lundi 31 mars 2025

Romy Lwiz aux Ptits Bouchons, Lanvollon, le 29 mars 2025

 Romy Lwiz aux Ptits Bouchons, Lanvollon, le 29 mars 2025

michel

19:00, c'est l'heure de l'apéro, la foule se presse dans l'établissement de Lanvollon,  où tu te dois d'être vu,  Les Ptits Bouchons, un cave bar dans lequel tu ne dégusteras pas de  quenelles de brochet ou des tripes, mais où l'amateur de vin, de bière et de spiritueux n'a que l'embarras du choix.

C'est là qu'un duo folk  des environs,  Romy Lwiz , s'est installé entre les étagères, sur lesquelles sommeillent quelques grands crus sympathiques, pour divertir une clientèle relativement attentive. 

Romy Lwiz: car Romain Daniel ( a k a Romy McDaniels ) et Louisa Le Mézec!

La seconde joue du violon et chante, le premier manie une acoustique et chante. 

Le projet est né il y a un an,   à leur répertoire,  des compositions et des reprises ( pas forcément éculées)  en anglais et en français. 

Après l'inévitable et inexhaustible exercice des balances , c'est à 19h25, que le duo entame la première partie du gig en optant pour ' Joefy Spokes'  du groupe irlandais Four Men and a Dog.

Romain au chant et à la guitare est bientôt rejoint par la voix fluette et le violon  de Louisa, qui se charge des harmonies.

Le duo, complémentaire, fait honneur à  cette verte  ballade irlandaise.   

Ils louvoient vers le français pour la suivante, une de leurs compositions, ' Dans la villa' .

Une nouvelle fois, la voix assurée du garçon est contrebalancée par le timbre effarouché de la fille.

La guitare est bien sèche et le violon voltige, quant au texte, s'il présente un caractère réaliste, on n'ira pas le comparer aux chansons d'Edith Piaf ou d'Aristide Bruant, le propos est contemporain.

Les rôles sont inversés sur ' J'traîne des pieds' d'Olivia Ruiz, Louisa d'un timbre alizé ( e)   se charge des lead vocals, Romain la soutient aux choeurs.

En 1985, Joe Strummer sonne le glas, les Clash, c'est fini.

Il aide son pote Mick Jones sur un des albums de Big Audio Dynamite, tâte du cinéma, enregistre sous l'étiquette  Joe Strummer & the Astro Physicians ( les physiciens étant membres des Pogues),  sort quelques albums solo,  pour ensuite entamer l'aventure Joe Strummer and the Mescaleros!

Romy Lwiz a la bonne idée de reprendre 'Johnny Appleseed' datant de cette époque.

Joe, t'as entendu de là haut, c'était sympa, non?

Retour au matériau personnel avec  'Alerte aux Rhinos' ,  un folk dadaïste,  chanté avec des  intonations  Jean-Patrick Capdvielle, avant de proposer un titre d' un des plus grands chantres de la Bretagne: Michel Tonnerre .

Le refrain, pas trop bouchonné,  est repris par la chorale paroissiale et, après un tonnerre d'applaudissements, le duo enchaîne sur ' Où va le monde' du groupe La Femme .

Le violon en pizzicato et de jolis arpèges de guitare décorent cette question existentielle,  elle est suivie par un dernier titre, à la vision écologique,  avant la pause:   'Monde nouveau'    des extraordinaires Feu! Chatterton.

Le public réceptif et actif bat des mains jusqu'au terme  de la rengaine.

 

Le  set 2 connaît un démarrage agité avec ' Not' de Big Thief, un morceau sonnant comme du Del Amitri, avec un violon aussi brillant que celui de Scarlet Rivera sur le 'Hurricane' de Bob Dylan.

Romy Lwiz  a le bon goût d'opter pour des reprises  inattendues, le mélancolique morceau  'La complainte du soleil' de Laura Cahen, par exemple!

Louisa  chante cette complainte  avec toute son âme et ravit l'assistance.

Ils enchaînent  sur une pièce à la dramaturgie glaciale, 'Sur le lac gelé' , une de leurs compositions,   brassant poésie blanche et folk incandescent.

Ensuite, c'est en solitaire que Romain propose le monument,   'The partisan'  que  Leonard Cohen a adapté d'après ' La complainte du partisan' , signée Anna Marly/ Emmanuel d'Astier de La Vigerie.

Un titre qui t'a toujours refilé des frissons!

Un tendre dialogue vocal vient illustrer ' Chanteur', du groupe SuperBravo, un duo pop à l'écriture subtile et fleurie. 

Tout petit dans ses cahiers d'école, Romain griffonnait des poèmes, ' Ana et Liza' est devenu une chanson, dédiée à une jeune dame brésilienne, connue en Palestine,  désormais médecin sans frontières.

Onomatopées, chant d'oiseau et un couplet en portugais,  c'est du travail d'orfèvre!

Le bluesy ' Dernière cigarette' sent bon l'Ouest américain et, à la rigueur, l'univers de Francis Cabrel .

Ce road trip bilingue   a  déterré des images de 'Easy Rider'  enfouies dans ton cortex amorphe.

Lors d' un  final échevelé,  les  fougueux broncos ont  désarçonné, en moins de quatre secondes,  les  intrépides cowboys essayant de les  dompter.

 

Voilà, c'était la dernière Marlboro  et la dernière chanson.

 

A d'autres, les enfants,  on ne quitte pas nos chaises sans l'obligatoire rappel.

OK, voici ' Angel of Montgomery' de John Prine.

En rentrant chez toi, t'as retrouvé le 33 tours que le gars de l'Illinois avait enregistré en 1971, tu l'as posé sur la platine en te disant qu'en 2020, le monde a perdu un immense singer-songwriter.

Patron, une dernière, on peut?

Yes! 

Encore une perle, la country waltz,  ' Glasgow (No Place Like Home)' de Jessie Buckley,  que tu trouves sur le soundtrack de 'Wild Rose' ( tout comme ' Angel of Montgomery'  d'ailleurs ).

 

Romy Lwiz, à peine un an d'existence,  affirme déjà une étonnante maturité, trois titres sont à découvrir sur YouTube.

 Pas de concert annoncé dans l'immédiat, mais  tu peux te tenir au courant en consultant leur page facebook!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi 29 mars 2025

Naowel au Barbe, Plouha, le 28 mars 2025

 

Naowel au Barbe, Plouha, le 28 mars 2025
 
michel 

Il était une jeune et jolie princesse bretonne, nommée Naowel, son père a décidé de la marier  à  un Viking ou à un Normand ( ça revient au même), capricieuse,  elle a refusé, voulant rester libre.
Elle a signé un pacte, non pas avec  Méphistophélès ( ça c'était Faust), non, un contrat avec la Nature, représentée par la déesse Asintmah , qui à l'époque n'avait pas besoin des Ecolos pour la défendre:
 "Je te donne ma beauté, ma jeunesse, mes cheveux blonds et ma virginité et je reste libre".
Tu réagis: et le Viking?
Il a bu des litres de bière, brassée à la pierre chauffée à blanc,  a repris son drakkar et est retourné dans ses fjords où   il a épousé Asrunn, la fille d'un bûcheron manchot.
 
 Léna Rongione ( chanteuse, joueuse de banjo et tap dancer,  que tu as eu l'occasion d'admirer au sein du groupe Dear John) ,  a choisi le prénom Naowel  pour un projet, à l'origine solo.
Après avoir enregistré, en 2022,  l'EP ' Atalante'  , elle rencontre Mickaël Flavigny, alias Mike Fly, bassiste chez Skopitone Sisko ( bonjour, Elouan) , mais également beatboxer renommé ( vice-champion de France) , le couple décide de poursuivre un tracé  musical en duo.
 
Le Barbe les accueille pour leur premier concert de 2025.
 
