dimanche 31 décembre 2023

Nora Kamm au centre des congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 29 décembre 2023

 Nora Kamm au centre des congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 29 décembre 2023

michel

Second diptyque des concerts de fin d'année à Saint- Quay- Portrieux,  une collaboration ville de Saint-Quay/Jazz ô Château, et un programme de choix puisque la saxophoniste, flûtiste, compositrice, chanteuse et cheffe d’orchestre Nora Kamm est invitée à se produire au centre des congrès, qui affiche presque complet ce vendredi soir.

Après un double discours introductif, celui du très actif maire de la station balnéaire, suivi par un duo représentant Jazz ô Château, la nouvelle présidente, Sylvie Adèle Guillemy et son prédécesseur, Benoît Petit, qui en profitent pour lever un coin du  voile sur la programmation du festival 2024, ( on divulgue un nom: Robin McKelle), Nora Kamm ( resplendissante)  and band se présentent.

Nora Kamm naît à  Frankfurt am Main de parents musiciens amateurs, à 6 ans, elle joue de la flûte à bec, passe à la traversière, puis découvre le saxophone, elle intègre die Frankfurter Bläserphilharmonie, avant de boucler sa valise et de mettre le cap sur la France, d'abord à Lyon puis à Paris. 

Dans ce beau pays, elle rencontre pas mal de gens intéressants, joue aux côtés de pointures: Andy Sheppard, Cheick Tidiane Seck, Manu Dibango, Mariana Ramos, Pascal Obispo,  enregistre deux albums avec le groupe Dreisam, collectionne quelques prix,  court les festivals de jazz aux quatre coins du vieux continent et enfin, grave l'album 'One'.

C'est le premier album sous son nom  et comme le chantait Lennon,  the world will live as one,  "One" marque l'unité des différentes cultures existant en ce bas monde, en bannissant les frontières.

Pour la seconder ce soir, des cracks: le  bassiste malgache Ranto Rakotomalala ( Anisha Jo, Joel Rabesolo Trio, Thomas Pitiot, Mangane, etc...)  qui l'accompagne sur scène depuis 3 ans déjà , et deux musiciens qui montent pour la première fois sur scène avec elle: aux claviers/synthés, Eli Frot ( Echoes Of, Trilili Ladies, Kyoto Jazz Massive, Nouveau Fou, Tiwayo...) et  Kevin  'Kikoué' Ki  (Angèle, Crystal Murray, Trouss ça ..) aux drums et programming.


Intro claviers/drums, puis la basse ( 5 cordes)  se fait entendre et enfin, le sax alto de la blonde néo-parisienne rejoint ses partenaires pour la déclaration d'amour  ' Africa my love'.

Un nom s'impose à pas mal d'entre nous: Manu Dibango., alias Papa Groove.

Car la soirée est placée sous le signe de la fusion, de l'Afro jazz et du groove bouillonnant.

Il n'aurait pas fallu longtemps au public pour comprendre que la saxophoniste ne joue pas la carte de l'individualisme à outrance, elle laisse respirer ses musiciens qui, à tour de rôle, improvisent des arabesques gracieuses, expressives, sinueuses ou audacieuses selon les besoins de la composition.

Eli est le premier à se lancer dans une aventure solitaire, son laïus au Nord Stage, piqué de pointes au  polyphonic Sequential Synthesizer , a frappé les imaginations, en évoquant  à la fois Joe Zawinul ( Nora ne cache pas son admiration pour Weather Report) , Jozef Dumoulin ou Chick Corea.

One, two, three, lance Kikoué pour amorcer 'Light', la basse, aux sonorités Stanley Clarke,  bourdonne  avant de dialoguer avec l'alto,  et pendant cinq minutes une lumière éblouissante illumine la salle.

Nora délaisse son sax pour expliciter les fondements de son jazz, ses influences, la place prise par les rythmes en provenance du   Cameroun  prime. Pour illustrer son propos, elle soumet  ' Tu ma ndem' ( c'est de l'igbo)  , un morceau lyrique,  amorcé aux keys, qui accélère lorsque Kikoué pousse sur le champignon, le tempo, syncopé, incite Nora à entamer un pas de danse rituel avant une envolée au synthé qui prend des teintes Fender Rhodes.

C'est dur de rester assis pendant ce truc  vachement effervescent, Nora, du reste, s'étonne de la relative passivité du public et l'incite à venir occuper les places réservées  aux édiles, mais restées vacantes, face à la scène.

Aussitôt quelques dames  alertes, ayant compris le signal, s'installent à un mètre du podium.

Message pour la table, un peu plus de reverb sur le sax, please!

Yes, ma'am'.

La basse vrombit et introduit 'Flowing people' , un jazz funk redoutable pour lequel Nora a opté pour un  sax soprano qui glisse astucieusement sur le rythme syncopé, distillé par ses comparses. En vue du terme, la séduisante musicienne entame un chant en onomatopées, tandis que la chorale mi-bretonne, mi- sénégalaise, de Saint-Quay se joint à elle  pour  conclure l'incantation.

Pause!

Acte 2

Elle ouvre son ' Coeur'  pour entamer la seconde mi-temps. Le muscle bat  aux généreux rythmes africains, les pulsations n'indiquent  aucune menace de tachycardie, tout coule de source, basse et percussions donnent le ton, les claviers jouent à l'équilibriste, tandis que l'alto,  tantôt  serpente indolemment ou  papillonne capricieusement.

Le coeur est mis au repos, la troupe entame un rondo, ' Leader'.

Nora a troqué le saxophone contre une flûte traversière , ce qui donne une couleur Herbie Mann à cette allègre composition. 

On arrive au titletrack de l'album, 'One', à l'intro majestueuse. Kikoué, chargé du programming, lance une  séquence kora, cristalline, Nora entame un chant africain mélodieux, le public est invité à l'accompagner, le rythme accélère, tu n'as qu'une envie te laisser emporter par la vague pour  chalouper sur les sonorités métissées,  mandingues et jazz fusion. 

Le midtempo 'First Flight' fait à nouveau appel au chant en onomatopées africaines, une spécialité de Zap Mama, qui s'élève haut dans les cieux, le sax, élégant, lui aussi décolle et  le synthé, à l'arrière,  bricole  un fond aérien décoratif  jusqu'à l'atterrissage.

Il n'en reste qu'une, je la joue si tout le monde se lève et danse.

La menace ne sera pas mise à exécution , car une grande partie du public, la nouvelle présidente de Jazz ô Château en tête, a trémoussé plus ou moins esthétiquement sur le punchy  'Chuku Chuku' .

Grosse ambiance, assistance euphorique qui a continué à frétiller sur le bis  torride, 'Africa my love'.


File au stand merch où Nora signe ses albums, un  sourire éclatant se lit sur le visage des responsables  de Jazz ô Château.

Nora Kamm retrouve la scène  le 20 janvier lors du Festival Jazz à Saint Sat  ( Saint-Saturnin, en Charente ).




vendredi 29 décembre 2023

Etincelles Musicales au centre de congrès, Saint-Quay-Portrieux, le 27 décembre 2023

 Etincelles Musicales au centre de congrès, Saint-Quay-Portrieux, le 27 décembre 2023

michel 

Saint-Quay-Portrieux: c'est la tradition, deux semaines de festivités pour célébrer Noël!

Illuminations féériques, marché de Noël, vin chaud , feu d'artifices, spectacle pyrotechnique, crèche de Noël, concerts, ciné-goûter.... la municipalité ne lésine pas, comme d'habitude le programme est copieux.

Un premier concert se tient le 27 septembre au Centre de Congrès,  le trio Etincelles est invité à montrer son savoir-faire, après le mot du maire.

 Élise Retuerto ( violon) , Marianne Eymard ( alto)  et  Chloé Boyaud ( violoncelle), très élégantes dans leur tenue de gala d'un noir,  au fini satiné pour deux d'entre elles, ont prévu un programme combinant musique classique, jazz, pop, musique de films, rock et variété.

20:40', très digne, l'ensemble s'installe, à gauche ( pour nous), Elise et son violon, au centre, Marianne et son alto, à droite, la grande Chloé et son imposant violoncelle.

Silence monacal et entrée en matière majestueuse avec le 'Canon' de Pachelbel.

Si pas mal d'artistes pop ont repris la progression harmonique du fameux canon, c'est toujours au ' Rain and Tears' d'Aphrodite's Child que tu penses en entendant l'oeuvre magique.

Marianne en pizzicato, tandis que le violon gémit et que le violoncelle bourdonne.

Belle maîtrise!

Elles enchaînent sur le standard jazz irisé  'Over the rainbow', rendu célèbre par Judy Garland.

James Bond, te souffle madame en entendant  l'attaque simultanée des trois instruments à cordes amorçant ' Skyfall" qu' Adele avait composé  pour la 23è aventure de 007.

