Festival Art Rock 2023, Zaho de Sagazan , Scène B, Saint-Brieuc, le 28 mai 2023
michel
Silly Boy Blue a déjà entamé son concert quand tu atteins la Place Général de Gaulle, ils sont quatre sur scène, Ana Benabdelkarim, alias Silly Boy Blue ( merci David Bowie), mignonne dans sa petite robe noire constellée de mini-étoiles, et ses trois musiciens, qu'elle nous présente plus tard comme étant Pra ( une fille) à la guitare ou claviers, Raf (batterie) et Augustin ( basse/claviers).
La plage entendue est gracieuse, elle baigne dans un univers dream pop mélancolique, la chanteuse , ex- Pégase, est souriante et affable, sa voix est fraîche.
Les deux albums qu'elle a gravés, 'Breakup songs' ( c'est explicite) et le tout récent 'Eternal Lover' jouissent de bonnes critiques, la jeune nantaise, nominée aux Victoires de la Musique, est loin d'avoir la grosse tête, grâce à son air fragile, elle engrange un capital sympathie bienveillant.
Les titres ouatés et sentimentaux, construits en module synth wave, se succèdent et touchent un public réceptif.
' 200 Lovesongs' dégouline de bons sentiments, 'Sparks', sur le nouvel album, est de la même veine, la voix limpide et l'accompagnement sonore, typiquement nouvelle scène française, flattent nos pavillons.
Si comme moi t'as déjà connu un crush non partagé, écoute la suivante, en mode piano/voix.
On a écouté, on a failli verser une larme.
Parmi les titres issus des deux albums, on a reconnu ' The fight' , le tendre ' Teenager' , beau comme du Ellie Goulding, 'The Riddle' tout aussi velouté, 'Goodbye' qui invite à la danse , 'Try' présentant un intéressant caractère trip hop, 'Shame' lui aussi remue efficacement et c'est avec le bondissant ' Not a friend' que s'achève un concert fort agréable!
Ana isn't a silly girl, for sure, even if she often feels blue!
Zaho de Sagazan
« Je ne veux pas devenir Angèle » a dit un jour la seconde Nantaise de la soirée, dont la tournée « La Symphonie des éclairs » passe pour tous les coins de France, avec des crochets en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, les dates s'accumulent jusqu'en mars 2024.
T'as lu...Nouvelle sensation de la chanson, phénomène incontournable, un Stromae electro punk,.... mais, non, Zaho n'est pas une bête de cirque, même si on peut la considérer comme une bête de scène.
Dimanche, elle a brillé de mille feux sur la scène B du festival briochin, des textes d'une intelligence ineffable, présentés sur un fond sonore électro qui bouscule les sens et l'esprit: une pépite brute!
Elle est accompagnée par deux musiciens/magiciens maniant percussions électroniques et synthés modulaires, sans doute, Tom Geffray et Alexis Delong.
Pour débuter le set, Zaho, blonde et mutine, prend place derrière un piano électrique, elle le frôle et enfante de timides notes, puis les garçons entrent en action, le son gonfle et prend des formes cosmiques, la voix, grave, entame le magnifique et sombre 'La fontaine de sang', au texte cinématographique inquiétant.
Le sang qui dégouline appelle des images de vampires, de dévoreurs d'enfants, mais aussi de Charles Baudelaire, qui dans son recueil ' Les Fleurs du Mal' a introduit un poème intitulé ' La Fontaine de Sang'. Avec Zaho de Sagazan on n'a pas face à soi une midinette écervelée, mais bien une jeune fille cultivée, qui manie l'art de la séduction maléfique.
Il y a aussi , puisqu'il est question de fontaine, du Brigitte Fontaine dans son approche, Barbara n'est pas loin, non plus!
Une intro liquide prélude ' Aspiration' , la cigarette rend-elle fou, peut-être, en tout cas , elle embrume le cerveau avant l'hallali.
' Le dernier des voyages' démarre en douceur avant de virer dancefloor track irrésistible.
Il fallait la voir se secouer de manière extravagante sur le podium, une sorcière de Saint-Nazaire ayant abusé de substances psychotoniques.
'Mon inconnu', car elle a tendance à tomber amoureuse de gens anonymes, à chacun ses fantasmes!
Le jeu de scène, fidèle au personnage, éblouit les spectateurs, la voix underground, comparable au timbre traînant de la vamp Marlene Dietrich ensorcelle, she put a spell on us, aurait dit Screamin' Jay Hawkins!
Elle admire Jacques Brel, ' Les dormantes' en est une démonstration claire, cette valse électro déclarant que l'amour rend fou ne va pas plaire à Raymond Peynet.
Et puis il y a le slow ' Je rêve', plus beau que du Mike Brant ou du Dick Rivers qui lui aussi pleurnichait...tu n'es plus là... , si tu lis entre les lignes tu découvriras du Bashung dans le propos.
Tiens, voilà, Françoise Sagan et sa ' Tristesse', des idées noires greffées sur des beats athlétiques , ce titre est magistral!
Une anecdote, un plongeon dans son passé , enfant, les larmes coulaient souvent, elle ne parvenait pas à exprimer ses craintes, elle l'a fait aujourd'hui, de façon imagée, dans ' La symphonie des éclairs' .
"Il fait toujours beau au-dessus des nuages, mais moi je suis de ces oiseaux qui nous font danser sous l’orage. Je traverserai tous les nuages pour trouver la lumière en chantant sous la pluie la symphonie des éclairs"
On avait déjà cité Barbara, on réitère!
'Ne te regarde pas' , lâche-toi proclame -t-elle, le morceau part en techno/disco échevelé et tu danses sur place comme tous tes voisins, sauf deux excité(e)s, sous influence, qui, après avoir grimpé par dessus les barrières nous séparant du podium, s'en sont pris au service d'ordre avant d'être éjectés manu militari.
Ce concert monstrueux s'achève avec ' Dansez' un deep/electronic house track faisant passer toute la discographie d'Icona Pop pour de la panade pour canards bouffis.
Alors, on danse?
Oui, mais sur du Zaho de Sagazan!