à certains auditeurs présents ce soir et c’est tant mieux, mais, vous l’avez compris en ce qui me concerne…
 
ROSALIE CUNNINGHAM
 
Line-up:
Rosalie Cunningham: vocals & guitar.
Rosco Wilson: guitar & vocals.
Claudia” Speedy” Gonzalez-Diaz: bass, vocals, flûte.
Baptiste Gautier: drums.
Aaron Bolli-Thompson: keyboards.
 
Setlist:
01.Start With The Corners.
02.Ride On My Bike.
03.Dethroning Of The Party Queen.
04.Donovan Ellington.
05.Donny pt. Two.
06.Duet.
07.Riddles And Games.
08.Rabbit Foot.
09.Tempest And The Tide.
10.Tristitia Amnesia. (Did not play)
 
Première des deux têtes d’affiche de la soirée. C’est pour ce groupe que nous sommes là, un combo avec une multi-instrumentiste de génie mais également, parolière, compositrice et interprète. Née à Southend-on-Sea, Essex, le 25 avril 1980, Rosalie Cunningham va à nouveau nous cueillir, nous bousculer et nous emmener à la découverte d’un univers où se mêlent des ambiances d’Auberge Espagnole, de baroque, de pop, de psyché de Renaissance italienne. Chaque morceau est en lui-même un épais roman qu’on emporte en voyage ou qu’on relit chez soi, devant le feu ouvert, encore et toujours. Le line-up actuel est fabuleux avec son duo de jeunes et talentueuses recrues que sont Claudia « Speedy » Gonzales-Diaz et le batteur Baptiste Gauthier qui apportent une sérieuse dose de fraîcheur et de consistance au groupe.
Comme d’habitude, c’est une prestation parfaite de bout en bout.
C’est à une espèce de voyage initiatique dans un monde enchanté que nous prenons part. On a parfois l’impression d’être des enfants qui pousseraient la porte d’une boutique de confiseries tenue par un lutin facétieux qui vous accueille avec un grand sourire en disant « servez-vous, tout est gratuit ! ». Purée ! je ne sais pas à quoi ils ont fourré les caramels aujourd’hui, en tout cas, c’est du bon !
Toujours ces ennuis techniques au niveau sonorisation qui viennent perturber la fluidité du concert. Ce serait mieux de vérifier le matériel avant de se lancer dans des réglages de dernière minute qui embêtent tout le monde et surtout les musiciens qui viennent se promouvoir. En tout cas, nos amis franco-hispano-britons, eux, abordent le problème avec professionnalisme et on peut les en remercier.
Là où ça me gonfle, mais alors là, tu n’as même pas idée, c’est que le fait de venir ajouter un troisième groupe dont on pouvait se passer sans être frustrés, ça enlève automatiquement une dizaine de minutes à la prestation des deux têtes d’affiche car le couvre-feu décrété par les autorités locales n’en a que faire, lui, des tribulations des groupes de rock. Et on se retrouve privés d’un des tous grands morceaux de nos chéris, le splendide « Tristitia Amnesia ». Grrrr !
Allez, direction le bar et le merchandising où je me retrouve publiquement adoubé « Fan #1 » par Rosalie Cunningham en personne. Je bombe le torse de fierté sous les regards concupiscents d’autres fans, envieux, à la limite de la jalousie qui les ferait médire. Ils écarquillent les yeux prêts à exploser en découvrant les disques vinyles et cds que je fais dédicacer. Même Rosalie se demande comment je peux avoir autant de pièces et surtout autant de raretés. Et là je remercie mon Brother Marc, qui après quelques errements s'est autoproclamé « Fan # 1bis » et je m'incline devant la qualité de ses recherches et la précision de ses renseignements qui feraient passer la série des petits meurtres d’Agatha Christie pour un jeu des 7 familles ! « Digger » comme je l’appelle, est comme un limier accro à l’Orval, une fois qu’il a senti l’odeur de la bête il devient fou, à tel point qu’il volerait un cheval de trait dans un pré en pleine nuit, rien ne l’arrête plus !
Bon, on passe pas mal de temps avec Rosalie mais aussi avec Claudia, la bassiste à la chevelure flamboyante dont l’arrivée en compagnie de son ami Baptiste au sein du groupe est un « + » indiscutable. Promis, on se revoit bientôt. De toutes façons, au plus tard à Londres pour une interview et un concert.
 
