samedi 27 février 2021

Album - Tele Novella – Merlynn Belle

 Album - Tele Novella Merlynn Belle

 

Label: Kill Rock Stars.

Second acte du feuilleton télévisé en provenance du Texas: Merlynn Belle!

Euh, t'es gentil, mais un l suffit pour écrire Telenovela, et si t'espérais voir la séduisante Paulina Goto dans un épisode de 'Un camino hacia el destino', tu t'es trompé de chaîne.

  Lockhart, Texas, 12,698 citoyens recensés, dont Natalie Ribbons et Jason Chronis, le duo ayant fondé Tele Novella, c'était en 2013.

A l'origine, ils étaient quatre: Natalie Gordon ( (aka Natalie Ribbons), Jason Chronis, Matt Simon et Sarah La Puerta, ils sortent très vite quelques EP's, suivis par l'album 'House of Souls' en 2016, Sarah est désormais créditée sous le nom de Gautier.

L'eau coule sous les ponts du Colorado, Tele Novella se réduit à deux éléments:  Natalie Ribbons, ex-Agent Ribbons, ( lead vocals, guitar, whistle, shakers) et Jason Chronis , ex-Voxtrot ( bass, guitars), ils viennent de sortir  Merlynn Belle.

En examinant les noms crédités sur la rondelle, tu retrouves  Sarah La Puerta aux backing vocals, keys, vibraphone, piano  et harmonium, le producteur Danny Reisch se charge des drums.


TRACKLISTING:

1. Words That Stay
2. It Won't Be Long
3. Never
4. Wishing Shrine
5. One Little Pearl
6. Paper Crown
7. A Lot To Want
8. Crystal Witch
9. Desiree
10. Technicolor Town

Un coup d'oeil à la pochette, joliment colorée façon carte de Tarot, le dessin enfantin  représente une jeune femme dénudée chevauchant un lion à tête humaine, un poil kitsch, peut-être, mais très approprié en cette période de carnaval., et puis il faut savoir que Natalie tient une boutique vintage où tu peux dénicher pas mal de trucs qui plairaient à ta copine aimant les objets saugrenus.

“Words That Stay”, en mode lo-fi pop, charme d'emblée nos oreilles, restées enfantines, la voix sucrée, légèrement old-fashioned de Miss Ribbons ( on adore les fins rubans dans les cheveux qui évoquent une époque révolue, celle où Jo Stafford fredonnait ' Scarlet ribbons'), le petit côté mexicain de l'instrumentation, la naïveté ambiante,  tout contribue à nous replonger dans un climat d'insouciance qui n'a plus cours en ces temps d'anxiété.

Un charme désuet émane de 'It Won't Be Long', une chanson douce, dixit Henri Salvador. Cette berceuse ondulée suggère un monde bienveillant  et chaleureux, semblable à celui imaginé par Pamela Lyndon Travers, la créatrice du personnage de Mary Poppins.

En entendant la voix légèrement cabaret de Natalie, c'est une image de Julie Andrews que te renvoie ton cerveau, le cataclop, cataclop, tchouk, tchouk, tchouk  de la mélodie ajoute une dimension conte de fées à la plage.

La dreamy  ballad ' Never' offre de nostalgiques relents country, la voix balance, prend de l'altitude, redescend,  comme si Natalie, assise en amazone sur un cheval de bois, suivait les mouvements circulaires du carrousel.

"I wrote this song for my best friend, after her younger brother passed away unexpectedly," confie Natalie.

La ballade mélancolique 'Wishing Shrine' est introduite par un sifflement spaghetti western avant d'entendre la chanteuse reprendre un titre qu'elle avait déjà enregistré avec Agent Ribbons ' Jamaica and the Wishing Shrine'.  

La nouvelle version comprend un chapitre supplémentaire, mais elle n'a rien perdu de sa magie, ni de son charme  suranné. 

Avec 'One Little Pearl', le duo embraye sur une tranche de psychedelic folk, évoquant, puisqu'il s'agit de perles, le groupe oublié Pearls Before Swine. 

Pour amateurs de menuet et autres danses baroques! 

Tandis que tu balances toutes les coquilles d'huitres au fond du jardin sans avoir déniché la moindre perle, la coquine, aidée par le touche-à-tout Jason, se confectionne une ' Paper Crown' scintillante qui doit épater toute la ville.

On fait comme on peut pour fuir la morosité ambiante, d'ailleurs le folk forain, ça peut être sympa.

Si tu fais écouter la rengaine à ton petit-fils, c'est une certitude, en décembre, Saint- Nicolas devra déposer un glockenspiel dans son petit soulier. 

Toujours en mode rêve éveillé,  ' A lot to want'  émerveille autant par le timbre candide et pétillant de la chanteuse que par  les teintes retro  de l'harmonium, tapissant l'arrière-plan. 

La richesse de la palette sonore nous renvoie vers des groupes tels que  The Incredible String Band, le Floyd des débuts,  ou de ' The Madcap Laughs' du renversant Syd Barrett, cela se vérifie encore davantage avec la plage ' Crystal Witch'.

Assurément, Tele Novella aurait dû voir le jour dans les sixties!

Un carillon fantaisiste amorce une nouvelle tranche de pop baroque ,  'Desiree'.

L'instrumentation précieuse, agrémentée d'une foule de détails,  exhume l'univers d'artistes tels que   Left Banke,  Strawberry Alarm Clock ou  Margo Guryan.

Le pépiement clair de Natalie a rendu jaloux les mandarins de ta belle-mère qui désormais refusent  de chanter.

Un grésillement communication radio de l'armée britannique, captée à Dunkerque en 1943,  introduit 'Technicolor Town', le dernier morceau,  que la chanteuse fredonne d'une voix flottante pour accentuer l'impression d' obsolescence et de vétusté.

 

 La beauté intemporelle des chansons reprises sur  'Merlynn Belle' relève autant de l'alchimie que d'un savoir-faire incontestable. Tele Novella peut paraître  anachronique aux yeux de certains, mais le duo de Lockhart a sorti, sans conteste,  un des albums les plus intéressants de ce début d'année.

A écouter d'urgence  après avoir pris la  peine de se débarrasser d' oeillères idéologiques contraignantes!