jeudi 30 juin 2022

EP - Insert Coins- C'est pas gagné.

 EP - Insert Coins- C'est pas gagné.

 

 Mon disquaire est mort/ Minimal Chords


michel

T'avais une envie de barre chocolat-caramel, t'avises un distributeur, tu te souviens de la pub, "Un Mars, et ça repart", la machine te dit Insert Coins, et, oh surprise, c'est un mini-CD qui tombe dans le bac: "Insert Coins- C'est pas gagné."

T'as secoué l'appareil, il a refusé de te rendre ton fric, en fulminant, t'es rentré dans ta cage, c'est une vieille automobile, qui pollue un max selon Sandrine Rousseau et ses copains, on te dit ça pour expliquer que si tu veux écouter de la musique t'as pas besoin d'une clé USB, tu glisses le disque optique dans le lecteur et tu écoutes le produit, de toute façon  immangeable!

 

En Savoie, tu as la fondue, les rioutes, la tarte aux myrtilles, les soeurs Goitschel, Les Éléphants de Chambéry, sans trompe , mais munis d'une crosse et de patins, Nicoletta et   des fouteurs de merde, Insert Coins. 

Ces éternels gamins sillonnent les salles de concerts, festivals, kermesses et fêtes patronales des Alpes , du Jura, des Baronnies ou du Livradois- Forez depuis plus de 20 ans,  pour faire danser jeunes écervelés et vieillards pas périmés sur fond de ska, reggae, punk, rock,  remuant  et joyeux.

A la fin de chaque prestation, ils essayent d'écouler leur marchandise, car on leur connaît plusieurs enregistrements, deux full albums, 'Super Hero' et ' C'est ma faute', deux EP's ' Ce que j'ai envie' et ' 2.0' et tout récemment la maternité de Chambéry signale la naissance d'un nouveau bébé ' C'est pas gagné'. 

Le line-up:

Damien HUAUX : Chant / Guitare électrique - Alexandre DELAGE : Chant / Guitare électrique - Julien JACQUEMIER : Chœur / Batterie - Thibault LANCHAMP : Basse - Mathieu ABINUN : Trompette - Christophe LAMBERT : Trombone



Tracklist

  1. Quand je serai vieux
  2. Pourrir la planète
  3. Dans ta tête
  4. Le prix de la liberté
  5. Jusqu’où irons-nous

Pochette: un amusant dessin signé Mathis Busson, montrant un minibus VW vintage zigzaguant sur une route, bordée de pins. Pour ne pas terminer encastré dans un conifère, le van doit éviter pas mal d'objets incongrus jonchés sur l'asphalte, une poubelle, un fauteuil roulant, un méchant robot tirant des projectiles, un truc immonde représentant le Covid et, torche en main, un échappé d'un asile local, un individu ayant enfilé la tenue du Ku Klux Klan, qui poursuit   les néo-hippies  au pas de course.

Le transporter atteindra-t-il le lac qui semble être sa destination?

On a des doutes, comme Sara Mondiano. 

Une projection vers un futur plus très éloigné, voici ' Quand je serai vieux' sur un rythme endiablé, normal, puisque papy compte bien  courir le marathon, les six pièces du puzzle t'envoient un ska rock musclé et vachement physique.

Pour te faire une idée  cinéma de leur philosophie on te conseille ' Les Vieux de la Vieille' de Gilles Grangier, tu y verras Noël Noël, Jean Gabin et Pierre Fresnay mettre le souk dans l'hospice.

Cuivres en folie, refrain accrocheur, rythmique infernale, bain de jouvence  garanti!

Les vieux sont tous anarchistes, méfiez-vous, les djeuns!

Olé fait la trompette et la cavalcade furieuse commence,  on va ' Pourrir la planète' .

A prendre au second degré, car le constat est amer, elle est déjà salement plombée notre bonne vieille  terre, bon, d'accord, il y a encore moyen d'accélérer le mouvement et faire tout exploser.

Insert Coins travaille dans le même registre que Zebda, Les Ejectés,   Babylon Circus ou les espagnols Ska-P, sous une grosse couche d'humour, les Savoyards n'hésitent pas à sortir la sulfateuse.

Faut lire entre les lignes, fiston!

' Dans ta tête' attaque la xénophobie de front, à grand renfort de cuivres déchainés, de riffs de guitares et  de basse bien lourds sur drumming  impétueux, le chant vitaminé est  scandé  pour mieux faire pénétrer le message dans ta petite tête de facho. 

Tu te souviens, le Covid, le confinement, les attestations bidon, la sortie à un kilomètre de chez toi maximum, le connard  qui dénonce son voisin, qui par des petites routes inconnues des gendarmes s'est rendu chez sa petite amie habitant à 10 lieues, donc faut jamais oublier ' Le prix de la liberté'.

Tout ça sur fond festif, ainsi la pilule passe mieux.

Il en reste une, futuriste, 'Jusqu'où irons-nous', un titre amorcé et terminé par un message distillé par une affriolante voix féminine, du style de celle de ton GPS qui te dit faites demi-tour avec prudence, alors que tu roules sur la A 1 vers Lille.

La madame, en fait, est ton robot personnel qui rend inutile ton vieil agenda.

Il y a un hic, évidemment, comme pour la voiture électrique, autonomie limitée...

Sinon,  musicalement, t'as intérêt à t'accrocher pour suivre la clique car ce  ' 'Jusqu'où irons-nous' dévale à toute vitesse sur une pente déjà savonneuse, et si t'entends une explosion en fin de morceau, t'as pas rêvé,  l'androïde a rendu l'âme.

Le progrès a des limites!


A peine quinze minutes de fun, mais le groupe promet un nouvel album dans un avenir pas trop éloigné, en attendant tu peux les voir sur scène, leur terrain de prédilection, ils seront au Festi 'Ouff dans les Vosges le 30 juillet, le même jour tu y entendras: Les Marteaux Pikettes (punk rock militant) ; Bottomz Up (Heavy rock teinté d’accents métal) ; Black Rivers Sons (Rock sudiste).

Et comme le festival se déroule à  la Brasserie du Pays des Lacs, laisse  tes cannettes de Kanterbräu dans le frigidaire!



 




Festival Rétro C Trop au Château de Tilloloy, les 25 & 26 juin 2022

 Festival Rétro C Trop  au Château de Tilloloy, les 25 & 26 juin 2022

Mitch ZoSo Duterck

 

