The Banging Souls au Rideau Rouge- Ohain, le 30 juillet 2021
Mitch Zoso Duterck
THE BANGING SOULS: Le Rideau Rouge, Ohain, Belgium (Friday, July the 30th 2021)
La dernière fois que je les ai accompagnés en concert c’était en plein confinement, le 17 octobre 2020 à l’occasion du Deb Fest # 3 au Foyer Culturel de Chênée. On sentait bien que tout cela allait bientôt finir, inéluctablement, pour cause de Covid, dont acte dans les jours qui suivirent. Longue période de disette, gestation de 9 mois et enfin, c’est le retour de la culture ou plutôt à la culture. Les autorisations sont encore bien difficiles à obtenir, quant aux conditions de prestation, c’est pratiquement aussi facile que de composer un menu aux bornes d’un Mac Do un soir d’affluence quand tu as vingt personnes qui trépignent d’impatience dans ton dos.
Bref, pour renouer avec notre passion, Phil, Mono, Marc et moi embarquons dans le dernier modèle SUV de chez Seat dont le tableau de bord fait passer celui de l’Airbus A320 pour un modèle d’entrée de gamme de chez Lego Technics. Quand il y a de la musique, tu ressens ce que les fêtards éprouvent en débarquant à Ibiza, sauf qu’ici y a pô d’gonzesses qui moussent, troussent, se trémoussent, toussent, et détroussent dans de violents déhanchements, un peu comme si un lézard avait pris possession de leur string ! Comment ? Ah c’est un short ça ? Vingt dieux qu’est-ce que ça doit-être quand c’est plus court, c’est presque une incrustation alors, que dis-je, une greffe !
Soit, mon verbe s’éloigne du sujet donc, comme le disait si bien Panurge, « revenons à nos moutons et les vaches seront bien gardées » Là, je ne te garantis pas la citation (à comparaître…) ce que nous faisons avec détermination et en bloc à l’entrée qui sert également de sortie au bâtiment. L’endroit dégage un côté plaque en cuivre patiné et commémorative, du style « Napoléon a dormi ici ». Le « Kilroy Was Here » local en quelque sorte. L’accueil est très sympa et nous voici bientôt assis tous les quatre autour d’un mange debout, cherchez l’erreur. C’est aussi l’occasion de passer les troupes en revue et de saluer chaleureusement ceux et celles qui ont été vaccinés et qui ont survécu au COVID saison 1, épisode 1 à 9. Ouf, on dirait que tout le monde est là, et c’est tant mieux, c’est toujours triste de perdre des gens qui ont bon goût comme disait un ami anthropophage.
Les lumières baissent lentement (veinardes) pour faire place à un éclairage de scène Curaçao souvent bleuté et du meilleur effet (voir ma vidéo). On se pose logiquement la question de savoir si l’isolement aura laissé des marques indélébiles, sortes de cicatrices honteuses, dans le corps du cerbère musical qui monte maintenant sur les planches. La bête tricéphale et conquérante, se fend d’un sourire carnassier lorsque nous recevons les premières notes du concert en pleine face. Quelle pèche mes aïeux, c’est encore pire qu’il y a 9 mois. Une puissance aussi dévastatrice qu’un tremblement de terre. C’est à la fois compact et distinct, lourd et léger, rapide et lent, c’est l’eau et le feu qui s’épousent pour habiller chaque titre d’une gerbe de lave qui dégouline, envahit, possède et façonne un paysage musical encore plus près de Jérôme Bosch et de Dali qu’il ne l’était déjà.
Banging Souls n’a manifestement pas attendu que les choses reviennent à la normalité en restant assis sur leur séant, soupirant à fendre le cœur. Ils ont profité de l’espace qui leur était offert pour donner un nouveau visage à leur musique, de nouveaux arrangements, une sonorité encore plus directe, plus pénétrante, de nouvelles intros. Bref, c’est une tuerie en règle, « Full Metal Jacket » remasterisé, Kubrick devient Lubrique, un Vietnam version Banging Souls qui envahit tout, s’empare, conquiert, et gagne cette guerre que personne n’avait prévue. Je ne citerai qu’un titre, un nouveau brûlot dont nous avons eu la primeur en live ce vendredi soir ; « The Train ». Un morceau qui représente bien ce trio new-look, un train qui se veut à la fois petit tortillard de montagne, touristique dans la vallée du Bocq, TGV rugissant lancé à plus de 300km/h dans les plaines de France mais aussi, train de marchandises avec sa centaine de wagons tractés par trois locomotives accouplées dans sa traversée de l’Arizona. Une mécanique simple et complexe à la fois, des paysages riches et variés, une vérité nue et sincère dans laquelle chacun d’entre nous se retrouve, peu importe le moment. Banging Souls rassemble et fédère, sans jamais forcer, tout simplement parce que leur cuisine musicale est comme un grand restaurant étoilé, il faut en faire le tour et là, vous découvrirez la petite auberge traditionnelle et familiale qui se cache derrière. C’est de là que viennent les effluves les plus riches, les saveurs les plus intenses qui font de la musique de Banging Souls, le plus savoureux des menus. Gaëlle, Ludwig, Pierre, un mot : MERCI
Mitch « ZoSo » Duterck