mercredi 23 novembre 2022

Album - Self Portrait by Bear's Towers

Album - Self Portrait by Bear's Towers

 NoPo

Baam Productions 

BEAR'S TOWERS Self portrait 2022

Voilà un gros potentiel (pas un gros mot)! Je ne sais pas si les tours seront dorées ni si les ours resteront enfermés dedans, mais le quatuor poilu impressionne d'emblée.
La formation, assemblée en 2015, comprend les jumeaux Nathan à la guitare électrique et Tommy Karraoui à la batterie, Aurélien Pinget (ancien candidat de The Voice) au chant et guitare et Olivier Hudry à la basse.
La fumée s'échappe des tours et un premier bébé voit le jour en 2018 sous le doux nom 'Kyma'.
Au milieu des Alpes dans la vallée d'Arve, ils peaufinent, pendant le confinement, l'album 'Self portrait'.
Finalement, l'EP 'Prism' le précède en 2020 annonçant un grand moment avec 4 titres repris sur l'album.

A bien écouter, on perçoit des respirations islandaises à la Of Monsters and Men ou franco-galloises à la Shake Shake Go. On secoue la bête et les ours sortent de leur tour.

Sur une feuille de papier froissée et découpée maladroitement, une esquisse au fusain se mélange à des traits bleus et des surfaces jaunes en arrondi.
L'objet signé, à la main, 'Self portrait' se pose sur un cadre en casés aux teintes multiples. 'BEAR'S TOWERS' en écriture dactylographiée finit les présentations sur cette couverture.

'Hometown' met, tout de suite, les choses en place : un doux riff accrocheur, une voix juste ce qu'il faut d'enrouée.
Dès que le refrain, lumineux, apparait, on chante avec eux les whoho et y'en aura d'autres.
La mélodie coule de source, l'Arve, home sweet home, sans doute.

Cet 'Old ghost' plane sur un clavier doux et des arpèges à la guitare. La voix, au timbre voilé, seule au début, gagne en épaisseur par un dédoublement ensuite.
Les percussions régulières s'alignent sur un pouls reposé. Des souvenirs s'estompent...

Dans 'In the blaze', le chant semble suspendu à un fil, à 2 doigts de la rupture proche de l'apitoiement. Un piano mélancolique l'accompagne.
La pulsation retient parfois son souffle pour mieux se relâcher.
Des marques électroniques viennent doucement cadencer un refrain, tellement délicat, où les cordes de guitares envoutantes sont caressées.

Pads et percussions électros décorent à nouveau le titre 'Silent birds'.
Sur le refrain, des guitares épiques viennent secouer l'instrumentation et les coups portent plus puissamment.
Les vocaux, plein de choeurs travaillés, montent dans une euphorie gracieuse, tout à l'inverse du texte.

Un synthé tique en quelques arabesques pour ce 'Someone else' onctueux et prenant. Des frappes sobres marquent clairement la mesure lente partant ensuite en balancements.
Le chant patine la gorge tout en étant capable de s'accrocher sur des pics très aériens. Les guitares aussi piquent l'épiderme pour pousser à s'assumer soi-même.

Une basse cotonneuse entoure la guitare mélancolique à l'ouverture. 'Echo' nomme ses notes sobrement. Le motif rythmique se dessine avec raffinement.
La voix, pleine d'éraflures de la vie, exprime l'émotion de sa confusion. Le pont établit une jonction parfaite vers un refrain aux choeurs romantiques.

L'arpège nu à l'intro de 'If you wanna go' touche la corde sensible à l'approche du clavier vaporeux.
Le chant haut et larmoyant ne se console pas dans cette chanson d'amour perdu. Bref, ce titre jalon chamboule...

L'accord voix/guitare convoque un tambourin les premières secondes mais c'est pour mieux sauter sur une cadence jouant joyeusement sur les temps forts et faibles.
La basse n'en fait pas des masses mais se montre extrêmement présente et musicale.
L'arpège principal, entêtant, s'ancre ensuite profondément pour caractériser la composition aux paroles positives.
Les choeurs harmonieux moussent, sans taches, et chatouillent les tympans.
La mélodie se faufile soyeusement et fait croire à la mémoire qu'on connait cette chanson depuis longtemps. Son titre? 'Outer space', tube en puissance!

Combien de chansons s'intitulent 'Vertigo'? S'il faut chercher l'originalité, ce n'est pas dans le mot. Ici, les paroles n'expriment pas de gaieté du coeur.
Des percus vibrent discrètement, chahutées par des chocs profonds à grosse caisse et à basse ourdie.
La guitare ondule gracieusement à la surface, puis les claviers lient l'orchestration montant sur des frappes lourdes, qui soudain s'emballent, avant de ramener la vague en choeurs écumant.

La guitare joue la fée clochette à la lisère de 'Bells'. La musique de Bear's Towers met continuellement les rythmiques en avant ponctuées par des éclairs de guitare ou des 'Hey' ici.
L'effet particulièrement prégnant sur ce titre enjoué, affirmant 'Dirt turns to gold', entraine dans une folle sarabande qui pourrait ne jamais s'arrêter.
Le riff de guitare surfe sur un effet à contretemps ou gifle le tempo. Si ça, c'est pas du hit!

'Say something' laisse le choix ouvert 'or nothing'. Le morceau s'installe dans la douceur et la tolérance pour une nouvelle chanson d'amour 'I lost my mind into Your deep blue'.
Légères, les bulles rythmiques n'éclatent pas l'électro fort. Le batteur décide même de passer d'abord les balais avant de claquer.
Les nappes de synthé font valser cette poussière d'étoiles.

'Light up' confirme le ton relaxant de l'album. Ils auraient même pu prendre un contretitre avec 'Lights off' pour éteindre les lumières en partant.
Les violons (qui voulaient déjeuner en paix) , couplés aux accords de guitares et aux choeurs riches, viennent, en effet, en clair-obscur comme un coucher de soleil.
On tire le rideau, on tire la couverture... 'We are Kids from the stars We'll light up The night'.



Radio friendly? Certainement mais les perles chatoyantes, nombreuses, sont joliment ciselées.   
Particulièrement léché, cet enregistrement arrive, de plus, à passer des frissons à travers la voix expressive d'Aurélien.
Rien d'autre qu'une vraie réussite!





1-Hometown 3:03
2-Old Ghosts 3:27
3-In The Blaze 3:30
4-Silent Birds 3:41
5-Someone Else 2:40
6-Echo 3:40
7-If You Wanna Go 2:38
8-Outer Space 3:24
9-Vertigo 3:39
10-Bells 2:48
11-Say Something 3:41
12-Light Up 3:23
Composé, écrit et enregistré par BEAR'S TOWERS, mixé par Planet Gloria Studio, masterisé par Michelle Mancini, artwork par Emmy Castang et produit par Single bel