Pureté du jeu et magnificence orchestrale, Daniel Craig a applaudi.

Changement de registre radical pour entamer, un extrait, relativement frivole,  de la  Feuerwerksmusik de Georg Friedrich Händel, ' La Paix', suivi par une seconde pièce, héroïque, du même compositeur baroque  ' La Réjouissance'. 

Les trois instruments à l'unisson entament ' Les moulins de mon coeur' de Michel Legrand pour le plus grand plaisir d'Yvette qui a vu, il y a longtemps, 'The Thomas Crown Affair' featuring Steve McQueen et Faye Dunaway.

Justin Hurwitz a été oscarisé pour la bande-son de La La Land, après une courte séance pour accorder leurs instruments, les filles attaquent le medley suivi par un extrait des 'Quattro Stagioni', qui n'est pas une pizza, mais l'oeuvre maîtresse d'Antonio Vivaldi, elles ont opté pour 'l'Inverno'. Alto en pizzicato, violon floconneux et cello morose, ça sent les premières offensives de l'hiver, le froid mordant , les bourrasques d'une bise piquante, pour finir en tempête infernale.

Finie la rigueur hivernale, allons admirer les golfes clairs et les reflets d'argent d'une mer apaisée.

Pas d'éoliennes?

Pas encore, Charles!


Pour ' The Lion King' Elton John a composé 'Can You Feel The Love Tonight', une jolie ballade qu'il a fallu reprendre suite à un couac inopportun.
Elton John en version musique de chambre peut étonner mais bien moins que 'Pretty Woman' de Roy Orbison, qui a droit à un traitement impétueux.
 
Retour au répertoire classique avec la mélodieuse 'Pavane opus 50' de Gabriel Fauré.
 
Ennio Morricone a écrit le score du film ' The Mission', 'Gabriel's Oboe', même sans hautbois, émeut.
 
Un second Michel Legrand au menu: 'Les parapluies de Cherbourg' , Françoise Dorléac est apparue sur l'écran cérébral de plusieurs auditeurs.
Puis vient une transposition surprenante de 'Mama Mia' d'Abba, suivie par la romance ' She' de Charles Aznavour, sans l'accent frenglish.
Le violoncelle s'aventure en éclaireur pour entamer le thème de ' Pirates of the Caribbean: The Curse of the Black Pearl' du compositeur Klaus Badelt.
Après cette pièce épique pendant laquelle fougue et instants apaisés alternent vient l'Aria de la Suite no. 3 in D major de Johann Sebastian Bach, dominé par un violoncelle prépondérant.
 
Gerard John Schaefer était un tueur en série du Wisconsin...
Euh, c'est pas le même Schaefer, le programme indique F. Schaefer 'Valses', Google rame pour retrouver la trace de ce compositeur, l'orthographe est-elle correcte, question ouverte, par contre ce qui est incontestable c'est le côté acrobatique et allègre  de cette longue suite qui a époustouflé le public.
 
Nouveau passage dans les salles obscures, sur l'écran, ' The Jungle Book' , la musique: 'The Bare Necessities', signée Terry Gilkyson.
Après le ragtime on passe à la tragédie avec Jules Massenet et sa 'Méditation de Thaïs' en mode andante religioso.
 
Nettement plus vive sera la danse russe ( Tropak) que Tchaikovski a inclus dans l'opéra ' Casse-Noisettes' ( au programme de l'Hermione à Saint-Brieuc, le 3 janvier).
Moins de 90 secondes plus tard arrive le dernier titre de la liste, le chant de Noël ' Douce Nuit' suivi par deux morceaux surprises pour clôturer le récital: une berceuse et un nouveau chant de Noël aux couleurs des Chutes du Niagara.
 
Saluts et remerciements et, à la demande générale, une dernière valse athlétique avant d'aller admirer le clair de lune sur la Manche.



lundi 25 décembre 2023

Pink EP - Ainslie Wills

  Pink EP  -  Ainslie Wills

 Label: Ainslie Wills/ Diggers Factory

michel 

Ainslie Wills, une fiche succincte:  singer - songwriter from Melbourne/  age: 41/  mother /  studied Music Performance and Improvisation at The Victorian College of The Arts.

Quelques détails: Although Ainslie has spent much of her time studying Jazz, it is in pop/rock music where her heart truly lies.
Ainslie's Influences range from Dvorak through Wes Montgomery to Jeff Buckley, Tori Amos, the Carpenters...

Discographie:

Un premier EP en 2007, suivi de quatre autres formats courts avant de signer 'You go your way, I'll go mine' un premier full CD en 2013.

Deux autres LP's le suivent: All you have is all you need ( 2019) et une version live du dernier nommé en 2021.

On ajoute plusieurs singles et enfin en novembre 2023, l' EP ' Pink' . 

Tracks:

1.     Eyes on Me      

2.     Celebrate     

3.     Learning to like you     

4.     People Pleaser

All songs written and Produced by Ainslie Wills with the exception of Celebrate that was co-written with Savannah Conley.

Engineered and Mixed by Jono Steer. 

credits:

 Eyes on Me
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Bass - Brett Langsford
Drums - Leigh Fisher
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny
Additional Engineering - Leigh Fisher

Celebrate
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny

Learning To Like You
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny

People Pleaser
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Bass - Brett Langsford
Drums - Danny McKenna
Pedal Steel - Shane Reilly 

Artwork on the cover:   Madeleine Joy Dawes , a Melbourne based artist whose practise is primarily focused on durational repetitive drawing.

 

La ballade ' Eyes on Me' plaquée sur un piano mélancolique,  ouvre le registre. Ainslie, d'une  voix naturelle, qui ignore les artifices et  autres démonstrations tapageuses, un peu  à la manière  de Carole King, chante l'amour complice, celui où l'affection prévaut sur la passion.

Basse et percussions  restent en retrait mais, quand les cordes entrent en action pour  ornementer davantage la mélodie, tu ressens comme un sentiment de volupté et tu as l'impression de t'infiltrer dans l'intimité de la jeune femme.  

Lors d'une interview, l'artiste avait déclaré:   I started making music of my own after hearing Jeff Buckley’s “Grace” LP. Until that point I didn’t know you could make music that expressed so much mood!  

Tu éprouves la même sensation à l'écoute de 'Eyes on Me'.

La seconde piano ballad du recueil a été co-écrite avec Savannah Grace Conley, une singer-songwriter/ country artist de Nashville, qui a sorti un premier full album  ( Playing the Part of You Is Me) en 2023 .

Elle exhale les mêmes effluves  romanesques que la plage inaugurale. La voix claire, l'orchestration, les arrangements subtils, le texte apaisé,  expriment, sans ressentiment,   les émois  endurés après une rupture.

 'Learning To Like You', une voix implorante, un piano et des cordes, pour une chanson qui avait été écrite pour illustrer le court-métrage 'You and Me, Before and After' de Madeleine Gottlieb, film sélectionné pour le Toronto International Film Festival 2021 ( catégorie Short Cuts) .

Le titre n'a pas été retenu mais, heureusement, Ainslie Wills l'a récupéré pour l'EP.

Cette  troisième  ballade, douce aux oreilles, qui touche l'âme au plus profond par son anachronisme et son refus d'utiliser des éléments électroniques, peut évoquer  les Carpenters, Sarah McLachlan ou  Christina Perri. 

Retour des instruments traditionnels, basse, batterie et une pedal steel, pour accompagner le piano et la voix plaintive sur 'People Pleasers' , le titre le plus nashvillien du livret.

Si la mélancolie et le spleen  habitaient des poètes  souffrant du Mal du Siècle ( le 19è), comme John Keats, Baudelaire, Lamartine,  Lord Byron,  William Wordsworth ou Gérard de Nerval, Ainslie Wills,  en délaissant les courants musicaux très tendances en 2023 ( les inepties qui cartonnent sur Tik Tok ou qui passent à longueur de journée sur Skyrock ou Mouv.FM ) a repris le flambeau et nous offre une art pop intelligente et sincère  aux fondements jazzy manifestes.

  

 

 





mercredi 20 décembre 2023

Album - TOKYO WITCH - Skin Like Feathers

 Album - TOKYO WITCH Skin Like Feathers

 Autoproduction

ambient folk

michel 

Partout tu trouves des sorcières: à Salem, à Eastwick, à Zugarramurdi, à New-York, à Samlesbury, à Laarne, à Malansac, il y a une  Witch Queen à New Orleans, tu élimines la sorcière de fiction, bien aimée, Samantha Stephens, mais tu sais que t'as pas fait le tour et voilà qu'une nouvelle venue fait son entrée dans le clan: Tokyo Witch ( comme un  titre  de Beach House, pas forcément un hasard).

Une créature qui  est sans doute plus friponne que nippone, car Elena Lacroix a vu le jour en terre liégeoise.