Après un passage chez la maquilleuse, histoire de se peinturlurer les joues , Léna et Mike ( tu prononces maïk ) se pointent. Sur scène, t'avais observé un banjo, une basse, quelques pédales, un looper minuscule et un truc insolite, plus grand,  ressemblant  à un drumpad, l'explication viendra plus tard, il s'agit d'un ERAE  Expressive MIDI controller & looper .
La pub dit  "designed for immersive live performances it will enrich your musical composition and become the master device", pour une fois, la pub ne ment pas, pas question de 559km  d'autonomie   bidons, mais cet engin, d'un maniement plus enfantin que celui d'un Galaxy haut de gamme,   est tout bonnement génial, il suffit d'appuyer sur de petits boutons colorés et tu peux jouer la neuvième symphonie en tenant un Big Mac dans l'autre main ( évite de renverser la sauce andalouse sur le bidule).
Démarrage en mode jazzy avec le classique ' Softly as in a morning sunrise', de  Sigmund Romberg et  Oscar Hammerstein II, un truc repris par tout le gotha Blue Note, c'est Léna qui se colle au chant, incluant un couplet in French..
On mentionnait ' jazz', mais la version proposée chez la femme à barbe peut difficilement répondre à cette étiquette, le mariage du banjo, du beatboxing et de l'électronique peut surprendre à premier abord mais se montre finalement, non seulement astucieux, mais aussi fichtrement mélodieux.
C'est bien parti! 
Mike a saisi la basse,  pour un second titre, à nouveau bilingue, au démarrage basé sur 'Dressed in black' avant de virer  bluegrass electro pour sauver l'écosystème.
Sur un tempo soutenu, le duo fusionne Earl Scruggs, Camille, CocoRosie  et  Animal Collective ou autres adeptes d'un freak folk réfractaire.
Ils enchaînent sur une  romance aux couleurs bretonnes ,  beatboxing ouaté, chuchotements timides, arpèges au  banjo , basse pour assurer le tempo et choeurs préenregistrés.
La poésie dégouline de partout, comme la bruine qui avait saisi Alain Bashung.
Après la mise en boucle d'une houle charriant  son flot de moules, Léna attaque ' L'Océan' .
La corne de brume qu'on entend naît  de l'inspiration du beatboxer qui se met à murmurer une mélopée semblable à celle de Pénélope attendant le retour d'Ulysse ( non il ne voyageait pas au pays des merveilles).
Après un  enchaînement évoquant le concerto d'Aranjuez, c'est Léna qui reprend le chant, on n'a pas compris pourquoi dans cette étendue marine,  elle a distingué des cactus, on ira demander aux Jacques ( Dutronc et Cousteau).
Ce morceau est plein d'imprévus,  une incursion orientale précède l'apparition d'un archet qui vient frotter les cordes du banjo, Homère s'est dit impressionné.... quelle odyssée!
Une amorce lyrique, suivie de handclaps, introduit la suivante... if these boots are made for walking, then these blues are made for talking... 'Revolution' , son banjo allègre, bourré de reverb, , ses craquements saugrenus, ses vocalises dramatiques, a réussi à faire danser un  voisin, mousse en  main,  qui se   transforme en ballerine russe, sans tutu, ni escarpins.
 Amour et angoisses écologiques, amorcés par des battements cardiaques,  ébauchent ' Ma Rhao', Mike  y va d'un flow rap fluide, Léna vient danser près de nous.
Naowel revisite la légende de ' La cité d'Ys'  en y apportant une touche féministe, justifiant les fantaisies de la princesse Dahut.
Léna se dirige vers la planche et entame une version ' Le lac des Cygnes' en mode claquettes.
Tu dis, Fred?
That girl is amazing!
Indeed!
La suivante est adressée aux âmes sensibles et aux filles  testostéronées, démarrage en onomatopées  et conseil " laissez vivre la colère"!
Le Barbe, prêt pour le moment clubbing, tu te dois te laisser aller, voici ' Danse' qui débute comme une valse avant de virer techno, teintée de doo wop..
Ce duo dégage une aura de sympathie incroyable, leur énergie et bonne humeur sont contagieuses, toute la clientèle sourit, un bémol, une casquette, pas rasée, a pris le message parlant d'amour à la lettre  et vient t'embrasser tendrement sur la joue ( heureusement, son rouge à lèvres était fané).
Un petit tour du côté des Appalaches pour le traditionnel ' Shady grove'  à la sauce EBM, à laquelle on a ajouté des épices arabo-andalouses.
Une nourriture, inhabituelle,   mais aussi exquise que digeste.
Au répertoire de Doc Watson, voici ' Walking boss', un titre honni par tous les PDG de ce monde! 
' Brume',  qui donne son titre au dernier EP, semble sorti d'un album de Camille , la basse groovy aux couleurs Rhonda Smith , les claquettes enivrantes, transforment ce morceau , hautement addictif, en  dance track irrésistible.
 
Voilà, on vous laisse à vos libations!
 
 Ça va pas, la tête, et les rappels!
OK, uniquement, si vous chanter  'Chabada bada' ( 'Mojo Banjo' ) avec nous, hommes et femmes, bien entendu!
Ce qui fut  fait.
Et une dernière pour la route , une seconde version, acrobatique de ... here we go all dressed in black...  enluminée d'une improvisation jazzy du meilleur effet. 
 
 
Naowel sera le  23 mai au Noktambül à Rennes!
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mercredi 26 mars 2025

Bonjour Minuit- Point Presse - fin mars 2025

 Bonjour Minuit- Point Presse  - fin mars 2025

Le programme des mois d'avril, mai et juin est dévoilé.

 A noter: l'assemblée générale se déroulera le 26 avril

1) Accompagnement
15 > 16 avril : résidence de Fallen Alien,
22 > 25 avril : résidence de Ne Rangez Pas Les Jardins (en partenariat avec Art Rock),
12 > 15 mai : résidence de Brieg Guerveno,
20 > 22 mai : résidence de SBRBS
 
2)Actions culturelles
[EAC] « The Dance of Life » avec l’école du Grand Clos et la résidence autonomie
des Villages (Saint-Brieuc)
avril et mai : ateliers avec Fallen Alien à l’école
juin : restitution à la résidence
Ce projet vise à récolter des sons et des paroles entre deux générations (CE2 et seniors). Le processus de
création sera accompagné par Fallen Alien et donnera lieu à une restitution à l'EHPAD.
[EAC] « Ca sonne ! » avec le collège Jean Macé (Saint-Brieuc)
avril à juin : ateliers avec Fallen Alien à l’école
juin : restitution au collège et concert de Championne
L’artiste Championne accompagne la classe de quatrième enseignement adapté dans la création d’un
morceau afin de produire la nouvelle sonnerie du collège.
[Culture Justice] Ateliers à la Maison d’arrêt (Saint-Brieuc)
16-20 juin : ateliers rap et concert de restitution
Improvisateur et coach rap, Da Titcha intervient auprès des détenus dans le cadre d’ateliers d’écriture
rap. Le dernier jour sera consacré à un open mic et une démo de Da Titcha, en plus de la restitution.
Concert des écoles de musique de l’agglomération dans le cadre du dispositif Rock en Stock.
Visite de la salle et rencontre entre les bibliothèques régionales.
Visites de la salle avec Adalea, le CLPS, etc.
 
3) concerts
 
Avril
Le 01/04 Satellites  , un groupe psychédélique turc
le 03: la Session Live de Radio Activ'  avec DJ Zebra 
le 05: une légende du reggae:  Israel Vibrations +Nagaï
le 12:  du rap avec  Ajna et Meleonk
le 18:  release party de No Pain No Pain  + River of Bees ( leur premier concert)
 
Mai
Pas de Session Live en mai! 
Le 14: le public est invité à la sortie de résidence de Brieg Guerveno ( gratuit) 
Le 16:  en partenariat avec L'Aéronef (Lille), pour une soirée Totem [TOuch ThE Music] accessible aux personnes sourdes et malentendantes grâce au chansigne et à plusieurs dispositifs, avec le plateau rap Edge et Rambo Goyard
Le 17: un nouveau partenariat avec Galapiat Cirque , concerts hors-murs  à Robien: The Flying Bones (rock) et Julia Pertuy (chanson)
Le 20 à La Passerelle:  Gaspar Claus
 
Juin
Le 05: Session live Radio Activ' avec Hop Hop Hop Crew
Le 25: ! événement: Peter Kernel  à 18:30
 
Le 13 juin, la tournée du  Label Charrues passe à Bonjour Minuit 



Bonjour Minuit voyage:
 à Cognac ( aux Abattoirs): Bonjour Jeudi !
SBRBS + Fallen Alien + TieBreak
le jeudi 10 avril
 
et à Rostrenen  : Moundrag et Ne Rangez Pas Les Jardins rejoindront Elliot Armen, accompagné de Yuri Hu et de la chanteuse Garlonn  à Fisel Minuit, le 23 mai
 
 


 

lundi 24 mars 2025

Eternal EP - The WAEVE

  Eternal EP - The WAEVE

michel

 Transgressive Records Ltd.

 art pop 

The WAEVE - Bizarre, ce band name.... The Wave,   ça d'accord   il existe aussi des Weavers ( The Tannahill Weavers, des tisserands écossais ayant lu  Robert Tannahill), mais pourquoi Graham Coxon et Rose Elinor Dougall ont-ils opté pour cette orthographe bizarre?

Si les demoiselles de Rochefort étaient nées sous le signe des Gémeaux, Rose Elinor et Graham sont Poissons.

Un poisson s'ébat dans l'eau, sur la côte anglaise, il y a des vagues, comme un obscur The Cure Tribute a choisi, pour se défouler sur scène, l'appellation The Wave, le duo  a  ajouté en E au mouvement marin et ça donne The WAEVE (  note des protagonistes:  it's the  old English spelling of WAVE)

Graham Coxon, le copain de Damon Albarn, avec lequel il forme une des pièces maîtresses du mouvement Britpop, le fameux Blur, avait déjà fait quelques infidélités au combo qui a pondu le génial 'Song 2'. En 2017, il rejoint le supercovergroupe  The Jaded Hearts Club.

C'est  en 2021 qu'il forme The WAEVE   avec sa compagne Rose Elinor Dougall, une ex- Pipettes , qui,  en 2018,  après avoir quitté  les robes à pois, débute une carrière solo.

Leur romance et leur goût commun pour le British folk ( Sandy Denny, John Martyn ) ou l' art rock ( Peter Hammill, King Crimson) les poussent à enregistrer et à tourner ensemble.

