mardi 16 février 2021

Album - Philip Parfitt - Mental Home Recordings

 Album - Philip Parfitt - Mental Home Recordings

 

Label -  A Turntable Friend Records

Philip Parfitt, à ne pas confondre avec feu Rick Parfitt de Status Quo, est surtout cité comme membre fondateur de The Perfect Disaster, un groupe relativement ignoré par la presse musicale du UK.

Doit-on cette indifférence aux nombreux changements de nom et de personnel,?

Un critique qualifie le groupe de strange bird dans une volière où les autres zozios sont  d'accès plus aisé.

Début 80, Orange Disaster voit le jour, la faute à Andy Warhol?

 Les chercheurs dénichent un 7", ' Something's Got To Give', ils étaient trois,  Phil Parfitt ( vocals, guitar)  Ken Renny (bass) et  Alison Pate (guitar).

Changement d'identité et de line-up:  The Architects of Disaster, Phil est toujours l'architecte en chef.

Deux membres du groupe se tirent pour former  Fields of the Nephilim, Phil persévère avec d'autres mercenaires, désormais ils naviguent sous la bannière The Perfect Disaster!

Le groupe conçoit quatre albums, le dernier' Heaven Sent' ( 1990) reçoit une constellation d'étoiles, mais ne se vend pas des masses.

On tire un trait sur ce désastre.

Philip Parfitt se lance solo avec le projet   Oediupussy, qui sort un album, avant de poursuivre sous son nom et d'enregistrer deux EP 's et deux albums: 'I'm Not The Man I Used To Be' en 2014 et le tout récent 'Mental Home Recordings'.

Les encyclopédistes mentionnent que PP s'est amusé au sein de  Psychotropic Vibration et, avant les épisodes Disaster, il jouait pour le combo punk Varicose Veins. Ajoutons que le monsieur a des copains pas idiots, ainsi, ont notamment participé à certains moments à l'aventure chaotique: Josephine Wiggs ( The Breeders), Malcolm Catto ( The Heliocentrics) ou Jon Mattock ( Spacemen 3, The Breeders, Baxter Dury, Spiritualized...).

 TRACK LIST - Mental Home Recordings
1. Somebody Called Me In
2. All Fucked Up
3. If I Wake Up
4. Don‘t Wait (Until I Am Dead Before You Tell Me That You Love Me)
5. John Clare
6. I Saw There Beside Me
7. Bones Cold
8. My Love
9. Are We Really Still The Same
10. Of Nothing In Particular (Bonus Track)

 

CREDITS
Written and performed by Philip Parfitt
Produced, mixed and mastered by Philip Parfitt
Recorded by Parfitt and Alex Creepy Mojo
Alex Creepy Mojo – guitar 
, e a , Jon Mattock (drums) and John Saltwell (bass), Andrea Parra,(additional percussion)  Valerie Hely, (voice)  making brief guest appearances.
 
