Who’s that Girlzzz au Cirque Royal - Bruxelles, le 20 novembre 2022
Avec Fara7, Idyl et Zonmai
michel
Première édition d'un événement au line-up exclusivement féminin, initié par deux échevines ( quel vilain terme) bruxelloises, Lydia Mutyebele ( Égalité des Chances) et Delphine Houba (Culture et Grands événements), Who’s that Girlzzz s'est tenu au Club du Cirque Royal, une nouvelle salle, superbement agencée, située dans l'entresol de la salle de spectacle qui, depuis 1878, a vu les grands noms de l’art circassien s’y succéder, avant de devenir un refuge pour les ballets célèbres , les revues de music-hall, les opéras, les grands concerts de jazz, de pop, de rock ou de chanson française.
Skinfama Production s'est chargé de la programmation, en mettant l'accent sur une série d'artistes bruxelloises, cataloguées émergentes: quatre noms à l'affiche, Queen Makoma, Fara7, Idyl et Zonmai!
L'événement est gratuit ( sur invitation, inscription par mail) et débute à 16h , heure à laquelle la délicieuse Voodoo Mama ( bon anniversaire, Miss Bineta Saware) fait chauffer ses platines à blanc avec de la musique noire ( funk, hip hop, Gqom, amapiano, kwaito, shangaan electro et un zeste d'afrobeat).
Pour annoncer les artistes, la production a fait appel à deux filles délurées: Yipoon Chiem, chorégraphe renommée et clown à ses heures, est flanquée d'une court jupée, ne connaissant pas Alain, mais maniant parfaitement le français, le néerlandais ou l'anglais et dansant presque aussi bien que sa copine, adepte des arts martiaux , du break dance et de la danse de salon.
Ces deux nanas, épanouies, ont rempli leur job à la perfection en servant de tremplin aux prestations des chanteuses.
Zonmai
Installée à Bruxelles ( elle suit des cours d'art) depuis quelque temps, mais originaire de Bayonne, Zonmai s'ébat dans un univers musical urbain, tendance pop mélodieuse.
Fringuée d'une tenue cool, un blouson de biker en simili cuir et un pantalon de jogging, elle a adopté une coiffure street style, deux tresses allongées, style Bella Hadid, pour se promener de long en large sur le podium armée d'un micro, tandis qu'à l'arrière un gars se charge d'alimenter le fond sonore en maîtrisant les platines.
Comme il s'agit de rap, tu ne verras pas de setlist, tout est dans la machine.
D'un flow rapide, et flexible, la fille, désenchantée à la manière de Mylène, débite ses billets faussement naïfs en déambulant d'un pas assuré... je connais pas ton name... répète-t-elle sur fond rap/ lounge aux senteurs Ibiza, avant d'annoncer ' Flowers' , un hit potentiel que tu n'es pas obligé d'arroser.
De temps en temps Zonmai vient tapoter un échantillonneur pour générer des sons nébuleux, d'une voix toujours détachée, elle fredonne les tirades suivantes toujours aussi décalées, il est question de solitude, de relations amoureuses, de 'Cool Kiss' chanté en duo avec un barbu doué.
Comme elle a déjà parcouru les dix mètres que font la scène 50 x, elle continue son jogging vespéral dans la salle ce qui lui permet de prendre le pouls d'un public tout acquis à sa cause.
Après nous avoir fait part d'un petit chagrin... pourquoi je t'intéresse pas... elle annonce la dernière, ' Fashion', t'as versé une larme en pensant à Bowie et tu l'as regardée défiler nonchalamment sur le catwalk.
Un show de 30' , tonique et construit sur des toplines aussi efficaces que mélodieuses.
Changement de plateau et nouveau passage des animatrices trilingues avant d'accueillir Idyl.
Les techniciens ont installé un drumpad, une guitare acoustique, un laptop et un Nord Stage sur le podium, c'est pourtant en solitaire que Idyl entamera le set.
Cela fait quelques années aujourd'hui que Barbara Hermans, devenue Idyl, tâte de la scène.
En 2014, elle participe à The Voice ( Belgique) , coachée par Jali, qui la couve encore, la France la découvre en 2017, lorsqu'elle prend part à La Nouvelle Star, elle est déjà passée par le BSF, le Botanique ou l'Ancienne Belgique, partout sa voix, soul, veloutée, et son allure humble ont touché le public.
Elle prend place derrière le piano et entame, après un réglage préalable du câblage, 'Radioactive' d'Imagine Dragons.
