Album - Cellar Twins "Duality" ' (re-release)
Rockshots Records
NoPo
CELLAR TWINS Duality réédition 2021
Venus de la belle Namur en Belgique ('Namuur toujours Namuur' chante
Johnny), voici Cellar Twins (derrière les portes du pénitencier?).
Jeff Sternon (Guitare) et Francesco Damanti (Batterie) se rencontrent
dans un groupe aux orientations pop et décident de se lancer en 2014
dans cette aventure plus musclée.
Pas vraiment des potes de taule, mais le nom leur semble approprié pour 2 headbangers répétant dans une cave.
Le groupe ne se libère qu'en 2016, avec l'arrivée de Elodie Vainqueur
(basse, parents profs de musique et prof de trompette elle-même, avec
elle c'est gagné d'avance!), recrutée sur une petite annonce griffonnée
dans une grande surface et Carl Kubinsky (chant et guitare), intrigué
par un message publié 6 mois plus tôt sur internet.
Les taulards en profitent pour sortir de la cellule, un EP en 2017. 2
ans plus tard, un financement participatif paye la caution et leur donne
les moyens de défendre 'Duality'. David Annenkoff (embauché via
Facebook) remplace Francesco en Juillet 2020.
Curieusement, les twins (devenus quatuor) rechutent en 2021. Leur deal
récent chez Rockshots records permet, en effet, la réédition du disque
précédent pour communiquer, programmer des dates de concert et
distribuer leur musique plus largement.
Bégaiement? Répétition (nécessaire pour le live!)? Ou vrai démarrage?
Les musiciens citent l'influence de Avenged Sevenfold et Alter Bridge. J'y ajouterais quelques pincées de Muse.
Leur style se caractérise par un son de guitare moderne et épais, une voix claire et une colonne rythmique puissante.
Jeff compose la plupart des morceaux et Carl participe à l'écriture des
textes qui parlent de luttes dans la vie avec des paroles suffisamment
généralistes pour s'adresser à tous.
Le contenant :
Une pieuvre géante et rougeoyante, à 8 tentacules menaçants, semble
protéger un papillon scintillant dans un ciel étoilé (artworks by
Chromatorium Music de Quimper la bretonne et oui, Namuur toujours
Namuur!).
'Coexistence de deux éléments de nature différente' traduit 'Duality', l'objet de la rondelle.
Le contenu :
1. Millenium
2. Molotov Parade
3. Cloud Walker
4. Selfear
5. Social Waste
6. Antithesis
7. Wovoka
8. Tales of autumn
9. $olace
10. Promesse
11. Namazu
Mixé par Jeff Sternon et produit par Cellar Twins
https://soundcloud.com/cellart
'Millenium' Le titre ne fait pas dans l'originalité car le terme parsème
le net comme autant de références de films, livres, jeux, noms d'albums
ou de chansons. "Règne terrestre du Messie avant le jugement dernier".
Rien à voir avec le texte, un peu ésotérique, qui ne nous éclaire pas
vraiment. Le clip (tourné au Château de Lavaux Sainte-Anne) possède un
joli côté médiéval gothique, pas plus dans le thème.
Après une amorce ébouriffée par un souffle orchestral, le flux musical dégage beaucoup de puissance, sans oublier la mélodie.
Carl Kubinsky, cheveux rouges, délivre un chant fiévreux et de mauvaise
humeur. Batterie et basse cognent et forment un bloc inébranlable.
La guitare de Jeff Sternon signe un riff métal percutant. Le passage,
faussement calme, au milieu du morceau développe une pression vicieuse
amenant un moment de folie étonnant.
'Molotov parade' se boit en cocktail évidemment. Entamé sur une
rythmique lourde, le titre s'élance avec un riff droit sur la batterie
rapidement explosive ('Molotov' toi même!).
La surprise réside dans les choeurs inattendus, sur un moment tendu, et qui se taisent à mi-chemin.
La guitare tire son épingle de son jeu, inventive, variée, parfois
dissonante, toujours vive, le tapping produisant un jus délicieux.
La basse, dont les cordes semblent parfois frappées, la soutient
constamment avec force. Le chant passe allègrement de l'énervement à
l'harmonie. Imparable!
