dimanche 6 novembre 2022

We Are William by We Are William

  We Are William by  We Are William

 

NoPo

 WE ARE WILLIAM 2021

Le visage déformé sur la pochette monochrome fout un peu les chocottes comme un film d'épouvante.
Cette photo, à grain, allongeant le front du personnage, donne surtout l'impression d'un esprit dérangé d'autant qu'une décharge électrique semble s'en échapper.
Les caractères 'We are William' gris sable, en dessous, s'écrivent, droits et travaillés avec des petites pointes aux extrémités, le 'W' et le 'M' étant les mêmes formes inversées.

L'artwork annonce la couleur, sombre et perturbée.
(Cover and Layout: Fernando del Valle III)

5 barbus sur le menton (sur la tête c'est variable) de Denver (Colorado) sont William, Cameron Johnston et Sebastian Lawrence, en tête de gondole (pas découvert le nom des autres, bien cachés).
Leur premier album, prog death, lui ne se cache pas derrière son petit doigt crochu.

Une arabesque au synthé dessine une première trame attirante et très intrigante. La gratte électrique crochète et surfe sur la vague alors que la batterie l'éclabousse de ses roulements à la double pédale.
La voix claire lance le couplet, avec vigueur. Les guitares djent épaississent le propos sans la basse au tout début. Le relai passe quelques instants au growler.
Les riffs de 'Sun eater' apprécient les saccades augmentées par la rythmique.
Sur le clip, les 2 gratteux, en headbang, se font face, décalés, et encerclés par trois encapuchonnés portant une boite noire, aux reflets rouges.
Dans une cellule grillagée, on enferme le chanteur, bipolaire,  vociférant "Feeding Eternal sun eater".
Belle image finale lorsqu'une jeune femme vient jongler avec des torches au milieu des musiciens.

Grosse inquiétude quand 'Answer, oh creator' choisit une voix de démon furieux. Sursis sur le 'refrain' dans une position acrob'harmonique particulièrement dérangeante.
'We walk alone' qu'il chante le malade... tu m'étonnes. Des chuchotements interviennent à la pause accrochée à une corde.
Alarme! Les roulements de caisse claire annoncent le retour du grognement du malin.

Tel un flot avançant à l'étal, 'Oceanic' démarre tranquillement sur un gimmick étouffé à la guitare. Une seconde guitare vient parfois zigzaguer gracieusement dans son passage.
La batterie joue charley et cercle. Au bout d'une minute, tous les instruments montent puis la 6 cordes écume harmonieusement en s'éloignant.
Dès que le chant devient bestial, les riffs, secs, entrouvrent des espaces. La lead s'embrase sur des tournures inquiétantes, la basse s'incruste.
Le chant, possédé, couvre ce morceau type progressif "The stories I've heard They end, in the blood And it’s okay" (ah bon!).
Sur la vidéo, le hurleur, chauve, crache une bave noirâtre et montre plusieurs personnalités. Derrière des rouleaux de frappe, le breakdown central laisse exploser la folie des personnages.
Pourtant, c'est un bel arpège balbutiant, tout comme la caisse claire, qui conduit au final, brillant, faisant réapparaitre les tuniques rouges à capuches avec leurs boites mystérieuses.

Il termine quelques vociférations sur 'The purging'. Ici, les claques, martiales et crash de cymbales chinoises, sont zébrées par des riffs telluriques.
Le bouillonnement volcanique, incontrôlable, surprend à chaque instant. Pendant un orage aux drums, la voix passe au cri et les guitares aux éclairs (sans le chocolat).

Un arpège en boucle nous apporte des fleurs et ça fait du bien. Un ensorcellement agit par l'entremêlement harmonieux des 2 guitares. Merci à "Bring me flowers".
Le rythme régulier, assez hypnotique, stabilise ce titre particulièrement tonique. Un hurlement vient ponctuer certaines lignes vocales rappelant le malaise existentiel.
Boucle et rayures se croisent sur les grattes dans un effet de balancement et d'écho sur la trame principale.

'In the bone' ou pan dans l'os! On se doute de ce qui nous attend. Le morceau précédant offrait des fleurs, quant à celui-là, il lui reste les épines...
Elles ont certainement bien égratigné la gorge du chanteur à l'intro. Ensuite, le mouvement se veut magmatique et irrégulier.

'Haruspex' combine des riffs particulièrement vicieux. Les guitares, accordées, on ne peut plus bas, cimentent des murs épais.
Le chant harangue, soutenu par plusieurs couches maniaco-dépressives, très variées et réparties parfois ensemble et parfois isolées, cris, growls, voix claires en choeurs etc.
Un sentiment de folie prédomine.
"I loosen up my mind only to find
The spiders seem to climb, I was wasting away!
The bending of my spine, I realign".

Conclusion par 'Seeker' à l'ambiance vraiment prog. La batterie martèle en tête, avec assurance, permettant aux guitares de gratter profond.
Très travaillés, les riffs techniques lézardent le mur rythmique. La voix, bien que douloureuse, reste claire, parfois calmée, parfois traumatisée... jamais sereine.


On pense Gojira, Jinjer, Between the buried and me, un mélange corsé à goûter dès à présent.
William devrait, très vite, se faire un nom, même si ce n'est pas dans le top ten des prénoms de nouveaux nés (le bébé de Rosemary suffira!).


1-Sun eater
2-Answer, Oh Creator
3-Oceanic
4-Purging
5-Bring Me Flowers
6-In The Bone
7-Haruspex
8-Seeker
Music and Lyrics by We Are William
Produced by We Are William
Engineering, Editing, Mixing, Mastering: Max Jonas Knaver
Vocal Tracking: Cameron Johnston and Sebastian Lawrence
Drum Tracking: Chris Fernald and Andrew Waltman at MoreDoor Studios
Cover and Layout: Fernando del Valle III