dimanche 17 juillet 2022

29ème édition de Cognac Blues Passions, du 05 au 10 juillet 2022, Cognac

 29ème édition de Cognac Blues Passions, du 05 au 10 juillet 2022, Cognac

 

Mitch ZoSo Duterck

 

Festival Blues Passions - 29ème édition - du 05 au 10 juillet 2022, Cognac, France.
Et voilà, c’est reparti, comme en ’40 ! Ça ne sert plus à rien de dire « comme en ’14 » étant donné que Pierre-Auguste Trébuchon, le dernier poilu de ce qui devait être la « dère des dères » nous a quittés le 10 mars 2008, à l’âge presque « Calmentesque » de 110 ans, faisant carrément passer la brave Jeanne pour une cougar. Cette année encore, la petite ville Charentaise, dont le nom évoque pour beaucoup des lendemains brumeux et difficiles, ouvrait à nouveau ses portes à une programmation éclectique, parfois beaucoup trop éloignée, entendait-on bien souvent dire, de l’essence même du festival, à savoir : le Blues.
C’est vrai qu’en parcourant l’affiche, un rapide coup d’œil sur les noms des artistes bookés ouvrait le débat de savoir ce que certains venaient faire là. Parmi eux, et non des moindres, un certain Liam Gallagher, un mancunien (dans le cas présent, un habitant de Manchester pour ceux qui se demanderaient de quoi il retourne). Je ne m’énerve pas, je t’explique! Ce n’est tout de même pas ma faute si on nous apprenait encore à nous exprimer correctement à l’école, au lieu de laisser les sms (textos dans certains pays) et autres abréviations fantaisistes prendre l’ascendant sur notre belle langue française tout de même !
Bref, inviter Rory Gallagher, le roi Irlandais de la Fender Stratocaster aurait été-tout à fait justifié si le natif de Ballyshannon ne nous avait pas quittés trop tôt, emporté par une surconsommation d’alcool dans les années ’90. Par contre, programmer l’autre fou qui se prend pour les Beatles à lui tout seul, c'est se tirer une balle dans le pied dans le sens où tu sais d’avance que le petit frère de Noël va de toutes manières te pourrir la soirée. C’est un peu comme jouer à la roulette russe avec 5 balles au lieu d’une seule, dans le barillet de ton révolver. Ton seul souci étant de savoir quand, ou plutôt « Caen » ça va arriver, comme disent désormais les Courageux organisateurs du Festival Beauregard. Il n’aura fallu que 18 minutes au ténébreux supporter des « Red Devils » pour mettre le bazar en Normandie. Il quittera les planches pour ne plus reparaître devant ses fans! Une maladie « diplomatique » qui l’empêchera également de se présenter à Cognac 48 heures plus tard, certificat médical de complaisance à l’appui. Bonjour le respect des organisateurs et surtout des fans dont certains sont venus de très loin, exclusivement pour lui, n’hésitant pas à casser leur tirelire pour voir et surtout écouter leur idole à l’accent plaintif.
Les paroles qui ouvrent la chanson « Wonderwall » sont plus que jamais d’actualité : « Todays is gonna be the day, that they’re gonna throw it back to you » je te traduis, c’est gratuit et édifiant : « Aujourd’hui va être le jour où ils rejetteront la faute sur toi » ce qui, en langage courant ressemblerait plus à « Aujourd’hui, tu vas t’en prendre plein la gueule...» prémonitoire non ? A méditer en tout cas.
Autre bizarrerie relevée parmi la programmation (sic) Lilly Wood & The Prick, un groupe electro- pop français déjà abondamment plébiscité et récompensé par ses pairs. Je ne connaissais pas du tout et bien que je ne sois ni demandeur et encore moins consommateur du genre, rien ne sert de dire du mal d’un artiste, comme ça, juste pour le plaisir. Soyons objectifs. Sur scène, malgré le côté kitsch « blanc de blanc » du style vestimentaire délibérément adopté par le groupe, et qui flirte ostensiblement avec celui des Rubettes de 1974, époque « Sugar Baby Love », le concert est mené de main de maître par les deux fondateurs Nili Hadida et Benjamin Cotto. Lilly Wood met une ambiance de feu dans la cuvette du jardin municipal qui devient chaudron. C’est vachement bien conçu et très entraînant. « Ça donne la patate » comme on dit chez Belviva ! Un tout grand bravo pour la performance en tout cas.
