Album - Adiant – Killing Dreams
Black Sunset
( NoPo)
ADIANT Killing Dreams 2021
Le death metal ne m'accroche pas souvent bien que je lui reconnaisse un
aspect technique certain et, contre toute facilité, une volonté farouche
de recherche artistique... comment dire? Particulière ...
Je m'en suis approché, timidement, par Moonspell (en 98), puis Paradise
Lost, Children of Bodom et Soilwork et je ne lui ai jamais fermé la
porte (devrais-je dire, je ne l'ai jamais enterré? Il aurait aimé!).
Cette ouverture laisse entrer quelques extraterrestres tel que Adiant,
dont la musique ne s'adresse pas à Dieu. Bon, j'en conviens, je joue
'ptit bras', du Melodic Death, c'est plus 'gentil'!
Les 5 musiciens ne viennent pas de Vienne mais du land de Styrie en Autriche, pas loin de la Hongrie et de la Slovénie.
Patricia Gschier - vocals
Felix Gschier - bass, vocals
René Stoecklmair - guitar
Lizzy Siebenhofer - guitar
Marcus Kürzl - drums
Ils initient leur projet en 2019, au meilleur moment(!), juste avant le
Covid. Un signe? Une force? ADIANT signifie 'désir' (aussi jalousie, pas
Adieu), dans l'étymologie celtique.
'Killing dreams' pour un groupe plein de désirs, n'incite pas à la gaieté.
On cite Tristania, Leaves Eyes, Epica (et pis quoi encore?). D'accord
pour la combinaison métal voix death, voix claire sauf que Adiant ne
joue pas sur le côté gothique d'origine du 1er, ni le viking (récent) du
second, ni le prog du 3è.
Avec des ni, ni, ni, on obtient une trame musicale franche du collier,
plus rock, tout en restant métal (genre Paradise Lost finalement). C'est
clair non? Enfin, c'est définitivement death avec éclairs quand même!
Patricia Gschier (ça marche au scrabble?) et son frère Félix (arrivé de
Darkfall au printemps 2020) dirigent l'équipe par l'écriture des
textes, le chant et une partie de la musique élaborée aussi avec le
reste du groupe et Thomas Reinisch, le producteur.
Patricia possède d'autres compétences puisqu'elle dessine la pochette.
Elle sera 'Rouge' tranche violemment Patricia! Baignant dans le sang,
les trames griffonnées, noires suie, essuient tout optimisme.
Un enchevêtrement de corps d'animaux cauchemardesques recouvre le fond :
serpents ou oiseaux venus de l'enfer, pattes griffues, bois et cornes,
becs, têtes énuclées ou à l'oeil exorbité.
Les intitulés, blanc linceul saisissant, tracent des arabesques gothiques.
Les textes traitent de critique sociale, d'événements environnementaux et de maladie mentale (A votre santé!).
Sommaire
1. Coronation
2. Killing Dreams
3. Hiding Place
4. Give Us A Voice
5. Beloved Distance
6. Lighthearted
7. Burning Bridges
8. Psychosis
9. Insatiable
10. Witches Dance
Recorded and mixed by Thomas Reinisch at Redhead Studios
Mastered by Philipp Wilfinger at Audiophil
Bandphotos by Richard Griletz www.richard-griletz.net
Backing vocals "Give us a Voice" by Caroline Gschier
Cover artwork and layout by Patricia Gschier
All Music by Adiant and Thomas Reinisch
Lyrics by Patricia and Felix Gschier
Plein d'assurance, Adiant débute le couronnement par un riff autoritaire
déchirant. 'Coronation' lance brutalement une attaque surprise.
Ce qui frappe d'emblée réside dans un son aéré et rentre dedans et cet alliage puissant voix claire, voix death.
Le chant guttural tapisse l'intérieur profond donnant une dimension
supplémentaire et le chant de soprano module au 1er plan. Les deux
suivent la mélodie dans une étrange harmonie.
La soprano prend souvent la parole, mais polie, elle laisse aussi la grosse voix s'exprimer.
La batterie balance constamment des grenades explosives, cassant les angles que la basse arrondit.
