samedi 21 août 2021

Kenleur Tour à Saint-Quay-Portrieux ( Jardins du Port), le 20 août 2021

 Kenleur Tour à  Saint-Quay-Portrieux ( Jardins du Port), le 20 août 2021

 

 Le Kenleur tour est un spectacle itinérant  organisé par les fédérations départementales de danses bretonnes, il met en valeur  la richesse des cercles et bagadoù départementaux.

 La confédération Kenleur est  issue de la fusion des fédérations de cercles celtiques Kendalc’h et Warl’leur, nées en 1950 et 1967.

L'unification a pris court en 2020, les activités des deux ligues ont pris un coup de frein en 2020, année de la pandémie, mais elles ont repris lors de l' été 2021.

Du 12 juillet au 22 août, une caravane culturelle ( Airstream de 1975, transformée en scène ambulante) sillonne la Bretagne, 53 étapes sont prévues.

En ce 20 août, la smala fait escale à Saint-Quay-Portrieux.

Le programme est copieux, il débute par une balade contée en matinée, puis viennent les animations pour les enfants et enfin  dès 17:30', le cercle de Saint-Quay-Portrieux ente en action.

Le menu du jour, servi avec le sourire....

18h : CONCERT
Piau de bique
Gwen et sa Rémi Martine trio
War-Sav
Bagad de Saint-Quay ( Bagad Sonerion Sant Ké )

20h : FÊTE DE LA FUSION
Défilé de danses et costumes avec les associations de Kenleur Côtes-d’Armor

21h : CONCERT
War-Sav
Stéphane & Michel
Awen An Douar
Modkozmik

 

17:50: pile ou face,  Guingamp ou Saint-Quay-Portrieux.

La pièce ( un franc de 1990, avec la semeuse) indique Saint-Quay, le Fest Deiz débute à 18h, tu seras vachement en retard en quittant ton chez toi à 18:20'.

Le temps de garer ta charrette, de redescendre vers le port, d'exhiber le désormais inévitable pass, il est 18:45 lorsque tu pénètres dans l'enceinte entourée de barrières, car les non-vaccinés se voient refuser l'accès de l'espace qui ressemble de plus en plus à un jardin zoologique.

Un peu sinistre de voir les pestiférés contempler les privilégiés tourbillonner face au premier groupe de l'après-midi.

Heureusement, nous n'avons aperçu aucun écriteau' Défense de nourrir les animaux', mais nous commençons sérieusement à ressembler à des babouins et des guenons!

Sur scène Gwen et sa Rémi Martine, en formule trio, ont entamé les derniers grains de leur chapelet, la piste de danse ( merci Monsieur le Maire pour le beau plancher), fait le plein, normal, après un an de privations!

 Un Breton sans Fest-Noz c'est comme Tarzan sans Jane!

Donc,   Gwenola Larivain, jolie robe,  ( pas vu de bombarde pendant les morceaux auxquels tu as assisté), au violon, le pingouin chapeauté, Rémi Martin, ex-membre des Carré manchot, il  ne roule pas en Aston Martin, à l'accordéon diatonique et pour l'occasion, un invité, Tony Mc Carthy, le plus breton des natifs de Cork, membre de The Boys in the Gap et de Sonaj, à la guitare acoustique, ont enfilé gavottes, plinns, an-dros , laridés, ronds de partout, polkas et autres danses traditionnelles, pour le plus grand plaisir des Quinocéens et des estivants, se prenant au jeu et remuant comme de purs produits bretons, l'absorption de beurre salé, de bolée de Paimpol,  et de galettes saucisses leur ayant facilité la tâche.

L'heure fatidique approche, un organisateur  signale aux virtuoses que c'est la dernière, elle démarre en mode klezmer ce qui décontenance les ballerines qui hésitent à se lancer sur la piste, ne sachant sur quel pied danser, après 90 secondes, le thème est reconnu et la ronde s'agite en mesure, avant d'applaudir consciencieusement les artistes et d'aller écluser quelques Coreffs à la buvette.

Au suivant:  Piau de bique!

D'où sort cette marque déposée?

Un instruit te signale que  Les Gâs du Tsarollais, une association de Charolles, pas tous vegans, ont dans leur répertoire le chant 'Ma Piau d'Bique',  ton arrière-  grand-mère maternelle se souvient que des bergers étaient vêtus de peaux de bique, c'était à la fin du 19è siècle.

On continue à creuser et on te tient au courant!

Jean-Yves Paulic et Corinne Foucat forment le duo Piau de Bique, depuis plus de dix ans, ils se sont spécialisés dans le chant à danser  de Haute Bretagne , le Kan ha diskan n'a plus aucun secret pour ces deux chansonniers chevronnés.