Deux albums studio ( The Waeve et City Lights)  et un Live  paraissent et, en ce mois de mars 2025, un EP ( ' Eternal') voit le jour.

Tracks:

   1. Love Is All Pain
2. It's The Hope That Kills You
3. Eternal 

Credits;

 Graham Coxon -  vocals, saxophone, guitar, cittern

 Rose Elinor Dougall -  vocals, piano, synthesizer

Sur scène le duo est soutenu par  Charlotte Glasson active, e a,  au sein des Brighton Beach Boys  (saxophone, violin), Thomas White de  Electric Soft Parade (drums) et  Joe Chilton ,cité chez  Younghusband  (bass).

 L’EP est produit par James Ford (Fontaines D.C., Arctic Monkeys, The Last Dinner Party, Blur)

 

La photo de pochette, légèrement floutée,   montre le couple  sur fond noir, Rose Elinor semble pensive, tandis que Graham, n'ayant pas vu l'oiseau sortir, a le regard fixé vers un objectif absent.

' Love is all pain' était sorti en single le 14 février, comme anti-Valentine message,  tant pis pour  Raymond Peynet et ses amoureux naïfs!

... Oh! Love is all pain,  thought I'd escaped it, but I need it again. It's hard, it's hard, it's harder than hell I know you feel it, babe, I know you can tell....

C'est sûr on est loin de 'Love is in the air'  de  John Paul Young!

Des secousses de synthé aux teintes de clavecin métallique, amorcent le morceau, basse et percussions maintiennent un tempo soutenu, avant d'entendre la voix blanche  de  Rose Elinor s'associer à l'instrumentation qui prend un caractère indus.

Insensiblement, le rythme passe à un niveau plus véloce, le chant bataille avec un drumming bouillonnant, à l'arrière des pointes de saxophone viennent déchirer le  propos.

Quand Miss Dougall prend une pause, la batterie et le saxophone ( qui évoque le jeu de David Bowie lorsqu' il s'amuse avec cet instrument, écoute son intervention sur ' To know him is to love him' dans la version de Steeleye Span) ) s'évadent, la composition prend un caractère hypnotique pour terminer sur un virage en épingle et l'apparition surprise  d'un piano romanesque,  qui succède à une envolée de synthé céleste.

An amazing track! 

' It’s The Hope That Kills You' débute sur des sonorités de guitare métallique broyant tout sur son passage, les ouvriers ont intérêt à protéger leurs oreilles, un drumming étouffé  et méthodique vient rejoindre l'aciérie, puis la voix, caverneuse de Graham Coxon surgit, le morceau prend des allures Fad Gadget, avant d'entendre la voix habitée de Rose Elinor relayer celle de son compagnon.

On retrouve dans ce morceau tous les ingrédients du romantisme à l'anglaise ( gloomy, donc) , celui des soeurs Brontë, de Keats ou de Lord Byron....

Passion, effroi, amour, se frôlent et pour souligner le tout, un concerto de cordes gémissantes vient achever ce lament shakespearien.  

'Eternal' , aux arrangements somptueux,  achève l'exercice.

Tu retrouves toute la finesse baroque,  exaltée, de groupes, oh so British, tels que The Divine Comedy,  The High Llamas  ou Tindersticks dans l'approche du duo. 

C'est en crooner sombre que  Graham Coxon   entame 'Eternal', sa compagne le rejoint  pour chanter en harmonies plus légères, avant de laisser la place aux cordes subtiles, aux percussions en réverbérations et  aux doléances  de saxophone.

 La plage, sinueuse,   prend un caractère marin, fait d'oscillations tantôt  ascendantes, tantôt descendantes,  les voix s'éteignent et l'orchestration gonfle jusqu' à obtenir un impact imposant et se diriger vers l'outro au son d'un saxophone mourant.

Grandiose!

 

The Waeve: une alchimie parfaite,   faite de maîtrise musicale et de complicité, autant  artistique  que dans la relation amoureuse!

Sylvie Vartan et Carlos, c'était  2 mn 35 de bonheur, Eternal, ce sont près de 15 minutes de plaisir intense!

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 23 mars 2025

Back To Queen - Tribute à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 22 mars 2025

 Back To Queen - Tribute à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 22 mars 2025

michel 

Pour Roger Taylor et Brian May, Queen Extravaganza est le seul Tribute Band de Queen ayant reçu leur bénédiction.

En 2024, des gens sérieux dénombraient au minimum 80 Queen Tribute Acts, comme ils se sont arrêtés aux States, à l'Australie, au Canada,  et à l'Europe occidentale, on peut supposer que le nombre réel d'hommages à la Reine dépasse de loin  les 150.

Ils ne mentionnent pas, e a, Gueen  ou Queer ( des Japonais),   les Russes de Forever Queen , ni les Argentins, Dios Salve a la Reina ou The Queen Tribute Brazil, on ignore si il existe des exemplaires en  Afghanistan, par contre en France, les " sosies" de Roger Taylor, Freddie Mercury, Brian May, et  John Deacon pullulent.

Il y a quelques années le collectif Ben Blue Sun  a monté  un projet baptisé  Back To Queen - Tribute qui reprend les titres emblématiques des Londoniens.

Leur premier concert de 2025 se déroule à La Grande Ourse, devant un nombreux public.

Avant d'entrer dans les détails, on  signale que cette performance, honnête,  n'a pas répondu entièrement à nos attentes, et n'a pas atteint le niveau du projet Mercury Rising, vu en 2016 à Asse ( België).

 William Néo, Bert Verschueren   et leur équipe avec, notamment, un quatuor à cordes et des backing vocalistes de choix  ( dont Eef Van Acker) t'avaient refilé  des frissons, tu te souviens que sur la route du retour vers ton domicile, quand les gendarmes t'ont arrêté pour un contrôle de routine, tu chantais "The show must go on " à tue-tête, ce qui a failli te coûter cher, car un des képis était convaincu que tu te foutais d'eux.

 Back To Queen, line-up: le râblé Sylvain Phelip, au chant /Benjamin Mousnier, aux claviers et arrangements/ Victor Lipman à la batterie/  Julien Daniel  à la basse et le seul élément féminin de l'ensemble, Kelly Déon  et une guitare flamboyante.

 21:03, une partie du public, irascible, bat des mains pour signaler au groupe que l'heure, c'est l'heure!

En 1986, Queen débutait ses concerts avec le titre  ' One vision' , c'était Brian May qui, sur le disque, se chargeait de l'intro au synthé, Benjamin Mousnier s'y met et balance une amorce houleuse, Kelly enchaîne sur de gros riffs, Sylvain rapplique pour attaquer la partie chantée, aux lyrics pas très clairs, l'ingé son  va y remédier par la suite.

Après avoir digéré le peu de ressemblance ( physique)  entre  Sylvain Phelip et Freddie Mercury, tu prends un coup de masse sur le crâne, car le groupe amorce ' Hammer to fall' , avec un gros travail de Victor aux baguettes, par contre pas de traces des harmonies vocales, too bad!

Un premier tube immense enflamme la salle,  'Killer Queen' , le titre phare de ' Shear Heart Attack' , un album que l'aiguille de ton pick-up a fini par rayer.

Fondu enchaîné sur 'Now, I'm here'  dans lequel, pour rire, on introduit quelques notes de 'Au clair de la lune'.

Le karaoke collectif vient de débuter, on te surveille, car tu es un des seuls à ne pas chanter avec les moutons et aussi à regretter le charisme de Freddie Mercury, même si Sylvain Phelip ne démérite pas.

'Another one bites the dust'    et ses formidables lignes  de basse inspirent tes voisin(e)s,  qui apprécient à juste titre,  le solo de batterie de Victor, ( il n'est pas footballiste), elles assurent les backings et battent des mains.

1984, Roger Taylor compose ' Radio Gaga' , Lady Gaga  n'était pas née, Orson Welles n'était pas encore décédé.

Une bonne centaine de doigts claquent pour accompagner 'Under Pressure', t'as versé une larme en pensant à David Bowie. 

Une bande introduit les premières mesures de  ' I want to break free' et  puis de  ' I want it all' ,  sans les harmonies d'origine, ce sont les arpèges précis de Kelly qui retiennent ton attention.

Drôlement  efficace, la madame! 

Si Queen t'invite pour une soirée à l'opéra , tu cires tes pompes, ajuste ton noeud papillon et tu coinces un pissenlit à ta boutonnière....

Quelle claque, la première fois où tu as entendu ' Bohemian Rhapsody', le style de morceau qui ne peut être chanté que par l'unique Freddie Mercury!

Sorry, Sylvain, c'était pas mauvais, mais c'était pas Mercury!

Sur 'Innuendo', tu trouves  le testament du chanteur, ' The show must go on' , Brian, refile moi un shot de vodka, please!

Le grain suivant du chapelet dit ' These are the days of our lives', une ballade mélodieuse.

C'était en bonne voie, puis un couac, Julien fait de grands gestes, stop, ça ne va pas, on reprend.

Seconde prise,  clap, clap, c'est bon, on emballe! 

Kelly troque sa guitare contre une acoustique avant d'entamer le tendre  'Love of my life', elle est accompagnée par le piano et par la voix de Sylvain.