La belle Elena combine des études de médecine et la musique.

Eosine, lauréat du Concours Circuit 2022, est son enfant, en avril 2023, elle pose sa voix sur un morceau du sludge/doom combo Lethvm et, dans la foulée, tourne  avec ces beaux jeunes gens et puis lui vient l'idée d'improviser un nouveau projet, en solitaire: Tokyo Witch.

PS: dernière minute, depuis peu elle fait partie des trois chanteuses du groupe Ootoko.

Après une campagne de financement fructueuse, un premier album germe:  Skin Like Feathers.

Un bref descriptif  : 7 morceaux, 7 arbres, 7 péchés capitaux.

TRACKLIST :
La Brume 
Evvny
L'Aubépine est Inutile Aux Constellations
Darwin
Run
Season Of Sighs
Slowly Blooming
 
 
CREDITS :
All instruments played and recorded by Elena Lacroix (except for Rhodes on track 3 played and recorded by Pascal Lacroix)
Mixed by Elena Lacroix and Maxime Wathieu at Tripping Studios and Wood Studio
Mastered by Maxime Wathieu at Wood Studio
Artwork by Mary Autumn
"The moon's ever cycle's wide."
 
Mary Autumn is a Belgian artist atypically playing with symbols and aesthetics of nature. Her drawings develop an imaginary between tradition and modernity, which is expressed both digitally and accompanied by watercolor and gouache.
Le signalement se vérifie en contemplant le subtil graphisme de la pochette. 

Quand  un morceau est baptisé 'La Brume' , tu ne dois pas t'attendre à une explosion de couleurs, au contraire, les climats, nébuleux et mystiques,  voulus  par Elena évoquent certaines toiles du peintre romantique Caspar David Friedrich ( Der Wanderer über dem Nebelmeer ou Morgennebel im Gebirge).
Avec ce soundscape constitué de synthés vaporeux, de guitares glacées, immatérielles, de  vocaux éthérés, proches de ceux de Liz Fraser, Elena nous propose un voyage dans un pays où sévit le haar, ce cold sea fog qui vient asphyxier le Firth of Forth , situé près  d'Edimbourg. 
Après 5'30"" et sans pause, la plage se fond dans 'Evvny' qui baigne dans  des ondes similaires, toujours  énigmatiques, comme l'intitulé du morceau lui-même, 'Evvny', wat is dat?
Cascades de synthés et de guitares shoegaze, voix floconneuse, tu peux qualifier cette composition d'ambient, de dream wave, de cold wave, de contemporary classical ou d'experimental music, toutes des étiquettes renvoyant aussi bien vers Cocteau Twins, Brian Eno et son travail avec Robert Fripp, Tangerine Dream, Dead Can Dance ou This Mortal Coil. 
 
Victor Hugo, Les Misérables, 1862, extrait...
 L’algèbre s’applique aux nuages ; l’irradiation de l’astre profite à la rose ; aucun penseur n’oserait dire que le parfum de l’aubépine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet d’une molécule ? que savons-nous si des créations de mondes ne sont point déterminées par des chutes de grains de sable ? qui donc connaît les flux et les reflux réciproques de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le retentissement des causes dans les précipices de l’être, et les avalanches de la création ?..
Pendant treize minutes, Elena met ces réflexions en musique, son ' Aubépine est Inutile Aux Constellations'  flotte dans un magma de rayons cosmiques, elle te propose un voyage dans l'espace céleste pendant lequel tu verras défiler étoiles, galaxies, comètes, météorites, poussières cosmiques, nébuleuses et satellites.
Inéluctablement , ' Astonomy Domine' du Floyd te reviendra en mémoire, tout comme l'album 'Mind Games' du clone Cosmos.
Avec celle longue plage, Tokyo Witch réussit la gageure de recomposer une nouvelle bande son, dépoussiérée,  pour  ' Space Odyssey'.
György Ligeti a souri.
Retour sur les bancs de l'école pour une leçon sur la théorie de l'évolution des espèces, voici  'Darwin'.
Un magazine scientifique sérieux avance: " Un programme informatique, inspiré de la théorie de la sélection naturelle de Darwin, couplé aux goûts musicaux d'utilisateurs d'un site internet, pourrait permettre de créer le tube parfait, selon des chercheurs dont les travaux ont paru aux Etats-Unis."
La plage, en clair obscur, fait encore et toujours la part belle aux guitares et synthés  scintillants,  qui en mode  larghetto   forment un écrin pour la voix  à la fois céleste, vulnérable  et mélancolique  de  la jeune  Liégeoise.
Ce n'est pas parce que la composition suivante a reçu le titre 'Run' que tu dois t'attendre à une folle cavalcade.
Comme pour les épreuves de vitesse sur piste, ( il est question de cyclisme), les coureurs entament leur sprint par une longue séance de surplace, le spécialiste Antonio Maspes avait réussi à rester 32 minutes en équilibre avant de suivre son adversaire du jour et de le dépasser dans la dernière ligne droite.
Le surplace, en musique, de Tokyo Witch sur ' Run' aura pris 5' 38", pendant lesquelles  la voix hypnotique se greffe sur des arpèges lancinants et quelques grelots mélodieux.
De peur de briser le fragile équilibre entre chant murmuré et le  fond sonore minimaliste, tu t'es forcé à ne pas éternuer, ni à renifle,r comme si tu souffrais du  syndrome de Gilles de La Tourette .
' Season of sighs' , la saison des soupirs est brève , moins de trois minutes, mais distille des émanations subtiles qui dévoilent des pans intimes de l'âme de l'interprète.
A l'instar de Claude Debussy, ayant mis en musique le poème 'Soupir' de Stéphane Mallarmé, Elena Lacroix chante ses émois sur un nappé nacré de guitares  shoegaze, brumeuses à souhait, et de synthés   atmosphériques.
'Slowly blooming',  ou une éclosion florale au ralenti,   clôture le recueil, le  titre  est à rapprocher de ' Bloom' des Paper Kites pour l'atmosphère éthérée  et les métaphores, sans pour autant classer Tokyo Witch dans l'escadron indie folk, le style dépouillé hanté par Elena s'assimile davantage à l'ambient , à la musique new age ou à certaines  compositions  apaisées d'Aphex Twin.
 
 Can music heal the mind, the  body and soul?
La réponse est oui dans le cas de Tokyo Witch!
 
 
 
 





dimanche 17 décembre 2023

Weird Omen au Barbe à Plouha, le 16 décembre 2023

 Weird Omen au Barbe à Plouha, le 16 décembre 2023

michel 

Tu sors?

Ai rendez-vous avec la sibylle de Plouha au Barbe, vais vérifier si son présage est néfaste!

Pas de bad omen mais un Weird Omen ce soir, faut-il s'affoler?

Le trio, originaire de Perpignan, est catalogué inclassifiable, quelques étiquettes lui sont toutefois  collées: garage, punkabilly, proto punk, trash blues, psychedelic fuzz , gothic noise, saxo punk, dirty surf,... tu peux te faire une idée en déposant un de leurs nombreux enregistrements sur ta platine, vérifie l'état de ton stylus!

Les protagonistes annoncés:

Guitar, une Gretsch flamboyante / vocals : Sister Ray = Martin Daccord (Ray and the Dead Drums)

Baritone sax, retenu par une chaîne de chien, pas sage : Fred Rollercoaster = Frédéric Brissaud (King Khan & the Shrines, Bee Dee Kay & the Roller Coaster, BDK & The UFOzzz)

Drums / vocals : Remy Pablo = Remi Lucas (King Khan Unlimited, The Anomalys, Escobar, Pablo X).

Précisions, pas de Remy pour la tournée qui nous occupe, il est remplacé par un autre frappeur, pas mou: Damiano Fanti ( Thee Oops , King Howl, Dion Lunadon).

Après avoir  avalé quelques boissons énergisantes, sérieusement vitaminées, à base d'anis ou de houblon, le trio attaque ( au sens propre et figuré) le set et nos oreilles.  

Entrée en matière furieuse signée Sister Ray ( merci le Velvet) et Dam, ' Lord have mercy' dit la setlist,  le Seigneur sera sans pitié ce soir, car quand le baryton rapplique, la prière gagne en intensité et en sauvagerie ( tu revois Steve Mackay , croisé un jour au Magasin 4 avec Speedball JR.) , le fuzz se répand à grosses gouttes.

 Damiano s'acharne sur les caisses, toms et cymbales, quant au grand Fred, tenue léopard piquée à Emma Roberts, il tire des sonorités perverses de son baryton.

Pas le temps d'applaudir, ils ont embrayé sur un  'No brainer' tout aussi déchaîné.

Fred vient se promener dans le pub, tient à s'agenouiller face à Erwan qu'il confond avec la Sainte Vierge, à l'arrière guitare et drums fulminent.

