samedi 29 janvier 2022

Pandapendu « Pandapendu » EP

 Pandapendu « Pandapendu » EP

 

Upton Park

( NoPo)

 Yann Olivier c'est Craftmen Club, Thomas Howard Memorial, Stade... Le goéland du Goëlo, qui se risque en Argoat, perd ses plumes mazoutées et laisse pousser ses poils soyeux.
Une solide amitié avec Elouan Jegat à la prod. (Skopitone Cisko, Stade, THM) et l'Australien voyageur/poète de Binic (ou inversement) aux textes (Dewaere, Le Super  Homard) couplée à l'interprétation musicale de Thomas Kerbrat (THM, No Pain No Pain, Tiger and The Homertons, JMK...) à la patterie et Grégory Perrochon à la basse, libèrent le côté ensoleillé de Yann qui se lâche dans Pandapendu
Adieu la tristesse du Pendu Yann, bonjour la douceur aimable du Panda Yannou! A ne pas confondre quand même avec Pandi Panda de Chantal Goya. Gentil oui mais ya des limites! 

Le gars monte le truc il y a un an seulement et s'essaie au live dans le coin (Binic, Plouha... Saint-Brieuc http://www.concertmonkey.be/reports/pandapendu-session-live-radio-activ-%C3%A0-bonjour-minuit-saint-brieuc-le-4-novembre-2021).
Ce 28/01/2022, après les clips 'Ruskov' et 'Vaporise' et après le zoo de Beauval, le panda accouche d'un EP 5 titres (produit par Elouan JEGAT et masterisé par Sebastien LORHO).

L'esthétique du visuel, imaginé par Laurent Guillet, attire l'oeil et le bon (celui qui apprécie). Dans un couloir exigü, aux murs mats, et qui connaît les échecs, l'ectoplasme du panda déclenche une ondulation arc-en-ciel.

'Ruskov' entre carrément dans le cadre du tube (ça a un cadre un tube? Remarque oui, un vélo en a bien un!). La ligne de basse gonflée et sautillante (aussi classe qu'un disco à la New Order) marque un rythme chaloupé sous le motif dessiné par Thomas.
L'animal (we are) plane au dessus de sa voix fragile et sereine qui voit double au final. La mélodie lumineuse file sous une pluie de notes de synthé et quelques apparitions de mellotron dont Yann est friand.
La vidéo (Grinderz House, Antoine Le Guevel) filme un road trip passant allégrement d'une Jaguar à un caddy et retour, featuring l'homme invisible et 2 skateuses voleuses.

Dans 'Vaporise', Yann change de monture. L'ambiance musicale rappelle un peu Thomas Howard Mémorial en plus joyeux, l'effet Panda sur Solex sans doute. Dans ce clip (du même shooter), clin d'oeil au caddy, toujours présent, mais occupé cette fois par Elmo (Rue Sésame).
La caravane Diamant accueille les potes Yann et Elouan qui a préféré le poney au solex. La mélodie transpire le bonheur d'une amitié. J'entends la voix d'Elouan se mêler avec ravissement.
Le clavier tintinnabule sur une cadence au trot. Un envoûtement total du début à la fin.

La plage 'Summertime' souffle aussi chaleureusement que son titre. Une pop raffinée déroule avec beaucoup de naturel. Thomas travaille son pattern en rupture et Gregory, économe, place ses notes en harmonie.
Le clavier occupe discrètement les espaces et les vocaux de Yann prennent paresseusement le soleil. Quelques petits gimmicks électros amènent un air insouciant et guilleret.

L'intro de 'Falling in love with you' ressemble à l'esprit de Maxwell (qualité filtre, pas la peine d'en rajouter!) avec cette sonorité kitsch et ce son de trompette décalé.  On y ressent un flegme britannique 'down under' même sans la voix du crooner.
Perchée, décontractée, la mélodie défile sans heurts. Basse et batterie jouent simple et collectif. Seul le clavier se permet quelques excentricités.

'My tragi-comic mystery' (paroles David Michael Clarke) prend une voix plus basse. D'ailleurs, la basse ronde d'abord avec la batterie en ondes dans l'eau, flirte ensuite, main dans la main avec des nappes de clavier évanescent.
Le développement va crescendo, les claviers escaladant la mélodie et Yann montant plus haut. Un instant de grâce merveilleux.

Cette musique, remarquable, faussement facile, mérite une écoute quotidienne et une diffusion cosmique.
Elle agit comme un vaccin contre la morosité. Tant qu'à se pendre, faisons le par les pieds, le monde est plus beau à l'envers.
Le panda a tout compris, on peut se pendre à son cou. Dans un cadre de vie assombri, il faut savoir se réfugier près de nos certitudes, l'amour et l'amitié.