jeudi 25 mai 2023

Album - The Marshals – Le Ptit Cham Session

 Album - The Marshals Le Ptit Cham Session

 Flower Coast

michel

2019,  The Marshals  enregistrent Les Bruyères Session

 2023, ils ont de la suite dans les idées, sans être au four et au moulin, les gars de Moulins s'enferment dans une cabane du côté du Mont-Doré ( pas la pilule, Julien) et grave un LP, tout naturellement baptisé ' Le Ptit Cham Session'

Déjà leur sixième disque, et toujours du blues bien rocailleux, qui sent plus la poussière que la neige.

Dans le Delta du Massif Central, pas de gaz, ni de pétrole, mais des vaches, des étangs, des martins-pêcheurs, de l'argile, de la bière ambrée et la gouère, tout ce qu'il faut pour inspirer de rudes bouseux à devenir de sérieux blueseux.  

 Laurent Siguret ( harmonica),  Thomas Duchézeau ( drums, percus) et  Julien Robalo ( vocals, guitare) nous balancent neuf titres sentant la terre et la sueur.

tracks

 Rolling
Oh My
Witches
Elements and Things
Steal The Silence
Howl
Troublemaker
New Dawn
See The Lightning

 

La photo de la montagne, dans le Val de Courre près des pistes du Mont- Doré,  au sortir de l'hiver, est signée Sophie Hervet. 

Tu connais John Lee Hooker évidemment, le ' Rolling' des shériffs de l'Allier sonne autant John Lee que Tony Joe White.

Il suffit de  rouler jusqu'en bas de la colline en se laissant entraîner par le mouth harp traînant de Laurent, le drumming très Doug Clifford de Thomas, la guitare, forcément John Fogerty, de Julien, dont le timbre, fond du bayou, convient à merveille à ce blues sans artifices.

Toujours aucun gimmick superflu sur 'Oh My", l'harmonica joue à la locomotive, calé  sur ton siège, inconfortable, tu contemples un paysage rupestre. Le  train chemine mollo au creux d'une vallée,  en rêvassant, t'as cru apercevoir un alligator sur la berge, un mirage,  car l'Allier n'est pas infesté de sauriens, et d'ailleurs il n'y avait aucune barefoot girl dancing in the moonlight, mais c'était sympa néanmoins! 

A peine revenu du pays des songes, ce sont des ' Witches' qui émergent dont on ne sait d'où, et, comme toutes les sorcières, elles dansent pour  t'envoûter, oh, pas de manière psychédélique comme  la 'The Witch 'des Teutons The Rattles,  leur ballet, sur fond Bo Diddley,  est plus insidieux,  si tu les suis, mon vieux, t'es foutu!

Une reprise, somme toute logique, pour suivre, ' Elements and things' que Tony Joe White a gravé en 1969 sur l'album ' Continued', disque  qui contient l'inoubliable ' Roosevelt and Ira Lee'.

Pas de tralala mais une version respectueuse et décantée te permettant de mieux ouïr le tonnerre tout en risquant d'être aveuglé par les éclairs.

Faut tendre l'oreille si tu veux ' Steal the silence' , déjà Depeche Mode te proposait ' Enjoy the silence', on ne navigue pas dans les mêmes eaux, mais le silence a quelque chose à dire.

Pendant un peu plus de 2'30", on apprécie le calme et la  paix intérieure en contemplant un coucher de soleil sur la montagne, après avoir turbiné toute la journée.

Take it easy, let the sun go down... on va se l'approprier le silence et peut-être qu'au loin, à la lisière de la forêt,  on percevra les trilles d'un tarin des aulnes.  

On a déjà évoqué Creedence Clearwater Revival, ' Howl" s'en approche le plus.

L'harmonica zigzague, la batterie imprime un rythme  swamp irrésistible, la guitare ronronne nonchalamment, tandis que la voix hulule comme une chouette ayant écouté du Canned Heat toute la nuit.

Oublie Green Day, Weezer, Olly Murs ou Beach House, le 'Troublemaker' des Marshals n'est ni pop punk, ni  indie, ni dream pop et encore moins soupe indigeste, il s'agit d'un nouveau blues rock de haute tenue, transpirant l'Amérique profonde, un comble pour des gens du Bourbonnais, quoique Bourbon.... Il y a du John Hiatt, un brin de J J Cale, du Muddy Waters, du Howlin Wolf et bien sûr du CCR ou du Tony Joe White dans leur approche et leur recherche de l'authenticité.

'New Dawn" dépasse les cinq minutes, il faut se lever à l'aube pour voir le soleil se lever sur la montagne.

Ici pas d 'harmonica  mais un jeu de batterie répétitif, des guitares, tantôt enveloppantes, tantôt subtilement couvertes de fuzz,et  un chant lancinant avec effets choraux.

Assurément la plage la plus psychédélique de l'album.

On termine en douceur par le blues rural, très Taj Mahal, 'See the lightning', au chant apaisé. Sur  guitare Alvin Lee en mode picking, l'harmonica musarde paresseusement tandis que Thomas fait la sieste, un masque de sommeil sur les yeux pour éviter   l'excès de luminosité provoqué par la foudre.


Ce sixième album des Marshals est fidèle à leur politique et devrait plaire à tous les amateurs de blues sincère et intègre.