Saint-Agathon, le refrain est pour vous , et c'est là que derrière toi un bêlement odieux surgit, avec les voisins on s'est regardés , on a souri et on a compris la raison pour laquelle la femme du crooner de pacotille a exigé le divorce. 

'Crazy little thing called love' et ' Somebody to  love' se succèdent avant un ' We will rock you '  musclé.

On vous laisse avec Kelly,  qui se paye un guitar solo, comme Brian May  avait l'habitude de le faire en concert.

Riffs athlétiques, reverb, echo, pizzicato, un brin de surf, du hard,  du space rock à la The Spotnicks, du Paul Gilbert,  elle nous en a mis plein les oreilles!

Retour de l'équipe au complet pour 'Tie your mother down' , un rock  qui a toujours déplu à ta maman!

Après une séquence maniement des foules, à rendre Trump jaloux, vient 'A kind of magic'  .

Queen, c'était vraiment une usine à tubes, car si  ' Dont stop me now' qui suit n'aura été qu'un minor hit à sa sortie, à l'usure , c'est devenu un incontournable du répertoire du band.

C'est l'heure des présentations et des remerciements, avant d'achever le set par  le théâtral ' Who wants to live forever'.

 

Jeanine à son compagnon: tu paries qu'ils vont interpréter ' We are the champions' en rappel!

 Bingo!

A Wembley, en 1972, 172 000 voix ont hurlé en même temps que Freddie Mercury, ce soir à La Grande Ourse, on était au moins 172 à reprendre, en choeur,  cet hymne des stades, avant un baroud d'honneur du batteur.

 

Gilbert?

C'était bien!

Gisèle renchérit: j'ai adoré !

 P S :

Aux dernières nouvelles,   Brian May et Roger Taylor envisagent un nouvel album de Queen!

 

 

 

 

 

 

 



 


jeudi 20 mars 2025

Album BS by Baby Said

 Album  BS by  Baby Said

michel

Pat Records

indie/ alternative rock 

En 2021, la bombe romaine,  Måneskin, remporte l'Eurovision, le groupe , déjà une sensation en Italie, va rapidement mettre l'Europe et l'Amérique à genoux.

Sur leur troisième production, 'Rush' ( 2023), on trouve le titre ' Baby Said'.

Il inspire les soeurs Veronica et Jess Pal,  deux jeunes personnes de Portsmouth, aux  roots italo pendjabi, qui optent pour cette dénomination pour se produire sur scène. 

Veronica ( 20 ans)  a eu sa première guitare en main à 6 ans, sa petite soeur, Jess ( 18 ans), encore plus précoce, grattait l'instrument alors qu'elle suçait encore une tétine.

Durant les vacances scolaires, les  gamines  s'adonnaient au busking, dans  la ville ayant vu naître Charles Dickens, des programmateurs les repèrent et les invitent à se produire  dans les clubs locaux.

C'est sous le nom d'AstroModa que les frangines interprétaient des covers et des compositions personnelles, plutôt folk.

Veronica à la guitare, sa soeur à la basse, aidées par un drummer, ont ainsi donné près de 200 concerts en 2 ans,  et pondu un EP ' Unchained'.

En 2023, elles décident de donner un caractère plus rock à leur répertoire, elles abandonnent les reprises et deviennent Baby Said. 

Les premiers singles “Fight” et  “You Killed It,” impressionnent , ils sont suivis par d'autres pépites et, en mars 2025, un premier album ' B S' pointe le bout du nez.

B S comme Baby Said ou Bull Shit.

Veronica ( guitar,  vocals) et Jess ( bass, vocals) ont enrôlé  Holly Knowles on guitar et  Maddie Hackett on drums pour compléter la formation.

 Tracklisting

 Sweet Talk
Mean Girlz
123
Burn
Hate Me
Dead To Me
Take Everything


La photo de pochette montrant les soeurs , souriantes, assises côte à côte, adossées à un mur, est signée Eleanor Marchant, une photographe londonienne spécialisée en music photography. 

Pour ouvrir l'album, les sisters balancent ' Sweet talk' un power pop track,  imprégné de guitares hurlantes renvoyant vers une époque lointaine où Gun entamait une course folle avec le diable ( Race with the Devil). 

La rythmique est solide et efficace, et les vocaux récurent les oreilles, avec un refrain catchy à souhait.

En résumé,  du female rock à ranger du côté des Runaways, de Girlschool ( celles qui avaient repris le fameux morceau de Gun) ou de Pat Benatar.

Ne va pas cataloguer Jessica et Veronica de nice little girls, à ce sujet, le titre suivant ' Mean girlz' est explicite.

Sur fond de batterie métronomique à la White Stripes, les filles  scandent leur propos qui doit s'imprégner dans le cerveau du mec , ... 'If you think that I dont know how you really are When im done with you it’s gonna hurt and leave a scar..  je ne suis pas comme toi et je n'ai aucune raison d'être honteuse....  les riffs de guitare, salement agressifs,  soulignent le côté revendicatif du discours, ne t'étonne pas si  le mec de l'appart en dessous du tien,  parle de déposer plainte auprès du syndic, car tes talons battent furieusement  la mesure sur le plancher vermoulu.

Un peu plus lent, ' 123', au contour grunge  grinçant, dénonce la jalousie et la possessivité d'un  gars   légèrement collant.

Je compte jusqu'à trois et tu te tires, mec, et pour  bien te le faire comprendre, les guitares tirent en rafales. 

Les backings mélodieux de Jess contrebalancent le chant intense et déterminé de sa grande soeur.

'Burn', non Baby Said n'a pas repris Deep Purple, ce downtempo, mélodieux, aborde le thème des problèmes de santé mentale et délivre  un message d'espoir . 

Avec des accords de  guitares catchy et   des harmonies vocales dignes du ' Dreams' de Fleetwood Mac, les soeurs font vibrer la corde sensible et  bouleversent. 

Retour au punch avec ' Hate me',  au phrasé rappelant étrangement certains titres des Spice Girls ( 'Wannabe' notamment) , qui démarre sur un roulement de batterie soutenu et quelques sonorités indus, avant un solo de guitare tonitruant,  déchirant l'hymne peu avant le final.

You're gonna love 'Hate me', folks! 

Heavy guitars and bass et compact drumming  en avant sur le sombre et menaçant   ' Dead to me' un morceau hard fougueux,  scandé  à pleines voix par la fratrie.

Une nouvelle fois le message est clair... ne viens pas marcher sur mes plates-bandes   cause when I fire I don’t miss!

'Take Everything'  is about the feeling of passing through life wearing a grey lens, indiquent les filles.

Sur un rythme d'enfer,  reposant sur un jeu de batterie frénétique, une basse indomptable et des guitares  tantôt rugueuses, tantôt  explosives , Veronica et Jess profèrent  leur  message avec une énergie débordante et persuasive.

 

Initiales B S, oublie Britney Spears et Bob Sinclar,  par contre, Baby Said, c'est  de la bombe!   

 

Le groupe était annoncé à Paris le premier mai, malheureusement the gig has been cancelled.

Par contre plusieurs dates sont annoncées au UK en avril. 



 

 

 

 


 

 

 

lundi 17 mars 2025

Fortress EP by Dorre

  Fortress EP by  Dorre

michel

 psychedelic post-metal/doom

 Lay Bare Recordings.

Dorre, des ustensiles de cuisine?

Non, ni une marque de préservatifs.

A Louvain, il existe une statue, créée par Roland Rens, appelée Dorre, de bakker, et comme Adriaan De Raymaeker (rhythm guitar), Wolf Overloop (drums), Erik Heyns (lead guitar), Jan Greveraars (bass) et  Brecht De Rooms (vocals) sont du coin et carburent à la Stella, ils ont opté pour Dorre comme nom de scène!

L'idée de former un groupe germe en 2008,  à l'origine, les garçons  distillaient  un  mix de stoner rock, post rock, psychedelic rock et  doom metal instrumental.

 Adriaan De Raymaeker et  Wolf Overloop sont les instigateurs du projet,  ils fréquentaient régulièrement le Rock Café de la cité universitaire, répétaient dans le grenier, jammaient  de temps en temps dans les bistrots locaux  pour se payer des bières avant de soudoyer Erik Heyns.

Là, ça devient sérieux, en 2015 ils sortent 'One Mic Garage Takes' un trois-titres de plus de 45', enregistré, tu l'as compris, dans un garage.

La même année paraît le single 'One collapsed at the altar' , une messe noire de 30'.

Le groupe est invité à tourner au UK, puis décide d'enrôler  Andrew Hockley à la basse.

Un split album avec les Danois  Bethmoora voit le jour,  suivi par le concept album 'Fall river' en 2019.

L'accueil est positif, le groupe est invité à se produire aux Pays-Bas et en Allemagne.

2020:  calme plat,  Dorre refait surface fin 2021 pour un seul concert, il faut attendre 2023 pour les revoir sur scène.

2025, big news, un nouvel EP ' Fortress' voit le jour et le line-up s'est étoffé , un chanteur surgit: Brecht De Rooms ( il tient la guitare chez Ethereal Darkness), et Jan Greveraars manie  désormais la basse, le core, Erik Heyns – Lead Guitar/ Adriaan De Raymaeker – Rhythm Guitar et Wolf Overloop – Drums, est toujours de la partie.

