vendredi 4 novembre 2022

Sarakiniko [solo | Session live Radio Activ'] à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 3 novembre 2022

 Sarakiniko [solo | Session live Radio Activ'] à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 3 novembre 2022

michel

 

Les chantiers routiers défigurant Saint-Brieuc désespèrent pas mal d'usagers, ce n'est pas encore Paris, mais circuler sur le réseau urbain  dans la préfecture des Côtes-d'Armor  demande du calme, de la patience et une bonne dose de flegme.

A part ça,  à Bonjour Minuit on ne déroge pas aux bonnes habitudes, le premier jeudi du mois, Radio Activ' s'installe place Nina Simone pour sa Session Live, de 19h à 20h.

L'invité du soir vient de Rennes et se fait appeler   Sarakiniko!

On précise les origines  Ille-et-Vilaine car , doué en géographie comme tu sembles l'être,  on ne t'apprend rien en te disant que Sarakiniko est une plage de l'île de Milos, en Grèce.

Un petit ouzo, Leandros?

Revenons à nos brebis, Yann Canevet est devenu Sarakiniko assez récemment, auparavant il faisait partie des groupes The Summer of Maria False ( Britpop) , Venera 4 ( shoegaze) , Future , FTR, on en oublie probablement.

L'an dernier  Sarakiniko sortait l'album ' Red Forest' pour lequel il qualifie le sound de "mud pop", euh, rien à voir avec le glam de Mud , ni le blues de Muddy Waters.

Sarakiniko fait  partie de la programmation de l’édition des 44èmes Rencontres des Trans Musicales de Rennes, où il se produira en formule trio, ce soir ( malheureusement) il nous la joue en loup solitaire, dans ses bagages tu trouves une guitare ( un seconde gratte , une Rickenbacker sympathique, est restée inutilisée),   une  loop station, sa voix et un sequencer bourré de bandes préenregistrées.

Tu le sais de nos jours le musicien est devenu un jongleur/électronicien qui travaille, parfois, sans filet. 

Un fond tribal envoyé par la bande amorce ' Coals', une plage non reprise sur l'album, Yann, sans sourire,  encastre  quelques riffs de guitare grinçants dans l'engrenage musical, rien à dire, c'est du sérieux, la voix, aux intonations Brian Molko, ajoute une touche Britpop à la mosaïque byzantine.

D'une attaque agressive il embraye sur ' Can't see you ' aux accents shoegaze prononcés, la drum machine, métronomique, en bruit de fond permet à la guitare de divaguer gaiement, les effets de  distorsion et le chant  neutre, presque désabusé,  renvoient forcément vers les maîtres du genre, Slowdive et My Bloody Valentine.

La richesse symphonique de 'Swear', près de huit minutes, fait regretter davantage l'absence de musiciens et de secondes voix live ,  les machines, c'est bien beau, mais elles te laissent un goût amer sur le bout de la langue, et ce n'est pas les accords de guitares ciselés qui éliminent la désagréable  sensation d'assister à un karaoke.

Dommage, le morceau est fouillé et bien -foutu, faut dire que sur disque, l'artiste a pu compter sur le talent de James Aparicio, le mixer, engineer, producer que se sont arrachés des gens aussi influents que Spritualized, Depeche Mode, Mogwai, Moby, Nick Cave / Grinderman, Liars ou  These New Puritans. 

Trois coups de baguettes annoncent 'Hello' , un midtempo catchy, aux lyrics intelligibles ( ...I love the way you smell... ) et parfumé aux sonorités The Only Ones, Johnny Thunders ou Jesus and The Mary Chain. 

Retour des sticks virtuels pour démarrer la pièce suivante, 'Fall will pass', il fait bien de le préciser, l'automne est loin d'être un souvenir... le petit crachin, les routes humides, rendues encore plus glissantes par les feuilles s'étant libérées des arbres, les chrysanthèmes, la purée de marron, les journées écourtées, l'absence de lumière, le prix de la bière, les bikinis à l'abri, nous sommes  comme les Doors, we're waiting for the sun!

Heureusement ce titre dynamique va nous faire oublier toutes les vicissitudes d'une météo triste et  pluvieuse .


Break, interview, euh, sorry, Marcus, il faut que j'appuie sur la touche pause, sinon la musique continue à défiler.

J'aime pas le terme "objectifs"..

Bon, "projets", ça te convient? 

Des concert, un nouveau disque, retaper mon chez moi.

En piste pour la seconde manche au scénario semblable à la première.

La bande est réactivée, elle fait entendre un gimmick vaudou qui évoque ' Sympathy for the Devil', mais avec  'All is Fine' et sa guitare flottante,  on replonge dans les atmosphères shoegaze, dream pop, bourrées de reverb et d'imagerie stellaire.

Un mix spongieux est déversé, Yann s'accroupit et manipule l'attirail gisant à ses pieds, tout en plaquant quelques accords secs,  sur son antique Fender, le ton monte, le son gagne en ampleur il entame le chant d'une plage rayonnante,  non reprise sur 'Red Forest': 'Golden Glows' .

Carrying only a guitar, microphone, an analogue-sounding drum machine and tape deck, Escape-Ism reinvents rock ’n’ roll the same way the jet engine reinvented travel; ripping up the stage to tiny, little bits....  avait écrit un mec ( fort à propos)   à propos d'Escape-ism, vu au Binic Folks Blues festival en 2018.

Même si musicalement leurs mondes sont distincts, tu ressens la même impression en assistant à un concert de Sarakiniko, les compositions foisonnent d'idées et retiennent l'attention, mais le rendu live, en solitaire, manque un poil d'âme.

On arrive déjà au dernier morceau griffonné sur la playlist, ' Red Forest' qui donne son titre à l'album, dans cette sylve rougeoyante, les bruissements de feuilles, les branches qui gémissent et les cris diffus d'animaux invisibles,  constituent l'intro chaotique d'une plage que tu tiens à rapprocher de certains titres de The Verve.

Neo-psychedelia , shoegaze, Britpop se conjuguent pour dessiner un tableau sylvestre aussi luxuriant que ' A Forest' de The Cure.

 

Applaudissements nourris, suivis d'une intervention d'Oncle Marcus, spécialiste es roots music en provenance de Kingston: il reste 6', tu peux en refaire une.

Le temps de dénicher le morceau sur l'ordi et on a droit à une seconde version d'un morceau déjà joué,  avant le jingle de fin d'émission.