Festival « Retro C Trop » Château de Tilloloy, France 25 & 26 Juin 2022
Privés de Festival pendant cette foutue période de Covid, et malgré des prévisions météorologiques des plus alarmantes, c’est avec ardeur et fébrilité que nous retrouvons la Picardie et son hospitalité légendaire. Une affiche très attractive cette année encore, jugez-en plutôt :
Manu Lanvin, Seasick Steve, Status Quo, Rival Sons et Alice Cooper le samedi.
Little Bob, The Undertones, Orchestral Manoeuvres in The Dark, Madness et Simple Minds le Dimanche. Un excellent partage entre un style résolument 70’s le 25 et un autre plutôt réservé aux « jeunes », les fans des années ’80, le lendemain.
L’attrait qu’exercent le château et son parc sur les festivaliers est toujours aussi magique et l’organisation est sans failles, un seul mot d’ordre : le sourire.
Contrairement à la plupart des festivals dans lesquels se rassemblent par grappes entières des énergumènes grossiers et bruyants, saouls comme des cochons et qui n’ont pas plus de respect pour les artistes en scène que pour leur propre statut d’alcooliques, à Tilloloy, le public vient avant tout pour passer du bon temps en famille et/ou entre amis, sans éprouver le besoin impérieux de mettre le souk et donc, par le fait même, de perturber le climat un peu Baba Cool de la manifestation. Oh, bien sûr, il arrive qu’à partir d’une certaine heure, on rencontre bien quelques spécimens pour qui garder l’équilibre en position verticale est devenu soudain une gageure, ou encore se frotte-t-on parfois à un ou une égoïste à la carrure beaucoup plus développée que son embryon d’intelligence et qui refuse de se pousser un peu pour vous permettre de prendre une bonne photo , mais là aussi c’est une espèce en voie de disparition. Une source sûre m’a rapporté le cas d’une maman qui refusait obstinément que sa fille, bien plus petite en taille que sa génitrice, passe devant-elle pour se placer au premier rang, ce qui lui aurait permis de voir le concert dans de bonnes conditions ! C’est vous dire le niveau.
Mais, comme le chantait si bien France Gall : « revenons à nou-ous ». A l’occasion de ces retrouvailles tant attendues, les sept « Mercenaires » de Rival Sons Benelux, rejoignaient les cinq représentants de Rival Sons France ce qui porte le total à douze. Nous aussi on va parfois au cinéma, alors le premier qui ajoute « Salopards » s’en prend une ! Ça fait du bien de se revoir, alors c’est bisous-bisous par-ci (mais sans la langue), serre-moi plus fort par-là, vous savez comment ça se passe je suppose, enfin, je vous le souhaite en tout cas. Mais, trêve d’effusions, la clameur monte d’un coup : tout le monde en place, c’est parti!
1.MANU LANVIN : actif depuis l’an 2000, l’homme est fort d’une discographie de 7 albums. Il est également l’ami intime du bluesman Texan Calvin Russell auquel il rend hommage en concert. Manu est aussi et avant tout le fils de l’acteur Gérard Lanvin. Difficile de renier le lien parental qui les unit, ne fut-ce que par le timbre de voix, c’est parfois bluffant. Mais en plus, depuis qu’ils font de la musique ensemble, c’est encore plus déroutant. A ses heures perdues, le musicien est également acteur, on a pu le voir notamment dans « Les Lyonnais » de Olivier Marchal (2011). En tant que chanteur, Il se verra décerner le Globe de Crystal du meilleur interprète masculin en 2017. Du haut de ses 48 ans, armé de son Epiphone ES 335 dorée (un peu trop quand même, non ?) il va mettre le feu d’entrée avec un blues rock’n’roll simple dans sa construction, mais d’une efficacité redoutable au niveau du rendu. Entouré du Devil Blues, le power trio s’est enrichi des services d’un harmoniciste. Pendant près d’une heure, l’artiste va tout donner, sans retenue, et le public appréciera. L’homme trempé de sueur de la tête aux pieds n’hésitera pas à quitter la scène pour prendre littéralement un énorme bain de foule. Un artiste vrai et sincère, en ce qui me concerne, c’était une belle découverte en tout cas.
Site officiel manulanvin.com
2.SEASICK STEVE : né à Oakland, Californie, le 15 mars 1947, Steve Gene Wold de son vrai nom, quitte le foyer parental à l’âge de 13 ans et « prend la route » pour découvrir le monde. Avec ses quartiers d’insécurité, Oakland, voisine de San Francisco, n’est pas spécialement le genre d’endroit où un gamin épris de grands espaces et de liberté, peut véritablement s’épanouir. Dans les années ’60, il se lie un temps avec une bande de gars qui jouent du blues et qui fréquentent Janis Joplin avec qui Steve deviendra ami. C’est lors d’un voyage en Norvège où il fondera une famille, qu’un de ses amis remarque que Steve a le mal de mer à chaque fois qu’il se trouve sur un bateau, peu importe sa taille. L’homme y gagnera son surnom de « Seasick » (mal de mer). De retour aux States dans les années ’90, il s’installe à Seattle, Etat de Washington, et fonde son propre studio où des représentants de la vague Grunge, Kurt Cobain de Nirvana en tête, viennent enregistrer. Onze albums et deux EP plus tard, sa musique baignée de blues, de folk et de grunge a imposé « Seasick » comme un incontournable du genre. Il embarque, cette fois pour une méga tournée européenne, le « Sonic Soul Tour » qui lui permettra de se faire connaître chez nous.
Sur scène, Steve, accompagné de « Crazy Dan » Magnusson, son batteur et ami de longue date, va mettre une ambiance du feu de Dieu en jouant notamment avec des guitares construites de toutes pièces, entre-autres, avec d’anciennes plaques d’immatriculation du Missouri fabriquées en prison par des détenus. Le tout est enrichi d’anecdotes racontées avec un accent américain à couper au couteau dont le public ne goûte manifestement pas le sel, et c’est dommage. Un concert vraiment réjouissant qui fera date dans les mémoires en tout cas.
Site officiel seasicksteve.com
3.STATUS QUO: rendez-vous compte : soixante ans de carrière pour ce groupe légendaire fondé à Londres en 1962 ! Le Quo ne prendra son nom définitif qu’en 1967. D’abord influencé par la musique psychédélique, comme en témoigne le titre « Pictures of Matchstick Men », la bande à Francis Rossi, Alan Lancaster, Rick Parfitt et John Coghlan va peu à peu devenir un quatuor de boogie rock à trois accords et douze mesures, le désormais célèbre « twelve bar blues » comme l’appellent souvent les moqueurs. Ces mecs vont déployer un tel génie créatif en écrivant des mélodies simples, tellement accrocheuses et faciles à mémoriser, que chaque single va devenir un véritable hymne, inoubliable. Le quatuor en jeans et baskets va connaître son apogée entre 1973 et 1978. Quels que soient les problèmes rencontrés au cours de leur longue carrière, le Quo a toujours pu compter sur le support inconditionnel, un lien indéfectible qui les unit à leurs fans. On dit d’ailleurs que ces hordes secouant leur crinière en rythme en reproduisant la position scénique de leurs idoles, jambes écartées, pratiquant le « air guitar », sont les meilleurs et les plus fidèles au monde. Je ne suis pas loin de me demander si cette discipline n’a pas été réellement inventée par les fans de Status Quo, des siècles avant que cela devienne la mode. Leur musique, tout comme celle de Creedence Clearwater Revival, devrait être remboursée par la sécurité sociale, tant elle a un pouvoir curatif sur les âmes en peine. Lorsque les concerts commencent, si vous êtes toujours assis après cinq secondes, c’est que vous êtes manifestement sourds, car il est virtuellement impossible de résister ! Un concert du Quo, c’est « rien que du bonheur », un « Best Of » : Down Down, Caroline, Hold You Back, Rain, Whatever You Want, Railroad, What You’re Proposing… On leur pardonne même la reprise de « You’re in the Army Now » un titre de 1981 écrit par Bolland & Bolland, massacré par la bande des Restos du Cœur que Status Quo va reprendre sur son album éponyme en 1986. Une faute de goût, peut-être, mais un tel succès commercial et financier qu’on ne peut que s’incliner une fois de plus devant la perspicacité dans la démarche commerciale du groupe. On pourrait encore en citer des dizaines de ces « hits » que Francis Rossi commente avec son accent londonien teinté de cockney, le patois de Londres, que le public ne comprend pas plus que l’américain et c’est encore une fois dommage. Status Quo, j’ai adoré, comme à chaque fois. Depuis que je les suis, n’ai jamais vécu un mauvais concert de leur part. Status Quo est et sera toujours une redoutable machine de guerre. A propos de climat et des prévisions, on se contentera sans peine des 10 minutes d’une légère pluie pendant le Quo et ce sera tout pour le weekend. Si seulement il avait pu « flotter » au moment où ils ont joué « Rain »!
Site officiel www.statusquo.co.uk
4.RIVAL SONS : soyons honnêtes, c’est quand même une de nos motivations premières à notre présence en ces lieux idylliques ce 25 juin. En congé de paternité, Michael Miley a fait son retour derrière les fûts et ça s’entend. Au niveau du concert, nous avons droit à de très belles et longues improvisions menées de main de maître par Scott Holiday. Mister Fuzzlord est en grande forme ce soir et des morceaux comme « Face of Light » vont prendre une dimension nouvelle. Un petit souci vocal pour Jay dans l’interprétation de « Shooting Stars » mais ça ne sera que passager. Cependant, mis à part un groupe de spectateurs situé du côté droit de la scène, et qui reprend le magnifique chorus, ailleurs c’est le désert, la réception est assez froide, voire inexistante, c’est incompréhensible. On dirait que les gens sont venus uniquement pour Status Quo et surtout pour Alice Cooper, la tête d’affiche. C’est dommage car les gars de Long Beach nous livrent un bon concert, même si ce n’est pas le meilleur auquel j’ai assisté. Mais parfois les gens sont imprévisibles, sans que le groupe en soit forcément responsable. Le titre qui recueille le plus de succès c’est incontestablement « Pressure and Time », le plus ancien au répertoire. Version killer du nouveau titre « Nobody Wants To Die ». Le public se réveille un peu sur « Open My Eyes », un titre bien de circonstances, vous l’avouerez. Petit geste de Jay à mon attention ce qui déclenche automatiquement des questions autour de moi « vous le connaissez ? ». « Oui » réponds-je poliment et en français pour éviter toute erreur éventuelle de compréhension de ma langue maternelle, répertoriée « français (Belgique) » sur tous les pc équipés de Windows. On a vu ce que ça donnait précédemment avec l’anglais, ne prenons donc aucun risque. Ce soir c’est mon 42ème concert avec les Sons et je reste un fan absolu mais aussi lucide comme en témoigne cette revue. Vivement le prochain concert en tout cas.