'Killing dreams' fouette un battement de guitare à cordes détendues
(mais pas les auditeurs). Une deuxième guitare, plus imposante,
l'interrompt jouant les mêmes notes.
Patricia varie les nombreuses possibilités de sa voix dramatique. Son frère, jaloux, growle drôlement.
Cette ambiance d'ombres fantomatiques donne des airs d'opéra death du plus bel effet.
C'est à nouveau un battement de cordes à l'allure mélancolique qui
introduit 'Hiding place'. La batterie donne le top départ et on entend
nettement les cymbales tintinnabulantes.
La chanteuse confirme la tristesse par une coloration mezzo-soprano en
duo avec le monstre. La composition prend ensuite une tournure
solennelle, au seul chant féminin, que le refrain bouleverse.
A son approche, l'enchevêtrement des voix reflète le dessin spectral de la pochette.
Le riff profond de 'Give us a voice', très légèrement dissonant, conduit
au paradis perdu anglais. Le tempo, plus lent, alourdit l'atmosphère
plutôt doomy.
La cantatrice appuie longuement les syllabes. Le duo des voix
antagonistes apporte la flamme à ce morceau... give us two voices...
Un arpège, des cymbales, un deuxième arpège... décidément Adiant ne se
lasse pas des entrelacements. L'intro la plus longue de l'album nous
amène en balade cosmique.
Patricia chante, comme un ange en méditation, au point que son frère
n'ose intervenir. Elle atteint des notes parties au bout de la galaxie,
Octave m'entends-tu?
L'envoûtement s'opère par petites touches en trémolos. Une piste (la
plus longue) grandiose, carrément à part des autres, par son aspect
gothique et son solo de guitare atmosphérique.
En contrepied, 'Lighthearted', nous entraîne vers un loup garou sous la
lune, avec un riff et une rythmique tendus et rapides, Moonspell es-tu
là? Oui, excepté que la voix claire, quasi seule, mène la barque au
Rubicon pendant un bon moment.
Le hurlement de Félix intervient sporadiquement à bon escient. Quand les
2 guitares se mêlent, une grande musicalité de style occulte recouvre
la plage.
Ne coupons pas les ponts ils brûlent déjà sur 'Burning Bridges'! Phrase
de rupture entre la belle et la bête? Drôle de composition très
théâtrale, un peu égarée, surprenante! Beaucoup de changements et de
dénivelés épuisent.
Le riff déroute aussitôt par une mélodie sinueuse, coupée par des
phrases monocordes avant d'entendre la grande prêtresse diriger la
cérémonie.
'Insatiable' de riffs, Adiant l'est certainement. Celui-là, urgent, semble contenter Patricia, aux anges.
Félix grogne pour obtenir sa part de gâteau, mais il est souvent laissé
de côté et ça l'énerve, il veut tout découper (de là à appeler Patricia,
'Zézette épouse X', il n'y a qu'un pas, vu que le Père-Noël est une
ordure!).
Le développement se veut insistant, têtu et bref dans un monde à la Paradise Lost en mode rapide.
Un claquement sec accompagne un nouveau riff répétitif rapidement
superposé. Ah, une fois n'est pas coutume, un léger clavier
tourbillonnant produit un emballement délicieux et pourtant les guitares
restent les patronnes.
Les 2 alouates commencent ensemble mais la femelle prend encore le
dessus. Quelques murmures sifflent insidieusement. 'Psychosis', un
trouble avoué?
Les roulements menacent Max et atomisent tout ce qui bouge. Les guitares
les chevauchent et essaient d'embrocher ce qui s'approche trop près
mais Patricia, agile, change de trajectoire à sa guise dans une 'Witches
dance' totalement maîtrisée.
L'énergie dégagée prend à la gorge dans une tension constante. Beau final représentatif des grandes capacités du groupe.
Les 3 derniers morceaux s'évanouissent en un clin d'oeil, les 3 minutes paraissant tellement courtes dans l'essentiel.
Un premier album peu commun qui s'écoute d'une traite (la vache!).
Parfaitement calibré sur 36 minutes passant en un éclair, il produit une
énergie tumultueuse suivi d'un impact fulgurant.
Des guitares en veux-tu en voilà et quelle voix!
Enjoy! ça s'écoute ici https://adiant.bandcamp.com/re