 Tracklisting:
1. Two Crawled Up The Mountain (9:38)
2. Human Cyborg Relations (5:29)
3. Carbonite (7:49)
4. Ender (10:40)

 Artwork by Giliam Schroyen, un expert en print, typographie, surf, photographie, vidéo et conception, qui a imaginé un reptile à tête de cyber robot pour illustrer la pochette.

 

On ne t'apprend rien, le doom metal se caractérise par une cadence lente, une allure de pachyderme, car promener six tonnes , même si ta peau est craquelée, ne te permet pas de rivaliser en savane,  sur le 400 mètres,  avec le guépard,  donc les gens se dirigeant vers le Kilimandjaro le font à la manière sournoise  du Black Mamba.

 'Two crawled up the mountain'  te décrit ça en près de dix minutes  sur un tempo proche des berceuses monstrueuses des compatriotes Amenra.

Après avoir subi quelques bourrasques, la guitare gronde avant d'entendre la voix sombre, aux intonations psychédéliques,  de Brecht.

Une   once de stoner, quelques effluves de  space rock ( tu te souviens de Hawkwind,  wouah la basse de Lemmy)  avant une accélération, car on pénètre en territoire hostile, faut éviter de se faire bouffer par de sales bêtes,  et puis vient Brecht, qui n' a peut-être pas lu Bertolt, mais  il peut ajuster son débit et  partir en growls ( propres).

Une fois à l'abri, on revient au stoner/doom,  un brin paranoïaque, avec quelques riffs empruntés au ' Paranoid' de qui tu sais, pour atteindre le sommet, après une rude ascension.

Un premier titre magistral! 

' Human Cyborg Relations' démarre sur des bruissements industriels post Star Wars ( pense à Tool)  , Wolf ( rien à voir avec Garou) s'amuse avec le charleston , à l'arrière ça grince ignoblement, sur cette toile noise, les guitares et les drums rivalisent de barbarie, Brecht se pointe et sur un  tapis post metal ( Voivod est cité par des connaisseurs) ,  d'un timbre éraflé,  il  entame une litanie  aussi mystique que furibonde.

On ne rigole pas chez les androïdes, le final sera  bigrement explosif.

La Carbonite est une litière minérale agglomérante pour chats. 

On ne parle pas de la même chose, il est sans doute question de congélation carbonique, demande à  Han Solo, il t'expliquera  clairement de quoi il s'agit.

Chez Dorre ' Carbonite' démarre à fond la caisse, tel un mastodonte piqué par un frelon, les guitares mitraillent en staccato, la basse vrombit, Wolf s'acharne sur tous les éléments du drumkit et Brecht s'arrache les poumons. 

Départ à la cravache, donc, après une cassure, une des guitares se permet quelques riffs jazzy , la bête rugit encore, puis tout se calme, Brecht y va d'un rire à la Jack Nicholson dans ' Shining', son chant, lui,  joue à saute-moutons sur fond onirique.

Ne te laisse pas avoir, cet épisode n'est que  passager, le quintet nous replonge du côté obscur de la force avant de terminer le voyage en proposant un soundscape atmosphérique.

La plage la plus longue ' Ender' s'ouvre sur un roulement de tambour, avant  l'entrée en matière de guitares meurtrières, l'offensive est dirigée par les exhortations chantées de Brecht, ses copains assurant des choeurs martiaux, le bataillon se dirige vers l'ennemi sans fléchir.

Comme la composition s'étend sur près de onze minutes, tu peux t'attendre à des rebondissements, une nouvelle fois,  tu  patauges dans un marais passant du stoner, au  black metal, avec des frissons  jazzcore ( à la The Dillinger Escape Plan) sludge  ou  mathcore, le tout étant décoré par les grunts du vocaliste, qui a eu l'occasion de soulager sa voix pendant un break instrumental pas vraiment mélodieux. 

Il  reprend sa gymnastique vocale capricieuse, pousse une gueulante bestiale, ses copains mitraillent sans répit et puis surprise, un sax ( Dirk Reiners), sorti de nulle part ( comme l'aigle noir),   se manifeste et le morceau vire  groove  jam  en fusion.

Rideau!

 

Verdict: la forteresse de Dorre ne devrait pas rester cachée, comme celle d' Akira Kurosawa, cet album ambitieux devrait leur ouvrir des portes vers une audience plus large.

 

 

 

 

 


 


 

 

 


 

 

dimanche 16 mars 2025

Wheobe au Barbe à Plouha, le 14 mars 2025

 

Wheobe au Barbe à Plouha, le 14 mars 2025
 
michel
 
20:00 au Barbe, Yann ne se montre guère optimiste, peu de réservations pour le concert de la soirée, effectivement une audience réduite  ( euphémisme) s'accoude au comptoir.
Heureusement, vers 20:30,  le nombre des clients a passablement  grimpé !
 
 
Si Wheobe fait la une de la rubrique culture à  Lons-le-Saunier, leur renommée dans le Goëlo est inexistante, ce qui devrait changer après la fantastique prestation des Jurassiens dans le zinc tenu par un panda perdu.
Au sortir du jardin d'enfants, quatre bambins,  Swann Foucher (chanteur, claviériste et parolier), Matthias Joannon (bassiste), Matthieu Mercky (batteur) et Ivanoé Tissot (guitariste), décident de monter un groupe de rock.
 
Du rock sans étiquette,  car leurs influences sont multiples, moi j'aime le gangsta rap,   nous, on carbure au jazz , enfin, le chanteur a été nourri à Portishead, Morcheeba, Massive Attack, Tricky  ou Zero 7.
Du coup leur fond de commerce est fécond, pour faire court on lâche ' alternative', là-dedans tu trouves :du prog, de l'art rock, du trip hop, du shoegaze, de l'expérimental,  du baroque, de la  chamber pop et même du stoner.
Un cocktail hallucinant.
 
Un premier concert dans leurs terres se déroule fin 2019, 2020 sera calme ( pas à dessein, pas besoin de dessin ).
2021, le groupe ramasse les lauriers  lors de la finale d'Imagine, ce qui leur donne le droit d'aller admirer Manneken Pis, du coup ils partent saluer les Rosbifs et les porteurs de kilt et continuent à tourner, essentiellement, en Auvergne-Rhône-Alpes.
 
Un premier EP (' Lifedrop') paraît en 2022, suivi par  "collapse; relapse" qui sent encore le talc!
 
Matthieu: je commence?
Vas-y, ... après un boum, boum, boum méthodique ... 'Counterclockwise' démarre dans le sens des aiguilles.
 Le chevalier; qui a laissé son épée chez  sa fiancée Rebecca, déjà place quelques accords aiguisés, puis Swann, qui a lu Proust, saisit le micro et d'un falsetto proche de celui de  Thom Yorke habille habilement  la composition alors que la basse de Matthias, à l'affût, gonfle le son.
D'emblée, le côté théâtral et la  dramaturgie gestuelle expressive   du chanteur interpellent.
La composition, complexe, développe un mouvement apaisé après une amorce nerveuse,   puis reprend du poil de la bête lorsque le chanteur passe derrière l'orgue.
L'étiquette prog rock prend tout son sens, car si le chant évoque Radiohead, les arabesques  symphoniques se rapprochent de l'école de Canterbury, illustrée par des groupes tels que Caravan ou le Khan de Steve Hillage.
 
Dans ses bagages, Ivanoé a emmené un cintre, comme il n'a  trouvé ni  d'ebow, ni de bottle neck, il utilise l'objet pour frictionner les cordes de sa guitare, ce qui donne au titre ' Sinking' un grain noise bien cintré.
Le tempo est soutenu, le chant agité, basse et batterie entament un dialogue courtois puis la chose s'active et gagne en fougue.
Une crise d'épilepsie collective a gagné les musiciens, Swann, habité, nous la joue  Grégory Frateur , le chanteur ravagé de Dez Mona.
Cette seconde claque  précède  'Laska' au chant lyrique qui te renvoie vers le magnifique combo de Scarborough,  The Irrepressibles !
 
Sur le nouvel EP,  'The World Can Wait' démarre par un chant chaste sur drumming  martial, guitare et basse jouent en retenue.
 Ivanhoé ajoute sa voix à celle du chanteur et le midtempo harmonieux s'étire sans se soucier des préoccupations mercantiles d'un monde courant à sa perte.
Je me sens bien sur mon île déserte! 

Un avertissement: bien chers auditeurs, la suivante dure dix minutes!
'Me and the tide' est fait de flux, reflux, de remous pas mous, de brisures angoissantes, d'éclats asphyxiants pour finir en post rock explosif.
La présence scénique de Swann s'approchant de celle de Peter Gabriel du temps de 'The Knife' ( Genesis Live, quelle claque!).
A l'issue de cette pièce épique, Hubert, pointilleux, pointe : j'ai chronométré, à peine 9' 12"!
 
Le grand retour du cintre pour ' To you all' une sorte de valse  incantatoire, le chef de la tribu implore le ciel ... I pray for the rain... !
Pas un Breton  sensé n'adresserait cette prière à  Tlaloc!
 