Site Officiel www.rivalsons.com
5.ALICE COOPER: Le « Coop » est de retour avec son spectacle du type « Horror Show ». Cette fois sans la fable complète de Frankenstein, ni le python qu’Alice porte habituellement autour du cou le temps d’un ou deux titres. L’ovation phénoménale reçue par le line-up aux trois guitaristes, Nita Strauss, sorte de furie blonde au corps sculpté dont vous pouvez suivre des tutos de remise en forme sur YouTube, le Californien Ryan Roxie et le natif de Port Jefferson (N.Y.) Tommy Henrixen, remet d’entrée les choses en place. Pour ceux qui en doutaient encore, la véritable star de la soirée, c’est lui, Alice Cooper. Né Vincent Furnier. Le prince de la nuit porte ses 74 ans comme un jeune homme. Alice reste le maître absolu d’un spectacle haut en couleurs tout en maîtrise vocale et musicale. Tout est rodé au millimètre et rien ne vient jamais gripper la machine lancée comme un train fou. Il n’y a aucun temps mort. Et comme pour Status Quo, c’est une véritable « Hit Machine » qui s’est mise en route dès la première note libérée. «Poison, I’m Eighteen, Hey Stoopid, Bed of Nails, No More Mr. Nice Guy, Billion Dollars Baby, etc” sans oublier le medley School’s Out / Another Brick In The Wall (reprise de Pink Floyd)” qui clôture une première soirée magnifique. Alice est également le gars qui commande les Hollywood Vampires, groupe au sein duquel on retrouve ses deux acolytes Tommy Henrixen et le batteur Glen Sobel mais aussi Johnny Depp (oui, le Jack Sparrow de la série « Pirate des Caraïbes », en personne) sans oublier Joe Perry, guitariste au sein du groupe Aerosmith.
Site officiel alicecooper.com
Bon, il ne reste plus qu’a regagner notre Ibis-Budget situé à 28 kilomètres de là pour y dormir quelques heures réparatrices avant d’attaquer la seconde journée. Espérons qu’elle sera à la hauteur de celle-ci.
Dimanche 26 juin. Bonne nuit de sommeil, mais trop courte. C’est ça le malheur avec les vieux chevaux, ils ont beau rentrer tard des champs, ils ouvrent l’œil dès les premières lueurs de l’aube. Encore heureux qu’ils ne se croient pas obligés de l’annoncer à tout le voisinage, contrairement aux coqs ! Vous imaginez un peu le bordel. Mis à part dans la chambre 105 que Marc et moi occupons, ça dort encore partout ailleurs, sauf peut-être dans la 103 où Carlo, gémissant à fendre l’âme est soudain pris de crampes persistantes dans la région méridionale de l’abdomen. En Italie, on appelle ça la région des Pouilles, en anatomie c’est la région des … remplacez le « p » par une autre consonne. Mais non pas par un « d » crétin !
Dans la 104, Madamélie, experte en camions, s’est enfin assoupie après une nuit passée à rêver de gastronomie teutonne. Plus tard dans la journée, elle se laissera séduire par un teeshirt d’AC-DC. Allez, on y va pour l acte 2,
1.LITTLE BOB : de son vrai nom Roberto Piazza, fils d’immigré italien et petit-fils d’anarchiste, le gamin a débarqué au Havre en 1958 où il réside encore. Agé de 77 ans, son taff depuis toujours c’est le rock’n’roll, comme au temps du Little Bob Story. Je l’avais vu en 1978 à Ciney avec Bashung en tête d’affiche. Je ne savais pas qu’il était encore en vie, ni qu’il chantait encore d’ailleurs. Il pourtant déjà enregistré 25 albums ce qui n’est pas rien, avouez-le. En tout cas, ce soir, entouré de ses Blues Bastards, il vit un rêve éveillé, ému, heureux d’être encore là, sur scène, dans son blouson en cuir rouge, devant une telle foule qui l’applaudit à tout rompre, sans doute pas pour sa prestation, mais plutôt comme un hommage à sa carrière, un merci de n’avoir jamais renoncé, une ovation en forme de reconnaissance de la part des Hauts-de-France au « Petit Homme d’Italie ». Alors pour faire plaisir à mon pote Mono, artiste au grand cœur, pour une fois, je vais déposer ma plume près de l’encrier et laisser passer une heure, un moment d’humanité plus que de musique, une heure que je vais m’abstenir de commenter. Alors Little Bob Story…Little Bob Sourit.
Site officiel: littlebobbluesbastards.fr
2.THE UNDERTONES: on monte d’un cran avec ce groupe punk-rock irlandais de Derry, Irlande du Nord, dont Feargal Sharkey fut pour un temps le chanteur (1975-1983). C’est Paul McLoone qui assure le chant depuis 1999. Il est entouré des frères O’Neil, John (guitare) et Damian (guitare, claviers et chant), Michal Bradley (basse et chant) et de Billy Doherty (batterie), tous faisaient déjà partie de la formation originale! Ici, on ne fait pas dans la dentelle de Calais, un peu à l’instar de Motörhead, on monte sur scène, ampli sur 11 et c’est tout droit jusqu’à la sortie. C’est sans concessions, on revit les mélodies punks à trois accords, c’est prévisible, il y a de l’humour et ça marche, le public exulte et en redemande. Carlo et moi aurons la chance de rencontrer le sympathique Paul McLoone après le concert.
Site officiel theundertones.com
3.ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK : le fameux OMD, tellement plus facile à mémoriser et surtout à prononcer. Formé en 1978 par Andy McCluskey et Paul Hemphreys, OMD se range dans les catégories New-Wave Post-Punk. Ils vont connaître un succès mondial avec des titres comme « Electricity » (deuxième morceau du concert) ou encore « Messages » et « Souvenir » sans oublier les célèbres « Joan Of Arc » et « Maid Of Orleans » mais ce n’est encore rien à côté du single extrait de l’album « Organisation » fin 1980, ce 45 tours comme on disait à l’époque, va devenir un hit mondial. Il porte le nom d’Enola Gay et va exploser tous les charts. Le public en délire est convaincu tandis que de mon côté c’est la déception car le genre a mal vieilli et les sonorités qui ont emballé toute une génération à l’époque paraissent tout à coup fades et d’un autre temps. On dirait des orgues Bontempi pour les enfants. Tout ça est tellement automatisé, encodé et mécanique que l’ensemble manque de chaleur, de vie. Une fois les synthés programmés, les musiciens se permettent même de danser sans plus toucher aux instruments, les machines font le reste. Aucune chanson ne me fera jamais décoller et je laisserai s’envoler le bombardier Enola Gay pour sa prochaine destination, sans aucun regret de n’être pas monté à bord. Ce soir, ce n’était pas Hiroshima.
Site officiel omd.uk.com
4.MADNESS : là j’étais certain de mon coup, je savais à quoi m’en tenir, Madness, c’est en effet une folie collective de dix hommes sur scène mais ça ne s’arrête jamais. C’est un festival de reggae et de ska endiablé qui ne vous lâche plus et vous fait danser de la première à la dernière seconde du concert. Le talent est immense, l’humour aussi mais, encore une fois, pas pour tout le monde, j’ai déjà évoqué le problème qu’ont nos amis d’Outre-Quiévrain avec la langue de Shakespeare. En tout cas c’est pour moi l’artiste phare de la journée qui s’achève aux accents déments de ce groupe génial qu’est Madness, un groupe politiquement très engagé, formé à Camden Town (Londres) en 1976. De « One Step Beyond » en passant par « Our House », tout est fait pour vous mettre à genoux, j’ai même failli m’étaler. Génial ! En plus c’est le dernier concert que j’ai vu avec mon ami Eric Laforge avant qu’il s’en aille sans crier gare. Tu me manques, tu sais Frenchy.
Site officiel madness.co.uk
5.SIMPLE MINDS : on va faire court, le groupe est fondé en 1977 à Glasgow. Les Ecossais de Simple Minds, emmenés par Jim Kerr, leur chanteur charismatique, ont gravi petit à petit le échelons qui les ont menés vers la gloire. « New Gold Dream » « On The Waterfront » « Don’t You (Forget About Me)” sont passés à la postérité. Engagés politiquement et humanitairement, les Minds écriront les deux chefs-d’œuvre que son « Belfast Child » et « Mandela Day ». Le groupe connaîtra pourtant un déclin entre 1993 et 2004 avant de revenir sur le devant de la scène avec le nouvel album intitulé « Black & White 050505 » suivi de « Graffiti Soul » en 2009, ce dernier marquant le retour du groupe à un Rock plus énergique. Charlie Burchill (guitare) le second membre original du groupe, n’a jamais abandonné Jim Kerr. Comme Status Quo la veille, Simple Minds bénéficie d’une horde de fans fidèles au-delà de toute espérance, sur lesquels ils ont toujours pu s’appuyer. Alors s’il y a un gagnant à désigner ce weekend, à l’applaudimètre, c’est sans aucun conteste Simple Minds qui nous a gratifiés en plus, d’un superbe concert.
Site officiel simpleminds.com
Pour ceux que ça intéresse, Carine a trouvé comment soigner les crampes de son mari. Tandis que je me transformais en Pop, le nain de Plopsa Coo lors d’une pause entre deux concerts, Madamélie, institutrice jusqu’au bout des ongles, nous montrait comment faire des bébés en s’appuyant sur les photos à caractère éducatif fournies par Mono avec l’aimable participation du couple de la chambre 103
Mais tout à une fin et c’est à regrets qu’il faut bien nous séparer, heureux mais crevés, des étoiles plein les yeux. Il reste de la route avant de rejoindre nos places fortes respectives. Vivement 2023 en tout cas. C’était super ces deux jours passés ensemble.
Merci à Marc « Mi Hermano » Hermant pour le partage de photos et tout le reste.
Mitch « ZoSo » Duterck