Yann, mon micro déconne, dixit  Sister Ray.

15 secondes pour le remplacer et le trio reprend le chemin des tranchées, 'Shake shake', Parkinson est de sortie.

Le morceau est concis mais d'une efficacité à faire pâlir les Cramps, les iguanes et tous les dictateurs sur terre.

Drumming acharné pour amorcer ' Heartache', sax débridé, guitare sale et chant indéchiffrable ( Dam et Sister Ray, à tour de rôle) , ça cogne sec et sous la ceinture , évite si t'es cardiaque.

'When I get bored', et que fait le guitariste quand il en a marre?

Il refile un coup avec le manche de son jouet dans la boule à facettes que le patron avait acheté sur Le Bon Coin, après un final apocalyptique, c'est '1250' qui déboule et rend tous les pitbulls complètement maboules.

Fondu enchaîné sur 'Jungle Stomp', le jeu très physique de Damiano impressionne, pas moins que les contorsions reptiliennes de Fred, Sister Ray, imperturbable, lui, continue à nous asséner des riffs inflexibles.

Weird Omen travaille dans l'urgence, pas question de fignolage, puissance, efficacité et rendement sont les mots d'ordre.

Le temps de s'éponger, car Dam sue pire qu'Eugène, et le trio infernal reprend son chapelet: pour Simon, qui s'est assoupi, ' Wake Up' mais pas en douceur,   suivi de 'Problem in ur brain'  et une dernière, annonce Sister Ray, 'I can't stand it' , pendant lequel sax et guitare se livrent un duel, sans banjo,  dans la salle.


Ils se ravisent et balancent une dernière tranche fumante, 'Warsaw', emprunté à Joy Division.


Un peu plus de 40' de furie démentielle, idéale pour se nettoyer les canaux auditifs.

Fin du set, la sono diffuse ' Dazed & Confused' du Zep,  qui paraît bien fade après le carnage sonore auquel on a assisté.



 



vendredi 15 décembre 2023

Album : Malween – Il n’est jamais trop tard

 Album : MalweenIl n’est jamais trop tard

 xenaprod

michel 

Julien Buys, n'est pas originaire des Islas Malvinas, ou des Falkland Islands pour les compatriotes de Charles Philip Arthur George, les îles Malouines pour les héritiers du comte Louis-Antoine de Bougainville, sa terre natale se trouve du côté de Nantes.

Si Nantes, depuis la Révolution française,  est administrativement située dans la région Pays de la Loire, la ville, qui a vu naître Jules Verne, fait partie de la Bretagne historique et comme  le prénom Malween est d'origine bretonne, on peut supposer que Julien, à l'achternaam ( Buys) à consonance flamande ( quel imbroglio), n'a pas choisi son nom d'artiste par hasard.

Julien se décrit comme auteur - compositeur - interprète, il s'est investi dans le collectif  On the Road qui promeut les musiques indépendantes dans la région nantaise, il évolue aussi comme artiste de la voix ( voix-off, il faut le préciser) et fait partie de la formation astrale From Constellation.

Dans un passé plus lointain, on le signale comme guitariste chez Alfred Revanche.


En 2019 paraît ' Comme une étoile' ,  un premier album signé Malween, quatre ans plus tard un petit frère voit le jour: 'Il n'est jamais trop tard'.

  1. Le Dernier combat
  2. Avant
  3.  Le Panache
  4. Fourmi ou cigale
  5.  Je me souviendrai
  6. Molière j’expire
  7. Ouvrez les bars !
  8. Les P’tits bonheurs
  9. Dis-moi
  10. Tu ne viendras pas (acoustique)

 Sont annoncés :

 Julien Buys (chant, guitare)/  Sonia Kiang (chant, choeurs) active chez   Rouge Feu et  Kosima/  Jérémy Grollier ( guitares, choeurs), un pilier chez  Amy Lee & The Loco Project Band  ou  Archimède/ Emerson Paris ( basse)  membre de Amy Lee & The Loco Project Band et de  Parpaing Papier et Bren Costaire ( drums)   qui frappe pour Madelyn Ann.

Crédit photo: Le Miroir d'Images et Johann Derenne.

Julien de  face, l'air décidé et le regard clair!

Enfile tes gants de boxe, rouges vif ,  regagne ton coin sur le ring, attends le signal de l' arbitre pour entamer  'Le Dernier Combat'.

En mode country folk/rock évoquant Jean-Patrick Capdevielle, mais  en moins théâtral, ou Daran, le collectionneur de chaises, Julien nous sert un titre  dominé par une guitare acoustique, soutenue par  les effets de slide à la guitare électrique et une rythmique venue en droite ligne des plaines de l'ouest, qui jamais ne sont placées en vigilance orange pour phénomène de crues.

Tu retourneras à la poussière et tes rêves tu effaceras, n'écoute pas les aigles noirs, murmurant il n'est jamais trop tard, c'est fatal, tu termineras K O après ce dernier combat!

Entrée en matière secouante!

Non, l'accordéon n'est pas tenu par Amélie Poulain, mais par l'énergique et enthousiaste Nini Poulain, dont le jeu fougueux  illumine le Celtic  rock   ' Avant' .

Une plage  qui n'est pas sans rappeler le groupe de Lorient, Armens, ou Blankass et, pourquoi pas, le regretté Arno, qui n'a jamais dédaigné les sonorités, que d'aucuns considèrent comme ringardes,  du piano  à bretelles.  

'Avant' c'était mieux, indubitablement, le texte peut sembler nostalgique, un brin passéiste même, mais il s'agit de lire entre les lignes!

Tu veux du French rock efficace et lustré,  écoute ' Le panache' , ses guitares virevoltantes, les coups de baguettes secs et le chant aux accents Gaëtan Roussel.

Tu veux une fable, tu prêtes l'oreille à 'Fourmi ou Cigale' une ritournelle folk jouée à l'acoustique et  chantée à deux voix ( mixtes, comme du temps  de Maxime et Catherine Le Forestier).

Le côté autobiographique du propos est patent, dans la vie, il faut faire des choix on ne peut être cigale et fourmi  à la fois, ni  être en même temps Cosimo de Medici et  François Villon.

Malween n'est pas le premier à traiter des relations parent/enfant, ...tu seras grande, quand je serai absent... chante Julien avant de pousser un sifflement mélancolique, on peut tracer un parallèle entre son  ' Je me souviendrai'  et ' Father and Son' de Cat Stevens.

Les deux chansons, mélodieuses et sensibles, traitent du déchirement inévitable, l'enfant partira, se souviendra-t-il de ses parents?

Ton franglais ne va pas plaire à Malween, défenseur acharné du vocable français, il l'exprime dans le rock hargneux, ' Molière, j'expire'.

Les riffs giclent, Bren tabasse tout ce qui se trouve à portée de ses baguettes, Julien s'époumone à la manière de son pote Martin Hallier de chez Parpaing Papier, son discours parvient à tes oreilles et pour ne pas le vexer, tu décides de ne plus jamais fréquenter un bed & breakfast, t'iras loger dans une chambre d'hôte.

Amorce à la guitare acoustique pour ' Ouvrez les bars' , un titre imaginé après un, trop, long confinement  et le  manque de relations sociales qui allait de pair, ça cavale sévère.  Comme galoper à bride abattue donne soif, nous  crions avec Miossec, il y a bien longtemps,  "A boire",  il y a des litres de whisky dans la  jarre.

 Accordez vos guitares, chantez à l'unisson, sortez les violons,  mais pas les sanglots longs, même si Shane MacGowan a rendu l'âme!

Vous avez un problème avec l'alcool, a questionné un membre de la secte?

Non, tout va bien, merci, on boit un coup? 

Un air d'accordéon, une acoustique circonspecte, comme Sylvie Vartan (....Il ressemble à presque rien, il est sur tous les chemins,  il s'éloigne mais revient. Si tu entends trop ton coeur, écoute bien, n'aie pas peur, c'est peut-être le bonheur....) Malween, lui aussi,  chante "Les P’tits bonheurs",  en mode valse,  plus proche de Mouloudji que du  discours  de l' ex-égérie de l' idole des jeunes.

Le bonheur est dans les choses simples, Epicure déjà le proclamait, l'ataraxie   vise  à la tranquillité de l'âme, la privation de toute douleur, physique et psychique, là réside le vrai bonheur.

Et puis histoire de te refroidir, il y a Schopenhauer qui affirme que le bonheur n'existe pas!

Les philosophes sont des mécréants, que cela ne t'empêche pas de savourer le titre poétique du brave Julien!

La ballade 'Dis-moi', entamée  en voix off, repose sur un piano d'un romantisme frisant la fluidité que l'on retrouve dans la ballade n° 1 en sol mineur, op. 23  de  Frédéric Chopin.

