Album - Nightwatchers - Common Crusades
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NIGHTWATCHERS Common Crusades 2021
Le groupe commence fort sa carrière avec 2 EPs sur le thème des dérives policières en 2016.
Trop fort, il faut attendre 3 ans pour choisir 'La paix ou le sable'.
Cette année, 'Common crusades', toujours aussi engagé, traite du
colonialisme et des dérives de nos politiciens contemporains (avec de
nombreux extraits de discours ou écrits divers).
Pareil à Zebda (rappelons 'Le bruit et l'odeur' de Chirac), mais
différemment(!), les toulousains dénoncent racisme et anti-islamisme
catégorique, les N W avec une froideur frontale, contraire à la chaleur
festive de l'accent du Sud (vu que c'est en anglais).
Musicalement, je les rapprocherais du début des Clash, des Dead
Kennedys, avec une pointe de Buzzcocks ou des Undertones. Les gars
citent plus volontiers, les Ramones et Misfits.
Tout se dit dans l'urgence, en moins de 30 minutes pour 10 titres, avec un style hargneux de punk mélodique.
Les frondeurs :
David Mareau - Basse, voix
Freddy Coste - Batterie
Julien Virgos - Guitare, voix
Kevin Keisovsky - Guitare, voix
La pochette, gérée par Freddy, fait dans la sobriété monochrome.
La statue du cardinal Lavigerie, brandissant une croix à deux branches
(prise en photo à Bayonne), symbolise bien le contenu de l'album.
Le texte, figurant à droite, s'extrait de 'L'armée et la mission de la
France en Afrique' (discours prononcé dans la cathédrale d'Alger, le 25
avril 1875, pour l'inauguration du service religieux dans l'armée
d'Afrique, par Mgr l'archevêque d'Alger Charles Lavigerie).
On évoque l'homme, en particulier, pour ses positions anti-esclavagistes.
La face A concerne la période coloniale et la Face B, la période contemporaine :
1.For the Sake of the People and the Nation 03:01
2.The White Fathers 03:02
3.No Matter Who "Osei Kofi Tutu I" Is 02:04
4.1905 & The Muslim Exception 02:14
5.A Not-so-Secular State Culturalism 03:34
6.The Phantom Menace 03:32
7.G. Kepel President Whisperer 02:27
8.Dismissed 03:28
9.Their Turn Trying to Rule the World 02:29
10.Just a Matter of Time 02:26
Enregistré par Matthieu Zuzek
FACE A : La période coloniale
'For the Sake of the People and the Nation'
Démarrage sec, pied au plancher. Des roulements sur les toms bousculent
le riff droit et saccadé. Finalement, sous les guitares, la basse trace,
simple puis attractive sur le refrain.
Les voix scandent les paroles avec la vigueur de la conviction, n'hésitant pas à pousser les choeurs à battre le fer.
'The White Fathers' ralentit le riff d'entrée et découvre une mélodie
poppunk qui rappelle les années 80's des Porte-Mentaux ou Shériffs.
Sur le rythme marqué et répétitif, la basse entraînante, la guitare
intensément brossée, la voix de tête et les choeurs s'en donnent à coeur
joie grimpant en ouou-whaha et autres whouhou.
C'est même une pointe de synthé sucré qui clôt l'affaire.
'No Matter Who "Osei Kofi Tutu I"' s'élance sur un rythme tribal et
binaire typé keupon. Evidemment, l'énergie déborde et les textes,
harangués, fouettent.
Les accords froids à la guitare rendent le morceau encore plus dur.
'1905 & The Muslim Exception' à l'inverse, fait dans le tube punk.
Le rythme rectiligne laisse la guitare tracer la mélodie par un riff
mémorable.
Le clip, en noir et blanc, filme les musiciens en action brute et sobre.
Le refrain, chanté à plusieurs, donne envie de participer en criant et
sautant sur place.
L'encha$inement sur le titre suivant se veut autant musical que thématique.
'A Not-so-Secular State Culturalism' ouvre par une guitare saturée qui
claque ensuite un riff simple et efficace devant les métronomes batterie
sèche et basse bulbée.
Le mouvement passe du vif et mélodieux au sombre et lent avec une
guitare sauce piquante. Le final, en drame glaçant, favorise même le
headbanging (influence Ulver avouée).
FACE B : La période contemporaine
'The Phantom Menace', avance inexorablement. Le déroulement musical,
tendu, fait crisser tous les instruments en marcher commun. Si certains
faiblissent, la batterie se charge de les invectiver.
Un petit passage, cold wave, surprend, par une guitare et une voix
réverbérante (presque Marquis de Sade). Puis guitare rapide, voix
principale et choeurs se rebellent.
'G. Kepel President Whisperer' C'est ici que la fureur punk atteint son
paroxysme : dénoncer, hurler, jouer vite et fort et foncer (sur la trace
des Dead Kennedys).
Juste une pause à la basse tremblante, pour reprendre son souffle, et la
relance, toutes guitares dehors, emmène les voix jusqu'au bout.
'Dismissed' combine superbement 2 riffs différents, en introduction à
une incantation posée et convaincante. Le morceau file, droit et juste,
porté par une mélodie évidente sous les coups de boutoir de la batterie
imperturbable.
'Their Turn Trying to Rule the World' enchaîne, sans reprendre son
souffle, dans un rythme chevauché et un ton identiques au titre
précédent.
La basse tourne en boucle, comme une machine à laver en mode essorage,
et ne s'arrête jamais. Après un démarrage très rectiligne et un stop,
les voix multipliées et toniques invitent un peu plus de mélodie, à
laquelle répond la guitare qui varie ses airs.
'Just a Matter of Time', temps qu'ils n'ont pas ces jeunes gens pressés! On se croirait assis sur la selle d'un cheval.
Tel un marteau, la batterie donne le ton sur un rythme plutôt élevé. Le
couplet enfonce le clou. Le refrain, au chant exalté, apporte force et
détermination.
L'album respire la spontanéité. La tonalité, pêchue et assez
accrocheuse, pourrait presque être joyeuse si on ne savait pas ce qui se
cache derrière les paroles.
Les veilleurs de nuit, jusqu'au-boutistes, partent en croisade et règlent leurs comptes.
Le côté direct, parfois post-punk, ne laisse pas le temps de s'ennuyer.
Avec des morceaux urgents allant de 2'30 à 3'30, le compte est bon.