Festival Art Rock 2023, Sylvie Kreusch, Scène B, Saint-Brieuc, le 27 mai 2023
michel
C'était pas un marathon, mais une course d'obstacles, peste aux fans de Disiz qui obstruent le passage vers la place de Gaulle, la chienlit observe le Général!
Finalement, t'arrives pile à l'heure pour l'extraordinaire performance de Sylvie Kreusch!
La première fois que tu as croisé la route de la belle Sylvie, c'était en 2012, au Bonnefooi ( Bruxelles), elle se produisait avec le groupe Soldier' s Heart , aujourd'hui passé aux oubliettes, mais ce band avait fait des étincelles, remportant notamment De Nieuwe Lichting en 2013.
Sylvie s'en va vers une autre guerre et rejoint Warhaus, accessoirement elle joue au mannequin, pour finalement débuter une carrière solo.
Un premier EP 'Bada Bing! Bada Boom!' paraît en 2019, il est suivi par 'Wild Love', l'album 'Montbray' sort en 2021.
Mais c'est sur scène que la prima donna dévoile toute l'étendue de son talent.
Pour cette tournée, elle est accompagnée par une fameuse équipe: l'époustouflant Simon Segers (drums) , vu avec Stadt et Black Flower, notamment, un crack évoluant aussi bien au sein de formations jazz que rock/ Falk Schrauwer (aux percussions)/ Jasper Segers (guitar, , belle Gretsch), déjà membre de Soldier's Heart , il a évolué chez Tundra ou Jaguar Jaguar/ Emily Vernaillen ( backings et keys), vue au sein de Folie Douce et enfin, on suppose que la seconde choriste, bassiste à l'occasion , doit être Jente Neels, alias JEN, que Walter a entendu à Peer la veille!
Le band se charge de l'intro, Sylvie, grande, rouge, imposante, fascinante, apparaît et d'un timbre proche de celui d'une Marianne Faithfull pas avariée, entame 'Falling high'.
Et nous on a failli tomber amoureux!
Une présence magnétique et un sens du mélodrame aigu, essayer de lui échapper relève de l'illusoire.
'Haunting melody' porte bien son nom, l'intensité du morceau, la voix proche de l'incantation, les sonorités vaudou , le jeu de scène intrigant de Sylvie, tout contribue à t'ensorceler.
Comme habitée elle entame le torride et lent , ' Shangri-La' , si tu la suis, tu succombes!
Pendant un court instant elle disparaît pour s'abreuver en coulisse, puis pousse un cri pour entamer le plus ancien ' Seedy tricks', et tricks, il y a , c'est comme une messe noire pour initiés, si tu ne fais pas partie de la secte, t'es mort.
Au fond, Sylvie Kreusch est le pendant féminin de Dead Chic, même univers sombre, presque satanique, par quels maléfices compte - t-elle nous assujettir?
Le choeur haletant, à l'arrière, te refile la chair de poule, guitares et percussions obsédantes doivent t'achever.
Les loups hurlent à la lune, Sylvie Kreusch, telle une louve maléfique, poursuit son travail de sape avec ' Girls' et pourtant elle nous a prévenus....You better run man , run as fast as you can... mais nous sommes stupides, scotchés face à la scène, incapables de détaler, et la Gretsch gémit, et la cadence imprimée par Simon Segers et Falk est démoniaque, et Sylvie, par quelques gestes troublants, t'invite à la suivre en enfer!
Un fond tribal annonce la prière 'All of me' qui n'a aucun rapport avec le jazz standard mais risque de laisser des traces dans ton coeur.
Puis vient le tour de 'Let it all burn', pas le titre préféré de Jeanne d'Arc, mais peut-être bien celui de Tarantino, un rock percutant!
Jasper dirige le mini- orchestre par de grands mouvements de bras, la dame rouge attaque la valse ' Midnight Cowboy' écrit par John Barry, une version majestueuse, suivie par le mélodique et enchanteur 'Walk Walk' .
Après la douceur vient le tourbillon, 'Jusrt a touch away', permettant la mise en évidence du talent de Simon Segers et de son complice Falk aux percussions tribales.
C'est la dernière, annonce-t-elle, 'Please to Devon' , un rondo effréné qui met un terme à ce show époustouflant.
Après la très grosse claque de la journée tu n'as plus envie de patienter pendant près de 90' pour assister au récital de Benjamin Biolay, avec en tête l'image de Sylvie Kreusch tu reprends le chemin du retour.