En cherchant un peu, ce que ne manquent pas de faire les râleurs-éplucheurs de fautes de casting impardonnables, on peut encore trouver l’une ou l’autre incongruité dans la programmation mais, de toutes façons, il est impossible de plaire à tout le monde, vous le savez aussi bien que moi. Je vivrai donc le festival à ma façon, en toute objectivité, en dehors de toute pression, sans me préoccuper de qui est tête d’affiche ou pas, me laissant guider par mon instinct et mon besoin de sang neuf.
Bon, ça se précise, j’ai mon accréditation de journaliste en poche, ou plutôt, autour du poignet gauche. En tant que belge et patriote, je préfère l’appellation « reporter », mon côté Tintin sans doute. Ah oui, à propos, on me demande souvent comment distinguer Tintin de Milou? Facile : Milou, c’est celui qui n’a pas de chien! Tu suis ? Allez, c’est parti.
Jour 1 : jeudi 6 Juillet.
Comme d’habitude, le coup d’envoi de ces cinq jours de musique débute à l’espace « Au Cœur du Blues » à Jarnac, ville en son temps rendue célèbre grâce à un duel à l’épée. Ce soir ce sera avec le DENIS AGENET’S & NOLAPSTER’S BIG BAND que s’ouvriront les festivités. Avec un nom pareil, tu as intérêt à vachement assurer, dont acte. Parmi les « guests » comme on dit dans le jargon, le virtuose, le fou de l’harmonica en personne : Monsieur Nico Wayne TOUSSAINT. Avec lui, c’est ambiance assurée. Pour la première fois de son histoire, le beau petit parc local affiche complet, « vendu dehors », « Sold Out » comme disent les anglais qui ont un long passé historique commun avec la région Aquitaine.
A cette occasion, pour débuter ma revue de presse, j’opte pour LARKIN POE, un quatuor américain originaire de Calhoun en Géorgie. Aux commandes, Rebecca et Megan, deux des trois sœurs Lovell qui baignent dans le Blues, le Bluegrass, le Folk et la musique américaine depuis leur plus jeune âge. Au menu, guitare, voix, steel guitar et gros riffs. Et quand les musiciennes sont jolies et efficaces, ça aide grandement à se focaliser, du moins, pendant un temps. A mes côtés, désespéré, un pauvre gars, visiblement trop imbibé, profite de chaque moment de silence relatif pour beugler son amour-passion aux deux sœurs qui restent sourdes autant qu’indifférentes à son brame lancinant. Obstiné comme un brie de Meaux qui violerait une mouche à viande, le joli-cœur en peine ne repartira pas marié pour autant. Pour avoir découvert les ladies un soir de concert à Bruxelles, je m’étais juré de combler cette frustration de ne les avoir vues que 35 minutes pour assurer une première partie. Voilà, c’est fait ! Verdict : c’est vrai que Rebecca, avec son regard qui tue et son sourire angélique, est le genre de fille capable de te faire dégivrer un frigo américain lors d’une descente en rappel à quatre plombes du mat’ une nuit de Saint-Sylvestre, mais je crois qu’on a (trop) vite fait le tour de la question. C’est sans grandes variations ni surprises, et même si c’est correctement joué, j’ai eu le sentiment de réentendre trop souvent, une même descente d’accords par-ci, un gimmick ou l’autre d’un titre déjà joué par-là. Quand aux deux autres gars (batteur et bassiste-claviériste) qui composent le reste de la troupe, ils donnent vraiment l’impression de se faire ch*** comme c’est pas possible. Pour vous en convaincre, regardez plutôt la photo de ce cher bassiste. Et encore, là, j’ai choisi la meilleure, je vous jure qu’il est au maximum du plaisir ! Comme quoi, deux paires de musiciens ne donnent pas nécessairement un groupe cohérent et uni et ça se sent les filles. L’énergie sur scène ne fait pas tout. C’était donc pas mal, sans plus. Allez, un petit passage aux stands réservés à la nourriture et autres libations, et c’est reparti.
RODRIGO Y GABRIELA, respectivement Sanchez et Quintero est un duo mixte de guitaristes-virtuoses mexicains de classe mondiale et personne ne pourra dire le contraire, c’est d’une technique imparable, ça joue et ça percussionne sur les guitares comme on a rarement, sinon jamais, eu l’occasion de le voir et de l’entendre. C’est parfait. C’était très bien ! Pas besoin de reprendre au numéro 17 , pour ceux d’entre vous qui ont des références cinématographiques… Retour à l’hôtel, bonne nuit, à demain.