Le chant s'éclaircit lors du second mouvement et l'orchestration adopte un caractère majestueux, cordes et choeurs exaltent l'écriture intimiste  et introspective, Malween se pose des questions!

Aussi fort que les titres symphoniques de Christophe ou de Michel Polnareff. 

'Tu ne viendras pas', une chanson déjà présente sur l'album 'Comme une étoile', a été remaniée en facture acoustique, le titre fait la part belle aux harmonies vocales (  Julien et la lumineuse Sonia Kiang)  et clôture en beauté un album inspiré,  impressionniste et précieux.

 

 ...Pendant que je dormais, pendant que je rêvais , les aiguilles ont tourné, il est trop tard,  mon enfance est si loin, il est déjà demain...

 

Pas de panique,  Georges, fie-toi à Malween, il n'est jamais trop tard, il est encore temps!




 


 

 











































 


mardi 12 décembre 2023

Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

 

michel

Arnaud passe du four, Le Barbe, samedi, au moulin, le Chaland qui Passe, dimanche.

Bidouillage sonore pour whoman à Plouha, re-belote pour  Blue Tone Stompers à Binic.

Quoi?

Blue Tone, une guitare de chez Höfner?

Peut-être, et stompers, des gens qui pratiquent le swing, mais pas la savate, ni l'uppercut.  

Les Blue Tone Stompers sont originaires du Doubs, d'une ville qui a vu naître Victor Hugo,  ils ne sont pas misérables, ils ont économisé pour s'offrir des instruments de musique et pratiquer un ska/rocksteady , franc, au goût de comté,   sans  piano du pauvre , l'outil traditionnel des bardes,  qui n'ont pas voulu travailler à la chaîne chez Peugeot.

Ils sont quatre: Corentin Lallouet : saxophone, choeurs/  Victor Prost : batterie/  Claudio Ibarra / contrebasse, choeurs et  Rudy Delage : chant, guitare.

Leur bio, inexistante, mentionne un premier 45 t en mai 2021, suivi par l'album ἐπώνυμος en 2023.

Le temps d'écluser un ou deux godets et la formation prend place, alors que le bistrot est généreusement peuplé,  en cette fin d'après-midi. 

'Come down' de Lord Tanamo ( un gars étant  passé par les Skatalites), qui sent bon les productions du label Trojan Records, ouvre les débats.

Premières impressions, ça balance pas mal,  le timbre du shouter  présente de curieuses similitudes avec la voix grasse de Louis Armstrong ou avec  les effets opératiques,  produits par l'organe vocal de Screamin' Jay Hawkins.

Un roulement de batterie jamaïcain amorce ' King of kings' de Jimmy Cliff, le sax, d'abord en saccades, place une digression languide, la contrebasse électrique, la guitare et les drums servant de background aux rugissements du lion pas encore mort, ce soir. 

Marie-Jeanne et Bernadette, sa copine, chaloupent comme les Hollywood Bananas de Lou, tu ne quittes pas le tabouret déniché près du bar,  c'est  ta bière qui sautille sur le comptoir. 

Le midtempo gluant, 'Come back Jeannie' de Laurel Aitken nous renvoie vers les pionniers du ska, bizarrement,  le morceau adopte la même rythmique que 'Just a Gigolo' de Louis Prima.

Une nouvelle vieillerie, dépoussiérée, ' (Went to) The Hop' de Derrick Morgan, groove généreusement et réjouit le bon peuple.

Si la guitare se contente du rôle de comparse, tout comme la basse, la batterie solidifie  le tout et  le sax, fluide, vagabonde librement, alors que le chant, en growls édulcorés,  dégage une chaleur moite, toute caribéenne.  

C'est sympa, te souffle une voisine, connaissez-vous le nom du groupe?

The Ethiopians, madame.

Suis pas certain qu'elle ait avalé ce poisson! 

Dans le catalogue Blue Beat, une des stars se nommait Prince Buster, le Doubs propose son ' Fake King' , une plage qui remue gentiment, entre ska, reggae et calypso.

Le rythme nonchalant de 'Jacky' est tout à coup brisé par une éclaboussure aux drums, avant de mourir en jazz décontracté.

Pour suivre 'Jacky', présent sur leur LP, on retrouve un classique, au répertoire des Upsetters, le mento ' Ten Penny Nail' , selon Rudy, une recette, basses calories,  de tête de veau .

Si tu tiens à l'essayer.... Any time you goine to cook an ole cow-head, Get hammer, tie yo head wid coolie red, for it mek a poor man nearly lose 'im life, lef 'im house an' picanin nearly lose 'im life.... la suite dans Marmiton de novembre 1956.

Tu dis, Marie- Agnès?

Le morceau sonne comme 'Scandale dans la famille' de Sacha Distel. Sans doute, il s'agit d'une adaptation du calypso 'Shame and Scandal in the Family'  de Lord Melody.

'Dracula' n'est pas un comte/vampire vivant en Transylvanie, c'est un morceau de Desmond Dekker, un brave gars qui n'était pas assoiffé de sang.

Il n'y a pas que Diana Ross à chanter ' Upside down' , pas mal d'artistes  jamaïcains ont intitulé un de leurs titres 'Upside down', notamment Michael Prophet, Tony Tuff ou  Joe Higgs , seulement on n'a pas mis le doigt sur l'original, repris par les gens de Besançon.

L'instrumental 'One like that' se retrouve sur leur album . 

Du rocksteady pur jus permettant la mise en évidence du baryton, bien râpeux.

Rudy: ' Black dressed man' a été composé en hommage à un ami disparu, les hommes noirs étaient dans le cortège funèbre.

La complainte démarre en guitare/voix, style Tom Waits,  avant  l'insertion d'un sax Stan Getz et l'arrivée du reste du cortège, un excellent morceau, tout en émotion, qui clôture le premier set.


"On boit un coup et on revient."

Comme ils n'ont pas indiqué à quelle heure et qu'ils avaient l'air d'avoir très soif, après dix minutes, tu te dis qu'il fallait rejoindre madame, si tu voulais être autorisé à consommer un Bourbon tassé.


D'après le patron du bar: les Blue Tone Stompers  étaient fatigués... on n'a fini qu'à 4h., ce matin!







dimanche 10 décembre 2023

whoman au Barbe, Plouha, le 9 décembre 2023

whoman au Barbe, Plouha, le 9 décembre 2023

 

michel

Après Astérix chez les Belges, voici Tintin et compagnie chez les Bretons.

Ce samedi, Le  Barbe accueillait whoman , un quartet bruxello-gantois, en ses murs  décorés nativité pour la circonstance.

Plaît-il?

Oui, whoman avec h, it's an obsolete spelling of woman, nous dit-on, d'ailleurs pour ta gouverne et pour ne pas créer de polémiques, Bruxelles ou Brussel vient de   bruoc sella, termes devenus broek zele et enfin ce que tu connais de nos jours.

Fermons la parenthèse étymologique et revenons à whoman:   two men, two women, deux gantois(es), deux bruxellois(es) : Gent begint, met   ( des jumeaux) Ambroos en Mira De Schepper . Ambroos a évolué au sein de Kosmo Sound,  Azmari, Stompin’ Caravan,  Mos Ensemble, Bandler Ching ( e.a;) et, avec Mira, au sein du groupe familial De Schepper 4tet et chez  Gaspar, un combo mixant pop et musique des Balkans. 

Pour Bruxelles,  Lou Wéry,   au background jazz, on note,  the Y.Q, Matraka, le duo PiLou, un autre duo avec   Martin Salemi, Paradoxant, Stace, Beautiful Badness , etc... et Gaspard Sicx, lui aussi issu du jazz, a voyagé  avec  Garance Midi, Fievel is Glauque, Jordi Grognard, Lara Humbert Quartet, Teddy's Brain Drain   et son propre quintet..., il est aussi crédité sur l'album 'Spinning the Wheel' de run Sofa .

Le groupe achève une mini-tournée française au Barbe, avant de reprendre le chemin du plat pays.

Le projet est relativement récent, whoman naît début 20 21, voyage pas mal:  aux Gentse Feesten, en Californie, dans les Alpes ( ils font une tournée acoustique et  concoctent un clip dans un refuge) , reviennent en Belgique, où ils jouent à droite et à gauche, remettent le cap vers des sommets élevés,  enregistrent un single, puis un  EP ' Night's Ferries' après avoir adopté un nouveau line-up, celui qu'on a croisé à Plouha, Gaspard, le batteur, est le dernier arrivé.

Ambroos, chant, mandoline électrique, guitare, basse / Mira, synthés, guitare, chant/ Lou,   synthé analogique 6 voies, piano électrique, basse, chant, sont là depuis les débuts du groupe. 

