mardi 8 novembre 2022

Stephen Hull Experience feat. Andrew Alli à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 6 novembre 2022

 Stephen Hull Experience feat. Andrew Alli à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 6 novembre 2022

 

michel

 

Grand retour des concerts du dimanche, en fin d'après-midi, à La Grande Ourse.

En ce premier dimanche de novembre, Melrose a fait fort en programmant Stephen Hull et son band, avec comme invité de marque l'harmoniciste Andrew Alli.

Un public, avide de nouveautés, s'est déplacé en nombre vers la superbe salle de Saint-Agathon, ravi de faire la connaissance de ceux qu'on nomme déjà la relève du blues.

En effet, Stephen Hull du Wisconsin (Racine) , 23 ans, est un autodidacte, il joue de la guitare depuis ses 14 ans, influencé par B B et Albert King et  Stevie Ray Vaughan, le jeune gars se fait rapidement un nom  sur la scène blues du Wisconsin, plus tard Chicago, le Tennessee  et le Texas succombent à son talent.

Boom Boom Production a eu vent de sa virtuosité  et le signe pour une tournée française, avec un passage en Belgique, alors que jusqu'ici l'as  de la six cordes n'a encore officiellement rien enregistré.

Pour ce European tour, Stephen a invité une autre nouvelle figure faisant la une des gazettes blues, Andrew Alli , de Old Richmond, légèrement plus âgé que Stephen, il a dépassé le cap de la trentaine.

Le mouth harp player/chanteur , fan de Little Walter, Big Walter Horton, Sonny Boy Williamson II, et Junior Wells, a, quant à lui, déjà un album dans son magasin, ' Hard Workin' Man' paraissait en 2020.

Pour accompagner les têtes d'affiche, deux autres cracks:  à la basse, Sam Winternheimer, qui est également actif dans le milieu jazz et, à la batterie, drummer extraordinaire,  Victor Reid.

Il est 17:30', le trio arpente la scène, Stephen saisit le micro, bonjour, comment ça va, that's all the French I know, tonight we're gonna play the blues.

Petit échauffement pour se dégourdir les phalanges,  avant d'entamer le standard "Ain't Nobody's Business" en solo. Basse et drums sont comme les convoyeurs, ils attendent.

T'as remarqué l'absence de setlist, ces gens jouent à l'inspiration.

Attaque funky pour la suivante ... baby, I don't blame you at all ... avec une première envolée,  corsée, de la guitare, les comparses tissent un fond groovy, Stephen digresse, il nous laisse à peine le temps de battre des mains  car il a déjà enchaîné sur  le bouillant ' Big Legged Woman'  ( written by Israel Tolbert), un cheval de bataille pour Freddie King.

Sans avoir l'air d'y toucher, le jeune gars du Wisconsin nous assène des riffs dignes des plus grands et quand il pose le pied sur la pédale wah wah, les tchik, tchik tchik viennent remuer nos tripes.

Mais, toi, ne t'avise pas de tourner autour de ma gonzesse, sinon je te transforme en purée.

 Si John Mayall s'était trouvé dans la salle, il l'engageait pour sa prochaine tournée.

Tes yeux se sont également concentrés sur le travail géant de Victor Reid aux drums, comme le groupe a choisi Stephen Hull Experience comme label , tu penses forcément à Jimi Hendrix, mais c'est plutôt le batteur du Band of Gypsys, Buddy Miles, que tu as en tête.

Il enchaîne sur un titre querelleur,  il est encore question de femmes, faut pas toucher à la mienne, occupe-toi de la tienne, avec la guitare en guise de fusil,  il le fait bien comprendre aux coureurs de jupons, don't mess with my woman...

Pas le temps de reprendre son souffle, la wah wah éclabousse tout, il a entamé ' Feel so bad'  de Chuck Willis, le morceau,  soudain, prend un virage rock serré, à l'arrière, Victor frappe comme un forcené, tandis que Stephen s'amuse et insère des lignes piquées à droite et à gauche, tout  Saint - Agathon   se démène sur les sièges, pour pousser un cri gigantesque au terme de ce fait d'armes turbulent.

I'd like to play a song of mine, annonce le gamin, mais faut attendre que le roadie ait réajusté le micro coincé dans la grosse caisse, le jeu viril de Mr Reid l'avait envoyé à cinq mètres.

Voici le premier slow blues du set ... I'll give you my word I'll be your man... I don't want to lose any more... on n'a aucune idée de la réaction de la madame.

It's time to welcome our guest, Mister Andrew Alli.

Le grand et élégant Andrew se place aux côtés de Sam et questionne, can I boogie?


Pas de problème, gars, envoie...

Sans se faire prier, il balance l'instrumental 'A A Boogie' que tu peux entendre sur son album.

Maîtrise, justesse de ton, un brin de désinvolture  et beaucoup de souffle.

Saint-Agathon l'a adopté d'emblée.

Après une séquence tranche de vie en résumé, il embraye sur le titletrack du LP, ' Hard Workin' Man' , un Chicago blues pur jus , chanté d'un timbre chaud et agrémenté d'un phrasé à l'harmonica  qui rappelle Junior Wells.   

Petit conciliabule avant d'entamer la suivante, sans setlist, il faut se mettre d'accord, ils ont opté pour le slow blues ' 30 Long Years', une réponse, tardive, au ' Five long years' d'Eddie Boyd.

Le blues:  ce sont les femmes infidèles, les factures à payer, la discrimination, le dénuement et le désir de retrouver son toit... le quartet nous envoie un gros shuffle  chantant l'inhumanité de la vie et le désir de revoir son chez soi... on les suit pendant leur chevauchée fantastique ...on the way back home..

Stephen Hull reprend le fil,  c'est lui qui chante le classique de Jimmy Rogers ' Walking by myself' suivi par le gospel/blues  immortel ' I believe to my soul' ( Ray Charles).

L'harmonica chiale, la guitare gémit, Saint-Agathon prie.

Andrew: je peux en placer une, attends lui signale le drummer, qui dirige l'équipe, la guitare n'a pas dit son dernier mot.

Vous êtes prêts pour un tour du côté de ' Tin Pan Alley' , the roughest place in town , t'as intérêt à longer les murs, ça canarde dans le coin.

Stephen place une tirade vénéneuse, les autres tricotent à l'aise, Saint-Agathon savoure.

C'est comme si le fantôme de Stevie Ray Vaughan planait dans le coin.

Il avait dit que c'était la dernière touche, il a changé d'avis, écrase la wah wah et amorce ' Still called the blues ' de Johnnie Taylor, du blues aux forts relents soul.


That was it, folks!

Le bon peuple se lève et les rappelle, all right qu'il dit, but you must sing with me et c'est parti pour une version torride de 'Caledonia', émaillée d'un vif  duel guitare/harmonica , à l'arrière Victor jongle, le ton monte, le train risque de dérailler, Saint - Agathon jubile avant de retrouver le groupe à la buvette.


Saint-Agathon was a blast, a-t-il indiqué sur sa page facebook!

 

Blues isn't dead, the old masters are leaving us, mais la relève est bien là, thank you, Stephen, Andrew, Sam and Victor!