Jour 2 : Vendredi 7 Juillet.
Alors, bien dormi ? Let’s go, on y va, tout le monde a son pass ? Ah oui, j’y pense, hier avant de partir pour Jarnac, j’ai discuté le bout de gras avec Manu Lanvin que j’avais découvert au Festival Rétro C Trop à Tilloloy dans les Hauts-de-France le 25 juin dernier. Comment ? Son père ce ne serait pas...? Oui bien sûr qu’il a un papa Manu! Son nom ? Lanvin aussi tiens! Mais c’est du fils que je vous parle moi, le bluesman. Ça ne vous intéresse pas ? Menteurs que vous êtes ! Oui,d’accord, ça va c’est bon, je cède à la pression populaire, le papa, c’est bien Gérard, l’acteur, comme ça tout le monde est content.
Nous débuterons cette exploration musicale à Cognac, et en soirée, avec un groupe que je ne connaissais pas du tout, comme quoi on a beau avoir un fameux palmarès en matière de concerts, on n’est pas omniscients et c’est ça qui est génial, toujours découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes. Cette fois nous allons vers le Mid-West avec ALTERED 5 BLUES BAND, groupe originaire du Wisconsin, capitale : Milwaukee. Une métropole implantée sur la rive ouest du lac Michigan. Comment il n’y a rien là-bas ! Et le club de NBA des Milwaukee Bucks qui ont eu dans leur effectif un des meilleurs joueurs de tous les temps, l’inventeur du célèbre « Sky Hook » un certain Lew Alcindor qui deviendra Kareem Abdul Jabbar ? C’est rien ça ? Et les Harley-Davidson, vous croyez que ça vient de chez Aldi peut-être ? Non mais ! Bon, tout le monde a pris des notes ?
C’est très bien, faisons donc halte au podium « Expérience Cognac ». J’ai préféré découvrir ces artistes généreux venus promouvoir leur nouvel album « Hollier If You Hear Me » que de m’arrêter autre-part. Et en matière de blues contemporain, on est en plein dedans, c’est électrique à mort, conduit de maîtresse façon par Jeff Taylor, un chanteur charismatique à souhait dont le timbre vocal rappelle d’emblée des gens comme Howlin’ Wolf ou encore B.B. King. Au niveau proportions, je passe pour un nain anorexique de chez weight-watchers à côté de Jeff. Actif depuis 2014, le groupe a déjà enregistré quelques albums très intéressants dont « Ten Thousand Watts » paru en 2019, et qui semble recueillir pas mal de suffrages auprès du public et des fans. En tout cas, pendant tout le concert, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, quelle pêche mes aïeux ! C’est le genre de groupe qui vous remet sur pied en trois accords. J’ai adoré. C’est très bien dosé, chaque musicien s’exprime librement et l’ensemble affiche une cohérence redoutable. Toute grosse prestation du guitariste Jeff Schroedl qui n’est pas sans rappeler un certain Stevie Ray Vaughan. J’ai récupéré leur setlist et je vous la livre ici, gratis et libre de droits au cas où vous voudriez vous appuyer dessus pour vous faire une opinion :
Right On / Stay Outta / Mischief Man / Great Minds / Dollars / If You Go Away / Guilty / List To Quit / Three Forks / Holding On / I’m In Deep / Charmed / Holler / Full Moon.
Il me reste du temps pour aller voir la tête d’affiche de ce soir : Ben Harper. Direction l’espace « Blues Paradise », la scène principale. Et là, je comprends ce que les « râleurs » veulent dire en parlant d’un festival qui a perdu son âme. Il y a beaucoup trop de monde, le moindre emplacement s’acquiert presque bec et ongles alors que l’an dernier encore, on se les partageait en souriant. Seul c’est déjà galère de se caser, alors imaginez à plusieurs. A certains moments, c’est comme si tout allait partir en sucette. Et c’est la nouvelle gestion des accès à l’espace de concert principal qui cause des soucis, car au lieu de laisser un passage au travers les buissons, cheminement bien connu des anciens festivaliers et qui existe depuis des années, au sommet de l’amphithéâtre, juste derrière les tentes VIP, tout est clôturé, obligeant un déplacement en masse vers le seul côté droit où ceux qui quittent le site croisent ceux qui veulent y entrer avec force grognements de déplaisir et noms d’oiseaux à la clé. C’est devenu beaucoup trop exigu. Plus aucune fluidité dans les allées et venues entre les scènes. J’écouterai donc un peu Ben Harper plus que je le verrai. Pas cool pour ceux qui ont payé leur ticket d’entrée. Tout le monde est là ? Allez dodo, tomorrow is another day.
