lundi 3 mars 2025

Tregor Blues Band au Bar des Sports de Pléhédel, le 1 mars 2025

 Tregor Blues Band au Bar des Sports de Pléhédel, le 1 mars 2025

 

michel

Une annonce:  Samedi 1er mars, rendez-vous au Bar des Sports pour  vibrer au rythme du groupe, Tregor Blues Band et laissez-vous emporter par la soirée cocktail.

 

Les ainés se pointent pour le concert, la jeunesse pour la picole!

Dès 18h était affiché à l'entrée, tu te pointes vers 18:40, un bon plan, tu déniches un tabouret au comptoir juste en face de la scène ( tu comprends le mur au fond du zinc).

T'as même pas eu le temps d'écluser une première mousse que le blues band  du Trégor entame l'angélus.

Pour ta troisième expérience avec le TBB, après  la Fête du Port à Lézardrieux en 2018 et l'avant programme de Steve Guyger à La Grande Ourse en 2019, tu notes un changement de casting.

Pas de Dorothée Pinsard ( présente au comptoir), pas de  Marc Ennaji, mais d'autres artificiers ce soir: Philippe Paleczny ( un gars du Tennessee aimant Johnny) à la basse et Olivier Personnic à la Gibson et autre instrument comptant six cordes.

Sont toujours dans le coup:   Little Houd ( Johan Houdard), qui dort depuis trente ans avec la même casquette, ce qui lui permet de ne pas être reconnu par la police de Mons, le fief d'un ex-premier ministre du plat pays, il chante toujours de son timbre éraillé,  collectionne les harmonicas, on en a dénombré plus de cinq et, de temps en temps,  il  fait   glisser un bottleneck sur une guitare.  Le chef, le brave Lionel André, se décarcasse toujours derrière les fûts. 

Pas mal de leurs copains, qui comme eux se produisent sur les scènes des Côtes-d'Armor,  sont venus les encourager et accessoirement goûter aux cocktails imaginés par le patron du zinc: des Naposteurs voisins ( Aude et Colin Le Moigne, Napo, Pascal Méance) +  Dorothée, déjà citée, et Manu Rivière.

Coup d'envoi à 18:55,  Lionel en mode jazzy donne le signal,  O P place quelques accords pas ringards, les doigts de P P viennent chatouiller la basse, Little Houd s'y met à son tour, ' I got something' est désormais sur les rails.

Après une première digression fluide d'Olivier, le petit  Wallon sort un harmonica de sa manche, et comme il n'est pas manchot, un  jus sirupeux  dégouline  sans retenue. 

Après ce titre, en mode laidback, vient le funky ' If you love me like you say' , un morceau de Little Johnny Taylor ( 1964), repris par quelques géants dont Albert Collins, Tab Benoit, Guy King ou Deborah Coleman.

Colin, tiens je te refile mes baguettes, c'est un shuffle de Sonny Boy Williamson, ' Help me'!

Le temps d'ajuster tabouret et cymbales,  car Colin, s' il   mesure un peu moins que Victor Wembanyama, ne fait pas partie des sept nains.

Une version très propre, illustrée par un solo  de guitare délié et des lignes d'harmonica saccadées.

Lionel récupère ses bâtons, le quartet s'attaque au ' Killing floor' de Howlin Wolf, pas le  loup   aperçu à Hénon,  non, il s'agit de Chester Burnett , un gars du Mississippi  dont la pointure indiquait 53 fillette.

Depuis 20', t'essayes de capturer le visage de Johan sur  ta caméra  de marque  brol ( merci, Angèle) , mission impossible,  la casquette lui donne un  look de rabatteur,  ne tenant pas être filmé par les caméras de surveillance.

Ce n'est pas le cas aujourd'hui, (un miracle), mais  le slow blues ' The sky is crying'  à ne pas confondre avec le faux cuir est en mauvais état ( un humoriste né, Robin Houd) ,   a arraché quelques larmes à  la brave Madame Ducarme,  assise derrière toi.

Chapeau bas pour Olivier, un gars qui réfute le cinéma mais dont le doigté et le feeling sont hors du commun. 

On dédie la suivante à tous ceux qui travaillent, à Jimmy Reed ,  au Colonel Parker,  mais pas aux patrons sans scrupules:' Big Boss Man' !

 You talk too much, honey, t'as beau enfiler tes chaussettes noires,  boucle la, tu me rends fou:

Voilà le propos de ' Honey hush' , un West Coast Blues , peu apprécié par les féministes.

Si t'as jamais entendu ' Got my mojo working' interprété au kazoo , tu ne connais rien au blues made in Trégor.

Donc, pas besoin d'aller à Lourdes pour assister à un miracle, va voir le TBB, d'ailleurs grâce à la Vierge, Little Houd a réussi à se redresser  pour entamer un pas de danse...  lève -toi et danse, qu'elle a dit!

'Milk cow blues' n'est ni une pub pour Milka, ni la plainte d'un agriculteur à la fin du salon de Paris, il s'agit d'un blues bovin qui a vu Houd , non pas traire Marguerite, mais frotter les cordes d'une guitare à la slide, du coup le lait a tourné!

 

Pause lactel,  avant le set 2!

Johan à la guitare open G  comme Son House, Olivier à la guitare close z comme celle de ta petite soeur, voici ' I can't be satisfied'  une composition de Muddy Waters pour laquelle Lionel  a sorti les balais ( pas roses).

Eh, Houd, refile moi ta gratte,   supplie Mr Personnic,!

Pas l'abîmer, j'ai encore 6 traites à payer.

Vais la traiter comme la femme du voisin, t'inquiète!

On avait déjà eu les vaches, on passe dans la basse-cour pour ' Little red rooster' ,  un petit coq paresseux!

Un rhythm'n'blues, ça vous dit, les copains?

Tout le monde connaît la version de Wilson Pickett de ' Mustang Sally' , il était soutenu par les merveilleuses Sweet Inspirations.

Panique pas, Houd, on peut faire mieux que ces nanas, Aude et Dorothée, en choristes de luxe,  ont ajouté une touche   sexy  au refrain ' Ride, Sally ride'  repris par tous ceux qui n'étaient pas encore entièrement beurrés.

En vue du terme  Philippe Paleczny a placé un solo de basse pas mesquin.

And now ladies and gentlemen, une rumba au programme!

Congolaise, cubaine, tchèque?

Non, chic, ' Who's been talking?' , une triste histoire  d'un mec dont la nana s'est tirée avec le premier train.

On enchaîne sur B B King, ' The thrill is gone'.

 Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai, ça c'est du Cabrel, B B lui  est soulagé, car enfin, I'm free from  your spell!

Colin, à toi, je vais vider une bière,.

Le soul blues  'I'll play the blues for you'   demeure un titre imparable.

Avant la version unplugged  d'Eric Clapton, Bo Diddley avait déjà placé  le twelve-bar blues  ' Before you accuse me'   dans les blues charts .

Un intermède technico ubuesque précède  la dernière  secousse de la soirée.

Braves gens, à l'issue de  ' Blues before sunrise' (Elmore James à  la slide, c'était pas n'importe quoi! ), vous pouvez rentrer chez vous et regarder Ze Voice sur le petit écran.


 

Mission remplie, le Tregor Blues Band, fidèle à sa réputation, a livré une prestation juteuse,    appréciée aussi bien par les vétérans encore fringants,  que par  une jeunesse  qui n'a jamais entendu parler de Litttle Walter, T-Bone Walker, Bobby Bland , R L Burnside, Hound Dog Taylor et qui imagine que Johnny Winter est le papa d'Ophélie ou que le blues a été inventé par Florent Pagny.