Album - Emily Davis and the Murder Police - Never a Moment Alone
label- 1978497 Records DK2
NoPo
"The murder police", de la provoc? Emily dévisse! Certains restent
politiquement correct en préférant 'Dream Police' ou 'The Police' tout
court, d'autres frappent aussi fort 'Police Milice'.
Le groupe vient d'El Paso au Texas, bien connu, pour ses célèbres
produits tex-mex! Eux jouent un folk-pop tout autant épicé dans un
esprit punk, on reviendra sur les textes.
Après le romantisme de Cigarettes After Sex (un paquet par jour?) et 3 EP's solo, mélange de folk-pop-jazzy-celtique, Emily Davis s'engage dans
la police en 2016 et sort sa 1ère semonce 'Same Old World' en Octobre
2018 avant de préciser cette année 'Jamais un moment seul' (explication
dans la dernière piste).
Elle a grandi, bercée par la musique écoutée par son père, Cat Stevens,
Paul Simon, autant que Creedence Clearwater Revival et se dit influencée
par Bad Religion (dont elle aime faire des covers et faire découvrir).
Ici, impossible de ne pas penser à des Cranberries énervés même si la
voix d'Emily montre moins de prouesses techniques que Dolores. Quelques
impressions d'Amy Mac Donald et Maria Mc Kee peuvent aussi se faire
sentir ici et là.
Voici leur second album présenté telle une tapisserie pleine
d'enluminures. On y retrouve des papillons et autres insectes qui
tournent autour de miettes de terre sous cloche. Un symbole, une
prédiction?
'Play' sûr! Quelques notes de guitares à la réverb désertique attirent
l'attention de l'auditeur.
La guitare sèche se comporte comme une reine mais l'électrique mouille
pas bien loin. 'Artificial happiness' pose les bases. Mélodie
entraînante, rythme trépidant, vocaux convaincus et convaincants.
Les textes, bien troussés, font mouche 'Trade me one ugly truth for a
hundred charming lies... 'Cause I'm bored every morning And I die every
night'.
Echanger l'affreuse vérité contre une centaine de gentils mensonges,
quand on en a marre, un soulagement vraiment?
'God hate flags'? Sans doute... La composition avance en déboulés
pressés. 'They're deified to obfuscate Our ugly history'
Les riffs partent rectilignes. Emily chante de façon assurée et les
choeurs s'accrochent discrètement au fond de sa gorge.
L'intro suivante fait croire à un ralentissement aérien mais non, pas de
répit, elle enchaîne un 'Eden is the worst' à peine moins rapide avec
ses frappes sur le cercle puis les cymbales.
Le refrain embarque magnifiquement avec ses pointes au bout des
'yououou'.
Adam et Eve acceptent que leur paradis soit le pire car ils sont seuls.
Dans la difficulté 'Eve' Davis chante en trouvant le réconfort ... 'in
youou'.
Un plan de batterie dans l'écho impulse un balancement.
'Partners in crime' nous balade dans une déception mélancolique aux
allures d'enquête criminelle.
La conclusion troublante 'Now all that's left of you is the best of me'
s'expulse dans un souffle puissant.
'Don't make a promise' repart sur un rythme effréné et une guitare
féroce.
Surtout 'Ne fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir', la voix
le répète tout au long de la piste de façon catégorique en un cri
soutenu par des choeurs bien d'accord.
Bipolaire comme Dolores? Emily dévoile son esprit partagé par des avis
opposés : 'Cleaved in half One side cries While the other one laughs'
A l'inverse, la mélodie, ououatée et syncopée, ne se prend pas la tête et
sans perturbation, elle coule en accords harmonieux, bien giflés par la
batterie.
Ta ta ta ... poum / Ta ta ta ... poum. 'Why Weren't They Stunned?
dénonce l'aveuglement du monde face aux dérèglements de la nature.
Les toms de batterie roulent, les accords et solos de guitare
scintillent, la voix et les choeurs entonnent joyeusement à l'inverse de
la gravité des paroles intelligentes.
Le refrain emporte ce morceau qui frappe ... fort!
'Semicolon', dans une ambiance acoustique, insiste sur la position,
entre les 2, d'Emily; un point-virgule liant 2 phrases.
Ce petit morceau de rien du tout place un point (mais un bon point)
c'est tout!
'Bloodlines' parle de gènes, de transmission et de persistance.
L'instrumentation fait bloc pour soutenir la chanteuse dans son
expression.
La voix, les choeurs hauts et l'accompagnement, en particulier, le solo
de guitare, incisif, provoquent un effet stimulant.
Le rythme sautillant pousse de suite à danser en communion avec le
groupe et persiste jusqu'au bout du voyage.
La guitare folk flottante, transporte la voix d'Emily jusqu'au milieu du
morceau.
Puis 'Eternal Babylon' se veut plus enjouée et poppy. Par instants, voix
principale et choeurs se répondent 'You can play roulette (Like there's
no bullets left)'.
'Space Cadet' s'envole ailleurs. Les arpèges de la guitare électrique
envoûtent comme un 'Charming man' des Smiths. La cadence légèrement
chaloupée fait perdre le contrôle 'I don't know where I am'
Le solo résonne dans un espace intersidéral (comment ça, pas de son dans
l'espace?), la morceau finit pourtant dans un écho stellaire.
'Apartment Homes' conclut par une prière. 'Kyrie Eleison' surprend dans
la bouche de l'autrice et augmente l'urgence du propos.
Les textes dénoncent le pillage de notre planète. Le titre coda explique
celui de l'album. Jamais un moment seul, à cause de la surpopulation et
du manque de ressources.
Le poids des paroles n'empêche nullement de fredonner cette musique
légère.
Tout au long de 12 titres, assez courts, la compositrice crache ses
points de vue tranchants et d'une grande franchise.
Emily ne gratte pas dans le sens du poil et exprime avec véhémence sa
sensibilité. La musique et les voix motivées agissent comme des fouets.
Du coeur et des choeurs, il y en a!
On sent une belle harmonie dans le jeu et les arrangements accrocheurs.
'Same old world' traduisait un bel essai, 'Never a moment alone'
transforme avec maitrise.
The band :
Emily Davis chant, guitare acoustique
Jorge Torres guitare électrique, choeurs
Jose Macias guitare basse, choeurs
Tomas Tinajero Batterie, choeurs
TRACKLIST
Artificial Happiness
God Hates Flags
Eden Is The Worst
Partner In Crime
Don't Make A Promise
Mitosis
Why Weren't They Stunned?
Semicolon
Bloodlines
Eternal Babylon
Space Cadet
Apartment Homes
Produced, mixed, and mastered by Chris Common with sound engineering
assistance provided by Ross Ingram.
Recorded at Brainville studios in January 2021.
Special thanks is owed to Mike Minjarez for assisting with the vocal
arrangements on Bloodlines, Javier Martinez for his lyrical contribution
to Partner In Crime, and Justin Chase Black for helping us conceptualize
our artwork.