lundi 27 juin 2022

Trip for Léon au Chaland Qui Passe, Binic, le 26 juin 2022

 Trip for Léon au Chaland Qui Passe, Binic, le 26 juin 2022

 

michel

 

 A Binic-Étables-sur-Mer et ses environs, la météo sera très nuageuse. Pas d'averses annoncées mais de nombreux nuages, noirs par endroits, qui domineront largement le ciel.

Pas d'averses, dans quel film?

Heureusement, il a plu à 3 kilomètres du petit port juste avant le concert de Trip for Léon, par contre dix minutes après la fin de la prestation du duo catalan, une grosse douche arrose Binic.

Du bol...

Trip for Léon.

Léon, les meilleures moules de Bruxelles avec une succursale à Rivesaltes?

On ne leur a pas demandé...

Clément Ternisien et Marie Grollier donnent naissance à Trip for Léon en 2018.

Elle: licence de musicologie (Université de Grenoble), débute au sein  de formations post rock/cold wave, apprend à jouer du violoncelle et s'adonne au chant lyrique, accompagne, lors de lecture de textes,  Agnès Sajaloli, directrice du  Mémorial du camp de Rivesaltes qui a interné dès 1941 républicains espagnols, juifs étrangers et tsiganes, pour devenir de 1945 à 1947 centre de dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe et, à partir de 1962, un camp de transit des Harkis et leurs famille, fait partie de Amanecer et de Ublot ( dans lequel on retrouve Clément).

Lui:  Fait partie des Barons Perchés ( musique de l'Est), fait du rock avec  L'impasse humaniste, déambule en rue avec la Compagnie Les Petites Gens et collabore avec la troupe théâtrale  La Compagnie Gérard Gérard.

Sur scène: un violoncelle, une acoustique, un mini piano pour elle/ un accordéon, une basse, un échantillonneur, un clavier pour lui.

Ils alternent le chant ou harmonisent.

Méfaits: un EP quatre titres en 2019, suivi par quelques singles, l'EP 'Repair/Release' en janvier 2022 et enfin, tout frais pondu , un album 7 titres ' Trip for Léon', baptisé par Norbert Turini dont la devise épiscopale sonne « Aimer, Évangéliser, Servir ».

' La Faille' ouvre le nouvel album et débute le set.

Marie caresse le violoncelle, Clément tripote ses bidules électroniques pour produire des sons crissants.

En mode trip hop, le duo nous invite dans son univers poético - expérimental, sublimé par la voix énigmatique de la violoncelliste.

La mélodie, entêtante, s'incruste dans ton  moi intime, elle a tôt fait de chloroformer tes sens et c'est hypnotisé que tu suis aveuglément Marie et son compagnon dans la  brèche tectonique percée dans la croûte terrestre.

Clément à la basse pour entamer  ' Swallow' ( in English), un morceau proche des compostions de Portishead ou de  Björk.

 La musique du duo oscille entre paysages à la  beauté glacée et un sentiment d'asservissement insidieux , comment se libérer du joug que ces deux là ont créé pour anesthésier ta volonté?

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais le 'Swallow' de Trip for Léon  a tout pour envoûter à la manière de Sigur Rós,  de Múm  ou des Islandaises d'Amiina.

Pas encore remis du trip précédent, voilà que  les copains de Léon proposent une valse électro avec ' Dolly'.

Un accordéon cohabitant avec une machinerie électronique, ce n'est pas courant, mais ça marche au -delà de toutes espérances.  Comme il est question de serpents, tu as  attendu l'arrivée du psylle et de sa flûte magique, il n'est jamais venu, ce qui n'a pas empêcher  les clients du bistro d'être ensorcelés et de se dandiner aux aux inflexions gypsy édifiées par l'accordéon.

Ouverture  nocturne de Chopin au piano pour ' Château de sable' , une plage bilingue,   démarrant comme une ballade satinée avant de virer électro avec l'utilisation du sequenceur.

Break, Clément prend la parole et récite avec gravité  un texte en mode slam, Marie a ramassé la basse, puis répond  "je suis ta pluie" au garçon qui déclamait  "je suis un orage"!

Brillant!

Toujours Clément en slam pour ' La Colère', morceau qu'il avait écrit pour  Ublot.

Marie en background vocalise, pour justifier le titre, le garçon saisit la basse et en tire des sonorités crispantes  habillant habilement le texte de révolte.

En Italie,  les Mondine sont ces femmes qui viennent de tout le pays enlever les mauvaises herbes dans les rizières, au début du siècle dernier elles se révoltent pour obtenir de meilleures conditions de travail.

Sur un rythme soutenu,Trip for Léon chante l'histoire des ' Mondine' maltraitées par un chef tyrannique.

Le fameux ' Bella Ciao' traite du même sujet.

Un titre  coup de poing qui te tient en haleine.

On quitte les plaines du Pô pour pénétrer dans un champ de brume  ( Fog) qui évoque les Wuthering Heights d' 'Emily Brontë.

Marie débute le lament a capella, l'accordéon, plaintif, vient accompagner sa prière .

En entendant la frêle  chanteuse murmurer... embrace my solitude... tu ne peux t'empêcher de penser à la  sombre composition de Benjamin Britten, ' Elegy for Viola'.

Ils enchaînent sur une valse trip hop, ' Vendetta', un morceau non retrouvé dans leur discographie.

Marie égrène quelques notes à l'acoustique, les met en boucle, ramasse le violoncelle et d'une voix trafiquée entame un chant ténébreux et hallucinant, scandant à répétition  ...what does it mean ...ou... I can see clearly now... pour que ces phrases cinglantes pénètrent profond dans ton crâne.

Le voyage se poursuit avec ' Perpetual Waves' fait de flux et reflux, suivi par 'Butterfly',  son piano  minimaliste et obsédant.

' Cat's tail' voit le retour de l'accordéon et des ambiances nébuleuses.

Avec ce morceau profond , le duo s'approche de l'univers de Regina Spektor ou d'Amanda Palmer, une Dresden Doll allumée.

Les voyages, le temps qui passe, le retour au bercail, tels sont les thèmes abordés par ' Belle étoile'  , une romance lunaire, chantée d'une voix fragile et  portée par un accordéon sentimental se baladant sur un fond synthétique expérimental.

Sans artifices électro voici la  valse musette  ' Te souviens-tu'  qui précède une  dernière tirade,  toujours acoustique  et chantée d'une voix acrobatique.


Voilà, on a joué tous nos morceaux, Binic, merci pour votre écoute.


Mais, non, réagit un couple venant d'arriver et visiblement séduit par les compositions du groupe des Pyrénées - Orientales.

Ok, on en refait une déjà jouée,'Swallow'.

 C'était pas trop dur à avaler, le couple insiste, Marie et Clément balance le musclé ' Vendetta'.

Ils sont généreux  et offrent une seconde lecture de 'La Faille' et puis, une dernière, car il y a école demain, le nerveux klezmer /electro ' Cat's tail'.

Mistigri ayant entendu Médor aboyer a mis les bouts, t'as pris la direction du bar pour t'enfiler une dernière bière, tandis que Marie et Clément vendaient leurs CD's.

Demain, ils reprennent la route, direction les Alpes! 

 

 






 

 



 

 



NO PAIN NO PAIN, Place de la Grille , Saint-Brieuc, le 21 juin 2022

NO PAIN NO PAIN, Place de la Grille , Saint-Brieuc, le 21 juin 2022

 

NoPo

 

 NO PAIN NO PAIN - Fête de la musique - Saint-Brieuc 21 Juin 2022

Ceux qui se massent devant la scène partent-ils au HellFest? En voici un avant goût couleur locale.
L'horaire tardif, en semaine, a découragé ceux qui commencent tôt ou les familles, dommage.
Une soixantaine de furieux s'approchent, d'autres restent plus éloignés et distraits.
La scène, place de la grille, fixée par Bonjour Minuit, a de la gueule et les lumières donnent une idée du cosmos.

Les astronautes :
Guitare / Machines / Voix : Baptiste Moalic
Batterie / Voix : Thomas Kerbrat
Guitare / Machines / Voix : Thomas Legros

On suit Thomas Kerbrat depuis qu'il a rejoint l'autre ... Thomas Howard Memorial (paix à son âme).
On l'a apprécié avec le fin Tiger and the Homertons et il accompagne aussi Yann Olivier et Grégory Perrochon dans le délicieux Pandapendu, passé juste avant sur cette même scène.

Son background flirte avec le traditionnel breton, remis à jour dans JMK avec Baptiste Moalic.
Ce dernier, loin d'être un inconnu, joue dans Mehrzin, moins traditionnel dans ses influences celtiques.

Les 2 se réconfortent, au temps du Covid, début 2020, en nous balançant, en avril, une vidéo magnifiquement nacrée de noir et blanc  déconseillée aux claustrophobes!
Une surprise détonante, compte tenu du style de prédilection des 2 musiciens, montrant l'ouverture de leurs oreilles et de leur esprit.
Sans basse, on y perçoit des bases de métal atmosphérique voir de black métal type Neurosis, Cult of Luna, Sylvaine ou Alcest.
A l'été 2020, sort un EP 6 titres 'Grande Ourse' (salle de St Agathon près de Guingamp où ils enregistrent) qui confirme une voie lactée.
En 2021, ils tournent enfin et passent à la fête du bruit de Landerneau et Carnavalo Rock à St-Brieuc.

Mon programme annonçait un horaire plus tardif mais à minuit 20, ce qu'on entend, pensant aux derniers réglages, démarre réellement le set.