Jour 3 : Vendredi 8 Juillet
Au lieu de rentrer en Belgique au Cactus Festival de Bruges, pour un aller-retour qui m’aurait permis de voir Robert Plant pour la 42ème fois, mon corps me crie soudain « halte, j’ai besoin de repos ! » Je décide donc de rester à Cognac et heureusement pour moi, car le concert de l’ex-chanteur de Led Zeppelin est lui aussi annulé suite à une défaillance vocale soudaine imputable à Mademoiselle Alison Krauss, sa partenaire! Bien vu donc. Ici, c’est Fred Chapellier qui passe son tour. Décidément, il y a un virus qui doit traîner quelque part dans le triangle Bruges-Cognac-Caen. Mes accompagnants n’ayant pas cette fois la même soif de découverte que la mienne, je m’approche seul du premier rang, face à la scène, où je prendrai appui autant que racine sur les barrières de sécurité. Je vous ai dit que Manu Lanvin était présent et il y a bien une raison à cela. Ceux qui sont en possession du programme pas encore trop chamboulé, auront compris. Ce soir, nous aurons droit à un concert en famille et c’est très bien ainsi.
Pour paraphraser une réplique culte de Pierre Mondy faite à Victor Lanoux, « Ce n’est pas parce qu’on habite chez une pute qu’on doit être esthéticienne » et donc, « Ce n’est pas parce qu’on est musicien qu’on est forcément acteur » et vice versa. Allez « steplééé » raconte ! Bon, tu veux savoir, alors écoute : la collaboration entre le père et le fils est non seulement artistique, c’est le principal, oui peut-être, si ce n’est qu’ici il y a un gros plus. Et ce truc qui ne s’apprend pas c’est le lien d’amour viral, indéfectible, le respect mutuel qui unit les deux acteurs principaux qui occupent la scène pour ces 90 minutes vespérales. Il n’y a qu’à les voir évoluer « on stage » et tu auras compris que ce qui se passe entre ces deux-là, c’est pas du chiqué. On ne fait pas semblant. Gérard et Manu, c’est un peu comme les couples qui arrivent au plaisir en même temps. Ils ont ça en eux et ils ne s’en privent pas, tandis que beaucoup d’autres passeront leur vie à chercher, à essayer, pour n’arriver en fin de compte, qu’à mouiller les draps à des moments différents. C’est con hein !
Non, sérieusement, le fils a pour lui tout le métier du musicien qui est là pour te faire goûter son blues, celui qui te fait saigner les doigts quand tu l’apprends sur ta première guitare, celui qui te brûle la gorge quand tu t’essaies à le chanter comme Robert Johnson, Muddy Waters, John Lee Hooker ou encore B.B. King, le blues des origines, celui qui te forge le caractère. Ça c’est pour Manu, le compositeur, l’interprète, qui bouffe le côté gauche de la scène. Et puis, pour réaliser l’équilibre du plateau comme on dit en expression corporelle, tu as Gérard qui s’occupe de la droite. Il est là, tel un monolithe, impassible, affichant sur son visage buriné par tant de génériques de films, la vie et le temps qui passent. On se croirait plongé des années en arrière, dans le cinéma contestataire de Jean Yanne, avec des films comme « Les Chinois à Paris ». Avec sa tenue de scène bien particulière, presque Maoïste version Sex Pistols, casquette vissée sur le crâne, le regard protégé par une paire de lunettes de soleil, notre Gérard en jette. Il dégage un petit quelque chose d’inquiétant, même sans voir ses yeux, tu détournes le regard. Et pourtant, quand tu écoutes ses textes, tu ressens non seulement ses coups de gueule mais aussi et surtout, tu entends battre son cœur. Et alors, sa voix le trahit un peu par l’un ou l’autre vibrato bourré d’émotion, notamment lorsqu’il parle de son père. L’eau et le feu s’unissent à chaque fois dans les effluves que dégagent les parfums Lanvin. Une voix dont la tonalité n’est pas sans rappeler un certain Jean-Patrick Capdevielle. Un concept scénique naturel qui met en lumière ce beau grand jeune homme (avec une montre précise l’acteur) et son paternel mais aussi son pote, son ami. Qui est le plus fier des deux ? Je vous laisse le découvrir. Pour moi c’était une première et j’en suis bien heureux. Le groupe qui les entoure est au top, mais qui oserait en douter d’ailleurs ? Je tiens à les remercier tous les deux pour m’avoir permis d’avoir la longue discussion que nous avons eue dans le jardin ombragé de l’hôtel le lendemain midi. Voici la setlist de leur concert qui a reçu, ici-bas, un véritable tonnerre d’applaudissements de la part d’un public qu’ils ont dû apprivoiser et gagner à leur cause et ce n’était pas gagné d’avance croyez-moi. Un tout gros moment lors de la reprise de « Marche à l’Ombre» de Renaud avec en plus, la guitare sur laquelle le morceau a été composé.