Siena Root
 
Line-up :
Johan Borgström: guitar
Zubaida Solid: vocals & keyboards
Sam Riffer: Bass
Love H. Forsberg: drums & percussions
 
Set list:
Rasayana.
Coincidence And Fate.
Dusty Road.
Above the Trees.
Wishing For More.
Riding Slow.
Mountain II.
No Filters.
Keeper Of the Flame.
Tales Of Independence.
Root Rock Pioneers.
Outlander.
 
Deuxième tête d’affiche avec Siena Root, second groupe suédois de la soirée, lui aussi originaire de Stockholm mais plus ancien puisque créé en 1994. Johan Borgström, le guitariste et fondateur du groupe est le seul musicien du line-up de départ encore en activité. Il y a eu tellement de mouvements de personnel qu’on croirait lire l’arbre généalogique de Deep Purple ou plutôt de Ritchie Blackmore diront les mauvaises langues.
A la différence près que dans ce cas précis ces cinq suédois sifflants et susurrants-ci sont supers sur ciel et sur terre ! Non mais, ça suffit oui ?! Tantôt très heavy, tantôt plus à la Santana d’avant 1980 on sent immédiatement les influences multiples et la maîtrise du genre. Pas de choses stéréotypées, on sent que s’ils se laissaient aller un peu, on pourrait très vite verser dans le monde des monster jams à la Allman Brothers Band. Ça joue juste et avec de l’émotion, on plonge très vite dans le psychédélique pour lequel il semble que de plus en plus de jeunes musiciens montrent un intérêt prononcé. Et je dis bravo. Ca nous empêchera peut-être de voir aux infos des jeunes d’à peine 20 ans jouir de plaisir à la sortie du Stade Roi Baudouin après un Con-Sert de Beyoncé, certains fiers de dire que le package VIP (Very Imbécile People) leur a coûté 2800€ (comme si c’était une somme dérisoire) auxquels il faut encore ajouter le prix de la place de concert. La même semaine à Anvers, l’immense Roger Waters de Pink Floyd. Pas un commentaire, pas une image. Il y a vraiment quelque chose de pourri en ce bas monde. Bonjour l’enseignement des valeurs.
Heureusement, grâce à Siena Roots on a passé un très bon moment entre gens normaux, ni influenceurs, ni infuencés, je mettrai quand même un « like » si on me le demande. Il ne nous restait plus qu’a saluer nos amis et à reprendre la route.
 Cette fois c’était « Yes Sir Aachen Boogie à la radio… »
Mitch « ZoSo » Duterck

dimanche 21 mai 2023

Basic Partner au festival Lodañ, Place de La Cloche, Binic, le 20 mai 2023

 Basic Partner au festival Lodañ,  Place de La Cloche, Binic, le 20 mai 2023

 

michel 

 Charlotte Caillon-Lagadeuc est une sainte, avec son  compagnon Arnaud Lagadeuc, elle gère Le Chaland Qui Passe, dont elle  est le sourire, de temps en temps, elle vient donner un coup de main au Barbe à Plouha,  géré par Arnaud et un autre fou de musique, Yann Olivier, toujours avec Arnaud, et le plus Breton des gars originaires des Antipodes, Maxwell Farrington, ils ont repris et mis à neuf l'Hôtel Neptune à Binic,  et depuis peu, elle préside l'association Goël'Art, qui a décidé qu'il y aurait une Morue en Fête à Binic, malgré l'annulation annoncée.

Très vite, l'idée d'un festival se déroulant durant le week-end de l'Ascension a  germé dans l'esprit des responsables de l'équipe et avec l'accord de la mairie de Binic, le Lodañ Festival voit le jour.

Fameuse affiche concoctée en quelques semaines: deux scènes , neuf groupes, des concerts étalés sur trois jours!

Tu décides de faire un tour  sur les quais de la station balnéaire le 20.

T'avais opté pour les concerts de Basic Partner et The Soap Opera.

Sur place, tu apprends que The Soap Opera s'est produit la veille, ils ont switché avec Les Saumons Fumés qui doivent se produire sur l'avant-port à 20h.

Second hic, le soundcheck de Basic Partner s'est prolongé,, le coup d'envoi a été donné avec près de 25' de retard!

Tu connais Partner in Crime et Basic Instinct mais pas Basic Partner, cette formation nantaise, qui a vu le jour il y a moins d'un an.

