Festival Art Rock 2023, Meryl et Izïa, Grande Scène, Saint-Brieuc, le 26 mai 2023
michel
40 ans, l'âge mûr, paraît-il, le Festival Art Rock fête son quarantième anniversaire et le public n'a jamais été aussi juvénile.
Une seule dame d'un âge avancé a pris place à tes côtés pour l'inauguration du festival, la moyenne d'âge des filles t'entourant ne dépasse pas les 16 ans.
Normal, Meryl, à qui échoit l'honneur d'ouvrir les festivités du plus grand événement urbain breton, n'attire pas vraiment un public "adulte".
Cindy Elismar, alias Meryl, fait partie de la jeune génération féminine de la scène rap française.
D'origine martiniquaise, la toplineuse débute en 2013 aux côtés de son cousin Specta, elle enregistre plusieurs singles avant de définitivement percer avec 'Béni', un gros tube en 2019.
Depuis, elle a sorti , une mixtape et deux EP's, le dernier ' Ozoror' a vu le jour cette année.
Pour cette tournée, la jeune dame de Lamentin a décidé de monter sur scène avec des musiciens ( quelle bonne idée).
Son calendrier est chargé, pendant l'été elle fera la cigale et ira visiter plus de quinze festivals, en France, mais aussi à Dour.
Quatre musiciens la secondent, un batteur, un bassiste, un guitariste et un claviériste disposant d'un matos faramineux.
C'est parti pour une heure de rap, de pop urbaine, de drill, de dancehall, de trap, de hip hop, de zouk, à la sauce antillaise, un cocktail plaisant ayant enthousiasmé la jeunesse, mais que tu préfères consommer à dose réduite.
On la présente comme surdouée et créative, t'as néanmoins eu l'impression d'avoir subi tous les clichés inhérents au genre.
Tandis que les musicos balancent une intro dancehall exotique, Meryl, dreads virevoltants, se pointe au pas de course, en balançant des yo yo martiniquais. En consultant des playlists de concerts précédents, tu supposes qu'il s'agit de 'Band Sot' au flow acrobatique.
' Coucou' décrit une femme dont elle est légèrement jalouse, d'un flow rappelant Kalika, elle nous chatouille avec des guili guili, c'est entraînant, chaloupé et festif.
Le tube 'Billets' au refrain accrocheur est repris par la foule, il en sera de même pour les plages suivantes, toujours aussi colorées, ' Wollan' et le plus ancien ' Béni' mêlant créole et français.
Plusieurs extraits du nouvel EP sont proposés, notamment ' Jack Sparrow' ou le downtempo ' Coca -Cola Mentos' qui fond dans la bouche.
Et puis comme Téléphone, elle rêve d'un autre monde, mais il n'y a rien qui bouge.
'Ma petite' évoque avec pudeur le thème de l'inceste , puis vient ' La brume' dans lequel elle chante ses doutes, heureusement elle peut compter sur son alter ego, qui la comprend et la soutient.
Elle embraye sur un reggae dancehall suivi par ' Johnny' à la mélodie infectieuse et à la ligne qui frappe... je ne veux pas mourir ici comme Johnny...
Retour au dernier né avec ' Candy' suivi par deux titres sautillants et par ' BB compte' à la gymnastique vocale audacieuse.
Il compte quoi le Bébé... ses billets pour payer les factures, et tout le reste , l'essence, le loyer... le fric, c'est pas toujours chic.
Après ce tourbillon de pognon, on arrive au terme du show.
Non, les gars je ne veux pas la chanter!
Tu déconnes, Saint-Brieuc l'attend et donc 'Ah La La' clôture ce concert ayant enflammé la jeunesse, les anciens, eux, ont esquissé un sourire!
Izïa
Jacques Higelin et ses compagnes n 'ont enfanté que des artistes: Arthur, devenu Arthur H sur scène, Kên est réalisateur, acteur et metteur en scène et Izïa, la dernière, fait du rock et du cinéma.
Ce soir, elle a réussi à énerver une partie de l'audience en se présentant sur scène avec un retard de plus de 10'.
Péripétie qui lui sera pardonnée au vu de la prestation brûlante offerte à une place en délire.
Les musiciens, vêtus de noir, se montrent: basse : Bastien Burger / guitares : Clément Fonio /clavier : Julia Jesrome / batterie : Nicolas Musset, une équipe soudée et hyper performante.
Izïa, souriante, se pointe en déambulant, le vent froid qui balaye le pays breton depuis plusieurs jours l'a contrainte à conserver une veste de cuir, mais les jambes sont dénudées, un voisin n'a pu réprimer un wouah admiratif.
La jeune femme dégage, en effet, un look sexy de bon aloi.
Forte de cinq albums, Izïa peut tenir la scène pendant des heures, ce soir il faut respecter un timing sévère: 60 minutes et puis arrivederci!
"Dragon de métal" qui ouvre le set est extrait du dernier album ' Citadelle' , le titre rend hommage à Jacques, son père.
..Tant, tu me manques tant...
Il nous manque aussi, Jacques!
Un superbe morceau esquissant le vide et l'absence de belle manière .
Sur fond électro, la femme poisson nous brimbale au gré des roulis de ' La Vague' et on adore ça.
Attention hit foudroyant, ' Mon coeur' , comme les autres , Juliette, Clara, etc... Izïa se risque au disco purulent et c'est redoutable, faut dire que les gens qui l'entourent ne sont pas des mules.
Saint- Brieuc bat des mains, la fille arpente la scène de long en large, se déhanche, gesticule et aguiche la cohorte de photographes.
Elle nous tient au creux de sa main et ne compte pas nous lâcher avant la fin du show.
In English, 'Let me alone' , un titre de 2009, n'ayant pas pris une ride, à une époque où une certaine presse la considérait comme trop rock!
Ici, aucun soucis, Saint-Brieuc aime le rock!
' Sentiers' sur fond électro africain se transforme en danse tribale noire, la longiligne Julia assure les backings.
Et à propos de sentier ou de GR, on rappelle que Izïa était au générique du film 'Sur les chemins noirs'.
Saint-Brieuc, tu me suis dans les clubs, j'ôte mon blouson, on va bouger!
Au galop, Messala, voici ' Chevaucher' , la jument est fougueuse et indomptable, l'amazone ne craint rien, ni personne!
Après ce second morceau aux teintes disco ( merci Kylie Minogue) vient 'Reptile' démarrant sous forme ' I feel love' . Féline, elle rampe, joue à la panthère, se dandine, se cale face à un cameraman, le nargue, fait des grimaces... cette nana sait comment manier une foule!
L'endiablé ' Etoile noire' bouscule les astéroïdes et les corps célestes, il est suivi par ' Dehors' ( c'est la vie) au démarrage techno lourd avant l'envolée rock.
Comme Sagan, elle salue sa ' Tristesse' , toujours le souvenir de son père qui ne la quittera jamais.
' Vitesse' démarre comme une fusée, les flammes jaillissent de partout, faut s'accrocher, ça secoue, et tant pis si tu paniques, car au fond , elle n'en a rien à foutre et le répétera 20 fois, avant de mettre les voiles.
Une longue ovation ponctue cette performance.
Le programme prévoit Dinos, du rap de La Courneuve, t'es de l'ancienne école, tu fends la foule de mordus de punchlines provocantes, qui afflue vers les premiers rangs, il est trop tard pour assister au show de Confidence Man sur la scène B, direction Le Village!