Deux ou trois accords jazzy amorcent ' A Smoke-fed Crackle', une pièce au premier mouvement  flegmatique,   qui soudain gronde  pour exploser tel un volcan effusif contrarié  par une activité humaine mesquine.
 
Avec 'Sore'  , ce sont à nouveau des relents Radiohead qui embaument l'air , le chant viscéral et le fond sonore en forme de rollercoaster déjanté ont donné le tournis aux clients qui applaudiront à tout rompre à l'issue de cette composition torturée.
 
Le petit tambour d'Arcole entame la dernière plage de la soirée, ' Fangs' , une guitare fluide le rejoint avant d'entendre une voix émerger des marais.
Quelques gimmicks spongieux s'immiscent dans la composition, la basse gronde, Swann gémit,  la guitare se fait pointilliste, le ton  monte  vers un climax  fiévreux.
La bête vit ses derniers instants, faits  de  soubresauts et de râles frénétiques   elle  rend l'âme lors d'un final cataclysmique.
 
Subjugué par tant de prouesses, le public, conscient d'avoir assisté à un set époustouflant,  a mis du temps avant d'applaudir  à tout rompre.
 
Retiens ce nom : WHEOBE et si ta route passe par Paris, assiste à leur concert à la Mécanique Ondulatoire le 20 mars!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

vendredi 14 mars 2025

Deaf Peach ( support de Shannon Wright ) - Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 mars 2025

 Deaf Peach ( support de Shannon Wright ) - Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 13 mars 2025

michel

Pour promouvoir l'album  Reservoir of Love, Shannon Wright sillonne la France, sa tournée passe par Saint-Brieuc, pas question de manquer le concert de l'éternelle écorchée vive que tu as croisée il y des années à Bruxelles.,

Comme à son habitude, la madame de Jacksonville a donné un show rugueux, abrasif et sans concessions, laissant l'audience désarçonnée,  mais consciente d'avoir assisté à un spectacle d'une intensité rare.

Pascal va vous décrire tout ça, car avant de voir la radieuse et souriante  Shannon arpenter la scène,  Bonjour Minuit accueille Deaf Peach, une formation rennaise pratiquant, selon ses dires, du bubblegrunge.

Deaf Peach, tu dis!

Yes, pourquoi pas , il y a bien eu un Blind Melon,  des Electric Prunes, des Lemonheads, des Lemon Pipers, un Black Grape, mais aussi  un Deaf Wish ou   Deafhaven, un Deaf Havana, du  Deafbrood ou un Deaf Professor,  et même un  Pinball Wizard, sourd, aveugle et muet, donc rien d'anormal à trouver une pêche  mal-entendante!

 

Avant d'imaginer le projet Deaf Peach,  Eve-Lise Le Gallo faisait partie de The Bruise Market ( un album 'Evil Eyes').

En octobre dernier, Eve-Lise  dévoile un premier EP, 'Sweet Spot' , elle joue quasi de tous les instruments, mais sur scène, la jolie demoiselle opte pour une formule trio, elle garde la guitare et deux jeunes gens ( qu'elle ne présente pas, par excès de timidité) l'accompagnent, sans doute l'excellent  batteur  Orel (Aurélien) Groussolle ( ex Hipskör, et actuel The Chainsaw Motel) et Romain Gamain  à la basse grésillante , un galopin maniant lui aussi une tronçonneuse  à ses moments perdus.

Un coup d'oeil au décorum,  Eve-Lise  a fouiné chez tous les brocanteurs de Rennes où elle a déniché des abats-jour vintage aussi beaux que ceux que ta grand-mère t'a laissé en héritage mais qui ne plaisaient pas à ta conjugale.

Une boîte à rythmes distille un son glauque, la basse, hyper saturée,  grince,  Miss Le Gallo plaque quelques accords ciselés sur sa gratte, Orel tapote de ses mains manucurées un pad  accroché à son drumkit, c'est parti pour ' 2025' (  titre que tu as lu sur la setlist).

Pas évident de capter les lyrics, car  le batteur a ramassé ses baguettes et frappe comme un forcené sur tous  les ustensiles, la basse continue en fuzz, la guitare, légèrement, plus mélodique, se joint à l'élément masculin, le son est vachement brut et saccadé et justifie l'étiquette grunge.

Après une intro propre à la guitare, une deuxième salve est lancée , on ne peut pas te dire ce que signifie le sigle  'SHSD' mais on peut affirmer que ce truc à l'attrait grunge  féministe, style Hole sans le côté exhibitionniste, a plu au public qui réagit au quart de tour.

Aurélien vient d'apercevoir un insecte pas sympathique, il se dit, je vais l'assommer d'un coup de baguette.

Manqué, il répète l'exercice,  les mini-matraques  frappent toms, caisses claires, foncées, cymbales, charleston, de manière virulente, 'Atypical Naevus' est sur les rails, Romain, se dit je vais me faire Astérix d'un coup de basse,  l'instrument vrombit, Eve-Lise nous la joue Kim Gordon ( à la guitare), malgré le fuzz persistant, le morceau offre un côté élégant  qui a fait dire à Francine, cette pêche n'est pas dégueulasse!

Le trio enchaîne sur 'Medication' un midtempo thérapeutique  avant d'attaquer 'Pink Tax'   aux climats anxiogènes et au propos féministe, car les marchandises destinées à la clientèle féminine sont vachement plus onéreuses que ce qui est proposé à l'élément viril.

Maxence va chez le coiffeur, il paye sa coupe 20€, Marianne passe au salon, elle ressort en ayant débourser 40€.

Rien à faire, c'est la pinkflation!

Du coup Corinne, comme Lio,  a opté pour la coupe  Sinéad O'Connor!

Loin de ces polémiques, Deaf Peach  enchaîne sur ' 'Punk Wax'  qui va éliminer les poils disgracieux en moins de quatre minutes.

Pas vraiment punk ce morceau, mais assez noisy  pour que ton épiderme réagisse.

Un timide " merci" ponctue les applaudissements nourris d'un public séduit par la prestation du trio,  qui propose ' Crush', amorcé par quelques accords de guitare lyriques, avant le tir d'artillerie  soutenu  déclenché par le bassiste et le batteur.

Ces gens travaillent dans l'urgence  et la distorsion , bien sale  pour la basse.

On revient à l'EP avec  le bouillonnant ' Blood ties'  qui accentue le propos féministe.

Il nous reste deux titres, murmure la chanteuse.

'Kind of happiness'  chanté d'une voix apaisée avec Romain aux choeurs.

Pendant plus d'une minute Orel est au repos, il se mettra en mouvement, sans crispation, lors d'un second mouvement toujours mélodique.

La dernière du set 'Watching the stairs'  démarre comme une berceuse sombre, déviant en chaos assourdissant,  quand le  bassiste  entre dans la chambre pour flanquer la frousse aux gosses.

Deaf Peach aura laissé une excellente impression aux Briochins, ce groupe, c'est évident,  est promis à un bel avenir!

 

Tiens, voilà mon stylo,  Pascal, je dépose mon autofocus au vestiaire, because no pictures during Shannon Wright's gig, un contrevenant l'apprendra à ses dépens!

 

 

 

 

 

 


 

 

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mercredi 12 mars 2025

The Bluetones EP In The Cut

 The Bluetones EP  In The Cut

indie 

Brainhole Records

michel

Les Bluetones, originaires de la banlieue de Londres, voient le jour en 1993. 

Après avoir abandonné le patronyme  'The Bottlegarden',  pas assez écolo, Mark Morriss ( vocals), Adam Devlin ( guitar) ,  Scott Morriss ( bass) et  Eds Chesters ( drums) optent donc pour The Bluetones.

Le temps de se  forger  un répertoire et d' avoir sérieusement répété,   en décembre  1994, on les voit  sur une scène renommée , The Venue, à Londres  , ils jouent avant Strangelove et Flinch.

Peu après, ils servent de hors-d'oeuvre pour  Supergrass, Ash ou les Charlatans.

Leur carrière est lancée, en 1995, le single '  ‘Are You Blue Or Are You Blind’  se classe dans les British charts, un premier full length album ' Expecting to Fly' atterrit chez les disquaires en 1996, il se place en tête dans les UK Album Charts.

Pas mal pour un début!

Si Les Inrocks ne sont pas convaincus, les critiques au UK ne tarissent pas d'éloges, un groupe qui a réussi à se placer devant Oasis dans les meilleures ventes d'albums mérite le respect.

Jusqu'en 2010, les Bluetones continuent à produire régulièrement des LP's ,  'Return to the last saloon' et 'Science and Nature' marchent bien, ensuite la vague Britpop commence à montrer des signes d'épuisement, , les ventes des disques suivants stagnent.

 Ça sent le split, qui intervient en 2011.

 

2015, retour de flamme,  ils retâtent de la scène et par après continuent à tourner inlassablement.

Et si on retournait dans les studios, les petits gars?

Why not?

Octobre 2024,  après 14 ans d'abstinence, un EP voit le jour,  'Drive thru', trois titres seulement, mais bien accueillis!

Mars 2025 ( sortie officielle à la fin du mois) , une suite,  l'EP  'In the cut',  à nouveau trois titres!