Dans le noir ou presque, ils escaladent, sans échauffement, 'Himalaya' du 1er EP par une entrée très cinématique avec une combinaison de sons électroniques qui enveloppent tel un scaphandre.
On ressent l'impression de descendre en apnée dans la nuit. Quelques paroles, entre spoken word et rap, c'est Baptiste qui s'y colle.
Lorsque le son de clavier prend de l'ampleur, il se mêle à la guitare aérienne et la batterie frappe au plus profond.

Suit 'Syrah' (nouvelle création?), rouge et corsé comme le raisin.

'Almaa' la première étoile filante parue sur le net, associe des sons déchirés de guitare électrique avec une batterie très roulante aux cymbales explosives sur une couche nébuleuse au synthé.
Un final countdown à l'envers, le ton monte quand la guitare passe aux riffs aveuglants.
Un passage sombre aux bas accords en désaccord et torturés plus loin par le larsen et des frappes tribales sèches, prépare, après une pause, un cri primal dans un paysage de constellations.

'Karma' (clôt l'EP), il fallait bien plusieurs morceaux pour l'atteindre. Ouverture par 2 guitares, l'une brossée en rythme, l'autre crisse. Le synthé vient lancer des éclairs pendant que le béton de Thomas sonne.
La plage alterne éclaboussures de magma dans des hurlements et traversée de l'immensité nocturne, pigmentée de points lumineux à l'infini.

'Nnalaa' (sur l'EP aussi) démarre par une tachycardie, vite calmée par une frappe martiale et des zébrures à la guitare. Le synthé de Thomas, au fond, fabrique un liant frénétique.
Les cassures de rythmes, nombreuses, nous plongent parfois dans l'obscurité puis à l'inverse laissent parfois surgir la lumière.
Après, Thomas (j'y peux rien, y'en a 2 et tant mieux!), dessine un fin canevas dont il a le secret. Le sillon s'enfonce longtemps et marque profondément.

'Bakaraa' (ouvre l'EP), placé à ce moment, fait l'effet d'une pause pour un arrimage technique où il faut rester très concentré.
Une machine plaintive appelle au secours, puis une boucle zigzague avant l'arrivée de sons de tambours. L'ambiance, très électro, fait naitre des images de science-fiction.
Au milieu, la voix, délivrée en confession, évoque plutôt la folie. Elle insiste en écho et se reflète sur cette plage scintillante comme le cristal!

Un battement électro puis la guitare en distorsion prennent une première inspiration. La frappe monolithique expire et atteint son but dans des explosions.
Thomas L. pilote ses machines. Une alarme confirme les dégâts; un clavier boucle sans buguer; un synthé grandiloquent en rajoute une couche.
Des saccades de grattes rageuses arrivent ensuite comme une pluie de météores. Mayde Mayde, on sent la tension monter, de l'attention il ne faut pas manquer.
Et finalement, tout s'éteint sur quelques cordes qui ne tiennent qu'à un fil. 'Imperia' impérial évidemment.

'Lhassa' absent de l'EP était hurlé par Pierre Le Bourdonnec (de Mehrzin) à Landerneau. On a l'impression d'une procession, derrière un corbillard.
L'ambiance générale fait penser à No One is Innocent (voire Mass Hysteria). Les instruments, avec 2 guitares, crashent à saturation... à maturation. Une grosse pression, plus d'oxygène, dépression!

Un arpège en boucle d'abord puis la guitare lâche une première salve mais c'est le synthé qui trace la trame touchante du nouveau titre 'Jungles'. Les baguettes frappent autant le cercle que la peau.
J'erre par des hauts et bas, sombres et lumineux, tout le concept en réalité. Après un premier atterrissage, un son synthétique fait éclater des bulles affolantes.
La batterie enfonce, défonce et fait vibrer lourdement nos défenses qui ne tiennent plus. Tout au bout, les guitares restent accrochées à un larsen strident (et pourtant revigorant) pendant que les musiciens nous abandonnent.
Un grand et long feu d'artifices!


No Pain No Pain nous fait baigner dans une ambiance presque mystique, en suspension dans un espace intersidéral.
Les 'A' répétés dans les titres me font penser au grand commencement et au big bang.
Laissez vous transporter et bercer, cette musique intense (extrême pour certains) fait autant de bien que la vitamine C, naturelle.
Du high level assurément!



Les planètes alignées le long de ce voyage cosmique :
- Himalaya
- Syrah
- Almaa
- Karma
- Nnalaa
- Bakaraa
- Imperia
- Lhassa
- Jungles



dimanche 26 juin 2022

Dude Low @ Le Barbe, Plouha, le 25 juin 2022

 Dude Low @ Le Barbe, Plouha, le 25 juin 2022

michel

Tandis que le légendaire  Dan Ar Braz, le guitariste des premières sorties d'Alan Stivell, participe un peu plus loin à la Grande Fête de la Mer sur la plage du Palus, tu optes pour un événement moins retentissant, mais pas moins intéressant, le concert de  Dude Low au Barbe, au centre ville de Plouha.

Rien à dire, Yann, Arnaud et leur équipe ont fourni un travail admirable, aménager en quelques semaines l'ancien Café des Sports, en caf' conc' chaleureux... chapeau, messieurs.

Ils l'ignoraient sans doute, le Barbe est une race d'équidé ancienne originaire du Maghreb, tu t'en fous, nous aussi, le fait est que depuis l'ouverture du zinc ( le 30 mai), les événements musicaux de qualité se succèdent sur le nouveau podium.

L'affiche du jour: Dude Low, de Rennes.

Quoi?

Jude Law, mais non, c'est près de Saumur que vivent les parents du playboy!

Not all the young dudes are low, and the music of Dude Low isn't cheap!

Bien, et d'où il sort ce mec là?

 Dude Low vient de Rennes, lis, plus haut, il s'agit d'un projet récent de  Lucas Benmahammed, chanteur/guitariste de Born Idiot, un groupe né en 2015, auteur de quelques plaques, en  2015, l' EP « Chillood »,  en 2017,  l'album « Afterschool » et puis, toujours aussi borné, un nouvel EP en 2019, 'Coco Trip', suivi par 'Full Time Bored' en 2020.

Tu vois, on peut être né abruti et être très productif.

Depuis qu'il est devenu Dude Low, Lucas poursuit sur sa lancée, 'My Days in Cosmos' voit le jour en 2020 et l'album  'Ego Trip' cette année.


Lucas à Yann: suis légèrement enrhumé, t'as pas quelque chose?

Un suppositoire?

Non, OK, on te refile du miel dans un verre d'eau chaude.

Un peu plus tard, il se dirige vers la scène accompagné par Clément Le Goff ( déjà un équipier chez Born Idiot), basse et synthé, Clara à tes côtés lui trouve un petit air Johnny Depp, Lucien Renault à la batterie ( The Little Messengers) et Matthieu à la guitare et aux claviers.

Lucas chante, joue de la guitare et manie un synthé.

C'est parti pour leur set faisant  partie du Julien Clerc Tour ( sic)!

Après une instrumental atmosphérique, entêtant et onirique qui s'énerve au final quand la guitare de Lucas décide de s'agiter davantage, Plouha a droit à un bref salut.

Le chef abandonne la guitare et passe derrière son petit synthé pour envoyer 'Post Party Blue', chanté d'une manière détachée, à la manière d'un Maxwell Farrington rennais.

Cette pop ensoleillée et veloutée fait du bien depuis que la température a baissé de plusieurs crans dans les Côtes - d'Armor, et ce n'est pas l'accélération sensible en fin de morceau qui va mettre la gendarmerie aux abois.

La loop station en action pour lancer ' Black or White', qui n'est pas une cover de Michael Jackson mais une plage dream pop  sensible,   évitant les éclats  et l'esclandre et  préférant les nuances ligne claire.

Pas assez rock, te souffle un local, plus qu'imbibé, grand amateur  de Rammstein, comme son permis lui a été confisqué, le Hellfest lui est interdit!

Pour lui, toujours en quête d'un verre, voici  ' Bottle'.

Pas de bol, on reste dans les climats éthérés et soyeux au restrained tempo et aux textures ambient, plus proche de l'ethereal wave que du metal.

Si t'es fan du genre, on te conseille Autumn's Grey Solace!

Pas de hooligans en vue, ' ' Football Game' est indiqué sur la setlist, Nobby Stiles s'apprêtait à tackler tout ce qui bouge, un hic, sur l'album ' Football Game' est un instrumental, et pourtant on a entendu Julien chanter sur ce downtempo subtil et  planant.

Tu as des doutes quant à l'exactitude de la playlist, Julien Clerc aussi, au fond cette partie de foot était peut-être l'intro.

Le FBI enquête!

Pour le prochain album, on a prévu un titre en français, ' Flotter dans l'air', le voici.

C'est beau tous ces petits ballons colorés voltigeant au gré d'une bise débonnaire.

France Gall a aimé!

Bizarrement le rythme de  ' The Waltz'  ne ressemble guère à une danse de salon, on se rapproche plus d' un synth pop track, catchy et dansant, dans le moule Justice,  Hot Chip ou Zoot Woman.

