Judas Priest at 013 Poppodium, Tilburg ( NL) - le 28 juillet 2022
Mitch ZoSo Duterck
JUDAS PRIEST – “50 Years of Metal - Tour” 013 Poppodium – Tilburg, Netherlands – 2022.07.28
Set List:
01. Intro - War Pigs (Black Sabbath tape)
02. One Shot At Glory. (Painkiller – 1990)
03. Lightning Strike. (Firepower – 2018)
04. You’ve Got Another Thing Comin’. (Screaming For Vengeance – 1982)
05. Freewheel Burning. (Defenders Of The Faith – 1984)
06. Turbo Lover. (Turbo – 1986)
07. Hell Patrol. (Painkiller – 1990)
08. The Sentinel. (Defenders Of The Faith – 1984)
09. A Touch Of Evil. (Painkiller – 1990)
10. Victim Of Changes. (Sad Wings Of Destiny – 1976)
11. Blood Red Skies. (Ram It Down – 1988)
12. The Green Manalishi (With The Two Prong Crown). (Fleetwood Mac cover) (Hell Bent For Leather – 1978)
13. Diamonds And Rust. (Joan Baez cover) (Sin After Sin – 1977)
14. Painkiller. (Painkiller - 1990)
15. The Hellion. (Screaming For Vengeance – 1982)
16. Electric Eye. (Screaming For Vengeance – 1982)
17. Hell Bent For Leather. (Hell Bent For Leather- 1978)
18. Breaking The Law. (British Steel – 1980)
19. Living After Midnight. (British Steel – 1980)
20. Outro - We Are The Champions (Queen tape)
Line up:
Robert HALFORD: Lead Vocals
Ian HILL: Bass Guitar
Scott TRAVIS: Drums
Richie FAULKNER: Lead Guitar
Andy SNEAP: Lead Guitar
"The Priest Is Back!” Cette annonce a toujours exercé un énorme pouvoir d’attraction sur moi et je ne suis heureusement pas un cas isolé, et puis comme ça, on se sent moins seul au concert. Depuis que j’ai découvert leur album « Sad Wings Of Destiny » à la « Disquerie », rue Saint-Jacques à Namur en 1976 pour ceux qui ont connu, j’ai reçu la morsure qui a fidélisé et renforcé mon attachement au groupe au fil des années. C’est un peu comme une piqûre de guêpe sinon que celle du Priest, tu n’en guéris pas.
Le groupe a été fondé en 1969 à Birmingham par le bassiste Ian Hill et son ami d’enfance, le guitariste K.K.Downing. J’anticipe ta question : le band tire son nom de la chanson « The Ballad of Frankie Lee and Judas Priest » que l’on retrouve sur l’album « John Wesley Harding » de Bob Dylan, sorti en 1967. Tu vois comme je prends soin de toi, fidèle lecteur, il ne m’a pas fallu 10 lignes et hop, tu as déjà appris quelque chose de neuf (à la coque).
Contrairement aux autres groupes de métal, Judas (pour les intimes) n’a jamais perdu de sa superbe lorsqu’il subissait un changement de personnel. Rappelez-vous l’intérim vocal assuré par Tim « Ripper » Owens. Ici, on va à l’essentiel, par exemple, pas besoin d’ajouter un troisième guitariste qui passe son temps à promener sa guitare sur scène au lieu d’en jouer !
La musique du Priest (pour les intimes aussi), c’est du Heavy Metal, point-barre (comme dirait la belle Delphine). Tu sais à quoi t’attendre et je n’ai personnellement jamais été déçu en écoutant un album des gars des Midlands. Judas Priest est une valeur sûre du Rock anglais, tout comme l’étaient Iron Maiden (qui a complètement raté ses reconversions musicales) et Motörhead le groupe de Rock’n’Roll ultime par excellence.
Ce qui fait la force et la signature artistique de Judas Priest c’est avant tout l’énorme volume vocal de Rob Halford qui, du haut de ses 71 ans, continue à monter dans les aigües aussi facilement que d’autres montent un escalier, même vers le ciel. Cette voix d’un autre monde c’est aussi l’image d’un affrontement tout là-haut avec les deux solistes virtuoses de la six cordes. Sorte de duel astral disputé dans l’éther intersidéral. Et dans ce domaine, le Métal God n’a jamais eu aucun rival, si ce n’est peut-être Geoff Tate de Queensrÿche à une époque malheureusement révolue.
Au fur et à mesure du concert, j’ai pu constater à quel point tous les métalleux présents « in situ » connaissaient le répertoire de l’oncle Judas. Il n’y a pas une seule composition que les afficionados ne connaissent de A à Z. Résultat, le groupe était vachement porté par des chœurs aussi spontanés qu’enjoués, j’en avais des frissons. Les Néerlandais eux, en avaient des Frisons !
