Kitty Coen - EP Disco Lemonade
Tower Records
NoPo
Kitty Coen Disco Lemonade 2021
Dans un ciel bleu crépusculaire, Kitty, coiffée d'un chapeau à facettes,
brille de mille feux. Ses boucles d'oreilles, en forme d'éclair (style
ZZ Top Eliminator), et son collier serré, à 3 étages, renvoient la
lumière.
Cheveux roux, le visage discrètement maquillé plein de fierté accentuée
par sa position, mains sur les hanches, la Texane en impose, sous des
faux airs de danseuse de saloon.
Ses gants noirs à longues franges blanches, comme une suite perlée,
montent jusqu'au coude et des bagues chevauchent plusieurs doigts.
Sa robe plissée et son bustier noir, bordé de tulle, tranchent avec la
peau blanche de ses épaules dénudées. On devine un tatouage sous son
aisselle droite.
De son cou, partent des tubes aux couleurs flashy vers le titre en noir
'Disco lemonade' dans une écriture très arrondie. Des étoiles arrosent
ce faux arc-en-ciel. Une police à grosses pattes mentionne 'Kitty Coen'
dans l'angle bas droit.
L'artwork (photo Hannah Edelman), soigné, laisse affleurer les idées
contradictoires de cette personnalité ambigüe : blancheur, noirceur,
lumière, obscurité, romantisme, exhibition...
Je calerais le personnage entre JJ Wilde pour le côté aguicheur (http://www.concertmonkey.be/a
Rien n'empêche non plus de penser à Madonna.
La compositrice situe ses influences entre Kurt Cobain et Fleetwood Mac
(entre douleur et douceur?). On cite aussi Tame Impala...
Elle dépeint son oeuvre tel un "paysage désertique psychédélique avec
une touche de Far West". Un disco-électro-alternatif, en somme, découpé
en 7 morceaux :
1 Holy
2 Dark Soul
3 Lost In California
4 Disco Lemonade (Ft. Tvlormvde)
5 Fade
6 Wave Side
7 That's Alright
produit par Justin Johnson
Le single 'Holy' ouvre l'album d'une manière flamboyante. Les images
live studio présentent la chanteuse dans une tenue affriolante.
Les cordes de guitare électrique, juste caressées et ponctuées par un roulement, créent d'emblée une ambiance envoûtante.
Basse et batterie se joignent, en toute discrétion, pendant que KC
entame, comme une sainte-nitouche, une prière d'une voix langoureuse.
Le rythme, tout en balancement, invite au mouvement lent et sensuel. Un mid-tempo s'installe et le titre avance tranquillement.
Alors, batterie et le synthé s'emballent et le chant passionné et
passionnant bouillonne puis monte crescendo dans des 'Holy' répétés.
Le coeur bat la chamade pendant les gazouillis de Kitty à la dernière
minute transpercée d'éclairs psychédéliques avec pistes de guitares en
backmasking (à l'envers).
La grosse basse impose un groove chaud dans lequel s'engouffrent la
batterie claquée et métronome accompagnée de quelques pointes de
guitares éthérées. On pense à certains titres d'Angus et Julia Stone
mais, plus trop, lorsque le clavier se met à aboyer.
Kitty laisse traîner sa voix, ses cheveux roux et ses jambes dans le
clip (aussi hot qu'un oeuf cuit sur le capot de sa voiture de sport).
Même pas peur d'en montrer trop, elle n'a pas froid aux yeux et assume
sa musique sexy.
"Je voulais emmener le spectateur dans un voyage psychédélique à travers
mon esprit", dit-elle, "une fois que j'entre dans la station-service,
bar, en bordure de route, je suis dans un tout nouveau monde,
nourrissant les vices de mon âme sombre."
Le clavier provoque ondes et éclairs après 2 minutes et la guitare plus funky rend le rythme dansant, imparable.
L'artiste se désole (mais finalement pas tant que ça) de sa 'Dark soul', à vices, qui s'enfonce dans un trou noir.
Continuant son psyche-road trip, elle rajoute d'ailleurs une couche de
dépravation dans 'Lost in California' parti au ralentis en cadence
lascive.
Le synthé dans un souffle, bordé d'effets divers gonflés, guide la quête de la luxure.
Des bribes de guitare font croire, un instant, à un 'California
dreaming' aérien mais le rythme, ensuite, slappé par une combinaison
synthé grosse caisse, fait déchanter rapidement.
Les pads empruntent au 'R&B' moderne en boum profond, basse rebondie
et cliquetis rapide. Quelques vocoders viennent dérouter la belle qui
se laisse embringuer.
'Disco lemonade' porte bien son nom avec son ambiance en bulles de
champagne à la basse mélodieuse et cette voix sensuelle. Une seule
envie, glisser le plus gracieusement possible sur le parquet!
La cuica brésilienne marque les temps par ses cris de singe. Le synthé
et la guitare jouent en clin d'oeil dont les battements de cils
bruissent dans les violons.
Dans l'air du temps, les effets autotune variés (featuring le rappeur
Tvlormvde) viennent séduire et ajouter du sucre à la mixture. Sans la
voix de Kitty, on croirait au retour de Daft Punk... totale réussite!
'Fade', par son arpège en dentelle, enveloppe pareil à une brume
matinale en été, un peu fraîche, mais annonciatrice de soleil. Le clip
présente Kitty en femme fatale à la Marilyn.
Après la batterie d'abord au loin, la mélodie, piquée aux notes de
lapsteel, fascine totalement. La température monte le long des cordes
aussi chaudes que les rayons de l'astre aveuglant.
Quelques touches de piano, finement effleurées, viennent chatouiller
l'oreille. La voix de Kitty, langoureuse, amène des frissons
incontrôlables.
La pulsation désarmante, invite aux gestes lents en arabesques qui s'estompent doucement. On en reste ... cois!
'Wave side' pousse ses vagues scintillantes au crépuscule sur le sable
tiède. Les premières gouttes d'écume s'accrochent à une harpe.
Le chant, susurré par des lèvres probablement salées, décrit un chagrin à la fin douloureuse d'une relation.
L'accompagnement orchestral avec frappes sur le cercle et notes jouées
du bout des doigts font pleurer mon âme d'une belle émotion.
Chaque note, retenue, sonne délicatement. A mi-morceau, la batterie
s'active et provoque une réaction épidermique des autres instruments en
jets scintillants
Le résultat fascine, impossible de décrocher... si ce n'est la lune!
'That's alright', final en forme de country, justifie, à lui seul, le chapeau de la pochette.
Décidément, cette galette me surprend jusqu'au bout. Guitare acoustique, harmonica et balais sur les peaux caressent le poil.
La voix se confond avec le cri de la lapsteel comme sortant du gosier d'un oiseau.
Derrière la douleur, la douceur vient conclure sur un ton plus serein.
'Disco lemonade' se boit comme une potion magique. Après la lampée, on
se sent à la fois abasourdi et magnifié, un entre-deux qui remplit aussi
cette oeuvre unique.
KC, une débutante? Déroutante, en tous cas, par son aura romanesque. Une
fille indomptable, un peu à l'Ouest, à écouter absolument, 20 minutes
de pur bonheur!
Les artistes :
Chant Kitty Coen
Guitare Ian Salazar
Claviers Keith Galloway
Basse Sam Pankey
Batterie Greg Clifford