 

  1. In the Cut
  2. Cheap Hotel
  3. Go Slow

The band   features   the full original lineup with Mark Morriss on vocals, Adam Devlin on guitar, Scott Morriss on bass and Eds Chesters on drums.

Une pochette à peine différente de celle qui ornait l'EP de 2024, seule la couleur a changé, le bleu est passé au vert, mais le groupe n'est pas devenu The Greentones! 

'In the cut' , sorti en single en février , introduit l'EP,

 
“‘In the Cut is all about rolling with life's ups and downs,” says frontman Mark Morriss.

Si dans les nineties le groupe faisait partie de l'imposant peloton Britpop, ' In the Cut' offre plutôt des saveurs jangle pop,  les rapprochant de R.E.M., des Connells,  ou The Church.

C'est propre, fluide et radiofriendly .

Une brève intro à la batterie fait place à une  guitare  ciselée et aux harmonies vocales dignes des Byrds , le tempo est relevé, le bridge instrumental séduit les oreilles, tu sens que ces gars ont du métier et savent comment ficeler une chanson catchy et efficace.

T'es dans la dèche, Booking machin et les Bluetones te proposent un 'Cheap Hotel'.

  Une  nouvelle fois les harmonies vocales et les guitares légères se baladent sur une rythmique alléchante.

Pas de punaises dans le lit, tu vas aimer ce morceau  aux arrangements aussi soignés que les titres des Buffalo Springfield,, des Eagles ou  du Steve Miller Band.

Un conseil pour clôturer l'exercice: 'Go slow'  .

C'est sur un rythme nonchalant que la ballade t'invite à ralentir pour contempler le paysage, ce morceau laidback peut évoquer Jackson Browne  qui d'ailleurs a composé le fameux ' Take it easy', un premier hit pour les Eagles.

Quand Mark, laisse la place à ses acolytes,  ceux-ci en profitent pour  confectionner un bridge  d'une élégance racée, et du coup d'autres noms s'imposent à ton esprit: Big Star d'Alex Chilton , The Long Ryders  et pour revenir au UK, les Stone Ropses.

 

En résumé: les Bluetones n'ont rien perdu de  leur habilité à confectionner des titres imparables , on peut de toute évidence  constater que l'alchimie entre ces quatre musiciens, qui se connaissent depuis des lustres, est parfaite.

 

 The new EP is a tantalising preview of the forthcoming album, slated for release this autumn, indique leur agent!

 

 

 




 

 

 

  1.  

 

 

lundi 10 mars 2025

CEYLON au Chaland qui Passe à Binic, le 9 mars 2025

 CEYLON au Chaland qui Passe à Binic, le 9 mars 2025

michel

Si Ceylan, c'est pas rapide, Ceylon, c'est long, comme  la taille de leurs compositions.

Prends les Dead Kennedys, par exemple, en moins de trois minutes ils sont complètement bourrés et dans l'incapacité de baiser , ' New Rose' de The Damned ( paix à Brian James) fait 2'45, chez Ceylon , certaines compositions flirtent  allègrement avec le quart-d'heure ( français, américain ou anglais).

Cette brève préface pour t'annoncer qu'en une heure de set , le groupe n'a pas interprété dix titres!

 Ceylon, des Singhalais?

Ni Singhalais, ni gringalets, à l'origine du groupe, tu as  Louise Holt (enfant de la balle,  chanteuse et danseuse) et Tristan Chevalier ( guitariste, chanteur) .

C'est lors du Festival d'Avignon qu'ils font connaissance.

 Eh, mec, tu me suis à Toulouse?

O K, on forme, un groupe?

Pourquoi pas! 

Ils recrutent Lucas (guitare / oud), Pierre-Jean (basse) et Sacha (batterie), on est en 2017!

Il faut attendre 2019 pour voir un premier enregistrement, un EP cinq-titres, baptisé 'Ceylon', sur lequel déjà les morceaux sont plus longs que les 3'  radiophoniques réglementaires.

Il est question de psychédélisme, de transe,  d'influences orientales.

Petit rappel: sur scène  Fleetwood Mac, du temps de Peter Green, balançait une version de plus de 16 minutes de ' The Green Manalishi'.

Revenons au groupe du Sud-Ouest: d'autres disques voient le jour, ( deux albums et un EP) et la formation mue, en cette fin-d'après-midi, le bar le plus in de Binic accueille la femme serpent , Louise Holt ( chant, shakers, et  danses félines, salement   suggestives ) ,  Tristan Chevalier  ( guitare, chant) , Pierre-Jean Meric ( basse), toujours fidèle au poste ( il a également fait parte du groupe toulousain Temper), Christopher Tsen-Tao à la seconde guitare ( membre du backing band de Charlotte Adrien) et Sacha Cantié ( drums), toujours présent, il est aussi annoncé comme   membre du groupe Le Barda.

Le concert débute avec un léger retard, Arnaud le patron du zinc et ingénieur son , devant s'absenter pour quelques instants.

On patiente tout en devisant et en éclusant une Tuborg , quand, sans prévenir, un larsen infect vient agresser nos chastes oreilles, on fait quoi, doc?

Débranche, suggère France Gall!

Heureusement tout rentre dans l'ordre et le quintet  peut entamer son set normalement!

Tandis qu'une guitare fignole une broderie fine, que la basse ronfle comme une tondeuse  à gazon bien entretenue, Louise d'une voix canaille entame le texte byzantin '  On ne dit pas' ,  très vite la palette sonore s'enrichit pour associer poussées psychédéliques, lave prog   et  conjonctures tribales.

Bref, de quoi être désarçonné et ensorcelé dès l'entame. 

Des points de repères?

Pas évident, les amstellodamois de My Baby  peut-être , en pensant à leur chanteuse Cato Van Dijck.

'Maraiées mortes' date de leur premier EP.

Louise, d'une voix neutre, récite ' Marées mortes' , un énoncé théâtral que les copains enrobent d'un magma ( merci Chritian Vander) psychédélique  et jazzy  du meilleur effet.

Tristan écrase la pédale wah wah, la guitare aboie, Sacha jongle avec ses baguettes, Christopher, caché,  ajoute de fines pointes incisives et la basse de Pierre-Jean  scelle  le tout, tandis que la chanteuse  ( en mode Sandie Shaw, ....ai laissé mes pompes au vestiaire) divague au gré des vagues mortes, en poussant, de temps en temps, de petits cris ou en se transformant en poisson volant.

Déjà une seconde claque ( zappaienne)  magistrale! 

Un minime problème technique, câble déficient pour la basse, retarde la mise à feu de 'Il va falloir' , un downtempo mélodieux, qui n'empêche nullement Louise de reprendre ses exercices d'aerobics,, nettement plus nerveux que ceux de Jane Fonda.  

Cette longue plage, toute en arabesques et onomatopées, part en jam sinueuse, Tristan, concentré,  assure  des choeurs  mélancoliques  en égrenant des riffs précis.

C'est lui qui se charge des lead vocals sur  'Whatever' , un titre évoquant les New-Yorkais  de The Rapture  ou le Tom Tom Club de Tina Weymouth et Chris Frantz.

Sur disque, la plage affiche plus de sept minutes, sur scène on dépasse carrément les dix minutes,  tu t'enfonces dans un marais de  funk blanc , de percussions tribales, de tchik tchik tchik  à faire pâlir les gens de chez !!! , pourtant habitués aux mélanges post punk/funk.

' Pink City' a été composé en hommage à Toulouse.

Un savant mélange de rose, pas frigide, de rythmes urbains vibrants,  virant  soudain jungle, de secousses telluriques, de divagations à la  King Gizzard & the Lizard Wizard et  de voix, tantôt à l'unisson, tantôt se répondant.

On nous dit qu'un jour, Ceylon et   Altın Gün étaient à la même affiche, ce devait être dément!

Après une intro lyrico-ethnique, Louise attaque 'La montée des marches ' ( 9'20") , le titre le plus bluesy du répertoire.

Du blues, mais pas du Robert Johnson, on pense plutôt aux Doors et on ajoute leurs voisins Jefferson Airplane, pour le côté acide.

La slide de Tristan  lèche les cordes, Louise, en gymnaste à la fois vocale et physique,  attire tous les regards, et on ne peut passer sous silence le travail méticuleux de la basse et  de Sacha à la batterie, tandis qu' à l'arrière, en pointillé, Christopher distille des saillies subtiles.

Après  la  conférence  basse/batterie, tout le monde pensait que le morceau allait s'achever, mais non, il repart de plus belle comme une jam du Grateful Dead.

En fait , en fondu enchaîné, ils ont embrayé sur 'Le 5  ( 9'32") , une incantation obsédante et  aussi profonde que certains titres de Dead Chic.

La  jambe de Louise s'élève plus haut que la tête du guitariste, à la chevelure de Cochise ,  soudain elle bondit, telle une tigresse, car la voix de Tristan devient colérique, pour le calmer, elle minaude et nous, le public,  en transe , depuis plus de dix minutes,  on suit leur périple cosmique en écoutant le conseil de Tristan ...

Listen to that with your heartDon't forget who you areI call the rain!...
Quoique, en Bretagne, la pluie, on peut  s'en passer!
 
