Alex Creepy Mojo – guitar
+ , e a , Jon Mattock (drums) and John Saltwell (bass), Andrea Parra,(additional percussion) Valerie Hely, (voice) making brief guest appearances.
Installe-toi confortablement dans ton fauteuil victorien, opte pour une lumière tamisée, propice à la détente, oh et puis, ajoute une bûche dans le foyer, flatte le dos de la chatte en passant, voilà le décor est planté, l'environnement paisible et tiède conviendra très bien à l'écoute du second album de Philip Parfitt qui démarre sur une note mélancolique avec le languide ' Somebody called me in'.
La voix, mâture, chaude, à peine un murmure se promenant sur une valse folk d'une autre époque, va bercer ton âme et tes sens.
L'ex-Perfect Disaster passe de la guitare acoustique au piano, quand il ne caresse pas un violon, il s'amuse avec des percussions, bien secondé par Alex Creep Mojo, et ses effets d'ebow, John Saltwell à la basse et Andrea Parra, aux percussions additionnelles, le crooner compte sur la voix de Valerie Hely pour faire écho à son frémissement serein.
6'30"" de bonheur nonchalant, de douce béatitude.
Toujours en adoptant une vitesse de croisière similaire à celle d'un tortillard gravissant une colline abrupte, le singer-songwriter enchaîne sur 'All Fucked up', la voix, traînante, ravive en toi des souvenirs de Peter Perrett des extraordinaires Only Ones.
La reverb sur la guitare ajoute une couche brumeuse, recouvrant la voie de chemin de fer sur laquelle se traîne le milk train.
T'as le temps de voir défiler, au ralenti, nuages et paysages sylvestres en pensant à celle qui t'attend, peut-être, à la maison.
‘If I Wake Up’ est encore plus lent, une trompette étouffée en toile de fond , dépeint les sentiments de solitude ressentis par le pauvre gars, désabusé, qui récite ...If I wake up and you're gone, it won't be wrong... en embrassant les intonations d'un Lou Reed marmonnant tout ' Berlin'.
Dans le style Leonard Cohen se lamente, 'Don‘t Wait' (Until I Am Dead Before You Tell Me That You Love Me) s'apparente à une prière poignante adressée à celle qu'il aime mais ne manifeste pas clairement son amour.
Les choeurs affectés en toile de fond ajoute un climat monacal au propos, déjà austère.
'John Clare', fils de fermier, est surnommé le poète paysan du Northamptonshire, à l'instar de John Constable pour l'art pictural, il est une des plus grandes figures du romantisme rural.
Philip Parfitt lui dédie une chanson minimaliste et rêveuse.
En mode contemplatif, ‘I Saw There Beside Me’ décrit les difficultés relationnelles dans le couple... je l'appelle, elle ne m'entend pas, elle paraît si loin... Un plumitif anglais rapproche cette plage de l'immortel ' Sunday Morning' du Velvet Underground, porté par la voix caractéristique de Nico, la mélancolie dégouline à grands flots, comme dans le ' Ruby Tuesday' des Stones.
Tu dis, Charles?
La mélancolie est l'illustre compagnon de la beauté.
Je te commande une absinthe?
Toujours aucun signe de liesse généralisée avec la suivante, ' Bones Cold', qui risque effectivement de te glacer les os.
Amour transi et fatalisme, retranscrits en lettres pâles, on se promène ici aux côtés d'un esthète, adepte du rock atmosphérique, cher au groupe de Sydney, The Church.
Et soudain vint la lumière sous la forme d'une chanson d'amour, presque légère: 'My Love'.
Avec 'Are We Really Still The Same' et son sifflement digne de Curro Savoy, un copain de Sergio Leone et d'Ennio Morricone, Philip Parfitt nous emmène du côté du désert.
Pour amateurs de dark folk et d'expressionnisme ne jurant que par Nick Cave.
A écouter en avalant un spaghetti épicé, pour le vin, tu as le choix: Chianti, Barolo, Brunello di Montalcino, et si tu as des accointances maffieuses, un Nero d'Avola.
Tu risques d'appuyer sur la touche 'replay', ce morceau exige plusieurs écoutes pour l'apprécier à sa juste mesure.
Le dixième chapitre, un bonus track lumineux, ‘Of Nothing in Particular’, révèle un troubadour apaisé, contemplant la pluie frappant la fenêtre, sans que cela ne l'affecte particulièrement.
L'album s'achève paresseusement, si tu as fait attention, tu as pu apercevoir dans ce petit café, le dandy sirotant sa tasse de thé, tandis que le film de sa vie défile sur son écran cérébral.
Lors d'une interview, le singer-songwriter avait déclaré: "Je suis vieille école dans ce monde actuel"…, ça tombe bien, on adore ce qui est old-fashioned, les gens qui prennent leur temps, l'élégance des voix monocordes, la justesse de ton, l'humilité et les chansons ténébreuses, en général.
'Mental Home Recordings' ne sera pas exploité par les deejays du Djoon ou du Glazart, mais l'album plaira aux oreilles attentives et aux esprits ouverts.