'Shiny' débute par un gimmick orientalisant au synthé, la batterie, effacée, entre en action, les instruments à cordes rappliquent, et Ambroos, qui n'est pas chirurgien,  susurre une mélopée lumineuse ( normal, vu le titre), sa soeur jumelle et Lou  assurant les secondes voix. Le Barbe, magnétisé,  se laisse flotter  sur une vague dream pop en rêvant à des sirènes ( Bashung s'était des murènes).

Pour amplifier l'envoûtement  qui s'est emparé de nos esprits et de nos âmes, Ambroos entame un sifflement aussi ensorcelant que les notes magiques du joueur de flûte que les frères Grimm ont évoqué dans  Der Rattenfänger von Hameln.

'Morning dew' ( bizarrement la playlist mentionne morning due ), qui n'est pas repris sur l'EP, débute par une intro fragile, ton cerveau te renvoie des images de Tim Rose chantant sa version de 'Morning Dew' , qui n'a rien à voir avec la rosée matinale chantée par whoman.

Si tout était serein aux petites lueurs de l'aube, la composition évolue et le tempo monte d'un cran au fil des heures.

'Another Friday' marie la grâce de Cocteau Twins et le chant choral ,  en soubresauts, de groupes tels que Bodies of Water ou Broken Social Scene.

whoman  possède un don rare, celui de construire des compositions élaborées, aux mouvements variés passant du complexe au limpide. 

Leur langage musical, si on peut lui coller l'étiquette, vague,  d'indie se rapproche de la richesse orchestrale  des grands maîtres de la musique classique.

Cassures, fausses fins, accélérations subites, adagio scherzo... une symphonie des éclairs, dirait Zaho de Sagazan.

Le souffle de la montagne emmanche  'Errance' , Ambroos fignole quelques accords jazzy , Gaspard ( quelle finesse de jeu) refile trois coups de baguette sur le cercle d'une caisse claire, puis Lou se colle aux lead vocals, en français.

Le morceau épouse des sonorités trip hop/ nu soul, tandis que le synthé de Miss Wéry nous la joue Jozef Dumoulin.

... le temps s'estompe... chante-t-elle, elle a raison, le temps n'existe plus, le Barbe  ondule, comme la feuille qui vient de quitter la branche et qui danse, heureuse d'être libre.

'Backwards' est prévu pour le prochain album, trois voix, en parlando, chuchotent la mélopée,  tantôt  en avant, tantôt en arrière.

Démarrage obscur pour la  suivante ( ? Dump the view? )  qui présente des caractéristiques  nu jazz  à la Moloko.

Petit interlude qui permet aux filles de switcher de place et d'instrument. La mandoline électrique, huit cordes,  ( forcément, tu revois Rory Gallagher) attaque  'Maandagje' qui va nous entraîner...  into the water deep ...  on a failli y croiser PJ Harvey, on  y a surtout vu des êtres marins fabuleux, et on a regretté de ne pas avoir emporté une bouteille de plongée de 12 litres, car en apnée, c'était pas évident.

Chacun reprend sa place.

 D'une voix déformée, Ambroos entame leur premier single ' Daily Aw' ' (where we ended up ) , les filles, d'un timbre enfantin, le rejoignent et la plage, aux allures faussement naïves, est sur les rails.  

Riffs à la mandoline  aussi élégants que ceux de Paddy McAloon de  Prefab Sprout, voix aériennes, percussions subtiles, basse ronronnante, et synthés vaporeux, c'est du grand art!

En principe ' Bleach' ,  un morceau dominé par une  basse énergique, qui passe ( le morceau) du caoutchouteux au virevoltant, ,  en mettant  toujours en évidence les harmonies vocales , devait clôturer la prestation mais le quartet se ravise et propose un rappel à la clientèle ravie.

 ' Nameless' , un titre joué en acoustique dans les Alpes,  a reçu de  nouveaux  arrangements où les accords bluesy se marient, initialement, avec de célestes vocalises, suivies par un chant aux voix entrelacées .


whoman, un groupe éminemment original, au potentiel immense, se produira  au Trefpunt ( Gent) le 18 décembre, allemaal daarnaartoe!

 



samedi 9 décembre 2023

Album - Home Again - Elisabetta Spada

Album -  Home Again -  Elisabetta Spada

 Lady Lovely Label

michel 

 Tout savoir sur le "Kiss and Drive", le nouveau plan de stationnement mis en place à Grasse !

Gracias, on évite Grasse et les 10' de parking gratuit à Liège Airport aussi, l'avion est désormais out of fashion.

Si on fait mention de Kiss &Drive, c'est qu'on a connu Elisabetta Spada sous cette identité, c'était au temps où Bruxelles rêvait, il y a près de 15 ans, et que la jeune transalpine, project assistant au Parlement Européen  à Bruxelles, écumait tous les cafés-concerts  de la capitale avec dans ses bagages un ukulele et une guitare acoustique, ce qui lui avait permis de remporter le Concours Circuit en 2010.

En habituée des Soirées Cerises,  tu as croisé plusieurs fois son sourire engageant et ses compositions folk finement sculptées, que ce soit avec son projet Kiss & Drive, ou comme chanteuse chez Bend It.

L'aventure dure plusieurs années et puis, Elisabetta quitte le circuit, Bruxelles se pose des questions, aurait-elle été touchée par la foi avant d'entrer au couvent, ou plus simplement,  le mal du pays  l'a-t--elle ramenée du côté de Rome?

En 2022, la signora Spada refait surface, elle sort le single ' Sister' sous son nom, Kiss & Drive tombe dans les oubliettes.

'Sister' n'est qu'un début, un premier full album 'Home Again' , sans Reese Whiterspoon, paraît en novembre dernier.

10 titres composés par Elisabetta Spada 

tracks-

 1.Don't Say No 03:34



2.I Go I Go I Go 04:20


3.Home Again 03:20



4.Inhale Exhale 02:49



5.She's Full Of Things 04:34



6.The Whale 05:32



7.No One 02:28



8.Smoke And Mirrors 04:05



9.Tigress In A Birdcage 03:44



10.Sister 03:07 

Credits:

 Music & Lyrics by Elisabetta Spada
Arranged by Elisabetta Spada, Ruggero Catania, Franck Baya
Produced by Elisabetta Spada, Ruggero Catania, Franck Baya
Recorded at JET Studio, Brussels, by Angelica Roca
All vocals and electric guitars recorded at Lady Lovely Studio by Ruggero Catania
All keyboards recorded by Franck Baya
Mixed in Brussels by Paul Edouard Larendeau
Mastered in Trento by Mauro Andreolli - das Ende der Dinge
Picture: Laetitia Bica
Graphic Design: Loriane Panel

Elisabetta Spada: vocals, classical and acoustic guitar
Franck Baya: drums, percussions
Ruggero Catania: electric guitar, bass
Margaret Hermant: violin, harp on 3, 5, 6, 8
Eric Bribosia: piano, clavinet on 2, 3, 8, 9
Nicola Lancerotti: double bass, keyboards on 2, 6
Charlotte Danhier: cello on 5, 7
Fausto Valeron: marimba on 1, 9
Marc Derbaix: congas on 1 

 Loriane Panel, diplômée d'un Master à l' École européenne supérieure d'art de Bretagne, membre du collectif  Fémixion, responsable du fanzine du même nom, s'est chargée du graphisme  aussi bleu que la pochette de l'album ' Blue' de Joni Mitchell;

Le cliché est signé  Laetitia Bica ( photographe, atypique et sans compromis....) , déjà responsable de plusieurs portraits d'artistes ( Stromae, François Damiens, Bouli Lanners et Matthias Schoenaerts...).

Si la poupée de Polnareff  ne cessait de répéter non, non, non, Elisabetta rebondit et entame la lecture de son recueil par 'Don't say no', une rengaine joyeuse,  bourrée de petites trouvailles malicieuses.

Le chant est désinvolte, quasi puéril ( c'est étonnant pour une artiste qui a passé l'âge de jouer à la marelle), l'instrumentation fait la part belle au marimba et  aux percussions africaines allègres, ( Marc Derbaix aux congas et Frank Baya, un monsieur qui  a des lettres : FùGù MANGO, Mièle, Alaska Gold Rush, Clare Louise, Sarah Carlier, Fançoiz Breut... aux drums), les choeurs frivoles transforment  la mélodie en rengaine ' The Sound of Music' featuring Julie Andrews, qui te donne envie de siffloter en regardant des gosses épanouis s'amuser sur le manège. 

Tu dis, Laurent?

Tu as le coeur grenadine, c'est mieux qu'un coeur de pierre.

' I go, I go, I go' exhibe la même atmosphère cotonneuse. Sur un  thème  initial, subtil, à la basse,  se greffent des arpèges de violon discrets (  Margaret Hermant d' Echo Collective), le jazzman, Eric Bribosia ( (Jawhar, Karim Gharbi, Anja Kowalski Wolke, Kangling...) pianote en sourdine, puis vient la voix sereine d'Elisabetta qui raconte sa petite histoire.

