lundi 17 mars 2025

Fortress EP by Dorre

  Fortress EP by  Dorre

michel

 psychedelic post-metal/doom

 Lay Bare Recordings.

Dorre, des ustensiles de cuisine?

Non, ni une marque de préservatifs.

A Louvain, il existe une statue, créée par Roland Rens, appelée Dorre, de bakker, et comme Adriaan De Raymaeker (rhythm guitar), Wolf Overloop (drums), Erik Heyns (lead guitar), Jan Greveraars (bass) et  Brecht De Rooms (vocals) sont du coin et carburent à la Stella, ils ont opté pour Dorre comme nom de scène!

L'idée de former un groupe germe en 2008,  à l'origine, les garçons  distillaient  un  mix de stoner rock, post rock, psychedelic rock et  doom metal instrumental.

 Adriaan De Raymaeker et  Wolf Overloop sont les instigateurs du projet,  ils fréquentaient régulièrement le Rock Café de la cité universitaire, répétaient dans le grenier, jammaient  de temps en temps dans les bistrots locaux  pour se payer des bières avant de soudoyer Erik Heyns.

Là, ça devient sérieux, en 2015 ils sortent 'One Mic Garage Takes' un trois-titres de plus de 45', enregistré, tu l'as compris, dans un garage.

La même année paraît le single 'One collapsed at the altar' , une messe noire de 30'.

Le groupe est invité à tourner au UK, puis décide d'enrôler  Andrew Hockley à la basse.

Un split album avec les Danois  Bethmoora voit le jour,  suivi par le concept album 'Fall river' en 2019.

L'accueil est positif, le groupe est invité à se produire aux Pays-Bas et en Allemagne.

2020:  calme plat,  Dorre refait surface fin 2021 pour un seul concert, il faut attendre 2023 pour les revoir sur scène.

2025, big news, un nouvel EP ' Fortress' voit le jour et le line-up s'est étoffé , un chanteur surgit: Brecht De Rooms ( il tient la guitare chez Ethereal Darkness), et Jan Greveraars manie  désormais la basse, le core, Erik Heyns – Lead Guitar/ Adriaan De Raymaeker – Rhythm Guitar et Wolf Overloop – Drums, est toujours de la partie.

 Tracklisting:
1. Two Crawled Up The Mountain (9:38)
2. Human Cyborg Relations (5:29)
3. Carbonite (7:49)
4. Ender (10:40)

 Artwork by Giliam Schroyen, un expert en print, typographie, surf, photographie, vidéo et conception, qui a imaginé un reptile à tête de cyber robot pour illustrer la pochette.

 

On ne t'apprend rien, le doom metal se caractérise par une cadence lente, une allure de pachyderme, car promener six tonnes , même si ta peau est craquelée, ne te permet pas de rivaliser en savane,  sur le 400 mètres,  avec le guépard,  donc les gens se dirigeant vers le Kilimandjaro le font à la manière sournoise  du Black Mamba.

 'Two crawled up the mountain'  te décrit ça en près de dix minutes  sur un tempo proche des berceuses monstrueuses des compatriotes Amenra.

Après avoir subi quelques bourrasques, la guitare gronde avant d'entendre la voix sombre, aux intonations psychédéliques,  de Brecht.

Une   once de stoner, quelques effluves de  space rock ( tu te souviens de Hawkwind,  wouah la basse de Lemmy)  avant une accélération, car on pénètre en territoire hostile, faut éviter de se faire bouffer par de sales bêtes,  et puis vient Brecht, qui n' a peut-être pas lu Bertolt, mais  il peut ajuster son débit et  partir en growls ( propres).

Une fois à l'abri, on revient au stoner/doom,  un brin paranoïaque, avec quelques riffs empruntés au ' Paranoid' de qui tu sais, pour atteindre le sommet, après une rude ascension.

Un premier titre magistral! 

' Human Cyborg Relations' démarre sur des bruissements industriels post Star Wars ( pense à Tool)  , Wolf ( rien à voir avec Garou) s'amuse avec le charleston , à l'arrière ça grince ignoblement, sur cette toile noise, les guitares et les drums rivalisent de barbarie, Brecht se pointe et sur un  tapis post metal ( Voivod est cité par des connaisseurs) ,  d'un timbre éraflé,  il  entame une litanie  aussi mystique que furibonde.

On ne rigole pas chez les androïdes, le final sera  bigrement explosif.

La Carbonite est une litière minérale agglomérante pour chats. 

On ne parle pas de la même chose, il est sans doute question de congélation carbonique, demande à  Han Solo, il t'expliquera  clairement de quoi il s'agit.

Chez Dorre ' Carbonite' démarre à fond la caisse, tel un mastodonte piqué par un frelon, les guitares mitraillent en staccato, la basse vrombit, Wolf s'acharne sur tous les éléments du drumkit et Brecht s'arrache les poumons. 

Départ à la cravache, donc, après une cassure, une des guitares se permet quelques riffs jazzy , la bête rugit encore, puis tout se calme, Brecht y va d'un rire à la Jack Nicholson dans ' Shining', son chant, lui,  joue à saute-moutons sur fond onirique.

Ne te laisse pas avoir, cet épisode n'est que  passager, le quintet nous replonge du côté obscur de la force avant de terminer le voyage en proposant un soundscape atmosphérique.

La plage la plus longue ' Ender' s'ouvre sur un roulement de tambour, avant  l'entrée en matière de guitares meurtrières, l'offensive est dirigée par les exhortations chantées de Brecht, ses copains assurant des choeurs martiaux, le bataillon se dirige vers l'ennemi sans fléchir.

Comme la composition s'étend sur près de onze minutes, tu peux t'attendre à des rebondissements, une nouvelle fois,  tu  patauges dans un marais passant du stoner, au  black metal, avec des frissons  jazzcore ( à la The Dillinger Escape Plan) sludge  ou  mathcore, le tout étant décoré par les grunts du vocaliste, qui a eu l'occasion de soulager sa voix pendant un break instrumental pas vraiment mélodieux. 

Il  reprend sa gymnastique vocale capricieuse, pousse une gueulante bestiale, ses copains mitraillent sans répit et puis surprise, un sax ( Dirk Reiners), sorti de nulle part ( comme l'aigle noir),   se manifeste et le morceau vire  groove  jam  en fusion.

Rideau!

 

Verdict: la forteresse de Dorre ne devrait pas rester cachée, comme celle d' Akira Kurosawa, cet album ambitieux devrait leur ouvrir des portes vers une audience plus large.