Discographie: inexistante, un clip existe!

Style: ils optent pour l'étiquette krautpunk, le médecin,  après une écoute attentive au stéthoscope, a relevé des éléments psychédéliques, du postpunk, du garage , de la crank wave , de l'art punk... on prévient les amateurs de schlager ou de middle of the road qu'ils peuvent passer leur chemin.

Line-up: la grande inconnue, ils ne se sont pas présentés, on avance: Clément Le Gallo ( chant, sax, synthé) , actif chez Sir Greggo,  Kata K, Deftstomp, Two Headed/ Sacha Sourty ( guitare ) , actif chez  Deftstomp/  Anton Brachet  ( batterie), cité chez OHM, Tickles,  Ämelast et, enfin, à la basse, sans doute, Lucas Fleurance, annoncé chez   Tickles,  Ämelast, Easy Frenzy, Nashira.

On nous souffle que pendant un temps, Marius Radius de Clavicule ( cf article de NoPo) a fait partie du combo.

Pour les titres, on te prévient, c'est la galère, t'as les mains ampoulées, du coup!

On suppose qu'ils ont démarré par 'Love is Strange', le morceau visible sur YouTube.

Une amorce bruitiste au synthé sur laquelle vient se greffer la guitare, le tag krautrock se justifie. Si Neu!, Faust ou Can font partie de tes groupes favoris, tu risques d'aimer.

Le son est épais, des éléments psychédéliques, voire doorsiens, pointent, Sacha saupoudre son jeu d'une pointe de wah wah, le chant de Clément  passe de l'obsédant à l'irascible et c'est  sur un final liturgique que s'achève une première plage percutante.

Un cliquetis aux drums amorce la suivante, t'as cru lire ' Insomnia's' sur le chiffon caché par les câbles de la guitare, qui réagit après l'allumage signé Anton.

Le synthé grogne puis développe des sonorités caoutchouteuses, la voix est rageuse, Clément est relayé au chant par Lucas, Sacha en profite pour activer à nouveau la wah wah pedal, un coup de fuzz jaillit, , ça gronde et gesticule furieusement, d'où les problèmes d'insomnie!

Un synthé Notre-Dame de l'Assomption , on lui a pas dit, que c'était l'Ascension, introduit ' As you want' (  après déchiffrage) , les autres musicos sont transformés en enfants de choeur avant de se joindre à l'organiste titulaire, peut-être émérite.

Il entame un chant aux intonations the Lizzard King, avec quelques inflexions  Stan Ridgway.

A ses côtés, Sacha girouette selon l'humeur du vent, puis il pirouette, tournoie, se plie en deux, tout en balançant de méchants  riffs.

Très expressif, Monsieur Le Gallo, est  bien secondé par Lucas.

William Sheller a une de ses compos intitulée ' Lux Aeterna', sur la fiche t'as  lu ' Lux Eterna, c'était pas du William Sheller, et c'était plutôt sombre, avant de s'éteindre à petits feux. Le coup final sur une caisse a fait forte impression!

'All the people'   tient d'une équipée de la horde sauvage,  chant courroucé, post punk violent et anxiogène, faut se tenir à distance, ils canardent  grave.

Aucun signe d'assagissement sur 'Catch me' , une attaque en force amorce la plage, Clément pédale en spoken-word, t'as jamais réussi à l'attraper et comme une bête aux abois, Sacha nous lâche un effet larsen perfide.

Il entame ' Monotonus'  on n'a pas lu "ous ", t'iras leur poser la question, un titre un rien plus apaisé  lors de l'entame , il se transforme en prière implorante avant le terminus.

Un petit blanc, énerve un rocker vintage  qui leur enjoint d'enchaîner.

Après une brève intro aux claviers, 'Temptation'   est jeté en pâture à nos oreilles candides, il a vu un papillon, on a  aperçu un cormoran, les deux bestioles ont mis les bouts aussi sec, tellement ça pilonnait sur scène, un petit coup de slide vient divertir le vétéran de tout à l'heure, et, on n'a pas compris pourquoi, un briquet a atterri à ses pieds.

Remerciements d'usage et dernière balle,'Where are you'  chanté d'un timbre chevrotant , ce qui a éveillé en toi quelques souvenirs ( 'My Generation' des Who), c'est en format cataclysme d'ampleur sidérante que prend fin ce concert turbulent et déterminé.