Question de timing, après une Leffe et un coca (een cola en dialecte commercial local) mon pote Guy et moi intégrons la file d’attente au bon moment, ce qui nous permet, dès l’ouverture des portes, de foncer dans la salle pour y choisir un emplacement se révélant pour l’instant stratégique et bien tranquille, tout en sachant pertinemment bien qu’avec un concert « sold out », on devra faire avec et céder du terrain. Et ce ne sont pas les trois tours bataves qui, une fois les lumières éteintes, viennent s’imposer presque sur nos pieds à grands renforts de raclements de gorge, qui me contrediront. C’est vrai que quand tu les entends, tu as la nette impression de visiter un centre fermé pour vieillards cacochymes qui ont une arête de poisson coincée dans la gorge. Nous avons droit à un éventail sonore complet des variations sur un même thème qui peuvent être faites autour de la lettre « r » à laquelle ils combinent parfois un espèce de « h » expiré. Sans oublier une habile et déroutante association du « e » et du « u » ce qui donne des trucs du genre « rheu rheu rheu » du plus bel effet. A certains moments, surtout quand ils rigolent entre-eux, tu finis en apnée, tu hésites, tu as envie de foncer chercher les secours en hurlant qu’il y a un mec en train de s’étouffer avec un fishstick. Ça fait vraiment flipper je vous jure.
Dès le quatrième titre, on entre de plain-pied dans le domaine des tous grands classiques avec « You’ve Got An Other Thing Coming » ce qui veut dire « Tu te trompes fameusement », « Tu te mets le doigt dans l’œil ». En tout cas, le public, lui, ne s’y trompe pas, bingo ! Surtout que Robert, barbe blanche déployée, vient de faire un truc de chez truc en tombant ses éternelles lunettes miroir derrière lesquelles il se réfugiait depuis des lustres. Il affiche aux yeux de tous son visage qui révèle indiscutablement ses 71 ans. Et comme il ne triche pas, la foule apprécie. Ovation du tonnerre au Dieu du Métal. « Freewheel Burning » un morceau au tempo furieux déboule comme à l’époque de sa sortie et, plus le temps passe, plus on est bien forcés de constater que le répertoire n’a pas pris une ride. La musique de Judas Priest est marquée du sceau des grands, des immortels.
Et puis il y a un passage du concert où le groupe rend hommage Glenn Tipton, leur guitariste souvent mis en avant par son jeu complexe et ses soli influencés par la musique classique.
Glenn est frappé par la maladie de Parkinson, ce qui l’a obligé à renoncer peu à peu et à se retirer du groupe. Et pourtant, à de rares occasions, il monte encore sur scène un bref moment rejoindre ses frères d’armes, jouant de tout son cœur, comme si c’était la dernière fois. Je sais ce que tu ressens mec, toi et moi partageons la même saloperie de maladie et le même instrument. C’est très émouvant de le voir apparaître à l’écran.
Dans le même panthéon des classiques, le magistral « Victim of Changes », « The Green Manalishi » ou encore « Diamonds and Rust », ces deux derniers étant des reprises magnifiées par le gang de Birmingham. Et puis voici celui qui est devenu le numéro un dans l’énorme discographie de Judas Priest : « Painkiller » un cataclysme avec une intro qui te cloue au sol. La tuerie ultime avant un autre titre majestueux « The Hellion – Electric Eye ». En fait, toutes les compos sont des classiques, simplement, il y en a qui le sont encore plus que d’autres. « Breaking The What ? Breaking The What, » hurle le meneur de revue alors que le public répond « The Law ». Oui, on bafouera encore une fois la loi tous ensemble avant de voir entrer Rob Halford sur scène. Chevauchant son chopper Harley Davidson pétaradant, tout de cuir clouté vêtu, dans le style très sado-maso-homo qui l’a rendu célèbre bien avant son courageux coming out, le Prêtre dirige jusqu’à la dernière note de « Living After Midnight » les bacchanales dans lesquelles nous avons sombré corps et âme.
Bien sûr, les tatillons diront qu’il est parfois un peu court en voix mais qui ne le serait pas, à de rares exceptions, après une carrière aussi longue. Avant de débarquer en Europe pour une cinquantaine de concerts, Judas Priest en avait déjà donné cinquante autres aux Etats-Unis. Même à raison d’un show tous les deux jours, vocalement il faut y aller tout de même. Dommage d’avoir occulté complètement l’album « Point of Entry » ainsi que le merveilleux « Beyond the Realms of Death ». Tel est Priest qui croyait prendre !
Merci à mon ami Guy d’avoir conservé bien précieusement nos places pendant deux ans, ça valait franchement le déplacement.
Mitch « ZoSo » Duterck