Jocrisse aux Mardis de Paimpol, Quai Duguay-Trouin , le 19 juillet 2022
michel
Paimpol, pendant les vacances, le mardi est synonyme de marché artisanal en nocturne, art de rue et concerts.
Le programme du second mardi festif prévoit deux groupes, Jocrisse et Freak it out, pour ( dixit) une Soirée Funk Disco Rap.
Comme tu avais déjà eu l'occasion de croiser la route des farfelus et brillants Freaks, tu te déplaces pour Jocrisse.
Pas trop de monde sur le Quai Duguay-Trouin, face au podium, par contre les serveuses des terrasses turbinent à plein régime.
Avec un retard minime, Jocrisse, from Rennes, prend place.
Jocrisse, tu dis, ils ont lu Molière, la Comtesse de Ségur, Dorvigny et connaissent toute la panoplie des jurons du Capitaine Haddock?
Aucune idée, ces jeunes gens se disent faire du funk et d'après leur page web, après une période léthargique, ils ont repris du poil de la bête avec un équipage remanié, désormais le line-up affiché se lit : Robin Rivoal : guitare/chant - Fabien Aezrgt : basse - Axelle Naulet : claviers/chant - Guillaume Linay : batterie .
Sont beaux avec leurs chemises à jabot, liquette hawaïenne, chemisier fleuri d'une autre époque, et comme le supermarché proposait une paire de lunettes de soleil gratuite à l'achat de trois exemplaires, ils se sont rués sur l'occasion.
Après un petit bonjour, ça va, on est contents d'être là, ils démarrent sur une intro planante virant disco funk.
On n'a pas entrevu la moindre setlist, mais le premier morceau qui balance allègrement, en mode Kool & the Gang ou Eath , Wind & Fire, version Ille-et-Vilaine, pourrait s'intituler 'Lady Paradise' sans dashboard light.
La basse ronronne, la guitare place des petits riffs incisifs, Axelle lie la sauce, et Guillaume, à l'arrière, ne ménage pas sa peine.
Paimpol a trop chaud pour remuer, sauf le petit Camille qui s'agite fébrilement.
Papa et Maman sont ravis, il dormira du sommeil du juste cette nuit!
Robin, le chef ( pas des bois), un ex The Cuttles explique: ' The Monster ' traite du réchauffement climatique, de la fin du monde et d'autres épisodes apocalyptiques.
Le manque de bière, ajoute, sournoisement, un pas clair, assis à côté d'une canette vide.
Sinon le monstre est juteux et invite aux mouvements chaloupés, un moment plus calme désarçonne le petit Camille qui reprend ses exercices dès que le tempo accélère.
Après le bla bla bla rituel, ça va, Paimpol, t'as pas trop chaud, on veut te voir bouger sur la suivante... Jocrisse balance l'instrumental 'Casiocrisse' , moins torride que le 'Pick up the pieces' d'Average White Band ( un monument), mais le truc balance joyeusement.
La guitare se laisse aller, elle place un coulis fluide avant d'être relayée par les claviers, pas fades, de Miss Naulet.
Et moi, et moi, et moi, se dit Fabien?
Vas-y, place ta tirade, gamin!
Non, rien à voir avec Bruce Springsteen, l'eau de la' River', dans laquelle ils se baignent nus, est fraîche et limpide.
Cool, ce titre!
En vue de se sécher au soleil, ils enchaînent, logiquement, sur 'A bright promising sun', une plage radieuse reposant sur un orgue forain.
Tout ça est bien propre et catchy, même ta grand-mère qui ne supporte pas Rammstein, ni Booba , ne criera pas au scandale.
On va faire la connaissance de 'Samantha'.
Non, pas le renard, une fille quelque peu volage, dont le chanteur semble amouraché.
On va la rejoindre du côté de Copacabana, avaler deux ou trois piña colada's, en pensant à Dani, qui nous a quittés, et en sifflotant un air ringard de Barry Manilow.
Quoi?
Si Philippe Lavil, c'est funky?
Moins que Sheila E mais plus que Ringo.
Axelle, d'une voix trafiquée, qui la fait ressembler à un melodica, chantonne, Robin nous place un solo de guitare digne de Pat Metheny, en mode Brazilian jazz, les copains assurent.
Samantha n'est pas revenue, Jocrisse a empaqueté son matos après avoir remercié organisateurs, techniciens, service d'ordre et public.
Un public qui a applaudi généreusement à cette prestation plaisante à défaut d'être transcendante.