Ce monde implose / Appel à l’Aide / Entre le Dire et le Faire / On le dit Sauvage, on le dit Brutal / Du Haut de mon Building / Mon Héroïne / 5M 2 / Ici-Bas/ P’tit Gars /Je suis une Personne / Donne un peu de ton Amour / La Vie est une École / Marche à l’Ombre / Je suis le Diable / Tu étais.
Pour les intéressés l’album « Ici-Bas » est sorti en 2021 sur le label français Gel Production.
A 22.30 la scène est occupée par la tête d’affiche, Monsieur Francis Cabrel. Je me dirige à nouveau vers l’endroit que j’ai quitté quelques instants pour prendre des nouvelles de mes non-participants du jour. Je suis comme ça moi, j’ai le sens des responsabilités quand on me confie des enfants.
Je ne sais pas ce que j’espérais mais, je ne verrai pas le Maire d’Astafort beaucoup mieux que Ben Harper et ses Innocent Criminals la veille. J’écoute tout de même attentivement l’artiste. À une heure aussi propice au rythme et au blues, ça manque un peu de peps et de rythme. C’est dommage parce que au niveau musical, il n’y a rien à redire, c’est très pro. Pas de rappels en fin de spectacle et Francis qui s’en va tout de suite malgré un after-show prévu ! Les supputations vont bon train, chacun a son avis. Quelle que soit la raison, il en résulte que tout le monde, ou presque, est frustré. Bon, le temps de récupérer les enfants, bien sagement assis à dire du mal de leur animateur et on rentre préparer demain.
Jour 4 : Samedi 9 Juillet
Déjà quatre jours, mon Dieu (ou mon « qui » tu veux) que ça passe vite. Là, je me réserve exclusivement pour le soir, parce que ça va bouger au Jardin Public. « Y’à l’feu dans la cuvette ! » ça ferait un chouette titre pour un bouquin de Frédéric Dard non ? Où, pourquoi pas, pour un film de Michel Audiard. Ce soir ça va bouillir dans le chaudron avec SIMPLE MINDS. Comment je le sais ? Je viens d’aller les voir il y a 13 jours exactement au Festival « Rétro C Trop » à Tilloloy dans les Hauts-de-France (bis) où ils ont tout emporté sur leur passage à l’applaudimètre et ce, malgré la concurrence redoutable de gens comme Madness, Alice Cooper, OMD ou encore Status Quo. Donc, je reste plus qu’optimiste : je « confiantise » avec aplomb et détermination.
Ce groupe est une véritable machine de guerre, une usine à hits et avec le suivi du public, c’est bingo à chaque fois ! Dont acte ce soir, une fois de plus. Ayant pigé à quoi on s’expose quand on est trop confiant en matière de timing, je suis sur place presque trois heures avant le début du concert et, en familier des lieux j’emprunte un nouveau parcours. Contournant tous les pièges des passages bloqués et autres services d’ordre, me positionnant pas à pas, sourire après sourire, je me faufile jusqu’au premier rang, un peu à droite de la scène. C’est gagné, plus question de bouger, les places sont chères. Les Écossais menés de main de maître par leur charismatique chanteur-fondateur Jim Kerr vont déchaîner les passions, ça tombe bien, tiens. L’homme de Glasgow (prononcez Glasga si vous ne voulez pas passer pour un Anglais) sait tenir une foule au creux de la main. Vous dites ? Mais non il n’est pas manchot, il y a juste que dans l’autre il tient le micro, CQFD.