Basic Partner, un band à tenir à l'oeil.

 

Il est  20:20', le gig sur l'avant-port est déjà sérieusement entamé, tu jettes l'éponge  et rentre à la niche !

 

samedi 20 mai 2023

French Song Del Mundo - Esplanade du Palus pour "La Morue en Escale" - Plouha, le 19 mai 2023

French Song Del Mundo Esplanade du Palus pour "La Morue en Escale" - Plouha, le 19 mai 2023
 
michel  
 
Hiver 2023:  Pour cause d’une situation économique défaillante, l’édition 2023 de la Morue en fête n’aura finalement pas lieu à Binic-Étables.
Quoi, une honte, un scandale, une infamie...faut réagir!
Et réactions, il y eut...
L’association Binic Terre-Neuve Islande qui organise l'événement devient l' Association Bretagne Terre-Neuve Islande et décide d'agencer une  mini-morue  à Plouha, sur la Plage du Palus, l'événement est baptisé Morue en Escale.
Le mini devient respectable, quatre jours de festivités du 18 au 21 mai.
Quoi, la morue à Plouha, ça va pas la tête, la morue, c'est Binic!
Du coup une association se crée, Goël'Art, et, en moins de deux, imagine un festival devant se dérouler à Binic du 19 au 21 mai, le Lodan Festival, avec une affiche aussi prestigieuse que celle du Palus.
 
Si t'as pas le don d'ubiquité, il faut choisir, d'autant plus que La Grande Ourse programmait Jontavious Willis le 18, que le Festival Trieux Tonic Blues à Lézardrieux  se tient aussi pendant le week-end de l' Ascension et qu'il y a,   au moins,  25 concerts dans les environs entre le 18 et le 21.  
Quoi, Hector?
Pléthore!
Plaît-il?
Surabondance, fieu! 

Le 18, t'étais à Saint-Agathon, le 19 tu vas à la plage avec ton écharpe et tes moufles, tu verras Binic le 20, et le 21, tu vas à la messe!
Tu te demandais où  larguer ta Chevrolet  au Palus, les bénévoles  t'expliquent que dans la descente vers le rivage, le côté gauche servira de parking, pour rentrer chez toi, tu prends la direction de Tréveneuc et le tour est joué.
A 16:40', te voilà sur les galets, le temps est frais, sur la plage: zéro bikinis, dans l'eau: zéro baigneurs, les mouettes ont déserté Plouha mais on a vu deux cerfs - volants, sans bois! 

French Song Del Mundo soundchecke!

T'avais croisé la route du duo en 2019, c'était à Pontrieux, c'était sympa.

Ils sont toujours deux:  Nicolas Chatalain ( vu aux côtés de Vincent Prémel et au sein de Tiki Paradise) et  Ourdia Djilali.

Il.elle manient guitares ( électrique, acoustique), percussions  variées, petites et grandes, looper, et chantent.

17h et des poussières, on doit être une vingtaine face au podium, les Bretons, ce qui les intéresse c'est de boire un coup et d'avaler des galettes-saucisses.

Niko: en principe quand le groupe monte sur scène, les gens applaudissent.

Hortense, une groupie,  a  frappé des mains, son gamin l'a regardée bizarrement.

C'est parti, deux coups sur le tambour, mise en boucles, un shaker est secoué, c'est dans la machine, la guitare acoustique s'étire, la fille soupire, ...'Soleil', dis-moi où tu es... .., une plage lascive aux saveurs latino.

Hortense chaloupe, Ourdia minaude,  la guitare  tisse une toile ensoleillée, en mode bossa nova,   un Brésilien, pas  basané, chuchote, c'est beau comme le Pain de Sucre, dis... 

Même scénario pour la suivante, 'Di Me',  chanté en duo, une rasade en espagnol   d'inspiration La Mano Negra/Manu Chao.

Comme elle caille, la jolie madame se paye un pas de danse timide, imitée par Hortense, encore elle!

Niko passe à l'électricité pour un blues de leur plume ( Mad men hurt) , comme tous  les titres interprétés en cette fin d'après-midi, ... I used to walk down by your side...chante Miss Djilali d'un timbre convaincant, Niko nous balançant un solo racé qui a  fait frémir Mick Jones, pas celui des Clash, celui de Foreigner , pendant un temps guitariste de Johnny,  il est en villégiature dans le coin.

Un slow?