La suivante, ' 'Sulla Luna' t'invite encore à te trémousser sur le dancefloor, pas pour être en sueur comme sur le' 'Cold Sweat' de James Brown,  non, les mouvements élégants et étudiés sont de mise!

Lucien tapote gentiment un drumpad pour amorcer ' Modern love'.

L'amour moderne n'a rien de passionnel, la chasteté est de mise, pendant cinq minutes tu peux tenir le rôle de l'amant contemplatif et rêver de l'Eden en tenant la main de la belle.

Même au paradis, le temps est changeant, un éclair zèbre les cieux et la plage monte en puissance lors d'un final instrumental résolu.

Dude Low manie à merveille l'art de la virevolte inattendue.

Voilà, Plouha, on arrive au dernier chapitre, ' Couch Revolution'  .

C'est dans un dernier mouvement, après une fausse fin,  que la révolution  éclatera vraiment, les guitares crachant leur venin ( merci qui?) et le fuzz final, abrasif, servira d'explosion extrême. 


La tournée Julien Clerc reprend le 10 juillet à Nantes.

 



 



jeudi 23 juin 2022

Fête de la musique avec Red Rowen & The Madchester , Place Saint-Guillaume , Saint-Brieuc, le 21 juin 2022

 Fête de la musique avec Red Rowen & The Madchester , Place Saint-Guillaume , Saint-Brieuc, le 21 juin 2022

NoPo

 

 RED ROWEN and the madchester - Fête de la musique - Saint-Brieuc 21 Juin 2022

En vlà des musiciens aux références eighties!
Oh Carroll connait le chat (de Chester) mais Madchester évoque, pour certains, la période griffée Stone Roses ou Happy Mondays dont les disques trônent sur mes étagères.
Quant à RED ROWEN, mettez-le à l'envers et le cultissime NEW ORDER apparait comme par magie!

Pourtant leurs influences penchent plutôt (sans tomber) vers un mélange Oasis, Noir Désir et Black Rebel Motorcycle Club.
Un bon cocktail, sans glaçons, n'est-il pas?

L'équipe des barmen :
David 'Red Rowen' Méheust : chant, guitare, compositeur
Jérôme 'Chester' Ollitrault : Batterie, choeurs
Marc 'Chester' Lancieaux : Basse & expérience
Stef 'Chester' Hervé : Guitare & Hénaff Box

Sur les cendres de feu Lithium (dangereux ça et pas très écolo!), avec, déjà, David et Jérome, RED ROWEN nait en 2021.
En autoprod, sort un premier EP enregistré à la Grande Ourse à St Agathon (en vente chez LP records). Un signe? Nulle trace d'astrologie et surtout pas le fruit du hasard!

Le groupe écume bars et salles, depuis la disparition des contraintes sanitaires, se forgeant une solide réputation scénique.
A bas les masques mais en haut, ce soir, certains d'entre eux gardent encore les casquettes.

21H45 indique mon programme. Les gars s'affairent sur leur matos; 2 affiches, déroulées sur un support escamotable, confirment, une fois en rouge, une fois en noir, que l'on se trouve au bon endroit.
Place Saint-Guillaume (St Gui pour les intimes) sur le côté de l'église, les imbibés changent l'eau sur les patates un peu n'importe où ('Dieu pardonne tout' dixit David).
La Chester family joue quasiment à domicile.
Départ un peu laborieux, David regrette un problème technique. Oui, on peut le dire : Marc a changé de basse et oublié la sangle (et pas de ceintures sur les pantalons?), ça fait mal au c. de jouer assis!
Qu'à cela ne tienne, David nous gratifie de 2 chansons douces (à la Henri Salvador) non prévues, pour le prix d'une, en solo d'abord, Steph venant le soutenir à la guitare sur la seconde.
Cette décontraction a du bon, abracadabra, le dépanneur local arrive et zyva.

Ils commencent directement par un morceau entrainant et qui fait du bruit 'Tchik Tchik Tchik', faut répondre 'whou'. Qui? Ben le public tiens!
Belle entrée en matière!

Suit une belle composition en français 'Regarde seulement'. L'intonation tient du Bashung jeune. Les 2 guitares rugissent et y'a du grain devant la basse orageuse.
Jérome claque, tel l'éclair, et joue les jolis choeurs en même temps.

'En voilà un qui arrive équipé' remarque David. Bien vu, un punk, à superbe crête violette, vient participer.

'Underground' s'adresse-t-il à ce dernier? Je ne sais pas mais ça balance pas mal à St Brieuc.

Un gros riff ouvre 'PJ song'. La voix alterne le chant naturel et le chant poussé à grain (un peu à la Liam Gallagher).
David ne lâchera pas sa grosse Gretsch mais Steph préfère Fender à l'attaque tranchante.

'Ce soir c'est gratuit, c'est dans nos prix mais, ce vous ne savez pas, c'est que 10% de vos impôts nous sont reversés' fanfaronne David, en forme.

Derrière, 'Je connais la rage' n'en manque pas. Nous aussi, on aime Noir Desir...
Quand Steph lâche les solos, il monte le son (!) et ça déménage!

'Knocking on heaven's door' (reprise de Bob Dylan) s'interprète à la sauce Guns 'N Roses avec les yeah nasillards en axel (Rose pas Red!).
Le public apprécie et donne de la voix.

'Let's get Rock & Roll' et tout est dit! Les spectateurs sont venus pour cela et ça moove et ça le susurre à nos entournures.

Un riff saccadé, boosté par la basse grondante sur roulements de batterie, lance 'Sous ton silence, Maria'.
Impossible de passer sous silence nos pensées pour un certain groupe bordelais plutôt noir.
ça hurle 'Maria' (rien à voir avec West Side Story même si certains entrent dans la danse), ça pique, déchire et tape dans le mille!

'Outlander' calme le jeu avec une ambiance celtique ('irlandaise ou galloise' propose David, écossaise pour la série du même nom).
Le genre de composition bucolique qui chamboule...

Après ce titre ça enchaine sévère avec une forte tendance à déchainer les guiboles.
Tout au long du set, David fend le public quitte à débrancher sa guitare pour aller plus loin (plus haut?), invite un gamin à gratter ses cordes, danse avec les stars et les autres aussi.

'Motorhyde' ou l'ode à Lemmy public numéro 1 (de Motörhead) au risque de le sortir de sa sépulture.

'Wonder woman' où l'hommage s'adresse cette fois à toutes les femmes. Belle chanson classe!

Encore une vanne de David (pourtant de St Brieuc) :
'Steph et Jérome ont joué au stade de France, Marc et moi dans le terrain vague à côté'.

'Dance with me' porte bien son nom. L'ambiance monte d'un cran avec ce titre au plaisir contagieux. Le genre de truc qui te rentre dans la tête et n'en sort plus.
Ils enfoncent le clou, les bougres, avec cette rythmique implacable, au moins 6 minutes à agiter le popotin et le reste!

Ensuite, le morceau que beaucoup leur envie : 'Falling down', possède des parfums d'Oasis, doudou dis-don... qui tire côté pop-rock!

A 23h45, je regarde ma montre (bien cachée sur mon smartphone)!? Rien vu passer, un bon signe (la Grande-Ourse sans doute)?

Encore une, ce sera 'Dandy's song' et pas la dernière... Cette ritournelle glisse légère et accrocheuse, à reprendre en choeur (di di dam...).

David venant de citer les prochaines dates de concert, un spectateur demande : 'Vous jouez à Rennes?'
La répartie ne se fait pas attendre... 'On a joué à Rennes, on t'a pas vu!'.

Le nom du titre suivant est 'Babylon'... Tu déconnes? Avec une référence à Céline Dion?
En tous cas, cette piste fonctionne du tonnerre transmettant une sacrée énergie communicative.

A l'inverse, 'Something in the way' entretient l'ambiance originelle de cette plage, bien poisseuse et plombée, loin du Nirvana...

On achève bien les chevaux ou 'Kill your enemy'. David concède que ce n'est pas trop sympa... en temps de guerre... et de manière générale.



Minuit sonne (en silence!), ces forcenés ont dépassé les 2 heures de concert (ok, pour 10% de nos impôts quand même!) et c'est nous qui sommes fourbus à force de taper du pied.
Généreux, un qualificatif minimum pour ces musiciens aussi simples que passionnés.
Ils partagent leur plaisir sans réticence et la belle affluence l'a perçu, restant jusqu'à la fin et même un peu plus (ben oui, y'a un après, après la fin!).



Interlude
---------
Close your eyes
Like a summer

SET List
--------
Tchik Tchik Tchik
Regarde seulement
Underground
PJ song
Je connais la rage
Knocking on heaven's door (Reprise Bob Dylan)
Let's get Rock & roll
Sous ton silence, Maria
Outlander
Motorhyde
Wonder woman
Dance with me
Falling down
Dandy's song
Babylon
Something in the way (reprise Nirvana)
Kill your enemy



EP - Maud - In My Haven

EP - Maud - In My Haven

michel

 

The Music Federation 

Non, tu n'y es pas, la dame dans le film de Hal Ashby, musique de Cat Stevens, pas encore Yusuf Islam, s'appelle Maude, with an E, et d'ailleurs  Maud  n'est qu'un pseudo choisi par Kristine Hoff, songwriter, singer and producer, originaire d'un coin perdu de Norvège.