En guise d’apéro dinatoire j’ai l’agréable surprise d’assister au concert de Lily Wood & The Prick dont je vous ai déjà parlé en première page du présent compte-rendu. Le groupe a su chauffer le public déjà bouillant, ça sent un truc très âcre, dans le genre charge de poneys indiens, surtout quand les festivaliers lèvent les bras pour applaudir, on en ramasse plus avec le nez qu’avec une pelle. Si ceux qui en sont conscients pouvaient prévoir de prendre leur douche annuelle ce soir-là, ce serait vraiment sympa, merci d’avance. Il n’y a plus qu’à tuer le temps en devisant avec d’autres fans alentour. Connaissant déjà la set list, je fais l’objet de nombreuses questions. Afin de ne pas spoiler le show, Je ne révèlerai que le titre du troisième morceau « On The Waterfront » qui a toujours été mon chouchou avec « New Gold Dream. »
L’attaque de basse au bord de l’eau (au cas où tu ne saurais pas ce qu’est le « Waterfront ») est tout simplement monstrueuse avec sa sonorité métallique à souhait. Dans le genre je crois que seul Killing Joke a fait mieux avec « Love Like Blood », ça fout des frissons partout. C’est à cause de chansons-frissons de ce type là que je suis devenu un ardent partisan de l’épilation intégrale, surtout chez les filles. Imagine-toi entouré d’hystériques qui auraient des furets vivants sur et, malheureusement, sous les bras ! La folie ! Et puis il y a aussi le classique, l’inévitable « (Don’t You) Forget About Me » et aussi cette perle engagée, sans doute une des plus belles chansons des Minds : « Belfast Child ». Encore un concert de folie qui aurait mérité au moins dix minutes supplémentaires en scène. Au niveau personnel, on pouvait également saluer la venue scénique de la belle métisse anglaise Cherisse Osei, âgée de 35 ans et batteuse de son état, qui avait déjà collaboré avec le groupe sur des titres comme « Don’t You », « Belfast Child » ou encore « Alive & Kicking. »
Extraction laborieuse de l’amphithéâtre naturel et regroupement des troupes toujours très dissipées qui ont pris résolument le parti de découvrir le festival via les gobelets en plastique qui mentionnent la liste complète des participants, plutôt que de visu, je ne crois pas que « de oreillu » existe, alors je l’invente rien que pour toi, c’est cadeau. « Allez, on rentre, hop, hop, hop ! demain c’est la dernière ! »
Jour 5 : Dimanche 9 Juillet
La veille en fin d’après-midi, le G.O. et non moins président du festival, Michel Rolland nous conviait à un point presse dont la teneur n’était plus qu’un secret de polichinelle pour la plupart des gens présents. Tout le monde était déjà bien au fait des agissements de Liam Gallagher deux jours auparavant et nous avions anticipé la suite. Résultat, tout part en sucette dans la programmation. Les groupes qui étaient prévus au « Corner Belle Factory » en après-midi du dimanche, à savoir Thorbjorn Risager, Markus King (celui pour qui j‘ai fait le déplacement) et enfin, Tommy Castro, joueront donc dans le jardin public. Ce n’est que justice car c’est trois-là, si tu veux du blues, tu vas être servi. Même les puristes devront s’incliner.
D’après l’affiche officielle intitulée « Nouveaux Horaires » placardée aux endroits stratégiques, et dont j’ai instinctivement pris une photo, mentionne Tommy Castro & The Painkillers à l’espace « Blues Paradise » à 20h00, Thorbjorn Risager & The Black Tornado à 21.30 à « L’Experience Cognac » et enfin, Markus KING, mon chouchou, sur la grande scène du « Blues Paradise » à 22h30 et c’est top. Si ce n’est qu’au dernier moment, un ultime changement sorti dont je ne sais où avance Markus King à 20h00 ce qui me fait râler à mort, car j’ai parcouru 813 km pour le revoir, une semaine après son fabuleux concert de Luxembourg. Même ma venue anticipée sur le site ne me laissera que 35 minutes en compagnie de mon favori et je trouve ça dommageable. Je ne suis pas le seul, ça râle sec autour de moi surtout au vu de la prestation du King. Je me rabattrai donc sur l’excellent Mister Risager pour finir par Tommy Castro, égal à lui-même, et terminer cette 29ème édition avec tout de même un goût amer en bouche et un sentiment d’inachevé. Ayons foi en la prochaine édition, celle du trentième anniversaire.
Merci de m’avoir une fois de plus suivi dans mes délires de routard et en espérant vous revoir bientôt, je vous souhaite tout le meilleur. Le Peter Pan du Rock,
Mitch « ZoSo » Duterck