Le Skoda Jazz Festival 2013 ( déjà l'édition 28 de l'événement) est sur les rails depuis le 20 septembre, ce soir au Bozar, le concert de gala avec comme tête d'affiche Stacey Kent.
En galante compagnie, madame a daigné te suivre, tu prends place juste sous le plafond de la salle Henry Le Boeuf, pas pleine mais bien garnie!
Sonnerie pour les retardataires, recommandations d'usage ( no smoking, no filming, no pictures et ne pas tousser) et le band de la grande dame apparaît!
Jim Tomlinson: tenor sax, alto sax, soprano sax, flute, guitar + arrangements, compositions et petit déjeuner au lit pour Stacey- Graham Harvey: piano, organ - Jeremy Brown: contrebasse- Josh Morrison: batterie.
Stacey, ensemble pantalon noir, coupe Jean Seberg, cheveux roux, les suit et entame 'This Happy Madness' ( Estrada Branca de Tom Jobim, Vinícius de Moraes e Gene Lees), une des nombreuses perles de son dernier né, 'The Changing Lights' , marquant son attachement à la Brazilian music.
Elle ferme les yeux, soupire et te glisse ' c'est beau', tu sais que c'est gagné, qu'elle ne regrettera pas d'avoir manqué sa série sur RTL.
Tout est parfait, une voix incomparable, satinée, fluide, envoûtante, un accompagnement juste, sobre et élégant avec, comme il se doit, le sax languissant te ramenant à la grande époque de Stan Getz ou à Gerry Mulligan.
Faudra sortir les kleenex, ce soir!
'The Changing Lights' (Jim Tomlinson, Kashuo Ishiguro), la voix effleure tes sens sur fond de bossa nova raffinée et mélancolique.
Avant Stacey Kent, il n'y a eu qu'Astrud Gilberto pour faire frisonner ton épiderme de cette manière.
Séquence confidences, Stacey passe sans peine du français impeccable au portugais pour poursuivre en anglais en évoquant son dernier passage à Bruxelles, c'était il y a deux ans, en hiver.
I just love Brussels, je vous remercie pour tous vos messages facebook, malheureusement je ne pourrai répondre à toutes vos requêtes, voici Serge Gainsbourg, 'Ces Petits Riens'.
La perfection existe!
Un second titre composé par l'équipe Jim Tomlinson/ Kashuo Ishiguro, ' Waiter, oh waiter', décoré d'une flûte volage et toujours ce smooth parlando .
Un extrait de My Fair Lady, ' I've grown acustomed to his face', une version tout en délicatesse moins Broadway ou moins musclée que celle de Barbra Streisand et une intervention au sax qui pourrait te rendre follement amoureux de la plus hideuse sorcière.
On va pas te parler de highlight, tout ce concert était un highlight!
Pour les Portugais et Brésiliens dans la salle, elle explique comment elle a fait la rencontre de Roberto Menescal qui a participé à l'enregistrement de ' O Barquinho' ( (Roberto Menescal, Ronaldo Boscoli).
En filigrane, la baie de Rio, de frêles embarcations, du sable fin, de superbes filles...
Elle poursuit par une ballade classique qui swingue gracieusement, ' The Face I Love' ( Marcus Valle) ...down comes the rain, but it rains confetti .., tu veux penser à Julie Andrews, à ta guise!
Un siège, please, mon acoustique, please: 'Dreamer' ( Tom Jobim), poésie en teinte pastel, onirisme et accompagnement feutré.
Une nonchalance aristocratique, caché sous le parasol te protégeant de l'astre lumineux, une caipirinha s'impose!
Oh, te dit ta tendre conjointe... la maxime se vérifie " coeur content soupire souvent ", elle a reconnu 'How Insensitive' du maître, Antônio Carlos Jobim.
Va-t-elle défaillir...vite les sels!
Stacey a décidé de n'épargner personne: ' One Note Samba' (Tom Jobim, Newton Mendonça).
Des standards, tu me dis.. mais interprétés avec un tel degré de perfection que tu ne peux que jouir en silence.
Elle refile la guitare à son compagnon, ' Mais uma vez' (Jim Tomlinson, António Ladeira), a lovesong, tout en touches subtiles à l'instar de cette petite escapade de la contrebasse, suivie du mélancolique 'This Summer We Crossed Europe in the Rain' (Jim Tomlinson, Kashuo Ishiguro), just as beautiful as 'Moonlight in Vermont', il ne manquait qu'une dizaine de violons.
'Águas de Março' (Tom Jobim) en version 'Waters of March', un pur instant de magie.
Miss Kent déambule vers les coulisses et laisse libre cours aux fabuleux musiciens qui amorcent 'Smile'.
La meilleure version que tu aies jamais entendue.
Présentation de l'équipe avant la dernière du set, 'Samba Saravah' ( (Toquinho, Vinicius de Moraes) en français.
Tendresse, grâce et dentelle...ça va pas être évident de redescendre de notre petit nuage!
Ovation immense, le public du Bozar debout!
Bis
' So Nice/Samba de Verão ' (Marcos Valle, Norman Gimbel).
I beg your pardon, Ruth?
What a voice!
Clear cool water with a twist of lemon.
Deux glaçons, Ruth, svp!
Une dernière caresse, 'Stardust' (Hougy Carmichael, Mitchell Parish).
Elle dit: t'as vu toutes ces étoiles?
T'as rien répondu, par pudeur, mais t'as pensé: je t'aime!