Elle passe par l' Université d'Agder à Kristiansand où elle étudie la musique électronique .

Depuis 2013, elle évolue au sein de divers  obscurs combos  ou s'attelle à produire d'autres artistes  , puis en 2021, après avoir lâché quelques singles,  elle sort un premier album sous l'étiquette Maud, elle se charge de tout: écriture, musique et production.

Cet objet qui porte son nom d'artiste  attire l'attention, on l'invite à se produire sur scène, où elle est accompagnée d'un band.

2022, parution de 'In My Haven' un EP six-titres!  

 Titres

1
Rollercoaster
3:50
2
Everything I Do
3:26
3
See Right Through U
3:42
4
I Need Someone
3:48
5
Hope U Don't Forget Me
3:59
6
Rollercoaster, Pt. 2
1:21
 
All all songs written, produced and mixed by Maud, -  Thomas Kongshavn: additional synths on ‘Rollercoaster’
 
Parenthèse, dernièrement sur scène les musiciens annoncés se nommaient: 
Ole-Petter Ålgård (keys)
Tibor Teskeredzic (drums)
Kristine Hoff (vocals).
 
Pochette:
 Signe Haugaard Dige created  such a special visual world for this EP through both artwork and music videos.
Dans les tons bleus,  l'illustratrice Signe Haugaard Dige signe ( pas fait exprès)  un visuel féérique se rapprochant de l'iconographie de Roger Dean  ( Yes, Asia, Uriah Heep, Gentle Giant ou Osibisa).
 
C'est parti pour un tour sur les montagnes russes et pourtant pas de sensations fortes dans le 'Rollercoaster' de Maud, mais bien une impression de légèreté et d'envol en apesanteur. Tu ne te sens  pas plus lourd qu'une bulle de savon, tu te laisses  aller au gré de la brise, frivole, ainsi tu oscilles, libéré de toutes contraintes, dans un éther pur dans lequel rien ne peut t'atteindre.
La voix auto-tunée  de Maud semble sortir de la brume, elle t'ensorcelle et t'invite à la suivre dans son univers immatériel, dont les paysages baignent dans un halo bleuté comme sur la pochette. 
Les couches de synthé éthérées,  les percussions fragiles, les effets de voix  ( dédoublée grâce au delay, phaser, flanger ou autres techniques de modulation) , tout contribue à créer cette sensation d'impondérabilité. 
Regarde, maman je vole!  
Pour ' Everything I do' , Maud utilise les mêmes recettes et propose une plage  electro/dream pop expérimentale  à classer sur l'étagère occupée par les albums de Grimes, ou ceux de sa compatriote Lykke Li.
Comment diable fait-elle pour élaborer des plages  qui soient à la fois dansantes, proches de l'EDM pratiqué par la Swedish House Mafia, et  aériennes et puis, il y a cette voix, magnétique, quasi extraterrestre!
Pas besoin de boule de cristal pour nous mettre à nu, I can 'See right through you' affirme-t-elle en nous proposant un track utilisant les artifices  du UK garage ou du breakbeat  avec des basslines addictives  sur lesquelles se greffe toujours la voix  insolite et frêle de la singer-songwriter norvégienne.
Moby doit apprécier, lui qui  passait allègrement des rythmes syncopés aux morceaux planants, tels le merveilleux  "When it's cold I'd like to Die".
 Sur un rythme fulgurant Maud implore ' I need someone' , une rupture amoureuse laisse toujours des traces, et même si t'as pas envie de t'épancher face au psy, si quelqu'un pouvait te taper sur l'épaule pour te consoler, ce ne serait  pas un luxe.
Hasty beats et voix implorante, du travail d'orfèvre!
 Sérieuse baisse de vitesse sur la supplication mélancolique  'Hope U Don't Forget Me'.
 Une voix élégiaque, toujours trafiquée, des synthés cosmiques, il s'agit de la plage la plus introspective d'un EP qui s'achève par ' Rollercoaster part 2', amateur de sensations fortes, elle a décidé de se taper un second tour sur les montagnes russes. 
 
Oculate UK écrit:  Maud is just breaking into the UK scene, but once she’s here she is going to be a name we will all have to be learning quickly as she’s going to cause a ruckus in the scene.

Un constat qui vaudra aussi pour la France ou la Belgique!

Maud sera le 30 juin au Festspillene i Nord-Norge 2022 à Harstad ( Norvège)


 

Hop Hop Hop Crew à la Fête de la Musique à Saint-Quay- Portrieux ( Jardins du Port) , le 21 juin 2022

Hop Hop Hop Crew à la Fête de la Musique à Saint-Quay- Portrieux ( Jardins du Port) , le 21 juin 2022

 

michel

 Saint-Quay- Portrieux fête la musique en mode world music à caractère festif, au menu le DJ Balkaliente et son set 100% épices et Hop Hop Hop Crew , qui te fait sauter mieux qu'une sauterelle.

Le podium est dressé dans les jardins du port, t'avais dans l'idée t'avaler une bière du cru sur la terrasse de la Marine, pas une table de libre, t'as déniché une minuscule table face au comptoir pour écluser ton jus de houblon en attendant le début des festivités.

Balkaliente, sans son trombone pour commencer, prend place derrière les platines et déverse sa mixture afro/latino/ caraïbo/ cubaine. T'auras du reggae, de la cumbia, du calypso, du ska, du merengue, de la salsa, du Oumou Sangaré mais pas de Rika Zaraï.

Après le hors-d'oeuvre quand c'est trop, c'est Tropico, les cinq musiciens de Hop Hop Hop Crew investissent le podium.

Deux filles, car Eva Montfort n'est pas de partie. La pétulante Chloé Gautier au chant et à l'accordéon et la réservée et élancée Morgane Henry,  au saxophone baryton et backings constituent l'élément féminin.

Le mousquetaire disert Arthur Dumas se charge du chant mâle et joue du sax ténor et de la clarinette, à la batterie, on trouve Jérôme Menguy, que tu as vu manier le vibraphone chez Mad Moods, Kevin, vise ma casquette, Henao ( La Bande à Bidou , El Wah, Serge Ananou, Culte)  martyrise une basse électrique.

Le nouveau show du groupe fusionnant musique des Balkans, romani music, funk, jazz, hip hop et rock, est dédié à Esma Redžepova, la grande voix de la musique tzigane qui a dit au revoir à ce bas monde en décembre 2016.

' Kaje Jaka' mentionne le chiffon traînant aux pieds de Chloé,  Esma , là-haut, corrige, c'est 'Kale Jaka', Lolomis confirme.

Pas trop de folklore dans le rendu, mais un cocktail pimenté faisant passé la tuică ou le rhum arrangé pour un breuvage destiné aux efféminés.

Arthur, le roi, sans couronne,  du saxophone lance un solo bouillant, la clique virevolte, Chloé et Dumas (arrière petit-fils de ), alternent les vocaux,  à tes côtés une petite gitane bigoudène et sa copine ont entamé une danse nomade ondoyante en se pliant aux nombreux changements de tempo.

Fait chaud et la fête ne fait que commencer!

Une clarinette pour Arthur, ' Romano Horo' débute posément par des vocalises, Jérôme d'une frappe énergique amorce un changement de rythme.

Messala a du mal à réfréner les ardeurs de son canasson, pour te faire une idée de l'énergie déployée, tu tapes Goran Bregović - Kalashnikov sur YouTube et tu gueules hop hop hop...

Pas de rhum mais ' Usti Baba' déchire!

Grave, ajoute la petite de tout à l'heure!

Avez-vous remarqué qu'on a inclus en cachette  un extrait  de 'Boys Boys Boys' ( Sabrina) dans ce chant traditionnel?

L'accordéon pleure , le traditionnel macédonien ' Ciganka Je Malena' est lancé.

Le chant est profond, il vient des entrailles, mais les tziganes ne s'apitoient jamais longtemps, une accélération subite change la donne, le ténor vient faire la cour à Chloé puis, pour ne pas faire de jaloux, se met à genoux aux pieds du bassiste pour lui faire une déclaration d'amour.

Démarrage a capella pour ' Ibrahim' avant une cavalcade tumultueuse, la clarinette s'envole, l'accordéon la poursuit, Jérôme, derrière ses caisses, se démène à la manière d'un lion en cage ayant aperçu une femelle à dix pas.

Keith Moon, en permission sur notre planète, remarque, il est bien, ce gamin.

Ibrahim Maalouf opine du bonnet en ajoutant, dommage l'absence de trompette!

T'avais lu  'Ljubi Srcevo Moe', mais  d'Artagnan annonce 'Abra Ramce' , une plage entamée par une basse mélodique, avec un pédalier  tu peux palier à l'absence de guitare.

La clarinette se faufile pour pénétrer dans l'arène, à l'arrière, Jérôme entreprend une séquence baston musclée, Chloé, sur la pointe des pieds, vient ajouter quelques notes d'accordéon apaisantes, le chant devient agressif,  le titre, enivrant, s'emballe. Du coup, ton cerveau te renvoie des images du long-métrage 'Skupljači perja' ( J'ai même rencontré des Tziganes heureux) d' Aleksandar Petrovic.