Installe-toi confortablement dans ton fauteuil victorien, opte pour une lumière tamisée, propice à la détente, oh et puis, ajoute une bûche dans le foyer, flatte le dos de la chatte en passant, voilà le décor est planté, l'environnement paisible et tiède conviendra très bien à l'écoute du second album de Philip Parfitt qui démarre sur une note mélancolique avec le languide ' Somebody called me in'.
La voix, mâture, chaude, à peine un murmure se promenant sur une valse folk d'une autre époque, va bercer ton âme et tes sens. 
L'ex-Perfect Disaster passe de la guitare acoustique au piano, quand il ne caresse pas un violon, il  s'amuse avec des percussions, bien secondé par  Alex Creep Mojo, et ses effets d'ebow, John Saltwell à la basse  et Andrea Parra, aux percussions additionnelles, le crooner compte sur la voix de Valerie Hely pour faire écho à son frémissement serein.
6'30"" de bonheur nonchalant, de douce  béatitude.
Toujours en adoptant une vitesse de croisière similaire à celle d'un tortillard gravissant une colline  abrupte, le singer-songwriter enchaîne sur 'All Fucked up', la voix, traînante, ravive en toi des souvenirs de Peter Perrett des extraordinaires Only Ones. 
La reverb sur la guitare ajoute une couche brumeuse, recouvrant  la voie de chemin de fer sur laquelle se traîne le milk train.
T'as le temps de voir défiler, au ralenti, nuages et paysages sylvestres en pensant à celle qui t'attend, peut-être, à la maison. 
 ‘If I Wake Up’ est encore plus lent, une trompette étouffée en toile de fond , dépeint les sentiments de solitude ressentis par le pauvre gars, désabusé, qui récite ...If I wake up and you're gone, it won't be wrong... en embrassant les intonations d'un Lou Reed marmonnant tout ' Berlin'.
Dans le style Leonard Cohen se lamente,  'Don‘t Wait' (Until I Am Dead Before You Tell Me That You Love Me) s'apparente à une prière poignante adressée à celle qu'il aime mais ne manifeste pas clairement son amour.
Les choeurs affectés en toile de fond ajoute un climat monacal au propos, déjà austère.
'John Clare', fils de fermier, est surnommé le poète paysan du Northamptonshire, à l'instar de John Constable pour l'art pictural, il est une des plus grandes figures du romantisme rural.
Philip Parfitt lui dédie une chanson minimaliste et rêveuse.
En mode contemplatif,  ‘I Saw There Beside Me’ décrit les difficultés relationnelles dans le couple... je l'appelle, elle ne m'entend pas, elle paraît si loin... Un plumitif anglais rapproche cette plage de l'immortel ' Sunday Morning' du Velvet Underground, porté par la voix caractéristique de Nico, la mélancolie dégouline à grands flots, comme dans le ' Ruby Tuesday' des Stones.
Tu dis, Charles?
La mélancolie est l'illustre compagnon de la beauté.
Je te commande une absinthe?
Toujours aucun signe de liesse généralisée avec la suivante, ' Bones Cold', qui risque effectivement de te glacer les os. 
Amour transi et fatalisme, retranscrits en lettres pâles, on se promène ici aux côtés d'un esthète, adepte du rock atmosphérique, cher au groupe de Sydney, The Church.
Et soudain vint la lumière sous la forme d'une chanson d'amour, presque légère: 'My Love'.
Avec 'Are We Really Still The Same' et son sifflement digne de Curro Savoy, un   copain de Sergio Leone et d'Ennio Morricone, Philip Parfitt nous emmène du côté du désert.
Pour amateurs de dark folk et d'expressionnisme ne jurant que par Nick Cave.
A écouter en avalant un spaghetti épicé, pour le vin, tu as le choix: Chianti, Barolo, Brunello di Montalcino, et si tu as des accointances maffieuses, un Nero d'Avola.
Tu risques d'appuyer sur la touche 'replay',  ce morceau  exige plusieurs écoutes pour l'apprécier à sa juste mesure.
Le dixième chapitre, un bonus track lumineux, ‘Of Nothing in Particular’, révèle un  troubadour  apaisé, contemplant la pluie frappant la fenêtre, sans que cela ne l'affecte particulièrement.
L'album s'achève paresseusement,  si tu as fait attention, tu as pu apercevoir dans ce petit café, le dandy   sirotant sa tasse de thé, tandis que le film de sa vie défile sur son écran cérébral. 
 
Lors d'une interview, le singer-songwriter avait déclaré: "Je suis vieille école dans ce monde actuel"…, ça tombe bien, on adore ce qui est old-fashioned, les gens qui prennent leur temps, l'élégance  des voix monocordes, la justesse de ton, l'humilité et les chansons ténébreuses, en général.

'Mental Home Recordings' ne sera pas exploité par les deejays du Djoon ou du Glazart, mais l'album plaira aux oreilles attentives et aux esprits ouverts.