We Are William by We Are William
NoPo
WE ARE WILLIAM 2021
Le visage déformé sur la pochette monochrome fout un peu les chocottes comme un film d'épouvante.
Cette
photo, à grain, allongeant le front du personnage, donne surtout
l'impression d'un esprit dérangé d'autant qu'une décharge électrique
semble s'en échapper.
Les caractères 'We are William' gris sable, en
dessous, s'écrivent, droits et travaillés avec des petites pointes aux
extrémités, le 'W' et le 'M' étant les mêmes formes inversées.
L'artwork annonce la couleur, sombre et perturbée.
(Cover and Layout: Fernando del Valle III)
5
barbus sur le menton (sur la tête c'est variable) de Denver (Colorado)
sont William, Cameron Johnston et Sebastian Lawrence, en tête de gondole
(pas découvert le nom des autres, bien cachés).
Leur premier album, prog death, lui ne se cache pas derrière son petit doigt crochu.
Une
arabesque au synthé dessine une première trame attirante et très
intrigante. La gratte électrique crochète et surfe sur la vague alors
que la batterie l'éclabousse de ses roulements à la double pédale.
La
voix claire lance le couplet, avec vigueur. Les guitares djent
épaississent le propos sans la basse au tout début. Le relai passe
quelques instants au growler.
Les riffs de 'Sun eater' apprécient les saccades augmentées par la rythmique.
Sur
le clip, les 2 gratteux, en headbang, se font face, décalés, et
encerclés par trois encapuchonnés portant une boite noire, aux reflets
rouges.
Dans une cellule grillagée, on enferme le chanteur, bipolaire, vociférant "Feeding Eternal sun eater".
Belle image finale lorsqu'une jeune femme vient jongler avec des torches au milieu des musiciens.
Grosse
inquiétude quand 'Answer, oh creator' choisit une voix de démon
furieux. Sursis sur le 'refrain' dans une position acrob'harmonique
particulièrement dérangeante.
'We walk alone' qu'il chante le malade... tu m'étonnes. Des chuchotements interviennent à la pause accrochée à une corde.
Alarme! Les roulements de caisse claire annoncent le retour du grognement du malin.
Tel
un flot avançant à l'étal, 'Oceanic' démarre tranquillement sur un
gimmick étouffé à la guitare. Une seconde guitare vient parfois zigzaguer
gracieusement dans son passage.
La batterie joue charley et cercle.
Au bout d'une minute, tous les instruments montent puis la 6 cordes
écume harmonieusement en s'éloignant.
Dès que le chant devient
bestial, les riffs, secs, entrouvrent des espaces. La lead s'embrase sur
des tournures inquiétantes, la basse s'incruste.
Le chant, possédé, couvre ce morceau type progressif "The stories I've heard They end, in the blood And it’s okay" (ah bon!).
Sur
la vidéo, le hurleur, chauve, crache une bave noirâtre et montre
plusieurs personnalités. Derrière des rouleaux de frappe, le breakdown
central laisse exploser la folie des personnages.
Pourtant, c'est un
bel arpège balbutiant, tout comme la caisse claire, qui conduit au
final, brillant, faisant réapparaitre les tuniques rouges à capuches
avec leurs boites mystérieuses.
Il termine quelques
vociférations sur 'The purging'. Ici, les claques, martiales et crash de
cymbales chinoises, sont zébrées par des riffs telluriques.
Le
bouillonnement volcanique, incontrôlable, surprend à chaque instant.
Pendant un orage aux drums, la voix passe au cri et les guitares aux
éclairs (sans le chocolat).
Un arpège en boucle nous apporte des
fleurs et ça fait du bien. Un ensorcellement agit par l'entremêlement
harmonieux des 2 guitares. Merci à "Bring me flowers".
Le rythme
régulier, assez hypnotique, stabilise ce titre particulièrement tonique.
Un hurlement vient ponctuer certaines lignes vocales rappelant le
malaise existentiel.
Boucle et rayures se croisent sur les grattes dans un effet de balancement et d'écho sur la trame principale.
'In
the bone' ou pan dans l'os! On se doute de ce qui nous attend. Le
morceau précédant offrait des fleurs, quant à celui-là, il lui reste les
épines...
Elles ont certainement bien égratigné la gorge du chanteur à l'intro. Ensuite, le mouvement se veut magmatique et irrégulier.
'Haruspex' combine des riffs particulièrement vicieux. Les guitares, accordées, on ne peut plus bas, cimentent des murs épais.
Le
chant harangue, soutenu par plusieurs couches maniaco-dépressives, très
variées et réparties parfois ensemble et parfois isolées, cris, growls,
voix claires en choeurs etc.
Un sentiment de folie prédomine.
"I loosen up my mind only to find
The spiders seem to climb, I was wasting away!
The bending of my spine, I realign".
Conclusion
par 'Seeker' à l'ambiance vraiment prog. La batterie martèle en tête,
avec assurance, permettant aux guitares de gratter profond.
Très
travaillés, les riffs techniques lézardent le mur rythmique. La voix,
bien que douloureuse, reste claire, parfois calmée, parfois
traumatisée... jamais sereine.
On pense Gojira, Jinjer, Between the buried and me, un mélange corsé à goûter dès à présent.
William
devrait, très vite, se faire un nom, même si ce n'est pas dans le top
ten des prénoms de nouveaux nés (le bébé de Rosemary suffira!).
1-Sun eater
2-Answer, Oh Creator
3-Oceanic
4-Purging
5-Bring Me Flowers
6-In The Bone
7-Haruspex
8-Seeker
Music and Lyrics by We Are William
Produced by We Are William
Engineering, Editing, Mixing, Mastering: Max Jonas Knaver
Vocal Tracking: Cameron Johnston and Sebastian Lawrence
Drum Tracking: Chris Fernald and Andrew Waltman at MoreDoor Studios
Cover and Layout: Fernando del Valle III