Album- Fugatta - The Darkest Planet
Shamash Records
NoPo
FUGATTA The darkest planet 2021
Ces musiciens mexicains viennent de Guadalajara, bien connu des supporters de foot français.
Pas de polyuréthane rond ici, on parle ici de métal pur à 2 cornes dont
les latins sont friands (moi itou mais suis-je latin? Dissertation
philosophique de ma soirée).
Formés en 2007, après pas mal de mouvements, ils sortent 2 albums :
2011 Mystic Kingdom
2019 Tales of a new century
Le line-up 2021 se stabilise autour de :
Daniel Viña voix,
Hugo Medina basse,
Homero Lezama claviers,
Eusebio Medrano guitare,
Ignacio (Nash) Salmeron batterie
Il y a de la place pour tout le monde sur cette plaque volontiers partagée avec des invités pléthoriques :
l'italien Ivan Gianini (Vision Divine), l'espagnol Alberto Rionda
(Avalanch), les mexicains Nelson Quirarte (Insertion Loss), Lilith
Mendoza, Christian Vázquez.
ainsi qu'un véritable chœur lyrique de leur ville :
Director: Jesús Hagelsieb. Pianist: Antonio Quiroz.
Altos: Isabel Enríquez, Amelia Díaz y Lizette Sánchez.
Sopranos: Laura Echeagaray, Mayra Rosas, Ivón Abraham, Alejandra Luna y Rocío Torres
Tenors: Ezequiel Zavala, Enrique H, Jesús Hagelsieb y Carlos Villegas.
Basses: Santiago Hermosillo, Sergio Chávez y Adolfo Espinoza
Des tons bleus dominent le beau design, couleur de notre planète,
contenue dans une bulle sous la mer d'où dépassent ... des pyramides. Le
logo très réussi de FUGATTA, mêlant pointes et arrondis, flotte sur les
vagues.
Une femme, à robe blanche, semble vouloir protéger l'intérieur de notre astre.
D'après l'excellent blog breathingthecore.com c'est la déesse mère Gaïa. L'eau représente la vie et les pyramides, l'âge du monde. S'ils le disent ...
Track list:
1.- Overture XXI
2.- The Dark Land We Belong
3.- Sons of Syria
4.- Beyond the Light
5.- Slaves of Heaven
6.- Gates of Atlantis
7.- Lethal Virus
8.- Metal Invaders
9.- Duality (The Inner War)
10.- The Freedom of my Spirit
11.- The Dark Land We Belong (Spanish Version ft. Alberto Rionda)
12.- The Metal Invaders (ft. Ivan Giannini)
The album was mixed by Domingo Trujillo at Dirty Box Studio and mastered by Matias Kupianien (Stratovarius) at 5 by 5 studio.
Ces titres épiques, un choeur lyrique, une belle pochette onirique, ce
petit côté Heroic fantasy, bon sang, mais c'est bien sûr (commissaire
Bourrel)!
Moi je me pique de le savoir (Jacques Lanzmann), il s'agit de métal
symphonique plus huilé que burné, au concept basé sur les maux du monde
actuel.
Flûtes alors! Un orchestre? Des choeurs? Voix de diva? ça en jette cette 'Overture XXI', typée B(ande) O(riginale) (de) F(ilm).
Pas là pour rigoler, Fugatta dégaine l'artillerie double pédale,
guitares laser, claviers rutilants. Ces 2 instruments phare se passent
le relais pour toujours plus d'acrobaties.
Les 'who-oh-oh-oh' des choeurs ajoutent, sans stress, des traces de
strass. Chacun y va de son show, le plaisir devient finalement
communicatif, et le strass diamant.
'The Dark Land We Belong' présente le groupe tel qu'il est :
enthousiaste, agile, efficace, sincère, généreux. Les textes parlent de
la protection de notre monde par Gaïa.
J'en apprécie la reprise, en fin d'album, et en version espagnole, avec le guitariste Alberto Rionda.
Nous sommes las, les armes crépitent. Le chant de bataille reste
pourtant serein et l'instrumentation limpide. Effectivement, les paroles
militent pour la paix et contre les militaires ou militants fanatiques.
'Sons of Syria' offre l'occasion de s'exprimer à une guitare flamenco et
des percussions médiévales. On ne peut s'empêcher de penser à Angra
avec ses empreintes de musique brésilienne traditionnelle.
Une voix de monstre lance un passage démonstratif avant une fin plus apaisée.