 'Oketano nano odoja caj ' qui suit est une chanson d'amour , forcément romantique, si ce n'est qu'à l'approche du terminus la cavalerie cosaque, irascible,  rapplique sans tenir compte de la limitation de vitesse.

Après cette dépense d'énergie , il faut calmer les ardeurs par un lament,  'So maki sum se rodila', la basse ronronne, l'accordéon soupire, Chloé émeut.

Hop Hop Hop Crew enchaîne sur leur version de ' Dzelem,Dzelem' l'hymne de la communauté Rom, qui, s'il invite à la danse , retrace l'histoire sombre du peuple Rom condamné à l'errance après les meurtres perpétrés par les troupes nazies.

Kevin, poussé à l'avant de la scène, nous gratifie d'un solo de basse  exaltant qui a fait dire à Jaco, non pas le perroquet, great player!

Jus de fraise, qui veut du jus de fraise, aux vertus aphrodisiaques, deux filles circulent parmi les auditeurs pour vendre leur sirop, tout en dansant sur  'Kiri Gili' et l'enivrant 'Caje sukarije'.

Jérôme, toujours aussi enragé, se démène sur   'Aciljum Korkori' qui précède la séance pub et une dernière tirade brûlante.


Saint - Quay  en veut davantage, les tziganes de Rennes envoient une version alternative de 'Romano Horo' et sur la lancée un second bis, peut-être 'Ibrahim'.

 

T'étais pas encore passé à table, après ce brillant show de Hop Hop Hop Crew, t'avais dans l'idée de manger macédonien, t'as demandé au serveur de La Marine s'il y avait du  kokoreç  au menu,  il a souri, il a dit bien sûr et aussi des rollmops servis avec de l'andouillette de Guémené.

Du coup, t'avais plus faim, t'as commandé une Skopsko,  on t'a présenté une Nordé!

 


 



 

 

 

 

 

mardi 21 juin 2022

Album - Lost In Confusion - Amy Lee & The Loco Project Band

Album -  Lost In ConfusionAmy Lee & The Loco Project Band

 

michel

 morning wood production

Faut le reconnaître, tu t'es fait avoir, dans Amy Lee & The Loco Project Band il n'y a aucune Amy Lee, rien que des mecs.

C'est comme pour Alice Cooper, Vincent Damon Furnier n'est pas Alice au pays des merveilles...

Sont quatre, comme les trois mousquetaires, ils sont originaires de Nantes ( pas les mousquetaires) , où, si tu écoutes Nolwenn, il y a des prisons, leur identité:  Jérémy Grollier , ex- Lys, ( chant, gt, claviers) , Emerson Paris ( basse, backings), Jules Labrune ( gt, backings) et Hugo Tocquevile ( drums).

La légende veut  qu' Amy Lee, une chanteuse folk, a vraiment existé, elle rencontre Tucker Crowe ( remember Nick Hornby ' Juliet, Naked ') , singer - songwriter renommé,  elle forme un groupe The Loco Project Band et  tourne avec Tucker, hélas, en décembre 1986, l'avion dans lequel voyagent Amy et certains de ses musiciens s'écrase.

Amy is dead, on retrouve un cahier avec des lyrics et une bande enregistrée. Tucker,  abattu,  décide de quitter le monde de la musique. Par le plus grand des hasards, les reliques d'Amy aboutissent  dans une boutique d'Everton.

Le FC Nantes jouait contre l'équipe locale, quatre supporters des Canaris fouinent dans le bric-à - brac et dénichent le manuscrit, ils deviennent Amy Lee & The Loco Project Band et redonnent vie à Amy Lee.

Un premier jet sort en 2018, suivi par un EP en 2020 et  enfin, en juin 2022, paraît "Lost In Confusion"!

Tracks:

1. Deaf & Blind
02:50
2. Make It Happen
03:35
3. Lost in Confusion
02:52
4. Chemical Love
06:30
5. You Might
05:06
6. Crossroads
04:31
7. The Stalemate
04:34
8. Messiah
03:27
9. Yours & Mine
03:43
10. Losing You Again
03:50
 
Illustration: Maxime Brugnon.
Dans les tons gris/noirs, on découvre un visage enfantin semblant casqué, un cosmonaute paniqué? 
Une larme s'échappe de l'oeil droit, le nom du groupe apparaît en haut à gauche sur la pochette, le titre de l'album en police de caractères, peu assurés,  occupe la partie droite .
Lost in confusion, c'est l'état dans lequel tu te trouves face à cette image.

Tommy traumatisé par le meurtre dont il est témoin sera  deaf, dumb, and blind, pas de Captain Walker dans la première plage de l'album ' Deaf & Blind, mais le personnage principal de l'histoire souffre lui aussi d'un manque.
Une plage très rock pour ouvrir le recueil, un jeu de batterie déterminé, la basse l'est tout autant et les guitares se déchaînent comme sur les titres les plus virulents de The War On Drugs ou des Kings of Leon.
Et la voix?
Le fiévreux Jérémy  chante dans l'urgence, il convainc!
Le  second titre, le revendicatif   'Make It Happen' est tout aussi brutal et percutant , la voix prenant des accents Noel Gallagher, le côté Brit pop tendue est peut-être dû  au fait que l'album a été enregistré au Garage Hermétique à Rezé, un studio qui a vu défiler les Libertines et donc aussi le fantasque Pete Doherty.
Le groupe abat d'autres cartes sur  ' Lost in Confusion' , celles du dance punk cher à !!! (Chk Chk Chk), aux Yeah Yeah Yeahs ou aux Brésiliens, Cansei de Ser Sexy .
Disco time in Nantes mais sur un texte alarmiste...  Peace is over, war gets men richer. Nature, no future, I’m Lost in confusion...
A espérer que  Scarlett Johansson tire notre héros de ce mauvais pas!
'Chemical Love' -  Pendant plus de six minutes, tu passes d'une phase amoureuse, bluesy, légèrement psychédélique, no flowers in the hair,  vers une étape instrumentale très agitée.
Ce qui est singulier c'est qu'ils sont plusieurs à mentionner l' écriteau post - rock , t'as pas vraiment tendance à approcher cette plage des oeuvres de Tortoise ou Mogwai, par contre Ocean Colour Scene , les Stone Roses ou  The Jesus And Mary Chain s'imposent à ton esprit.
Great tune, anyway! 
Le titre ' You Might' présente d'agréables saveurs Oasis, sans la pulpe vantée par la pub, il s'agit du morceau le plus pop jusqu'ici, il repose sur un refrain facile à fredonner, accompagné par un fond sonore mélodique, mais pas gnan gnan, les guitares réverbérées et les harmonies byrdséennes se marient à merveille, so, you might love this track! 
Le 'Crossroads' d'Amy et de sa clique est plus heavy que le vintage blues "Cross Road Blues"de Robert Johnson. C'est aux Bretons The Chapas que tu penses à l'écoute de ce blues rock baraqué, construit sur des riffs explosifs, faits d'éléments incandescents  que t'as intérêt à esquiver si tu ne veux pas te retrouver chez les grands brûlés.
Le chant scandé, quand il n'est pas interrompu par un message inquiétant,  te donne froid dans le dos ( here comes the storm...), pourtant le mercure est monté à 32°.
 Attention voie sans issue, ' The Stalemate' et ses accents grunge ne va pas t'aider à sortir du bourbier dans lequel tu t'es fourré, t'as plus qu'à accompagner la rythmique en battant le sol du talon pour essayer d'oublier les contradictions qui régissent ta vie.
Si tu peux suivre la basse, tu verras de brillantes  étoiles. 
Comme le ' Messiah' a d'autres choses à faire, faudrait que l'homme se débrouille seul pour résoudre les problèmes qui minent la planète, et faut pas croire que ça va s'arranger d'un coup de baguette magique.
Mec, you could be the messiah, mais il faut retrousser tes manches.
Nantes te délivre son sermon sur un décor rock fusion, n'hésitant pas à utiliser un flow hip hop pour rendre l'homélie plus convaincante.
Une petite acoustique achève la tirade, ça facilite la digestion! 
Intermède folky avec 'Yours & Mine' , sont forts les Nantais, plus personne ne les attendait  dans le rayon Mumford & Sons et autres chantres de l'indie folk comme Saddle Creek Records en distribue à la pelle ( Bright Eyes, The Thermals ou Rilo Kiley).
Syncrétisme n'est pas crétinisme, vive l'éclectisme!
Fallait bien une ballade, elle est là pour conclure l'album: 'Losing You Again'.
La douceur du piano s'accorde merveilleusement avec les harmonies vocales  soft pop,  décorant une plage, qui, pour certains, recevra l'étiquette easy listening.
Quand tu penses qu'on a collé  cet emblème sur les productions de Norah Jones , de Gordon Lightfoot ou de Harry Nilsson, tu peux considérer que c'est loin d'être une tare!
 
Et, tu recommandes?
Sans hésitation!
 
Prochain concert le premier juillet au  Guy's bar,  Montaigu ( en Vendée).