Tiziana Valentini au Festival des Chanteurs de rue à Quintin, le 6 novembre 2021
Encore hilare, tu reprends ton bâton de pèlerin, direction la Grand Place, afin de déterminer la suite d'un programme bousculé .
Tu as à peine franchi le porche délimitant l'accès de la cour, que tu te heurtes à un rassemblement de badauds prêtant l'oreille à un duo voix/accordéon s'étant enraciné dans la ruelle.
Vu la dégaine de la madame, tu paries sur Tiziana Valentini.
Bingo, la fougueuse italienne du sud ( Salento), accompagnée du talentueux accordéoniste Maxime Perrin, se démène généreusement.
Les explications viendront plus tard, tu apprendras que Maxime a manqué son train (qui dit que la SNCF n'est jamais à l'heure) et donc le schéma prévu a subi de sérieuses retouches.
Un mot concernant les protagonistes, Maxime est polyvalent, il passe de jazz au rock ( il a joué avec Eels), s'aventure dans l'univers klezmer ou les musiques urbaines, accompagne des pièces de théâtre ou des artistes se prêtant aux exercices d'improvisation, à ses heures perdues il dispense des cours de solfège ou enseigne les rudiments de l'accordéon.
Tiziana, désormais localisée dans les Cévennes, n'a pas chômé, retracer son parcours prendrait des heures, mais on peut lever un coin du voile. Elle a fait partie de Alla Bua, un gruppo di musica popolare, in particolare salentina come la pizzica, elle a tâté du punk en tenant la basse, elle fonde Zimbarie puis chante chez Odjila Rom, Ambaradam-Contraband, Skander Band, Dzaw Dzaw et Taraf Istolei, et, enfin, se lance dans divers projets artistiques, tel que le Bal du Spaghetti ou Angiolina Neroliva.
En 2017, elle a le temps de sortir un album, 'Chanson du Dedans' tout en continuant à monter sur les scènes ou à arpenter les rues avec différents spectacles, quand elle n'anime pas des stages de techniques vocales.
Tu tombes sur la paire en plein texte anarchiste, pendant lequel la bouillante transalpine exhorte le peuple à abolir le système, à dire merde au sacro-saint, métro, boulot, dodo.
Expressive, la dame, de noir vêtue, épouvante les passants se risquant à déambuler dans la ruelle sans prêter attention à son chant.
Elle n'est pas masquée, mais son approche est comparable à celle des acteurs de la Commedia dell'arte qui improvisent et haranguent le public.
Le duo poursuit avec ' Je ne sais pas', un chant plaintif qui démarre calmement pour se terminer par des halètements de chien battu.
Jean Gabin,était dans le coin, il lui a soufflé, j'étais comme toi , je croyais savoir, je ne savais rien, à 60 ans, pareil ...
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout ce que j'sais
Mais ça, j'le sais...