Et reflûtes, pour ouvrir 'Beyond the light', accompagnées d'une guitare
acoustique. On retrouve rapidement la combinaison gagnante clavier /
guitares en rotation sur une allure confortable.
Les vocaux se promènent sur la belle mélodie et se renforcent, parfois
en se multipliant. Quelques zébrures de gratte par un sombre héro (!),
me rappellent 'Rime of the Ancient Mariner' d'Iron Maiden.
La batterie bétonne protégeant les arrières. Les guitares se croisent et
s'entrecroisent dans un échange effervescent de tous les instants et le
clavier surfe sur la vague.
Le cadre du clip, devant un fort, en bord de mer (île de Mezcala),
ajoute une touche de beauté, se mariant parfaitement avec un thème
d'optimisme spirituel (même si les musiciens se retrouvent à jouer leur
solo dans une espèce de prison).
'Slaves of heaven' autorise toute latitude à l'emphase en profitant des
choeurs lyriques dans un rythme saccadé. La chanson dénonce
l'enfermement religieux.
Le refrain, particulièrement bien construit, procure un réel entrain. Un toccata de clavier virtuose virevolte.
Les guitares entrelacent riffs et solos foudroyants.
'Gates of Atlantis', à l'intro très néo-classique, possède une saveur
malsteenienne. Elle offre un écrin aux guitares et claviers qui ne
lâchent rien. Quel rythme échevelé quelle fougue!
Aucune lassitude! Cet instrumental surprend par sa courte durée de 3
minutes (ce style étant plutôt enclin à de longs développement) générant
une folle excitation.
'Lethal virus' ralentit (enfin) sombrement le pas. Le titre correspond à un adieu face à une maladie mortelle.
Le chant déstabilise par son ton parfois (trop?) bas (dû à la faiblesse virale), beaucoup plus à l'aise, dès qu'il s'élève.
C'est la chance aux (chan)sons de violons et piano et même de clavecin très attrayant.
La guitare, telle l'épée de Zorro, zigzague et, à la fin de l'envoi, touche (ah ben, c'est Cyrano!).
'Metal invaders' rappelle les accélérations soniques de Stratovarius, la
double pédale s'en donne à coeur joie. Après l'intro, telle un ouragan,
la basse dégage un souffle. Elle impressionne par sa vitesse d'action
et un son métallique très plaisant.
Les claviers vifs et virtuoses et les effets orchestraux accrochent
joliment l'ouïe. Le chant doublé, et parfois en canon enivrant, se plait
sur cette cadence rock rapide.
Cette invasion métallique n'a rien à voir avec le genre musical mais
s'interroge sur les effets pervers de l'automatisation par la robotique.
En duo avec le chanteur Ivan Giannini, la version alternative, en fin d'album, est encore plus explosive.
'Duality (The Inner War)' ou le bien et le mal dans un même être. On
retourne sur un circuit rapide avec des guitares montées en parpaing sur
un rythme quasi samba. Le son de basse agit comme une bulle
enveloppante.
Exceptionnellement, une 2è voix, poussée dans son grain râpeux, hurle
son irritation. Les instruments dégagent un fort esprit de solidarité et
d'équilibre, très agréable.
Un synthé kitsch signe l'intro de 'The Freedom of my Spirit' (la liberté
de mon esprit). La vitesse de la lumière est celle de croisière pour
FUGATTA.
On la retrouve ici avec une batterie aux taquets. Guitares et claviers rivalisent d'arabesques éclatantes.
Les choeurs lyriques, par leurs 'who-ah', apportent un air viril décalé et somme toute très rafraichissant.
FUGATTA ne fait pas le choix d'innover, son admiration du power metal
restant évidente. On sent bien quelques épopées d'inspiration Rhapsody,
Stratovarius, Angra...
50 minutes dont 2 morceaux repris dans une version différente, la durée
demeure modeste pour cette catégorie musicale (avec des plages d'environ
4 minutes, hors titre d'ouverture).
On arrive même, parfois, à être déconcertés et trouver ce moment presque
trop court. On ne peut pourtant pas leur en vouloir, l'inverse pouvant
provoquer parfois l'ennui.
A l'inverse, le résultat réussit à nous séduire grâce aux guitares et
claviers magnifiques et ce choeur lyrique carrément dopant sur certains
passages.
Taratata, pas de prorata ni de duplicata, Fugatta répond aux desiderata des aficionados du power symphonique.