Elle susurre... je  l'ai mauvaise, ne t'en déplaise, quand tu t'en vas...  et là,  t'as pensé à Serge Gainsbourg.

Retour  à l'acoustique pour un nouveau titre en espagnol, '  Tus Manos'   une  cumbia  sensuelle  évoquant le 'Puerto Rico', repris par Vaya Con Dios.

Les envolées de guitare d'une pureté Paco De Lucia frappent les esprits, la  voix  câline l'âme.

La suivante, toujours imprégnée de  couleurs tropicales, emprunte une idée à la loufoque GiedRé  puisqu'elle nous dit ...je pourrais tuer des gens... heureusement, elle avait oublié son arme au vestiaire.

Aimez-vous, non pas Brahms, le reggae? 

Oui, a répondu Shakespeare, pas Wiliam, Robbie!

Ils en ont servi deux d'affilée, un calypso  acoustique  et un  autre, électrique, 'Money' ,  à deux, ils font aussi fort que Babylon Circus.

Allez, restons en Jamaïque avec ' Jah Jah Rule', c'était pas  le morceau de Burro Banton, mais ça bougeait sérieusement, et le gros chékéré a impressionné le petit Loïc.

Le reggae c'est cool,   mais on passe à autre chose, tiens, Ourdia, je te refile la guitare électrique, je t'accompagne avec l'acoustique pour 'He flies' , une ballade folky satinée.

Allez, on repart dans les îles, le Cabo Verde, la terre de Cesaria Evora, voici ' J'ai essayé'   et sa guitare ciselée.

Raconte leur un truc, Ourdia,  il faut désaccorder la guitare pour le blues qui suit, un truc agressif et sale, pendant lequel l'instrument se lâche pour cracher un venin plus toxique que celui de Téléphone.

Un signe depuis la table: une!

C'est la dernière, vous n'aviez pas encore ouï de hip hop, on vous emmène du côté de la West Coast pour un hip hop/acid  jazz  chanté d'un flow saccadé et accompagné par les clac clac ...clac  ... clac clac clac...d'un public charmé.

 

I try to do my best ... chantait Ourdia.

 C'était  sensas, réagit  une spectatrice.

 

La soirée était loin d'être terminée, mais on t'attendait pour l'apéro et l'apéro, c'est sacré!

 

  


 

 

vendredi 19 mai 2023

Jontavious Willis à La Grande Ourse, Saint-Agathon, 18 mai 2023

Jontavious Willis à La Grande Ourse,  Saint-Agathon, 18 mai 2023

 

michel

Après un passage ( chahuté)  à Coutances pour le festival Jazz sous les Pommiers, puis  à Rouen,  le  new wonderkid du blues, Jontavious Willis, fait escale à La Grande Ourse, après, il lui restera une date en France, à Paris, ce 20 mai.

Le jeune gars, costaud et souriant, est originaire de Greenville, Georgia, l'état  cher au coeur de Ray Charles.

Particularité: il a remis le country blues à l'honneur, ils sont nombreux à le  considérer comme l'héritier de Taj Mahal.

Avec Eric Bibb et Keb'Mo'  , il est désormais dans le peloton de tête des représentants du blues rural.

Discographie: deux albums, Blue Metamorphosis en 2017 et Spectacular Class en 2019.

A 17:30', le gars qui comme tant d'autres a débuté en chantant du gospel in a Baptist Church, se pointe, un bonnet calé sur son crâne, il ramasse son acoustique, salue le public, puis entame, en picking, un premier blues poussiéreux, devant dater des années 20 ou 30.

Il opère sans setlist et n'annonce pas le titre  de ce cantique archaïque dont on a relevé quelques bribes.... time ain't good here, it's better down below... l'herbe est toujours plus verte ailleurs, sauf dans le Kalahari.

Il n'a pas fallu longtemps à l'assistance pour comprendre que les instrumental skills de Jontavious  sont du genre hors du commun et quand, à l'approche du terme de la première plage, il utilise tout l'avant-bras, au lieu de ses petits doigts, pour forger ses accords de guitare, ta voisine lâche un 'wouah' admiratif. 

I'm from Georgia, précise-t-il, vous savez qu'Atlanta est la capitale de cet Etat  du Sud-Est des States,  pour honorer mon pays, je vous joue 'Atlanta Blues' aussi connu sous la dénomination ' Make Me One Pallet On Your Floor'.

