Album - Glare of Deliverance by Genus Ordinis Dei
NoPo
Label/Eclipse Records
Une fois de plus, Eclipse Records en met plein les yeux et les oreilles
avec la publication du 3è album de G(enus) O(rdinis) D(ei) qui
s'intitule G(lare) O(f) D(eliverance).
La loge se compose de la crème musicale de Crema (leur ville d'origine en Lombardie).
Niccolò (Nick K’) Cadregari – voix, guitares
Tommaso (Tommy) Monticelli – guitares, claviers, orchestration
Richard Meiz – batterie
Steven F. Olda – basse
La pochette éclabousse de lumière le dessin d'une jeune femme nue, aussi diaphane et figée qu'une statue.
Une pierre magique semble incrustée dans son ventre vers lequel se
concentrent tous les faisceaux lumineux provoqués par une explosion
dégageant nuages et flammes.
Une calligraphie très alambiquée marque le nom du groupe, en haut dans
un blanc flamboyant. Le titre en bas, de même couleur, figure plus
discrètement. Le tout repose sur un fond cosmique.
Pour les étagères, on glisse le disque pas trop loin d'Epica et Within
Temptation dans la case death métal symphonique et mélodique (quoique
... l'ordre alphabétique, y a que ça de vrai!).
Les sonorités musicales rapprochent surtout les italiens de leurs
compatriotes et amis de Lacuna Coil sans la voix féminine mais avec une
voix death prépondérante qui peut, plus encore, faire penser à Eternal
Tears of Sorrow.
L'oeuvre cuisine une crème sonore comme personne, souvent fouettée,
parfois brûlée, parfois glacée. 10 recettes sont filmées en séries
condensées très esthétiques avec des durées raccourcies par rapport au
CD.
Théâtraux tout comme l'artwork, ces épiques épisodes se combinent pour
former l'histoire d'une jeune femme nommée Eleanor persécutée par la
Sainte Inquisition.
Les morceaux sonnent, en effet, très cinématographiques. Quelqu'un suggère concept album ?
1. Ritual
2. Hunt
3. Edict
4. Examination
5. Torture
6. Judgement
7. Dream
8. Abjuration
9. Exorcism
10. Fire
'Ritual' introduit d'une belle ambiance opératique la superproduction.
Des synthés en symphonie soutiennent des choeurs amples puis un rythme
martial assombrit le ciel devant une guitare rayonnante.
L'ouverture de la chasse poursuit une voix de bête entre grognements et
déchirements. 'Hunt' enchaîne parfaitement sur la plage précédente avec
ses claviers grandiloquents et sa batterie éloquente de blast beat.
Alors qu'on s'attend à un chant lyrique, des cris de Satan contrastent avec la musique orchestrale.
'Edict' fait scintiller 2 guitares dans un riff moiré d'abord de nature
progressive et séduisante. Puis les guitares, les claviers, les choeurs
et la batterie font corps dans des montées atmosphériques.
La voix monstrueuse scande agressivement en faisant monter la pression.
Le morceau alterne entre choeurs angéliques et voix démoniaque.
Juste avant les dernières notes, un passage invite une cloche à sonner le glas au milieu de cymbales crashées.
'Examination' passe son examen death mélo et en même temps, que le mur
du son pour les guitares. La voix chuchote de façon menaçante avant de
libérer sa langue de serpent venimeux.
Par instants, des claviers onctueux adoucissent le propos.
D'emblée, 'Torture' tapisse de cris de douleurs un climat lourd et tempétueux.
Un court passage fait espérer un répit, grâce aux violons, mais des
phrases, en latin, crachées, comme les glaires de la délivrance,
augmentent l'impression dramatique qui s'amplifie jusqu'à la fin.
Un riff, prenant, lent et triste à la guitare, tinté de cloche et violon
en fond, lance 'Judgement' qui aurait pu être le dernier.
Comme les précédentes, cette plage aime jouer au flux et reflux, dans des envolées d'écume à choeurs ouverts.
Un couloir atmosphérique sous la vague conduit, ensuite, à une grotte
pleine de guitares et voix growlées. Un balancement groovy nous invite à
crawler.
La longue marée s'achève, délicieusement, au piano.
Lors d'une première phase calme, 'Dream' mélange délicatement la
rythmique avec une basse vibrante prédominante, des guitares chatoyantes
et des petites touches de piano.
Puis, dans une deuxième phase plus perturbée, des saccades prolongent le mouvement rejoint par la voix engorgée.
Le côté orchestral, un peu moins envahissant, rend, alors, le
développement plus léger. Enfin, le retour de la cadence saccadée remet
sous tension la fin de rêve.
Il faut écouter les chants de moines d'Abjuration' le dimanche matin à
l'heure de la messe. Les 1ères cordes légèrement pincées se croisent
avec quelques notes de piano. Puis le morceau part dans une procession
au motif tribal.
Le chant arrive tardivement, mixant superbement, une voix grave et des
choeurs aériens, tout en contraste avec la voix d'outre tombe qui leur
répond et finit par l'emporter.
Une valse légère fait tournoyer 'Exorcism' avant de prendre le
contrepied dans un climat pesant sous un ciel ténébreux. Quelques
choeurs s'essaient à soulager l'angoisse mais c'est peine perdue!
Des bruits d'émeute attisent un 'Fire' flamboyant qui met du temps à
s'éteindre (16 mns!). La voix death échange avec les guitares sur un
rythme groovy surprenant.
Un 1er pont ouvre un chemin plus sombre. Un deuxième pont monte dans le
ciel avec une légèreté à l'opposé du passage précédent avant de basculer
sur un champ de bataille homérique.
Le bloc, insatiable, fait défiler de nombreux paysages très contrastés
de douceur à violence. La surprise de dernière minute conclut en une
marche sereine de musique classique.
Gisemonde : "Cette oeuvre oppressionne par sa puissance et sa cohésion monolithique!"
Lucette : "Son côté pompier douche, parfois, notre enthousiasme ...."
Gisemonde : "... finalement pas tant que ça! ça scintibouillonne en diable!"
Lucette : "Ouais, ce disque tabasse mais il hésite entre ambition et mégalomanie..."
Gisemonde : "Plein les esgourdes, hein? Oui, le style l'exige mais ça vaut bien une messe."
Lucette ou Gisemeonde? Faites vos jeux, Ite Missa Est!