EP Bestia - Ignea & Ersedu
NoPo
Independent label
IGNEA - ERSEDU Bestia split EP 2021
Ces gens là n'ont pas gagné l'eEurovision mais nous viennent du même pays martyrisé.
Ils composent du métal symphonique progressif flirtant avec un death au son guerrier.
Enregistrée pendant la pandémie (autre fléau!), la rondelle sort fin
2021 et rassemble 2 titres d'Ignea, 2 titres d'Ersedu et un autre
ensemble, le dernier consistant en un arrangement orchestral mixé...
original n'est-il pas?
Ignea avait déjà 3 productions passées : l'EP Sputnik (sous le nom de
Parallax) en 2013, The sign of faith en 2017 et The realms of fire and
death en 2020.
Quant à Ersedu, un album en 2011 'NC-17' marque leur seule trace enregistrée en studio.
Ils s'apprécient depuis 10 ans d'où l'idée de ce projet commun.
Le mot 'Bestia' désigne d'évidence la bête sauvage mais aussi une
personne malicieuse (le Mal(in) pouvant être représenté sous forme de
bête).
Il s'agit d'un concept sur la nature humaine et la dualité des créatures
mythologiques ukrainiennes retranscrites dans un monde actuel.
La pochette fait dans le psychédélisme, coloré, de jaune côté Ignea, et
de bleu côté Ersedu, les cheveux ondulés à longueur illimitée se mêlant
sur toute la surface disponible.
La mythologie slave, relatée dans les morceaux, essaime des symboles perdus dans les chevelures, on y trouve probablement :
- Bosorkun, le démon ukrainien à la puissance du vent,
- Magura, la valkyrie slave ailée et armée d'un glaive (qui aide les soldats tués à monter à Vyriy, le paradis),
- Zmiy le dragon,
- le personnage du bien et du mal (de 'Eaters of the Sun').
Les pistes musicales :
1. Bosorkun / IGNEA
2. Magura’s Last Kiss / IGNEA
3. Mermaids / IGNEA / ERSEDU
4. Black Garden / ERSEDU
5. The Eaters of the Sun / ERSEDU
6. The Symphony of BESTIA / IGNEA / ERSEDU
La distribution :
IGNEA are:
Helle Bohdanova — vocals;
Yevhenii Zhytniuk — keyboards;
Oleksandr Kamyshin — bass;
Ivan Kholmohorov — drums;
Dmytro Vinnichenko — guitars.
ERSEDU : duo inconnu.
Lyrics By – Ersedu (pistes : 4 to 5), Helle Bogdanova (pistes : 1 to 3)
Music By – Ersedu (pistes : 3 to 5)
Music By, Keyboards – Yevhenii Zhytniuk (pistes : 1 to 2)
Recorded By, Mixed By, Mastered By – Ersedu (pistes : 4 to 5), Max Morton (pistes : 1 to 2)
Ignea ouvre les hostilités par la double-pédale qui cogne. Ivan Kholmohorov lâche les coups. Une couche folkisante se forme avec des claviers jouant au violon.
Le rythme heurte dans un tourbillon. Growls et voix claire se passent les vocaux. A mi-morceau, un riff de guitare déclenche une accélération fulgurante de courte durée puis retour à une tranquille lourdeur.
'Bosorkun' ça s'appelle!
"Bosorkun est l'esprit maléfique de la montagne ukrainienne qui tue avec la puissance du vent et envoie la sécheresse et les maladies aux personnes et aux animaux.
Mais, dans notre chanson, c'est une créature qui veut se lier d'amitié avec les humains et échanger son immortalité contre leur monde", explique le groupe.
"Notre intention était de créer un morceau intense qui sonne comme le vent des Carpates : féroce et froid, rapide et immobile, imparable, mortellement puissant, mais plus léger que des plumes…"
Les chuchotements effrayants de Helle Bogdanova au début de 'Magura’s Last Kiss' font penser à des bruits de fantômes, répétés à plusieurs voix, on tremble... un avant goût des borborygme rauques qui suivent.
Pourtant Helle sait aussi se transformer en fée et ça le fait avec cette jolie voix. Cette double-personnalité fascine dans un clip impressionnant. Forcément, on pense aussi à Jinjer.
La piste orchestrale laisse s'exprimer la violence des instruments rock-métal en particulier le grondement de la basse et les guitares fracassantes, le tout enveloppé dans une mélodie attachante.
Vient 'Mermaids' en collaboration avec le duo Ersedu. La pistel accroche brièvement quelques notes à des cordes orientales d'une mandole puis lâche les orks sur la piste.
Dans le dur, rien n'interdit de penser à Dimmu Borgir. La cadence est élevée.
Helle vient un peu adoucir les moeurs mais le rouleau compresseur reprend le dessus avec un chant guttural. Il s'agit d'un titre sur les 'Mavkas', sirènes ukrainiennes.
Le passage central évoque le Moyen - Orient avant d'élever des parpaings de guitares alternant avec la mandole à nouveau.
Vous trouviez les morceaux précédents apocalyptiques? Ecoutez la suite! Les premières notes sortent des entrailles du sol et laissent émerger Zmiy, le dragon capable de tout détruire à la surface de la terre.
Le son métallique, bourdonnant éruptif, provoque des crispations. On sent l'influence de Septicflesh.
Le monstre s'exprime agressivement, une douce voix lui répond. Momentanément, cette douceur prend le dessus avec une mélodie attrayante mais le monstre souffre atrocement et ça s'entend!
Ici une voix d'outre-tombe fusionne avec une trame orchestrale puissante et accablante. Le soleil va-t-il finir par disparaitre dans 'The Eaters of the Sun'? En tous cas, les ténèbres dominent.
Pourtant, le magnifique chant féminin s'extirpe de cette lave immonde et réussit à nous passionner. L'ambivalence, bien-mal, continue d'opposer ces voix jusqu'au final macabre.
'The Symphony of BESTIA' déroule 15 minutes symphoniques très cinématographiques avec effets électros.
On bascule, de la légèreté au drame, et inversement en reprenant des passages des compositions précédentes.
Il faut avoir l'estomac bien accroché pour déguster cette bestiole.
Y'en a qu'ont essayé! J'en fais partie et je suis encore là!
Si vous ne craignez pas l'enfer, lancez-vous!