Mis en avant par une vidéo, au bord d'un lac, live Unplugged, en ligne
Août 2020, 'Cloud walker', à 2 arpèges imbriqués dans sa version studio,
prend des airs de désert au bon souvenir de Pearl Jam ou Soundgarden.
On note le décalage de l'arrivée de la batterie à plus d'une minute, pas
contente, elle s'énerve. Puis le ton, lancinant, laisse une guitare
plaintive et aérienne chevaucher les nuages.
Le chant s'apparente à celui de James Labrie (Dream Theatre). On pourrait presque qualifier l'ambiance envoûtante de stoner.
Le titre "Selfear" parle de ce qu'on l'on montre par rapport à ce que
l'on est vraiment et les craintes intérieures provoquées par ce décalage
(Self fear).
Après une ouverture à l'arpège évanescent, l'instrumentation, toujours
punchy, alterne couplets sombres et refrain catchy avec changement de
cadence.
La vidéo filmée en noir et blanc, dans un cadre de d'arcades et de vieilles pierres, augmente l'intensité du titre.
'Social waste' surprend par ses choeurs en 'na na na na na na' décalés,
incitatifs et tournés vers le live sans distanciation sociale. Le chant
reste assez forcé, parfois proche de la rupture.
Le riff et la guitare lead se positionnent dans une tendance plus rock traditionnel, rompant avec le style de début d'album.
On y revient au mastic avec 'Antithesis'. L'orchestration invite, de
nouveau, gros riffs et grondements. On y trouve aussi des choeurs assez
virils.
Les accords mineurs développent une atmosphère sombre simplement
illuminée par un solo de gratte. Un passage scandé prend des intonations
hardcore.
Des sonorités de violoncelle ouvrent 'Wovoka' prolongées par des
percussions électroniques. Les choeurs harmonieux et le placement de la
voix me font penser à Placebo.
Un passage planant, travaillé de belle façon sur le plan rythmique,
tombe à point nommé pour agrémenter la composition plutôt mélodieuse.
'Tales of autumn' ralentit dans un tempo trainant au climat moite
grungy. Les accords de la guitare rythmique, en mode électro acoustique,
et la lead plaintive se mélangent tendrement.
La batterie, tranquille, n'intervient que tardivement. La voix se
dédouble et s'assombrit, par instants, lâchant même quelques
chuchotements inquiétants.
Le long solo de guitare aussi épique que somptueux, dynamise le final.
$olace" démarre, sur les chapeaux de roue, dans une orientation prog-metal. Le dollar dénonce l'illusion du confort matériel.
Energique et entraînant, l'ouvrage technique remporte la partie sans difficulté.
'Promesse' en français dans le texte, propose, en entrée, une guitare
sonnante couplée à une voix nasillarde et douce. L'instrumentation
s'épaissit ensuite, musculeuse, dans un magma séduisant à basse slappée.
Un effet clair-obscur, rempli d'éclairs scintillants et de choeurs
élégiaques, donne des sensations tristes jusqu'à la déchirure... de
toute beauté.
'Namazu' ajouté au tracklisting original, s'apprécie en clip https://www.youtube.com/watch?
La voix, inquiétante, avance sur un filet de gratte, comme un reptile
rampant, puis la guitare crache son venin poussée par une basse
grondante et des frappes orageuses.
Les textes s'accordent 'Somewhere beneath the ground it's calling I bet you fear it too'.
On sent que Cellar Twins aime le pop-rock grandiloquent, le grunge et le
métal pur. Il s'y promène dans un mélange métallique brillant et
attractif.
De la motivation et de la variété, les musiciens n'en manquent pas, il
suffit d'écouter leur interprétation pleine d'énergie : chant intense et
modulé, guitare technique et bagarreuse, basse tonique et liante,
batterie roulante et bavarde.
Le combo continue son activité incessante (réaction à leur période
d'enfermement trop longue?), par le tournage d'un nouveau clip au
théâtre de Namur.
On attend, avec curiosité, la suite de leur orientation après
murissement / patine durant près de 3 ans et nul doute que les cavistes
savent faire vieillir leur breuvage dans de bonnes conditions.