vendredi 7 mars 2014

Alaska Gold Rush au Bar du Matin, Forest, le 6 mars 2014

Un Bar du Matin une nouvelle fois congestionné ce jeudi soir, atteindre le comptoir relève de l'exploit sportif.
 L'orchestre à deux têtes devant se produire vers 21h a déménagé famille, petites copines, collègues musiciens ( Renoar Hadri, Electric Château...) et groupies délurées pour créer une ambiance post mardi-gras, sans confetti ( pas de s, à l'italienne) ou serpentins.

Il sera 21:25 lorsque Alaska Gold Rush prendra place sur le podium.
Clap, clap, clap pour le choix du patronyme, qui nous rappelle qu'en 1896 des veinards ont déniché de l'or dans le Yukon, près de la frontière  de l'Alaska.
La nouvelle se répand et des centaines de milliers de prospecteurs rappliquent en gravissant le Chilkoot Pass dans l'espoir de faire fortune.
Tu supposes, naïvement, que Alaska Gold Rush te proposera une musique glacée, style postrock ou shoegaze, t'as tout faux, Alexandre De Bueger: drums et Renaud Ledru: guitars, vocals, proposent un folk blues de bonne tenue et d'inspiration Southern United States.
Alexandre De Bueger, tu l'as vu avec Crazy Lady Madrid et Renaud Ledru, tu l'as connu Soresmile.
Tu te souviens d'un concert du gars au Magic Mirrors en 2010, il ne t'avait pas laissé une impression mirobolante.
So, pas d'a priori, but no big expectations, either!

Après une cinquantaine de minutes de concert, le verdict sera positif, Alaska Gold Rush, c'est du sérieux.
Rien à voir avec les approximations de Soresmile.
Ajoutons qu'il existe un EP, ' Pilot Village Midnight' avant d'analyser le set.
Un premier blues/americana joué laidback  et porté par une voix traînante , moins nasillarde que celle de tonton Bob, mais idéale pour narrer le blues, puis ' The Gallows Birds' tout aussi poussiéreux, lucide et désespéré.
Quand il susurre ..this town ain't no good for me...c'est plus à Frank Turner que tu penses et pas vraiment aux Sparks.
Une nouvelle plage sentant le Sud à plein né... dusty roads, de maigres cactus, un cowboy solitaire au cerveau traversé d'idées sombres... bury my heart close to the highway..., il y a du Tom Petty nonchalant dans  Alaska Gold Rush.
Un harmonica et une leçon de philosophie désabusée...don't care about tomorrow, don't care about sorrow...on est loin de la vie  en rose!
Prochaine escale un juke-joint au plus profond du Mississippi, 'Clarksdale'.
Sont pas tous sympa dans ce bled...
Un nouveau coup de cafard avec William Faulkner en toile de fond, le destin défavorable, la prédestination.. ferme les yeux, imagine les corbeaux tournoyer et pense aux Tony Joe White les plus lugubres.
Le uptempo 'Silhouettes' verra quelques nanas entamer un pas de danse agité.
Direction la Louisiane,  ' Bâton Rouge' pour la fable du campagnard tentant sa chance dans la grande ville.
Jon Voight dans 'Midnight Cowboy'?
Presque!
Le assshaker de la soirée, l'enjoué ' Shake in those streets' et sa guitare frivole lorgnant du côté de la frontière mexicaine.
On passe à une adaptation chercheurs d'or du ' Girls just want to have fun' de Cindy Lauper, avant une seconde cover, l'épileptique blues/boogie ' Poor Black Mattie' de R L Burnside.
Le set prend fin avec 'Green River'.
Le green river du Creedence?
C'est peut-être le même cours d'eau, mais on a eu droit à d'autres lyrics...some people say Green River blues ain't bad...
Alaska Gold Rush wasn't bad, either!
Un set des plus  convaincants.

L'assistance, conquise, exige un rappel, le duo consent et balance un dernier folk blues évoquant le jour qui pointe.