Album - The Ghost Of Paul Revere :: Good At Losing Everything
Par NoPo
Le groupe s'assemble en 2011 avec un patronyme en référence au patriote
de la révolution américaine Paul REVERE (originaire de Gironde en
France).
Cette histoire prouve les racines profondes des musiciens et renseigne
sur leur terroir musical ancré dans la country, le bluegrass, le folk et
le rock, en un mot l'americana.
Plus encore, les américains s'investissent dans leur région créant un
grand festival local et composent la ballade officielle de leur Etat du
Maine avec 'Ballad of the 20th Maine' (régiment d'infanterie).
L'immersion dans leur musique ramène des bribes de Peter Case, The Jayhawks, Jesse Sykes et The Hooters (pour les morceaux les plus rock).
Leur 3è LP contient 12 titres d'une durée moyenne de 3 à 4 minutes (sauf
un court interlude et un outro). Produit par Spencer Albee, leur son
possède de chaudes colorations vintage très agréables.
Par la pochette (réalisée par Mike Tallman), sur fond de nuit étoilée où
figure une couronne de fleurs (à la 'Power, Corruption, and Lies' de
New Order), les artistes honorent, probablement, leur ami Taylor, mort
récemment du cancer.
Le nom du groupe et de l'album apparaissent en jaune sur une étiquette
rouge, striée de jaune, semblable à la partie centrale d'un vinyle.
Examinons le sable des plages :
'Good At Losing Everything' arrive sur la pointe des pieds d'un piano
soul baigné de choeurs gospel. Faux départ, banjo ondulant et harmonica
prennent le relais pour une ambiance folk.
Basse/batterie et clapping hands and feet frappent un rythme mid-tempo régulier pendant qu'un orgue met du liant dans le mix.
La voix chaude prend des intonations à la John Mellencamp. Un passage a
capella et rim stroke relance la mélodie basée sur un constat bien
sombre 'You get good at losing everything'.
La guitare glisse sur les ailes de 'Delilare' prenant les ascendants.
L'émotion coule à flot d'harmonies vocales fragiles. Ici, tout oscille
entre finesse et légèreté.
Quelques notes de piano, haut perchées, tombent en pluie à l'entame du
premier single, 'Love At Your Convenience', et la mélodie s'élève grâce à
des voix enflammées. La batterie, intense, ne dérape pas d'un iota.
Violon, banjo, guitares, tous s'unissent sur ce morceau vibrant qui
relate la fin d'une relation réduite à une excuse 'I say I'm sorry I
love you but I ain't coming back'.
'Two Hundred And Twenty Six Days' aurait été composé sur un vieux
clavier Casio! Le titre démarre par un banjo léger sur un fond d'orgue
et quelques cordes de guitares caressées pas très loin d'un violon.
Et toujours cette voix pleine de vie s'infiltre dans l'émotion. Les
choeurs la soutiennent ou la croisent en une énergie positive. Les temps
forts fouettent pour donner de la cadence.
A l'inverse du rythme, la poésie des paroles sonnent tristement sur la voyance d'une diseuse de bonne aventure.
'Diving bell' déroule un folk suave et nu comme une profonde plongée en
apnée au son d'un banjo répétitif. Seule une basse clairsemée et
quelques violons viennent donner une respiration salvatrice à la mélodie
à partir de la moitié du morceau.
Totalement à l'opposé 'Travel on', introduit par une bande passée à
l'envers, souffle le chaud par des instruments à vent omniprésents.
L'atmosphère baigne dans une espèce de funk blues bien noir de peau.
Encore une fois, les paroles évoquent la rupture et la solitude.
Puis vient 'Loneliness' par une entrée aux effluves hawaïennes. Malgré
cette apparente légèreté, la voix austère brosse un tableau dépressif
('In your head, you stay in bed') qui finit en emphase ('Loneliness is
living without you').
Jusqu'au bout, on se sent saisi par l'émotion.
'When Can I See You Again' ouvre à l'harmonica sur un blues rock
tempétueux au parfum 70's des Stones ou des Doors. Les choeurs et les
cuivres montent comme des fumeroles volcaniques.
Le magma bouillonne dans un flot langoureux 'Tell me when, oh tell me when, when can I see you again?'
'28:27' glisse un intermède en valses de cordes et sons trafiqués.
'Dirigo' part en ballade country au Texas. Une fois n'est pas coutume, la
voix de crooner flirte avec la pedal steel. Le banjo sautillant et
l'harmonica western finissent de peindre un paysage sans limite.
La basse immersive arrondit la batterie. Une grande cohésion concourt à un climat chaleureux.
'One Of These Days' ne ramène pas au 'Meddle' de Pink Floyd mais
curieusement les premières notes à l'harmonica et à la guitare me font
penser 'Aux sombres héros de l'amer' de Noir Desir, et voilà le morceau
le plus long.
Comme sur 'When I see you again', la voix légèrement rauque rocke avec
Morisson et les choeurs guillerets enchantent et pourtant ...
c'est la plongée morose de 'Diving Bell' qui revient à la surface 'Oh
one of these days, I'm going to drown, drown, drown Oh one of these
days, to the bottom of the lake'.
'We were born wild' ressemble à une déclaration sur l'honneur et rend
hommage au mellotron de 'Strawberry fields forever' pour brièvement
clôturer ce voyage enrichissant.
Toutes les compositions donnent l'impression de se compléter, de se
répondre ('When Can I See You Again', 'One of these days') ou de
s'entrelacer, parfois par quelques notes enchaînées, parfois par des
mots en rappel (figure-eight, bathroom, sirens, loneliness), et
finissent par former une belle pensée cohérente.
L'album offre une oeuvre forte à apprécier dans son ensemble. Son charme
opère progressivement au fur à mesure qu'on se laisse happer par une
douceur ambiante.
Cette douceur amère agit de manière insidieuse et envahissante en
laissant, malgré tout, planer un parfum de sérénité, proche, toutefois,
du soulagement.
Quoiqu'il en soit, on peut le dire Good at listening!
Rocksnob Label
LINE UP
Max Davis - voix, banjo
Sean McCarthy - voix, basse
Griffin Sherry - voix, guitares
Ben Cosgrove - accordeon, piano[
Jackson Kincheloe - harmonica, multi-instruments
Chuck Gagné - batterie
Tracks:
1. Good At Losing Everything
2. Delirare
3. Love At Your Convenience
4. Two Hundred And Twenty Six Days
5. Diving Bell
6. Travel On
7. Loneliness
8. When Can I See You Again
9. 28:27
10. Dirigo
11. One Of These Days
12. We Were Born Wild