Une version soft et soyeuse, mise en valeur par une tessiture vocale peu ordinaire.
Après avoir abandonné le North, derrière lequel Gary (?) prend place, elle vient se poster au centre de la scène, derrière un micro, pour interpréter, d'un timbre d'une pureté céleste, la tendre ballade 'Little girl'.
Un troisième larron apparaît, Antoine, il agrippe la guitare acoustique, le trio propose 'Muffin' , un nouveau downtempo, moelleux, qu'elle a composé avec Jali.
Tu comprends le gars qui a dit... your voice is a blessing!
Et ça se confirme avec la version tout en retenue et douceur de 'Strong' de London Grammar.
Un grain de voix sublime!
Idyl est certes peu loquace, mais son timbre fait des merveilles , comme dans l'adaptation de ' Ready to go' de Noah Cyrus, fille du country singer Billy Ray Cyrus
Grosse surprise avec une version subtile de 'L’amour à la plage' plus proche de Sade que de l'original de Niagara.
Elle poursuit en français avec ' Dans tes yeux' qui switche subitement vers l'anglais...don't worry about me...I'll never be blind if you can see... de la poésie visionnaire!
C'est avec le tendre ' Au fil de l'eau' , pour lequel le guitariste a mis ses accords en boucle, que prend fin un concert nacré!
Après une nouvelle démonstration du duo comique, c'est Farah ou Fara7 ( en arabizi) qui doit évoluer sur scène.
Un retour sur la planète rap, donc!
Elle aussi a été candidate The Voice, en février 2022, Farah El Boughlidi interprétait ' Je te promets' de Zaho dans l'équipe de Black M .
Avant cela elle se produisait, avec succès, sous l'étiquette Lidy Fa, spécialiste en raprise, ( un passage dans Planète Rap d'Oxmo Puccino) , désormais elle a opté pour Fara7.
Sur scène, des platines, un derbuka et un micro.
C'est parti pour un premier rap au féminin et c'est pas parce qu'elle chante ...toi et moi pour la vie...que tu dois l'associer à Kenza Farah, d'ailleurs elle ajoute ...j'ai failli me noyer plus d'une fois... et elle va couler, car la machinerie tousse et puis rend l'âme, euh...je continue a capella , mais, non, je ne suis pas une stand-up comedian, stop!
Des médecins s'affairent, une injection au bon endroit, la bête revit, on reprend le titre... dans ma tête, c'est tsunami.. ( 'Tsunami') qu'elle dit, on la comprend.
Une chose est certaine cet oriental rap dégage de bonnes vibes!
Arrivée du petit, mais oh combien efficace Ryan ( nom à vérifier) au derbuka pour la suivante, bourrée de backings samplés, Fara raconte, tu écoutes, .. le sang a coulé.. chante-t -elle, des gamines dansent sans voir les flaques rouges sur le dancefloor.
Elle s'adresse à un mec... si t'as pas les épaules, t'es pas avec moi...les petites dansent toujours.
Faut dire que son mix est vachement entraînant et que l'énergie qu'elle dégage est sacrément communicative.
Tu ne trouves pas les mots, pas grave, raconte moi tout....
Elle est souriante, Farah, l'optimisme et la joie de vivre débordent de partout et pourtant elle nous chante...c'est marche ou crève... de toutes façons, j'écoute pas les gens, leur vie, je m'en bats les oooh..
De la graine de star, cette fille naturelle et décomplexée.
Elle enchaîne sur une chaabi dance fougueuse et colorée avant de proposer son dernier single, exubérant, ' Nanani',... eh, gars, pourquoi tu me colles, raconte pas de salades, tes bla bla raconte les à d'autres.
C'est tellement irrésistible que tu te trémousses avec la jeunesse locale.
J'ai un invité pour les derniers morceaux, il est timide, je vais le chercher en coulisse.
Elle tient Sabi ( ?) par la main, le garçon est aveugle, mais pas muet, le duo nous sert un freestyle insolent qui met le feu à la salle.
..moi, je vais me tailler, je vais me barrer... mais Farah ne le lâche pas d'une semelle, les applaudissements fusent, la jeune fille de Molenbeek verse quelques larmes, mission accomplie, Bruxelles a adoré!
C'est ici que le show s'achève pour toi, si tu veux souhaiter une bonne nuit aux petits-enfants , tu dois te diriger vers le Botanique et prendre un bus en vol, direction les faubourgs.
T'as manqué Queen Makoma, on t'a dit que c'était chaud!
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