Merci, Binic, c'est la dernière, désolé,  pas trop  le temps d' échanger un mot avec vous, on nous attend à Paris, ce soir, voici ' Mon ami' à l'amorce slidée et au chant récité, qui aura refilé pas mal de frissons aux clients du Chaland.
 
On n'avait pas consommé de substances hallucinogènes, on n'était donc, ni stoned, ni complètement  beurrés, et pourtant pendant plus d'une heure on a eu l'impression de vivre ailleurs, dans un monde parallèle, obnubilés par la prestation charismatique de Louise et par le brio de ses compagnons.
 
Déjà un des concerts d'exception de 2025!

 

 

 

 



samedi 8 mars 2025

Album - Cher Rêve - Miss Tess

  Album - Cher Rêve  -  Miss Tess

Miss Tess Music

 classic country , honky-tonk, southern rhythm & blues, New Orleans jazz and swing, swamp pop and early rock n' roll!

michel 

Mes amis m'ont surnommée Miss Tess car my  real name ( Theresa Reitz)  “does not flow”!

Dans le Maryland, d'où je viens, pour m'aider à trouver le sommeil, maman et papa me chantaient de douces chansons folk/pop ( style Lesley Gore,  Peter, Paul & Mary, Lynn Anderson, The Cascades...) , j'ai pris des cours de piano, plus tard je me suis mis à gratter une guitare et à chanter , le blues et le jazz furent mes premières amours. 

Après un passage par Baltimore, Boston et Brooklyn, elle migre vers Nashville, où elle réside toujours.

Un premier album sous son nom ' When tomorrow comes' paraît en 2007, il contient deux originaux et une série de jazz classics.

Pendant  sa période Boston/ Brooklyn elle dirige son propre band,   Miss Tess and the Bon Ton Parade et grave les albums ' Modern Vintage' et  ' Darling, oh Darling', suivi par des   enregistrements live car c'est dans les clubs que le  dixieland,le swing, ou le zydeco  pratiqué par le groupe fait sensation. 

Après le mini album ' The waltz set'  contenant 5 valses de sa plume et une reprise magnifique de 'End of the world' de Skleeter Davis, elle reprogramme son répertoire et son groupe et se produit désormais sous l'étiquette Miss Tess & The Talkbacks. 

Deux  albums (  Sweet Talk et The love I have for you)  et un deux titres paraissent, le son varie du rockabilly  à la country style Patsy Cline, le groupe écume les bars et les festivals du Tennessee where they  regularly steal the show !

2016, un nouvel album  'Baby, we all know'   voit le jour, si les gars accompagnant Miss Tess sont toujours les Talkbacks, l'album est crédité Miss Tess alone.

La madame ne chôme pas, les enregistrements se succèdent, des covers sur 'Doucet' , un condensé de rhythm'n' blues sur 'The moon is an ashtray', un live (Parlor Sounds),  après l'épisode covid, vient le single 'Real Change' et enfin, frais pondu, voici 'Cher Rêve'.


Tracklist:

 1 Louisiana
3:55
2 Ride That Train
3:28
3 Nobody Wins
3:27
4 Lord, I Need Somebody Bad Tonight
4:07
5 La Lune C'est Un Cendrier
3:22
6 Learning Not to Care
4:22
7 Take It Easy
3:49
8 Tennessee Blues
3:59
9 La valse d'asteur
3:39

Credits:

 Miss Tess – vocals, acoustic and electric guitar 

 Blake Miller – accordion
Brittany Haas – fiddle on 5
Chas Justus – electric guitar on 7, acoustic guitar on 9
Chris Stafford – Wurlitzer
Kelli Jones – harmony vocals
Joel Savoy – fiddle on 1, 2, 9
Matt Combs – fiddle on 3, 8
Matty Meyer – drums, triangle 

Paul “Bird” Edwards – washboard
Tim McFatter – sax on 4
Thomas Bryan Eaton – electric, acoustic & nylon string guitars, pedal steel, piano, organ, synthesizer, tambourine, pants, harmony vocals
Trey Boudreaux – electric & upright bass 

Produced by Thomas Bryan Eaton

Cover art by Gina Leslie ( elle -même singer-songwriter)
Cover photo by Joseph Vidrine ( a freelance photographer, musician, cook, and cultural broker)
Une pochette où on voit Miss Tess prendre la pose sur une toile placée au  beau milieu d'un champ roussi par un soleil ardent. 
 
'Louisiana', un classic country tune,  a été composé  pendant la pandémie, la plage, inspirée par Lafayette, une des villes les plus Frenchy de Louisiane,  serpente paisiblement au rythme d'un violon engourdi, alors que le Wurtlitzer (Chris Stafford, décédé depuis)   bien soutenu par les guitares et les percussions expriment toute la mélancolie  que Miss Tess  ressent en ranimant d'anciennes visions de jours heureux, où elle et ses compagnons jouaient de la musique sous les pins.
Elle associe l ' Acadanie à un premier amour toujours vivant dans son coeur... nostalgie, quand tu nous tiens!
Le morceau entre dans ton top  three des  titres consacrés à la Louisiane avec 'Louisiana 1927 de Randy Newman et 'Oh Louisiana' de Chuck Berry.
 
Faut sauter dans le wagon  sans se faire  remarquer, comme quand Woody Guthrie parcourait l'Amérique à bord d'un freight train.
Miss Tess avait déjà gravé 'Ride that train'  en version acoustique sur l'album 'Baby, we all know'  , la version de 2025, en mode upbeat,  comprend un violon affolant,  une pedal steel nerveuse et un accordéon Tex Mex, aux fortes senteurs Flaco Jimenez.
Une fois  arrivé en gare, t'iras danser sur le plancher saupoudré de sciure de la grange voisine. 
 
Miss Tess n'est pas la première à reprendre la romance ' Nobody wins', composée par le regretté Kris Kristofferson, Brenda Lee, Lynn Anderson, Frank Sinatra  ou Rita Coolidge sont quelques noms à l'avoir précédée.
Avec moins de trémolos  que chez Brenda, pas de crooning comme chez Ol Blue Eyes non plus, le ' Nobody wins' de Miss Tess conserve le cachet country que tu peux entendre dans tous les honky tonk juke boxes,  qui refusent la synth pop, le rap, la French touch ou le hardcore metal dans leur catalogue. 
 
Une seconde romance, à faire pleurer les ménagères en bigoudis,  succède au morceau de Kris,' Lord, I Need Somebody Bad Tonight' , un classique qu'on doit à Ben Peters ( un monsieur ayant obtenu dix fois la première place dans les country charts, notamment avec l'imparable "Before the Next Teardrop Falls") .
Si tu ne craques pas pour le sax de Tim McFatter , tu dois être béotien.
Tu danses, a demandé, madame , t'as fait la sourde oreille, mais ce truc vaut tous les slows pondus par Garth Brooks, Shania Twain ou Buck Owens ( ton chat a pleuré à l'écoute de 'Only you can break my heart ').
 
Tu veux une berceuse in French,, un peu moins niaise que 'Au clair de la lune', elle te sert  'La lune c'est un cendrier', tu vas adorer son accent, lune devenant loun, tu vas raffoler des accords ciselés à la guitare sèche , le violon va t'enchanter, la voix et les choeurs vont réduire ton stress et amener les enfants à faire de beaux rêves .
Il reste à espérer qu'Elon Musk ne vienne pas tout polluer! 
 
Pour éviter de consulter un psy, écoute  “Learning Not To Care.”,  un midtempo country rock  allègre,  agrémenté d'un solo de guitare fabuleux ( son compagnon et producteur,  Thomas Bryan Eaton) .
 
OK, les Eagles ont connu leur premier tube avec ' Take it easy' de Jackson Browne, le titre composé par Tess, si tu peux le cataloguer de roots music, dégage d'intenses effluves cajun , l'accordéon de Blake Miller s'en donne à coeur joie, basse et batterie assurent un rythme effréné, la voix caracole éperdument et quand Blake se calme, c'est la guitare qui attaque sous la ceinture.
Comment veux-tu rester relax, baby?
Mission impossible! 

Bobby Charles est un autre figure légendaire de la Louisiane, on lui doit 'See you later alligator', mais aussi 'Tennessee Blues' , un baume pour les coeurs blessés,  sous forme de valse country,   portée par une pedal steel magique, qui fait tanguer l'embarcation,  et un violon aussi pudique qu'efficace.
Et Miss Tess,?
On lui souhaite de pouvoir oublier ce Tennessee blues qui la mine, mais qu'elle chante si bien!
 
Pour terminer la lecture de la plaque, Miss Tess nous propose ' La valse d'asteur', une plage cajun  évoquant  Kate & Anna McGarrigle ( on verse une larme à la mémoire de Kate) ou Zachary Richard, un gars qui n'aime pas travailler. 

Avec ' Cher Rêve', un album sonnant vintage, mais assurément pas ringard,  Miss Tess paye un tribu  respectueux à toutes les musiques de la  Louisiane.
 
 
 Un jour elle a déclaré:  I'd like to go to Europe and play sometime soon. ... 
 
Ben, Miss,  tu peux venir  en France ou en Belgique,  tu seras  la bienvenue!