Un gars de Nivelles, perdu dans  la foule, mais moins émotif que Edith, trouve une certaine ressemblance entre le pince-sans-ritre Jean-Yves et la gloire nationale belge, Lange Jojo, le Grand Jojo, celui qui a combattu aux côtés de Jules César et dont la soif est légendaire.

Entrée en matière pandémique avec le goguenard 'Passepied du Confinement', comme tu le sais le passepied est une danse à trois temps, le texte a beaucoup plu à monsieur Seguin et à sa chèvre.

La suite de Kérouézée compte 52 temps, elle se pratique dans le Penthièvre, cette danse potagère fait aussi appel à Césarine et à ses poules, qui, malheureusement,  n'ont pu se déplacer dans le Goëlo.

Pas le temps de se reposer, le duo amorce un avant-deux, originaire du Pays Nantais, au texte toujours aussi imagé, suivi par un dernier laridé coloré et, tout compte fait, moral , ' Mon père  n'avait pas'.

Il est  temps de s'éponger et de refaire un crochet vers la buvette en attendant la suite.   

Peu de matos à démonter, donc War-sav s'installe promptement, exécute consciencieusement le soundcheck avant d'en découdre.

War-sav = debout, pas pour les Polonais, mais pour les bretons.

Le fougueux quintette anime fest-noz, festivals de musique celtique ou fêtes bretonnes depuis une dizaine d'années déjà, pourtant à les voir sur scène, tu ne leur donnes pas plus de 24 à 25 ans.

War-sav, c'est une transfusion sanguine apportant un sang nouveau et  bouillonnant  dans les airs traditionnels du Trégor, de l'Argoat , des Cornouailles ou du pays de Fisel.

 Elouan Le Couls au violon, Quentin Guillou à l’accordéon, et Camille Bossard à la guitare sont les instigateurs du projet, ils sont rejoints par Korentin Le Davay au chant ( un mercenaire infatigable prêtant sa voix formidable à bon nombre de formations, e a, Cornée/Le Davay, Davay/Priol, Egin, Messager/Le Gallic/Davay  ou New Leurenn #1,) et Mathieu Messager à la bombarde, un barbu qui lui aussi peut présenter un  Curriculum Vitae bien fourni.

Le groupe vient de sortir l'album " Ar vuhez" disponible chez Coop -Breizh ou lors des concerts.

Avec War-sav les airs traditionnels sont sérieusement dépoussiérés et reçoivent un traitement impétueux.

Après une première danse endiablée, portée par le timbre véhément de Korentin, l'accordéon amorce une pièce plus posée ( une Fisel ton Simple) , à mi-chemin entre un air de procession funèbre et la complainte pleurnicharde, très vite l'affaire change   d'allure pour s'énerver grave. Sur la piste, la farandole carambole.

La troisième pièce s'avère encore plus bondissante, la bombarde, frivole, caracole, violon, acoustique et accordéon tissent une toile de fond, Korentin lance quelques Yehaah, Yehaah bien frappés pour faire honneur à son galurin, John Wayne, en villégiature dans le coin, s'est vu surpris car les autochtones ne pratiquent pas la Country Western  Line Dance comme dans l'Indiana.

Du coup le violon d'Elouan  s'envole pour rejoindre mouettes rieuses et goélands farceurs dans un ciel indigo, le tempo devient infernal, ce qui n'effraye guère Louison et son cavalier qui en ont vu d'autres, encore plus fébriles, c'était avant la guerre d'Algérie.

Une avant- dernière, pour les Trégorrois, les pays de la Mée et pour Bernadette, ce sera une mazurka plus calme, vu toute l'énergie déployée lors des danses précédentes.

Un rond de Loudéac clôture cette première prestation exemplaire.

On revient après les défilés!

Après une courte prestation du Bagad Sonerion Sant Ké ( Scottish, plinn et jerk au menu , cherchez l'erreur) appréciée,  les associations de Kenleur Côtes-d'Armor serpentent et font admirer leurs splendides tenues de cérémonie ( un monde oublié,  en noir et blanc)   leurs coiffes bigoudènes fines, des toukenns ou  bonnets à grand fond, les collerettes brodées, quelques camisoles colorées, pour les hommes, la sobriété, le noir et le sérieux sont de mise.

Les reconstitutions historiques, c'est bien beau, mais le passé  armoricain ou morbihannais n'est pas le tien, après 45' de déambulations didactiques sur un catwalk improvisé, tu décides d'avaler un dernier breuvage artisanal avant de regagner ta chaumière.