Sans en avoir l'air, l'instrumentation s'enrichit, claviers ( Nicola Lancerotti) et accords de guitare, en reverb,  plus rock ( Ruggero Catania)  nous conduisent vers un final musclé.

Le titletrack ' Home again' joue la carte folk pop, la signorina Spada spiega: "Home Again è la canzone del ritorno a casa, casa accogliente che dà forma a tutto ciò che abbiamo acquisito nel viaggio, tra solitudine e scoperta.
La canzone è nata dopo un periodo di molti spostamenti tra Italia e Belgio. Al mio ritorno a Bruxelles, contenta di avere avuto del tempo per me e per le mie esplorazioni, l'emozione nel rivedere la mia ragazza mi ha spinta a scrivere questo brano."

C'est frais, tendre,  pétillant, ensoleillé,  donc, idéal pour affronter un hiver qui s'annonce morne et pluvieux. 

Un petit tour chez le toubib: inspiration/expiration, il faut apprendre à gérer votre stress, madame!

'Inhale, Exhale' joue la sobriété, une guitare acoustique gentiment caressée, une voix tout aussi caressante, c'est tout, le tour est joué.

Merci, je vous dois, docteur?

' She's Full Of Things' , date de l'époque Kiss & Drive, le morceau prend une nouvelle dimension sur le premier full album d'Elisabetta, violon et violoncelle apportant des éléments classiques à cette composition aux senteurs trip hop prononcées.

La voix monte, monte, monte, le violon la pousse encore plus haut , là où les anges  dansent avec leurs démons .

Assurément, la pièce la plus dramatique du recueil. 

Avant d'écouter ' The Whale' t'as passé un coup de fil à Herman Melville, tu lui as fait écouter cette ballade sous-marine, il a été médusé par les effets fonds marins de la composition, Luc Besson d'est approché , a demandé, c'est qui, Emilie Simon?

Non, Luc, il s'agit d'Elisabetta Spada.

C'est bien son truc, si un jour je réalise une version gore de Pinocchio et Monstro, je lui propose de signer la bande sonore.

Les guitares perlées, les percussions sobres, le violon aérien et la harpe angélique, la contrebasse de Nicola Lancerotti, les choeurs liquides  et le timbre délicat de la chanteuse, sans oublier le chant des mouettes dans l'azur immaculé, tout contribue à créer une atmosphère  idyllique, propice à la rêverie.

Elisabetta interprétait déjà la rengaine ' No One' du temps de Kiss & Drive. 

A l'époque, armée d'une acoustique, elle émouvait, aujourd'hui le titre, toujours mélancolique, prend d'autres coloris, si l'intro, guitare, finement pincée/voix claire, rappelle la version de 2010, l'apport des percussions, d'une basse, d'un violoncelle et de choeurs déliés apportent des éléments indie pop à la chansonnette intimiste, proche de l'univers de Soko.

Elisabetta doit connaître la poétesse Sylvia Plath car son titre ' Smoke and Mirrors' reprend les mêmes arguments que l'Américaine avait utilisé dans son poème 'Mirror'.

Miss Spada:  Using smoke and mirrors makes things look better...

Miss Plath:  Now I am a lake. A woman bends over me,
Searching my reaches for what she really is.
Then she turns to those liars, the candles or the moon.
I see her back, and reflect it faithfully...

Après l'intro jazzy ( le piano d'Eric Bribosia, les percussions de Franck Baya et la guitare du copain de Romano Nervoso,  Ruggero Catania), l'Italo-Belge fredonne son laïus, tandis que la harpe de Margaret Hermant vient compléter une instrumentation foisonnante.

Quelle drôle d'idée, n'est-ce pas Michel, séquestrer une tigresse dans une cage à oiseaux!

Retour du marimba et des tonalités africaines sur la gentille ritournelle ' Tigress in a Birdcage'.

Johnny Clegg, qui passait dans le coin, remarque  ' Nice and  the way she rolls her R's is really  funny'. 

L'album s'achève avec la perle,   ' Sister' un titre folk épuré,   conçu à l'époque de Kiss & Drive.

La voix, tantôt limpide, tantôt légèrement implorante, touche l'âme et fait fondre le coeur et termine en beauté un album transpirant la sincérité et la grâce.  

Jusqu'à samedi, Elisabetta Spata est invitée sur Sud Radio Belgique pour l'émission La Belgique a du Talent, tu te branches sur les ondes, fréquence 102,0 FM  ou tu écoutes  le podcast.


 https://hainaut.sudradio.net/podcast/3618/Elisabetta%20Spad


 


 


jeudi 7 décembre 2023

Bonjour Minuit, le point presse de la Saint-Nicolas

Bonjour Minuit, le point presse de la Saint-Nicolas

 

 Saint Nicolas et son âne apportent  des cadeaux aux enfants sages, Bonjour Minuit propose une nouba royale  before Christmas.

Si la saison touche à sa fin avec un dernier concert ce samedi 9 décembre ( pas moins de 4 groupes à l'affiche : The Casualties (New-York - punk hardcore) + La Fraction (Paris - punk-rock) + Aggressive Agricultor (Basque - thrash-punk) + Chaos Ideas (Saint-Brieuc - punk-hardcore) pour Mass Toc en Stock), la dynamique équipe de Bonjour Minuit a imaginé un before étincelant  avant les fêtes de fin d'année:  le 16 décembre à partir de 17h jusqu'à l'aube, place au fun dans la salle briochine. ( psiiit, c'est gratuit).

Organisation tricéphale: Bonjour Minuit/ le club ASPRO/ Le Cri de l'Ormeau.

Trois phases:

De  17h00 à 20h00 : roller disco avec le club ASPRO.

Débutants et chevronnés sur des roulettes comme les Charlies Angels on Skate à Venice Beach .

Paillettes en option, fond sonore: Earth , Wind & Fire, MFSB, Donna Summer, Patrick Hernandez, les Jacksons, Heatwave, Sheila & B Devotion, Cerrone, Gloria Gaynor, Boney M et pire encore...: animation assurée par le collectif Volume.

De 20h à 22h: le blindtest du Cri de l'Ormeau ( sur inscription, faut pas traîner à s'inscrire, 10 équipes de cinq participants au maximum).

Survol musical des fifties jusqu'à 2023.

 

A partir de 22h jusqu'au bout de la nuit, la boum de Noël , SBRBS en deejay set et Tio aux platines.

 Restauration sur place.
Un cocktail de Noël offert si vous venez déguisé·e !

 

Ah, oui, les fêtes:  trouver un cadeau c'est un casse-tête, pas de panique... 

Les cartes cadeaux Bonjour Minuit sont désormais disponibles ! Vous pouvez les acheter en quelques clics sur notre billetterie en ligne ou à l'accueil de la salle. Elles sont valables 12 mois, pour un montant de 10 €, 25 € ou 50 €.
Pour les Fêtes, offrez de la musique et des émotions en live !


 


 


mercredi 6 décembre 2023

Richard Evans - Dream of the World EP

Richard Evans - Dream of the World EP

 Cold Star Media

michel 

Richard Evans ( Manchester) dispose d'un arc à plusieurs cordes, il écrit, compose de la musique et officie comme artiste numérique.

Ses différents projets l'ont amené à  approfondir des domaines tels que la biotechnologie, l'intelligence artificielle ou  la crise climatique.

Ses travaux lui ont permis de collectionner une belle série d'awards attribués, notamment,  par l'  Arts Council England ( the national development agency for creativity and culture) ou le Manchester Science Festival.

Musicalement, il a tenu  les claviers pour  un morceau de l'album 'Strip-Mine' ( 1988) de  l'indie band, raffiné, James,  il est mentionné comme guitariste sur 'The Survivor' de St Vitus Dancers, un obscur  post punk band   ayant sévi dans les eighties.

Il faut attendre 2022 pour que son nom ressurgisse dans la scène musicale, un premier album solo' Sentinel' paraît .

 A cool slice of electro-pop’  écrit Dave Franklin pour Thre Big Takeover, il n'est pas le seul critique à encenser l'album.

Automne 2023, Richard Evans présente l'EP  'Dream of the World'.

Tracklist

  Dream Of The World.
2084.
Motherlode.

Music & lyrics: Richard Evans

La pochette futuriste  représente un  globe terrestre numérique fluorescent, une image qui correspond au contenu sonore.

'Dream of the World' démarre sur un son de violon grinçant, conçu au synthé, très vite la plage opte pour un caractère synthwave  harmonieux et dansant, à rapprocher des pionniers du genre, les Pet Shop Boys, Kraftwerk, Propaganda, Yello, voire New Order. Pour les nostalgiques du genre il existe Synthwave Dreams: Retro-Futuristic Music for Nostalgic Vibes sur YouTube.

