Aziza au Jardin Hospice, Bruxelles, le 12 novembre 2022
michel
Bruxelles, tu l'as abandonnée il y a 5 ans, et si un chien reconnaît un maître qui l'a perdu au bout de 10 ans, la ville de Manneken Pis t'est apparue méconnaissable et défigurée.
En dehors des imbécillités imaginées par la clique Elke/Smet ( le plan Good Move, les 30 km/h ,la LEZ, le plan de stationnement aberrant et onéreux ( jusqu'à 20€ pour 2 heures) ) qui ont transformé la capitale européenne en piège pour automobilistes, tu constates également que tu n'as plus aucune notion de ce que sont les endroits branchés du centre ville.
Ainsi tu ignorais que les jardins de l'ancien Hospice Pachéco étaient devenus the place to be downtown: des jardins d'hiver, une guinguette, un bar où tu te dois d'être vu, des salles d'exposition, des manifestations culturelles , late-night music et seasonal food.
Ce soir, tu as opté pour le concert d'Aziza, programmé à 19:30 (nous y reviendrons).
L'endroit est vaste, la déco bon chic, bon genre, un bémol: un bruit ambiant assommant.
Si tu veux te désaltérer, ne te promène pas sans ta carte de crédit ou sans ton portable muni de l'application easy banking car le CASH est proscrit.
Donc l'affiche annonçait un show d'Aziza, demi-finaliste du Court-Circuit, à 19:30'.
Au bout du compte la mise en route commencera à 20 :35', 65' minutes de glande, ça craint, la peste soit de ces annonces de concert fallacieuses..
Après avoir encaissé un mini speech de l'organisation, un trio de musiciens s'installe: Aziza au chant et à la basse, Diego Higueras à la guitare et Théo Teboul à la batterie.
Diego, from Lima, tu l'as croisé au sein de La Negra Albina, il évolue aussi au sein du band de Thomas Frank Hopper , il soutient la chanteuse de jazz Natacha Wuyts, ou encore Paola Di Bella, Gioia Kayaga, alias Joy Slam, il a fait du ska avec Freddy Loco et du jazz avec Ecstasy, il a sûrement 20 autres projets, mais on ne veut pas te fatiguer.
Théo, from Toulouse, est plutôt jazz, on cite HØST, Ronny and Clyde, le Crow-Frog Show...
Aziza (François) née d'une maman tchadienne et d'un père belge, commence son approche musicale en faisant du rap, puis elle compose, participe à des jams, avant de se retrouver choriste pour, e a, Anwar, Arona & the Kilombos ( groupe dans lequel le guitariste se nomme Diego Higueras) ou Besac-Arthur.
Fin 2021,elle démarre son propre projet et en 2022, on la retrouve en demi- finale du Concours Court-Circuit.
C'est Théo qui anime le début du show en frappant méthodiquement sur la caisse claire, la guitare rapplique pour ajouter un fond vibrant, il faut 45" avant d'entendre le filet de voix nu-soul/jazz d'Aziza, qui s'accompagne à la basse.
'Abyssa' est bien lancé, ne cherche pas le titre sur le net, Aziza n'a pas encore officiellement gravé ses compositions sur support digital ou physique.
Pour te faire une idée , on te conseille d'écouter Lizz Wright, à laquelle elle ressemble autant physiquement, que vocalement.
La suivante s'intitule ' Souldier', on pense plus à un jeu de mot subtil qu'à une faute d'orthographe.
Le midtempo est attaqué à la guitare, la voix est brûlante et passionnée, Diego, en exhibition, transforme le soul track en rock impétueux, les clients, tout acquis à la cause de la fascinante chanteuse, se sont approchés à 25 cm du podium et approuvent le rendu.
'Magpoty' ( titre à vérifier) traite de tous les héritages culturels que l'on recueille à la naissance, avec sa basse fougueuse, Aziza nous rappelle le jeu de Gail Ann Dorsey, tandis que le timbre et le phrasé offrent une certaine similitude avec la tessiture de Tracy Chapman.
Même si ' Celebrate' présente des relents funky , ce n'est pas Kool & the Gang que ton esprit
a en image, mais plutôt Joan Armatrading, et comme Aziza a la bonne fortune d'être accompagnée par des musiciens brillants, le public savoure non seulement le chant, mais aussi l'escorte instrumentale.
Sans vouloir impressionner la galerie, Diego Higueras multiplie les interventions flamboyantes, Théo s'occupe du groove, bien secondé par la basse de la chanteuse.
'Sleepwalker' démarre sur un jeu de batterie déstructuré, le somnambule déambule sur fond de wah wah ronflante, la basse, en sourdine, tempère les envolées du guitariste et c'est par un chant bluesy et narratif qu'elle raconte son histoire.
Lors d'un bridge, Diego place maints effets ondoyants, ... we were raised to be successful ... annonce Aziza, du coup la guitare nous gratifie d' un avatar jazzy , nous prouvant ainsi que sa palette foisonne de coloris divers.
T'avais compris Freedom, t'étais pas le seul, Jeanne a versé une larme pour George Michael, tu avais Richie Havens comme repère, mais le morceau se nomme ' Feardom' et décrit notre société capitalisée.
Après ce cri déchirant, Aziza propose ' Clock, rien à voir avec Coldplay, ce morceau à la structure heurtée a été composé il y a longtemps, dit-elle.
La basse en avant-plan souligne l'angoisse face au temps qui défile.
Jacques?
...Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: je vous attends...
' Hanaz Gun' ( ?) est le dernier morceau qu'on a travaillé, il est question des méfaits de la colonisation.
En spoken-word, le message dit ...leave those bushes... touche pas à ma terre!
Le set se termine avec ' Home', le seul morceau " clippé" ( lors d'une live session) .
Théo agite les shakers , pas les gens de la secte, mais l'instrument de percussion, la guitare sort de son trou, la voix, caressante, se fait entendre, c'est parti pour un morceau sinueux, pendant lequel la poignée du vibrato prend du service.
Le ru, calme, se transforme en cascade lors d'un mouvement plus nerveux, pour s'assagir en vue du terme.
Superbe!
Remerciements et un rappel.
On refait ' Hanaz Gun' ( ?), dont on a retenu la sentence ... who told you to stay silent...
Du coup, ta voisine a gueulé ' Yeah', les canons se sont tus, tu as quitté le jardin sans avoir cité le nom de Balavoine.