Cuffed Up – Asymmetry EP
NoPo
Royal Mountain Records
CUFFED UP Asymmetry 2021
Le groupe part d'une rencontre entre Ralph et Sapphire Jewell (quel pseudonyme! son nom?) et se forme en 2019 à Los Angeles.
Sont-ils membres de la police judiciaire de L.A ou ont-ils quelques
tendances sado-maso (les 2, me susurre ma voisine qui aime les
uniformes)?
En tous cas, menottés (Cuffed up) ne les gêne pas pour jouer de leurs instruments... maintenant, à quatre musiciens :
Ralph Torrefranca Guitare, voix
Sapphire Jewell Guitare, voix
Vic Ordonez Basse
Joe Liptock Batterie
Ils sortent un 1er EP 5 titres en 2020 avant leur nouvelle publication asymétrique.
Pour l'anecdote, le visuel de 'Politicians in my eyes' sorti en en
single énervé (Octobre 2020), s'inspire de Supertramp 'Crisis what
crisis' (l'homme dessiné dans le transat porte ici un costard plutôt
qu'un short).
La pochette de 'Asymmetry' semble poser une image plus douce... quoique, ça dépend de quel côté on se place...
Deux fleurs, très colorées, se font face; on peut dire que l'une est une
belle plante pendant que l'autre en bave, fondant comme un plastic trop
chauffé.
Une crise? Je vais bien tout va bien? Pas sûr quand on s'arrête sur le contenu...
1.Bonnie 03:31
2.Terminal 03:04
3.Canaries 04:01
4.One By One 03:25
Produced and mixed by Brad Wood
Mastered by Hans DeKline
On se posait des questions sur leurs moeurs, voici que dans le clip
'Bonnie' (réalisé par Ralph), homme et femme inversent leurs
personnages. N'oublions pas que 'Bonnie' ment.
En filigrane de l'histoire de Bonnie & Clyde, le texte dénonce des relations amoureuses toxiques.
Le truc commence par une batterie épileptique suivi d'un accord de
guitare élastique plein de réverb. Elles sont deux à mener la course
autant dans les chicanes que dans les lignes droites.
Le gars et la fille en couple dans le refrain, se séparent dans les
couplets, Sapphire comptant les coups ('strike 1... strike 2... strike
3'). Les 2 chantent avec harmonie et conviction.
Les refrains éruptifs filent à grande vitesse et l'enchaînement, en
dérapage, tirant sur les cordes comme sur des freins dans les virages,
force à s'accrocher à sa ceinture.
On se croirait derrière les manettes d'un jeu vidéo, plaqués au fond du baquet.
Après le baquet, 'Terminal' n'annonce pas le bac et n'arrange rien
psychologiquement, Ralph exprimant ses crises d'anxiété 'I’m terminal
for life'.
Le riff tordu, à la gratte devant la basse ronflante, met d'ailleurs d'emblée un peu mal à l'aise.
A l'arrivée du chant, les 2 notes à la guitare prennent des faux airs de Nirvana.
Le rythme ralentit et s'alourdit. Alors la batterie roule des mécaniques
sous les cris de Sapphire puis Ralph prenant le relais, avant que les
deux voix se marient merveilleusement.
'Hallelujah’s coming back! All over and over' fait remonter des crachats
sanglants (beurk!) dans le clip où les 4 musiciens, portant des
chemises d'hôpital, finissent au sol, à l'agonie.
On espère pourtant que 'Terminal' n'est pas leur état ni la fin!
Du coup, un titre comme 'Canaries' me fait un peu peur... Je me souviens d'Ozzy leur arrachant la tête! Va-t-on virer au gore?
Mais non, on reste au sec, c'est du goretex!
La composition me rappelle Sonic Youth avec son riff tendu et son chant,
parfois proche de Kim Gordon, essoufflé par une cadence agitée.
La voix de Sapphire, paniquée, court sur un fil, comme poursuivie par un
boulet de canon breedersien. Ralph intervient, plus assuré : 'Don’t
settle down don’t compromise'.
Le passage instrumental lâche la bride aux guitares larseniques,
déstructurées et saturées qui ne s'éco-nomisent pas dans leur
résonnement tourmenté.
'One by one' ouvre un peu plus sereinement, on pourrait presque penser à
la douceur de Nada Surf mais une délicieuse guitare saturée revient
bien vite nous chatouiller les oreilles.
Le chant de Ralph, seul cette fois, va de l'avant. La solidarité des
instruments, ensemble, donnent de l'épaisseur à cette belle conclusion
'Send your prayers for luck, best wishes for now'.
Ancrés dans les 90's, les Américains viennent de publier une série de morceaux enthousiasmants.
Plus matures sur ce 2è EP et libérés, ils ont trouvé la clé des menottes et choisi leur direction.
Ralph, cet EP serait-il une analyse, un exutoire? Pas de malaise
asymétrique pour moi, tu peux continuer, ça me fait du bien aussi!