Je vous le fais en mode  Mississippi John Hurt, mais, d'après les puristes, les origines du morceau remontent au 19è siècle.

Jeu subtil et voix chaude, l'authenticité, il n'y a que ça de vrai, pas d'effets inutiles, pas de pédales, pas de freins, pas de gimmicks superflus, dans la salle des talons battent la mesure.

May I tell you a story?

Te gêne pas, étale!

C'est l'histoire d'un gars, non, pas un belge, qui aime très fort sa petite amie, pour lui montrer son amour il décide , oublie Roméo et Juliette, de lui faire une sérénade avec un instrument de musique.

Le sax, ça marche pas, le  violon joue faux, vais essayer la batterie, et ainsi est né 'The drummer boy blues'.

Un titre acrobatique et hautement humoristique. 

Let's do a train song! 

Il sort un harmonica de derrière l'oreille  et va nous narrer et jouer la course infernale  entre le Georgia Central et le Cannonball.

Un grand numéro, exigeant la participation de Saint-Agathon, nous voilà transformés en locomotive  à vapeur  , tchou, tchou, tchou,  and both trains  blow their horns, les turbines chauffent, la sueur coule du front du machiniste, dommage, l'absence de  Jean Gabin!

Après ce cartoon digne des Looney Tunes, il reprend la six cordes pour enchaîner sur ' I'd rather drink muddy water' précédé de la ligne  ...One of these mornings won't be very long... tirée du gospel ' Walk around heaven'.

Je continue avec another tune that has a lot of words,  ce  truc  ressemblait furieusement au ' Jelly roll blues' chanté en mode accéléré.

Le ragtime 'Long winded woman' est de sa plume et s'entend sur 'Spectacular Class'.

Sa madame est du genre bavard, au téléphone elle te raconte sa vie, sans pauses publicitaires, t'as le temps de vider un pack de bière avant le mot FIN. 

Sur le même album, voici ' The world's in a tangle', décrivant l'état, lamentable, du monde suivi par  ' The blues is dead?' , il insiste sur le question mark.

Le blues, mort? 

Il se gratte le crâne, avec des gars comme Jontavious Willis, le blues n'est pas prêt à être enterré, ni  incinéré.

Dextérité, groove  et une pointe d'ironie, on savoure, et sans prévenir il enchaîne sur 'Careless Love' .

Une version moins sensuelle que celle de Madeleine Peyroux,  mais vachement légitime toutefois.

"I'm Gonna Move to the Outskirts of Town", date de 1936, la version originale  a été enregistrée par Casey Bill Weldon, un Piedmond blues musician.

Une des versions les plus connues est celle de Ray Charles.

Pendant le morceau, Jontavious qui a connu quelques mésaventures conjugales, les narre aussi bien verbalement qu'avec sa guitare, peut-être encore plus expressive  que le verbe.

Du grand art!

And now, folks, another train song, mais sans mouth harp,  et ce vieux tortillard, en route vers Washington, trimballe  sa petite amie  aux  yeux  bruns, mais il   ne va  pas la  ramener. 

Le  temps de placer un capodastre et il attaque  la  suivante, encore une pépite originaire d'une autre époque, un temps où les bluesmen te donnaient ce conseil...if you got a good woman, boy,  you gotta treat her  right...

Il enchaîne sur une version bâtarde de ' Sweet Home Chicago' , jouée sur un tempo preste, pour finir en stand-up comedy, guitare désaccordée, car  le virtuose, historien du blues,  ne manque pas d'humour.

Un premier titre à la slide pour suivre, une  version frelatée de ' Mr. Willis's Worried Blues', audible sur son premier album. 

  En mode  Piedmond blues,  cette pièce  déménage sec.

Le terme du show est en vue, il a un conseil à donner, si t'as des soucis  de toutes sortes, t'as perdu ton job,  par exemple, ou ton mec te trompe...well, keep your worries on the dancefloor.

 

That was it, goodnight, Saint Agathon!

 

Le public le rappelle, il revient en se dandinant, sort son harmonica et chantonne , tout en tapant la  mesure du pied...when it's time to go, you have to go,  I hope you have enjoyed the show...   un grand Yeah, répond à sa demande...il ajoute,  if they ask you who composed  this blues, you'll answer it's Jontavious Willis, il sourit et se tire, définitivement!


Ce  prodige sera sur  scène  lors du Duvelblues,  à Puurs,  le 27 mai!