Album - The Last Dance - Enemy of the Enemy
NoPo
label - WormHoleDeath
ENEMY OF THE ENEMY The last dance 2021
J'ai entendu quelqu'un dire 'Parigots têtes de veau...'. Ceux-là
ressemblent plutôt des taureaux malades de la vache folle et galopant
dans tous les sens, cornes en avant!!
Le troupeau 'Enemy' existe depuis 2008 avec 4 publications (3 EPs 1 LP).
Les ptits noms du cheptel :
- Adrian “Kal” CAVALIER : chant
- Nicolas “BnV” BENEDETTI : guitares
- Fabien “Baf” GRUNZWEIG : basse
- César “Zarc” BOISHUS : batterie
On connait déjà Cavalera, ici, tu rencontres Cavalier et tu t'en souviens.
Ces bêtes ont la Rage against the machine chevillée au Korn, le tout dans une ambiance indus bien angoissante.
Les spécialistes du 'wall of death' ont déjà joué du Motocultor qui a apprécié et eux aussi, la scène restant leur préférence.
Voilà pour le ramage et pour le plumage (le poilage?)?
La jaquette fascine! La couleur file le bourdon et le paysage pas mieux.
Une femme nue, recouverte de boue, bondit, tel un animal en fuite, jambes repliées, bras en arrière, comme sa chevelure frisée.
Le masque à gaz sur son visage, s'harmonise à l'arrière plan pollué par
des bâtiments industriels crachant des fumées épaisses.
Apocalyptiquement vôtre!
Nicolas : "C'est Fernando FLORIT qui a fait tout notre graphisme, le
logo également... Le côté sauvage du personnage et sa danse reflètent
parfaitement l'atmosphère musicale."
Le groupe commente :
"La direction principale de Enemy Of The Enemy a toujours été
l'observation du monde dans lequel nous vivons... l'écologie prend une
énorme part dans les paroles."
Pas si folle, la guêpe!
Au programme :
01. A Bright Warning / 02. The Last Dance / 03. Alien / 04. BlackStars /
05. Outta Here / 06. Redemption / 07. The Devil In Me / 08. The Choice /
09. SuperGreen / 10. Believe / 11. Born Unchained / 12. When The Sun
Goes Down
Allez-zou, on déroule un tapis sous les pieds patauds d'une carcasse
doom qui peine à avancer dans un chemin poussiéreux. Un avertissement
pour commencer 'A bright warning'.
La voix, abattue, n'a pas obéir à 'doucement les basses'! Un chant crié s'ensuit puis on mélange et on épaissit le grain!
La guitare ne complique pas les choses mais fait prendre la mayonnaise qui monte en fin de battement.
'The Last Dance' correspond forcément à un beau 'wall of death'. On
ressent une avancée progressive telle une mêlée puissante de rugby.
Les choeurs aériens encouragent en fond de piste. Le chant principal, écorché, mène rapidement la danse.
La gratte zigzague, évitant les tirs de la rythmique de tueur. En cours
de morceau, elle change d'avis, passant, rectiligne, de l'aigu djent au
vibrant profond.
Le clip, décalé, place le groupe, bien habillé, dans un cabaret des
années 20 (20è siècle pas 21è!) avec danseuses à paillettes et à
roulettes (!) où ça dégénère grave en ... 'mosh pit'!
Oups, ici, les roulements habillent la batterie, et la guitare enrage
contre la machine. Basse batterie prennent le dessus sur une corde
stressée. Le chant fait toujours mâle et mouche.
Un 'Alien'? Je ne sais pas si celui-ci est autant aimé que celui de
Bowie. Les baguettes claquent sur la lead bien excitée et une basse
tellement basse... le surnom de Fabien, c'est 'Baf', pas pour rien
(quand on pense que son nom 'GRUNZWEIG' veut presque dire 'virage vert'
!).
Cette plage possède un groove décapant; si vos pieds sont rouillés, ça
va les décoincer vite fait! Le corps se sent possédé par ce rythme
addictif.
Outch, super riff qui déraille! On repasse la bonne vitesse. Adrien se
racle la gorge. Malgré son style quasi death, les paroles restent
compréhensibles.
La guitare zèbre toujours avec autant d'énergie, riffant jusqu'à un
passage planant avec voix fragile et cordes nues. Rassurez-vous, ce
n'est qu'une pause avant retour du gros temps!
Dedieu, ils remettent ça, tendus, avec un riff rouillé des familles! Nicolas invente des sons jouissifs.
Tchac tchac tchac, la frappe droite construit une belle colonne
vertébrale et par-dessus, soudain, le riff rend fou! Aargh, gaga le riff
rend!
Incroyable ce groove qui provoque un ondulement sensuel et plus! On le perd à mi-morceau avant une dépression doomesque.
Cependant, pas trop content, Adrian garde la gorge bien grasse, tout ça pour sortir 'Outta Here'.
Encore un riff des familles qui démâte pour installer 'Redemption'. La
basse s'engouffre dans la grosse caisse et résonne par moments. On prend
des claques de caisse claire.
Des choeurs, en procession, semblent suivre lentement la trame dans la
boue. Une grande tension se fait sentir sur le simili refrain grâce à la
guitare saturée.
'The Devil In Me' démarre comme un prêche diabolique. Pourtant, sur le
refrain (oui, yen a un!), les choeurs montent, angéliques. Au milieu, on
s'engage alors dans un couloir planant.
Sur fond de clameur lointaine, la guitare, cristalline, en invite une
seconde aussi discrète que lumineuse pendant que la batterie, prolixe,
ne lâche pas la cadence régulière.
La batterie, décidément omniprésente, lance 'The choice'. Avec César,
c'est 'Veni Vidi Vici' (facile, celle-là!). Répétitif, le choix n'a pas
d'option.
Un riff, à la fois tournoyant et saccadé, constitue la trame de la
piste. Le chant passe du guttural au cri...spant suspendu à une corde
vocale déchirée.
Cette fois, des vocaux clairs s'accrochent sur un arpège aérien mais
c'est pour mieux retomber sur une bouillasse pas 'Supergreen'.
Dans la partie centrale, la guitare joue un riff insistant. Quant au
final, il égrène quelques notes aiguës pas rassurantes du tout.
Allez, on y croit! 'Believe' alterne une voix au gros grain sur un son
de gratte grave profond avec la voix la plus claire du disque sur des
cordes aériennes.
Elle passe parfois au vocoder comme annonçant des catastrophes dans un poste radio. Les choeurs répondent en scandant.
'Born Unchained' ouvre par un hurlement sans préliminaires. Le riff, à griffes acérées, tranche les entrailles.
On trouve des instants où le titre se chante en horde serrée, quasi a capella au final.
Chouette un slow! 'When The Sun Goes Down' s'installe dans un décor où
il n'y a pas beaucoup de soleil. On repassera donc pour une balade
amoureuse ...
Cette plage boueuse possède un groove rampant, aussi menaçant qu'un croco.
Un solo éblouit, au deux tiers du morceau, et s'enfonce comme un éclair dans les ténèbres.
Les dés sont jetés.
Déflagration, décadence, décroissance, dé-évolution (chantait DEVO déjà
il y a 40 ans!), l'ENEMY a trouvé sa bataille. L'attaque étant la
meilleure défense, l'agressivité est de mise.
Les musiciens se sentent concernés par les maux qui frappent notre
planète et l'expriment, furieusement, avec leurs mots et leur musique
dense.
Un sacré pavé dans la mare (sans rigoler)! Une réussite totale!