Si le fonds sonore est séduisant, le propos est moins folichon, ....Prophets say that things won’t change The die is cast, no one’s to blame Ocean laps at the city walls, watch as empires fall... le monde court à sa perte, les dirigeants restent indifférents, ou, pire, se réunissent  pour discuter le coup et prévoir des mesures dans un état  dont l'empreinte carbone frôle l'indécence, alors oui, on peut toujours s'éveiller après avoir fait de beaux rêves...dream of the world as it should be..

1949, George Orwell conçoit le roman dystopique ' 1984' ( selon certains une inversion de 1948, année où Orwell achève le manuscrit) , ' Brave New World'  d'Aldous Huxley, tout aussi prémonitoire, avait été écrit au début des années 30, la seconde plage de l'extended-play a été baptisée ' 2084', comme le roman de Boualem Sansal, inspiré de 1984, qui prédit la fin du monde en 2084.

2084, ira t-on si loin, les menaces relevées dans la fiction sont  bien présentes en 2023, terrorisme religieux, guerres aux quatre coins du globe, génocides,  totalitarisme, fichier biométrique,   intimidation  et répression exercées par le pouvoir,...la liste  s'allonge chaque jour!

Le propos du premier titre est approfondi sur ' 2084' , Richard Evans dénonce  les climatosceptiques de tout poil refusant de voir l'évidence.... As the ice flows and the seas rise,  hear the priests lie that black is white..

Progression d'accords sophistiqués en arpèges et  mélodies subtiles, le Mancunian utilise sa panoplie de synthés analogiques, de boîtes à rythme et d'échantillons sonores, tout en  trafiquant  sa voix pour la rendre tamisée et  insubstantielle à la manière de Kraftwerk dans 'Trans Europa Express'.

Le thème de 'Motherlode', qui n'avait pas trouvé place sur  l'album ' Sentinel',  s' il n'aborde pas le dérèglement climatique,  effleure d'autres inquiétudes contemporaines: l'intelligence artificielle ou la robotisation à outrance.

 La journaliste Aurélie Jean pose la question:  l'homme bientôt obsolète face aux machines?

'Motherlode' offre un support  sonore   énergique:  gros beats et basslines vibrantes accompagnent les nappés de synthés aériens pour créer un environnement pouvant servir de soundtrack à  un sci-fi movie en 3 D.

La voix blanche  contribue à la création de climats high-tech justifiant le titre du morceau.

 

En 12 minutes, Richard Evans  accrédite  la pertinence de la synthwave, vingt ans après ses débuts, certains n'hésitent pas à le placer sur un piédestal sur lequel trônent Vangelis, Jean-Michel Jarre ou Tangerine Dream.

 

 


samedi 2 décembre 2023

Album - GAIJIN - YGGL

 Album - GAIJIN  -  YGGL

 Musique d'Apéritif & DOUCHE FROIDE

michel 

YGGL: on comprend ta stupeur et on te rassure, il n'est pas question de biogenèse des ribosomes, de protéine de liaison, ni d'un sigle ésotérique cachant un groupuscule terroriste, Yrwan Garcia Léal ( Bidart, pays basque)  a choisi ces lettres abréviatives comme nom d'artiste pour faire de la musique, et , non, il n'évolue pas sous l'étiquette chants traditionnels basques, pas  de  bilbainadas, ni de folklore, au menu, mais du rock qui cogne. 

En tapant le nom du monsieur, première chose que le moteur de recherche signale, c'est qu'il s'agit d'un snowboarder qui a brillé sur les pistes blanches, il y a une quinzaine d'années, tout naturellement il a choisi une autre planche pour affronter les vagues du Golf de Gascogne et, accessoirement, il est devenu blogger et rédacteur, mais comme  il s'ennuyait un tantinet, il a déniché une guitare, un micro et un looper pour faire du rock, c'est pas idiot, d'autres sportifs ont tâté de la politique!

La discographie du copain de Blanche-Neige se chiffre, avec la sortie de 'Gaijin', a quatre unités. 'Forgotten', de 2022, lui avait  permis d'évacuer  des pensées noires, il prévient que ' Gaijin', titre imaginé après un séjour au Japon, sera plus percutant,  avec des accents grunge et/ou post punk  omniprésents.

Tracks:

1. Nobody 

2. Mad 

3. Boomer 

4. Blue Sun 

5. Sad Dream 

6. Want 

7. Diamond Day 

8. Vade Retro 

9.Miss Meteor 

Comme il s'agit d'un  one-man-band, Yggl joue de tous les instruments: guitare, claviers, basse,  boîte à rythme et  looper.

La photo de pochette ( trompeuse, vu le contenu)  est signée Guillaume Fauveau, un autre amoureux de l'océan. Tu avises  un avertissement "Parental Advisory  écrit au-dessus "d'Explicit Content" , pas parce que le garçon arbore un look à la Yannick Noah, affublé d'un bob hip hop,  mais bien au vu des lyrics.

'Nobody' est chanté d'un timbre proche de celui du regretté Kurt Cobain, les accords de guitare, simples et saturés, eux renvoient vers  Joey Santiago des Pixies, le côté mécanique et passablement uniforme de la groovebox remplace, pas franchement avantageusement,  la basse et la batterie, il faudra s'y faire.

L'alternative rock 'Mad'   est à classer aux côtés de groupes tels que Fountains of Wayne, Weezer ou The Rentals, à la frontière du grunge et du power rock, avec ces guitares corrosives et un  chant rêche, le titre ne va pas convenir aux sujets atteints de névrose.

Pour les autres, les fans de Pearl Jam, des Foo Fighters ou de Mad Season, c'est le moment de ressortir les chemises canadiennes du placard.  

'Boomer' sorti en single, secoue sérieusement, après une intro jouée au racloir, les guitares en mode punk farouche s'en donnent à coeur joie, et comme  le chant impétueux suit la même voie, on te met au défi de ne pas battre le sol du talon ( tu évites si la dame de l'appart sous le tien a une liaison avec un poulet).

Changement de registre avec 'Blue Sun', la plage la plus élaborée de l'exercice. Après une amorce  mélodique à la guitare, sur laquelle se colle un chant mélancolique, l'entrée en lice des percussions mécaniques annonce un virage stoner/doom lent mais puissant, la voix, intense et douloureuse à la fois, dégage le même type d'émotions que procuraient les growls gémissants d'Eddie Vedder.

Pour la coloration bleutée de l'astre, pas besoin de sonner chez Sylvie Vartan, la NASA affirme que c'est dû   au calcium ionisé dans l'atmosphère solaire, un pote ( non, pas Lucky Luke)  a un autre point de vue et évoque une forme de daltonisme. 

Une acoustique  aux accords secs allume  'Sad Dream' , on commence à comprendre le schéma, avec la drum machine produisant des rythmes binaires  effrénés, la guitare décide de s'envoler à son tour, la voix, toujours aussi rauque, psalmodie sa plainte jusqu'au break, pendant lequel un synthé, en mode Soupline,  adoucit  le propos jusqu'au terme du cauchemar.

Bien foutu!

'Want', entre doom, shoegaze et presque dream pop,  dégage des effluves légères et nous prouve qu'en tout rocker qui se respecte il y a une âme sensible   qui sommeille.

Just another diamond day. Just a blade of grass . Just another bale of hay. Hope the horses pass la-la-la-la-la-la, la-la-la-la-la, la-la-la-la La-la-la-la-la, la-la-la-la-la... ça c'était ' Diamond Day' de Vashti Bunyan, en 1969, du British folk bucolique ayant fort inspiré Devendra Banhart.

Le ' Diamond Day' d'Yggl n'est  pas du tout dans la même veine, pas de flûte primesautière, pas de la la la's  charmants, non,  mais des guitares distordues qui éclaboussent et un chant noir qui s'expulse en remontant depuis les tripes.

'Vade Retro' n'est pas l'anti-spam dernier cri, comme le laisse entendre la direction du numérique, mais un titre minimaliste,  lent et tendu,  exprimant, après une longue intro  à la guitare et effets de synthé planants, le vide que ressent l'artiste.

'Miss Meteor'  déboule comme une boule de feu qui va embraser ton âme et ton cerveau.

Imagine le retour du maléfique Rascar Capac venu se venger et créer un bordel monstrueux sur fond post punk tordu.

Super efficace!

Si Bandcamp l'occulte, Spotify complète la tracklist par un bonus track odyssée de l'espace  quasi instrumental,  astucieusement intitulé ' Hasta la Vista' .

 

Grunge is not Dead, pour preuve des combos tels que Momma, A Void, Saint Asonia,3rd Secret (avec Krist Novoselić), marcel ( des Belges), Hernest ( du grunge en français)  ou  les formidables SheWolf,    ont repris le flambeau, YGGL fait partie de cette caste! 


Le Gaijin tour s'est achevé il y a peu, YGGL devrait reprendre la route en 2024.