Merzhin à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022
NoPo - crédit photos: LLG
MERZHIN à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc
On va commencer à taper dans le dur. Nicolas s'excite... c'est mon pote le métalleux et là, il dérivait, en manque!
Merzhin aujourd'hui s'approche de No One et Mass Hysteria, du costaud... 25 ans d'âge quand même!
Pour la formation actuelle, on trouve :
Pierre Le Bourdonnec — chant
Ludovic Berrou — bombardes et divers instruments à vent, chœurs
Damien Le Bras — basse
Stéphane Omnes — Guitare électrique
Baptiste Moalic — guitare électrique, chœurs
Jean-Christophe Colliou — batterie, percussions, chœurs
Oui Merzhin a évolué au fil des ans. Après 'Nomades' en errance, ils portent leur croix sur la terre malade.
Dans 'Marche et (crève)', on ne parle pas d'un pneu de vélo! Eux, ils sont gonflés à bloc et c'est par là qu'ils vont démarrer.
Le
départ, très cinématique, se fait, gravement murmuré, sur une guitare
orientale. Laisse aller c'est 'Jesse'! La lumière tamisée filtre le noir
et blanc.
Les textes, sombres, s'expulsent avec un gros grain. Ludo
ambiance dans un souffle profond. L'une des guitares bégaie
fiévreusement. Baptiste s'enfonce sous sa capuche.
'Futur' espère mieux. Sur ce titre au rythme rectiligne, le riff de guitare gratte les articulations trop sensibles.
Une trompette majestueuse s'élance et trace une couleur blafarde. Les frappes claquent, sèches, comme des gifles.
'Le joueur et l'affranchi' vient de 'Nomades' en 2018. Ici la bombarde soutient ardemment le barde dans son combat vocal.
Ludo
dépense une énergie phénoménale par ses duels, en front de scène, avec
Pierre qui se courbe. Les phrases hurlées et poussées par des choeurs
impactent.
La bombarde ouvre la marche d''On marchera'. On
perçoit vraiment ce mouvement pénible avec une basse lourde sur ce
morceau. Pierre confirme que le compte est bon et qu'on peut le suivre.
Le
public suit, oui, en balançant la tête et en piétinant lourdement. Un
bombardier, à teeshirt tête de mort 'Black rock', pas commun, c'est à
lui que revient de clore le grand chambardement.
Un gimmick
electro rampe sur un grondement. Un voile pose une chape sur les vocaux
sombres (me faisant penser à Animal Triste) avant qu'ils ne
s'enveniment.
Plus loin, la bombarde retrouve des racines au dessus des vibrations de gratte.
On
s'enfonce ensuite dans un passage atmosphérique chuchoté puis c'est la
montée grandiose, tous ensemble, pour escalader 'Un mur d'eau'.
'SWEET GUERILLA', quasi punk, file dans un bouillonnement instrumental à l'atmosphère plombé.
Ils
déterrent de 'Pieds nus sur la braise' (2016?) 'Des filons dans nos
failles' au riff lourd par Stéphane, l'homme à la barbiche attachée.
Flûte alors commence Ludo mais il repasse vite à sa bombarde.
Le
slogan répété 'Ni eux ni nous ni nous ni eux...' reçoit une réponse
hurlée par Ludo 'ne sommes éternels'. Sacrément puissant et profond!
La cadence enfonce un clou rouillé par une frappe métronomique et un riff froid.
Séparer
le vrai du faux, le grain de l'ivraie. Ils savent faire avec leurs
belles paroles tellement impliquées. 'L'attrape-rêves' le prouve une
nouvelle fois.
Progressivement, le ton se corse au fur et à mesure
que Jean-Christophe développe ses enluminures. Un saxo, au son de corne
de brume, sonne au lointain puis ça bombarde à nouveau.
Une putain de basse ouvre 'Je veux' et d'emblée, on bascule dans la pénombre.
Le
morceau possède une pulsion vitale. Un groove, à headbang, s'échappe
des peaux de la batterie... des peaux au cri animal et Pierre s'aligne
en éructant des paroles poétiques toutes aussi animales!
Un saxo
émouvant tempère les ardeurs. Après un passage sur un fil, la guitare,
aux cordes sensibles, valse avec une trompette soufflée dans l'émotion.
Un grand moment!
A nouveau, on marche et rêve. Le chant intense
de Pierre semble lui brûler la gorge. Les paroles coulent sur une plaie
sanguinolente. La trompette souffle un hymne aux disparus.
Plus on
avance, plus on déboule au milieu des cordes grondantes et des cris de
terreur. 'Marche et (c)rêve' avance au bord du précipice sur un fil
ténu.
'Nomades' laisse vibrer une corde de basse détendue,
l'inverse de l'ambiance sur ce titre. La cadence marque un tempo
implacable.
Impossible de ne pas bouger sur ce morceau tonique. Le
constat reste tragique et en même temps le propos se veut terriblement
tolérant.
'Luna' possède un culte. Ici, la lumière diffuse
amèrement un frêle rayon. Les 2 guitares s'écharpent et y laissent des
échardes. Sur un pont régulier, je crois entendre une clarinette,
emmêlée dans une fine toile de guitare.
La violence reste parfois
contenue, intériorisée, et dégage une ambiance terrifiante dès que la
plainte étouffée de Pierre se déverse sur des roulements tribaux.
La
bombarde pleure, évacuant la brume comme après l'orage et tout s'éteint
définitivement dans un silence glacé qui nous laisse interloqués.
Wouaah, quelle claque! On perçoit une force d'équipe où personne ne tire la couverture à soi.
Que d'émotions! Abasourdi, le public se disperse sans comprendre ce qui vient de se passer...
SETLIST
JESSE
FUTUR
LE JOUEUR ET L'AFFRANCHI
ON MARCHERA
MUR D'EAU
SWEET GUERILLA
DES FILONS DANS NOS FAILLES
L'ATTRAPE-RÊVES
JE VEUX
MARCHE ET (C)RÊVE
NOMADES
LUNA