Finir, à n’en plus finir… par La Compagnie Hors Mots, place du Martray, Paimpol, le 13 mai 2023
michel
Paimpol: La Sirène, L'image qui parle et l'abbaye de Beauport collaborent pour créer le festival BAM ( Le grand Bazar Artistique et Musical), dont c'est la troisième édition en 2023
Pendant trois jours, diverses manifestations se déroulent sur les différents sites ou en ville.
En ce frileux samedi, c'est sur la Place du Martray,à 16h, que la Cie Hors Mots ( Rennes) propose le spectacle dansé , organisé par l'image qui parle association ( décidément très active), « Finir à n’en plus finir ... ».
Malgré des températures ne justifiant pas le concept réchauffement climatique, un nombreux public a répondu présent et pas une âme n'a regretté le déplacement, car le show a tenu le public en haleine pendant un marathon de 50 minutes.
Un marathon, pour lequel les participantes avaient déjà un long parcours dans les mollets, on ne parlera pas de troisième âge, mais bien de dames dans la maturité, qui du point de vue sportif peuvent apprendre pas mal de choses à certaines gamines dont le seul effort physique est d'appuyer sur un smartphone pour regarder les reels sur Tik Tok.
Nadine Brulat, qui dirige la troupe a dessiné à la chaux un grand cercle sur les pavés, un responsable de l'image qui parle se transforme en régisseur son, les athlètes disséminées sur la place attendent le coup d'envoi.
La pièce est basée sur le roman ' They shoot horses, don't they' de Horace McCoy et le remarquable long-métrage de Sydney Pollack ( argh, Jane Fonda), dépeignant un épisode déprimant de La Grande Dépression, pendant lequel des couples, démunis, participent à un marathon de danse dantesque, espérant empocher une coquette somme pouvant les sortir, momentanément, de la misère.
Certains y ont laissé leur peau, mais comme du temps des Jeux du Cirque dans la Rome antique, le bon peuple, qui, dans certains pays, aime aussi la corrida, est friand de ces spectacles où les drames sont légions.
Douze danseuses en piste, le fascicule distribué par Patricia Le Calvez mentionnait une distribution à quatorze têtes.
Roselyne André – – Chantal Blanchard – Pascale Camps – Jeanne-Françoise Chrétien – Sylvie Collard – Laurence Dedieu – Régine Diverrès- Cécile Drouet – Nicole Dupuis-Bélair – Marie-Christine Laurent- Eddie Lavenaire – Caroline Leprêtre – Régine Lépinay – Isabelle Schwarz.
Ne nous demande pas lesquelles manquaient à l'appel, ni si les identités mentionnées sont exactes, mais ce qu'on peut dire, c'est qu'elles furent toutes performantes.
Avant toute épreuve sportive l'échauffement est recommandé, les filles s'adonnent donc à une séance d' aérobic pour permettre au coeur et aux muscles de répondre à l'exercice de longue haleine.
C'est parti sur une bande-son soumettant un titre des Négresses Vertes. Fringuées années 30, elles tournent, prennent la pose, se toisent, se poussent, exécutent des pas de danse à rendre jaloux Rudolf Noureev, font de grands mouvements avec les bras, frappent le sol à la manière d'une danseuse de flamenco.
Un chapeau roule à terre, un coup de pied précis l'envoie dans le public.
Coup de sifflet, un premier sprint, il s'achève sur un air d'opéra.
Les concurrentes se changent , une voix off lit un texte ... il y a le silence habillé de noir... les filles ont choisi des tenues nettement plus colorées pour reprendre leur steeple-chase sur un rythme tzigane de Kottarashky .
Bousculades, frénésie, gymnastique en souplesse, avant une nouvelle course folle, et un nouveau passage dans les loges inexistantes pour enfiler une autre tenue, alors qu'une voix récite ' Sur la Grand'Route' de Gaston Couté..
La house de Craig Armstrong les renvoie dans l'arène, certaines s'essoufflent et pourtant il faut galoper pour éliminer les plus faibles.
Pause, elles enfilent des blouses rouges et un pantalon noir, la voix féminine lit du Ferré, 'Madame la Misère' , Astor Piazzola a sorti son bandonéon, les participantes s'essayent au tango et tu le sais, tango et drame sont indissociables!
Deux ou trois danseuses trébuchent, le jury reste de marbre!
Yvon Le Men , ' A quoi sert un artiste' introduit une séquence tribale qui voit les rescapées repartir au combat, une première victime s'affale sur les pavés, puis une autre. Sans un regard pour les bêtes épuisées, ce qui reste du peloton poursuit sa chevauchée infernale.
D'autres vacillent, il en reste sept à se vêtir pour l'épilogue sur, une symphonie de Henryk Górecki.
Exténuées, six d'entre elles s'écroulent, il n'en restera qu'une, qui elle aussi viendra mordre la poussière .
Le public, subjugué, n'a pas attendu l' équarrisseur mais a applaudi à tout rompre une performance physique phénoménale.